Civilisations anciennes
Civilisation de la vallée de l’Indus
Mohenjo-Daro : Mystère.
Ce site constitue un véritable mystère, affirment les archéologues, qui auraient juré, avant la découverte de Mohenjo-Daro, qu’aucune véritable civilisation n’avait pu exister dans la vallée de l’Indus, au Pakistan, il y a environ 4 500 ans.
Depuis 1921, une succession de découvertes dont la cité d’Harappa puis celle de Mohenjo-Daro ont prouvé l’existence d’une culture jusqu’alors inconnue.
La civilisation de la vallée de l’Indus a inventé une écriture à ce jour indéchiffrée et a manifestement marqué la culture indienne.
Mais, le plus grand mystère reste l’abandon de ces cités et la disparition de cette civilisation.
La civilisation de la vallée de l’Indus
En 1921, des fouilles débutèrent à Harappa. Les archéologues mirent au jour les maigres vestiges d’une grande cité.
En 1922, un archéologue indien qui cherchait les vestiges d’un ancien temple bouddhiste mis au jour à 640 km d’Harappa les ruines d’une civilisation protohistorique. C’est une véritable métropole qui sortit de terre.
Mohenjo-Daro, la « colline des morts », fait toujours l’objet de recherches mais aussi de vives controverses.
Mais qui était cette civilisation restée si longtemps dans l’ombre ?
Vestiges de la ville d'Harappa. image Ch.Khawar
Il faut imaginer un peuple qui a vécu sur un immense territoire. Ce peuple parlait une langue qui nous est inconnue et utilisait une écriture que nous n’avons toujours pas réussi à déchiffrer.
Cette civilisation a construit de grandes villes divisées en quartiers mais avec une logique qui nous échappe.
En effet, nous n’avons retrouvé ni temples, ni palais. Les premiers habitants de la vallée de l’Indus ont commencé à édifier des villages vers le VIIe millénaire avant notre ère.
Puis, entre 3 200 et 1 800 ans avant notre ère, de grandes villes s’épanouirent. C’est entre 2 700 et 2 600 ans avant notre ère que furent édifiés les imposants murs d’enceinte d’Harappa.
Vestiges de la ville d'Harappa. image Ch.Khawar
Les chercheurs ont d’abord pensé que cette civilisation était constituée de colonies provenant de Mésopotamie. Mais, les fouilles ont révélé que ce peuple avait ses caractéristiques propres. Pour l’instant, faute de nouveaux indices, officiellement la plus ancienne civilisation indienne est née sur les rives de l’Indus tout comme l’Egypte s’est développée sur les rives du Nil.
Depuis la découverte de Mohenjo-Daro, d’autres cités antiques de l’Indus ont été retrouvées comme Dholavira ou Ganweriwala.
Apparemment, ce peuple était un peuple de marchands. Tout porte à croire qu’ils ne disposaient d’aucune supériorité militaire. Tout atteste le caractère pacifique de ce peuple qui possédait une supériorité culturelle.
Reconstitution d'après un buste en stéatite d'un homme barbu qui a été baptisé le Prêtre-Roi. On a découvert d'autres sculptures de ce personnage qui n'est toujours pas identifié. Image Rajamanohar somasundaram
On se perd en hypothèses sur leur système social et sur leur religion. Il ne s’agit nullement comme c’est le cas pour la civilisation égyptienne d’avancée technologique subite. L’évolution semble avoir été progressive.
Après près de 100 ans de recherches, on commence à mieux comprendre l’évolution de cette civilisation. Schématiquement, les périodes sont les suivantes :
- Entre 8 000 et 5 000 ans avant notre ère : les techniques de la métallurgie se diffusent dans toute l’Eurasie. L’agriculture et le commerce apportent la richesse. Les villages croissent et deviennent de véritables villes.
- Entre 4 000 et 2 600 ans avant notre ère : les archéologues parlent d’une « époque de rationalisation ». Les régions du bassin de l’Indus commencent à constituer une identité culturelle spécifique.
A cette époque apparaît un nouveau modèle d’urbanisme. Les agglomérations sont divisées en deux secteurs. Il est probable que les secteurs étaient habités par des classes sociales distinctes.
Reconstitution de poteries de la civilisation de l'Indus. Image Rajamanohar somasundaram
-Entre 2 600 à 1 900 ans avant notre ère : c’est « l’époque de l’intégration ». Cette période désigne la manière dont les cultures régionales ont conflué en une seule grande civilisation.
Toutes les villes dispersées dans un rayon de milliers de kilomètres utilisent la même écriture et les mêmes sceaux en stéatite. Ils décorent leurs vases avec les mêmes dessins et les poids utilisés sont les mêmes partout.
Ce processus d’unification sur un territoire aussi immense reste inexpliqué.
-Entre 1 900 à 1 600 ans avant notre ère : c’est « l’époque de la localisation ». Au cours de ces deux siècles, les villes sont progressivement abandonnées, l’écriture est négligée et des techniques tombent en désuétude.
Mohenjo-Daro : une cité très évoluée
Le caractère le plus stupéfiant des villes harappéennes est la complexité de leur urbanisme. Ces villes s’étendaient sur un périmètre de 100 à 200 ha au minimum.
Mohenjo-Daro est très bien conçue. On peut la comparer aux grandes villes américaines. D’ailleurs, les archéologues ont surnommé cette cité« le Manhattan de l’âge de bronze ».
Plan de la ville de Mohenjo-Daro. Image Rajamanohar somasundaram
En effet, on peut voir une douzaine d’artères tracées au cordeau traverser la ville du nord au sud, coupées d’est en ouest par des rues plus étroites qui délimitaient des pâtés de maisons.
Cela évoque le quadrillage du prestigieux quartier new-yorkais.
Les rues étaient pavées avec des centres administratifs imposants. Il y avait des rangées de petites maisons en briques dotées de toilettes privées et d’égouts.
Au centre de Mohenjo-Daro se dressait la citadelle, vaste édifice abritant des salles de fêtes et des bureaux.
Reconstitution 3d Mohenjo-Daro. Image Rajamanohar somasundaram
A proximité, des bains publics avaient été construits. Mohenjo-Daro abritait également ce qu’on a baptisé le « Grand Bain ». C’est une piscine de 12 m de long sur 7 de large et 2,40 m de profondeur. On pense qu’elle servait pour des cérémonies d’immersion car on retrouve les bains rituels dans la religion de l’hindouisme.
Les rues étaient bordées de magasins. A l’intérieur des maisons, il y avait généralement un puits et même quelquefois une salle de bain avec un bac à douche.
En l’absence de canalisations, ces maisons ne disposaient pas bien sûr de l’eau courante. Par contre, il existait un système d’évacuation des eaux usagées utilisant des conduits d’argile.
Ces tuyaux rejoignaient les égouts amovibles, en pierre, à chaque croisement, facilitant l’entretien du système.
Reconstitution 3d Mohenjo-Daro. Le marché. Image Rajamanohar somasundaram
Ce peuple était apparemment épris d’ordre et d’hygiène. Dans les ruines du site de Mehrgarh, les archéologues ont découvert l’équivalent de nos décharges industrielles. On y mettait les rebuts du travail des peaux, du cuivre, du talc, des coquillages etc…
D’autres bâtiments restent énigmatiques. A Harappa et Mohenjo-Daro, il existe deux édifices étranges avec un socle divisé en blocs, qui supportait probablement une construction en bois. On a cru qu’il s’agissait de greniers mais finalement ils restent un mystère.
Reconstitution 3d Mohenjo-Daro. Grand Bain. Image Rajamanohar somasundaram
De même, n’ayant retrouvé aucun édifice religieux, on suppose que cette civilisation adorait ses divinités en plein air.
Pourquoi une civilisation aussi évoluée a-t-elle abandonné ces villes ?
Des cités abandonnées
A partir de 1 600 ans avant notre ère, les villes étaient à l’abandon. De nombreuses théories ont été émises pour expliquer ce déclin.
On a tout d’abord pensé que la civilisation de l’Indus avait été renversée par une invasion indo-européenne. Mais aucune preuve n’est venue étayer cette théorie.
Reconstitution 3d Mohenjo-Daro. Aire de stockage. Image Rajamanohar somasundaram
L’eau est peut-être la cause de cet abandon. En effet, des recherches archéologiques ont révélé que la civilisation de l’Indus devait lutter constamment contre les inondations. Certains quartiers de Mohenjo-Daro auraient été reconstruits huit fois. Mais, il n’y a aucune trace d’une catastrophe naturelle qui aurait touché l’ensemble des cités.
Plan détaillé de Mohenjo-Daro. Image Rajamanohar somasundaram
Parallèlement à ce problème, des squelettes portent la trace de blessures à l’arme blanche. Il y aurait donc bien eu un conflit. Les fouilles relatives à cette époque ont révélé des destructions, des incendies et des squelettes sans sépulture.
On constate en parallèle un retour en arrière dans la technique de céramique par exemple. Cependant, les squelettes sont fort peu nombreux et on a retrouvé aucun fragment d’armes.
Une explosion nucléaire ?
Plus récemment, une théorie assez révolutionnaire a été énoncée. Les scientifiques Davneport et Vincenti ont déclaré que la ville de Mohenjo-Daro avait été ravagée suite à une explosion nucléaire.
Ils ont trouvé de grosses strates de glaise et de verre vert. Les archéologues supposent qu’une très forte température a fait fondre de la glaise et du sable qui ont durci immédiatement après.
De semblables strates de verre vert ont été retrouvées dans le désert du Nevada après chaque explosion nucléaire.
Reconstitution du style vestimentaire d'après les sculptures. Image Rajamanohar somasundaram
L’analyse moderne a confirmé que des fragments de la ville avaient fondu au contact d’une très haute température. Les douzaines de squelettes qui ont été trouvés dans la région de Mohenjo-Daro présentent une radioactivité excédant la norme de presque 50 fois.
Ces analyses scientifiques nous ramènent à la grande épopée indienne, le Mahabharata. Elle contient des mentions d’une arme prodigieuse aux effets dévastateurs. Un des passages parle d’une « coquille », qui étincelait comme le feu, mais sans dégager de fumée.
« Quand la coquille a touché le sol, le ciel est devenu obscur, les tornades et les tempêtes ont ravagé les villes. Une horrible explosion a brûlé des milliers de gens et d’animaux, les réduisant en cendres. »
Reconstitution 3d Mohenjo-Daro. Image Rajamanohar somasundaram
Bien sûr, on a du mal à imaginer qu’à une époque aussi lointaine des armes nucléaires ont pu être utilisées. Le texte est troublant quand on le met en parallèle avec les dernières découvertes. Pourrait-il s’agir d’un phénomène naturel qui aurait provoqué un cataclysme ? L’épicentre du choc a été détecté au centre de la ville. A cet endroit, toutes les maisons ont été nivelées. A la périphérie, les destructions sont moins importantes.
Reconstitution 3d Mohenjo-Daro. Le marché. Image Rajamanohar somasundaram
L’énigme de Mohenjo-Daro reste entière pour le moment. Cependant, si l’on suppose qu’une catastrophe s’est abattue sur cette cité, cela n’explique pas l’abandon des autres villes. Mohenjo-Daro et Harappa sont les métropoles les plus connues mais il existait au moins trois autres villes aussi importantes. Il y en avait d’autres mais de moindre importance.
Eléments de réflexion
- Il existe quelques rares cas de réacteurs nucléaires naturels
- À ce jour, sur les 1052 sites qui ont été découverts, plus de 140 d'entre eux se trouvent sur les rives du cours d'eau saisonnier Ghaggar-Hakra.
En fait, le peuple indusien n'a pas disparu.
Au lendemain de l'effondrement de la civilisation de l'Indus, des cultures régionales émergent qui montrent que son influence se prolonge, à des degrés divers. Il y a aussi probablement eu une migration d'une partie de sa population vers l'est, à destination de la plaine gangétique. Ce qui a disparu, ce n'est pas un peuple, mais une civilisation : ses villes, son système d'écriture, son réseau commercial et, finalement, la culture qui en était son fondement intellectuel.
Reconstitution de Mohenjo-Daro. Image Rajamanohar somasundaram
- Une des causes de cet effondrement peut avoir été un changement climatique majeur. Autour de 1800 av. J.-C., nous savons que le climat s'est modifié, devenant notablement plus frais et plus sec. Mais cela ne suffit pas pour expliquer l'effondrement de la civilisation de l'Indus. Une catastrophe tectonique pourrait avoir détourné les eaux de ce système en direction du réseau gangétique.
- Une autre cause possible de l'effondrement de cette civilisation peut avoir été l'irruption de peuples guerriers au nord-ouest de l'Inde, qui auraient provoqué la rupture des relations commerciales avec les autres pays.
Plusieurs facteurs sont sans doute intervenus et ont conjointement provoqué ce déclin. A vrai dire, la raison de la chute de ce peuple et ce qu’il est devenu ensuite est très floue et sujet à polémique. Cependant, le fleuve et les changements climatiques ont certainement joué un rôle dans le déclin de cette civilisation.
La civilisation de la vallée de l’Indus a en tout cas marqué l’Inde. Bien des aspects de l’Inde d’aujourd’hui puisent leurs racines dans la civilisation de l’Indus.
Mycènes
A - Le Palais
B - Muraille cyclopéenne
C - Mur d'enceinte
D - Cercle A des tombes royales
E - Porte des Lionnes
La Civilisation mycénienne
Les héros et les dieux de la Grèce antique nous fascinent. Mais, 1000 ans avant Périclès et la Parthénon, qui furent les premiers Grecs ?
L’âge du bronze en Grèce ( 3000-1050 avant notre ère environ) se divise en trois périodes :
Le bronze ancien (3000-1900 avant notre ère environ)
Le bronze moyen (1900-1600 avant notre ère environ)
Le bronze récent (1600-1050 avant notre ère) : C’est durant cette dernière période que s’épanouit la première civilisation grecque, connue sous le nom de civilisation mycénienne.
A partir de 1450 avant notre ère, la civilisation mycénienne domine la Grèce. Les Mycéniens édifient des forteresses, comme Mycènes ou Tirynthe, dans les plaines côtières.
Mycènes est la forteresse la plus célèbre qui est sortie de l’oubli en 1876 grâce à Heinrich Schliemann, fasciné par les poèmes épiques d’Homère, qui pensait avoir découvert la ville de Troie.
La civilisation mycénienne
Jusque vers 1400 avant notre ère, la Grèce et la Crète sont dominées par les Minoens. La civilisation minoenne a construit, en Crète, les célèbres palais de Cnossos ou de Phaistos qui sont attribués au légendaire roi Minos.
La célèbre fresque des dauphins dans le palais de Cnossos. Image Nenyaki
Plusieurs tremblements de terre ont déjà détruit les palais crétois qui ont été aussitôt reconstruits.
Mais, l’éruption de Santorin (l’antique Thêra) détruit définitivement les palais ainsi que la civilisation minoenne vers 1400 avant notre ère.
Les premiers Grecs, les Achéens, submergent le monde égéen, où ils prennent la place de la Crète, après la destruction de ses palais.
Ils imposent leur langue, le grec, qu’ils transcrivent en adaptant les caractères crétois, inventant ainsi une nouvelle écriture, le linéaire B.
Tablette en linéaire B. L'écriture comporte des pictogrammes qui sont complétés par par une syllabe ou un symbole numérique. Image Mitko-denev (Musée archéologique d'Athènes)
L’avance de cette civilisation est marquée par la diffusion d’une céramique au décor géométrique et par celle de la fibule métallique, servant à fixer leurs vêtements.
Sous l’influence mycénienne, l’habitat se transforme, s’organisant autour d’une pièce dont le centre est occupé par un foyer, un orifice percé dans le toit y faisant office de cheminée.
Contrairement au palais crétois ouvert sur une cour centrale, le palais mycénien est refermé sur lui-même, et centré sur la salle du trône, le mégaron.
Plusieurs forteresses, aujourd'hui en ruines, montrent la puissance de cette civilisation: Mycènes, Tirynthe et Pylos notamment.
Baignoire découverte à Pylos. Image Alun Salt
Les Mycéniens prennent grand soin de leurs morts. Les tombes qui sont implantées au cœur des palais et des villages, traduisent l’importance du clan et de la famille.
Les tablettes en linéaire B, alphabet syllabique de 87 signes déchiffrés dans les années 1950, parlent de divinités très différentes de celles de la Crète.
Mycènes se situe en haut d'une colline et domine toute la plaine. Image Nick Stenning
Les Achéens vénèrent déjà Zeus, Héra, Poséidon, Hermès, Athéna, Artémis et Dionysos, qui seront les principaux dieux de la Grèce classique.
Les dieux mâles sont désormais essentiels, alors qu’en Crète, ils étaient simplement associés aux divinités féminines de la fécondité. Ce changement démontre que la force guerrière prédomine.
Tirynthe. Image Peuplier
La civilisation mycénienne prospéra tellement, qu’entre 1400 et 1200 environ, elle devint la superpuissance de la Grèce continentale.
L’émergence d’une lignée de rois guerriers pourrait être à l’origine de ce formidable essor. Les tablettes ont largement confirmé la primauté du monde de la guerre.
Les inventaires d’armes y sont nombreux : arcs, flèches, frondes, lances, javelots, épées, rapières, dagues et poignards permettaient d’attaquer.
Pour se protéger, les hommes portaient des casques de cuir décorés de défenses de sanglier, des plastrons en lin renforcés de plaquettes de métal, des couvres-joues, des couvres-bras, des jambières et des boucliers.
Arme en bronze mycénienne. Image Unforth
La plupart de ces pièces étaient en bronze.
Les Mycéniens possédaient des navires de guerre et surtout des chars ce qui leur donnait un grand avantage lors des combats.
Les Mycéniens étaient des guerriers mais également des commerçants. Le délicat travail des artisans a sans doute permit d’élargir les contacts commerciaux en Méditerranée.
En effet, ils participaient activement aux échanges commerciaux reliant l’Egypte, le Levant et l’Anatolie aux civilisations égéennes.
Les découvertes faites dans les différentes forteresses ont fourni de précieux renseignements sur cette société.
Au sommet de la hiérarchie se trouvait le roi, le wanax, secondé par un lawagétas, sorte de grand vizir ou commandant en chef des troupes royales.
C’était donc l’homme fort de ce régime bicéphale.
Masque funéraire en or dit"d'Agamemnon". En réalité, ce masque est celui d'un des premiers princes de Mycènes. Image Alun Salt
En dessous des deux dirigeants, se trouvaient les hauts dignitaires, les aristocrates et les fonctionnaires du palais.
Le télestai était un inspecteur des impôts.
De nombreuses informations étaient consignées sur les tablettes d’argile : nombre d’enfants à Mycènes, quantité de cochons livrés au palais, liste des offrandes faites aux divinités.
Masque funéraire. Ces masques avaient pour fonction de conserver les traits du défunt. Image Siyad Ma
Ainsi à Mycènes régnait une bureaucratie tatillonne et bien organisée. Le rôle de l’écriture y était déterminant mais cette dernière restait l’apanage de la caste des scribes.
Il est fort probable que la grande majorité de la population, y compris les hauts membres, était illettrée.
Tirynthe. Image Peuplier
Les plus déshérités étaient bien sûr les esclaves. Parmi eux se trouvaient de nombreuses femmes avec leurs enfants. Elles étaient capturées lors de raids.
L’immense majorité du peuple mycénien se composait de paysans. Ils vivaient à l’extérieur de la cité.
Eleveurs et agriculteurs vivaient dans des maisons rudimentaires.
Mycènes
La forteresse de Mycènes est un véritable nid d’aigle. Elle domine la plaine de l’Argos. D’imposantes murailles protègent le palais auquel on accède par des escaliers taillés dans le roc.
Porte des Lionnes à Mycènes. Image Kurmbox
Apparemment, Mycènes et les autres forteresses, sont destinées à soutenir un siège.
Dans l’Iliade, Homère transmet le souvenir d’une Mycènes « riche en or ». Cette richesse est confirmée par les découvertes de trésors provenant de razzias.
Tombe royale de Mycènes. Image Laura Scuder
A l’époque classique, les Grecs attribuent à des géants, les Cyclopes, la construction des forteresses mycéniennes.
Par exemple, les maîtres de Tirynthe ont édifié une enceinte d’énormes blocs calcaires dont certains atteignent 7,50 m de large et pèsent presque 10 tonnes.
A Mycènes, les murailles sont percées de la monumentale porte des Lionnes dont le linteau seul pèse plus de 20 tonnes.
Muraille de Mycènes et porte des Lionnes. Image Nick Stenning
Selon la mythologie, ces murs sont dus à des Cyclopes, venus se mettre au service de Persée, roi de Tirynthe et fondateur de Mycènes.
La construction du palais commença au XVe siècle avant notre ère environ. Actuellement, on distingue encore les principaux édifices :
La fin de la civilisation mycénienne
Peu après 1250 avant notre ère, le feu ravagea plusieurs forteresses. Mycènes, elle-même, dut faire face à une série d’assauts, dont elle ne se releva jamais.
Plaine d'Argos vue de Mycènes. Image Kurmbox
Thucydide, historien grec qui vécut bien plus tard, explique ainsi la destruction de Mycènes : un peuple indo-européen, les Doriens, envahit la Péloponnèse.
Un grand mur de défense barrant l’isthme de Corinthe, édifié vers 1200 avant notre ère, fut le dernier rempart pour refouler l’envahisseur.
Les archéologues n’ont cependant pas trouvé de traces d’invasion violente.
Des conflits et des révoltes internes sont peut-être la cause de la chute de Mycènes.
Noble dame représentée sur une fresque abimée d'un palais mycénien. (Musée National d'Athènes) Image Mitko-denev
Par contre, on sait que des troupes stationnaient le long des côtes en prévision d’une attaque maritime.
Peut-être, l’envahisseur est-il le fameux Peuple de la Mer, dont parlent les Egyptiens à partir de 1200 avant notre ère. Il s’agit d’un peuple indo-européen, refoulé par les Egyptiens, mais qui a pu ébranler le monde mycénien.
Si puissante et guerrière que soit la civilisation mycénienne, elle disparaît cependant brusquement.
Les cités sont détruites et l’écriture disparaît.
Tombes royales à fosse de Mycènes. Ces tombes recelaient de nombreux trésors. Intérieures à l'enceinte du palais, la disposition en cercle leur confère un caractère sacré. Image Frankfl
Après la chute de Mycènes, la civilisation grecque connut une période de sommeil. Elle en sortit trois siècles plus tard.
Mais ce sont les Achéens qui ont transmis à la Grèce l’héritage crétois. Leur souvenir demeurera dans les poèmes homériques composés quatre siècles plus tard. Pour la Grèce classique, les Achéens, héros de l’Iliade et de l’Odyssée, édifient grâce aux dieux d’imprenables forteresses et vivent une histoire légendaire.
Le déclin des civilisations est-il inévitable ?
La crise économique actuelle nous fait prendre conscience que nos civilisations, et notamment occidentales, sont fragiles.
Certains n’hésitent pas à parler d’effondrement voire de disparition programmée de notre société en faisant l’amalgame avec l’extinction éventuelle de notre espèce.
Il est un fait que toutes les grandes civilisations ont fini par s’éteindre pour être remplacées par de nouvelles qui ont subi le même sort.
Parmi les civilisations disparues les plus connues, citons l’Egypte des pharaons, la civilisation de l’Indus, les civilisations amérindiennes (Olmèques, Aztèques, Mayas…), la civilisation minoenne, la civilisation mycénienne, l’empire Romain ou encore la civilisation Khmère d’Angkor.
Toutes ces civilisations avaient un point commun avant de s’effondrer : elles étaient toutes à leur apogée.
Nos civilisations actuelles sont-elles arrivées à leur apogée ? Sont-elles vouées à disparaître ? Toutes les prophéties et les mythes, notamment amérindiens, qui font référence à des cycles de destruction et de renouveau sont-ils là pour nous rappeler que chaque nouvelle civilisation marque une nouvelle étape qui nécessite de profondes transformations ?
Pourquoi les grandes civilisations ont-elles décliné ?
Tout d’abord, il est à préciser que les civilisations déclinent mais sans entraîner la disparition des populations.
Le terme déclin est donc plus approprié qu’extinction.
Actuellement, deux grandes théories s’affrontent.
Joseph Tainter, auteur de "The Collapse of Complex Societies", paru en 1988, met en avant la complexité grandissante des civilisations.
En résumé, les sociétés luttent contre les problèmes en élaborant des technologies de plus en plus sophistiquées.
La complexité technologique va de paire avec celle de l’économie et de l’organisation sociale.
L’auteur estime que notre société actuelle a atteint un niveau de complexité inégalée mais que pour y arriver, nous avons dû piller les ressources de la Terre.
Si nos principales ressources disparaissent, le pétrole par exemple, une simplification technologique, économique et sociale deviendra inévitable.
Cette simplification forcée entrainera alors notre déclin.
Parfois, les anciennes civilisations tombent dans l'oubli. Ici, Angkor envahi par la jungle. Image Steve Jurvetson
Jared Diamond est biologiste et écologiste. Sa théorie fait la part belle aux facteurs écologiques pour expliquer l’effondrement des sociétés.
Auteur de "l’Effondrement", paru en 2006, J.Diamond met en valeur quatre facteurs primordiaux :
dommages environnementaux causés par l’homme,
changements climatiques,
incursions d’envahisseurs
et les relations commerciales.
Vestiges de la civilisation Maya à Copán. Image David Ooms
Concernant la théorie de J.Tainter, essayons de l’appliquer aux anciennes civilisations et à la nôtre.
A contrario, ne doit-on pas envisager que c’est cette trop grande complexité qui entraîne la chute des sociétés et non leur retour à une plus grande simplicité.
Si on prend le cas des Empires, il y a toujours eu effondrement mais sans extinction. Qu’est-ce qu’un empire sinon un amoncellement de pays asservis par la force ? Plus l’empire s’agrandit, plus l’organisation devient complexe mais plus la structure se fragilise car les bases sont instables.
Au moindre affaiblissement interne, cette structure s’effondre comme un château de cartes.
C’est ce qui s’est passé avec l’Empire des Pharaons ou l’empire Romain. Le danger est venu de l’intérieur.
Jules César, symbole de l'apogée de l'Empire romain. Image Thisisbossi
Imaginons que dans 10 ans, il n’y a plus de pétrole, plus de bois, plus de ressources marines et que le changement de climat provoque une stérilité des grandes zones d’agriculture.
Que se passerait-il alors ?
Nos sociétés déclineraient-elles ? La réponse dépend entièrement de nos choix et de notre capacité à s’adapter à un nouveau contexte.
Nous avons beaucoup trop tendance à juger de la valeur d’une civilisation sur son niveau technologique.
Le schéma de J.Tainter ne s’applique pas à certaines civilisations comme celle de l’Indus ou les Mayas.
La théorie de J.Diamond est plus polyvalente car il mêle environnement, économie et politique.
Mais cela revient également à dire qu’il n’existe aucun facteur commun aux ascensions et aux effondrements des sociétés.
Chaque cas serait alors particulier.
Temple de Ramsès II à Abou Simbel.
Les facteurs écologiques et les changements climatiques sont des sujets d’actualité. Cependant, bien qu'il ne faille pas nier leur importance, sont-ils vraiment à la base des déclins ? Ne faisons-nous pas une corrélation systématique entre nos problèmes actuels d’environnement et notre crainte de disparaître à cause de nos erreurs ?
Exemples d’effondrements de sociétés
La civilisation de la vallée de l’Indus rayonnait plus de 2000 ans avant notre ère. Cette civilisation, qui est loin d’avoir révélée tous ses secrets, nous a laissé les cités d’Harappa ou de Mohenjo-Daro.
Vers 1 600 avant notre ère, les grandes cités de la vallée de l’Indus étaient à l’abandon. Les raisons de cet exil ne sont pas totalement connues.
Peut-être une succession de crues ou un changement climatique réduisent-ils les récoltes à néant.
La famine et les maladies ont pu faire de nombreuses victimes.
Ce que l’on sait, c’est que plusieurs régions se dépeuplèrent tandis que d’autres continuèrent à prospérer.
Suite aux invasions des Indo-Européens, il y a eu un métissage des populations. La culture de l’Indus s’est fondue dans les nouvelles cultures.
Reconstitution 3d de Mohenjo-Daro . Image Rajamanohar somasundaram
Dans cet exemple, il semblerait que deux facteurs aient joué un rôle important dans le déclin : les changements climatiques et les invasions.
Mais, imaginons qu’il n’y a jamais eu d’invasions. Dans ce cas, il est fort probable que la civilisation de l’Indus aurait continué à prospérer avec une migration des populations vers des secteurs plus tempérés.
Les invasions ont en quelque sorte donné le coup de grâce à une civilisation déjà affaiblie.
La brillante civilisation Maya a dominé un immense territoire qui s’est répandu jusqu’aux Caraïbes et au Pacifique, et du Mexique au Honduras.
Cette civilisation a régné du IIIe au IXe siècle. L’empire Maya était le théâtre de guerres incessantes entre différentes cités-Etats.
La plus grande de ces cités était Tikal, perdue au milieu de la forêt du Guatemala.
La dernière stèle construite à Tikal remonte à 869.
Tikal. Image gsz
A travers le territoire maya, on a retrouvé les dates de déclin de toutes les grandes cités : Copán 830, Palenque 835, Uxmal 909.
Les cités ne subirent pas de destruction par le feu ou un ennemi.
Les Mayas n’ont pas disparu. Ils se sont disséminés et fondus dans d’autres sociétés.
Il serait tentant de trouver un facteur commun à tous les abandons de cités.
Cependant, il semble que chaque cas soit particulier. Plusieurs facteurs ont entraîné cet exil : perte de pouvoir progressive des prêtres, épuisement des ressources, famine, conflits.
Uxmal. Image Esparta
D’après les dernières études, des périodes de grande sécheresse ont touché le territoire Maya entre 760 et 910 de notre ère.
A Tikal, la sécheresse est peut-être au cœur du problème. Plusieurs années sans une bonne saison des pluies ont forcement entraîné la famine. Les prêtres incapables de mettre fin à cette sécheresse ont alors perdu leur pouvoir.
Le peuple s’est révolté puis a fini par abandonner la cité.
Palenque. Image Molly 258
Mais, ce schéma ne s’applique pas à toutes les cités et tout n’est pas si simple. En effet, la cité de Lamanai située seulement à 100 km de Tikal a continué à prospérer après le déclin de Tikal.
Du IXe au XIVe siècle, l’empire Khmer s’étendait sur le Cambodge actuel, certaines régions du sud du Viêt Nam, du Laos et de la Thaïlande.
Son fondateur, le roi Jayavarman II implanta sa capitale à proximité de la plaine d’Angkor.
C’était une vaste zone de terres fertiles arrosée par des cours d’eau. La nourriture y était abondante toute l’année.
Les Khmers construisirent des réservoirs et des canaux permettant d’assurer l’irrigation des rizières pendant la saison sèche.
Angkor Vat. Image ScubaBeer
Jayavarman VII (règne de 1181-1218) éleva le bouddhisme au rang de religion d’Etat et conduisit l’empire Khmer à son apogée.
En 1430-1431, les armées du Siam mirent la ville à sac. Les Khmers partirent alors fonder une nouvelle cité aux environs de Phnom Penh.
Angkor était condamnée car le réseau d’irrigation n’était plus entretenu. La jungle prit progressivement possession de la ville.
Plusieurs théoriciens mettent en avant un dérèglement du régime des moussons. Ce changement climatique aurait été alors catastrophique sur une zone déjà largement déboisée et sur laquelle on pratiquait une agriculture intensive.
En transformant leur environnement, les Khmers auraient perturbé le régime hydraulique.
Mais là encore, plusieurs facteurs sont intervenus dont l’invasion de la ville.
Notre société est-elle en voie de déclin ?
Actuellement, nous sommes loin d’être à l’apogée du point de vue technologique. Si nos gouvernements nous imposent l’utilisation de certaines énergies (énergies fossiles, nucléaire) c’est parce que les intérêts financiers priment sur la vraie avancée technologique qui pourrait par la même occasion régler de nombreux problèmes écologiques.
Angkor vat. Image flydime
Notre organisation sociale et économique s’est largement complexifiée ces dernières décennies.
Mais, cette complexité n’a pas été anticipée et nous continuons à avancer sur des bases archaïques.
Nous continuons en fait à vivre sur des schémas instaurés par les premières civilisations : Plusieurs classes sociales qui ne sont pas égalitaires et une répartition des ressources et richesses qui ne s’est jamais effectuée en fonction des réels besoins mais en fonction de la position sociale.
Toutes les sociétés qui se sont succédées avant nous ont été bâties selon une organisation sociale pyramidale.
Aujourd’hui, cette organisation inégalitaire s’est étendue au niveau mondial.
On peut en déduire que notre survie passera obligatoirement par une transformation radicale de notre organisation sociale et donc économique.
Les préoccupations écologiques prennent bien sûr une place importante dans notre devenir.
Vestiges de Copán au Honduras. Image Carlos Adampol
Mieux répartir les ressources et stopper le pillage à but purement lucratif sont les grands défis que nous devrons relever et gagner si nous voulons que notre espèce se prépare au mieux aux futurs changements climatiques.
Quoi qu’il arrive, Homo sapiens ne disparaîtra pas. Il devra par contre radicalement modifier ses échelles de valeur.
Notre société est sur le point de se transformer ce qui en soi n’est pas forcement négatif.
Ramsès II
Au fil des siècles, nous avons oublié nos racines. Chaque ethnie s’est repliée sur elle-même convaincue que l’autre était un ennemi.
Or, c’est le métissage des cultures qui a permis à notre espèce d’évoluer à son niveau actuel.
Parmi les dangers qui nous menacent, le réchauffement climatique n’est pas le pire. C’est surtout notre faculté à toujours penser « je » avant « nous » qui est notre pire ennemi.
Nous avons parfaitement les moyens de minimiser les conséquences du changement climatique.
Par contre, ce qui nous manque c’est l’empathie qui nous permettrait de traiter les problèmes au niveau mondial sans penser à nos intérêts financiers respectifs.
Le Colisée à Rome. Image David Paul Ohmer
Le déclin de notre civilisation n’est donc pas inévitable. Tout dépendra des choix de ceux qui nous gouvernent.
La civilisation occidentale ne doit pas vivre dans la crainte de perdre sa suprématie. Elle doit simplement accepter une redistribution des ressources et des richesses.
Sipán . Les Moches ou Mochicas
Pérou
La découverte, en 1987, de la tombe du « seigneur de Sipán », dans le nord du Pérou, a révélé au monde les beautés de l’artisanat mochica.
La civilisation mochica s’est développée du IIIe siècle avant notre ère au VIIIe siècle de notre ère. La culture des Moches s’est principalement développée dans les vallées de la Moche et de la Chicama (actuelle province de La Libertad).
Très hiérarchisée, la société moche est dominée par une aristocratie qui contrôle le pouvoir politique, militaire et religieux. Ce peuple précolombien avait une culture qui est considérée comme la plus raffinée et la plus avancée du monde préinca.
La culture moche
Les Moches se sont établis dans des vallées fluviales, le long de la côte aride au nord du Pérou. L’agriculture et la pêche nourrissaient une importante population. Cette société très hiérarchisée, bâtissait des canaux d’irrigation, des pyramides et des palais.
Malgré l’absence d’un système écriture, les Moches ont témoigné de leur art dans de beaux vases en céramique, des laines élaborées, des peintures murales et de nombreux objets en cuivre, en or et en argent.
Poterie provenant de la côte nord du Pérou. Art des Moches ; 400-700 après notre ère (British Museum, Londres)
On ne sait pas si les Moches ont fondé un Etat centralisé avec une capitale ou si leur organisation reposait sur une confédération de plusieurs seigneuries.
On sait par contre que la noblesse concentrait tout le pouvoir. Le sommet de la hiérarchie était occupé par un chef, peut-être un roi.
Vase portrait d'un chef Moche
L’agriculture constituait la principale ressource. La population se devait de participer à la construction des grands ouvrages publics. Ces participations volontaires ont d’ailleurs contribué à l’essor de la civilisation. Les Moches ont ainsi réalisé des ouvrages hydrauliques grandioses.
Les Moches cultivaient des céréales, des légumes, du coton, du tabac et la coca. Ils élevaient des chiens, des cochons d’Inde et des lamas.
La pêche était une autre source importante d’approvisionnement. Les pêcheurs utilisaient les totoras, des groupes d’embarcations individuelles, liées entre elles par des cordes en fibre végétale.
La chasse n’était par contre pratiquée que par la noblesse.
L’examen des objets retrouvés dans les tombes a confirmé l’utilisation de cosmétiques, de miroirs, de peignes ou de pinces à épiler.
Pinces à épiler en or de facture moche (Lima, musée de l'Or)
La sépulture de Sipán
En février 1987, en creusant un tumulus sacré, des pilleurs de tombes ont mis au jour un incroyable trésor funéraire.
Une querelle ayant éclaté entre les voleurs, l’un deux dénonça ses complices. C’est ainsi que les archéologues ont pu déblayer les restes de la tombe saccagée.
Les huacas de Sipán étaient, à l'origine, de hautes pyramides de briques
Cette huaca ou pyramide sacrée allait leur révéler de nombreuses surprises. A l’origine, les huacas de Sipán étaient de hautes pyramides de brique, lieux où se déroulaient les rites sacrificiels et où se trouvaient les tombes royales.
Aujourd’hui, il ne reste plus que d’immenses tumulus.
A l’intérieur de la tombe pillée se trouvait le squelette d’un homme coiffé d’un casque de cuivre et protégé par un bouclier.
Des étendards de coton recouvraient le corps. Ils étaient décorés de cuivre plaqué or.
Walter Alva/Bruning Museum
La sépulture de Sipán est la plus magnifique tombe jamais découverte aux Amériques.
Dans la chambre funéraire, des cercueils de roseau abritaient deux hommes, deux femmes et un chien. Au centre, se trouvait le cercueil de bois où reposait l’homme en l’honneur duquel cette sépulture avait été érigée.
Il mourut vers 40 ans. C’était un seigneur guerrier chaussé de sandales d’argent. Dans sa main droite, il tenait un sceptre d’or et, dans la gauche, un sceptre d’argent.
Il était entouré d’objets en or et en argent.
Figurine à la coiffe en forme de hibou. L'homme le plus âgé, retrouvé dans la troisième tombe, portait un ornement de nez de 11 cm de haut, identique à celui de la figurine (Bruning Museum)
Des hommes sacrifiés entouraient le seigneur guerrier. On ne sait pas si les femmes étaient des concubines. En revanche, elles étaient mortes de puis longtemps quand elles ont été placées dans la tombe.
Par la suite, on trouva deux autres sépultures autour du tumulus.
Le site de Dos Cabezas : des tombes de géants
Entre 1997 et 1999, une équipe d’archéologues a localisé trois sépultures à Dos Cabezas, dans la partie basse de la vallée de Jequetepeque, près de Sipán.
Le noble Moche du tombeau 3. Il a été enfoui avec de nombreuses offrandes: une bouteille en forme d'oiseau, une tête de lama et des jarres
Des tombes miniatures étaient accolés à chaque tombe. Les petits compartiments près de la tombe étaient calqués sur le modèle des chambres funéraires. Cette caractéristique est totalement unique.
Tombeau 3 (1999) 1/ Tombe miniature contenant des céramiques, une tête de lama et une figurine en cuivre 2/ Jeune servante de 15 ans sûrement sacrifiée 3/ Homme enveloppé de bandelettes 4/ Enfant âgé de 9 ans 5/ Bouteille en céramique 6/ Bouteille en forme d'oiseau 7/ Marque du fabricant des briques
Excavation Tombeau 2 (1998) 8/ Figurine en cuivre 9/ Bouteille en forme de condor 10/ Tête de lama 11/ Cinq pots 12/ Lama en offrande 13/ Corps 14/ Jeune garçon de 15 ans enterré sous le personnage principal 15/ Bouteille en céramique
A l’extérieur de chaque chambre funéraire, une petite statue en cuivre représentait l’occupant du tombeau.
Bec de chouette en or. C'est l'un des cinq objets en or retrouvés dans la bouche de l'occupant du tombeau 2
Chez les Moches, la taille des hommes variait de 1,47 m à 1,67 m. Or, les trois habitants des tombeaux atteignaient entre 1,75 m et 1,82 m. Ils étaient âgés de 18 à 22 ans et sont probablement morts à un mois d’intervalle.
Visage menaçant d'une figure sur une bouteille en céramique du tombeau 2
L’archéologue Alana Cordy-Collins pense que ces hommes devaient souffrir d’une maladie similaire aux syndromes de Marfan, un désordre génétique à l’origine de l’allongement et de l’amincissement des os.
Outre l’occupant principal, chaque tombeau contenait une jeune femme et une tête ou une carcasse de lama.
Animal non identifié en céramique du tombeau 2
Dans le tombeau 2, l’homme a été enterré avec une chauve-souris en céramique. Les chauves-souris constituaient d’importants symboles pour les Moches. Elles apparaissent souvent dans les descriptions de sacrifices humains.
Plus de 350 sépultures ont été mis au jour mais les tombeaux de Dos Cabezas sont uniques.
Rituels et sacrifices
De nombreuses céramiques mettent en scène des sacrifices, des rites funéraires et des épisodes guerriers.
Certaines illustrations relatent les batailles entre les peuples des vallées fluviales. Ceux-ci s’opposaient en une série de combats singuliers, le but n’étant pas de tuer mais d’assommer l’adversaire.
Le vainqueur déshabillait son ennemi, lui bandait les yeux et pouvait alors exhiber son prisonnier.
Enfin, les hommes capturés étaient sacrifiés. Lors d’une grande cérémonie religieuse, un prêtre leur coupait la gorge et recueillait le sang dans une coupelle. Le contenu était offert au chef.
Poterie symbolisant le sacrifice humain
On démembrait alors les corps des victimes sacrificielles, on attachait leurs têtes et leurs membres à des cordes et on les suspendait comme trophées.
Lutter pour survivre
Les catastrophes naturelles, El Niño, tremblements de terre, éruptions volcaniques, sécheresses et inondations, ont toujours fait partie de l’histoire sud-américaine.
La mer était d’ailleurs au cœur de la culture mochica. Le courant de Humboldt, qui longe les côtes du Pérou du sud au nord, favorise la multiplication des fruits de mer. Ce courant permet des pêches uniques au monde.
Seigneur guerrier. Cette mosaïque de coquillage, d'or et de turquoise, décorait une bijou d'oreille retrouvé dans la première tombe de Sipán
Mais, entre 562 et 594, une période de grande sécheresse s’abattit sur le pays mochica. La famine et la maladie décimèrent la population. D’immenses dunes côtières se formèrent, repoussant les survivants à l’intérieur des terres.
Il fallut créer de nouveaux systèmes d’irrigation.
Poterie moche à effigie (antérieure au VIIe siècle), provenant du nord du Pérou. (Musée des Beaux-Arts de Dallas)
Les guerres, qui se limitaient autrefois à des combats rituels, prirent une ampleur meurtrière. L’enjeu était de préserver les ressources naturelles de sa propre communauté.
Des fortifications s’élevèrent. En 800, cette lutte pour la survie avait divisé le territoire mochica en plusieurs principautés.
L’unité culturelle qui liait les royaumes de la vallée du fleuve appartenait désormais au passé.
A la mort de Charlemagne, en 814, l’Empire carolingien paraît triompher. Pourtant, des ennemis nouveaux viennent de surgir : les farouches Vikings, dont les drakkars effrayants apparaissent au large des côtes anglaises vers 790.
L'ère Viking va marquer le monde de manière irrémédiable.
Les Vikings sont célèbres pour leur art de la guerre et leur soif de richesses. Cependant, ce peuple nordique était également féru d’art.
La mythologie des peuples nordiques a traversé les siècles. Les Vikings vénéraient des dieux à leur image. Leur panthéon était avant tout dominé par des divinités guerrières.
Réhabilité depuis peu, le nom de Viking évoque toujours le souffle de l’aventure.
Mythes et réalité sur les Vikings
Aujourd’hui, les historiens ont tendance à nuancer cette « légende noire » des Vikings. Les redoutables Normands « Hommes du Nord » ont effectivement semé la terreur mais ce peuple de conquérants a également été à la source de législations et fondateur de nations.
Une série de découvertes archéologiques a révélé que les Normands étaient de grands commerçants, artisans et gouvernants.
Broche en or trouvée au Danemark et datée de l'an mil (Musée historique national de Stockholm). Image Mararie.
Les Vikings étaient avant tout des navigateurs. C’étaient de véritables explorateurs qui ont atteint des terres plus éloignées au nord et à l’ouest que tous les autres peuples européens avant eux.
Ainsi, ils ont établi une colonie sur la côte ouest du Groenland et ont gagné l’Amérique 500 avant Christophe Colomb.
Navire viking découvert en 1880 en Norvège. Image James Cridland
Féroces, les Vikings l’étaient sans conteste. Mais, leur détermination et leur courage ont permis l’évolution d’un monde figé.
Ils ont apporté le feu et l’acier ainsi que leur ambition.
Il est indéniable que les Vikings ont changé la face du monde à tout jamais.
L’histoire des Vikings
Le terme « viking » correspond à une activité, non à un nom de peuple. Les jeunes avides d’aventures décidèrent de partir en « viking » c’est-à-dire d’organiser des raids.
Ces hommes venaient des pays nordiques : futur Danemark, Norvège, Suède. Mais, l’idée de nation n’existait pas encore.
Chaque clan était loyal à un chef local.
Ces peuples du Nord avaient cependant des points communs :
Le langage (le vieux nordique)
Le même panthéon avec des dieux comme Odin ou Thor
Une société divisée en trois classes : nobles guerriers, hommes libres et les esclaves
Comment et pourquoi ces peuples se sont-ils transformés en « Vikings ». Les historiens ne le savent pas exactement.
La pression démographique a sans doute joué un rôle ainsi que l’amélioration technique des navires.
Cependant, aucune de ces raisons n’explique vraiment cet exode.
Les premiers à quitter leurs terres furent les Suédois. Ils traversèrent la Baltique et pénétrèrent en Russie.
Les Danois s’intéressèrent à l’Angleterre et à l’Empire franc de Charlemagne.
Reconstitution d'une broche viking. Image Hans s
Les Vikings de Norvège exploraient pendant ce temps des terres peu connues. Ils s’attaquèrent à l’Irlande et à l’Ecosse.
Vers la fin du Xe siècle, un hors-la-loi nommé Erik le Rouge navigua vers l’ouest et découvrit une terre qu’il baptisa Greenland.
En 1001, Leif Eriksson, fils d’Erik le Rouge, eu le premier contact européen avec l’Amérique alors qu’il débarqua près de la point septentrionale de Terre-Neuve.
Camp viking de l'Anse aux Meadows sur la côte de Terre-Neuve . Image Dylanindustries .
Cet exploit a couronné une saga pleine d’aventures et d’explorations. En un peu plus de deux siècles, les Normands avaient atteint Bagdad à l’est et le Nouveau Monde à l’ouest. Ce sont les premiers à avoir découvert l’Islande, le Groenland et le nord du continent américain.
Les expéditions guerrières
En 844, les Vikings pillent la Galice, Lisbonne et Séville. En 859-862, ils ravagent les côtes du Maroc puis gagnent la Toscane.
De là, ils détruisent Pise et remontent jusqu’au Rhône, à Valence où ils sont arrêtés.
Charlemagne avait créé une défense côtière mais ses successeurs, en pleine guerre de partage de l’Empire, ne se soucient pas de la menace des pirates barbares.
A partir de 833, les Vikings découvrent la faiblesse des Carolingiens. Aussitôt, ils multiplient les expéditions. Rouen brûle en 841, Nantes en 843, Paris succombe en 845 et Tours en 853.
Détail d'un drakkar datant du IXe siècle, découvert avec le vaisseau d'Oseberg, près du fjord d'Oslo. Image Mararie.
Les Vikings établissent alors des têtes de pont permanentes sur les embouchures de la Seine et de la Loire. Ils s’y installent et font de fréquents raids.
Toutefois, en 887, le carolingien Charles le Gros, est déposé. C’est Eudes, compte de Paris, qui est élu roi des Francs pour lutter contre les envahisseurs.
C’est en fait surtout la famine qui, en 892, chasse temporairement les Vikings de France.
De 834 à 850, les Vikings pillent les royaumes anglo-saxons. En 865, une immense armée arrive et occupe York en 866. De raid en raid, ils arrivent jusqu’à Londres en 871.
A la fin du IXe siècle, l’Angleterre est si dévastée qu’il ne reste plus rien à piller. Les Danois s’y installent et fondent le royaume viking d’York dans le Yorkshire.
Proue d'une réplique du vaisseau d'Oseberg, découvert en 1904, dans un tumulus funéraire du IXe siècle. Image Mararie.
Une société anglo-scandinave naît alors dans cette région que l’on appelle le Danelaw « loi danoise ».
C’est l’avènement du Christianisme qui va marquer la fin de l’ère viking. L’adoption de la nouvelle religion va peu à peu faire tomber la principale barrière entre les pays nordiques et le reste de l’Europe.
Dès la fin du IXe siècle, les rois scandinaves commencent à se convertir pour assurer leur légitimité et battre en brèche les chefs de guerre. Ils tentent également d’unifier leurs pays. A partie de 1016, la Norvège est unifiée.
Mais, ces nouvelles monarchies ressemblent vite à celles de l’Occident chrétien. Elles réduisent la turbulence des grands chefs de guerre.
La source du dynamisme viking se tarit au cours du XIe siècle.
Le drakkar
Le drakkar (pluriel de dreki « dragon ») est le symbole de l’épopée viking. Cependant, tous les bateaux scandinaves ne sont pas ces grands navires de guerre, à la proue ornée d’une tête de dragon sculptée.
Robustes et rapides, capables de résister aux houles de l’Atlantique et de la mer du Nord, possédant un faible tirant d’eau qui leur permet de remonter les cours d’eau, les drakkars sont un véritable outil tactique.
Drakkar reconstitué. Image Informatique
Mus à la rame, jusqu’à 30 rangs de rameurs pour les plus grands, ils sont symétriques, ce qui permet une très grande maniabilité dans les manœuvres.
Pourvus d’une quille, ils sont dotés d’une toile triangulaire (latine). On abaisse le mât pour aller à terre ou naviguer sur les fleuves ; on le redresse pour naviguer en pleine mer.
Proue décorée d'un drakkar . Viking Ship Museum, Oslo. Image Informatique
Des répliques modernes ont montré que les drakkars dépassaient les dix nœuds à l’heure, soit presque 20 km/h. Ils pouvaient parcourir en moyenne 200 km par 24 h.
Les rois et les nobles de haut rang couvraient leurs plus beaux drakkars de riches décorations. Certains portaient des girouettes de bronze.
Un animal mythique orne le sommet de cette girouette du XIIe siècle, découverte en Norvège. Historiska Museet, Oslo. Image Informatique
Les drakkars n’étaient pas les seuls bateaux. Les knarrs étaient des navires de transport très larges.
Les armes et les techniques guerrières des Vikings
Tout Scandinave, de naissance libre, possédait des armes dès le plus jeune âge. Les meilleures et les plus coûteuses étaient les épées longues à double tranchant.
Ces armes précieuses recevaient parfois des noms comme « Mord-la-jambe » ou « Garde d’or ». L'épée viking était tenue à une main, l'autre portant le bouclier.
Festival avec reconstitution des armes et vêtements de l'époque viking. Image Hans s
Ensuite venaient la lance, une arme de poing et le javelot, une arme de jet. La lance était constituée d'un fer fixé à une longue perche.
Dans les croyances, il s’agissait des armes d’Odin, connu sous le nom de « Seigneur de la Lance ».
Son arme magique, Gungnir, touchait toujours sa cible.
Casque viking . Image Mararie.
On évoque souvent les Vikings, armés de haches mais ces armes n’étaient utilisées que par les pauvres, qui s’en servaient aussi pour couper le bois.
Enfin, les Vikings utilisaient également des poignards et des arcs, mais ces derniers surtout pour la chasse.
Outre les raids maritimes éclairs, ces guerriers savaient s’adapter à une guerre plus statique. Les Danois menèrent de longues campagnes en Angleterre et en terre franque.
Ils excellaient au corps à corps. Dans le combat rapproché, ils avaient un gros avantage : la taille.
Grâce à un régime hyper-protéiné, ils mesuraient en moyenne 1,72 m contre 1,65 m pour leurs adversaires.
Ils avaient également pris conscience des aspects psychologiques. Ils se rendaient aussi effrayants que possible. L’une de leurs tactiques consistait à faire des bruits terrifiants, en agitant leur carquois ou en poussant des cris.
Casque dit "de Sigurd" découvert en Suède, dans une barque funéraire (VIIe siècle, Upplandsmuseet, Uppsala) . Image Mararie.
Un groupe particulier atteignait des stades de folie furieuse. Connus sous le nom de berseks, du nom de la peau d’ours qu’ils portaient parfois, ils appartenaient à une confrérie.
Ils devaient frapper d’horreur leurs adversaires en roulant des yeux, en ayant l’écume à la bouche, en mordant leurs boucliers ou en allant se battre nus.
Rites funéraires des Vikings
Selon les régions, l’au-delà était appréhendé différemment. Parmi ces croyances, la plus connue est celle de Walhalla, la salle de banquet d’Asgardr où Odin recevait les rois et les guerriers morts.
Les Vikings qui mourraient y étaient emmenés par les Walkyries, « celles qui choisissent les morts, des vierges guerrières.
Bronze viking. Image Mararie.
Ceux qui ne mourraient pas au combat étaient condamnés à une triste existence dans les ombres du royaume de Hel.
Parallèlement aux mythes, les rites funéraires variaient. Les êtres chers étaient parfois enterrés près de leur habitation.
Les fouilles archéologiques montrent que la plupart des morts étaient enterrés avec des objets, armes ou bijoux.
Bijou viking. Image Mararie.
A Lindholm Höje, au Danemark, on a retrouvé dans les années 50 un cimetière viking qui a été recouvert de sable vers l’an 1000.
Les 700 pierres funéraires étaient soit en forme de bateau, carrées, circulaires ou rectangulaires.
Mais, le motif du drakkar semble s’être répandu vers l’an 800. La plupart des cadavres avaient été incinérés.
Machu Picchu. Tiahuanaco et les Mystères des Cités Incas
A l’arrivée des conquistadors espagnols au 16è siècle, l’empire Inca s’étendait le long de la côte pacifique et de la cordillère andine, de la frontière nord de l’actuel Equateur jusque dans le Chili central, englobant l’ensemble du Pérou et la quasi-totalité de la Bolivie.
Les différentes parties de ce vaste empire étaient reliées entre elles par un réseau de routes. Les forces espagnoles surent d’ailleurs tirer profit de ces routes pour avancer jusqu’au cœur de l’empire Inca.
Extermination et destructions ont malheureusement fait perdre à jamais à l’humanité une grande partie des richesses de cette civilisation. Les sites archéologiques qui sont parvenus jusqu’à nous restent pour la plupart des énigmes.
Machu Picchu ou Tiahuanaco nous transmettent un savoir et nous délivrent des messages importants pour l’avenir de l’humanité.
Je suis intimement persuadée que les légendes ne sont pas le fruit de l’imagination de quelques peuplades primitives. Héritage oral pour la plupart, elles sont là pour nous rappeler que, malgré toute notre technique sophistiquée, il nous reste le plus important à apprendre.
Saurons nous les déchiffrer à temps ?
Machu Picchu : la cité perdue des Incas
Machu Picchu n’a jamais été découvert par les conquistadors et les missionnaires espagnols. Elle a ainsi pu échapper aux pillages.
Vue d'ensemble de Machu Picchu. Image robennals
Ce n’est qu’en 1911 que Hiram Bingham, jeune explorateur américain, découvrit cette cité.
De tous les grands sites archéologiques qui témoignent de la puissance de l’empire Inca, le plus surprenant est Machu Picchu.
Cette cité se dresse à un endroit presque inaccessible. Elle demeure une énigme et on ne sait toujours pas à quand remonte sa construction.
Murs et maisons qui relient les différents niveaux des terrasses. Image Amy Allcock.
Les ruines se situent à 2 800 m d’altitude, entre deux pics andins appelés Huayna Picchu (jeune pic) et Machu Picchu (vieux pic).
C’est un lieu d’une beauté inouïe et unique dans le monde.
"Secteur agricole" situé en dehors de la cité. Image Carnaval King 08
Quand a été bâti Machu Picchu ?
Les archéologues traditionalistes s’accordent à dire que la construction ne peut remonter avant le début du 15è siècle.
Mais d’autres archéologues ont contesté cette hypothèse.
Machu Picchu est un lieu unique. Image 00dann .
Rolf Müller, professeur d’astronomie, qui a étudié le site a affirmé dans les années trente que les vestiges comportaient des alignements astronomiques significatifs.
En appliquant des calculs complexes, il en arriva à la conclusion que la cité avait été construite entre 4 000 et 2 000 avant notre ère.
Construction circulaire qui serait un observatoire astronomique. Image auntjojo
Bien évidemment, cette théorie est considérée comme une hérésie. En effet, cela voudrait dire que Machu Picchu est plus ancienne que la pyramide de Kheops.
Le lac Titicaca
La Paz, capitale de la Bolivie, est nichée au creux d’un cirque situé à plus de 3 000 m au dessus du niveau de la mer.
Le lac Titicaca se situe aujourd’hui à près de 4 000 m au dessus du niveau de la mer.
Les alentours du lac sont jonchés de coquillages fossilisés.
Bien que vivant à plusieurs centaines de kilomètres de l’océan Pacifique, les poissons et crustacés du lac appartiennent en majorité à des espèces océaniques.
Lac Titicaca . Image Julia Manzerova .
Sa faune marine démontre que le lac était autrefois plus salé. En fait, il est évident que les eaux étaient marines.
Donc, à une certaine époque, l’ensemble de l’Altiplano a été soulevé. Les eaux marines ainsi que sa faune se sont retrouvées emprisonnées dans les Andes.
Cette précision géologique est importante pour comprendre les contradictions manifestes entre ce que nous livrent les sédiments et les roches et la théorie officielle sur la construction de Tiahuanaco.
Lac Titicaca . Image quinet
A moins de 20 km du lac et plus de 30 m au dessus des côtes actuelles, se dressent les vestiges monumentaux de Tiahuanaco.
Tiahuanaco : la cité du mystère
Dès le 16è siècle, les conquistadors entendirent parler de légendes entourant cette cité. Ils y découvrirent des ruines abandonnées depuis déjà longtemps.
Depuis, plusieurs chercheurs entreprirent des études archéologiques pour dater l’origine de la cité.
Arthur Posnanski conclut que les origines de cette cité remonteraient à plus de 10 000 ans. Les archéologues plus orthodoxes exprimèrent leur désaccord et avancèrent comme date la plus ancienne 100 ans avant notre ère.
Monolithes dressés au centre de l'enceinte du temple. Image So_P
Le point le plus déroutant est que la cité avait autrefois un port, les vestiges sont là pour en attester. Ce port était situé sur le rivage du lac Titicaca.
Donc ces vestiges que nul ne peut nier posent le problème suivant :
Les grandes transformations géologiques s’effectuent sur de très longues périodes. L’ensemble de l’Altiplano a été soulevé, sans doute à l’occasion des bouleversements géologiques qui présidèrent à la formation de l’Amérique du Sud.
Il est prouvé que Tiahuanaco était autrefois au bord du lac. Partant de ce fait, soit depuis sa construction, le niveau du lac a considérablement baissé ; soit, le terrain sur lequel se situe la cité s’est surélevé.
Le problème c’est que le soulèvement de l’Altiplano s’est produit avant l’apparition de l’homme.
Le Fraile, une des sculptures les plus importantes de Tiahuanaco. On ignore le rôle et l'identité de ce personnage. Image So_P .
Alors quand Tiahuanaco a-t-il été construit ?
Le Professeur A.Posnansky a consacré 50 ans à étudier la cité. Il a livré ses conclusions dans un ouvrage intitulé Tiahuanacu : The Cradle of American Man.
Il y expose ses calculs archéo-astronomiques qui ont été corroborés par plusieurs savants dont le Docteur Hans Ludendorff (Directeur de l’observatoire astronomique de Postdam à l’époque), plusieurs astronomes et astrophysiciens.
Sa conclusion est la suivante :
Les alignements solaires des diverses structures ont été déterminés en fonction d’observations des cieux.
Les astronomes confirment que cette observation est largement antérieure à 500 avant notre ère.
La date de – 15 000 ans avancée par Posnansky est beaucoup plus vraisemblable.
Tiahuanaco a donc été édifié bien avant l’aube des temps préhistoriques.
Des espèces disparues
Le monument le plus spectaculaire de Tiahuanaco est sans conteste la Porte du soleil. Pesant 10 tonnes, elle est célèbre pour les frises de son linteau.
La porte du soleil. La frise du grand linteau représente des personnages ailés, dominés au centre par le dieu aux Sceptres, baptisé Viracocha. Image So_P .
On peut distinguer sur la base de cette frise une tête d’éléphant. Le dessin est inattendu car les proboscidiens ont disparu d’Amérique du Sud à la fin du Pléistocène c’est-à-dire il y a 10 000 ans.
.Posnansky . Tiahuanacu : The Cradle of American Man
Une autre espèce identifiée qui apparaît est le Toxodon, un mammifère amphibien qui a prospéré en Amérique du Sud à la fin du Pliocène (1,6 millions d’années) et s’est éteint à la fin du Pléistocène (vers – 12 000 ans).
On trouve pas moins de 46 têtes de toxodontes ciselées dans la frise.
Les narines proéminentes de cette représentation sont celles d'un animal semi-aquatique.A.Posnansky . Tiahuanacu : The Cradle of American Man
L’animal apparaît également sur des poteries.
D’autres représentations d’espèces disparues ont été découvertes sur le site : le Shelidoterium et le Macrauchenia.
Le Macrauchenia était un ongulé sud-américain qui a disparu il y a 10 000 ans.
Macrauchenia. "Sur la Terre des Monstres Disparus". BBC 1996.2002
Il est à noter que la fin du Pléistocène a marqué une extinction de nombreuses espèces à travers le monde.
En effet, à la fin de cette période, tous les animaux porteurs de trompe, les éléphantidés, les félins aux dents de sabre, les chalicothères et bien d ‘autres espèces sur tous les continents se sont éteints.
Pourtant, les représentations sont bien là et par définition, on ne peut dessiner ou sculpter que ce que l’on connaît.
Ces animaux ont bien été représentés d’après nature.
Cela confirme sans aucun doute quoiqu’en disent les archéologues « traditionalistes » que Tiahuanaco a bien été construit avant la fin du Pléistocène.
Un site inachevé
Tiahuanaco n’a jamais été achevé. Les travaux et représentations ont été arrêtés comme si la civilisation qui avait érigé ces bâtiments s’était brusquement éteinte.
Il semble probable qu’un évènement brutal soit survenu. Un cataclysme semble avoir frappé la cité au onzième millénaire avant notre ère.
Statue mesurant 2,8 mètres de haut, appelée monolithe Ponce. Image Theodore Scott
La découverte d’une flore lacustre mêlée à des ossements humains tendrait à prouver qu’il s’agit d’une inondation.
Une chose est sure et les géologues le confirment, des tremblements de terre ont ravagé la région. Ils eurent pour conséquence de faire monter le niveau des eaux.
Le climat devint beaucoup plus froid.
Ce qui est encore plus surprenant c’est que la population n’a pas quitté Tiahuanaco immédiatement. En effet, on a retrouvé des preuves d’expériences agricoles sophistiquées.
Ces expériences semblaient avoir pour objectif de compenser la détérioration du climat.
Notamment, des analyses chimiques de plantes ont été effectuées.
Mais par qui ? A une époque où nos ancêtres vivaient encore dans des grottes.
Selon des articles parus dans le magazine Nature, la dernière inversion géomagnétique a eu lieu il y a 12 400 ans.
Cette date coïncide étrangement avec la disparition de la civilisation de Tiahuanico et de nombreuses espèces animales sur Terre.
A quand la prochaine catastrophe planétaire ? La réponse est peut-être dans l’alignement des structures.
Nous ne le saurons sans doute jamais, de même que cette civilisation restera probablement une légende aux yeux de la communauté scientifique traditionaliste.