Les shadoks - Série 1
Le triste cortège des Shadoks avance péniblement dans le cosmos. Le plus grave problème reste celui du logement...
Le moindre fer à repasser qui flottait, le moindre fil de fer devait en supporter des centaines et ça, souvent, sur plusieurs étages.
Il y avait des Shadoks qui servaient de plafond, des Shadoks qui servaient de plancher à ceux qui servaient de plafond et des Shadoks qui servaient de cloisons. Et dans les interstices laissés libres, la vie à bord, petit à petit, s’organisait. Elle s’organisait mal mais elle s’organisait tout de même...
Pendant ce temps-là, naturellement, ils se reproduisaient. Alors, il en tombait, bien sûr, mais il n’en tombait pas du tout suffisamment et la nourriture manquait. Certains essayaient de pêcher des choses dans le néant, d’autres, désespérés, mangeaient les ustensiles qui les supportaient.
Plus ils avançaient, plus il en tombait
Les Gibis, de leur côté, continuaient à sillonner l’espace pour retrouver le chapeau du Gibi fou.
Ils avaient scruté partout avec leurs radars mais ils n’avaient rien trouvé et, eux aussi, commençaient à désespérer...
La planète Shadok a été rétrécie par la Maladie. Les Shadoks font route vers la Terre entassés dans leurs ustensiles...
Venait d’abord le chef Shadok dans sa casserole personnelle, le Devin Plombier dans son lavabo et le professeur Shadoko. Le reste de la population suivait comme elle pouvait.
Il y avait des Shadoks en boite, des Shadoks en casserole ou à la poile et même des Shadoks en tube. Evidemment, ils étaient un peu à l’étroit mais ils avaient quand même du choix car quand un Shadok en avait assez de vivre dans un tiroir du haut, par exemple, il pouvait s’installer dans un tiroir du bas et même vice et versa...
Mais, tout était plein de Shadoks et, pour la cuisine, c’était pas pratique...
Quand on voulait faire cuire des nouilles, par exemple, il fallait déménager les Shadoks qui habitaient dans le fourneau. En attendant, on les installait dans l’eau des nouilles. Quand c’était cuit, on déménageait les Shadoks qui habitaient dans la passoire et on les mettait dans le fourneau. On passait une première fois pour récupérer l’eau dans le fourneau, on passait une deuxième fois pour récupérer les nouilles à part, enfin, on passait le fourneau pour récupérer l’eau. A ce moment-là, les nouilles tombaient et on pouvait recommencer...
Quand il y avait vraiment trop de Shadoks dans les ustensiles, on en jetait au Goulp. Mais depuis qu’ils n’avaient plus de planète, le Goulp n’était plus qu’un trou avec rien autour et les Shadoks en trop se mettaient à tomber ou à tourner autour des planètes quand il en passait...
On les appelait des satellites.
Et c’est depuis ce temps-là, d’ailleurs, qu’il y a tant de satellites dans l’espace...
Entassés dans leurs tiroirs inter-stellaires, les Shadoks sont sur le point de mourir de faim, les Gibis sont toujours à la recherche d’un chapeau perdu dans le cosmos...
Il faut savoir que les chapeaux des Gibis étaient un peu comme des téléphones mais tellement perfectionnés, qu’il n’y avait même pas besoin de parler dedans. Il n’y avait qu’à penser et ça émettait...
Quand un Gibi, par exemple, avait une musique dans la tête, tous les autres Gibis pouvaient écouter….ou bien ils n’écoutaient pas, ça dépendait...
Or, un jour, c’était le chapeau perdu qui se remettait à émettre...
Il y avait quelque part dans l’espace, quelque chose qui pensait... avec le chapeau Gibi sur la tête. Et qui pensait plutôt mal.
C’était un pauvre Shadok affamé qui l’avait péché. Il avait entendu dire que les chapeaux Gibis servaient à réfléchir et il se prenait pour un Shadok intelligent ! Il disait qu’il pensait ! Les autres qui n’avaient jamais vu ça, naturellement, le croyaient.
Mais les chapeaux des Gibis marchaient dans les deux sens et ils essayèrent d’insuffler au Shadok une mauvaise pensée qu’il aurait pas pu avoir à lui tout seul...ça marchait.
Alors ils décidèrent, pour passer le temps, de leur insuffler comme ça des quantités d’autres mauvaises pensées...amusantes...
Un Shadok a retrouvé dans l’espace le chapeau des Gibis, ceux-ci en profitent pour lui insuffler de mauvaises pensées...
Il lui faisait voir la Terre à droite et ils allaient tous à droite, ils lui faisait voir la Terre à gauche et ils revenaient tous à gauche… à toute vitesse. A tout bout de champs il criait : «Terre ! Terre ! Terre !»
Les autres, naturellement, ne voyaient rien mais ils avaient confiance et ils y allaient. Et quand ils arrivaient, ils voyaient effectivement qu’il n’y avait rien. C’était quand même intéressant.
De sorte que, partant pour ainsi dire de rien, les Shadoks arrivaient au prix d’incroyables efforts, de sacrifices et de souffrances...pratiquement au même point...
Les Gibis s’étaient arrêtés pour les regarder de sorte que, partant de rien eux-aussi, ils arrivaient en fait à la même chose...mais en se donnant beaucoup moins de mal, il faut dire !
Et puis, un jour, le Shadok se mit à crier pour de vrai car, en effet, il y avait quelque chose de rond à l’avant. Ils étaient sauvés...
Ils l’avaient là enfin devant eux cette Terre qu’ils avaient tant espérée. Et dans la solennité de l’heure, ils oubliaient les peines endurées et en profitaient pour se pardonner, les uns, les autres, leurs péchés.
Et la Terre, grandiose et sereine, émergeait peu à peu de l’infini, comme si elle naissait pour eux seuls, rançon de toutes leurs peines...
Les Shadoks sont sauvés, ils arrivent sur la Terre...
Au fur et à mesure qu’ils approchaient, leur joie grandissait. Quelques uns, même, moururent de joie avant d’arriver.
Et, un beau matin, ils atterrirent...puis ils ressortirent de l’autre côté...mais plus mouillés...car, évidemment, ils s’étaient trompés...
Ce n’était pas la Terre qu’ils avaient là mais, ce qu’on appelait autrefois la planète à eau.
La planète à eau était une planète ronde et normale sauf qu’elle était faite exclusivement d’eau !
Il y avait de l’eau en haut, de l’eau en bas et, même, de l’eau au milieu. Les arbres, là où il y en avait, étaient évidemment, obligés de nager. Ca faisait de très jolies forêt aquatiques et qui tenaient debout, sur l’eau, avec rien en dessous. Et les poissons volants qui étaient les seuls habitants de la planète, venaient dans leurs branches pour se reposer et s’amuser.
Et les Shadoks, eux, ne s’amusaient pas du tout ! Ils passaient leur temps sous l’eau car ils étaient persuadés qu’ils étaient sur la Terre et ils essayaient de la trouver. Ils cherchèrent pendant assez longtemps, puis un jour, le Devin Plombier, eut une idée : puisque la Terre était par en dessous, il disait qu’il fallait simplement prendre l’eau et la mettre à côté et que lui, avec son robinet magique et quelques Shadoks volontaires, il en ferait son affaire...
Les Shadoks sont sur la planète à eau. Ils croient que la Terre est en-dessous…...
Ils avaient installé un système compliqué de tuyaux pour pomper l’eau de la planète et la mettre à sec.
Les poissons volants, au début, trouvaient ça amusant et venaient les regarder travailler. L’eau, d’un côté, commençait à baisser et de l’autre, il y avait une petite planète qui se formait.
Ils pompèrent comme ça pendant assez longtemps mais, pas le plus petit bout de Terre n’apparaissait...si bien qu’à la fin, ils pompèrent tout....
Ils s’aperçurent enfin qu’ils s’étaient trompés et qu’il n’y avait pas de Terre du tout.
Il ne restait que les poissons volants qui étaient, pour ainsi dire, obligés de nager à pieds secs et qui n’étaient pas contents du tout ! Ils allèrent voir les Shadoks et en mangèrent un certain nombre.
Puis ils exigèrent qu’ils remettent leur planète là où ils l’avaient prise et plus vite que ça !
Et les Shadoks, encore une fois, se remirent à pomper...
Les Shadoks ont pompé toute l’eau de la planète à eau. Puis ils la repompent pour la remettre en place...
Pomper pour les Shadoks, à la longue, c’était devenu une habitude. C’est à la pompe, en effet, que la plupart de leurs travaux s'effectuait...où ne s’effectuait pas...ça dépendait.
Quand les Shadoks se trouvaient devant un grave problème et qu’ils voyaient pas très bien comment faire, et bien, ils pompaient. De toute façon, ils disaient : «Ca pouvait pas nuire».
Ils avaient de grosses pompes pour les gros problèmes et des petites pompes pour les petits problèmes. Ils avaient mis au point, aussi, des pompes spéciales pour les cas où il n’y avait pas de problème du tout.
Pour ceux de nos téléspectateurs que la technique intéresse, disons que quand on pompait avec ça, non seulement il ne se passait rien, comme avec une pompe Shadok ordinaire mais plus on pompait, plus il n’y avait rien qui se passait. C’était quand même une sécurité.
Et dès que les Shadoks avaient fini de pomper, les Gibis leur envoyaient des visions. Les Shadoks croyaient voir la Terre et ils y allaient...en réalité c’était n’importe quoi comme, par exemple, la planète molle.
Mais les Shadoks pensaient que c’était uniquement un problème de mou alors ils pompaient le mou avec leur pompe à problème mou.
Et pendant que les Shadoks allaient comme ça de fausse Terre en fausse Terre, les Gibis allaient s’installer tranquillement sur la vraie...
Pendant que les Shadoks perdent leur temps à pomper n’importe quoi dans l’espace, les Gibis se préparent à arriver sur la Terre...
Car la Terre approchait et les Gibis répétaient la grande fête qu’ils avaient organisé pour l’inaugurer...
Mais vue de loin, la Terre n’avait pas l’air tellement tellement bien. D’un peu plus près, ce n’était pas spécialement mieux et de très près, c’était encore pire. Pour ne rien vous cacher, la Terre, en ce temps-là, n’était pas si amusante que ça. Du point de vue des fêtes, en particulier, c’était pas du tout organisé et il n’y avait personne pour s’en occuper.
Il restait bien quelques dinosaures en retraite mais ils disaient que, les fêtes et tout ça, c’était plus de leur âge et que, de toute façon, ils étaient appelés à disparaître. Ce qu’ils firent, en effet, par la suite, comme chacun sait.
Alors les Gibis décidèrent de remettre un peu d’ordre dans tout ça et passèrent un premier coup de peinture pour que ça fasse plus gai. Ils en profitèrent pour repeindre aussi les dinosaures qui les remercièrent beaucoup de leur intention.
La Terre, comme ça, était quand même un peu plus présentable et la grande inauguration pouvait commencer...
Les Gibis on gagné la course à la Terre. D’abord ils l’ont repeinte pour que ça fasse plus gai, maintenant ils vont l'inaugurer...
Ils inaugurèrent la Terre pendant des années et des années. C’était facile parce que, quand ils avaient fini d’inaugurer, et bien, ils repeignaient tout d’une autre couleur….et ils recommençaient.
Et pendant tout ce temps-là, les malheureux Shadoks tournèrent en rond dans l’espace parce que eux, la Terre, ils ne l’avaient toujours pas trouvé ou bien, quand ils tombaient sur une, elle était fausse... Alors, à force d’errer, lamentablement, de fausse Terre en fausse Terre, à la fin, quand même, ils finirent par tomber sur la vraie. Alors, des nuages de Shadoks menaçants envahir la Terre, le ciel s’obscurcit, la fête de la Terre était finie. Les Gibis rentrèrent, il y avait du Shadok dans l’air...
Il en tomba, il en tomba, il en tomba pendant quarante jours et presque autant de nuits.
La plupart en tombant, heureusement, se cassait. Alors ils virent bien que c’était pas avec des Shadoks comme ça qu’on pouvait conquérir la Terre et qu’il fallait en fabriquer des neufs...et plus vite que ça !...
La plupart des Shadoks en tombant sur la Terre se sont cassés. Il en faut des neufs pour conquérir la planète...
Alors ils décidèrent de pondre des œufs de façon intensive et que tout le monde, d’ailleurs, s’y mettrait. Car chez les Shadoks, en ce temps-là, pour tout vous avouer, il n’avait pas de Shadok madame et de Shadok messieurs. Tout le monde avait le droit de pondre des œufs !
D’ailleurs c’était facile, pour pondre un œuf, il suffisait simplement de compter jusqu’à quatre. C’est dire que c’était uniquement une question d’éducation...
Ca avait quand même des inconvénients surtout pour ceux qui étaient trop éduqués. Quand les mathématiciens Shadoks faisaient des calculs, par exemple, un-deux-trois-quatre, un-deux-trois-quatre, sans qu’ils s’en rendent compte...il l’en arrivait un œuf. C’est pourquoi les mathématiciens Shadoks, en temps normal, ne comptaient que jusqu’à trois, et certains même, que jusqu’à deux pour plus de sécurité.
Et puis, quand il s’agissait de compter les œufs, et bien...on pouvait pas savoir, parce que, celui qui les comptait un-deux-trois-quatre, un-deux-trois-quatre, obligatoirement repondait. Il fallait qu’il y en ait un autre qui passe derrière pour recompter, lequel à son tour...etc...etc...etc...
Quand ils eurent pondu suffisamment d’œufs, alors ils les équipèrent et attendirent patiemment qu’ils éclosent et veuillent bien partir conquérir la Terre...
Il en tomba, il en tomba, il en tomba pendant quarante jours et presque autant de nuits.
La plupart en tombant, heureusement, se cassaient. Alors ils virent bien que c’était pas avec des Shadoks comme ça qu’on pouvait conquérir la Terre et qu’il fallait en fabriquer des neufs...et plus vite que ça !...