En 1894, l’archéologue sir Arthur Evans arrive en Crète pour rendre la vie à l’île du roi Minos.
Sous les vestiges grecs et romains, il trouve de nombreux témoignages de la civilisation minoenne.
En 1900, Evans entreprend le dégagement du palais de Cnossos. Très vite, il met au jour une profusion de salles, de couloirs qui permettent d’éclairer les légendes d’un jour nouveau.
Ruines de Cnossos. image James Preston
Cette architecture très complexe est sans doute à l’origine des récits mythologiques sur le Labyrinthe.
D’autant plus que de nombreuses fresques et sculptures représentant des taureaux ont été retrouvées.
Evans a voulu restituer les grandes lignes du palais de Cnossos. Il a relevé les murs, les a peint de couleurs violentes et a donné des noms aux différentes salles.
Cette reconstitution est aujourd’hui très controversée.
En effet, si ces restaurations attirent un grand nombre de touristes, c’est du point de vue archéologique, une véritable catastrophe car les « morceaux » du complexe ont été choisis de manière arbitraire.
Restauration d'une partie du palais de Cnossos. image Phileole
Par contre, on doit à Evans une chronologie de la civilisation minoenne. Dans son œuvre maîtresse, The Palace of Minos at Cnossos, qu’il publie en 1930, il propose une chronologie en trois périodes, fondée sur la céramique.
La Crète minoenne
Les vestiges retrouvés, qui datent du IIe millénaire avant notre ère, montrent une civilisation brillante, qui utilise une écriture pictographique, et une économie riche, fondée sur le commerce.
L’histoire de cette civilisation est marquée par des ruptures brutales. Aux alentours de 1750 avant notre ère, survient une catastrophe qui ravage l’île et abat les palais. Il s’agissait sans doute d’un tremblement de terre.
La Crète se relève rapidement. Les palais sont reconstruits, encore plus grands et complexes.
Véranda des gardes du palais de Cnossos dessinée par sir A.Evans, 1935
Vers 1570 avant notre ère, un deuxième tremblement de terre, en rapport avec l’éruption du Santorin, détruit de nouveaux les palais.
Cela n’empêche pas la civilisation minoenne d’atteindre son apogée.
Les murs sont recouverts de fresques. image Phileole
Vers 1450 avant notre ère, cette civilisation disparaît brutalement. La catastrophe n’est pas, cette fois-ci, naturelle. Il s’agit d’invasions venues de Grèce. De nombreux objets crétois, preuves du formidable butin, ont été retrouvés sur le continent, à Mycènes.
Quelle était la fonction du « palais » de Cnossos ?
Pourquoi ce palais a-t-il joui d’une aussi mauvaise réputation ? Peut-être qu’il ne s’agissait pas d’un palais mais d’un sanctuaire. Un sanctuaire dans lequel des victimes auraient été immolées. Ou, peut-être était-ce un lieu sacré servant de cimetière ?
En effet, certains archéologues contestent au gigantesque édifice dégagé à Cnossos sa vocation de palais d’habitation.
Une des pièces du palais de Cnossos. image Cocoate.com
Ils ont constaté que le lieu géographique était peu judicieux pour un palais : exposé, difficile à défendre.
De plus, les sources sont peu nombreuses autour du palais. L’approvisionnement en eau de toute une population aurait posé des problèmes.
Les salles, présentées comme des appartements royaux, s’avèrent être plutôt des sous-sols humides, dépourvus de fenêtres.
Enfin, ce « palais » ne dispose ni de cuisines, ni d’écuries.
Vestiges d'un portique solennel, fortemment restauré par Evans. image Gbaku
Selon l’archéologue allemand Hans Georg Wunderlich, le palais aurait été un immense mausolée destiné à recevoir les morts. Il n’aurait donc jamais été habité.
Selon lui, les hautes jarres de terre ne contenaient pas du grain ou de l’huile mais étaient des urnes où les cadavres étaient conservés dans du miel.
De même, les silos de pierre seraient en réalité des sarcophages.
Urnes et vases retrouvés à Cnossos. image Nenyaki
Cette théorie est séduisante et collerait parfaitement à la légende d’un palais « maudit », abritant un monstre.
Cependant, aucun squelette n’a été retrouvé ce qui ébranle fortement la théorie du sanctuaire.
En fait, les deux théories ne sont pas vraiment convaincantes au vu des découvertes.
On imagine mal un roi s’installant dans des pièces sans fenêtre. De même, l’absence de cuisines et d’écuries est inconcevable pour un édifice d’une telle importance.
Le mystère reste donc pour le moment non résolu. Mais, les fouilles se poursuivent et Cnossos nous livrera peut-être un jour tous ses secrets.