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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
5848 articles
Notre grande aventure
Est de celles, sans fin,
Qui naissent au hasard
Et battent les chemins
Elle passe en ces lignes
Mais ne s'y restreint pas
S'échappe, danse et file
Mot à mot, pas à pas...
Virevolte, puis s'élève
Et, comme une étincelle
Qui brûlerait en rêve
Elle déploie ses ailes,
Poursuit un rossignol
D'un geste ferme et sûr,
Puis reprend son envol
Aux cieux sans clôtures,
Chantonne, et, en passant,
Danse sur nos chagrins,
Se crayonne, en rêvant
À d'autres lendemains.
(Arakiri)
Je vous souhaite de passer
une bonne soirée et une douce nuit...
Soleil couchant
de Théophile GAUTIER recueil : Premières poésies
En passant sur le pont de la Tournelle, un soir,
Je me suis arrêté quelques instants pour voir
Le soleil se coucher derrière Notre-Dame.
Un nuage splendide à l'horizon de flamme,
Tel qu'un oiseau géant qui va prendre l'essor,
D'un bout du ciel à l'autre ouvrait ses ailes d'or,
- Et c'était des clartés à baisser la paupière.
Les tours au front orné de dentelles de pierre,
Le drapeau que le vent fouette, les minarets
Qui s'élèvent pareils aux sapins des forêts,
Les pignons tailladés que surmontent des anges
Aux corps roides et longs, aux figures étranges,
D'un fond clair ressortaient en noir ; l'Archevêché,
Comme au pied de sa mère un jeune enfant couché,
Se dessinait au pied de l'église, dont l'ombre
S'allongeait à l'entour mystérieuse et sombre.
- Plus loin, un rayon rouge allumait les carreaux
D'une maison du quai ; - l'air était doux ; les eaux
Se plaignaient contre l'arche à doux bruit, et la vague
De la vieille cité berçait l'image vague ;
Et moi, je regardais toujours, ne songeant pas
Que la nuit étoilée arrivait à grands pas.
Solitude, sais-tu pourquoi je t’aime ?
Solitude, sais-tu pourquoi je t’attends ?
Solitude, sais-tu pourquoi je t’espère ?
Solitude, sais-tu pourquoi je t’ai apprise ?
En toi, je trouve le refuge face au regard étranger,
En toi, je trouve le silence face à l’inexplicable,
En toi, je trouve la paix face à l’épuisement,
En toi, je trouve celle que je suis devenue.
Avec toi, j’ai parcouru des chemins inconnus,
Avec toi, j’ai parcouru l’espoir et la désespérance,
Avec toi, j’ai parcouru la vie et la souffrance,
Avec toi, j’ai appris à tout réapprendre.
Alors, Solitude, quand ma main tu lâcheras,
Et qu’une main nouvelle viendra se tendre,
Alors, Solitude, souvent mon cœur reviendra,
Car pour aimer, il faut savoir attendre.
Elisabeth Lafont
Les yeux
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore
Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre
Oh! Qu'ils aient perdu leur regard,
Non, non, cela n'est pas possible
Ils se sont tounés quelque part,
Vers ce qu'on nomme l'invisible
Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelqu'immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux,
Les yeux qu'on ferme voient encore
Sully Prudhomme
Il n'y a pas d'amour heureux (Louis Aragon 1897-1982)
Rien n'est jamais acquis à l'homme, ni sa force Ni sa faiblesse, ni son coeur. Et quand il croit Ouvrir ses bras, son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur, il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux |
Sa vie, elle ressemble à ces soldats sans armes Qu'on avait habillés pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qui 'on retrouve au soir désoeuvrés incertains Dites ces mots " Ma vie " et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureux |
Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir les mots que j'ai tressés Et qui, pour tes grands yeux, tout aussitôt moururent Il n'y a pas d'amour heureux. |
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureux |
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Et pas plus que de toi l'amour de la patrie Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs Il n'y a pas d'amour heureux Mais c'est notre amour à tous deux |
Jeanne et Georges sont là. Le noir ciel orageux
Devient rose, et répand l'aurore sur leurs jeux ;
Ô beaux jours ! Le printemps auprès de moi s'empresse ;
Tout verdit ; la forêt est une enchanteresse ;
L'horizon change, ainsi qu'un décor d'opéra ;
Appelez ce doux mois du nom qu'il vous plaira,
C'est mai, c'est floréal ; c'est l'hyménée auguste
De la chose tremblante et de la chose juste,
Du nid et de l'azur, du brin d'herbe et du ciel ;
C'est l'heure où tout se sent vaguement éternel ;
C'est l'éblouissement, c'est l'espoir, c'est l'ivresse ;
La plante est une femme, et mon vers la caresse ;
C'est, grâce aux frais glaïeuls, grâce aux purs liserons,
La vengeance que nous poètes nous tirons
De cet affreux janvier, si laid ; c'est la revanche
Qu'avril contre l'hiver prend avec la pervenche ;
Courage, avril ! Courage, ô mois de mai ! Ciel bleu,
Réchauffe, resplendis, sois beau ! Bravo, bon Dieu !
Ah ! jamais la saison ne nous fait banqueroute.
L'aube passe en semant des roses sur sa route.
Flamme ! ombre ! tout est plein de ténèbres et d'yeux ;
Tout est mystérieux et tout est radieux ;
Qu'est-ce que l'alcyon cherche dans les tempêtes ?
L'amour ; l'antre et le nid ayant les mêmes fêtes,
Je ne vois pas pourquoi l'homme serait honteux
De ce que les lions pensifs ont devant eux,
De l'amour, de l'hymen sacré, de toi, nature !
Tout cachot aboutit à la même ouverture,
La vie ; et toute chaîne, à travers nos douleurs,
Commence par l'airain et finit par les fleurs.
C'est pourquoi nous avons d'abord la haine infâme,
La guerre, les tourments, les fléaux, puis la femme,
La nuit n'ayant pour but que d'amener le jour.
Dieu n'a fait l'univers que pour faire l'amour.
Toujours, comme un poète aime, comme les sages
N'ont pas deux vérités et n'ont pas deux visages,
J'ai laissé la beauté, fier et suprême attrait,
Vaincre, et faire de moi tout ce qu'elle voudrait ;
Je n'ai pas plus caché devant la femme nue
Mes transports, que devant l'étoile sous la nue
Et devant la blancheur du cygne sur les eaux.
Car dans l'azur sans fond les plus profonds oiseaux
Chantent le même chant, et ce chant, c'est la vie.
Sois puissant, je te plains ; sois aimé, je t'envie.
V.Hugo
Je vous souhaite une excellente journée...
bisous à tous...
L'Albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à coté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
C. Baudelaire
C'EST DIMANCHE;
Le soleil est la, c'est dimanche,
Quelques oiseaux chantent sur les branches,
Deux amoureux se tiennent par les hanches,
C'est la promenade des beaux dimanches,
Un brin de soleil, et c'est un air de fête,
Dans les bois on ramasse des beaux ceps, oh! certe
Car bientôt la foret sera déserte,
Tout y sera a l'abandon,
On entendra plus le bruit sourd du bourdon,
Et encore moins le joli vole du papillon,
Tourbillonnant au-dessus du rhododendron,
Les pages vont se tournées,
C'est les derniers sursauts d'un brin d'été,
Le coeur joyeux et éclairé,
De ces derniers mots, il vient semer,
La graine de la raison,
Qui vous donneras du bonheur à foison,
Et la graine de la passion,
Qui vous transporteras vers d'autres horizons,.
Jean Claude Lemesle.
Nuit
Victor Hugo
Le ciel d'étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas.
Les choses de l'ombre vont vivre.
Les arbres se parlent tout bas.
Le vent, soufflant des empyrées,
Fait frissonner dans l'onde, où luit
Le drap d'or des claires soirées,
Les sombres moires de la nuit.
Puis la nuit fait un pas encore.
Tout à l'heure, tout écoutait.
Maintenant nul bruit n'ose éclore ;
Tout s'enfuit, se cache et se tait.
Tout ce qui vit, existe ou pense,
Regarde avec anxiété
S'avancer ce sombre silence
Dans cette sombre immensité.
C'est l'heure où toute créature
Sent distinctement dans les cieux,
Dans la grande étendue obscure,
Le grand Être mystérieux !
Recueil : Toute la lyre
Le poète s'en va dans les champs
Le poète s'en va dans les champs ; il admire,
Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,
Celles qui des rubis font pâlir les couleurs,
Celles qui des paons même éclipseraient les queues,
Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues,
Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets,
De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
Et, familièrement, car cela sied aux belles :
- Tiens ! c'est notre amoureux qui passe ! disent-elles.
Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix,
Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,
Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables,
Les saules tout ridés, les chênes vénérables,
L'orme au branchage noir, de mousse appesanti,
Comme les ulémas quand paraît le muphti,
Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre
Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre,
Contemplent de son front la sereine lueur,
Et murmurent tout bas : C'est lui ! c'est le rêveur !