Le Cerveau est un film franco-italien réalisé par Gérard Oury sorti en 1969.
Inspiré par l'attaque du train postal Glasgow-Londres, ce film de casse comique met en scène plusieurs groupes de malfrats, dont un génie du crime nommé « le Cerveau », auteur fictif de l'attaque du Glasgow-Londres, tentant de dérober les fonds secrets des nations de l'OTAN lors de leur transport de Paris à Bruxelles. En tête de la distribution figurent le Britannique David Niven, les Français Jean-Paul Belmondo et Bourvil et l'Américain Eli Wallach.
Ce « blockbuster » avant l'heure — rendu possible par l'immense succès de La Grande Vadrouille — réunit le plus gros budget du cinéma français de l'époque, une pléiade d'acteurs connus, et des moyens spectaculaires comme le paquebot France mobilisé dans le port du Havre et une réplique de 13,5 m de la statue de la Liberté.
Retardé par Mai 68, le tournage a lieu en France, en Angleterre, aux États-Unis et en Italie. Le film est co-produit par la Gaumont, la société de Dino de Laurentiis et la Paramount Pictures. Georges Delerue compose la musique du film, agrémentée par la chanson The Brain du groupe américain The American Breed dans le générique, et la chanson italienne Cento giorni, lors de la célèbre scène d'entrée de Silvia Monti.
À sa sortie, Le Cerveau attire plus de 5 millions de spectateurs dans les salles, un gros succès commercial néanmoins en deçà de ceux du Corniaud et de La Grande Vadrouille, à la déception des producteurs.
Deux compères, Anatole et Arthur, prévoient un « coup fabuleux » : l'attaque d'un train spécial transportant de Paris à Bruxelles les fonds secrets des nations de l'OTAN lors du déménagement du Grand Quartier général des puissances alliées en Europe en 1967. Une autre bande est sur le coup, celle qui réalisa la fameuse attaque du train postal Glasgow-Londres, sous les ordres du Cerveau, un homme dont la tête est si lourde que, sous le coup d'une émotion, il est incapable de la maintenir droite. Cette dernière bande est associée à la mafia sicilienne...
Fiche technique
Titre : Le Cerveau
Réalisation : Gérard Oury
Assistants réalisateur : Gérard Guérin, Marc Monnet, Madeleine Billaud, Bernard Mongourdin, Jean-Marie Poiré, Jean-Claude Sussfeld, François Nadal
Scénario : Gérard Oury, Danièle Thompson et Marcel Jullian
Direction artistique : Jean André
Décors : Jean André, assisté de Robert André, Marc Desage, Théo Meurisse
Costumes : Tanine Autré
Photographie : Armand Thirard
Son : Jean Rieul
Montage : Albert Jurgenson
Musique : Georges Delerue
Effets spéciaux : Pierre Durin
Séquences animées réalisées par Jean-Claude Meunier(Les films Orzeaux)
Cascades : Rémy Julienne
Production : Alain Poiré, Dino De Laurentiis
Société de production : S.N.E. GAUMONT, Dino De Laurentiis Cinematografica
Société de distribution : Gaumont
Pays d'origine : France, Italie
Langues de tournage : français, anglais et allemand
Format : Couleurs (Eastmancolor) - 35 mm - 2,35:1 (Franscope) — son Mono (Westrex Recording System)
Tournage à dater du 10 juillet 1968 : Studios de Saint-Maurice Franstudio
Genre : Comédie, film de casse
Budget : ~ 24 000 000 F
Durée : 110 minutes
Dates de sortie :
France : 7 mars 1969
Italie : 3 septembre 1969
États-Unis : 13 novembre 1969
Distribution
Jean Paul Belmondo: Arthur Lespinasse
Bourvil: Anatole
David Niven : colonel Carol Matthews, « le Cerveau »
Eli Wallach: Frankie Scannapieco
Silvia Monti: Sofia Scannapieco
Raymond Gérôme : le commissaire
Jacques Balutin : l'inspecteur Pochet
Henri Attal : un homme de la bande
Yves Barsacq : un gardien
Dominique Zardi : un gardien
Jacques Ciron : l'inspecteur Dubœuf
Patrick Préjean : le sergent belge
Robert Dalban : le Belge enrhumé
Raoul Delfosse : un Belge
Pierre Tornade : un gardien
Tommy Duggan : le superintendant Cummings
Henri Génès : le gardien-chef
Sophie Grimaldi : la blonde du train
Fernand Guiot : l'inspecteur Mazurel
Roger Lumont : le patron de la boutique
Paul Mercey : le monsieur du cinquième
Micha Bayard : la dame du cinquième
Max Montavon : l'antiquaire au foulard bleu
Mario David : l'antiquaire au foulard orange
Gérard Hernandez : un agent à Rouen
Scénario
Le scénario du Cerveau, co-écrit par Gérard Oury, Danièle Thompson et Marcel Jullian, s'appuie sur deux événements réels, l'attaque du train postal Glasgow-Londres, d'une part, et le déménagement de l'OTAN à la suite de la sortie de la France de l'organisation, d'autre part. Selon Oury, « L'idée de base était d'intégrer deux nigauds dans un remake du vol du train postal fait par des spécialistes. »
Développement
Pour être totalement financé, Le Cerveau doit pouvoir être distribué sur le marché américain : la société Paramount Pictures propose de coproduire le film, à la condition d'avoir son propre négatif. Cette exigence obligera donc l'équipe à tourner deux versions du même film, en anglais et en français. Les deux vedettes françaises acceptent de tourner en anglais, Bourvil attendant l'occasion depuis longtemps tandis que Jean-Paul Belmondo s'était jusque-là refusé à tourner dans cette langue. Le 16 février 1968, à New York, Charles Bluhdorn, président de Gulf and Western Industries, et Alain Poiré signent les accords de partenariat entre la Gaumont et la Paramount Pictures (appartenant au conglomérat Gulf and Western) pour la production du Cerveau.
La fin du film nécessite le paquebot France dans le port du Havre, son port d'attache, puis dans la baie de New York4. Après avoir obtenu l'accord de la Compagnie générale transatlantique, Gérard Oury rencontre Camille Mahé, commandant de bord du France, qui est à ce moment en cale sèche. Le capitaine accepte à la condition que la réplique de la Statue de la Liberté en polyester de 13,5 m, prévue pour être dressée à l'avant du bateau entre les deux mâts de charge, ne gêne pas sa visibilité pour diriger le navire. La silhouette de la statue de 13,5 m est découpée dans du contreplaqué et montée à l'avant du France pour vérifier la vue. Il est prévu que, durant la traversée de l'océan Atlantique, la statue soit couchée sur le pont.
Acteurs
Le Cerveau demeure le dernier film de Bourvil ayant été réalisé par Gérard Oury ; l'acteur aurait dû tourner dans le film suivant du réalisateur, La Folie des grandeurs, mais meurt d'un cancer des os en 1970. Le film marque également la seconde collaboration entre Jean-Paul Belmondo et Bourvil qui, dix ans auparavant, s'étaient côtoyés dans Un drôle de dimanche.
En 1982, Jean-Paul Belmondo tourne à nouveau sous la direction de Gérard Oury dans L'As des as.
Tournage
Prévu pour le printemps 1968, le tournage se voit retardé en raison des grèves et révoltes de mai 1968, qui rendent impossible les tournages et freinent tous les projets de films en cours. L'ensemble des producteurs français redoute ces événements car « une clause résolutoire à leurs contrats d'assurances prévoit le non-règlement des sinistres en cas de grève, guerres ou révolutions ». Avec deux mois de retard, le tournage débute le 10 juillet 1968. Les sévères conditions météo en Normandie, où a lieu une partie des prises de vues, causent également de nouveaux dépassements.
Moyens techniques considérables : deux trains blindés, une dizaine de wagons et des kilomètres de voie ferrée fournis par la SNCF, des voitures radio, des hélicoptères et une escouade de motards fournis par la gendarmerie, la réplique de la statue de la Liberté et divers véhicules fournis par la Régie Renault.
Lors du tournage, Bourvil est très affecté par la mort brutale d'un jeune chauffeur de production, Yves Ridard.
C'est la A1A-A1A 68514 de la SNCF qui a été mise à disposition du film. Les ambiances ferroviaires sont assez fantaisistes pour qui s'y connait un minimum. Ainsi la gare du Nord est en réalité la gare de l'Est, la signalisation de la voie unique est un mélange de signaux de double voie, voie d'évitement, travaux, cantons courts... qui font simplement office de décor. Enfin, la rupture d'attelage du train est un bel effet cinématographique, mais peu vraisemblable (les trains modernes sont équipés de freins automatiques).
La réplique de la statue de la Liberté que l'on voit dans le film est une copie en polyester de 13,5 m3 et d'un poids de 3,5 tonnes. Elle devait être détruite, faute de dédouanement, après avoir séjourné dans les locaux de la douane de Saint-Maurice, mais a été conservée grâce à l'action de Paul Belmondo (le père de Jean-Paul Belmondo), du maire André Marie et de Gérard Oury. Elle trône actuellement sur le rond-point de la zone d'aménagement concerté du Mesnil-Roux à Barentin, dans la Seine-Maritime
Lieux de tournage
Le pont sur lequel s'arrête le wagon contenant les fonds de l'OTAN est en réalité situé dans la vallée de la Conie en Eure-et-Loir sur le territoire de la commune de Péronville et la route départementale n° 110 reliant ce village à Villeneuve-sur-Conie (Loiret).
La partie finale avec les ruines du château de nuit et les feux d'artifices a été tournée au château des Pontevès dominant Bargème, dans le Var.
La scène où l'on voit la statue manœuvrée maladroitement devant une église et défoncer la devanture d'un antiquaire, a été tournée sur la place Barthélémy à Rouen ; l'église en arrière-plan est Saint-Maclou. Arthur et Anatole, conduits par le commissaire et son adjoint, sont arrivés par la rue Martainville adjacente, passant devant ses maisons à colombage aujourd'hui restaurées.
On voit à la fin du film, lors du générique, les tours Sud et Nord du World Trade Center, en construction depuis 1966.
France
Paris
Poissy, Yvelines
Le Havre
Rouen
Péronville
Bargème
Baillou
Viaduc de Chaumont
Cassis
Fresnoy-le-Grand
Aéroport de Cannes-Mandelieu
Angleterre
Londres
États-Unis
New York
Italie
Musique
.
Dans la scène mythique de la piscine, dans laquelle Sophia, sœur de Frankie, fait son apparition, la chanson est un hit italien de 1966 : Cento Giorni de Caterina Caselli.
La musique qui accompagne les majorettes sur les quais du Havre ainsi qu'au début de la bande annonce est The Washington Post march composée en 1889 par John Philip Sousa.
Chansons du film
The Brain, paroles et musique de Georges Delerue, chanté par The American Breed
Cento giorni, interprétée par Caterina Caselli
Promotion
Dans son livre de souvenirs, le producteur Alain Poiré relate les exigences de David Niven concernant l'ordre des acteurs principaux sur les affiches. Dans un premier temps, David Niven accepte de n'apparaître qu'en troisième position (après Belmondo et Bourvil) sur les affiches à destination de la Suisse, de la France et de la Belgique. Pour le reste du monde, un autre affichage mentionne son nom en premier. Puis lors du tournage du film, l'acteur change d'avis et réclame la tête d'affiche pour la Suisse, son pays de résidence. Il menace la production de ne plus venir travailler s'il ne l'obtient pas. Furieux mais mis au pied du mur, Alain Poiré obtient l'accord de Bourvil et de Belmondo pour modifier l'affichage
Autour du film
On peut voir l'affiche du film Le Cerveau à New York intitulé The Brain dans le premier film d'Arnold Schwarzenegger, Hercule à New York de 1970 (la scène finale sur le char dans les rues de New York devant le Radio City Music Hall). Le nom de Bourvil est « Bouvil », à côté de Niven et Wallach.
Un des gardes belges, à bord du wagon blindé, est en train de lire l'album de Tintin L'Affaire Tournesol.
Lors de la scène, où les gardes belges sont incommodés par les boules puantes, il dit : « Nous arrivons dans nonante minutes », du fait du terme « nonante » pour le nombre 90, usité en Belgique francophone.
Box-office
Le Cerveau est le deuxième plus gros succès au box-office français de 1969. Le Cerveau est le plus gros succès de Jean-Paul Belmondo au cinéma français, avec 5 547 305 entrées.
Total monde | 10 732 007 entrées |
La directive Seveso est le nom générique d'une série de directives européennes qui imposent aux États membres de l'Union européenne d'identifier les sites industriels présentant des risques d'accidents majeurs, appelés « sites Seveso », et d'y maintenir un haut niveau de prévention. Cette directive tire son nom de la catastrophe de Seveso qui eut lieu en Italie en 1976 et qui a incité les États européens à se doter d'une politique commune en matière de prévention des risques industriels majeurs.
La directive 82/501/CEE dite directive Seveso 1 datait du 24 juin 1982 ; elle fut remplacée par la directive 96/82/CE dite directive Seveso 2 le 9 décembre 1996 et amendée par la directive 2003/105/CE du 16 décembre 2003.
La directive 2012/18/UE du 4 juillet 2012 dite directive Seveso 3, a été publiée le 24 juillet 2012 au Journal officiel de l’Union européenne. En vigueur depuis le 1er juin 2015, elle remplace la directive Seveso 2. Elle concerne environ 10 000 établissements dans l’Union européenne, dont près de 1 200 en France
Dispositions de la directive
obligation pour les industriels de caractériser leurs activités en fonction d'une nomenclature, appelée « nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement » et les déclarer auprès des services d’état ;
recensement par les États des établissements à risques (avec identifications des substances dangereuses) ;
réalisation d'études de danger par les industriels pour identifier tous les scénarios possibles d'accident, évaluer leurs conséquences et mettre en place des moyens de prévention ;
mise en place, pour les établissements, d'une politique de prévention des accidents majeurs et de plans d'urgence interne et externe ;
coopération entre exploitants pour limiter les effets domino ;
maîtrise de l'urbanisation autour des sites ;
information des riverains ;
mise en place d'autorité compétente pour l'inspection des sites à risques (en France, l'inspection des installations classées pour l'environnement).
Sites classés Seveso
Les établissements industriels sont classés « Seveso » selon leur aléa technologique en fonction des quantités et des types de produits dangereux qu'ils accueillent. Il existe ainsi deux seuils différents classant les établissements en « Seveso seuil bas » ou en « Seveso seuil haut ». Les établissements militaires et les dangers liés aux rayonnements ionisants (nucléaires) ne sont pas concernés par cette directive.
Calcul du seuil
Le dépassement de seuil se calcule en fonction du type de produits et de leurs phrases de risque. Les seuils sont présents dans les annexes de la directive. Par exemple, les seuils pour les produits comburants (phrases de risques R7, R8 et R9) sont de 50 tonnes et de 200 tonnes. Un établissement qui accueille sur son site 40 tonnes d'oxygène (comburant R8) et 50 tonnes de peroxydes (comburant R7) est classé « Seveso seuil bas » car la masse de produits comburants (40+50 tonnes) est supérieure à 50 tonnes mais inférieure à 200 tonnes. Sans les peroxydes, le site ne serait pas concerné par la directive.
En plus des seuils des produits comburants (R7, R8 et R9), la directive propose également des seuils différents pour les produits explosifs (R1-R2-R3), inflammables (R10), pour les produits facilement inflammables (R11), pour les produits extrêmement inflammables (R12), pour les produits toxiques pour l'homme (R23-R24-R25), très toxiques pour l'homme (R26-R27-R28), toxiques pour l'environnement (R50-R51/53), etc.
Il existe également certains composés chimiques nommés en annexe (méthanol, nitrate d'ammonium…) de la directive et qui ont leurs propres seuils. Par exemple, les produits dérivés du pétrole (essence, gazole) ont des seuils de 2 500 tonnes et de 25 000 tonnes. L'essence, qui est extrêmement inflammable (R12), utilise les deux seuils précités alors que les seuils des produits R12 est pourtant de 10 tonnes et 50 tonnes. Un établissement ayant 100 tonnes d'essence n'est pas classé Seveso alors qu'il aurait été « Seveso seuil haut » avec la même quantité d'un autre produit extrêmement inflammable ayant des risques similaires.
Classement selon les seuils
Le calcul de dépassement de seuil se réalise par une somme pondérée des masses de produits présents dans l'établissement.
Les établissements dont le premier seuil n'est pas franchi ne sont pas concernés par la directive.
Les établissements qui dépassent le premier seuil sont concernés par la Directive et sont classés « Seveso seuil bas ».
Les établissements qui dépassent le second seuil sont classés « Seveso seuil haut » (autre dénomination équivalente : « Seveso AS », forme abrégée de « Seveso soumise à Autorisation Servitude d'utilité publique »).
Accidents majeurs et prises de conscience des dangers
La rédaction de la directive et ses mises à jour s'est faite pour prendre en compte les retours d'expérience d'accidents qui se sont déroulés au fil de l'histoire dans différents pays à la suite d'une prise de conscience des dangers potentiels d'accidents majeurs. Par la suite, certains accidents seront à la base de l'ajout d'amendements à la directive initiale.
Les catastrophes représentatives d'accidents majeurs sont entre autres :
la catastrophe de la raffinerie de Feyzin (France, 1966) est également intéressante pour comprendre le risque des établissements qui sont classés Seveso depuis la création de la directive européenne ;
la catastrophe de Seveso (Italie, 1976) est à l'origine du nom de la directive ;
la catastrophe de Bhopal (Inde, 1984) fait environ quatre mille morts et plus de 350 000 victimes, tous préjudices confondus ;
la catastrophe de Schweizerhalle (Suisse, 1986) ; pollution chimique ;
le désastre d'Enschede (Pays-Bas, le 13 mai 2000) ; incendie et explosions ayant tué 23 personnes et fait 947 blessés ;
l'explosion de l'usine AZF de Toulouse (France, 2001), à cause de nitrate d'ammonium. La directive 2003/105/CE modifia en 2003 les valeurs des seuils de plusieurs produits dont le nitrate d'ammonium ;
l'explosion de la raffinerie de Texas City (en) (États-Unis, 2005) qui a touché la troisième plus grande raffinerie des États-Unis ;
la catastrophe de Buncefield (Royaume-Uni, 2005) a touché par effet domino plusieurs sites de stockage de produits pétroliers ;
la catastrophe d'Ajka (Hongrie, 2010) provoquée par la rupture d'un réservoir d'une usine de bauxite-aluminium. Plus d'un million de mètres cubes de boue rouge toxique a été déversé sur sept villages ;
l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen (France, 2019) où ont brûlé des carburants et des additifs de lubrifiant.
Transcription nationale
France
Dans ce pays, les sites à risques, environ 1 204 établissements Seveso dont 647 à hauts risques en 2014, sont contrôlés par les inspecteurs de la DREAL. Le législateur a modifié une première fois le décret no 77-1133 du 21 septembre 1977 et le décret de nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement. Cette liste des activités soumises à déclaration évolue régulièrement. Un arrêté ministériel du 10 mai 2000 modifié a ensuite complété le dispositif. En mars 2014, la version 33.1.1 est publiée
La directive européenne Seveso 2, transcrite en France, a imposé le classement Seveso pour 20 à 30 sites industriels supplémentaires entre 2000 et fin 2011, à la suite de critères incluant la gestion des déchets industriels et l'évaluation des risques de pollution qu'ils peuvent induire. Les professionnels du traitement des déchets, les cimentiers, les chimistes sont concernés.
La directive européenne Seveso 3 (juillet 2013) a fait l'objet d'une transcription dans le droit français par le décret n° 2014-285 du 3 mars 2014. Celui-ci refond la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement avec, notamment, l’introduction des rubriques dites « 4000 », qui prend en compte les risques introduits avec le règlement CLP. Ces rubriques sont basées sur les phrases H du Système général harmonisé et non plus les phrases R. Elle est entrée en vigueur le 1er juin 2015
Belgique
En 2016, la Belgique compte approximativement 381 entreprises classées Seveso dont 209 classées seuil haut. Les entreprises sont régulièrement inspectées par les services d'inspection régionaux et fédéraux compétents.
La directiveSeveso 3 (2012) et la Convention d'Helsinki relative aux conséquences transfrontalières ont été transposées en droit belge par l'accord de coopération du 16 février 2016, entre l’État fédéral, la Région flamande, la Région wallonne, la Région de Bruxelles-Capitale, relatif à la maîtrise des dangers liés aux accidents majeurs impliquant des substances dangereuses.
Implications
La directive Seveso 2 implique la rédaction de documents permettant la sécurité et l'information du public sur l'activité de l'entreprise. La directive Seveso 3 renforce cette obligation.
Rapport sécurité et étude des dangers
La directive Seveso prévoit l’élaboration d’un rapport de sécurité qui peut servir de base ensuite aux plans d’urgence, à la maîtrise de l’urbanisation, etc. À travers ce rapport, un établissement doit identifier les sources de risque, les scénarios d’accident envisageables, leurs effets sur les personnes et l’environnement ainsi que leur probabilité d’occurrence et des éléments sur leur cinétique de développement et la nature et l’ampleur des conséquences. Un guide indiquant les principes généraux à retenir pour les études de danger a été élaboré. Ces études permettent de définir les grandes lignes d’une stratégie préventive et de lutte à mettre en place contre un sinistre. Ils permettent aussi d’élaborer des plans de secours avec les Plans d’opération interne POI et les Plans particuliers d’intervention PPI, de communiquer avec le public et de maitriser l’urbanisation autour du site via les PPRT (plan de prévention des risques technologiques) pour les établissements AS.
L’étude de dangers des établissements Seveso seuil haut doit être réactualisée au moins tous les cinq ans. De même, les plans d’urgence (POI et PPI) doivent être testés et réexaminés tous les trois ans.
Réduction des risques à la source
La directive introduit également la nécessité d’examiner les conséquences d’un accident d’une installation sur les installations voisines (effet "domino"). Cela passe par la coopération entre établissements proches.
L’analyse des risques débute par la description de l’environnement externe et interne du site, complétée par la description des installations du site qui permet d’identifier les potentiels de danger et les dangers associés. L’exploitant doit ensuite mettre en place un certain nombre de lignes de défense permettant de réduire la probabilité d’apparition des phénomènes dangereux ou d’atténuer leurs effets.
Les mesures de réduction des risques sont l’ensemble des éléments techniques ou organisationnels nécessaires et suffisants pour assurer une fonction de réduction de probabilité et de limitation des effets et des conséquences.
Deux types de mesures sont distingués généralement :
des mesures de prévention, c’est-à-dire des mesures visant à éviter ou limiter la probabilité d’un événement indésirable ; en amont du phénomène dangereux ;
des mesures de mitigation et de protection, c’est-à-dire des mesures visant à limiter les effets d’un phénomène dangereux et ses conséquences sur les « cibles » potentielles par diminution de la vulnérabilité.
Politique de prévention des risques majeurs
Au-delà des exigences réglementaires de nature technique, la directive Seveso met l’accent sur les dispositions de nature organisationnelle que doivent prendre les exploitants en matière de prévention des accidents majeurs impliquant des substances ou des préparations dangereuses. L’exploitant, dont l’établissement relève du seuil bas ou du seuil haut, doit ainsi exposer et mettre en application sa politique de prévention des accidents majeurs (PPAM). Son appropriation est nécessaire à tous les niveaux du sommet de la hiérarchie aux intervenants opérationnels, elle doit l’être également par les sous-traitants ou prestataires extérieurs. Elle se décline donc par des actions de sensibilisation, des actions de formation suivies de plans d’action dans le cadre d’un management intégré et d’une démarche de progrès continu.
Système de gestion de la Sécurité
Les établissements « AS » ont l’obligation de mettre en œuvre un Système de Gestion de la Sécurité (SGS), proportionné aux risques d’accidents majeurs susceptibles d’être générés par les substances présentes dans leurs installations. Ce système repose sur un ensemble contrôlé d’actions planifiées ou systématiques, fondées sur des procédures ou notes d’organisation écrites (instructions, consignes…) et s’inscrit dans la continuité de la PPAM déjà définie.
Information du public
Par rapport à la directive Seveso 1, la directive Seveso 2 élargit considérablement la participation du public dans différentes procédures : accessibilité du public aux informations contenues dans les études de dangers, avis du public sur l’implantation d’un nouvel établissement, mise à la disposition du public de l’inventaire des substances dangereuses présentes dans l’établissement. De plus, les plans d’urgences externes sont élaborés en consultation avec le public après transmission des informations de l’exploitant aux autorités compétentes. Ce droit à l’information est présent dans la réglementation française, notamment dans le code de l’environnement. L’article L.124-1 dit : "Le droit de toute personne d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues, reçues ou établies par les autorités publiques".
Directive IPPC
La directive 2008/1/CE relative à la prévention et à la réduction intégrées de la pollution (directive dite « IPPC » pour Integrated Pollution Prevention and Control) impose une approche globale et concerne les installations industrielles les plus polluantes, d'après le ministère de l'Écologie