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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
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La fabuleuse histoire... - Alphabet et typographie (2)

Publié à 11:54 par acoeuretacris Tags : ecriture alphabet typographie
La fabuleuse histoire... - Alphabet et typographie (2)

 

Dès sa naissance, la typographie fut un art abouti. Le premier ouvrage imprimé de grande taille, la Bible à quarante-deux lignes dite B 42 de Gutenberg, est aujourd'hui encore considérée, valeur historique mise à part, comme un pur chef d'ouvre esthétique.

 

Quelques grands noms, essentiellement italiens et français, vont dans les premières décennies où le nouvel art va se répandre en Europe, le perfectionner et donner au livre imprimé sa forme actuelle. En matière de choix de caractères, ils vont surtout assurer la prédominance du caractère romain sur le caractère gothique.

 

Le caractère gothique de Gutenberg 
et des proto-imprimeurs

 

Lorsque l'imprimerie apparut, les premiers typographes s'appliquèrent à ne pas bouleverser les habitudes de leur clientèle naturelle : celle des manuscrits. Fort logiquement, ils s'efforcèrent d'imiter le plus fidèlement possible le travail des calligraphes.

 

Ils utilisèrent donc la lettre gothique, dans sa version Textura. Cette écriture monumentale se caractérisait par sa compression verticale, ses brisures, sa rigidité et l'opposition des pleins et des déliés.

 


Bible à 42 lignes de Gutenberg

 

Cependant, comme toute lettre trop « intellectualisée », elle avait le défaut d'être difficile à lire. En effet, dans le gothique chaque caractère individuel tend à perdre sa spécificité, ce qui ralentit bien évidemment l'oil du lecteur.

 

Par ailleurs, et afin d'imiter au mieux les manuscrits, de nombreux signes furent fondus en plus de l'alphabet de 25 lettres (nous sommes à la fin du Moyen Age). Gutenberg pour sa B 42 fondit ainsi 202 caractères différents : dix lettres 'a' plus ou moins large afin d'optimiser la mise en page, de nombreuses abréviations latines dont les copistes abusaient pour faciliter leur travail, des ligatures et des lettres de liaison (groupement plus compact de lettres).

 

L'introduction du romain en Italie :
l'ouvre de Nicolas Jenson

 

La fin du XVe siècle est marquée par la progression de l'humanisme en Europe. Le goût des premiers humanistes pour l'Antiquité, devait donner naissance à un nouveau style calligraphique appelé écriture humanistique qui reposait sur une redécouverte des capitales romaines antiques combinées à l'utilisation d'une version simplifiée de l'écriture caroline pour les minuscules.

 

On doit les premiers essais de caractères romains typographiés aux imprimeurs allemands travaillant en Italie : Conrad Sweynheym et Arnold Pannartz (1465). Ces derniers, fondirent à Subiaco d'abord, puis à Rome ensuite, un caractère romain hybride, encore imprégné de l'esprit gothique.

 


Romain de Subiaco (1465)

 

Les premiers vrais romains nacquirent à Venise. On les doit aux imprimeurs Jean et Wendelin de Spire. Leur dessin fut perfectionné par le français Nicolas Jenson (1470). Son caractère était encore assez lourd, au faible contraste entre pleins et déliés et comportait des empattements assez épais. Malgré leur couleur un peu trop uniforme, ces lettres vénitiennes n'en offraient pas moins un aspect harmonieux et homogène. 

 


Romain de Jenson (1470)

 

A la fin du XIXe siècle, lorsque William Morris décida de recréer un caractère pour combattre les horreurs typographiques de l'ère victorienne, c'est du travail de Jenson qu'il s'inspira ; Jenson est donc vraiment le père de la typographie moderne.

 

 

Vers la fin du XVe siècle, l'imprimerie n'est plus un art de pionniers, mais une véritable industrie. Le XVIe siècle va être marqué par des dynasties d'imprimeurs-éditeurs (Manuce en Italie, Estienne en France) qui vont grandement contribuer à structurer l'industrie naissante et à standardiser le livre typographié.

 

Le perfectionnement du romain : 
Alde Manuce et Claude Garamond

 

Alde Manuce allait parachever le travail de Nicolas Jenson. Imprimeur, éditeur, en bref chef d'entreprise vénitien, cet helléniste curieux et ouvert, parfaite incarnation de l'esprit de ce temps, fit graver un caractère romain tellement abouti, qu'il est encore utilisé de nos jours. Union de la capitale épigraphique romaine et de la calligraphie humanistique, ce caractère fut utilisée pour imprimer le plus illustre des incunables : l'inéstimable Songe de Polyphile (1499).

 


Romain de Manuce (1490)

 

Si on compare ce romain, gravé par Francesco Griffo, à celui de Jenson, les différences semblent de peu d'importance : répartition plus subtile des contrastes entre pleins et déliés, affinement des empattements, hauteur de capitale inférieure à l'extrémité des jambages supérieurs des minuscules. Toutefois, la couleur de la page imprimée en est transformée toute de variété et de luminosité.

 

Pendant ce temps, en Europe, étaient publiés les premiers ouvrages théoriques sur la lettre. Tous ces travaux, qu'ils soient de l'Italien Luca Paccioli, de l'Allemand Albrecht Dürer ou du Français Geoffroy Tory, reposaient sur le recours à la géométrie.


Luca Paccioli, De Divina proportione (1509)

 

Le graveur qui insufla l'esprit de ces théoriciens dans le caractère de Manuce est un français du nom de Claude Garamond (1530). Il grava pour le plus grand imprimeur de ce temps, Henri Estienne, un romain équilibré, d'une très grande lisibilité, un classique de la typographie, qui fit l'objet d'une large diffusion et fut utilisé à travers l'Europe jusqu'à la Révolution française.

 


Romain de Garamond (1530)

 

L'invention de l'italique : Alde Manuce encore

 

Alde Manuce, à qui il faut associer Francesco Griffo, est illustre également à un autre titre : c'est à lui que l'on doit l'italique, caractère penchée inspirée des écritures alors utilisées par la chancellerie pontificale.

 

Ce nouveau caractère fut utilisé par Manuce pour lancer une collection de classiques de petit format destinés aux lettrés souhaitant découvrir un ouvrage sans s'encombrer d'un appareil critique. L'italique convenait parfaitement à cette fin parce qu'elle permettait de gagner de la place mais surtout parce que son élégance le rendait très lisible dans les petits corps.

 

La normalisation typographique

 

Rapidement, le livre imprimé acquit son autonomie par rapport au livre manuscrit. Progressivement, les nombreuses ligatures qui n'avaient plus de raison d'être disparurent des livres typographiés. Les imprimeurs purent ainsi commencer à rationnaliser leur casse.

 

Cette évolution fut accompagnée d'un débat de fond sur les langues nationales et leur transcription. En France, dans les années 1530, Tory mais également Marot, Dolet et Ronsard proposèrent des réformes orthographiques, défendant par exemple l'usage des accents et de la ponctuation. Rapidement, l'orthographe française intégra des règles inspirées des recherches menées par les humanistes italiens à partir de l'étude des langues latine et grecque (les accents viennent par exemple du grec). L'aboutissment de ce mouvement fut la publication par Joachim Du Bellay de l'acte fondateur de la langue française, Défense et illustration de la langue française (1549).

 

Parrallèlement, les métiers se spécialisèrent progressivement. On a vu que Manuce ne gravait pas lui même ses caractères mais avait recourt aux services du talentueux Griffo. De même, Garamond ne nous est connu que pour ses caractères, qu'il gravait pour Estienne ou le Roi lui-même. Cette spécialisation des métiers contribua grandement à uniformiser la typographie européenne.

 

Ainsi, le plus célèbre graveur de caractères français de cette époque après Garamond, Robert Granjon, fondit des caractères pour l'Europe entière. Ce parisien d'origine, travailla longtemps à Lyon, d'où il vendait ses caractères à tous les imprimeurs européens, fut appelé à Anvers par le grand imprimeur Christophe Plantin et finit sa carrière à Rome à la demande de l'imprimerie du Vatican.