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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
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Le(s) jardin(s) - Le jardin à la Française -

Publié à 08:55 par acoeuretacris Tags : le jardin a la francaise
Le(s) jardin(s) - Le jardin à la Française -

Le premier jardin vraiment «classique», c’est-à-dire celui dont les lignes sont commandées par des rapports géométriques avec celles de la demeure dont il constitue le cadre et la continuation, est la cour du Belvédère, dans le palais du Vatican. Sa conception est de l’architecte Bramante, dont l’art était imprégné par les souvenirs et la présence autour de lui des ruines antiques qui parsemaient Rome. Le projet de Bramante (qui ne fut réalisé qu’en partie) comprenait trois terrasses, dont la plus élevée s’étendait devant une façade formée d’un portique, creusée en son milieu par une abside où s’abritait une loggia. La terrasse médiane devait, dans le projet primitif, être occupée par deux grandes pelouses entourées d’un treillis de roseaux; la terrasse inférieure, fort allongée, servait de carrière pour les carrousels. Les trois plans étaient reliés par des escaliers monumentaux, appliqués transversalement et non selon l’axe principal, et aussi par des pentes latérales. Des statues, généralement des antiques, mais aussi des créations «modernes», ornaient les grottes et les nymphées ménagés dans les murs de soutènement. Ce jardin, véritablement architectural, était destiné à relier deux palais, c’est-à-dire à structurer géométriquement un espace à ciel ouvert.


Cet art du jardin classique, qui naît en Italie, sera acclimaté en France. À vrai dire, les châteaux royaux qu’édifia la Renaissance sur les rives de la Loire eurent des jardins qui ne devaient rien à ceux de Florence ni de Rome. À Blois, par exemple, c’est la tradition des préaux de l’époque antérieure qui survit, mais ils se multiplient en un grand nombre de parterres de broderie. L’impression générale est celle de tapisseries qui auraient été tendues autour du palais. La structure géométrique s’introduit selon une autre voie que dans les jardins italiens, où elle est inséparable du plan en terrasses. L’un des caractères originaux du style français est aussi l’emploi des miroirs d’eau qui, tantôt sont mis à la place de l’un des parterres de broderie, un des rectangles en quoi se répartit l’aire totale du jardin, et tantôt servent d’axe à celle-ci, ou la bordent.

Le premier «jardin à la française» qui mérite ce nom est celui que le surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, fit établir autour de son château de Vaux-le-Vicomte (1656-1661). L’architecte est Louis Le Vau ; il collabore avec un jeune dessinateur, André Le Nôtre, qui deviendra le plus grand «jardinier» de son siècle. Le style qu’ils inventent, ensemble, est une synthèse des éléments français et italiens. Il y a des terrasses et des plans conjoints, comme en Italie, mais les plans sont immenses, la dénivellation entre eux faible, et la perspective issue du château se prolonge par un canal, avant de culminer sur une lointaine statue d’Hercule. L’ensemble donne l’impression d’une clairière, enserrée de toutes parts, mais à distance respectueuse, par un mur de frondaisons. Partout, au moment de la création, il y avait de l’eau qui apportait le mouvement et la vie; comme sur l’allée des Cent-Fontaines à la villa d’Este, des jets d’eau innombrables jaillissent le long de l’allée centrale, formant «une balustrade de cristal» (Mme de Scudéry). Ce jardin, ravissement pour les yeux, était, comme l’était aussi la villa d’Este, le symbole du triomphe de l’Esprit sur la Nature, la scène immense d’un théâtre où se jouaient les allégories.

Le parc de Vaux-le-Vicomte servit à Le Nôtre d’exercice pour Versailles, qui reste l’exemple le plus achevé du style «français»: un immense opéra de verdure, de marbre et de bronze, animé par les eaux. La mythologie triomphe, comme jadis dans le jardin romain. Dans le Versailles de Louis XIV existaient aussi des automates, aujourd’hui disparus: un arbre de bronze aux feuilles de fer, d’où s’échappaient des fontaines; deux buffets de marbre semblaient offrir au visiteur des verres, des carafes, qui n’étaient que des jets d’eau de formes imprévues. Mais ces bizarreries, héritées, à travers les âges, de Byzance, voire de Babylone, ne comptent guère à côté de l’architecture du jardin, conçu comme une merveilleuse clairière dans une forêt touffue. Il passe, dans ce style, le souvenir des grands parcs de chasse, des chevauchées qui rabattaient le cerf vers le château, des étangs où l’animal poursuivi cherchait un refuge inutile. De l’Île-de-France, qui en présente de nombreux exemples, ce style a essaimé dans l’Europe entière, de la Suède à l’Autriche, de l’Angleterre ou de l’Espagne à la Bavière. Un parc de l’époque classique est toujours à quelque degré un lieu d’enchantement, où l’art remplace la nature, où l’emprise ingénieuse de l’homme impose sa loi, mais où demeure aussi un sentiment profond de la vie mystérieuse et libre des forêts. Il y avait à Versailles une ménagerie, et l’on a vu comment la «clairière» de Vaux-le-Vicomte était enfermée par les bois.