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La(les)mode(s) - Costume au XVIIe siècle - (1)

Publié à 09:36 par acoeuretacris Tags : mode costume xviie siècle 1
La(les)mode(s) - Costume au XVIIe siècle - (1)

 

L'expression costume au XVIIe siècle désigne un tournant de l'histoire du costume : progressivement, un nombre croissant de personnes commencent à s'habiller d'une manière qui change assez rapidement, indépendamment des nécessités vestimentaires et des traditions locales. Ce phénomène européen prélude à l'apparition de la mode dans les sociétés occidentales.

 

La période de la Renaissance marque en France le passage du Moyen Âge à l'époque dite moderne. La Renaissance française est due à l'influence directe de la Renaissance italienne et par l'entremise des guerres d'Italie. La Renaissance change la façon de vivre et de penser le monde et l'homme en France. Le costume reflète lui aussi ces changements.

 

 

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À la Renaissance, le costume est largement influencé par la mode italienne qui lui donne élégance, luxe et raffinement des étoffes. Cette période inscrit dans la mode française plus de légèreté et de couleurs, rompant avec la relative austérité qui prévalait jusqu'alors.

 

Au XVIe siècle, le costume en France subit une autre influence, celle de l'Espagne, pays alors puissant grâce à ses découvertes en Amérique. L'Espagne, surchargée d'or, d'argent et de perles, promulgue lois et édits pour restreindre les excès de richesses des costumes. La mode est alors aux vêtements noirs et à la sobriété.

 

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Le XVIIe siècle oscille entre austérité et extravagance. Dans ce siècle, la mode française et hollandaise se répercutent plus ou moins fortement dans toute l'Europe grâce à des politiques économiques et commerciales de grande ampleur. Ces deux pays n'exportent pas seulement des denrées consommables mais aussi un état d'esprit, une façon de considérer le monde à travers l'art en général, en particulier à travers la manière de concevoir les costumes.

 

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Néanmoins, le costume féminin durant ce siècle évolue beaucoup moins que l'habillement masculin qui subit d'importantes transformations. Il faut attendre le début du XVIIIe siècle pour que le costume féminin connaisse des modifications substantielles.

 

Le début du XVIIe siècle est marqué par les guerres mais aussi par des économies florissantes et par l'apparition d'importants courants artistiques.

 

De 1590 à 1715, l'Europe est secouée par de nombreux conflits politiques et religieux. Le XVIIe siècle voit l'arrivée d'une esthétique nouvelle et d'une conception différente de la vie (l'humanisme de la Renaissance aboutit à la réforme donc à d'autres façons de réfléchir, d'autres systèmes de pensée ; par ailleurs la découverte d'un nouveau continent élargit le monde). Le costume subit de nombreuses influences : celle de la politique mais également celle de la situation économique caractérisée par l'apparition et le développement de nombreuses manufactures ainsi que par l'optimisation progressive des techniques de production. Parallèlement, différents courants intellectuels et artistiques apparaissant au cours de ce siècle. Leur impact sur l'habillement sera également important.

 

Après une phase de démesure, les courants artistiques vont faire place à la sobriété.

 

Le baroque puis le classicisme donnent le ton au costume. Entre 1625 et 1670, sous l'influence du baroque, le costume use d'imagination et de virtuosité : absence de mesure, recherche de mouvement, d'opposition, de liberté. Ainsi le costume évite la froide retenue réformiste et celle de la Contre-Réforme : il puise dans la profusion de détails, dans l'outrance qui ira jusqu'à la préciosité. La symétrie et l'équilibre ne sont plus de mise.

 

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Ces influences se font plus ou moins sentir selon les pays : la France, les Flandres, l'Espagne et l'Europe centrale sont les pays les plus sensibles aux évolutions baroques qui se présentent dans les arts. Les pays de religion réformée (Angleterre, États nordiques, Allemagne du nord et bientôt l'Amérique) sont moins touchés.

 

Après 1670, le classicisme influe à son tour le costume. En opposition à « l'anarchie baroque », ce courant artistique vise plus de clarté et plus de dignité.

 

Cette évolution dans le costume et dans l'art en général pourrait être également mise en parallèle avec l'établissement de régimes d'autorité.

 

La France va influencer de manière importante l'évolution du costume européen. Après l'Italie et l'Espagne, la France et la Hollande vont à leur tour inspirer la mode de ce siècle. L'influence de la France dans la mode passe par l'extension de sa politique internationale et par le renforcement de ses politiques économiques et commerciales. On peut voir dans cette situation l'effet d'une politique forte expansionniste. Le rayonnement du costume français sur toute l'Europe se fait en trois étapes : il commence sous le règne d'Henri IV (1589-1610),

 

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Costume sous Henri IV

 

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il s'étoffe sous Louis XIII (1610-1643)

 

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et devient absolu avec Louis XIV (1661-1715)

 

Lorsque Henri IV arrive au pouvoir, la France est affaiblie par les guerres de religion qui durent globalement pendant toute la seconde moitié du XVIe siècle. Pourtant, après plusieurs années de déclin, la France au début du XVIIe siècle retrouve la paix qui sera favorable à l'économie en général.

 

S'agissant du costume, Henri IV a par exemple développé les industries de soies.

 

Le règne de Louis XIII est marqué par l'abaissement des grands et des protestants. En effet, ce roi souhaite redresser l'autorité de l'État, réaliser l'unité religieuse en brisant l'État dans l'État, c’est-à-dire le groupe protestant formé sous la régence autour des Rohan. De même, Louis XIII désire restaurer la religion et purifier les mœurs.

 

Dans la continuité, Louis XIV s'attelle à accroître la puissance de la France en Europe en jouant sur deux leviers : la politique, par la puissance militaire et la culture. Il met en place un état centralisé et absolu ; la Cour de Versailles lui permet de contrôler les nobles. De même, l'économie dessert de nouveau favorablement l'expansion de la mode française : le colbertisme, variante du mercantilisme, associé au protectionnisme permet d'augmenter les exportations et de baisser les importations.

La(les)mode(s) - Costume Crète Antique -

Publié à 10:13 par acoeuretacris Tags : mode costume crete antique
La(les)mode(s) - Costume Crète Antique -

 

Comme ailleurs, le souvenir des vêtements de peaux des temps préhistoriques s'est conservé dans le le costume Crétois, et ils furent utilisés par les prêtres et prêtresses. La laine, puis le lin furent ensuite utilisés. Filage et tissage constituaient des activités domestiques ; seule la teinture fut l'activité d'une corporation spécialisée comme partout ailleurs dans l'antiquité. Les étoffes utilisées furent brodées. La pourpre fut la teinture la plus utilisée, en quatre teintes différentes attestées.

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Le pagne fut quasiment le seul costume masculin. Différent du shenti égyptien, variant selon sa coupe, il est agencé en jupe courte ou en tablier se terminant par une pointe rappelant la queue de l'animal du costume de peau primitif, la pièce de tissu est passée entre les jambes et maintenue à la taille par une ceinture, décorée et probablement ornée de métal. Il fut porté tant par les hommes du peuple que par les princes. Costume Cycladique outre que crétois, il fut porté cousu en caleçon sur le continent. Le devant triangulaire dégageait le haut des cuisses. Vêtement d'une population athlétique pourrait-on dire, car le torse est toujours nu, rarement revêtu d'une casaque, probablement rituelle. Un vêtement long était cependant porté pour se protéger des intempéries, manteau de laine ancêtre de la diphtera de la Grèce future.

 

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Les hommes portent les cheveux longs et flottant sur les épaules ; plusieurs sortes de couvre-chefs étaient cependant usuels, sortes de bonnets et turbans, de peau probablement. Les chaussures, en l'occurrence des bottines de peau (vraisemblablement de chamois), n'étaient d'usage que pour sortir hors de l'habitation où l'on allait pieds-nus, de même que dans les sanctuaires et les palais. On a à cet égard pu remarquer que les marches des escaliers étaient usées à l'extérieur tandis qu'elles ne l'étaient guère à l'intérieur des édifices. On sait que les grecs, par la suite, dénouaient leurs sandales après l'action. Cette coutume était déjà en usage en Crète. Ces bottines avaient le bout légèrement relevé, dénotant ainsi une provenance Anatolienne ; assez semblables à celles que l'on retrouve sur les fresques d'étrurie.

 

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Jusqu'au minoen moyen III, soit avant -1750, le pagne fut d'usage commun aux deux sexes. Les femmes l'agencèrent sans doute davantage en jupon que les hommes en l'allongeant. Elles sont souvent figurées par les statuettes avec un grand poignard fixé à la ceinture. Ce fut sans doute une des caractéristiques de l'habillement féminin au Néolithique, car on en a retrouvé également la trace dans les tourbières du Danemark remontant à l'âge du bronze.

 

À partir de -1750, la jupe allongée est ornée et le corsage fait son apparition. La ceinture, le manteau long ou court et un chapeau complètent la panoplie féminine. Le costume crétois féminin a été le premier véritable costume cousu de l'histoire. La fibule, si répandue dans le monde méditerranéen, n'a jamais été utilisée. Le corsage indépendant de la jupe, elle-même aussi ajustée que le corsage, garnie de multiples volants, rendent les coutures indispensables. Les volants sont une nouveauté, multicolores, gansés et galonés. Leur décor est variable, à motifs géométriques, carreaux, losanges ou croisillons. Ils sont cousus sur un fond de jupe, de hauteur égale s'il y en a une demi-douzaine, décroissante s'il y en a une douzaine. Le marron, le beige et le bleu dominent.

 

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Déesse à la tiare. Cnossos.

 

La documentation de Cnossos ou de Hagia Triada est précise à ce sujet et les multiples statuettes figurant la Déesse-aux-serpents en témoignent, ainsi que ce qui subsiste des fresques minoennes. La ceinture disparaît tandis que le corsage se mue quasiment en corset, lacé sur le devant et laissant libre la poitrine. Les manches sont courtes et de formes variées : ajustées ou bouffantes, laissant nu l'avant-bras, semblant reliées à l'encolure par des rubans ou par des bretelles croisées dans le dos. Ce corset permet de souligner la taille en plaquant la jupe sur les hanches, laissant jaillir les seins. Cela suppose une armature métallique et par conséquent l'usage courant du cuivre.

 

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Déesse aux serpents. Cnossos.

 

Chaussées de sandales, de bottines, à talons parfois, elles portent les premiers chapeaux connus dans l'histoire. Ceux-ci sont de formes variées, rappelant parfois ceux des statuettes de Tanagra, mais aussi coniques, ou des sortes de bérets semblant parfois des tricornes, garnis d'éléments parfois étranges, rituels sans doute. Les coiffures sont le plus souvent ornées de parures diverses, les cheveux laissés longs, parfois nattés en plusieurs tresses.

 

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Femme de la fresque ouest, Thera

 

Les bijoux ont été nombreux en Crète, portés par les deux sexes et dans toutes les catégories sociales, des plus somptueux qui apparaissent sur les fresques aux plus simples retrouvés dans les sépultures. L'or, le cuivre, les perles, l'agate, l'améthyste, la cornaline, le cristal de roche, la stéatite et la pâte de verre bleue imitant le lapis-lazuli ont été utilisés. Les plus belles pièces ont été trouvées dans les tombes féminines. Les parures de têtes ont été à l'honneur chez les élégantes de Cnossos, diadèmes d'orfèvrerie figurant du feuillage ; les boucles d'oreilles semblent avoir été le bijou le plus répandu.

 

Quelques enseignements peuvent être tirés du costume crétois, et certaines hypothèses quant à ses particularités, uniques à cette période de l'histoire, ont été faites. La mode crétoise faisant jaillir les seins nus du corsage dut être en premier lieu l'apanage d'une déesse, il dut d'abord s'agir d'un costume rituel endossé par la prêtresse avant de devenir celui de la population féminine crétoise. Selon Glotz, « il suffit pour que toutes les sources de fécondité ne soient pas interceptées, que les indices du sexe ne soient pas tous invisibles ». En somme, le « charme » réside dans les « effluves » magiques du corps divin incarné par la femme représentante de la fécondité et de la maternité, fécondité bienfaisante assurant la reproduction de l'espèce, et agit si rien ne vient s'interposer pour en dissiper l'essence.

 

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Le costume crétois est de loin le plus original de l'antiquité. Il est en outre le seul à avoir fait une distinction nette entre les vêtements des deux sexes. C'est le premier costume réellement cousu à être apparu dans l'histoire du costume.

La(les)mode(s) - Costume Egypte Antique -

Publié à 14:57 par acoeuretacris Tags : mode costume egypte antique
La(les)mode(s) - Costume Egypte Antique -

 

Certains vêtements, parmi les costumes dans l’Égypte antique, sont communs aux deux sexes tels la tunique et la robe.

 

Les hommes portent un pagne, le chendjit, écharpe enroulée autour des reins et retenue à la taille par une ceinture, puis vers -1425/-1405, la tunique légère ou chemisette à manches ainsi que le jupon plissé.

 

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Le costume féminin reste permanent et inchangé durant plusieurs millénaires, modifié seulement dans quelques détails. Costume drapé, la variété d’enroulement est très grande, donnant l’impression de constituer parfois différents vêtements. Il s’agit en fait d’un haïk, de mousseline souvent très fine. La robe était assez étroite, collante même, sorte de sarrau de toile unie blanche ou écru chez les femmes de basse condition, fourreau commençant sous la poitrine dans les classes supérieures, et maintenu par des bretelles nouées sur les épaules, parfois assez larges pour couvrir les seins, teintes et peintes, décorées de motif divers, imitant par exemple un plumage telles les ailes d’Isis.

 

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Le costume royal est particulier, de même que les coiffes et couronnes des pharaons.

 

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La pardalide, en peau de léopard, est l’attribut traditionnel du costume sacerdotal des prêtres.

 

Dans l’ancienne Égypte, le lin est le textile en usage quasi exclusif. La laine est connue, mais considérée impure, les fibres animales faisant l’objet d’un tabou ne sont que peu employées pour les manteaux et interdits dans les temples et les sanctuaires. Seules les personnes de condition aisée sont vêtues.

 

Paysans, ouvriers et gens de condition modeste ne portent jamais autre chose que le pagne, le chendjit par ailleurs porté par les hommes de toutes conditions.

 

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Les chaussures sont les mêmes pour les deux sexes, sandales de cuir tressé, ou, particulièrement pour la classe sacerdotale, de papyrus.

 

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Le couvre-chef le plus porté est le klaft, carré d'étoffe à rayures porté par les hommes.

 

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Les perruques, communes aux deux sexes, sont les parures de tête des classes aisées. Faites de véritables cheveux et de crins, elles comportent d’autres éléments ornementaux incorporés. Les femmes égyptiennes sont parfois représentée avec un cône de graisse parfumée sur la perruque. Contrairement à l’idée reçue, les Égyptiennes ne portaient pas de tels cônes et ces représentations ne sont en fait qu’une symbolique signifiant que la femme était parfumée.

 

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Perruque funéraire, Thèbes. Un exemple avec le cône symbolique du parfum.

 

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Princesse Néfert, exemple de perruque nattée

 

Les têtes sont rasées, hormis la mèche de l'enfance que gardaient les enfants jusqu'à leur puberté ; les Égyptiens sont les seuls parmi les peuples de l’Antiquité à pratiquer systématiquement l’épilation. Pour eux, cela représente l’humanité par opposition à l’animalité symbolisée par les poils.

 

Les bijoux sont pesants et assez volumineux, ce qui dénoterait une influence asiatique. Ils sont en simple verroterie dans les classes populaires. Les bracelets sont également lourds. Les pierres les plus employées sont, outre le lapis-lazuli, la cornaline et la turquoise.

 

Une création particulière à l'Égypte ancienne est le gorgerin, assemblage de disques de métal porté à même la peau sur le torse ou sur une chemisette, et noué par derrière.

 

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Bijou découvert sur la tombe de Toutânkhamon (musée du Caire /Egypte)

 

La pratique de l’embaumement permet de développer très tôt les produits cosmétiques et la parfumerie. Les parfums de l'Égypte, huiles parfumées, sont les plus nombreux, les plus coûteux et les plus recherchés dans l’Antiquité qui en fait grand usage. Les Égyptiens sont le peuple antique qui pratique le plus l’art du maquillage, aucun autre peuple n’aimant tant se farder. Les ongles et les mains sont également peints au henné. Seules les personnes de basse condition portent des tatouages.

 

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Le khôl servant à souligner les yeux de noir est obtenu à partir de la galène. Le fard à paupières est fait de malachite broyée, le rouge qu’on met aux lèvres de l’ocre, produits mélangés à une graisse animale afin de les rendre compacts et de les conserver.

La(les)mode(s) - Histoire du costume - 2 -

Publié à 10:24 par acoeuretacris Tags : mode costume 2
La(les)mode(s) - Histoire du costume - 2 -

 

Le premier type de vêtement primitif tissé est le drapé, quasi universellement considéré celui des autochtones, par rapport au vêtement confectionné, considéré un apport des envahisseurs. Ce sont là deux principes opposés du vêtement de tous les temps.

 

Dans les régions des plaines

 

- Sumer

 

Il s'agit des régions intérieures d'altitude basse ou faible de la Mésopotamie, la péninsule Arabique, la Palestine et la Syrie. Le costume des civilisations pré-aryennes les plus anciennes de l'Asie mineure est sans conteste celui de Sumer et d'Akkad et fut porté avant le IIIe millénaire du golfe Persique à la Méditerranée. Il s'agissait d'un pagne destiné à couvrir les hanches et tombant à mi-jambe, d'abord en peau retournée puis en tissu.

 

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Le pagne-jupon en kaunakès des sumériens, en fourrure ou en tissus à mèches (pour rappeler la fourrure originelle) est un costume masculin, sans doute celui des prêtres ; il est figuré sur de nombreuses statuettes. Les hommes portent un châle en jupon, dont un pan est ramené sur l'épaule.

 

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Les femmes portent une tunique à manches courtes et par-dessus également un châle drapé en forme de robe dont les franges (unies puis à glands) retombent en suivant l'enroulement autour du corps. Ce châle se retrouve dans le sari indien ultérieurement et jusqu'à nos jours. Elles portent également un manteau en kaunakès. Elles sont coiffées en chignon ; quelques statuettes donnent l'impression que certaines portent des coiffures postiches.

 

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Les peaux continuent à être portées par les deux sexes.

 

- Assyrie

 

Les Akkadiens, peuple sémite différent des Sumériens et ne parlant pas la même langue, adoptent cependant entièrement le costume primitif sumérien qu'ils enrichissent et tendent à emphatiser. Dans son ensemble, le costume assyro-babylonien connait une évolution (les étoffes sont richement décorées et colorées) mais ne sera pas essentiellement différent. Les coiffures masculines sont cependant plus élaborées, les cheveux sont portés longs et frisés au fer ainsi que la barbe en ondes régulières. Le goût de la parure est manifeste, les bijoux, nombreux, s'alourdissent, pendants d'oreilles, colliers à plusieurs rangs composés d'amulettes, sont portés par les deux sexes. Hommes comme femmes sont communément chaussés de sandales laissant le dessus du pied découvert, lacé à la cheville, le gros orteil passant dans un anneau. La chaussure fermée fait son apparition, introduite par les populations des montagnes.

 

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Vers -1 200, une loi assyrienne ordonne aux femmes mariées de sortir voilées.

Au IIIe millénaire, la suprématie de la civilisation sumérienne formée depuis plusieurs siècles déjà voit rayonner sa culture et son mode vestimentaire jusqu'en Asie mineure et en Syrie, face à Chypre, et de là dans les Cyclades. Plus au sud jusqu'à Byblos, l'influence vestimentaire sumérienne est attestée.

 

Dans les régions côtières

 

D'altitude variable, il s'agit essentiellement des régions de la Méditerranée orientale et des bords de la mer Noire, mais d'autres aussi. Ce n'est qu'à partir de l'invasion dorienne et des migrations qu'elle provoque que les colonies ioniennes forment un groupe puissant et homogène. Le costume des populations côtières de la mer Noire jusqu'à l'Oronte semble au départ ne pas avoir été très différent du costume sumérien dans sa variante montagnarde apportée par les Hittites telles que les manches longues des pasteurs.

 

-Ionie

 

De - 1 300 à - 1 700, le bloc culturel que forment Troie, la Phrygie et la Carie, bien que portant un habillement propre aux grecs, adopte largement les usages vestimentaires orientaux originaires de Mésopotamie. Cette adoption et ce mélange était facilité par la plus grande liberté des femmes d'Asie. Les ioniennes partagent la vie des hommes et prennent leur repas avec eux. Celles-ci ne sont pas voilées, et celles des classes aisées portent des tuniques d'étoffe de chanvre rose et transparente, brodée d'or. La coûteuse pourpre est très recherchée au point que les phéniciens iront chercher plus à l'ouest et au de-là des colonnes d'Hercule la précieuse teinture dont ils ne parviennent plus à satisfaire la demande. C'est en Ionie que les grecs prennent l'habitude de plisser les vêtements. Indubitablement, la mode ionienne fut somptueuse, indice d'une société connaissant une certaine opulence.

 

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Les hommes portent la tunique courte de lin. Celle-ci est un sous-vêtement, fermé sur un côté par une couture. Les Phéniciens propagèrent dans leur sillage toutes les modes et de toutes les influences rencontrées ; ce fut eux qui transmirent cette tunique, dont ils furent vraisemblablement les inventeurs, aux Cariens. Elle a été portée à l'époque dans toute l'Asie Mineure. Elle peut être longue pour le fêtes : c'est le khiton des grecs, repris de kitoneh, mot sémite désignant le lin en araméen. Homère put donc parler des Ioniens « traînant leur tunique ». Les femmes portaient également cette tunique dans sa version longue, s'agrafant d'un côté par une fibule, guère différente de celle que portaient encore communément les femmes berbères dans la première moitié du XXe siècle.

 

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- Syrie, Palestine et Phénicie

 

Durant le IIIe millénaire, le costume de ces populations se rattache à celui de Sumer et à son grand châle drapé. Il perdure jusqu'au Ier millénaire et le manteau des Israélites en est une variante. En Syrie et surtout en Phénicie, il est bigarré de couleurs bleues et rouges, décoré de fleurs et de rosaces. À partir du IIe millénaire, le jupon-pagne s'inspire du costume égéen, mais également du shenti égyptien, sorte de cache-sexe croisé et relevé sur le devant. Le premier, brodé de fils multicolores, descend jusqu'aux genoux et est drapé aux hanches formant ceinture, le second est de léger tissu blanc. La coiffure masculine est le turban mésopotamien ou la calotte sumérienne.

 

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Le vêtement féminin par excellence reste durant deux millénaires le grand châle drapé, ample et plissé à l'égyptienne. Les femmes portent une coiffe, sorte de tiare cylindrique d'où part un long voile enveloppant réservé aux femmes mariées. Cependant, aux alentours de -1 400 à - 1 200, elles semblent porter un vêtement inspiré du costume crétois. On sait que les Crétois s'installaient en Syrie pour commercer, conservaient et propageaient les modes égéennes. Cette époque coïncide avec l'apogée de la civilisation crétoise et ses modes sont portées tant dans les Cyclades qu'à Chypre. Elles furent adoptées sans réserve par les phéniciennes, s'habillant comme les élégantes de Cnossos.

 

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- Les Hébreux

 

Leur costume est assez conservateur, sans doute à cause de leurs pérégrinations qui fait se maintenir plus longtemps leur costume dérivé du châle sumérien. La Bible donne peu de détails à ce sujet et on n'a pas de renseignements sur leur costume à la période de l'entrée en Canaan. Leur religion interdisant toute représentation humaine, c'est davantage l'iconographie des peuples qu'ils ont côtoyés et qui les ont représentés qui renseigne. À la fin de l'âge du bronze, (correspondant aux XVIIIe et XIXe dynastie du Nouvel Empire égyptien), ils portent toutefois le grand châle enroulé plusieurs fois autour du corps et retenu par une ceinture, nouveauté introduite en Mésopotamie par les hittites, formant pélerine sur les épaules.

 

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Les femmes, vers -700 à -680, portent la tunique unie et longue et un long voile les enveloppant jusqu'aux pieds. Il semble cependant qu'elles aient eu la tête nue et le visage découvert, avec un ruban dans les cheveux. Ainsi apparaissent-elles sur les bas-reliefs de la prise de Lakish par Sennachérib. Ceci contraste avec ce qu'en dit plus tard Tertullien au IIIe siècle à Carthage où il exhorte les chrétiennes à sortir voilées comme les juives.

 

Le Deutéronome assigne un genre aux vêtements : il interdit sévèrement aux femmes les vêtements masculins et réciproquement. La Torah prohibe de son côté le plissé transparent égyptien et fulmine les modes efféminées égyptiennes. Marc-Alain Descamps synthétise la façon dont les costumes ont toujours traduits historiquement le sexe des individus : " Tous les peuples de toutes les époques ont utilisé le vêtement pour indiquer le sexe de celui qui le porte. Les costumes masculins et féminins sont toujours et partout différents, mais la différence peut porter sur l’ensemble ou sur un détail. Encore faut-il savoir que ce qui peut paraître un détail pour des étrangers peut constituer l’essentiel à l’intérieur du groupe. C’est ainsi que dans l’antiquité les Grecs et les Romains portaient tous des toges, mais le plissé n’était pas le même pour les hommes et les femmes (ni les tissus, les couleurs, les formes et les noms). Et il en est encore de même pour les costumes musulmans traditionnels. Le plus important est dans l’intention du groupe humain qui peut vouloir insister sur la différence ou la minimiser. Mais il en reste toujours au moins une. La mode de l’unisexe n’a jamais pu réussir à s’établir et même dans l’unisexe les vêtements des femmes ont toujours les boutonnières à gauche et ceux des hommes à droite. Avec l’uniformisation des rôles masculins et féminins dans nos sociétés, les différences, qui étaient maximales en 1900, ont tendance à se restreindre et les femmes ont pu accéder au droit de porter des pantalons (il est vrai différents de ceux des hommes). "

 

Certaines prescriptions bibliques en matière vestimentaire recommandent les franges et un cordon bleu aux pans des vêtements. Les juifs adoptent cependant le costume grec, portant le khiton et l'himation, mais avec des pompons aux angles, mode qui se répand ailleurs.

 

- Régions montagneuses

 

Il s'agit des régions de montagne ou des hauts plateaux que sont l'Anatolie, la Cappadoce, l'Arménie, le Caucase, la Perse, (l'Iran) le Turkestan,l'Afghanistan et le Balouchistan.

 

Là, vers le début de IIe millénaire, les peuples des steppes poussent devant eux d'autres peuples autochtones et semi-nomades qui s'installent dans les vallées, principalement en Mésopotamie et en Chaldée, par vagues successives. Un empire Hyksos se forme, dominé par une aristocratie Mitanienne, de Babylone à Tyr, englobant l'Égypte, et qui va durer plus d'un siècle et demi.

 

C'est vers cette période, vers la moitié du second millénaire, que l'on voit pour la première fois apparaître dans cette population constituée par le métissage des envahisseurs et des envahis, le costume confectionné, dont les prototypes ont été introduits par les populations venues des montagnes. En étoffe coupée et cousue, il est composé d'une tunique à manches.

 

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Il semble qu'en réalité la tunique ait été apportée dans ces montagnes par les caravanes de Sumer, adoptée et perfectionnée par les populations autochtones. Celles-ci, contraintes de s'habiller chaudement, la portèrent par-dessus le jupon sumérien. Enveloppant tout le corps et adaptée au climat des plateaux d'Asie centrale balayés par les vents, elle sera le vêtement porté par les Mèdes. Cette tunique est fermée sur le devant, courte pour les hommes et longue pour les femmes. Elle est figurée adhérente sur la statuaire ; en réalité elle était portée large. Le grand châle sumérien était porté par dessus durant la saison froide, servant de manteau, comme aux temps plus anciens de Ur et de Mari, garni d'un bourrelet.

 

Les femmes semblent avoir porté cette robe-tunique soit tombant droit sur les pieds, avec des manches très courtes, ou traînante avec des manches évasées arrivant au poignet. Il semble qu'une jupe de tissu très fin et à plis ait été portée à la saison chaude. Le serapis de l'époque gréco-persane semble en être ultérieurement dérivé. Les Grecs d'Asie mineure avaient emprunté cette longue tunique fine, ample et plissée aux Lydiens.

 

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Chez les Perses, la tunique sera adaptée à une vie sédentaire, aux fastes de la Cour ainsi qu'au climat très chaud, lui donnant plus d'ampleur, les manches ouvertes et pendantes. C'est le caftan, la candys.

 

Un autre apport majeur est également l'héritage des populations montagnardes, les chaussures caractéristiques à bout recourbé, en cuir, avec un talon.

 

Les coiffures consistent en bonnets de feutre. Au premier millénaire, les Hittites des deux sexes portaient ce haut bonnet cylindrique sur calotte arrondie ou conique parent du bonnet phrygien, auquel les femmes ajoutaient un voile au sommet qu'elles pouvaient ramener sur le visage. Ce bonnet conique semble avoir été en usage chez les populations non sumero-akkadiennes.

 

Les cheveux, et la barbe pour les hommes, sont frisés, recouverts chez les Perses par un bonnet rond, avec des bandelettes pendant de chaque côté servant également de mentonnière. Les rois portent la tiare, semblable à l'actuel bonnet des popes, ou une couronne crénelée. La tresse, sortant de la tiare semble avoir été d'usage rituel avant de devenir une mode, est à rapprocher de la mèche postiche en usage chez les enfants en Égypte, et à celle réelle, des enfants grecs, ainsi qu'aux accroche-cœurs rituels des crétoises.

 

- La steppe

 

Les peuples venus des steppes, Huns, Scythes, Alains et Sarmates ont porté l'habillement de cuir et de peaux typique des cavaliers : la tunique, le pantalon long, généralement des bottes servant de jambières, et la toque de fourrure ou de feutre. Ces peuples ont exercé une influence considérable sur ceux avec lesquels ils sont entrés en contact et qui portaient généralement une robe. Il s'agit là d'un costume de chasse et de guerre. Dans l'iconographie, les Scythes par exemple sont toujours vus avec les cheveux longs et de longues moustaches. Polybe, en -179, a signalé leurs cottes de mailles et leurs casques coniques et Ammien Marcellin au IVe siècle de notre ère rapporte que ce type de costume était toujours de mise chez ces peuples. Il les décrit portant une casaque de peaux de rats cousues ensemble sur une tunique de lin, la tête couverte d'un casque ou d'un bonnet rejeté en arrière et des peaux de bouc autour de leurs jambes. Leurs chaussures, sans forme, faites pour monter à cheval, ne leur permettaient pas de marcher.

 

Le pantalon est alors une nouveauté absolue dans le monde antique, de l'Europe à la Chine.

 

Leurs parures consistaient en plaques de métal, gravées ou ornées en repoussé, cousues sur les vêtements par des fils passant dans de petits trous prévus à cet effet. On pense que ce type d'ornement est à l'origine des décorations cousues sur les étoffes, les appliques.

La(les)mode(s) - Histoire du costume - 1 -

Publié à 11:14 par acoeuretacris Tags : mode costume 1
La(les)mode(s) - Histoire du costume - 1 -

 

L'étude des origines et évolutions du costume fait surgir de multiples approches et interprétations. On considère généralement qu'il existe deux phases dans son histoire : la première correspond à la période dite du costume impersonnel, des origines au XIVe siècle. S'ouvre ensuite celle du costume dit personnalisé.

 

À travers 10 000 ans d'histoire humaine, les modalités vestimentaires se réduisent à cinq principaux archétypes :

 

- Le costume drapé : consistant dans l'enroulement d'une peau ou d'une pièce d'étoffe autour du corps (shenti égyptien, pagne, himation grec, paréo tahitien mais aussi sari et sarong).


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Shenti égyptien

 

- Le costume enfilé : fait d'une pièce (de peau ou de tissu) trouée pour permettre le passage de la tête et des épaules (paenula romaine, huque du Moyen Âge, poncho mexicain).

 

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Poncho mexicain

 

- Le costume cousu et fermé: composé de plusieurs pièces d'étoffe assemblées et comportant des manches (chiton grec, tunique ionienne, gandourah, blouse et chemise).

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Chiton grec

 

- Le costume cousu et ouvert: composé de plusieurs pièces d'étoffe assemblées dans le sens de la longueur, croisé sur le devant et superposé à d'autres vêtements (caftan asiatique, redingote européenne).

 

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Redingote

 

- Le costume fourreau: ajusté près du corps, surtout aux jambes, ancêtre du pantalon et pièce de costume typique des cavaliers et des nomades, jamais porté seul et composant un binôme avec le caftan qui lui est complémentaire.

 

Ces modèles vestimentaires ont été inventés dans différentes régions du globe et disposent donc d'origines géographiques et culturelles très diverses. Ils reflètent les valeurs, croyances, mœurs et besoins des peuples qui les ont créés. S'ils ont pu, par la suite, être mélangés au cours de l'histoire, ils ne se sont pas toutefois pas toujours succédé chronologiquement.

 

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Deux lectures s'opposent pour déterminer si le costume précède ou non l'habillement (entendu comme port de vêtements circonstanciés selon leur utilité).
Une première approche considère que ce sont des motifs d'ordre essentiellement pratique qui ont conduit les premiers hommes à se vêtir : les grecs anciens et les chinois, par exemple, auraient ici prioritairement cherché à se protéger du climat.

 

Une seconde analyse privilégie des raisons majoritairement psychologiques et symboliques. On la retrouve aussi bien dans des textes sacrés comme la Bible - où les costumes ont vocation à permettre le respect de la pudeur des individus - que dans les travaux d'anthropologues qui s'intéressent aux tabous et à la magie.

 

L'exemple des tribus habitant la Terre de Feu, région située à l'extrême sud du continent américain et au climat sub-arctique, semble donner raison tant à la Bible qu'aux chercheurs modernes. Nomades, elles disposaient en effet d'habitations sommaires ne leur permettant pas de lutter facilement contre l'humidité. Pour cette raison, elles vivaient nues et couvertes d'huile et de graisse de phoque, ce qui leur permettait de sécher près du feu en quelques minutes seulement, alors que cela aurait nécessité beaucoup plus de temps pour des vêtements.

 

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Sans doute les deux raisons évoquées ici ont eu autant d'importance et le costume a eu d'autres raisons qu'exclusivement utilitaires. Le désir de plaire n'a cependant dû intervenir qu'assez tardivement. Se vêtir, outre aux motivations strictement utilitaires, eut probablement avant tout des raisons d'ordre magique et religieux.

 

Durant la Préhistoire

 

Les vêtements de cuir ou de fourrure ont probablement été les premiers à avoir été portés. Dès le Paléolithique moyen, au Moustérien, le travail du cuir est attesté par les analyses tracéologiques des outils de pierre taillée.

 

Au Paléolithique supérieur, des courants d'échange ont pu être mise en évidence pour le silex mais aussi pour l'ambre et les coquillages, témoignant du goût pour la parure. Au Solutréen (- 22 à - 17 000 ans), les premières aiguilles à chas en os témoignent de techniques de couture élaborées. L'habillement durant les périodes froides du Paléolithique supérieur était peut-être analogue à celui des Eskimos.

 

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Le climat constitue, de nouveau, un paramètre majeur dans la compréhension de l'histoire du costume. Les pays chauds et tempérés offrent ici un exemple singulier : n'étant pas confrontés à la nécessité de s'y protéger des intempéries, les hommes y furent en général plus ornés que vêtus. Il s'agissait alors de se prémunir d'influences maléfiques (raisons religieuses), de préciser le statut marital d'un individu ou sa tribu d'origine (raisons sociales), de séduire ou impressionner ses interlocuteurs (raisons symboliques). Si les peaux et pelleteries furent utilisées, ce fut sans doute davantage pour servir de cache-sexe que de protection.

 

Ce pagne originel perdurera pendant des millénaires, en tissu par la suite. Les raisons magiques étaient parmi les plus importantes : porter certains attributs équivaut à invoquer un esprit ou une divinité, à s'identifier à un animal et à sa force, à faire écho à un symbole tel qu'un totem du clan.

 

Très tôt, le costume a eu pour but d'exprimer et de manifester des sentiments : correspondant à une certaine puissance il sert à exprimer une certaine richesse. La puissance et la richesse se confondant, le costume indique la caste et la fortune, le rang social et l'autorité.

 

Le tissage dut apparaître dans les zones tempérées sur le modèle de la vannerie à partir de matières végétales dès le Néolithique. Les tissus primitifs étaient de très petite dimension. Des bandes étroites étaient cousues ensemble pour constituer un vêtement. Au fur et à mesure que les métiers à tisser se perfectionneront, les pièces de tissus deviendront plus grandes.

 

La peinture corporelle (comme chez les aborigènes australiens) devait tenir une part importante du costume en tant qu'ornementation. On sait que l'ocre rouge fut très utilisée durant pratiquement tout le Paléolithique où elle est aussi universelle qu'omniprésente (la terre rouge est présente dans la plupart des sépultures), un peu moins au Néolithique. Les couleurs utilisées qu'on a pu identifier à partir de l'Aurignacien sont le jaune, le rouge et le mauve qui apparaissent aussi bien en Afrique du nord qu'en Europe septentrionale. Les colorants utilisés pour les teintures à partir du Néolithique étaient principalement d'origine végétale : les bleus étaient obtenus à partir de l'aulne ou du sureau, les mauves des myrtilles, le jaune du réséda. Les terres servaient pour les ocres.

 

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Peinture corporelle aborigène

La(les)mode(s) - La mode en Occident -

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La mode au fil des siècles (partie 2)

XVIe siècle : le Siècle d'or de l'inconfort

À partir du milieu du XVIe siècle, Réforme et Contre-réforme obligent, fini de rire ! La mode espagnole s'impose, avec toute sa sévérité et son inconfort. L'austérité est de mise, le noir prédomine et chasse le rouge. Les corps souffrent.


Vers 1580 apparaissent les crinolines «à la française» et les «vertugadins» à l'italienne. Il s'agit de jupes bouffantes à armatures. Pour accentuer une silhouette en forme de sablier, la femme comprime qui plus est le haut de son corps dans des corsets à baleines.

L'homme comme la femme se doivent de porter une fraise empesée et malcommode autour du cou. L'homme porte par ailleurs une culotte bouffante, garnie de crin ou de laine. Ses jambes ne sont plus protégées que par des chausses. Le pourpoint, toujours rembourré, est agrémenté d'une panse proéminente factice, le «panseron».

Tout cela concourt à des silhouettes fières et droites, reflet d'une caste aristocratique imbue d'elle-même.


Des effets de la mode sur la société et la nature

L'apparition des corsets au XVIe siècle ne doit rien au hasard. En 1492, comme chacun sait, les Européens ont posé le pied sur le continent américain. Pour combler leur gourmandise, ils se sont empressés de développer des plantations de canne à sucre dans les régions tropicales de ce Nouveau Monde (au prix de la traite atlantique).

Hélas, la gourmandise a un prix, l'obésité ! Et c'est afin de cacher leurs rondeurs et bourrelets que les dames de l'aristocratie ont adopté les corsets, si inconfortables fussent-ils ! On a appris très vite à fabriquer ces corsets à partir des fanons de baleines, d'où leur nom de «corsets à baleines». Il en a résulté le développement à grande échelle de la chasse à la baleine. Petites cause, grands effets...

XVIIe siècle : les rubans du Soleil

La mode se fait bientôt si exubérante que les souverains se croient obligés de sévir. Plusieurs édits somptuaires, sous les règnes d'Henri IV et Louis XIII, contraignent les bourgeois à plus de modestie. La laine regagne du terrain sur la soie. Sous le règne de Louis XIII, les élégants renoncent aux fraises du temps d'Henri IV et leur substituent un jabot, immense col carré plat, bordé de dentelle. Ce col disparaît sous le règne suivant, celui de Louis XIV, au profit des «lavallières», foulards de dentelles inventés par la première favorite royale, Louise de Lavallière, puis des cravates, plus simples mais ô combien difficiles à nouer, inspirées par le foulard des mercenaires croates.

La mode pouvait-elle échapper à l'éclat du Roi-Soleil ? Dans une Cour où chaque détail est soumis à l'étiquette, le choix des étoffes est défini par les saisons : les fourrures ne doivent apparaître qu'à la Toussaint, plus de taffetas une fois l'été envolé. Louis XIV donne le ton en se couvrant de volants de dentelles et de boucles multicolores. Il gagne des centimètres en montant sur des talons et abandonne les chausses pour une culotte large, la «rhingrave», qui croule sous les rubans.
Jusqu'à la fin du siècle, les perruques n'en finissent pas de gagner en volume. La mode en aurait été inaugurée par Louis XIII et développée par Louis XIV, l'un et l'autre soucieux de dissimuler leur calvitie.

Par comparaison, le costume féminin apparaît presque terne, malgré les efforts des maîtresses royales pour rivaliser de créativité. Le corsage est toujours baleiné pour mettre en valeur le décolleté, les manches sont courtes, les jupes («la modeste», «la friponne» et enfin «la secrète») s'amoncellent.

Un peu plus de poudre pour maquiller la crasse ?

Jusqu'au XXe siècle, la blancheur de la peau était restée un critère essentiel de beauté dans nos sociétés. C'est pourquoi on s'ingénia à faire paraître pâles coquets et coquettes, en multipliant les crèmes et poudres et en jouant sur les contrastes. Ainsi apparurent les fards et rouges à lèvre, mais aussi, à la Renaissance, les mouches de taffetas ou de velours, grains de beauté artificiels censés dissimuler les traces de maladie.
Le XVIIIe siècle s'en empare pour en faire un jeu de séduction : voici «la passionnée», appliquée au coin de l'œil, «la galante» qui s'étale au milieu de la joue, «la coquette» qui s'affiche au bord des lèvres ou encore «la provocante», à peine visible sur les seins... Et bien sûr, le maquillage s'accompagne toujours d'une bonne dose de parfum, pour atténuer les odeurs !
Les XVIIe et XVIIIe siècles sont marqués, notons-le, par une morgue aristocratique et des inégalités sans pareille. Aussi les classes sociales se distinguent-elles plus que jamais par la mode, l'apparence et la qualité de l'accoutrement : on repère au premier coup d'oeil un grand seigneur, un hobereau ou un modeste magistrat d'après la qualité de leur perruque ou de leurs vêtements... Et ne parlons pas des gens du peuple, qui donnent l'apparence de vivre sur une autre planète !

XVIIIe siècle : à bas la culotte !

Le siècle des Lumières est celui du raffinement et d'une simplicité retrouvée, sous l'influence anglaise. L'Europe copie les vêtements «à la française» c'est-à-dire, pour les femmes, une robe formée d'un corsage près du corps et d'une jupe qui recouvre plusieurs jupons ainsi qu'un «panier» destiné à élargir les hanches.

Quel échafaudage !

Dès l'Égypte ancienne, on aime à couvrir sa tête de cheveux postiches pour mieux affirmer sa position sociale. Les riches Romaines passent elles aussi de longues heures à colorer, boucler et coiffer leurs cheveux pour pouvoir présenter de véritables sculptures capillaires. Après plusieurs siècles pendant lesquels on préfère mettre l'accent sur le chapeau ou le bonnet, Louis XIII remet la perruque à la mode pour dissimuler sa calvitie. Son successeur Louis XIV en fait un accessoire de distinction que tout courtisan doit adopter.

Mais l'Histoire a surtout retenu les extravagants «poufs» de Marie-Antoinette et de son entourage : c'est ainsi que pour fêter une victoire maritime contre l'Angleterre, en 1778, les élégantes accrochent à leur pièce-montée chevelue une reproduction de la frégate La Belle-Poule ! Heureusement qu'un ingénieur inventa un système pour plier ces compositions et permettre à ces dames d'entrer dans les voitures...

Pour leur confort, les nobles français adoptent vers 1725 la tenue des cavaliers anglais, le «riding-coat», dont nous ferons la redingote. Ils portent également dans les grandes occasions un habit composé d'un justaucorps, d'une veste longue et d'une culotte en soie qui descend au genou. Celle-ci finit par devenir le symbole de l'aristocratie auquel s'opposent la tenue sombre et sobre des bourgeois, tels les députés du tiers-état aux états généraux de 1789 mais aussi les pantalons de toile des «sans-culottes», les travailleurs manuels et artisans qui animeront les clubs politiques sous la Révolution.


La Révolution, justement, s'épuise en cinq ans à peine. Sitôt Robespierre décapité, les survivants de la Terreur s'en donnent à cœur joie. «Muscadins», «incroyables» et «merveilleuses» se pavanent dans des tenues excentriques et, en ce qui concerne les femmes, généralement vaporeuses et très déshabillées, donnant à voir tous les charmes de l'anatomie.

Paris, capitale européenne de la mode au XVIIIe siècle, retrouve son aura. Aux siècles précédents, le goût français se diffusait à l'ensemble des cours européennes par le biais de poupées habillées de costumes en réduction ! En 1797 est créé le premier magazine de mode : Le journal des dames et des modes. Jusqu'en 1830, il publiera tous les cinq jours des articles illustrés des modèles à suivre.

En 1802, il utilise pour la première fois une hégérie de la mode pour promouvoir une nouvelle tenue : la délicieuse Juliette Récamier !

La reprise en main par Bonaparte consacre une nouvelle époque. Le style Empire délaisse perruques et frous-frous. Les femmes adoptent des robes aériennes et sages inspirées de l'Antiquité. En France comme dans le reste de l'Europe, l'on n'a plus d'yeux que pour la carrière des armes. Les officiers se pavanent dans des uniformes rutilants et ce goût de paraître perdurera jusqu'à la Grande Guerre (la boucherie des tranchées va lui porter un goût fatal et il n'y aura plus ensuite que les aviateurs et les marins pour cultiver le goût des beaux uniformes).

XIXe siècle : Vive le coton !

Avec la chute de l'Empire, la Restauration et le triomphe de la Sainte-Alliance, voilà que débarquent sur le Continent de jeunes dandies, tel le célébrissime Georges Brummel, l'élégance faite homme.

La mode masculine s'aligne désormais sur le modèle anglais - comme la mode féminine sur le modèle français -. Adieu culottes de soie et perruques d'Ancien Régime. Le pantalon et la redingote s'imposent : teintes assorties, vêtements bien coupés, fonctionnels et sobres.


Cela ne dure pas. Bientôt la bourgeoisie d'affaires s'empare du pouvoir, en France sous le règne de Louis-Philippe 1er, comme en Angleterre sous celui de Victoria et de son cher et sévère Albert.

Aux siècles précédents, les bourgeois ne rêvaient que d'imiter le faste de la noblesse et de la monarchie ; désormais, c'est la bourgeoisie qui impose ses manières austères et économes. Les hommes de la haute société adoptent un uniforme de couleur sombre et de coupe stricte (costume complet : gilet, veston et pantalon).

Les femmes, sous le règne de la bourgeoisie, perdent le peu de liberté que leur avait conservé l'Ancien Régime. Ce recul se traduit dans la mode : adieu les tenues vaporeuses du Directoire ; voici le retour des corsets et baleines qui emprisonnent le corps et les obligent à avoir recours fréquemment aux flacons de sel pour retrouver leurs esprits.


La grande nouveauté vient de l'industrie : grâce à la mécanisation du secteur textile et au déferlement du coton, les tissus à motifs envahissent les grands magasins, nouveaux espaces de vente où se pressent coquettes et adeptes de la machine à coudre inventée en 1851. Il en faut en effet des longueurs de tissu pour couvrir la cage formée par la «crinoline», en vogue sous le Second Empire. Au moins cette jupe libère-t-elle les jambes à la différence des lourds jupons de la génération précédente !

En abaissant considérablement les coûts de production, la mécanisation et la révolution industrielle ont également pour conséquence de démocratiser la mode. Celle-ci élargit son emprise aux classes moyennes et les différences d'habillement entre la haute bourgeoisie et la petite bourgeoisie tendent à se réduire...


Les grands couturiers en marche

En 1858, l'«instituteur de la haute couture», Charles Worth, révolutionne le monde de la mode en offrant à sa clientèle de véritables défilés de modèles tout prêts, au cœur de beaux salons parisiens : la création de luxe est née.

Le XXe siècle voit le triomphe de la haute couture française avec les noms de Paul Poiret et Coco Chanel, qui contribuent à libérer la femme, puis, après-guerre, de Christian Dior et son new look, Yves Saint-Laurent et Pierre Cardin ou plus récemment Jean-Paul Gaultier et Christian Lacroix. La mode devient un véritable art marqué par des talents forts, tout en restant une industrie avec ses réseaux de diffusion, ses gammes de produits dérivés et ses campagnes de publicité.


XXe siècle : de la grisette à la punkette

La «Belle Époque» (1900-1914) porte bien son nom dans le domaine de la mode puisqu'elle voit les femmes de la bourgeoisie multiplier les commandes auprès de leurs couturières, aidées par les petites grisettes. Paris, qui entre dans le XXe siècle avec la prestigieuse exposition internationale de 1900, devient la capitale mondiale de la mode. De Manaus (Brésil) à Saint-Pétersbourg (Russie), on ne jure que par le chic parisien.

Mais un changement se fait jour avec la vogue de la bicyclette et du sport (c'est la renaissance des Jeux Olympiques) : les femmes de la bonne société se prennent de passion pour la «petite reine» et pour cela adoptent des tenues plus pratiques et plus légères, y compris le pantalon, longtemps réservé aux hommes.


Après le choc de la Première Guerre mondiale, viennent les «Années folles» et la soif de liberté. La jupe courte «à la garçonne» a son heure de gloire mais elle est vite abandonnée... Il n'en va pas de même du soutien-gorge, une innovation tellement plus confortable que le corset d'antan !

Les femmes aspirent à une élégance longiligne, souple, qui épouse les formes. Les grands couturiers s'en donnent à coeur joie avant la parenthèse de 1940-1945 qui oblige les Françaises à déployer des miracles de débrouille avec des semelles de bois, des bas tracés au crayon et nombre de colifichets pour agrémenter les chapeaux.

Robes mini des années 60, pantalons pattes d'éléphant à fleurs et blousons cloutés des années 70 traduisent le désir de changement de la jeune génération. La mode, désormais, n'est plus l'apanage des salons parisiens mais se conçoit aussi bien à l'autre bout du monde que dans la rue.

La(les)mode(s) - La mode en Occident -

Publié à 11:21 par acoeuretacris Tags : mode en occident 1
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La mode au fil des siècles (partie 1)


Aussi loin que nous remontions dans notre Histoire, nous voyons combien les hommes et les femmes ont cultivé le souci de leur apparence. La mode en est l'expression. Elle permet à chacun de se mettre en valeur, de se faire estimer et désirer, mais aussi de s'identifier à son groupe social et à son temps.

C'est si vrai qu'aujourd'hui, le plus sûr moyen de dater une peinture ancienne ou une oeuvre d'art est de détailler les vêtements et les parures des personnages qu'elle représente.

Au commencement... la feuille de vigne ?

Faute de poils ou de plumes, l'être humain a dû faire marcher très tôt son intelligence pour se protéger du climat. Et le plus pratique était encore de se servir sur ceux qui en avaient : voici donc les premiers hommes recouverts de fourrures douillettes. Très tôt, nos ancêtres inventent l'aiguille : un outil modeste mais essentiel pour la confection de vêtements cousus. Les peaux de bêtes tannées ont la faveur des habitants des régions froides. Certaines populations, comme les Mongols, fabriquent aussi des feutres par malaxage de poils ou laines. Ce sont les premières étoffes. À la faveur de la sédentarisation, les habitants des régions chaudes ou tempérées se mettent aussi à tisser les fibres végétales (lin) ou animales (laine).


Et pourquoi ne pas se servir de la seconde peau pour marquer son rang ? Des colliers de dents feront l'affaire, agrémentés de coquillages, plumes ou os qui tiennent souvent lieu dans les régions chaudes de seuls costumes.

Mais Adam et Ève ont mangé le fruit défendu qui leur a révélé leur nudité : le vêtement a donc eu également pour fonction de préserver leur pudeur.

Antiquité : simple mais pratique


La chaleur de l'Égypte ne laissant guère de place à la fourrure, les habitants de la vallée du Nil font un triomphe au lin qui leur permet de créer fourreaux et pagnes tout en légèreté.

Légèreté peut rimer avec confort, élégance et même sophistication. Les fresques de l'ancienne Égypte détaillent avec précision le vêtement des hommes et des femmes, des souverains, des nobles, des danseuses, aussi bien que des paysans. Le souci de la mode apparaît très tôt : la «Parisienne» de Crète (1500 ans avant notre ère) en est la preuve presque vivante avec son fin profil au discret maquillage.



Dans la Grèce antique, les dames, comme les messieurs, s'enveloppent dans un «chiton» à taille unique qui s'agrafe sur l'épaule et se serre à la taille. Ces vêtements sont généralement de couleur brune mais les classes supérieures s'autorisent des couleurs vives.

Plus tard, les patriciens romains portent couramment la tunique, ne réservant l'encombrante toge de six mètres qu'aux grandes occasions. La couleur reste rare, mais tous n'hésitent pas à faire étalage de leurs richesses à l'aide de somptueux bijoux.
Plus pudiques que les Grecs, les Romains ne pratiquent pas la nudité au gymnase et certaines fresques nous montrent de jeunes femmes athlètes dans un «bikini» d'allure très moderne.



Byzance, profitant des échanges avec l'Extrême-Orient et de l'acclimatation des vers à soie, rompt avec l'austérité romaine.
Les représentants des classes supérieures s'enveloppent de très riches costumes de coton et de soie colorés. Les empereurs d'Orient cultivent une pompe somptueuse dont la pourpre est le symbole.


Les Gaulois, moins rustres qu'on ne l'entend dire parfois, diffusent l'usage des braies ou pantalons. Il s'agit de vêtements cousus et, comme ils s'adaptent à la forme et aux mouvements du corps, il n'est pas besoin de les ôter dans les tâches ardues, aux champs ou à l'atelier, comme c'est le cas avec les simples tuniques.

Jusqu'à la fin du Moyen Âge, cette tenue évolue peu. Les pauvres, il est vrai, n'ont guère le choix de l'habillement et revêtent ce qu'ils trouvent : hardes, chemises, tuniques, braies,...

Lorsque le corps se fait armure

Des tatouages aux lourdes armures de la Renaissance, l'homme s'est toujours ingénié à protéger son corps contre toute agression. Casques de bronze des Spartiates, cottes de mailles des croisés et gilets pare-balle modernes font partie de la panoplie adoptée par le soldat à travers les siècles pour mettre son corps à l'abri.

Le vêtement militaire peut aussi avoir une fonction pratique, en permettant de distinguer les armées, mais aussi plus psychologique : il s'agit d'impressionner l'ennemi par des couleurs criardes ou des formes agressives. Parfois, l'habit du soldat parvient à se faire une place dans la vie civile, à l'image du trench-coat ou «manteau de tranchée» qui fit les beaux jours du cinéma noir américain.

Moyen Âge : du hennin à la poulaine

Aux temps carolingiens apparaît dans la classe supérieure une tenue plus ou moins spécifique, telle qu'elle ressort de la description que le chroniqueur Eginhard fait de l'empereur Charlemagne : «Il portait la tenue nationale c'est-à-dire franque ;... un haut-de-chausse attaché avec des bandes protégeait ses membres inférieurs et des souliers, ses pieds, et il couvrait ses épaules et sa poitrine d'une jaquette ajustée... Sur le tout, il jetait un manteau bleu»



La «tapisserie de la reine Mathilde» nous offre une représentation réaliste des Occidentaux, essentiellement des guerriers, aux alentours de l'An Mil. Les hommes portent culottes et tuniques ; ils sont imberbes, avec une coupe au bol. Rien à voir avec les temps mérovingiens, un demi-millénaire plus tôt, quand les cheveux courts et le visage glabre étaient le propre des ecclésiastiques.

Dans la deuxième moitié du Moyen Âge, l'apparence devient peu à peu signe d'appartenance sociale. Les groupes et les corps de métiers tendent à se différencier par la forme ou la couleur de leur tenue qui devient plus variée et riche grâce aux apports des croisades.

À partir de 1380, on porte la «houppelande», un confortable manteau sans manches aussi baptisé «robe», mais elle passera de mode au milieu du siècle suivant.

Au XVe siècle, la garde-robe se divise horizontalement et le corps se corsète, le vêtement en soulignant les formes, tant masculines que féminines.



L'homme s'habille d'une veste courte serrée à la taille avec une ceinture : le «pourpoint». Il porte des chausses (ou bas) protégées au niveau des pieds par des «poulaines» (chaussures étroites et effilées, parfois si longues qu'il faut les renforcer avec du métal). La mode, au milieu du XVe siècle, est aux bas bicolores (chaque jambe d'une couleur).

La femme, qui se doit d'être élancée, met sa taille en valeur avec un corsage et une jupe tout en gagnant encore des centimètres à l'aide d'un chapeau comme le fameux hennin, sorte de cône qui fait fureur à partir de 1450 environ. Mais l'esthétique veut aussi qu'elle souligne la rondeur de son ventre (les temps ont bien changé !).

Agnès Sorel, inspiratrice de la mode



La mode vient généralement d'en haut. Agnès Sorel, maîtresse officielle du roi Charles VII de 1444 à 1450, est considérée par ses contemporains comme la plus belle femme de son temps.
Sûre de ses charmes, elle n'hésite pas à choquer la Cour en mettant en avant ses avantages dans des robes «aux ouvertures de par-devant par lesquelles on voit les tétons» (Jean Jouvenel). Elle s'épile aussi le front à la poix pour en accentuer la hauteur et cette pratique est imitée par toutes les coquettes de la Cour.

Renaissance : l'Italie à la pointe

A l'Italie de la Renaissance on doit Vinci, Michel-Ange et la fourchette. Mais on sait moins qu'elle apporta aussi à l'Europe le décolleté plongeant et la braguette, pièce de tissu rembourrée mettant en valeur la puissance de son propriétaire et servant accessoirement de poche.


C'est également à la fin du XVe siècle et au début du suivant que se multiplient les fentes dans les brocards et velours : ces ouvertures ou «crevés» viennent, semble-t-il, des lansquenets suisses ou allemands qui, en déchirant leurs vêtements et en les raccommodant avec de la soie ou des brocarts, veulent apparaître plus intimidants, à la manière de nos contemporains qui déchirent leurs jeans pour signifier leur dédain des conventions sociales. La haute société masculine du XVIe siècle s'approprie cette mode pour donner à voir la splendeur de ses dentelles de Flandres ou de ses étoffes fines importées, via Venise, des régions d'Asie.

Et pourquoi ne pas créer des pièces détachables, que l'on peut intervertir à l'envie ? C'est le cas des manches, attachées au vêtement à l'aide de lacets dits «aiguillettes». Complétez avec une fraise, col plissé et empesé de plus en plus volumineux, et vous obtiendrez une tenue luxueuse, bien éloignée des costumes ordinaires du peuple...

Notons qu'en cette période de la Renaissance, la mode masculine manifeste plus d'exubérance que la mode féminine ! C'est un phénomène assez rare dans l'Histoire pour être relevé.
Notons encore que, de François 1er à Henri IV, la barbe fait un retour en force après plusieurs siècles de dédain. Elle disparaîtra aussi vite qu'elle est venue pour ne plus réapparaître qu'à la fin du XIXe siècle.

L'enfant, une bête de mode ?


Pourquoi chercher à créer une garde-robe pour les enfants, ces adultes en miniature ? Jusqu'au XXe siècle, les bambins sont simplement habillés à l'image de leurs parents et tant pis si jupons et chapeaux entravent courses et jeux !

Les garçons ont aussi droit, jusqu'à 6-7 ans, aux cheveux longs et aux robes, avant d'adopter, au XIXe siècle, le grand classique qu'est le costume marin. Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que les couturiers se penchent enfin sur leur cas et créent à leur intention des vêtements faciles aussi bien à porter qu'à entretenir.