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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
5848 articles


Monde marin- Calmar géant contre Cachalot

Publié à 15:45 par acoeuretacris Tags : monde marin

 Prédateur de taille gigantesque, le cachalot (Physeter macrocephalus) possède un appétit pantagruélique. Sa quête de nourriture l’entraîne dans de titanesques combats avec le calmar géant.
Après avoir nié leur existence, la communauté scientifique a bien dû admettre l’existence de calmars aux proportions inimaginables. On ne sait d’ailleurs toujours pas où s’arrête la taille du genre Architeuthis.
Par contre, faute de pouvoir les filmer, les cachalots sont de bons auxiliaires pour permettre aux experts d’étudier le calmar géant.

Le calmar géant : invisible et pourtant nombreux

On sait de façon certaine que la population de calmars géants du genre Architeuthis est très importante. Depuis que la chasse au cachalot est réglementée, leur population a fait l’objet d’études précises.
On estime que le menu d’un cachalot est constitué à 80% par l’Architeuthis. Le cachalot peut avaler jusqu’à 200 kilos de nourriture en un seul repas. Par ses quatre repas quotidiens, il avale une pitance journalière de près de 2,5 tonnes pour les plus grands spécimens.
On comprend mieux pourquoi le calmar géant est sa proie favorite.


Squelette d'un cachalot. By Megnat

Pour survivre, la population mondiale doit consommer environ 100 millions de tonnes de calmars par an.
Ce serait donc entre 20 et 30 milliards de calmars qui onduleraient dans l’obscurité des fonds marins.



Sur ce nombre, il y a sûrement plusieurs millions de géants qui pèsent plusieurs tonnes.

Malgré cette impressionnante estimation, nous ne sommes certains de leur existence que depuis la fin du 19e siècle et nous possédons peu de renseignements sur ces créatures.

A la recherche du calmar géant

Malgré la rencontre de l’Alectron avec un calmar géant en 1861, cet animal n’était toujours pas reconnu. Mais depuis, de nombreux calmars ont pu être étudiés.

En 1871, on recueillit le cadavre d’un calmar dont le corps mesurait 4,60 m de long et les bras environ 3 m.

En 1872, on retrouva un calmar échoué à Terre-Neuve. Il possédait encore l’un de ses deux bras préhensiles qui mesurait environ 13 m.

En 1873, toujours à Terre Neuve, quatre pêcheurs ramenèrent un calmar entier qu’ils avaient trouvé agonisant dans leurs filets. Sa longueur totale était de 10 m. C’est ce spécimen qui fut baptisé Architeuthis harveyi.

Jusqu’en 1881, une dizaine de calmars géants s’échouèrent sur les côtes de Terre Neuve. Le plus gros avait un corps de 6 m et des bras préhensiles de 11 m.
A partir de 1881, les échouages cessèrent. On a su depuis que tous les 80-90 ans environ, certaines branches du courant du Labrador changent de direction. Un courant glacial perturbe le métabolisme des calmars qui, affaiblis, s’échouent.
C’est ainsi qu’entre 1964 et 1982, il y eut 15 nouveaux échouages. La prochaine perturbation est programmée entre 2040 et 2060.

En février 2002, un calmar géant a été découvert au Japon, sur les plages de Kyoto. Il était encore en vie mais pour peu de temps.



En avril 2003, un calmar qualifié de colossal a été repêché dans les eaux de l’Antarctique Ce spécimen de Mesonychoteuthis hamiltoni était intact. Cette espèce a été identifiée en 1925 d’après les restes découverts dans l’estomac d’un cachalot.



Le cachalot : un auxiliaire précieux

C’est le Prince Albert Ier de Monaco qui fut l’instigateur d’une étude scientifique sur le rapport proie-prédateur entre le cachalot et le calmar géant. Cette étude débuta en 1895.

Il accompagna les baleiniers qui chassaient le cachalot et obtint l’autorisation de faire examiner le contenu des estomacs et intestins de nombreux spécimens.
Les précieuses reliques furent analysées par le Professeur Louis Joubin, célèbre zoologiste de l’époque.

Voilà ce qu’il trouva notamment :

Plusieurs bras d’un calmar armé, Cucioteuthis ungulata, garnis chacun d’une centaine de griffes acérées aussi grosses que celles d’un tigre
Plusieurs spécimens d’Histioteuthis ruppelli, un calmar abyssal au corps couvert d’organes luminescents
Deux nouveaux calmars géants inconnus recouverts d’écailles que l’on baptisa Lipidoteuthis grimaldii en l’honneur du Prince. Les écailles étaient en fait des papilles cornées
Une cinquantaine de becs cornés dépassant les 10 cm de long
La découverte de 5 000 à 7 000 becs de calmars dans l’estomac d’un seul cachalot n’est pas rare.


Un scientifique qui examine le bec du calmar repêché en Antarctique

Un scientifique soviétique compta 28 000 mandibules dans un seul estomac ! Cela signifie que ce cachalot a englouti 14 000 calmars.

Le cachalot : l’ogre des profondeurs

Comment le cachalot fait-il pour capturer dans les profondeurs une telle quantité de calmars ? Ces animaux sont pourtant rapides ; le cachalot, lui, ne dépasse pas les 40 km/h en surface. De plus, un calmar peut fuir dans n’importe quelle direction en quelques secondes.
On imagine mal notre géant se contorsionner dans tous les sens pour attraper sa proie.

Deux théories ont été avancées :

Les dents en ivoire de la mâchoire inférieure du cachalot serviraient de leurres. Dans l’obscurité, l’éclat des dents attirerait les calmars. Le cachalot n’aurait plus qu’à les aspirer. Cela expliquerait que la plupart des calmars soit retrouvés intacts dans les estomacs.

Le cachalot peut émettre des ultra et infrasons. Par écholocation, il repèrerait l’approche d’un banc de calmars. Il bombarderait alors ses proies d’ultrasons. Etourdis, les calmars ne pourraient plus fuir.
Cette deuxième théorie s’appuie sur le fait que des études menées ont prouvé que les cachalots ayant des dents abîmées, voire une mâchoire brisée, se nourrissaient autant que les autres.
De plus, on sait que le cachalot peut émettre des ondes sonores qui créent un champ de haute-pression. Une proie confrontée à une telle pression est temporairement paralysée. Son cerveau peut même exploser si elle est de petite taille.
Il ne reste plus au cachalot qu’à attraper la victime avec ses dents très pointues qui peuvent mesurer jusqu’à 25 cm.

Les dents ne jouent sûrement pas un grand rôle dans la chasse au calmar. Il est plus probable que le cachalot utilise la technique de l’aspirateur. En effet, leurs puissants muscles cervicaux peuvent créer un fort appel d’eau en contractant puis relâchant les voies stomacales. Ce procédé d’aspiration est également utilisé par le narval.

Le cachalot n'a qu'une vue latérale. Il se fie surtout à son ouïe

Combat entre un cachalot et un calmar

Peu de gens ont pu observer en surface un tel combat. En 1887, le Prince Albert Ier de Monaco fut témoin de cet incroyable spectacle.
Alors qu’il faisait route vers les Açores, en plein Atlantique, des projections d’eau attirèrent les marins.
Ils virent un être colossal dont la tête et le corps se dressaient au-dessus de l’eau. Mais, le voilier ne put arriver à temps. Ils ne trouvèrent plus qu’une tête coupée de calmar.

En 1898, des baleiniers purent assister à un autre combat.

« Un énorme cachalot livrait une lutte à mort à un gigantesque calmar, presque aussi gros que lui. Les tentacules l’enlaçaient. Le cachalot avait saisi entre ses mâchoires le tronc du mollusque et essayait de le scier en deux. Les yeux immenses du calmar se détachaient sur la peau livide de la tête.
Les alentours grouillaient de requins qui attendaient l’issue du combat »

Extrait de La croisière du cachalot de Franck Bullen

Si le calmar avait emmailloté la tête du cachalot avec ses tentacules, c’est parce qu’il espérait pouvoir obturer l’évent. Chez les cachalots, l’évent se situe un peu à gauche sur la tête, caractéristique unique chez les cétacés.


Reconstitution d'un combat. By William Hart 2

Quand il « souffle » en refaisant surface, le jet de vapeur est propulsé suivant un angle de 45°. Si cet évent est obstrué, le cachalot peut se noyer donc il préfèrera lâcher prise.

On sait que ce sont les cachalots qui chassent les calmars et non l’inverse. Peut-être que seuls les cachalots sont suffisamment puissants pour venir à bout des calmars géants ? Aucune trace de blessures n’a été retrouvée sur d’autres types de cétacés.
Il est vrai que le cachalot macrocéphale mâle est le géant de la famille. Il peut atteindre 20 m de long pour un poids de 70 tonnes.

Des calmars gigantesques ?

On a retrouvé des cicatrices aussi grosses qu’une soupière. Si on applique une règle de proportionnalité, cela voudrait dire que certains spécimens mesurent entre 45 et 50 m de long !
C’est en tout cas l’avis du Professeur Frederick Aldrich, l’un des meilleurs spécialistes du genre Architeuthis.

La plus grosse cicatrice circulaire trouvée sur la peau d’un cachalot mesurait 45 cm de diamètre. Pour certains, le calmar devait approcher les 66 m.
Difficile d’imaginer un tel monstre !

Certains spécialistes pensent que les géants Architeuthis seraient des animaux pacifiques et lents. Cela est loin d’être évident car les calmars de Humboldt (Dosidicus gigas) se sont montrés dans leur environnement comme des prédateurs agiles et très agressifs.

Deux attaques de calmars contre des hommes ont été authentifiées.

Pour imaginer un calmar géant, il faut penser que son oeil a la taille d'un phare de voiture

L’une s’est déroulée en mars 1941 alors que le Britannia venait d’être coulé par un sous-marin allemand.
Cette tragédie s’est passée en plein Atlantique tropical. A tour de rôle les rescapés montaient sur un petit radeau car six personnes pouvaient y monter en même temps.
Les autres se relayaient dans l’eau. Quelque chose de souple et de glacé vint s’enrouler autour de la jambe de l’un des naufragés entraînant des souffrances atroces.
La bête lâcha prise aussi rapidement qu’elle avait attaqué. L’officier en fut quitte pour de vilaines blessures cutanées. Celles –ci furent examinées et les experts conclurent à une attaque de calmar.
La nuit précédente, un soldat avait été arraché du radeau comme un fétu de paille par un « monstre » inconnu qui l’avait entraîné dans les profondeurs.

L’autre s’est produite en 1992 alors que l’opérateur sous-marin Howard Hall et son assistant avaient décidé de plonger pour filmer les calmars géants sur la côte Pacifique du Mexique. Heureusement, aucun mort ne fut à déplorer.

Nul ne sait combien d’attaques se sont réellement produites.

Malgré toute notre technologie, nous ne savons que bien peu de choses sur les calmars géants qui hantent les profondeurs. Par contre, avec la miniaturisation des caméras, peut-être qu’un jour nous pourrons fixer un équipement spécialisé sur la tête d’un cachalot.

Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de tuer ces superbes prédateurs pour étudier les calmars.
Je vous laisse imaginer la lutte entre ces deux titans que nous pourrions vivre en direct.

Commentaires (1)

Vaea Devatine
Lire l'article publié dans Paris Tribune.fr sur une attaque de calmars géants en août 2010 en Polynésie française http://www.paristribune.fr/Nuit-d-horreur-dans-le-Pacifique-Sud_a3804.html


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