Dans les abysses, vivent des prédateurs peu connus : les poissons-dragons. Ces poissons à l’allure terrifiante évoluent à grande profondeur. Cependant, bien que l’on parle communément des habitants des abysses, le vrai désert abyssal ne commence qu’à partir de 4 000 m environ.
Les poissons-dragons évoluent jusqu’à 2 800 m de profondeur environ. Parmi ces poissons au physique peu engageant, les mieux connus sont la hache d’argent, le chauliodus ou l’idiacanthus.
Le super-ordre des Stenopterygii
Les poissons-dragons font partie du super-ordre des Stenopterygii. Ce dernier comprend deux ordres :
Ateleopodiformes
Stomiiformes
L’ordre des Ateleopodiformes comprend une seule famille, les Ateleopodidae et 4 genres :
Ateleopus
Guentherus
Ijimaia
Parateleopus
On connaît actuellement 12 espèces.
L’ordre des Stomiiformes est réparti en deux sous-ordres : Gonostomatoidei et Photichthyoidei.
Très divers et largement répandus, les Stomiiformes (principal ordre de ce groupe) sont des prédateurs peu connus car ils vivent à une profondeur où la pression est très forte.
Il existe 4 familles :
Gonostomatidae
Phosichthyidae
Sternoptychidae
Stomiidae
Ces familles sont réparties en 55 genres et 412 espèces valides.
Portrait des poissons-dragons
Les Stomiiformes possèdent souvent une gueule démesurée, un corps allongé de couleur sombre, ou translucide ou argenté.
La plupart ont de longues dents et une grande bouche afin de saisir des proies de grande taille.
P. Zahl
Malgré leurs noms communs qui nous font penser à quelques monstres marins (grandcroc, dragonu, hache d’argent), ce sont en fait des poissons de petite taille.
Les plus grandes espèces ne dépassent pas 55 cm et les plus petites environ 4 cm.
Ces poissons portent généralement des organes lumineux appelés photophores.
Ces poissons ont une très large répartition. Ils évoluent dans les mers tempérées ou tropicales. Certains atteignent même les mers polaires.
On les trouve à des profondeurs variées. Si on les connaît un peu c’est parce qu’ils remontent la nuit vers la surface et redescendent pendant la journée.
Idiacanthus atlanticus ou poissons-dragon noir possède les caractères typiques des Stomiiformes :
Idiacanthus sp. Paulo de Oliveira
Il reste dans l’obscurité des fonds pendant la journée mais migre la nuit vers des profondeurs moins importantes pour se nourrir.
Le mâle est beaucoup plus petit que la femelle. En effet, un mâle ne mesure que 5 cm contre 53 cm pour la femelle. De plus, il n’a ni dents, ni nageoires pelviennes.
On a répertorié trois espèces d’Idiacanthus :
Idiacanthus antrostomus
Idiacanthus atlanticus
Idiacanthus fasciola
Les organes lumineux de ces poissons servent notamment à piéger les proies en les attirant. C’est également un bon camouflage qui les dissimule face à la faible lumière venant de la surface.
Les photophores attachés à un barbillon mentonnier ou à un rayon d’une nageoire sont des leurres destinés à attirer poissons et crevettes.
Idiacanthus atlanticus. By Carpolena
Du fait de la difficulté d’accès des eaux profondes, on sait peu de choses sur la structure des populations et leur comportement reproductif.
On sait cependant que l’hermaphrodisme est commun. C’est une adaptation à un milieu où les membres de chaque espèce se rencontrent assez rarement.
Les oeufs et les larves dérivent en surface avec le plancton, puis les jeunes descendent en profondeur.
Nous sommes très loin de connaître toutes les espèces qui peuvent peupler les fonds marins. Des milliards de ces poissons vivent dans nos océans.
Chauliodus ou poisson vipère
A ce jour, 9 espèces de poissons vipères sont répertoriées. Réparti dans tout l’océan Atlantique, ce poisson a été observé jusqu’à 2 800 m de profondeur.
Selon les espèces, il mesure de 15 à 25 cm de long. Sa morphologie est typique des Stomiiformes : une gueule démesurée et un long corps effilé.
Son anatomie est plutôt curieuse. En effet, son cœur et la plupart de ses organes vitaux sont placés entre les « branches » de son énorme mandibule inférieure.
Le corps de l’animal ne servirait donc qu’à la fonction digestive.
De fait, ce poisson est capable d’ingurgiter des proies bien plus grosses que lui.
Chauliodus sp. By Carpolena
Cependant, son menu se compose essentiellement de crevettes qu’il happe après les avoir attiré grâce à ses organes bioluminescents disposés le long de ses flancs.
Il en possède environ 350 tout le long du corps.
Il est probable que ces organes lumineux ne servent pas uniquement à attirer les proies. Peut-être qu’ils servent également aux poissons à se reconnaître entre eux, notamment au moment de la reproduction.
Il nous reste encore beaucoup à apprendre sur ces habitants des abysses. Malheureusement, il est fort probable que de nombreuses espèces disparaissent à cause de la pollution avant même que leur existence ne soit connue.