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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
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Biographies historiques - Augustin -

Publié à 15:50 par acoeuretacris Tags : Biographies
Biographies historiques - Augustin -

 

(St Augustin)

 

Augustin (354 - 430)

 

Un théologien entre deux mondes
 
 
 

Augustin d'Hippone est le théologien le plus fascinant qui soit et sans doute le plus important après Paul de Tarse. C'est aussi le plus célèbre des... Algériens (il s'agissait à proprement parler d'un Romain d'origine berbère). Difficile d'y rester indifférent... Jeune homme dissipé, homme d'action, écrivain prolixe, homme de combat et, cela va sans dire, de conviction !

 

Né à la fin de l'empire romain, Augustin assiste aux grandes invasions et à la prise de Rome par le Wisigoth Alaric. Il a la sensation de tout un monde qui s'écroule autour de lui et cette sensation va imprégner sa théologie.

 

Un jeune homme attiré par la sensualité

Augustin est né à Tagaste, en 354, dans une province romaine constituée de l'Algérie et de la Tunisie actuelles, d'un père païen et libertin et d'une mère chrétienne et pieuse, Monique. Cédant aux supplications de sa mère, son père se convertira peu de temps avant sa mort.

 

Quoique marqué par la foi et l'exemple de Monique, Augustin commence pourtant par suivre, dans un premier temps, les traces de son père. Avide de plaisirs, il s'engage à l'âge de 17 ans dans une liaison qui durera plus de dix années avec une femme qui lui donnera un fils : Adeodat. Il n'en devient pas moins un étudiant puis un professeur de rhétorique fort brillant... Il est chargé de prononcer l'éloge officiel de l'empereur Valentinien II.

 

Après un long passage par le manichéisme, il raconte dans les Confessions qu'accablé de doutes dans le jardin de sa maison de Milan, il entendit un enfant du jardin voisin chanter : «Tolle, lege, tolle, lege !» («Prends et lis ! Prends et lis !» en français). Jetant les yeux sur un livre que tenait ouvert son ami Alype, il lut alors une lettre de Saint Paul aux Romains : «Vivons honnêtement, comme en plein jour, sans goinfreries ni beuveries,... Comme on s'habille d'un nouvel habit, revêtons-nous du Christ et ne nous soucions pas ainsi de notre corps». Cela décida de sa conversion et il se fit baptiser à 32 ans par Ambroise, l'évêque de Milan.

 

Augustin est bientôt élu évêque d'Hippone (aujourd'hui Anaba ou Bône) et, jusqu'à sa mort, il va tenir un rôle central au sein de l'Église, notamment par ses prêches, ses lettres et ses écrits, en particulier les Commentaires sur les Psaumes, le Commentaire de l'Évangile de Saint Jean, le Commentaire littéral de la Genèse, les Confessions, le Traité de la Trinité et La Cité de Dieu.

 

Un analyste lucide de son temps
 

Dans les premiers siècles du christianisme, les croyants pensaient que la fin du monde et le Jugement dernier étaient imminents. Ils ne voyaient pas d'intérêt à préserver l'ordre social. Le célibat, la chasteté et le refus de porter les armes témoignaient d'une lecture littérale des Évangiles et de l'enseignement de Saint Paul.

 

Au temps d'Augustin, on n'en est plus là. La fin du monde n'est plus à l'ordre du jour. D'autre part, le christianisme paraît solidement établi dans l'empire romain. Prenant acte de sa prépondérance, l'empereur Théodose le proclame religion officielle en 392.

 

L'Église s'inquiète dès lors du sort de l'empire auquel son destin est encore lié. En 410, la ville de Rome, qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, est pillée et ravagée pendant trois jours par les Wisigoths d'Alaric, fâchés que l'empereur Honorius n'eût pas versé le tribut demandé.

 

Augustin, comme tous les hommes éclairés de son temps, mesure le caractère hautement symbolique de l'événement. Il en tire la matière de La Cité de Dieu, signifiant que celle-ci n'est pas de ce monde mais de l'au-delà.

 

Contre ceux qui prennent à la lettre le commandement biblique : «Tu ne tueras point», il légitime le concept de «guerre juste». Dans un monde appelé à durer, les chrétiens ont le droit et le devoir de se défendre face aux forces du mal qui les assaillent, face aux païens et aux infidèles. Beaucoup plus tard, conjugué à la mystique guerrière héritée des Barbares, ce concept donnera naissance à la chevalerie et au mouvement des croisades.

 

Augustin développe l'idée que les enfants morts sans baptême seraient voués à la damnation éternelle et pour leur éviter ce malheur, on prend l'habitude de les baptiser dès la naissance... Plus tard, au Moyen Âge, les théologiens inventeront le concept de limbes, un lieu plus supportable que l'enfer pour les enfants morts sans baptême afin d'atténuer le pessimisme augustinien.

 

Un combattant infatigable de l'orthodoxie

 

À la recherche du juste équilibre, Augustin combat avec la plume les tendances sectaires qui fleurissent dans la chrétienté des premiers siècles.

D'un strict point de vue théologique, Augustin se heurte à trois écoles de pensée principales :

 

– les manichéens sont les disciples de Mani, ou Manès, prédicateur perse qui perçoit le monde comme le lieu d'un affrontement entre le bien et le mal. Il suppose l'existence de deux principes à l'origine du monde : un Dieu bon, qui a créé toutes les réalités spirituelles (les anges et les âmes) et un démiurge mauvais, qui a forgé toutes les réalités matérielles (les corps).

 

 

Le manichéisme ne se rattache pas formellement au christianisme mais les manichéens utilisent et réinterprètent dans le sens de leur doctrine la Bible chrétienne.

 

– les donatistes sont les disciples de l'évêque Donat, qui est à l'origine d'un schisme très influent en Afrique du Nord. En voici l'origine : lors des violentes persécutions anti-chrétiennes du 3e siècle, des prêtres et même des évêques livrèrent à la police romaine des objets de culte et abjurèrent leur foi.

 

Après la fin des persécutions, Donat s'oppose à ce que ces apostats soient réintégrés dans la communauté chrétienne et ses partisans militent pour une Église élitiste, uniquement composée de «purs». Durant la seconde moitié du 4e siècle, dans la province d'Afrique, les donatistes sont aussi nombreux que les chrétiens orthodoxes. C'est à Augustin que revient le mérite d'avoir réfuté leur doctrine et obtenu leur condamnation définitive, en 412.

 

– les pélagiens se réclament de Pélage, un moine originaire de Bretagne, qui pratique une ascèse rigoureuse et défend l'idée que l'homme peut accéder à la vie éternelle par ses seuls mérites.

Augustin, dont l'expérience de conversion dément cette prétention, lui répond avec vigueur en manifestant la nécessité de la grâce divine pour parvenir au salut.

 

 

Un théologien fécond
 

Jusqu'à sa mort, Augustin consacrera de nombreux traités à réfuter les thèses des donatistes. Tout ceci l'amène à élaborer la doctrine du péché originel qui va devenir par la suite un dogme officiel de l'Église catholique et marquer profondément la théologie chrétienne jusqu'à nos jours.

 

En deux mots, en désobéissant à Dieu et en voulant acquérir par eux-mêmes la maîtrise de la connaissance du bien et du mal, Adam et Eve ont fait plonger toute l'humanité dans le péché et l'ont engagée dans une voie de souffrance et de malheur.

 

Du point de vue du salut, les conséquences sont les suivantes : la volonté de l'être humain est affaiblie et celui-ci n'a plus la maîtrise naturelle de ses désirs et de ses passions qui était celle du premier couple 

 

Pire : par le péché, Adam et Eve ont perdu la présence de la grâce en leur coeur et cette perte se transmet, elle aussi, à toute leur descendance. Par leurs propres forces, sans le secours de la grâce divine, les hommes sont incapables de se libérer du péché. C'est à Jésus, Dieu fait homme, mort sur la croix pour la rémission des péchés, qu'ils doivent de recouvrer la grâce et d'entrer dans la vie éternelle.

 

 

Épilogue
 

Augustin s'éteint à 76 ans, le 28 août 430, pendant que les Vandales de Genséric assiègent sa bonne ville d'Hippone. Son oeuvre immense (plus de trente mille pages) le range parmi les plus grands Docteurs de l'Église  ; il est le patron des théologiens.

 

Augustin d'Hippone reste l'un des écrivains les plus lus et les plus étudiés dans toutes les langues et sur tous les continents. Les bibliographies le concernant représentent environ 300 pages.

 

L'acteur Gérard Depardieu s'est illustré en lisant des textes extraits de ses Confessions à Notre-Dame de Paris en 2003.