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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
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C'etait dans les années 50... -Blake, Mortimer et Jacobs -

Publié à 09:09 par acoeuretacris
C'etait dans les années 50... -Blake, Mortimer et Jacobs  -
"Selon moi, une bande dessinée se doit d'être une transposition de la réalité. Sans quoi, pourquoi ne pas faire du roman photo" E. P; Jacobs

"Je suis né le 30 mars 1904, à l'époque des fiacres, des lampes à pétrole et des poêles à charbon..." E. P Jacobs. Il suit les cours des Beaux Arts et du conservatoire et entame tout d'abord une carrière de baryton à l'Opéra de Lille, interrompue par la Seconde Guerre mondiale. « C’était là ma vraie passion. Tout gosse, j’avais un petit théâtre. En même temps que je perfectionnais mon coup de crayon, j’éduquais ma voix au Conservatoire. »

Il se tourne alors vers le dessin, d'abord comme illustrateur de catalogues. A Bruxelles il croise Jean Dratz, le dessinateur qui assume la direction artistique de la revue Bravo, et en 1942 Jacobs fait ses premiers pas dans la BD avec Flash Gordon, venu tout droit des États Unis. "Les planches nous arrivaient de là-bas, en blanc et noir, et l’on se chargeait de les colorier. On recouvrait les épidermes trop dévêtus. On jouait des drapés."

Lorsque les planches ne purent plus traverser l'Atlantique (Les États-Unis étant entrés en guerre) la revue le charge d'y remédier. Et déjà il impose sa vison de la bd : "À l’encontre de Raymond (le dessinateur américain) je multipliais les décors. Exigeais d’eux un maximum de précision. Et j’estimais que la couleur devait être génératrice d’atmosphère. Mon graphisme s’appuyait exclusivement sur le trait, évitant ainsi les violents contrastes entre le blanc et le noir d’un Milton Canif. Quant à Blake, Mortimer et Olrik, ils ont connu une première mouture : le professeur Marduk, le traître Dagon et Lord Calder, le substitut de Flash. »


Sur sa lancée il créée "Le rayon U". Il est engagé par Hergé en 1944 et il collabore à divers albums de Tintin dont "Le trésor de Rackam le Rouge, Les Sept Boules de Cristal et Le temple du soleil". Dès 1947, après la publication du "Secret de l'Espadon", il cesse sa collaboration au dessin des aventures de Tintin pour se consacrer à son œuvre personnelle.

En vingt ans il publie sept récits dont des chefs d'œuvre de la BD : Le mystère de la grande pyramide (1952), La marque jaune (1954) SOS Météores (1959) et le piège diabolique (1961)

La première aventure de "Blake et Mortimer", "le secret de l'Espadon" est publié dans Tintin le 26 septembre 1946 : un empire asiatique, dont la capitale est Lhassa soumet le monde à l'issue d'une guerre éclair. La seconde guerre mondiale vient de se terminer, et il n'est pas interdit de voir dans le tyran asiatique Basam-Damdu une transposition d'un dictateur bien réel : Hitler. La crainte d'une troisième guerre mondiale et le spectre atomique hantent les esprits. Les personnages récurrents des albums de Jacobs sont déjà là : Blake, l'officier et Mortimer, le savant citoyens britanniques, Olrik, le méchant, à la solde de l'empire jaune, Nasir anglo-indien fidèle serviteur de l'empire britannique ou Razul le Bezendjas paradigme du traitre. Tout l'art de Jacobs est à l'œuvre, précision des détails,un sens documentaire frisant l'obsession, rythme de l'action, art de la couleur, esthétique "ligne claire" : contours net et réguliers, pas de hachures, pas d'ombre et couleurs en aplat, conception de son travail comme des «romans dessinés», les plus infimes détails du récit sont prévus dès le synopsis et le contenu des phylactères est minutieusement travaillé pour en faire ce qu'il appelait «la bande-son». Le style d'Edgar P. Jacobs est plutôt littéraire. Ses bandes contiennent de longs dialogues ainsi que beaucoup de longs textes de commentaire.

Sur le plan du physique les traits de Blake sont inspirés de ceux du dessinateur Jacques Laudy et ceux de Mortimer de Jacques Van Melkebeke (autodidacte, peintre, rexiste sous l'occupation, mais aussi conteur virtuose..) Quant à Olrik, c'est Jacobs lui-même qui lui prête ses traits.

Perfectionniste, Jacobs se documente avec minutie pour créer – ou de recréer – des ambiances et des décors, qui dominent des séquences parfois très longues. Il se rendr sur le terrain et accumule photos, notes et croquis. C'est sur la rupture entre précision documentaire des décors et étrangeté que se glisse le fantastique de Jacobs. "Les vues ressemblent à la réalité, nous permettent d'identifier les lieux. Mais elles fonctionnent avant tout comme des images-signes, chargées d'un sens extraordinairement puissant. Le Londres quotidien a disparu, pour faire place à l'univers imaginaire jacobsien. C'est ce qui rend d'ailleurs à proprement parler fantastique un récit comme La marque jaune: la normalité et les éléments science-fictionnels s'y interpénètrent intimement. Ce fonctionnement, Jacobs le mettra en œuvre dans à peu près tous ses récits." Jean Paul Dubois. "Selon moi, une bande dessinée se doit d'être une transposition de la réalité. Sans quoi, pourquoi ne pas faire du roman photo" disait Jacobs

Autre permanence du monde de Jacobs : les souterrains. "l'auteur a ressenti le besoin d'inscrire, dans chacun de ses récits, une ou plusieurs scènes se déroulant sous la terre. Bases secrètes de L'Espadon, profondeurs de la Grande Pyramide, mastaba du docteur Grossgrabenstein, laboratoire du docteur Septimus, monde souterrain de l'Atlantide, station secrète du professeur Miloch, refuge des Insurgés dans « Le piège diabolique », repère d'Olrik à Paris, installations discrètes sous la villa du professeur Sato... dans la plupart des cas, Jacobs impose aussi à ses héros, pour y parvenir, un trajet d'errance dans les ténèbres d'un labyrinthe. " Jean Paul Dubois

Autant de caractéristiques, de particularités et d'audaces qui font des œuvres de Jacobs à l'époque de leur parution dans les années 50 la proie des censeurs : "La vente du premier tome du « Secret de l'espadon » est frappée d’un interdit d’importation en France à la sortie de l’album. « L’Énigme de l’Atlantide » se voit placé sous tutelle par la Commission de surveillance des publications destinées à la jeunesse. Des réserves sont émises à la sortie de « La Marque Jaune ». Quant au « Piège diabolique », il est purement et simplement banni des librairies pour « scènes de destruction massive »… Daniel Couvreur

Pour Eddy Mitchell, grand admirateur du dessinateur, "l'œuvre de Jacobs dépasse la bédé. Elle s'engouffre dans le cinéma (jamais exploité!), le cartoon (loupé!), voire la musique. Imaginez la bande originale de La Marque jaune! Cela donnerait ce que Tim Burton a offert à Batman. Un régal!"

Edgar P jacobs meurt en 1987, le scénario du second volume des "Trois Formules du Professeur Sato" est écrit mais reste graphiquement inachevé, Jacobs laisse un crayonné précis que Bob de Moor se chargera de le terminer. L'album paraît trois ans plus tard, en 1990. Par la suite d’autres albums sont sortis, notamment avec les scénaristes Jean Van Hamme et Yves Sente et les dessinateurs Ted Benoît et André Juillard.