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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
5848 articles
HOLLYWOOD CHEWING GUM,
OU LA MÊME JEUNESSE D'ESPRIT DEPUIS 45 ANS
Comment, d'une simple gomme à mâcher, bâtir un mythe ? Lui donner comme nom de baptême celui d'un autre mythe et rester fidèle aux valeurs qui fondent la communication de la marque depuis ses origines. Hollywood Chewing Gum, où l'histoire d'un produit devenu style de vie.
Un jour d'été, quelque part en Turquie. Une jeune Française attend l'autocar. "A quelle heure passe le bus ?", demande-t-elle. Peine perdue. Ne parlant pas la langue vernaculaire, elle propose alors un chewing-gum. Les langues se délient : "Hollywood ! Les comédies musicales" se souvient un homme.
Sans doute ignore-t-il que Hollywood désigne, ici, un chewing-gum... français ! Premier des "paradoxes" d'une marque créée en France, en 1952, par un Américain. Agent général pour l'Europe du fabricant de chewing gum Beech-Nut, Courtland E. Parfet fut de ces nombreux GI's qui débarquèrent sur les plages de Normandie, en 1944.
Dans la ration de survie, baptisée "ration K", chaque soldat disposait alors d'une tablette de chocolat, une boîte de pastilles, quatre dosettes de café Nescafé, une boite de corned beef, deux boîtes de fromages et crakers, trois sucres emballés, un étui métallique Philip Morris pour cigarettes et deux étuis de... chewing-gum Wrigley's. Impossible de dénombrer le nombre de "chouime-gomme" que ces GI's distribuèrent par poignée aux enfants(1). Dans l'esprit de ces têtes blondes est à jamais gravé, tel un réflexe quasi pavlovien, l'équation chewing-gum = liberté, fraternité, échange et jeunesse.
Reste que, l'euphorie de la Libération passée, le produit, difficile à trouver, ne connaît pas encore de véritable succès. Il faut attendre 1952 pour que Courtland Parfet débarque une deuxième fois en France, avec une idée bien arrêtée : lancer un chewing- gum au goût de chlorophylle sous la marque Hollywood(2). Le choix du nom de marque n'est pas innocent qui renvoit à l'une des composantes du rêve américain, Hollywood, l'usine à rêves", le cinéma et ses stars, et colle parfaitement avec l'explosion de ce loisir. Pour la seule France, on dénombrait six millions d'entrées en 1939, quatre-cents millions au sortir de la guerre ! Avec Hollywood, le langage n'a plus sa raison d'être.
Prononcez le mot et l'on vous comprend sans peine. N'est-ce pas l'une des composantes du mythe de l'âge d'or, quand une même langue unissait en un temps lointain les êtres humains ? Autre paradoxe de la marque : l'année 1952 est aussi celle où l'on voit fleurir un peu partout en France, le slogan "US Go Home"(3). Loin de ces turbulences politiques, une PME établie à Montreuil, commence la production du chewing-gum Hollywood.
Mais les détracteurs ne manquent pas : maîtres d'écoles, stomatologues et surtout bon nombre de mères qui ne souhaitent pas que leurs enfants aient des allures de ruminant. Des rumeurs courent dans les cours de récréation selon lesquelles, "Le chewing-gum, ça colle les boyaux, ça fait gonfler le ventre", comme les "ongles que l'on ronge, ça peut donner une crise d'appendicite si on les avale".
Pour les contrer, une des premières publicités d'Hollywood, datant de 1955 (année de la fusion de Krema et Hollywood), présente un élève assis sur son banc d'écolier, suçant son pouce : "Dans chaque enfant, il y a un rongeur qui sommeille. Ongles, gommes, crayons, livres, règles, etc.. sont les proies faciles et dangereuses de ses petites dents. Protégez-les. Donnez à votre enfant un moyen salutaire de libérer ses nerfs et de se décontracter. Offrez-lui un chewing-gum Hollywood".
Les réticences semblent, aujourd'hui, vaincues : avec six milliards de mâches (4) consommées par an, la France, premier marché européen, est au second rang mondial derrière les Etats-Unis. Autre chiffre qui témoigne du phénomène : 60% des Français mâchent, à raison de cinq tablettes en moyenne par personne et par semaine.
Le trésor de Mexico
1974 : la première publicité couleur est signée en pleine vague hippie par l'agence Havas. Où l'on voit un groupe de jeunes, bucoliques et insouciants, fleurs à la main, entonner l'air : "Fraîcheur de vivre, Hollywood chewing-gum, on prend la vie comme on la vit, Hollywood chewing-gum, fraîcheur de vivre, Hollywood chewing-gum, pour vivre heureux, il en faut peu, fraîcheur de vivre, Hollywood chewing- gum, on prend la vie comme elle vient, Hollywood chewing-gum au goût très frais".
Une simple tablette unifie un groupe qui se retrouve autour de passions communes. N'est-ce pas le point de départ du mythe de l'unité ? Après la génération "fleur bleue", les années quatre-vingt sont placées sous le signe du sport, du culte du corps et du dépassement de soi. La musique s'adapte à différents styles (Beach Boys, Bee Gees, Chuck Berry, Django Reinhardt, etc.) et la jeunesse Hollywood s'initie à tous les sports : surf, vélo bicross, raft en Californie, catamaran en Nouvelle-Zélande, deltaplane, équitation à la Jamaïque, escalade (1984), moto (1985), canoë (1985), body surf (1986), ski sur herbe (1987). Et, puisque les voyages, dit-on, forment la jeunesse, Hollywood l'emmène, à partir de 1988, à la découverte de nouvelles cultures, en Amérique latine, en Afrique et en Turquie où la marque devient un langage universel de tolérance et d'ouverture.
Où l'on retrouve, de nouveau, le mythe de l'unité ou de l'universalité quand Hollywood unit les différentes cultures. Ce métissage culturel peut aussi avoir comme terre d'élection, la France. L'opération "Open Miles", lancée en 1996, permet aux jeunes entre 16 et 25 ans de voyager l'été, gratuitement, aux cinq coins de la France.
Seul coin du monde où la marque n'est toujours pas vendue : les Etats-Unis où Wrigley's détient une position dominante. Après l'Europe de l'Est, en 1993, Hollywood s'apprête à conquérir la Chine. Pratiquant la licence depuis le début des années 90, Hollywood Chewing Gum appose sa griffe sur des articles de papeterie, lunettes de soleil, etc. La jeunesse, toujours...
La famille Kraft Jacobs Suchard (KJS)
Kraft Jacobs Suchard détient 80% du marché français du chewing-gum. Depuis la loi de 1986 qui autorise l'utilisation des édulco-rants en dehors des pharmacies, Hollywood a pu élargir sa gamme avec Hollywood Light en 1986. Ce dernier devient Hollywood sans sucre en 1995. La gamme Hollywood Chewing Gum comporte 9 parfums sous forme de tablettes et 3 sous forme de dragées. Sans compter les goûts de l'année (fruits de saison, cola, etc). Dans le portefeuille de marques du groupe, on trouve également :
• Tonigum, premier chewing-gum sans sucre au xylitol et au calcium qui aide à fortifier l'émail des dents lancé en 1992 pour concurrencer l'américain Wrigley's présent en France depuis 1987 avec ses marques Extra (abandonnée en 1997) et Freedent
• Stimorol, marque danoise de dragées, commercialisée par KJS, est destinée plus particulièrement aux adultes
• Malabar, bubble-gum pour les jeunes et vendu à 500 millions d'exemplaires tous les ans !
Hollywood en chiffres
• 67% des moins de 25 ans consomment du chewing-gum au moins une fois par semaine
• les 10-24 ans représentent 56% de la consommation totale de chewing-gum
• 94% des consommateurs de chewing-gum ont moins de 50 ans
•Hollywood, vendu dans plus de 200 000 points de vente, détient, en France, 66% de parts de marché dans le chewing-gum dont 59% pour les chewing-gum sucrés et 7% pour les sans sucre (panels 96).
(articles de source prodi marques)