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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Antoine et Cléopatre
Cléopâtre (69 avant JC - 30 avant JC)
Le 15 août de l'an 30 avant JC, Cléopâtre VII disparaît de façon théâtrale.
Recluse dans son palais d'Alexandrie, la reine d'Égypte apprend qu'Octave (le futur empereur Auguste) vient de débarquer. Il menace d'enchaîner la reine et de la faire figurer dans son triomphe, à Rome.
Désespérée et seule depuis le suicide de son amant, Marc Antoine, Cléopâtre obtient de se faire livrer un panier de figues... avec un aspic à l'intérieur. Piquée par le serpent, elle entre à 39 ans dans le paradis des amants malheureux.
«Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé», note le philosophe Blaise Pascal dans ses Pensées, manière de dire que l'Histoire tient à peu de chose ! Peu de destins, en tout cas, sont aussi romanesques que celui de la dernière reine d'Égypte, lointaine descendante d'un général d'Alexandre le Grand.
Cléopâtre VII est née en 69 avant JC à Alexandrie, dans la famille royale des Ptolémées, issue d'un général d'Alexandre le Grand.
Reine à 17 ans, elle doit partager le pouvoir avec son jeune frère Ptolémée XII Philopator (10 ans). Elle l'épouse selon la coutume pharaonique mais le mariage n'est pas synonyme de bonne entente !...
Le général romain Pompée, battu par son rival Jules César à Pharsale, en Grèce, demande asile aux souverains égyptiens. Mais il est traîtreusement assassiné sur ordre de Ptolémée.
Jules César débarque à son tour à Alexandrie et demande de l'argent car il en a besoin pour consolider son autorité à Rome. Or, l'Égypte est immensément riche.
Cléopâtre, informée de l'arrivée de César, se présente à lui en cachette de son frère et pour cela imagine de se faire enrouler dans un magnifique tapis qui est présenté au général romain comme un cadeau de la reine !
Avec 30 ans de moins que César et un immense pouvoir de séduction, n'a pas trop de mal à devenir son amante.
Au bout de deux ans, elle rejoint César à Rome. Mais les sénateurs soupçonnent le dictateur de vouloir épouser l'étrangère et de se transformer en monarque oriental. Ils l'assassinent.
Cléopâtre s'enfuit sans demander son reste. Elle donne peu après naissance à un enfant, Ptolémée-César, que l'on surnommera par dérision Césarion.
Pendant ce temps, Rome se réinstalle dans la guerre civile. Marc Antoine, un ancien lieutenant de César, prend possession de la Grèce et de l'Asie qu'il a reçues en partage lors de la conclusion d'un triumvirat avec ses concurrents Octave et Lépide.
Comme le général a besoin d'argent et de blé pour entretenir ses troupes, il transmet ses demandes à la reine d'Égypte.
Quand celle-ci arrive à sa rencontre, le sémillant quadragénaire est ébloui et tombe dans ses filets. Les deux amants vivent alors une lune de miel prolongée.
Mais Antoine ne peut prolonger son séjour alexandrin. Il va en Italie conclure une paix bâclée avec son rival.
Quatre ans se passent avant qu'Antoine ne regagne Alexandrie. Cléopâtre le convainc de fonder avec elle un empire oriental rival de Rome.
C'en est trop pour Rome. Octavien a beau jeu de dénoncer devant le Sénat la menace que font planer Cléopâtre et Antoine. Il engage contre eux un combat naval à Actium. Défaits, les deux époux et amants n'auront plus qu'à mourir.
Claude
1er août 10 avant JC à Lyon (Gaule) - 13 octobre 54 à Rome
Tiberius Claudius Nero Germanicus ou Claude est né à Lyon en l'an 10 avant JC. Il fut victime d'une paralysie infantile qui lui laissa des séquelles. Ce défaut lui valut d'être quelque peu mis à l'écart de la vie publique.
Caligula, son neveu, alors empereur, le nomma Consul en 37. En 38, ilépousaMessaline. En 41, Caligula fut assassiné. Le sénat, voyant là l'occasion de réinstaurer la République, essaya de soulever le peuple.
La légende veut que la Garde prétorienne, que le sénat n'avait pas pu corrompre, trouva Claude se cachant derrière des rideaux du palais et qu'il fut transporté et proclamé empereur par les soldats. Le sénat s'inclina et le reconnu comme empereur.
Il commença par punir les assassins de son neveu. Il annula les jugements pour trahison que Caligula avait utilisés pour prendre les richesses de ses victimes et rendit les biens confisqués. Il dut faire face à un grand nombre de tentatives d'assassinat et de rebellion, notamment la révolte du gouverneur de Dalmatie en 42.
Claude réussit là où beaucoup avaient échoué : la conquête de la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne). Il n'ajouta pas moins de cinq provinces à l'Empire dont la Lycie, la Mauritanie, la Norique et la Thrace. Il étendit la citoyenneté romaine à beaucoup de provinces avec une préférence pour sa patrie natale, la Gaule. Il éleva un certain nombre de dignitaires gaulois au rang de sénateur (discours visible au Musée Gallo-Romain de Fourvière, Lyon). En résumé, il changea la relation entre Rome et ses provinces vers l'égalité pour la première fois de l'histoire romaine. Il développa l'administration centrale et renforça les pouvoirs impériaux aux dépens du sénat et des magistratures traditionnelles.
Il suivit la construction du port de Rome et améliora la distribution de l'eau dans la ville (Aqua Claudia).
En 48, Messaline fut exécutée pour adultère et tentative de coup d'état à l'issue d'une orgie où elle s'était ouvertement mariée à l'un de ses amants. Claude se remaria avec Agrippine, sa nièce.
Le but d'Agrippine était de mettre sur le trône son fils Néron en manipulant Claude. En 50, Claude adopta Néron qui prit rapidement la première place à la succession devant Britannicus, le fils de Claude. En 54, Aggripine empoisonna Claude avec des champignons.
Néron fut immédiatement proclamé empereur.
César, Jules
12 juillet 100 avant JC à Rome (Italie) - 15 mars 44 avant JC à Rome (Italie)
Jules César s'engage dans le cursus honorum ou carrière des honneurs tout en menant la vie dissipée d’un dandy. Il forme un triumvirat - ou gouvernement à trois - avec deux autres ambitieux, Crassus et Pompée. Lui-même obtient la charge de consul pour l'année 59 avant JC puis lève des légions et entreprend la conquête de la «Gaule chevelue». Le récit de ses huit années de campagne, La guerre des Gaules, est un chef-d’œuvre de la littérature latine.
Auréolé par sa gloire militaire, César estime l’heure venue de mettre de l’ordre dans les affaires de Rome. Il franchit avec son armée le Rubicon, un petit fleuve italien, et entre à Rome en violation des règles édictées par le Sénat, assemblée des plus grandes familles de Rome. Personne n’ose protester et Jules César en profite pour écraser ses rivaux, à commencer par Pompée. Il obtient enfin du Sénat la quasi-totalité des pouvoirs, cela sans toucher en apparence aux institutions républicaines.
Il réorganise l’administration et la rend plus efficace. Mais il est assassiné par des sénateurs qui craignent qu’il ne se proclame roi… Malgré la brièveté de son passage au pouvoir (5 ans), Jules César a marqué profondément de son empreinte les institutions romaines et même les nôtres. Son nom se retrouve dans le titre des anciens souverains allemands (Kaiser) et russes (tsar) !
Une ascendance prestigieuse
De son vrai nom Caius Julius (Caius est son prénom et Cæsar un surnom), il est issu d'une famille patricienne qui prétend descendre de Iule, fils d'Énée, lui-même fils de Vénus et fondateur indirect de Rome.
Jules César est le neveu par alliance du vieux Marius. Le prestigieux conquérant de l'Afrique est aussi le chef du parti populaire. À ce titre, il s'oppose à Sylla, chef du parti sénatorial, et n'hésite pas à faire exécuter ses ennemis.
À 16 ans, Jules épouse Cornélia, la fille du consul Cinna, qui lui donnera une fille, Julia. Ce sera son seul enfant légitime. Son beau-père est lui-même un farouche partisan de Marius et devient l'homme fort de Rome à la mort de ce dernier.
Le vent tourne lorsque Sylla revient d'une campagne militaire en Orient. Le jeune Jules César est compromis avec les «marianistes» du fait de son mariage. Il se refuse à répudier Cornélia et sur les conseils de sa mère Aurélia, s'enfuit de Rome pour échapper aux proscriptions.
Pendant qu'il erre dans les monts Sabins, sa mère obtient de Sylla sa grâce. Le jeune Jules préfère ne pas s'attarder à Rome et suit à Mytilène le nouveau gouverneur de la province d'Asie, Marcus Minucius Thermus. Il séjourne ensuite à Rhodes pour suivre des cours d'éloquence auprès du savant Apollonios Molon.
Entre Rhodes et Rome, son navire est attaqué par des pirates. Survient un épisode célèbre de l'épopée césarienne. Le jeune Jules fait part de son indignation aux pirates qui lui réclament une rançon de vingt talents. Il fixe lui-même sa rançon à 50 talents... Une fois que celle-ci a été payée par sa famille, Jules César, redevenu libre, arme un navire, rattrappe ses ravisseurs et les fait crucifier !
La mort du dictateur Sylla ramène César à Rome où sa mère lui obtient une fonction de grand pontife (ou prêtre). A 27 ans, le jeune homme s'engage dans le cursus honorum ou carrière des honneurs. Celle-ci passe par les fonctions de tribun, questeur, édile et préteur, avant de se conclure éventuellement par celle de consul.
Pendant que dans la campagne italienne, les légions de Pompée et Crassus combattent les esclaves de Spartacus, César est nommé en l'an -72 tribun militaire comme quelques autres Romains de sa génération.
Le jeune patricien mène une vie dissipée de dandy. Bon orateur, poète à ses heures, il intervient dans les batailles politiques qui agitent la République romaine en pleine décomposition. Sa fortune et surtout ses emprunts lui permettent des dépenses fastueuses qui le rendent populaire dans la plèbe. César est par ailleurs bien introduit parmi les familles patriciennes. Lui-même a des liens familiaux avec Crassus et Pompée, les personnalités qui comptent à Rome.
Pour faire bonne mesure, après la mort de sa femme Cornélia, César épouse en secondes noces une petite-fille de Sylla, Pompeia. Il se fait nommer questeur dans la péninsule ibérique, avec la charge de gérer les finances de la province, ce dont il s'acquitte avec brio.
A Cadix, devant une statue d'Alexandre le Grand, il gémit sur lui-même qui, à 32 ans, n'a encore rien fait tandis que le héros macédonien avait au même âge conquis l'univers.
De retour à Rome, Jules organise de fastueuses funérailles pour sa tante Julia, veuve du grand Marius, le regretté chef du parti populaire. Lui-même fait son éloge du haut des Rostres, la célèbre tribune officielle décorée d'éperons de navires (rostres) qui domine le Forum.
César poursuit normalement dans la carrière des honneurs en devenant édile en l'an 65 avant JC. Chargé de l'approvisionnement de la ville, il organise de mémorables jeux du cirque pour l'anniversaire de la mort de son père. Pas moins de 320 paires de gladiateurs ! Défiant le parti aristocratique, il relève aussi les trophées de Marius sur le Capitole.
Il se tire avec habileté et honneur de la conjuration de Catilina, lui-même s'étant compromis avec le champion de la plèbe avant que Cicéron n'obtienne sa mise à mort.
Couvert de dettes, César obtient grâce à son entregent la charge prestigieuse de grand pontife. Ses créanciers n'ont plus qu'à patienter ! Une sombre affaire l'amène à répudier sa deuxième épouse Pompeia (il se remariera ultérieurement avec Calpurnia).
Affaire de moeurs
Pendant la période des mystères de Bona Dea (la Bonne Déesse), il est de coutume à Rome que des fêtes strictement réservées aux femmes se déroulent dans la maison du grand Pontife, qui n'est autre que Jules César.
Guidé par la curiosité, le jeune amant de Pompéia, Publius Claudius Pulcher, communément appelé Claude (ou Clodius), pénètre dans la maison sous un déguisement de femme mais il est trahi par sa voix. L'incident fait scandale et Cicéron lui-même dénonce le sacrilège. César en prend prétexte pour répudier sa femme Pompéia au motif que «la femme de César ne doit pas être soupçonnée !», selon ses propres mots. Son amant obtient l'acquittement, probablement par prévarication, en achetant les juges....
À l'approche de la quarantaine, en l'an 61 avant JC, César voit son horizon financier s'éclaircir avec sa nomination comme propréteur, ou gouverneur, en Espagne Ultérieure (l'actuelle Andalousie, avec Cordoue pour capitale).
Plutarque, dans sa Vie de César, rapporte que, traversant les Alpes pour se rendre en Espagne, le héros, dans un village, dit à ses compagnons : «Je préfèrerais être le premier dans ce village que le second à Rome !». En deux ans, il va administrer sagement sa province, pacifier la Lusitanie (Portugal), explorer la Galice... et amasser assez d'argent pour rembourser ses nombreux créanciers.
Fort de sa popularité naissante, il fait bientôt office de médiateur entre Crassus et Pompée et forme avec eux un premier triumvirat. Lui-même obtient en récompense la charge de consul pour l'année 59 avant JC. Le mariage de sa fille Julia avec Pompée scelle l'alliance politique entre les deux ambitieux.
Au terme de son consulat, le Sénat octroie à César la charge de proconsul dans les Gaules : Gaule Cisalpine (la plaine du Pô), Illyrie (la Croatie actuelle) et Gaule transalpine (Provence et Languedoc actuels) pour cinq ans.
C'est le début d'une ascension irrésistible mais brève. Ayant traversé le Rubicon sur un coup de dés, il vainc son rival de toujours, Pompée, à Pharsale, obtient du Sénat l'intégralité des pouvoirs et en profite pour réorganiser les institutions romaines avant de périr sous le poignard.
Caracalla
Filsde Septime Sévère, proclamé empereur en 211 avec son frère Geta, Caracalla se débarrasse de lui l'année, révélant une cruauté dont il ne se démentira pas jusqu'à sa mort.
En 212, il publie un édit célèbre par lequel il octroie la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'empire, essentiellement les citadins libres. Cette mesure n'a d'autre motif que d'accroître le rendement de la taxe qui s'attache à cette citoyenneté. Les provinciaux avaient précédemment à coeur d'obtenir la citoyenneté romaine par leurs mérites et leur travail. Celle-ci leur est désormais octroyée sans conditions. Elle perd sa valeur symbolique. C'est un motif de fidélité à l'empire qui s'efface.
Plein d'ambitions démesurées, le jeune empereur érige à Rome des thermes monumentaux qui perpétuent son nom. Il combat aussi les Barbares. Au cours d'une campagne contre les Parthes, en Orient, il est assassiné par le préfet des gardes, Macrin, qui ne supportait plus ses outrances.
Après le court règne de Macrin, Élagabal, un cousin de Caracalla se hisse au pouvoir. C'est un prêtre syrien à peine romanisé. À la mort de ce dernier en 222, l'empire revient à un autre cousin, Alexandre-Sévère (13 ans), assassiné à son tour en 235.
Caligula
De son vrai nom Caius Caesar Germanicus, le nouveau maître de Rome a été surnommé Caligula («petite botte») par les légionnaires des camps qu'il a fréquentés dans son enfance, d'après le mot caliga qui désigne une botte de soldat.
Devenu fou sous l'effet d'une maladie, il se fait adorer comme un dieu, donne le titre de consul à son cheval préféré, couche avec ses soeurs, assassine aussi d'excellents citoyens pour s'approprier leurs richesses. On lui prête l'exclamation : «Qu'ils me haïssent pourvu qu'ils me craignent».
Mais sans doute n'a-t-il pas su se faire assez craindre car il est assassiné à 28 ans par des officiers de sa garde prétorienne qui ne supportaient plus ses excentricités criminelles. Son oncle Claude, frère de Germanicus, puis son neveu Néron, fils de sa soeur Agrippine la Jeune, vont lui succèder. Ce seront les derniers empereurs de la dynastie julio-claudienne.
(St Augustin)
Augustin (354 - 430)
Augustin d'Hippone est le théologien le plus fascinant qui soit et sans doute le plus important après Paul de Tarse. C'est aussi le plus célèbre des... Algériens (il s'agissait à proprement parler d'un Romain d'origine berbère). Difficile d'y rester indifférent... Jeune homme dissipé, homme d'action, écrivain prolixe, homme de combat et, cela va sans dire, de conviction !
Né à la fin de l'empire romain, Augustin assiste aux grandes invasions et à la prise de Rome par le Wisigoth Alaric. Il a la sensation de tout un monde qui s'écroule autour de lui et cette sensation va imprégner sa théologie.
Augustin est né à Tagaste, en 354, dans une province romaine constituée de l'Algérie et de la Tunisie actuelles, d'un père païen et libertin et d'une mère chrétienne et pieuse, Monique. Cédant aux supplications de sa mère, son père se convertira peu de temps avant sa mort.
Quoique marqué par la foi et l'exemple de Monique, Augustin commence pourtant par suivre, dans un premier temps, les traces de son père. Avide de plaisirs, il s'engage à l'âge de 17 ans dans une liaison qui durera plus de dix années avec une femme qui lui donnera un fils : Adeodat. Il n'en devient pas moins un étudiant puis un professeur de rhétorique fort brillant... Il est chargé de prononcer l'éloge officiel de l'empereur Valentinien II.
Après un long passage par le manichéisme, il raconte dans les Confessions qu'accablé de doutes dans le jardin de sa maison de Milan, il entendit un enfant du jardin voisin chanter : «Tolle, lege, tolle, lege !» («Prends et lis ! Prends et lis !» en français). Jetant les yeux sur un livre que tenait ouvert son ami Alype, il lut alors une lettre de Saint Paul aux Romains : «Vivons honnêtement, comme en plein jour, sans goinfreries ni beuveries,... Comme on s'habille d'un nouvel habit, revêtons-nous du Christ et ne nous soucions pas ainsi de notre corps». Cela décida de sa conversion et il se fit baptiser à 32 ans par Ambroise, l'évêque de Milan.
Augustin est bientôt élu évêque d'Hippone (aujourd'hui Anaba ou Bône) et, jusqu'à sa mort, il va tenir un rôle central au sein de l'Église, notamment par ses prêches, ses lettres et ses écrits, en particulier les Commentaires sur les Psaumes, le Commentaire de l'Évangile de Saint Jean, le Commentaire littéral de la Genèse, les Confessions, le Traité de la Trinité et La Cité de Dieu.
Dans les premiers siècles du christianisme, les croyants pensaient que la fin du monde et le Jugement dernier étaient imminents. Ils ne voyaient pas d'intérêt à préserver l'ordre social. Le célibat, la chasteté et le refus de porter les armes témoignaient d'une lecture littérale des Évangiles et de l'enseignement de Saint Paul.
Au temps d'Augustin, on n'en est plus là. La fin du monde n'est plus à l'ordre du jour. D'autre part, le christianisme paraît solidement établi dans l'empire romain. Prenant acte de sa prépondérance, l'empereur Théodose le proclame religion officielle en 392.
L'Église s'inquiète dès lors du sort de l'empire auquel son destin est encore lié. En 410, la ville de Rome, qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, est pillée et ravagée pendant trois jours par les Wisigoths d'Alaric, fâchés que l'empereur Honorius n'eût pas versé le tribut demandé.
Augustin, comme tous les hommes éclairés de son temps, mesure le caractère hautement symbolique de l'événement. Il en tire la matière de La Cité de Dieu, signifiant que celle-ci n'est pas de ce monde mais de l'au-delà.
Contre ceux qui prennent à la lettre le commandement biblique : «Tu ne tueras point», il légitime le concept de «guerre juste». Dans un monde appelé à durer, les chrétiens ont le droit et le devoir de se défendre face aux forces du mal qui les assaillent, face aux païens et aux infidèles. Beaucoup plus tard, conjugué à la mystique guerrière héritée des Barbares, ce concept donnera naissance à la chevalerie et au mouvement des croisades.
Augustin développe l'idée que les enfants morts sans baptême seraient voués à la damnation éternelle et pour leur éviter ce malheur, on prend l'habitude de les baptiser dès la naissance... Plus tard, au Moyen Âge, les théologiens inventeront le concept de limbes, un lieu plus supportable que l'enfer pour les enfants morts sans baptême afin d'atténuer le pessimisme augustinien.
Un combattant infatigable de l'orthodoxie
À la recherche du juste équilibre, Augustin combat avec la plume les tendances sectaires qui fleurissent dans la chrétienté des premiers siècles.
D'un strict point de vue théologique, Augustin se heurte à trois écoles de pensée principales :
– les manichéens sont les disciples de Mani, ou Manès, prédicateur perse qui perçoit le monde comme le lieu d'un affrontement entre le bien et le mal. Il suppose l'existence de deux principes à l'origine du monde : un Dieu bon, qui a créé toutes les réalités spirituelles (les anges et les âmes) et un démiurge mauvais, qui a forgé toutes les réalités matérielles (les corps).
Le manichéisme ne se rattache pas formellement au christianisme mais les manichéens utilisent et réinterprètent dans le sens de leur doctrine la Bible chrétienne.
– les donatistes sont les disciples de l'évêque Donat, qui est à l'origine d'un schisme très influent en Afrique du Nord. En voici l'origine : lors des violentes persécutions anti-chrétiennes du 3e siècle, des prêtres et même des évêques livrèrent à la police romaine des objets de culte et abjurèrent leur foi.
Après la fin des persécutions, Donat s'oppose à ce que ces apostats soient réintégrés dans la communauté chrétienne et ses partisans militent pour une Église élitiste, uniquement composée de «purs». Durant la seconde moitié du 4e siècle, dans la province d'Afrique, les donatistes sont aussi nombreux que les chrétiens orthodoxes. C'est à Augustin que revient le mérite d'avoir réfuté leur doctrine et obtenu leur condamnation définitive, en 412.
– les pélagiens se réclament de Pélage, un moine originaire de Bretagne, qui pratique une ascèse rigoureuse et défend l'idée que l'homme peut accéder à la vie éternelle par ses seuls mérites.
Augustin, dont l'expérience de conversion dément cette prétention, lui répond avec vigueur en manifestant la nécessité de la grâce divine pour parvenir au salut.
Jusqu'à sa mort, Augustin consacrera de nombreux traités à réfuter les thèses des donatistes. Tout ceci l'amène à élaborer la doctrine du péché originel qui va devenir par la suite un dogme officiel de l'Église catholique et marquer profondément la théologie chrétienne jusqu'à nos jours.
En deux mots, en désobéissant à Dieu et en voulant acquérir par eux-mêmes la maîtrise de la connaissance du bien et du mal, Adam et Eve ont fait plonger toute l'humanité dans le péché et l'ont engagée dans une voie de souffrance et de malheur.
Du point de vue du salut, les conséquences sont les suivantes : la volonté de l'être humain est affaiblie et celui-ci n'a plus la maîtrise naturelle de ses désirs et de ses passions qui était celle du premier couple
Pire : par le péché, Adam et Eve ont perdu la présence de la grâce en leur coeur et cette perte se transmet, elle aussi, à toute leur descendance. Par leurs propres forces, sans le secours de la grâce divine, les hommes sont incapables de se libérer du péché. C'est à Jésus, Dieu fait homme, mort sur la croix pour la rémission des péchés, qu'ils doivent de recouvrer la grâce et d'entrer dans la vie éternelle.
Augustin s'éteint à 76 ans, le 28 août 430, pendant que les Vandales de Genséric assiègent sa bonne ville d'Hippone. Son oeuvre immense (plus de trente mille pages) le range parmi les plus grands Docteurs de l'Église ; il est le patron des théologiens.
Augustin d'Hippone reste l'un des écrivains les plus lus et les plus étudiés dans toutes les langues et sur tous les continents. Les bibliographies le concernant représentent environ 300 pages.
L'acteur Gérard Depardieu s'est illustré en lisant des textes extraits de ses Confessions à Notre-Dame de Paris en 2003.
Auguste
Le 16 janvier de l'an 27 avant JC, le Sénat romain décerne à Octave le surnom d'Augustus (Auguste) habituellement réservé aux divinités.
Ce titre honorifique désigne celui qui agit sous de bons auspices. Il récompense le petit-neveu et fils adoptif de Jules César pour avoir restauré les formes de la République sénatoriale et pacifié le pays en mettant fin aux guerres civiles qui l'ensanglantaient depuis un siècle.
Trois jours auparavant, Octave avait habilement démissionné de toutes ses fonctions et le Sénat, désemparé, l'avait supplié de revenir !
Né 36 ans plus tôt, Octave (qui a pris le nom d'Octavien après son adoption par César) possède désormais un pouvoir quasiment absolu grâce au cumul à vie des plus hautes fonctions de la République.
Avec César et Auguste, la République romaine se transforme en quelques années en principat (avec un homme tout-puissant à sa tête) sans que ses structures traditionnelles aient été en apparence modifiées ! C'est un «empire» qui ne dit pas son nom.
De son père adoptif, Octave a hérité les noms de César et Imperator (le titre d'Imperator désignait d'ordinaire un général investi de l'imperium).
Il se voit aussi réattribuer tous les ans le titre de consul qu'il partage à chaque fois avec un quelconque notable. À partir de l'an 28 avant JC, il est officiellement considéré comme Princeps senatus ou premier sénateur (d'où nous avons tiré le mot prince)...
En 23 avant JC, à la suite d'une grave maladie, Auguste se fait attribuer la puissance tribunicienne à vie qui lui garantit l'inviolabilité. Enfin, à la mort de Lépide, en 13 avant JC, il est élu grand Pontife et devient à ce titre le chef de la religion. On l'honore sur les autels.
Le nouvel homme fort de Rome n'est bientôt plus désigné que sous l'appellation Imperator Cesar Augustus.
Il professionnalise l'armée avec des volontaires engagés pour vingt ans qui reçoivent en fin de carrière un lopin de terre et un pécule. Mais il se contente de quelques guerres pour consolider les frontières.
L'empire romain à son apogée
Cette carte montre l'empire romain dans sa plus grande extension (fin du Ier siècle après JC). Au centre de cet immense empire était la mer Méditerranée, que les Romains appelaient avec orgueil et non sans justesse Mare Nostrum (Notre mer). Cet empire est aujourd'hui éclaté en États rivaux que divisent la langue, la politique, la religion, la société et l'économie.
Le principat d'Auguste se caractérise par un épanouissement de la culture latine avec les artistes Virgile, Horace,... et un riche protecteur des artistes dont le nom, Mécène, est devenu nom commun !
Et l'on ne saurait oublier que c'est au temps de l'empereur César Auguste que naît à Bethléem, un petit village au sud de Jérusalem, un enfant du nom de Jésus.
Antonin le Pieux
Issu d'une famille originaire de Nemausus (Nîmes), Antonin le Pieux a été adopté par l'empereur Hadrien et lui a succédé à la tête de l'empire romain en 138, à cinquante ans passés. Comblés par sa sage administration, les Romains ont donné son nom aux empereurs du IIe siècle, le siècle des Antonins. Ils ont porté Rome à son apogée.
En dépit de sa puissance, Antonin a supporté l'inconduite de sa femme Faustine dite l'Ancienne. Il lui a même accordé l'apothéose, l'élevant à sa mort au rang des déesses ! Leur seul enfant survivant, une fille appelée Faustine la Jeune, a épousé Marc Aurèle et donné le jour à Commode. L'un et l'autre ont régné sur Rome.