Après les guerres et les invasions qui marquèrent la fin du néolithique, une nouvelle explosion démographique s’est produite, peu avant notre ère.
Elle s’explique par la fondation de grands empires : Grèce, Rome, Perse, Chine ou Inde.
La fondation d’un empire implique la construction de voies de communication. Le commerce est à la base des richesses de tous ces empires ce qui incite l’Homme à se sédentariser.
Le niveau de vie s’élève, l’alimentation est meilleure grâce aux échanges et donc cette économie florissante incite les hommes à se reproduire pour fonder des familles.
Vestiges d'une route romaine en Italie. image Steve-Jay
La fondation des grands empires a également provoqué une redistribution des équilibres démographiques de la planète.
Par exemple, le Proche-orient qui jusque là avait été un pôle dynamique voit sa prépondérance diminuer.
Les grandes cités-Etats mésopotamiennes qui s’étaient transformées en centres économiques disparaissent.
De même, les terres trop intensivement exploitées et mal irriguées se sont épuisées et les populations migrent vers des terres plus riches.
C’est surtout l’Inde et dans une moindre importance la Chine qui deviennent les grands centres d’équilibre du globe.
Déséquilibres démographiques
Il y a 2000 ans, les grands foyers de peuplement sont les mêmes qu’aujourd’hui. Ils abritent alors plus de la moitié des êtres humains peuplant la Terre.
40 millions d’hommes habitent en Inde et sont concentrés le long de la vallée du Gange. Aujourd’hui, l’Inde est le 2e pays, après la Chine, le plus peuplé avec pour 2005 une population estimée à 1 058 843 000 et une densité au km² de 322 habitants.
Gange. image Jassmina
A cette époque, la Chine compte également environ 40 millions d’habitants, voire 60 millions selon certains historiens.
C’est encore l’agriculture qui permet à la Chine de coloniser de nouvelles terres. Au IVe et au IIIe millénaire, c’est la culture du millet qui permet de nourrir d’importantes populations.
A partir du Ier millénaire, la culture du riz s’étend mais ne permet pas encore de nourrir d’importants foyers de peuplement.
La Chine du Sud reste peu peuplée d’après les recensements pratiqués sous les Hans (206 av.J.-C. – 220 ap. J.-C.)
C’est l’introduction de la riziculture inondée, au XIe et XIIe siècles qui va entraîner une forte hausse démographique dans cette partie de la Chine.
Rizières en terrasse en Chine. image Ninners
Au Proche-Orient, les guerres et la sécheresse ont ralenti la démographie. On comptabilise environ 30 millions de personnes.
Le chiffre est à peu près identique pour l’Europe.
L’Europe occidentale bénéficie de la paix imposée par Rome. En Gaule, la population est supérieure à 5 millions.
C’est le début des grands défrichements afin de pouvoir cultiver.
Rue de New Delhi. image Rita Willaert
En parallèle, d’autres continents sont très dépeuplés.
L’Afrique ne compte qu’une vingtaine de millions d’hommes. Depuis, sur ce continent, la démographie a explosé.
Déjà à cette époque, le désert gagnait du terrain dans la zone sahélienne. Des forêts impénétrables occupaient toute la zone équatoriale.
Sahel. image Patotenere
En Afrique, les plus importants foyers se situent tout le long du Nil et sur la côte Méditerranéenne.
Aujourd’hui, le continent africain est le plus touché par la pauvreté. Son explosion démographique n’a fait que renforcer la fracture sociale qui existe entre les pays en voie de développement et les pays les plus industrialisés.
Exposition de Roberto Neumiller "Sahel, l'homme face au désert". image Anonima
L’Amérique fait figure de désert humain avec 14 millions d’individus, installés uniquement sur les territoires mexicains et péruviens actuels.
Il y a aujourd’hui de grandes disparités sur le continent américain. Le Mexique reste fortement peuplé avec 102 944 000 habitants (2005) alors que le Canada ne se situe qu’à la 35e position mondiale.
Si on compare l’importance des territoires, la France semble surpeuplée avec 110 habitants au km² alors qu’il n’y en a que 3 au Canada.
Favela au Brésil. image Natecull
Partout ailleurs, les hommes vivent en petits groupes et survivent grâce à la chasse, la pêche et la cueillette.
C’est le cas en Australie et en Indonésie. Si aujourd’hui l’Indonésie est devenue l’un des continents les plus peuplés avec 216 000 000 personnes environ, l’Australie conserve l’une des densités au km² la plus faible au monde (3 habitants/km² en 2005).
L’origine des ethnies
La répartition de la population mondiale au début de notre ère est due aux grandes vagues de migrations successives à partir du berceau commun qui se situe très probablement en Afrique australe.
On doit aux paléoanthropologues, aux généticiens et aux linguistes une meilleure connaissance des origines des peuples.
La génétique est un apport considérable pour une meilleure connaissance de notre histoire.
Les différentes études menées montrent que les Asiatiques ont des caractères communs avec les Africains, mais plus encore avec les Européens, dont ils se sont séparés plus récemment.
Bain rituel dans le Gange en Inde. image Jackson Lee
Cette notion de « race » est en fait très éloignée de la réalité. En effet, on peut retrouver des caractéristiques génétiques communes dans certains groupes humains.
Par contre, il n’existe pas de caractères héréditaires communs qui pourraient justement définir des « races humaines ».
Les scientifiques utilisent donc le terme d’ethnie qui définit beaucoup plus facilement un ensemble d’hommes qui présentent, quelle que soit leur race, un ensemble de caractères culturels communs.
La tendance mondiale au vieillissement
Le vieillissement de la population a commencé tôt dans les pays développés occidentaux et asiatiques.
Cette tendance est aujourd’hui devenue un phénomène planétaire.
La baisse de la fécondité et l’allongement de l’espérance de vie en sont les causes principales.
Le Nil, source de fertilité. image Luca P
L’âge médian est passé de 23,5 ans en 1950 à 26,4 ans en 1999 ; en 2050, il devrait atteindre 37,8 ans. Quant aux proportions de personnes âgées de moins de 15 ans et de plus de 60 ans, elles étaient, respectivement, de 34 % et de 8 % en 1950, alors qu’elles devraient être de 20 et de 22 % en 2050.
Sahara au Soudan. image Lucio A
La conséquence immédiate est évidente : dans un futur proche, nous connaîtrons une forte baisse de la croissance démographique.
On estime qu’en 2050, l’Europe aura une population de 628 millions d’habitants, contre 729 millions en 2001, et ne représentera plus que 7 % de la population mondiale, au lieu de 12 %.
Autant dire que cela ne va pas améliorer les problèmes de financement des soins et les versements des retraites.
Cette modification aura également des conséquences d’ordre politique. Un corps électoral plus âgé est beaucoup plus sensible aux problèmes et aux dépenses de Santé qu’aux dépenses d’éducation ou d’investissement.
Retour au métissage universel
Qu’on le veuille ou non, une meilleure répartition démographique mondiale deviendra indispensable dans l’avenir et un atout pour la survie de nos sociétés.
Cela impliquera l’acceptation d’un nouveau métissage universel. Cela nous ramène à nos origines car n’oublions pas que nous sommes tous issus du même berceau : l’Afrique.
A quoi ressemblerait le monde si nos ancêtres n’avaient pas migré et ne s’étaient pas mélangés ?