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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
5848 articles
Qui ne connaît pas les Tupperware, ces récipients en plastique aux multiples usages ? Si les produits de cette marque sont aujourd’hui dans toutes les cuisines, on ignore souvent qu’ils portent le nom de leur inventeur, l’Américain Earl Silas Tupper.
Ces récipients de conservation, réchauffage et cuisson des aliments ont connu un tel succès auprès des ménagères du monde entier que leur marque est même devenue un nom commun pour désigner les boîtes en plastiquehermétiques.
L'invention du Tupperware
On doit l’invention du tupperware à l’ingéniosité de l’ingénieur et chimiste américain Earl Tupper. C'est au sein de la société Du Pont de Nemours que l'Américain a commencé à travailler sur le polyéthylène (une résine thermoplastique bon marché qui est aujourd’hui la forme plastique la plus répandue au monde).
A partir de ce nouveau matériau, il met au point de petits bols en plastique hermétiques destinés à "faciliter le travail des femmes". Il crée la Tupper Plastics Company en 1939 à Orlando, en Floride et commence à commercialiser ses produits en 1946.
C’est également en 1946 qu’Earl Tupper met au point le produit phare de la marque : "Le Bol Merveilleux". Il s’agit d’un récipient hermétique et étanche au couvercle malléable servant à la conservation des aliments.
A l’époque, le réfrigérateur vient tout juste de faire son entrée dans les foyers américains. Pourtant, l'accueil du public est très mitigé et les ventes des premiers Tupperware ne décollent pas.
Les réunions Tupperware
Les tupperware vont prendre leur essor à la fin des années 1940 grâce à un nouveau système de démonstration et de vente à domicile : la "Tupperware party" ou "réunion Tupperware" en français.
En 1948, Brownie Wise, une vendeuse en porte-à-porte, convainc Earl Tupper de changer de mode de distribution et de lancer les fameuses "Tupperware home parties".
Dès lors, des vendeuses viennent vanter les avantages des petites boîtes en plastique de M. Tupper auprès de la maîtresse de maison et de ses amies et le succès est au rendez-vous !
Trois ans plus tard, ce système fonctionne si bien que la marque décide de retirer ses produits des magasins pour se concentrer sur cette seule méthode de vente.
Afin de fidéliser ses clientes et d'étendre sa clientèle, la marque invente aussi un système de récompense : les "hôtesses" qui accueillent une démonstration reçoivent des cadeaux selon le montant des ventes effectuées par la présentatrice de la marque.
Dès 1958, l’empire d’Earl Tupper est évalué à 16 millions de dollars.
Le tupperware de nos jours
Depuis plus de 60 ans, le succès des Tupperware ne s’est jamais démenti. Non seulement les boîtes hermétiques figurent toujours dans le réfrigérateur et les placards de la ménagère, mais elles permettent désormais le réchauffage ou la cuisson au four à micro ondes et le service.
Remis au goût du jour, ces ingénieux récipients arborent des couleurs flashy, et présentent des formes et des usages sans cesse plus nombreux : bacs à glaçons, moules à gâteaux, plats de cuisson…
En 2003, la Tupperware Corporation vendait ses produits dans plus de 100 pays et a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 1,1 milliard de dollars.
En 1954 on ne recevait pas les cocottes au Salon !
En 1953 Seb (Société d’Emboutissage de Bourgogne)lance la Super Cocotte en aluminium embouti.1954 : la cocotte est inerdite d'entrée au 23ème Salon des Arts Ménagers au Grand Palais. A cette occasion son inventeur, Frédéric Lescurese fend d'un poeme : "Je suis une pauvre Cocotte. Le Salon m'a fermé ses portes. Pourtant je suis sûre et fidèle. Et puis, de beaucoup, la plus Belle ..."
La sécurité, c’est ce qu’apportent l'invention Des frères Lescure aux ménagères. Le fond de la cocotte n’est plus soudé, mais la cuve est emboutie, et donc d’un seul tenant. Le système de fermeture de la cocotte est également nouveau: un étrier placé sur le couvercle vient s’encastrer dans les deux oreillons de la cocotte et se ferme par serrage. Si la vapeur augmente parce que les soupapes sont obstruées, l’étrier se dilate et laisse échapper la vapeur le long des parois, sans risquer de brûler l’utilisateur. L’année de son lancement, la Super Cocotte se vend à 150 000 exemplaires. Les générations suivantes, en aluminium, en inox puis en acier émaillé, connaîtront un succès grandissant. Seb a vendu plus cinquante cinq millions de cocotte !
Eugène Schueller (1881-1957) a créé le groupe L'Oréal en 1907 etabsorbé Monsavon en 1928. Le shampoing Dop arrive en 1934. (Schueller est par ailleurs aussi l'un des principaux financiers de La Cagoule, Organisation secrète d'action révolutionnaire nationale, un groupe d'extrême droite actif dans les années 1930) A sa naissance en 1934 Dop est un shampooing en poudre, 1949 voit le lancement de "Dop crème" vendu en tube et de "Dop huile". Les années cinquante verront l'arrivée des fameux berlingots a destination des enfants. Dès 1952 la marque s'est 'installée comme shampooing de référence des Français, avec son credo : propreté et beauté pour tous. "Dites aux gens qu'ils sont dégoûtants, qu'ils ne sentent pas bon et qu'ils ne sont pas beaux",voila le brief du fondateur de L'Oréal, Eugène Schueller, à ses publicitaires. En 1950, Dop lance sa première offensive publicitaire en utilisant pour la première fois les autobus parisiens comme supports. Eugène Schueller veut occuper l'espace : chansons publicitaires, radio, cinéma, presse, affichage, rien n'est laissé au hasard. Il a recours au media le plus populaire de l'époque, la radio.
François Clauteaux, directeur de la publicité, décide de s'adresser aux enfantset développe une promotion de type didactique. En 1952 il lance, en collaboration avec Monsavon, "La journée des enfants propres". Les représentants de la marque offrent aux enfants shampooings et savonnettes, l'instituteur explique pourquoi il faut être propre. La campagne est déclinée sous de multiples formes "concours de mousse", "jeu de la toilette", "Rallye de la propreté" des manifestations qui rassemblent 30 000 personnes à Calais et 50 000 à Bruxelles.
Europe 1, nait en 1955, Dop va sponsorisé des émissions de Jacques Antoineanimées par Pierre Bellemare. Coté cinéma Schueller occupe le terrain avec des films publicitaires didactiques, pour eux il va créer une star enfant, le propre fils de son directeur de la publicité. Rodolphe Cloteaux a cinq ans, il sera à partir de 1952 et pour six années la vedette de ces films, et une véritable star qui devra souvent être protégé par un service de sécurité de l'enthousiasme de ses fans.
Cadum organise la première élection du bébé Cadum en 1924,le lauréat doit être "un bébé rondelet, gracieux, et d'un joli teint rosé". Dans les années 30, plus d’un Français sur deux se lave avec le savon Cadum !Après la seconde guerre Cadum reste fidèle a son concept et revendique a travers son célèbre slogan la douceur de son savon qui fait la "peau douce comme une peau de bébé". le bébé Cadum est devenu l'image du baby-boom
Après plusieurs restructurations,la mise en place d’un plan de reprise de l’entreprise par ses salariés, le rachat de l'allemand Krups, C'est le groupe italien El.Fi qui prend les commandes de Moulinex, pour finalemnt déposer le bilan en 2001. En 2002 Moulinex et Krups sont intégrés dans le groupe SEB.
Menier,Une dynastie sous l'empire de la tablette
De l'officine à la grande consommation...Cinq générations de la famille Menier ont construit un empire autour de la première tablette de chocolat. Et ce, de la monarchie de Juillet à l'aube de la Cinquième République. Grâce à Nestlé, le site de Noisiel, berceau de cette histoire, retrouve aujourd'hui une seconde vie.
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Mûrier, Mercier, Merien, Meiner, Niémen, Nemier... Cette liste non exhaustive de noms de chocolatiers qui entendaient imiter le chocolat Menier témoigne de l'aura de la marque, première chocolaterie au monde en 1893. Cet assaut de contrefaçons, "privilège" des grands, qui a d'ailleurs donné le ton à la publicité Menier, n'ébranlera jamais l'empire Menier.
Peut-on rêver plus belle alchimie qu'au sein de cette entreprise, où trois générations se sont transmises l'esprit pionnier pour le conjuguer à tous les temps et à toutes les modes ? Fil d'Ariane de l'histoire de Menier : l'innovation.
Une tablette est née
Apprécié des élites depuis le dix-septième siècle et célébré notamment par la marquise de Sévigné, le chocolat est consommé sous forme de boisson chocolatée et comme confiserie de luxe. Mais fabriqué essentiellement dans les officines, il est surtout utilisé pour atténuer l'amertume de certains médicaments et faire ainsi "passer la pilule". 1836 : la première tablette de chocolat vient révolutionner les habitudes de consommation.
Jean-Antoine-Brutus Menier, fondateur de la dynastie, fait doublement oeuvre de pionnier. Il invente le chocolat sous la forme de tablettes de six barres semi-cylindriques et les habille du fameux papier jaune, signant l'acte de naissance de la marque de fabrique. De fait, cet emballage reproduit en fac similé la signature de Jean-Antoine-Brutus Menier et les médailles d'or et d'argent remportées lors des expositions.
Il met ainsi en place les premiers éléments de marque puisque les médailles valident la production, garantissent la qualité du produit et permettent de le distinguer de la contrefaçon. Le fondateur justifie sa marque de fabrique "pour empêcher qu'on imitât, comme on l'a fait souvent, nos enveloppes, nos étiquettes et nos numéros". Une première puisque la propriété des marques de fabrique ne sera définie que par les lois du 23 juin 1837 et du 27 juin 1857.
Cela fait déjà dix ans que Jean-Antoine-Brutus Menier, à l'origine fabricant de poudres pharmaceutiques, s'est lancé dans la production de chocolat, ce grâce à l'acquisition, en 1825, d'un ancien moulin à blé sur la Marne, à Noisiel. Reste que sa "fabrique de poudres et farines à l'usage des droguistes" n'accorde qu'une place secondaire à la production de chocolat, en raison "des difficultés d'approvisionnement en sucre et en cacao (1). À sa mort, en 1853, la production atteint 4000 kg.
Révolution de la production
De 1867 à 1881, "en l'espace d'une décennie, l'usine des bords de Marne devient le cœur productif d'un empire agro-alimentaire qui s'étend du Nicaragua aux rives de la Tamise (2). En digne héritier, Emile-Justin Menier, qui succède à son père à vingt-sept ans, va faire entrer le chocolat dans l'ère de la production et de la consommation de masse. Il est, en France, le véritable "père" du chocolat. Avec lui, l'usine de Noisiel abandonne l'activité pharmaceutique en 1863 pour se consacrer exclusivement à la fabrication de chocolat. C'est l'une des premières en France à être construite et organisée selon un schéma de production rationnelle (3). Dès 1832, la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale qualifiait l'usine de Noisiel d'"Etablissement unique en son genre".
Une "usine-modèle" qui emploie 50 ouvriers en 1856, et... plus de 2000 en 1874
Unique sur le plan de l'organisation du travail, du choix des machines et des procédés utilisés. Pendant plus de vingt-cinq ans, Jean-Antoine Brutus Menier bénéficie de la compétence de Henri-Pierre-François Antiq, un mécanicien. Ses machines vont assurer le succès de la marque : uniformité du produit, hygiène et sécurité. Avec Emile-Justin Menier, l'usine est plus que jamais un champ d'expérimentation des techniques de pointe (machine à vapeur, turbine, machine frigorifique). Il s'attache les compétences d'un des meilleurs hydrauliciens, Louis-Dominique Girard et confie par ailleurs à Charles Tellier, le spécialiste du froid industriel, le soin de mettre au point une machine à fabriquer le froid artificiellement. Grâce à un système de circulation d'eau froide dans des galeries sous-terraines, les moules garderont une température de 12°. Corrolaire de la révolution technologique : l'ordre de la production.
Emile-Justin Menier, le fils du fondateur et véritable "père" du chocolat. Maire de Noisiel en 1871, député de Seine et Marne en 1876, il est ardent républicain.
"Du triage des fèves au pliage des tablettes, le cycle de fabrication est décomposé en une série d'opérations traitées dans des ateliers spécialisés dont la distribution visant à limiter et à réguler la circulation des hommes et des flux de marchandises se double de la recherche d'une parfaite adéquation entre le cadre bâti et le processus de production (2). Construits le long de la Marne, tous les bâtiments sont conçus pour s'adapter aux étapes de la production. L'espace n'échappe pas aux exigences d'une mécanisation accrue, mais -autre particularité de la Maison Menier- l'architecture du site n'a sacrifié ni l'innovation ni l'esthétique.
Une architecture pionnière
On doit ainsi à Jules Saulnier la construction, entre 1865 et 1872, sur le site du moulin médiéval, du premier bâtiment à structure métallique porteuse : les briques vernissées et les céramiques des murs extérieurs ne font donc office que de remplissage, tandis que le dernier étage est un plancher suspendu, ce qui en fait... "l'ancêtre" des gratte-ciels. Tout le bâtiment étant dédié au chocolat et à Menier, on retrouve partout le monogramme "M" ainsi que la fleur et les cabosses de cacao.
Le fameux moulin de Noisiel, édifice révolutionnaire construit en 1870 et rénové par Nestlé-France
Inscrit à l'inventaire du patrimoine en 1986, le Moulin de Noisiel est classé monument historique depuis 1992. Autre pari de l'audace architecturale : la "cathédrale" (puisque sanctuaire du chocolat), construite sur l'île entre 1906 et 1908 par Stephen Sauvestre, premier collaborateur pour la construction de la Tour Eiffel et également architecte des hôtels particuliers de la famille Menier.
La "nouvelle chocolaterie", l'un des premiers édifices réalisés en béton armé, abrite les mélangeuses ultra-modernes et les deux "salles des colonnes" (de 500 mètres carrés chacune) au rez-de-chaussée, où les ouvriers réceptionnent le cacao broyé. Autre record pour l'époque : Pont Hardi qui, avec ses 44,5 mètres de portée, relie la "cathédrale" aux ateliers de la rive gauche.
Du Nicaragua à la Tamise... l'Empire Menier
Dans le domaine de l'industrie chocolatière, Menier est l'unique exemple d'une intégration totale : c'est, avant l'heure, une multinationale qui contrôle toute la chaîne du cacao, depuis la récolte de la matière première, jusqu'à la distribution des tablettes de chocolat auprès des détaillants. Acquis aux vertus du libre-échange, Emile-Justin Menier fait du monde, bien avant l'heure, un "village planétaire" : dès 1862, il possède des plantations de cacaoyers au Nicaragua.
Objectif avoué : contrôler la matière première en se prémunissant des variations de cours. Un choix géographique qui n'est pas étranger au projet de percement du canal interocéanique, réalisé vingt ans plus tard à... Panama.
Affiche prévue en arabe pour les comptoirs du Maghreb, mais jamais exploitée
Planteur, Menier devient aussi armateur et acquiert sa flotte de navires marchands qui porteront les noms des Menier ou du site de Noisiel. Parmi ces navires, le célèbre Belem, aujourd'hui propriété de la Caisse d'Epargne, vient de fêter ses cent ans. Emile-Justin se fait également producteur de sucre et achète en 1866 une raffinerie dans la Somme, puis en Seine-et-Marne. Last but not least, Menier plante ses couleurs à Londres où il acquiert une usine en 1870 et à New-York en y ouvrant un entrepôt la même année.
La troisième génération sur les traces des fondateurs
1881 : à la mort d'Emile-Justin, la troisième génération des Menier entre en scène avec trois frères, Henri (28 ans), Gaston (26 ans) et Albert. On lui doit les cinq cents mètres de quais de débarquement terminés par une rampe de tirage et équipés de grues de transbordement, la construction de magasins de trois mille mètres carrés et, surtout, la réalisation, en 1881 par Henri, d'un des voeux les plus chers d'Emile-Justin : un chemin de fer privé, reliant directement Noisiel à la gare de l'Est.
1905 : Menier fait appel au dessinateur Jacob
Henri, l'industriel, installe en 1882 un nouveau système qui améliore le refroidissement des tablettes de chocolat avant le démoulage. Au début du vingtième siècle, Henri et Gaston changent les flux d'approvisionnement en matière première, ce en tenant compte de la nouvelle géographie des zones productives : le cacao vient également du Cameroun et de Côte d'Ivoire et la sucrerie de Roye, face à l'essor sucrier Seine-et-Marnais, est vendue.
Enfin, une peupleraie est plantée le long de la Marne : fabriquées automatiquement dans l'usine au rythme de 1000 par jour, les caisses servent d'emballage aux 4 200 kg de chocolat. De 400 kg en 1850, la production de chocolat passe en effet à 25 000 en 1867, 9 millions en 1880 et 16 millions en 1913. Les effectifs suivent la même courbe : 50 ouvriers en 1856, 325 en 1867 et plus de 2000 en 1874.
L'utopie patronale ou l'ouvrier du berceau à la tombe
Exposition Universelle de 1878 : Menier se voit remettre sept Médailles d'or et un Grand Prix pour "l'excellence de ses produits, non moins que pour l'importance tout à fait exceptionnelle de sa fabrication, et pour la manière philantropique dont il dirige le travail. Son usine de Noisiel peut être citée comme un véritable modèle à tous égards. Le bien-être de l'ouvrier n'y est pas plus négligé que l'adaptation des plus ingénieuses installations en vue du produit à obtenir".
Outre la Grande Médaille d'honneur pour l'usine modèle de Noisiel, Menier recevait une Médaille d'or pour le groupe scolaire de Noisiel et une Médaille d'or pour les habitations ouvrières. Des récompenses qui saluent une politique sociale avant-gardiste qui se trouve engagée dès le Second Empire par Jules Saulnier, entre 1860 et 1863.
Yvonne, la fille de Firmin
Bouisset rendue célèbre par
l'affiche de 1893, apparaît
pour la première et unique fois de face.
Afin de résoudre deux problèmes communs aux entreprises de cette époque -le recrutement et la stabilisation de la main d'oeuvre-, Emile-Justin Menier recourt à une politique de hauts salaires et à la création de structures d'accueil. Aux lendemains de la Commune, en 1871, Emile-Justin Menier, ardent républicain, n'ambitionne pas moins que la réconciliation de la bourgeoisie et la classe ouvrière. "Ce que nous avons maintenant à poursuivre, c'est la prospérité du pays par la sécurité, la sécurité par la liberté et la liberté par la République",déclare alors Emile-Justin. A l'instar des Dollfuss à Mulhouse, des Schneider au Creusot et des Wendel à Forbach, il crée une cité ouvrière à Noisiel. Toutefois, s'inspirant du modèle anglais, suite au voyage Outre-Manche de son fils Gaston, il fait placer les maisons en quinconce.
Un ouvrier a ainsi à sa disposition des laveries, des écoles pour ses enfants, des bibliothèques, restaurants et réfectoires et des soins médicaux gratuits. L'Union de prévoyance, dirigée par les ouvriers eux-mêmes, coiffe une caisse d'épargne et de crédit, une coopérative d'achats -alimentée par la Ferme du Buisson-, une caisse mutuelle de retraite et d'assurance. Ajoutons que depuis 1905, la caisse assure à soixante ans les pensions de retraite constituées par les seuls versements de Menier sans aucune retenue sur les salaires. Faisant également office de comité d'entreprise, cette Union gère de plus une maison de retraite. En 1914, la cité accueille 350 logements. Noisiel fait figure de havre de paix sociale puisque les premières grèves n'éclateront qu'en... 1936.
La Fontaine se prête à la publicité pédagogique
Les images contenues dans les tablettes
de chocolat sont collées dans des albums de collection
Menier invente un concept publicitaire
Si le fil d'Ariane de l'histoire de Menier est l'innovation, cela vaut aussi pour la communication. Le ton est donné par le fondateur, Jean-Antoine-Brutus, qui écrit, en 1839 que "la vogue vraiment extraordinaire dont jouit déjà cet excellent produit atteste qu'un chocolat parfaitement fabriqué, ne contenant pas un atome de farine, et pour lequel nous ferions de grandes dépenses de publicité par la voie des journaux, trouverait partout de nombreux amateurs".
Il va donc figurer parmi les premiers industriels à utiliser les annonces dans les journaux. Principal instrument de promotion : le Catalogue Prix Courant, dont la première édition remonte à 1832. Toutefois, la toute première démarche publicitaire de Menier est la conception même de l'emballage, avec sa signature et ses médailles, gage de l'authenticité du produit face aux velléités d'imitations. D'ailleurs, en 1853, Emile-Justin Menier part à la conquête du pays tout entier grâce à la presse et aux affiches.
Slogan de ses réclames : "Eviter les contrefaçons !". Un prospectus daté du 5 août 1857 informe les détaillants que "dans les annonces, nous prévenons le public que toutes nos tablettes de Chocolat-Menier doivent porter la marque de fabrique". Une exigence martelée au fil des ans, les procès en contrefaçon étant innombrables. En 1871, une autre annonce prévient : "pour éviter les contrefaçons du chocolat Menier, il est indispensable d'exiger les marques de fabrique avec le véritable nom". La troisième génération des Menier met, elle, en place une véritable stratégie publicitaire. Fondée sur la rationalisation de l'image", celle-ci crée entre les différents supports publicitaires et les produits un "air de famille", traduit aujourd'hui par l'expression "ligne graphique". L'image, devenue par la répétition un véritable signe de reconnaissance, fonctionne à la manière des logos actuels. Innovateurs encore, les Menier font placer les affiches le long des voies ferrées, sur les kiosques lumineux, les distributeurs automatiques de friandises dans les gares et le métro, les panneaux mobiles sur les omnibus. Célèbre ambassadrice de la marque : la "petite fille Menier", de Firmin Bouisset en 1892. Une représentation qui répond aux principes édictés par la Maison Menier pour réussir une bonne affiche : "l'extrême simplicité de lignes du dessin, réduction du nombre des personnages à l'unité si possible, réduction du texte à une formule courte, lapidaire et énergique".
La petite fille aux longues nattes -la propre fille, Yvonne, de l'illustrateur Firmin Bouisset- personnalise une marque, ce pour la première fois. Le texte cède la place à un slogan écrit sur le mur, "éviter les contrefaçons", et le fond de l'affiche reprend les couleurs bleu et jaune serin de l'emballage. Figure emblématique de la marque, la petite fille, née sous la plume de Firmin Bouisset, va renaître sous celles d'Edia en 1929, avec des cheveux courts et une silhouette stylisée façon Art Déco, de Pera en 1949 et d'André Roland en 1956. La composition de l'affiche ne varie alors que par la disparition du slogan "Eviter les contrefaçons", la petite fille écrivant "Chocolat-Menier". De fait, l'urgence n'est plus la contrefaçon, mais la concurrence.
Menier sur les premiers pas du Cinquième Art
La première affiche de 1893 donne le coup d'envoi d'une communication de masse : la petite fille couvre les murs des 36 000 communes de France, figure sur les cartes postales, plaques émaillées, vignettes chromo, boîtes-jouets (Menier édite en 1895 un kiosque phonographe à disques de chocolat), puzzles, éventails, calendriers, et cela jusque dans les années vingt.
Le choix de l'enfant prodiguant une leçon de morale dans la réclame n'est pas innocent qui s'inscrit dans la tradition d'alors, celle de la morale républicaine. Vecteur publicitaire, l'enfant devient aussi une cible privilégiée : sur fond de scolarisation croissante, la publicité revêt un aspect pédagogique... L'enfant découpe et colorie des images contenues dans les tablettes de chocolat pour les coller dans des albums de collection. Divers thèmes seront abordés, dont celui, en 1938-1939, de l'univers de Walt Disney, avec la sortie du film "Blanche-Neige et les sept nains", les mêmes personnages étant ensuite exploités pour la publicité sur le lieu de vente (PLV). Dans les années trente, la publicité scolaire prend la forme de colis envoyés aux instituteurs et contenant des protège-cahiers, buvards, albums et images.
Ne négligeant aucun support, Menier salue la naissance du cinéma, aidé par Raoul Grimoin-Sanson qui invente la publicité aux entractes. "Je suppose, par exemple, qu'après avoir projeté une scène quelconque, je fasse apparaître un jeune enfant venant écrire sur un mur "Chocolat-Menier", le public suivrait cela avec infiniment d'intérêt et il s'ensuivrait forcément une réclame d'une valeur sans précédent", écrit-il en 1896. Une idée vite reprise par les Frères Lumière, dont les premiers films, projetés à l'Opéra, sont entrecoupés de réclames Menier. Last but not least, la Maison Menier affiche sa puissance lors des Expositions Universelles. Déployant faste et magnificence, Menier expose à Paris en 1889 un bloc de 250000 tablettes en forme d'un Arc de Triomphe qui représente la production d'une seule journée, soit un poids de 50 tonnes. Trois Grands Prix et cinq Médailles d'or viennent couronner une société qui produit la moitié de la consommation de chocolat de la France.
En 1893, l'usine est consacrée "première chocolaterie du monde" lors de l'Exposition Universelle de Chicago. L'Exposition de Paris de 1900 accueille une gigantesque reproduction grandeur nature de la proue du vaisseau le Triomphant (vaisseau qui transporta la première cargaison de cacao produit dans les Antilles françaises sous le règne de Louis XIV) dans lequel est retracé l'historique de l'entreprise et où l'on décrit la production de chocolat. Menier est également présent au Salon des Arts Ménagers (1930) et à l'Exposition Coloniale (1931).
éventails, calendriers...
la petite fille Menier s'affiche sur tous les objets publicitaires de la marque
Walt Disney inspire la publicité de Menier
Les aléas d'un leadership
Longtemps seul sur son marché, Menier va devoir affronter la concurrence -surtout étrangère-, ce dès le début du siècle. Elle a pour noms Van Houten, Kohler, Lindt, Nestlé. Détentrice de plus de 50% du marché en 1900 avec un seul produit (le chocolat des ménages), la Maison étoffe sa gamme : confiserie fantaisie (croquettes, 1903), confiserie de luxe (Bagatelles, 1910), chocolat au lait (1906), fondants au lait (Lugano, 1913). De fait, le goût du consommateur évolue et fait le succès du chocolat au lait suisse.
Or, "alors que le chocolat au lait est un produit raffiné aux exigences techniques particulières, on le fabrique chez Menier comme s'il s'agissait d'un chocolat courant auquel on aurait rajouté du lait (1). Menier riposte tardivement à l'offensive suisse, quand Gaston, alors seul maître à bord depuis la mort de son frère Henri en 1913, lance dans les années vingt des variétés au lait : Rialta et Jolta en 1924, Marna en 1926, Malakoff et le fondant au lait en 1930. Gaston meurt en 1934 et l'entreprise poursuit avec les héritiers (son fils Jacques et ses petits-enfants Antoine et Hubert) une stratégie de volume sur le seul segment des chocolats à cuire.
Les années 20 sont celles de la diversification
Au début des années cinquante, Menier demeure leader de son marché avec 18%. Malgré une tentative de redressement amorcée en avril 1954 avec l'entrée en force du marketing, trois plans de modernisation des équipements ont raison des effectifs, qui chutent de 1 600 en 1954 à 270 en 1961. Un an plus tôt, Menier a été racheté par Cacao Barry (après le décès, en 1959, de Hubert-Jacques-Georges Menier, représentant de la cinquième génération), avant de passer dans les mains du groupe Perrier en 1965, puis dans celles de Rowntree en 1975. Enfin, en 1988, Nestlé rachète Rowntree et trouve dans la corbeille l'usine de Noisiel. C'est ce site historique que Nestlé France a choisi -et restauré- pour regrouper, depuis le 2 janvier, ses six sièges sociaux. Ou quand le groupe fond pour le temple du chocolat...
La petite fille de 1990... tradition oblige.
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(1) "Du cacao au chocolat; la maison Menier ou l'histoire d'une concentration verticale presque parfaite". 1825-1939. Catherine Jarrige, mémoire de maîtrise d'histoire, Université de Paris-Sorbonne Paris IV, 1992.
(2) Noisiel, La chocolaterie Menier, L'Inventaire, Images du patrimoine, 1994.
(3) Un capitalisme idéal, Bernard Marrey, Editions Clancier-Guénaud.
Mars, de l'or en barre
Mars, ou comment une simple pâte à base de lait, de sucre et d’orge recouverte d’une couche de caramel, le tout enrobé d’une fine couche de chocolat au lait est devenue la première barre chocolatée mondiale et l’un des premiers produits nomades dans l’univers de la confiserie.
Franck C. Mars ne reçut jamais le moindre soutien des banques et fit de l’autofinancement une règle d’or, condition de sa liberté de créer.
Celle-ci est, aujourd’hui, au nombre des cinq principes du groupe.
Franck C. Mars, 1883-1934
C’est une planète pour certains, le dieu de la guerre pour d’autres, une confiserie pour tous. Qui suis-je ?... Mars,bien sûr ! Au reste, Mars - la confiserie -, peut avoir les trois sens pour les mêmes personnes ! La planète du plaisir au sein de laquelle trône le dieu Mars, célèbre barre chocolatée dégustée dix millions de fois par jour dans une centaine de pays. Mars, c’est d’abord le patronyme d’une famille aux commandes de la société du même nom depuis quatre générations, société - cas rare dans l’univers des multinationales -, non côtée en Bourse.
1929 - Franck Mars ouvre une usine ultramoderne à Chicago
S’il revient à la deuxième génération d’inscrire la marque au firmament des réussites industrielles et commerciales exemplaires, et à la troisième de conquérir le monde, la première génération peut se glorifier d’être à l’origine d’une recette promise à un beau succès
La voie lactée
Franck C. Mars n’a pas vingt ans quand, vendeur de bonbons, il ouvre, en 1902, une confiserie à Minneapolis. Il peut ainsi proposer aux enfants - des prescripteurs loin de sommeiller ! -, mais également aux adultes, les recettes qu’il apprit à confectionner avec sa mère dans la cuisine familiale, quand, victime de la poliomyélite, il ne pouvait fréquenter l’école. Malgré des années d’acharnement, le succès n’est pas au rendez-vous. L’année 1910 est à marquer d’une pierre noire puisqu’il fait faillite - la première -, et Ethel, sa femme et son soutien des premières années, le quitte avec leur fils unique, Forrest alors âgé de six ans, pour le Canada.
Incarnation de l’entrepreneur américain apte à rebondir, Franck C. Mars se remarie et crée une nouvelle confiserie dans le Nord-Ouest des Etats-Unis. Une deuxième faillite ne le dissuade pas d’ouvrir en 1911 une troisième confiserie, à Tacoma (Etat de Washington), dans sa... cuisine ! Il commercialise alors des bonbons à la crème de beurre.
L’entreprise sera vouée au même funeste destin. De retour à Minneapolis, il s’entête en créant, en 1920, une quatrième confiserie. Entrepreneur pour le moins... entreprenant, Franck C. Mars ne reçu jamais le moindre soutien des banques et fit de l’autofinancement une règle d’or, condition de sa liberté de créer. Celle-ci est, aujourd’hui, au nombre des cinq principes du groupe(1).
Les cieux deviennent plus cléments quand l’invention d’une crème à base de lait, de nougat, de caramel et de chocolat rencontre la faveur des gourmands. Les ventes de Mar-O-Bar Co, nom de son entreprise, décollent. La chance lui sourit de nouveau quand son fils Forrest renoue les liens familiaux.
Forrest Mars 1904-1995
Abandonnant son ambition de devenir ingénieur des Mines, il rejoint l’entreprise de son père. Suivant parallèlement une formation au monde des affaires à la Yale University dont il sortira diplômé en 1928, il a son premier coup de génie en 1923 quand il suggère à son père de vendre sa crème en barre individuelle, comme les cigarettes ! Ou à l’instar de ces fameures barres sucrées apparues au début du siècle à Philadelphie, Boston et New York et popularisées par l’armée américaine durant la Première Guerre mondiale.
Son nom ? Milky Way. Une barre de nougat recouverte d’une couche de caramel puis de chocolat procure la même saveur qu’un milk-shake et peut être consommée plus facilement et en toute occasion. En somme, un produit nomade et adapté aux moments de consommation, deux concepts marketing à la mode... aujourd’hui !
Le succès de la barre Milky Way estimmédiat et permet à la société Mars Candies d’ouvrir en 1929 - en pleine crise économique -, une usine à Chicago, centre névralgique grâce aux chemins de fer du Midwest.
Au reste, son produit, nutritif, savoureux et économique répond par ses qualités aux attentes des consommateurs.
Sur leur lancée, Franck et Forrest Mars créent en 1932 deux autres barres qui rejoindront, elles aussi, le panthéon des succès : Snickers et (3) Musketeers. Cette dernière marque, "Trois mousquetaires", est aujourd’hui le nom de la barre Mars aux Etats-Unis.
1932 - Forrest Mars crée la barre Mars et l’introduit en Angleterre
La Grande-Bretagne, berceau de la barre Mars
Voulant conquérir le monde quand son père entend se limiter aux Etats-Unis, Forrest Mars souhaite voler de ses propres ailes.
Fort d’un petit pécule de 50 000 dollars donné par son père, il met le cap sur l’Europe. Après un passage en France puis en Allemagne,il s’installe en Suisse pour - veille commerciale et technologique avant l’heure ! -, enrichir ses compétences chez Tobler et Nestlé, deux des plus grands chocolatiers. Mais c’est à Slough, petite ville près de Londres, qu’accompagné de sa femme et de son fils nouveau-né Forrest Jr., il décide de fonder son entreprise de confiserie. Pari audacieux dans un marché dominé par Cadbury, Fry et Roowntree. Pour autant, Forrest Mars le relève en lançant un produit qui tranche avec les traditionnelles plaquettes de chocolat : la barre Milky Way, adaptée au goût des Britanniques sera plus sucrée que la recette américaine. Le fameux "Act local before think global" avant l’heure ! Ce nouveau produit, baptisé "barre Mars" en juin 1932, commercialisé comme Milky Way, en pleine crise économique, colle parfaitement aux besoins des consommateurs en quête de produits nourissants, économiques et agréables au palais.
La première barre Mars est fabriquée à la main, en août 1932. Quatre mois après la création, le 17 mai 1932, de la Mars Confectionery Ltd, plus de 100 personnes travaillent dans l’entreprise dont la production atteint 2 millions de barres à la fin de l’année 1932. Technique de vente pour le moins originale : les vendeurs collent des affiches sur les vitrines des boutiques et certains sont chargés de donner une guinée à tout détaillant exposant trois boîtes de produits Mars près de la caisse enregistreuse. Forrest Mars pressent déjà que le marché de la confiserie repose sur l’achat d’impulsion. Des concours d’expositions de vitrines sont même organisés pour fidéliser les commerçants ! On ne parle pas encore de marketing événementiel quand, pour célébrer le couronnement du roi George V, un jeu de 25 cartes est donné avec les barres Mars. Une opération similaire est organisée pour commémorer le lancement du paquebot Queen Mary.
La barre Mars est commercialisée
comme Milky Way, en pleine crise
économique...
Sur le plan de la communication, Forrest Mars met alors en avant les valeurs nutritionnelles et gustatives de la barre Mars comme l’attestent les réclames "Packed with Nourishment", "Mars for Energy" et "Grand Food – Grand Flavour". Les premières pages de l’histoire de la barre Mars s’écrivent(2) quand Frank Mars décède en 1934. Léguée à sa seconde épouse, la société Mars Candies poursuit son développement. Elle est ainsi la première à lancer, en 1939, un produit dérivé d’une émission de radio "Dr.IQ" et de sa version télévisée qu’elle sponsorise : la barre est baptisée Dr.IQ Bar. L’année suivante, Forrest Mars quitte l’Europe en guerre pour rentrer aux Etats-Unis avec sa famille qui s’est agrandie avec la naissance de son deuxième fils John et de sa fille Jacquie.
Ayant confié tous ses intérêts à ses associés britanniques, il repart de zéro et fonde dans le New Jersey, avec Bruce Murrie, le fils du président de Hershey, le principal concurrent de Mars(3), la société M&M’s (Mars & Murrie) Chocolate Candies. Le destin lui sourit de nouveau et prend la forme de bonbons ronds chocolatés enrobés de sucre multicolore(4), comme les Smarties créés en 1937 par Rowntree. L’idée lui serait venue en observant le chocolat fondre durant les mois d’été, rendant ainsi son transport difficile et sa commercialisation erratique. On raconte également que c’est en observant, durant la guerre civile espagnole, les soldats manger une mixture protégée du soleil par une coque de sucre dur que le concept serait né. Pourquoi ne pas enrober de sucre un bonbon dont le cœur, en chocolat, fondrait dans la bouche mais pas dans la main ni dans la poche ? Le slogan "fond dans la bouche, pas dans la main" est tout trouvé et, à l’instar des barres Milky Way et Mars, les bonbons M & M’s connaissent un succès fulgurant. Afin d’éviter les confusions avec de pâles imitations, la lettre "M" sera imprimée sur chaque bonbon. Vendus au début dans un tube, les M&M’s, comme les barres Mars, accompagneront les GI’s durant la Seconde Guerre mondiale.
Durant cette sombre période, une étude - on ne parle pas encore d’études consommateurs ! -, réalisée à la demande de Mars, révèle que les consommateurs anglais coupentleur barre Mars en petits bouts pour la faire durer plus longtemps ! L’entreprise s’adapte alors aux nouvelles attentes en proposant Mars Fun Size !
1932 - Forrest Mars fonde son entreprise de confiserie à Slough, près de Londres
1944 - Utilisation des premières machines à emballer
Au sortir de la guerre, tournant la page des restrictions, Mars choisit le thème du goût et exprime son nouveau territoire par le slogan "Mars are Marvellous". A la fin des années 1940, Mars entre dans l’ère industrielle avec les premières machines à emballer. A la production de masse doit répondre une consommation, elle aussi de masse : Mars crée le marché de l’impulsion en introduisant le premier étalage en self service et achète en 1955 une entreprise spécialisée dans les distributeurs automatiques. Sur le plan de la communication, Mars est la seule marque de confiserie à utiliser les panneaux publicitaires en 1953, année du couronnement de la reine d’Angleterre, Elisabeth II. Résultat probant : les ventes augmentent de 50 % ! Le petit écran s’ouvre en 1955 : Petula Clark et Richard Murdoch font la promotion de la barre dans les publicités "Stars love Mars". Détournant le proverbe "An apple a day keeps the doctor away", Mars lance en Angleterre, en 1959, le slogan "A Mars a day makes you work, rest and play".
La conquête de l’Europe
Ce n’est qu’en 1964 que Forrest Mars parvient à fusionner ses sociétés avec celle de son père au sein de l’entité Mars, Incorporated5. Deux ans plus tôt, la barre Mars débarque en Europe continentale avec, comme fer de lance, une usine de confiserie à Veghel, aux Pays-Bas. Si les Français découvrent les barres Mars lors du débarquement des GI’s en 1944, elles ne sont vendues que depuis 1951 et commercialisées directement depuis 1962. La barre va changer le mode de consommation du chocolat alors dominé par les tablettes et être à l’origine du rayon confiserie dans les grandes surfaces et les distributeurs automatiques. Mars acquiert très vite la célébrité avec son fameux slogan "Un coup de barre ? Mars, et ça repart" lancé en 1967 sur des dessins animatiques signés Wolinski jusqu’au milieu des années 1970. Signe des temps, ceux qui ne sont plus rythmés par le tryptique "métro, boulot, dodo", Mars choisit un nouveau slogan : "Travail, repos et loisir, un Mars aide à vous soutenir". Depuis 1974, la France accueille à Hagueneau l’usine en charge de la production des confiseries de chocolat - 4 500 000 barres Mars sont produites en 24 h -, et centre d’expertise pour l’Europe.
Si la Grande-Bretagne, marché le plus important de Mars, dispose d’une offre plus large6, la France s’ouvre aux innovations avec les mini barres pour les enfants en 1975, Mars Amande en 1989, Mars miniatures en 1997. Adaptation aux goûts locaux oblige, une nouvelle recette de Mars Classic est lancée en janvier 1998, pour la France et l’Europe du sud, plus légère afin de satisfaire les consommateurs en attente de produits moins satiétants (le cœur de la barre plus aéré) mais le goût unique reste inchangé. Initié en Grande-Bretagne en 1998, le boîtage permanent de mélange baptisé Célébrations arrive en France en 1999. Le concept de la série limitée, lancé en septembre 1999 en Angleterre sous le nom de Dark & Gold, débarque en France l’année suivante avec la première barre de chocolat commercialisée uniquement pendant huit semaines (de fin avril à fin juin) avec un format réduit de 30 % par rapport au Mars Classic : la barre de 35 gr au lieu de 50 gr. vise plus particulièrement les femmes avec une recette plus légère et moins sucrée et un packaging plus féminin. Un concours est organisé auprès de jeunes stylistes pour créer des vêtements, des bijoux ou accessoires sur le thème Noir & Or.
Sur un marché très concurrentiel, Mars multiplie les opérations promotionnelles comme la "Chasse aux barres en or" organisée du 1er juin au 31 août 1999 qui permet de gagner une barre en or (valeur 52 550 francs) ou l’opération baptisée "Les exclusifs Star Academy".
La segmentation est plus que jamais active avec le lancement en 2001 de Mars petites bouchées (5 Little Ones) pour les femmes de 25-35 ans. Afin de couvrir l’ensemble du "snacking sucré", le groupe crée en 2002 la gamme des bisc& (bisc&Mars, bisc&Bounty, etc.), biscuits de poche dont le premier modèle fut lancé en 1999 avec Twix Top.
Les trois piliers de Mars
Depuis le 1er janvier 2001, le groupe Mars réunit en France, Doveurope (glaces), Mars Alimentaire et Unisabi (Petfoods) en une seule entité : Masterfoods. Dans le domaine de la confiserie, le groupe Masterfoods détient également les marques (les dates sont celles du lancement en France) Bounty (1960), Milky Way (1976), Balisto (1986), M & M’s (1987, en remplacement de la marque Treets), Skittles (1990), Snickers (1990),Twix (1991, ex-Raider lancé en 1978,“deux doigts coupe-faim”), Opal Fruits (1993), Dove (1994), Maltesers (1994), Twix Top (2000), Fanfare, Spangles, Banjo, Canyon.
Toujours dans le domaine alimentaire, le groupe Mars c’est aussi Uncle Ben’s,Suzi Wan,Dolmio, Ebly, le café Flavia et Ethel M Chocolates (fabrication de chocolats de luxe créée en 1978 par Forrest Mars en l’honneur de sa mère). Il est également présent dans l’alimentation pour animaux domestiques. L’activité Petfood commercialise les marques Cesar, Canigou, Sheba, Kitekat, Ronron, Pedigree (ex-Pal), Frolic, Whiskas et Royal Canin. L’activité distribution automatique de boissons et de confiserie date de 1973 (avec Klix et Flavia).
Du snack food au snack glacé
Parallèlement à la déclinaison de la barre sous différents formats et à l’entrée dans le territoire du biscuit, Mars, surfant sur la mode du snacking, est l’initiateur du marché des barres glacées (segment des glaces dites "de détente") pour les adolescents, à mi-chemin entre la glace et la confiserie de chocolat. En 1986, Mars, Incorporated, rachète aux Etats-Unis un fabricant de glaces,Dove International, basé à Chicago et connu pour la fabrication de la Dove Bar. Deux ans plus tard, une usine de glaces est inaugurée à Steinbourg en Alsace.
Ce nouveau marché n’échappe pas à la segmentation : les glaces Mars se vendent également en batônnet pour les adultes (1995), en mini barres (1996), en série limitée Noir & Or (2000), en vrac (2001) dans des pôts de 500 ml., glaces dites "à l’américaine" pour attirer les consommateurs plus jeunes et chasser sur les terres d’Häagen-Dazs et Ben & Jerry’s, en mini pots de 100ml.(2003). Opération promotionnelle pour le moins originale, Mars propose en 2003 "le pari givré": il s’agit de parier, jusqu’au 15 août, sur la température qu’il fera le 31 août 2003 à Paris. Si celle-ci est supérieure à 30°C, Masterfoods rembourse les achats de glaces (Mars, Bounty, Snickers, Twix et M&M’s) effectués entre le 15 mai et le 15 août (50 euros maximum par foyer). La température fut de... 19 ° ! L’offre est renouvelée en 2004 avec un remboursement sur la date de la température maximum du jour où l’achat est fait (7).
Rajeunir la marque
Renouant,au cours des années 1990, avec son célèbre slogan, Mars le raccourcit en "Mars et ça repart". Gérard Jugnot inaugure en 1995 un nouveau ton publicitaire sur le thème du retour à la vrai vie avec le film "la retraite au couvent". Barry Muers réalise "l’indien" en 1996, "la vie sur Mars" et le "Cyber" en 1997 : un jeune homme revêt le casque du dernier jeu multimédia à la mode dont le principe est de rattraper une jeune femme affriolante. Il heurte un distributeur automatique et déguste un mars virtuel. Le plaisir incite le jeune homme à revenir à la réalité. Mars, ce n’est plus seulement l’énergie au sens physique du terme mais l’énergie pour la vie. Changement de discours en 2002 : les nouvelles tendances de consommation fondées sur la recherche du plaisir, d’authenticité et de goût conduisent Mars, jusqu’alors barre énergétique, à se repositionner sur le produit plaisir assimilable à un remontant émotionnel. Doté d’un nouveau logo - une typographie plus ronde, un rouge plus lumineux et le doré plus présent toujours sur un fond noir-, Mars adopte le slogan "Que du bonheur". L’agence Callegari Berville Grey met en avant les petits instants de plaisir de la vie quotidienne. Avec pour cible prioritaire les 15-34 ans, Mars(8) abandonne le tout télé pour une stratégie multimedia : à chaque magazine et lieu de consommation,un type de message spécifique.
campagne 2002
Dans les autres pays, la communication est adaptée aux coutumes locales. Depuis la chute du mur de Berlin, Mars plante ses couleurs dans le monde entier : la Pologne et la Russie en 1992, Pékin en 1993, la Hongrie en 1994 parallèlement à un développement en Amérique du Sud et sur les marchés d’Asie et d’Afrique du sud. La famille Mars est toujours aux commandes du groupe. Forrest, surnommé le "Howard Hugues du chocolat" passe le flambeau à ses enfants Forrest Jr., John et Jacquie en 1973(9). Si depuis 1999, année du décès de Forrest à 95 ans, l’entreprise est dirigée par Benno Hoogendorn, le conseil familial constitué des dix enfants de Forrest Jr., John et Jacquie est… à la barre pour "prodiguer ses recommandations aux collaborateurs, au conseil d’administration et aux dirigeants". Famille au demeurant très discrète puisque la star, c’est la marque !
Les moments de consommation
Trois grandes occasions de consommations de produits de confiserie de chocolat, premier marché alimentaire lié à l’achat d’impulsion (70% des achats de confiserie relèvent de l’implusion) :une consommation de grignotage et de plaisir avec les produits “fun”(billes de chocolat),une consommation individuelle ou de partage et nutritive avec le “snack”(barres chocolatées),une consommation pour des occasions spécifiques : le boîtage permanent. L’acte d’achat est guidé par l’occasion de consommation, le format et la marque.Il est fortement stimulé quand le produit est sorti du rayon, en tête de gondole.
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1 - Qualité, responsabilité, mutualité, efficacité, liberté.
2 - En l’espace de dix ans, Forrest Mars pose les trois pliers du groupe. Il achète en 1935 la société Chappel Brothers Ltd qui fabrique des aliments pour chiens à la marque Chappie. Elle sera rebaptisée Petfood Ltd en 1957. Il acquiert en 1942, les droits de fabrication du riz précuit, facile à cuisiner. On doit le brevet du "riz étuvé" à un scientifique britannique qui permet de conserver les qualités nutritives naturelles du riz qui étaient avant perdues au moment de la cuisson. Ce brevet offre également une barrière de protection contre les insectes et permet de stocker le riz plus longtemps sous tous les climats. C’est en 1946 que ce riz sera baptisé "riz étuvé Uncle Ben’s".
3 - Cette association était alors motivée par le fait que durant la Seconde Guerre mondiale, le chocolat était rationné sauf pour Hershey qui fabriquait pour l’armée américaine. L’approvisionnement en chocolat de Hershey était donc garanti pour M&M’s.
4 - En 1954 apparaissent les M&M’s Cacahuète et les personnages.
5 - Mars Confectionery et Pet Food au Royaume Uni,M&M’s Inc. et Uncle Ben’s Inc aux Etats-Unis et Mars Candies, également aux Etats-Unis. Au nombre des produits de confiserie, mentionnons Maltesers en 1936, Spangles en 1948, Bounty en 1951, Treets en 1955, Opal Fruits en 1959. En 1967, Mars acquiert la société Sabi (future Unisabi) basée à Strasbourg et spécialisée dans les aliments pour animaux (Canigou).
6 - C’est le Royaume-Uni qui donne le là en termes d’innovation avec Mars Fun Size (1972), Mars King Size (1985), Mars Snack Size et barre Mars Easter Egg (1988), Celebrations (1998), Mars 5 Little Ones en 2000 pour les femmes ainsi que Mars Big One. Une boisson lactée au goût Mars est lancée en 1990, des glaces à la fin des années 1980 et Mars active energy drink en 1996.
7 - L’achat fait le 25 juin avec une température maximale de 26° donne une réduction de 26 %.
8 - Notoriété assistée de Mars : 96 % des consommateurs connaissent la barre Mars ; notoriété spontanée : un consommateur sur deux cite la barre Mars quand on lui demande de citer une barre de chocolat.
9 - Passionné d’électronique, Forrest Mars crée dans les années 1970 Mars Electronics qui met au point le premier mécanisme de reconnaissance des pièces de monnaie pour les distributeurs automatiques.