Les milieux propices aux champignons
Les forêts, bois et taillis
Le milieu le plus favorable à la cueillette est, sans conteste, la forêt et ses abords immédiats. Mais, déjà, le plus petit bosquet peut abriter des champignons. Un bois très ordinaire, pour peu qu'il contienne les essences d'arbre favorables, peut donc parfaitement faire l'affaire ! Feuillus et conifères réunis dans un même milieu offrent la possibilité d'une très grande diversité : cèpes, russules, clitocybes, morilles et autres chanterelles y trouvent refuge, parmi d'autres espèces encore.
Certaines espèces apprécient néanmoins des conditions particulières Les cèpes se développent très bien sous les chênes et les châtaigners. Vous n'en trouverez toutefois pas sous des arbres jeunes : il leur faut des protecteurs de 10 à 15 ans au moins ... Les épicéas et sapins de Vancouver leur conviennent aussi. Les bolets exigent de la lumière, une circulation d'air suffisante et peu de végétation concurrente.
Cèpes
Deux règles sont à observer pour ne pas (en principe) revenir bredouille : toujours commencer par prospecter les abords des sentiers, les éclaircies ou clairières et, ensuite seulement mais avec prudence, pénétrer dans le sous-bois, de préférence dans les zones difficilement accessibles : elles sont souvent délaissées. Les fouillis de ronce recèlent fréquemment de véritables trésors ! Les zones bien démarquées telles que surfaces herbues, mousses ou dépressions plus humides doivent être visitées.
C'est parfois derrière une souche anodine que peut se cacher un trésor : un coup d'oeil circulaire ne suffit pas à véritablement sonder tous les recoins de la forêt ! La prospection d'un bois ne doit pas être à sens unique ! Il arrive bien souvent en revenant sur ses pas que l'on découvre des champignons invisibles à l'aller, soit parce que la lumière ne les mettait pas en valeur, soit parce qu'ils étaient cachés derrière une branche morte, une fougère ou quelques ronces enchevêtrées.
Un conseil : si les zones prospectées bordent des champs cultivés, ayez à l'esprit que si un déversement ou une pulvérisation récente de fongicides, de pesticides ou de désherbants a été effectué, le milieu est défavorable car il peut être à l'origine de sérieux troubles intestinaux ! La phytopharmacie agricole est dangereuse !
Les herbus : prés, jachères, parcs et pelouses
Les jardins, parcs et autres surfaces herbues font également partie d'un milieu où, si la variété est moins grande, la cueillette est plus aisée. Les champignons, s'il y en a, se voient facilement de loin et les agarics et rosés se remarqueront à la blancheur de leurs rassemblements tandis que les coulemelles ornées de leur grand chapeau en forme de parasol ne passeront pas inaperçues.
Un conseil : si vous envisagez de prospecter des prairies entretenues, informez-vous afin de vous assurer qu'aucune pulvarisation récente d'engrais ou d'un produit chimique quelconque n'a été effectuée ! Certaines indigestions sérieuses ont pour origine un oubli de ce genre !
Certains milieux naturels ... ne le sont plus aujourd'hui, en raison de l'utilisation abusive des produits chimiques destinés à l'exploitation à outrance d'une nature qui a parfois du mal à se régénérer, tant les agressions sont répétitives. Il en est ainsi des prés pâturés qui, essentiellement en plaine, ont bien souvent vu disparaître des familles de champignons que l'on ne trouve plus aujourd'hui que dans quelques régions préservées de l'agriculture et de l'élevage intensif. Les hygrophores aux couleurs chatoyantes qui cotoyaient auparavant les fleurs des champs et quelques clavaires ne se font plus remarquer qu'en de rares endroits ou dans les parcs et pelouses non traités aux produits chimiques. Ils ont laissé la place à quelques espèces moins exigeantes dont il faut toutefois se méfier en raison de ce qui précède. Les agarics s'y développent toujours en bandes nombreuses à la belle saison, cotoyant parfois les lépiotes, les panéoles, certains coprins et quelques autres encore. Les beaux paniers de rosés des prés ou de coulemelles n'y sont pas rares ... et les indigestions causées par la phytopharmacie en sont parfois le corollaire pour les mycophages imprudents.
Les biotopes humides : marais et tourbières
Si ces biotopes ne sont pas les plus intéressants pour les mycophages, ils le sont toutefois pour les mycologues et autres passionnés du monde des champignons.
On y trouve en effet les espèces particulières associées aux sphaignes et aux arbres dont c'est le milieu favorable : saules, bouleaux et aulnes, pins et épicéas mais aussi leurs souches et troncs en décomposition. L'humidité y règne en maître, le champignon aussi.
Cortinaires, russules, lactaires, hébélomes mais aussi quelques espèces de bolets s'y disputent le terrain, qu'il soit acide ou alcalin, appréciant les sols tourbeux et la litière des feuilles. Les coprins, crépidotes, galères, marasmes, mycènes et autres psathyrelles, ou encore entolomes, collybies, hypholomes, pholiotes que l'on ne trouve pas ailleurs s'y donnent rendez-vous. Certains hygrocybes y ont trouvé refuge, paraissant parfois flotter tels des nénuphars sur les places inondées. Les variétés y sont abondantes, tant en plaine qu'en altitude.
Les places à feu
Il s'agit le plus souvent d'anciennes parcelles défrichées où le bois non exploitable, les ronces, les fougères et les brousailles en général ont été brûlés sur place. Pratiquement toute la végétation y a été détruite ... en surface. Le sous-sol recèle, en effet, les ingrédients nécessaires à une récupération rapide des lieux par le monde végétal : débris ligneux, racines mais aussi mycélium. L'action du feu aura enrichi la surface du sol par les cendres s'imprégnant dans la couche superficielle, créant ainsi un milieu favorable à l'apparition d'espèces particulières. Après quelques mois de repos, la terre devenue plus alcaline se couvrira d'abord de mousses d'où émergeront ensuite les premiers champignons, parmi lesquels la pholiote charbonnière, la bien nommée. Plus tard, quelques espèces prendront l'habitude de s'y développer, parmi lesquelles les pézizes mais surtout (pour le mycophage !) une espèce convoitée : le coprin chevelu.
Les fumiers et composts
A l'instar du précédent, ce biotope est peu courant ou de superficie réduite et voit se succéder différentes espèces au cours de sa décomposition. Elles sont surtout composées de petits champignons, essentiellement des moisissures, mais aussi d'individus susceptibles d'intéresser le mycophage, du moins au stade ultime d'une matière riche en fertilisants naturels. Comme pour les places à feu, les pézizes apparaîtront d'abord puis seront suivies plus tard par certains coprins mais aussi par les panéoles, les inévitables saprophytes des excréments d'animaux.
Ce milieu très riche est souvent proche, à la fin du stade de décomposition, de celui qui se vend dans les commerces spécialisés sous forme de bûches compactes de fumier seché contenant du mycélium d'une espèce bien connue, le fameux "champignon de Paris".
Les milieux maritimes : dunes et landes
La particularité de ces milieux pauvres, acides, balayés par les vents et soumis à l'action saline des embruns, est d'accueillir des espèces peu courantes. L'amateur de beaux paniers ne s'y aventurera pas : il n'y a généralement pas de quoi se remplir une dent creuse ...
Le mycologue y trouvera toutefois quelques champignons pouvant enrichir son herbier, des spécimens souvent considérés comme rares ... parce que peu recherchés.