Dominant la vallée de la Seine aux Andelys (Eure), Château-Gaillard a été construit par Richard Cœur de Lion en 1197.
Alors à la frontière du Vexin normand et du Vexin français, l’énorme forteresse va bientôt se trouver au centre du conflit franco-anglais.
Ce château, aujourd’hui en ruine, illustre parfaitement la précarité des constructions humaines aussi redoutables soient-elles.
La naissance de Château-Gaillard
En 1197, Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, décide d’édifier une forteresse sur un promontoire escarpé qui domine toute la vallée de la Seine.
Pour cela, il débourse plus de 10 000 livres, une véritable fortune. Il est vrai que la menace venue du royaume de France se fait de plus en plus pressante.
En effet, Philippe Auguste a pris Gisors (1193), situé à une vingtaine de kilomètres et rien ne semble arrêter sa volonté de faire de son royaume un pays reconnu dans le monde entier.
Le château est destiné à contrôler la vallée. En conséquence, il est construit sur un éperon qui domine un méandre du fleuve et complété par une fortification placée sur l’île.
Un ouvrage militaire
Château-Gaillard présente, pour l’époque, une architecture inédite. Il possède une bastille triangulaire, le Châtelet, qui assure une première défense sur le plateau, en avant-garde de la forteresse. Dans l’intervalle des deux murailles se trouvent la basse-cour, la chapelle, le puits et les communs.
Dominant le fossé, la chapelle est percée de baies. L’énorme donjon ceinturé de contreforts atteint 8 mètres de diamètre intérieur et ses parois mesurent 4 mètres d’épaisseur.
Aujourd’hui, partiellement détruit, on peut tout de même se faire une idée de son agencement intérieur :
Sur le flanc de la tour, se trouvent les appartements du commandant de la garnison.
Initialement, le Châtelet était hérissé de cinq tours ; il n’en reste plus qu’une aujourd’hui. Le donjon lui-même était entouré d’une double enceinte.
Les constructeurs ont donné une forme ondulée à la chemise de la tour, faisant ainsi disparaître les angles morts favorables à un assaut extérieur.
Encore aujourd’hui, le site de Château-Gaillard est l’un des plus beaux de Normandie.
Le siège de Château-Gaillard par Philippe Auguste
Philippe Auguste installe le siège en 1203. Richard Cœur de Lion est mort et c’est son frère Jean Sans Terre qui lui a succédé.
Ce dernier a conclut un traité de paix avec le roi de France le 22 mai 1200 (traité du Goulet). Cette paix est rompue en 1202 et Philippe Auguste attaque le duché de Normandie, il met le siège à Château-Gaillard avec six mille hommes le 10 août 1203.
Reconstitution de Château-Gaillard
Il existe deux versions du siège, l’une héroïque pour les Anglais, l’autre beaucoup moins :
Première version :
Quand le roi de France annexe la vallée, la population se réfugie dans le premier fossé qui sépare la bastille du corps principal. Mais, la garnison ne leur offre aucune protection et les chasse ou les laisse mourir de faim.
Ce sort réservé à la population locale a été totalement inutile et n’a absolument pas fait reculer l’échéance fatale.
Philippe Auguste fait combler le fossé par son armée en février 1204 annulant ainsi l’invulnérabilité de la forteresse.
En effet, la force d’un château fort est de pouvoir, grâce à son fossé extérieur, tenir à distance l’assaillant. Sans ce fossé, l’ennemi n’a aucun mal à saper le pied de l’édifice.
Les assaillants français peuvent alors créer d’énormes brèches dans la maçonnerie.
La garnison du château était constituée de 180 mercenaires qui n’avaient aucune raison de mourir au combat. Elle se rendit donc sans gloire.
Deuxième version :
Philippe Auguste, après s’être emparé du château de l’île et du Petit-Andely, tente d’affamer la garnison et la population retranchées à l’intérieur.
Roger de Lascy, chef de la garnison, repousse les attaques et éteint les incendies pendant sept mois. Il ne se rend qu’à cause de la famine après avoir vu périr les trois quarts de sa troupe. Les vieillards, femmes et enfants de Petit-Andely, qui avaient trouvé un refuge dans le château, en furent chassés. Les Français les repoussèrent. Tassés dans la deuxième enceinte, ils moururent de faim.
Lassé de la résistance des soldats anglo-normands, Philippe Auguste finit par donner l’assaut après six mois de siège et s’empare successivement de tous les éléments de la forteresse.
Rouen est prise en 1204, la Normandie est conquise et réintègre le domaine royal.
Durant la guerre de Cent Ans, le château Gaillard subit plusieurs sièges. En 1417, il tombe aux mains des Anglais.
La Hire, compagnon de Jeanne d’Arc s’en empare en 1429.
En 1430, la forteresse est de nouveau sous contrôle Anglais.
En 1449, Charles VII en reprend possession.
Pris par Philippe Auguste, Château-Gaillard est démantelé cinq siècles plus tard sur ordre d’Henri IV, puis de Richelieu.
En 1852 les ruines du Château-Gaillard sont classées au titre des monuments historiques.
Richard Cœur de Lion
Troisième fils d’Aliénor et de Henri II, Richard ne rêve que de guerre et de grands exploits.
Il se révolte contre son père en 1173-1174, mais est battu.
A la mort de son frère Geoffroi, il devient héritier du trône, et roi en 1189.
Il participe à la troisième croisade. Le roi de France, Philippe Auguste alors son allié contre Saladin, rembarque le premier pour l’Europe et en profite pour attaquer la Normandie.
Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion reçoivent les les clés de la ville d'Acre lors de la troisième croisade (XIVe siècle, Bibliothèque Nationale, Paris)
Richard Cœur de Lion se résigne donc à rentrer mais, capturé par le duc Léopold d’Autriche, il est livré à l’empereur Henri VI.
Il est enfermé dans un donjon germanique. Pendant son incarcération, son frère Jean Sans Terre et le roi de France, s’emparent de ses domaines.
Il n’est libéré qu’en février 1194 après avoir payé une forte rançon.
Il retrouve son royaume mais doit à nouveau le quitter pour affronter Philippe Auguste.
Sceau de Philippe Auguste (XIIe siècle, Archives Nationales, Paris)
Il meurt en 1199 en tentant de prendre le château de Châlus, près de Limoges. Il n’aura finalement passé que quelques mois en Angleterre.
C’est sous son règne que les romanciers du XIIIe siècle ont situé les exploits de Robin des Bois et ceux d’Ivanhoé.
coucou
merci de ta visite pendant mon absence. bon jeudi à toi. c'est triste pour moi, je suis malade.
a+
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