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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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29 avril 1945
Le vote des Françaises résulte d'une ordonnance du 21 avril 1944 prise par le Gouvernement provisoire du général de Gaulle, à Alger : «Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes». Il n'était que temps... En effet, les Françaises sont parmi les dernières femmes du monde occidental à acquérir le droit de voter et celui de se faire élire.
Aux premiers temps de la démocratie française, au XIXe siècle, le droit de vote était réservé aux propriétaires de sexe masculin. On considérait que les femmes, les domestiques et les pauvres, du fait de leur dépendance économique, n'étaient pas en situation d'exercer un choix libre.
Les militaires étaient aussi exclus du droit de vote mais pour d'autres raisons (on ne souhaitait pas qu'ils prennent parti dans les luttes politiques) et l'armée avait gagné le surnom de«Grande Muette». C'est seulement le 17 août 1945 - soit quelques mois après les femmes - qu'ils ont obtenu le droit de vote...
On rencontre les premiers votes féminins de l'Histoire en Corse, au temps où l'île était sous souveraineté gênoise : les femmes votent en effet au XVIe siècle dans les assemblées locales et leur droit est confirmé par la Constitution de Pascal Paoli, en 1755,... puis aboli après l'annexion française.
Les premières femmes à obtenir pour de bon le droit de vote sont les habitantes du territoire américain du Wyoming, en 1869, suivies par les Néo-Zélandaises en 1893, les Australiennes en 1902, les Finlandaises en 1906, enfin les Norvégiennes en 1913.
Les Suffragettes à Londres
(Le Petit Journal 1908)
En Grande-Bretagne, les revendications féministes prennent un tour spectaculaire avec la création du mouvement des «suffragettes» par Emeline Pankhurst (45 ans), en 1903. Le 21 juin 1908, elles sont 250.000 à manifester à Hyde Park, à Londres.
Les manifestations se font violentes. C'est ainsi qu'une certaine Emily Wilding Davison se jette sous les sabots du cheval du roi George V au derby d'Epson, en 1913, et meurt de ses blessures !
Il faudra attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que les «suffragettes» obtiennent enfin une demi-victoire, le 28 décembre 1918, avec l'octroi du droit de vote aux femmes de plus de... 30 ans.
C'est le début d'un mouvement d'émancipation mondial enclenché par le rôle actif qu'ont joué les femmes dans la vie sociale pendant la Grande Guerre. Comme les hommes combattaient dans les tranchées, les femmes ont dû les remplacer aux champs, dans les usines et dans les bureaux. Elles ont témoigné aussi de leur patriotisme comme infirmières et aides-soignantes dans les hôpitaux de campagne. Tout cela mérite récompense...
Le 15 juillet 1919, le pape Benoît XV lui-même se prononce en faveur du droit de vote des femmes. Aux États-Unis, la ratification du XIXe Amendement à la Constitution, le 26 août 1920, étend le droit de vote à l'ensemble des femmes du pays. Les Turques elles-mêmes obtiennent le droit de vote en 1934 à l'initiative du dictateur Moustafa Kémal (ce qui ne prête guère à conséquence dans ce régime très autoritaire !)
En France, après la Grande Guerre, la Chambre des députés vote à plusieurs reprises en faveur du vote féminin. Mais ses propositions sont six fois repoussées par le Sénat. Les motifs des opposants tiennent à des préjugés personnels et à la crainte que les femmes ne renforcent le camp conservateur. La gauche radicale et socialiste craint en particulier que les femmes ne renforcent le camp clérical et ne se soumettent aux injonctions des curés !
Cependant, les Françaises n'attendent pas le droit de vote pour accéder à des fonctions gouvernementales. Trois d'entre elles obtiennent un sous-secrétariat d'État dans le gouvernement constitué par Léon Blum, en 1936, après la victoire du Front Populaire : Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie.
Il faut attendre les soubresauts de la Libération de 1945 pour qu'enfin les Françaises obtiennent le droit de vote. Des femmes sont dès lors régulièrement présentes dans les gouvernements. Mais la féminisation de la représentation parlementaire se fait attendre. Le nombre d'élues à l'Assemblée nationale stagne aux environs de 30 (5% des députés) jusqu'en 1997, date à laquelle il passe à 59 grâce à un effort particulier du Parti socialiste.
Masculinité etcumuldes mandats
La raison principale du faible nombre de femmes parmi les élus, en France, tient à la professionnalisation des fonctions politiques, elle-même liée au cumul des mandats.
Le cumul des mandats permet à un petit nombre de personnes d'accaparer les fonctions politiques. Il tend de lui-même à se renforcer. Entre deux candidats dont l'un a déjà un ou plusieurs mandats électoraux et l'autre n'en a aucun, les électeurs sont enclins à choisir le premier car ils le connaissent mieux et sont sensibles à son influence politique et à ses réseaux de débiteurs.
Les «cumulards» se justifient en arguant qu'en joignant un mandat national (député ou sénateur) à un mandat local (maire ou conseiller général), ils ont plus de poids pour défendre les intérêts de leurs administrés auprès de l'administration centrale. Argument oiseux, car un élu qui cumule un mandat de maire et un mandat de député est moins disponible que si l'une et l'autre mandat relèvent d'un élu à plein temps, le second faisant avancer à Paris les dossiers du premier.
Pour cumuler les mandats et avoir une chance raisonnable de faire une belle carrière, il faut se lancer tôt et se consacrer à plein à la politique. À ce jeu, les hommes sont avantagés dans la mesure où ils ne sont pas tiraillés par les contraintes familiales. C'est pourquoi on compte parmi les élus français une écrasante majorité d'hommes avec seulement un très léger infléchissement de tendance en dépit des lois en faveur de la féminisation de la classe politique.
Les futurs «cumulards» doivent être libérés des contingences matérielles pour prendre le risque de se consacrer à plein temps à la politique. Aussi appartiennent-ils en nette majorité à la haute fonction publique. C'est que les fonctionnaires français bénéficient en effet du privilège de retrouver leur emploi au terme de leur campagne électorale, en cas d'échec, ou au terme de leur mandat.
La classe politique française se singularise donc par sa masculinité et son appartenance majoritaire à la haute fonction publique, très loin d'une quelconque parité sociale. Lors de sa conférence de presse du 14 juillet 1997, le président de la République alors en fonction, Jacques Chirac, a relevé cette singularité. «L'élu français type est un haut fonctionnaire mâle !» a-t-il constaté à cette occasion. «Et issu de la bourgeoisie blanche,» aurait-il pu ajouter.
Ce n'est pas une fatalité... La démocratie britannique interdit aux fonctionnaires de se présenter à des élections pour éviter tout conflit d'intêrêt entre les fonctions de représentation du peuple et l'appartenance à un corps au service de ce même peuple. Les fonctionnaires britanniques désireux de se faire élire doivent au préalable sacrifier leur garantie d'emploi !