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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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4 août 1789
La prise de la Bastille et la crainte d'une réaction nobiliaire ont provoqué dans les campagnes une Grande Peur.
En de nombreux endroits, les paysans s'arment sur la foi de fausses rumeurs qui font état d'attaques de brigands ou de gens d'armes à la solde des «aristocrates». Le tocsin sonne aux églises des villages, propageant la panique.
Chauffés à blanc, les paysans en viennent à se jeter sur les châteaux des seigneurs honnis... tout en proclamant leur fidélité à la personne du roi. Ils brûlent les archives, en particulier les «terriers» qui fixent les droits et les propriétés seigneuriales. Parfois ils maltraitent, violent et tuent les hobereaux et leur famille.
Ces soulèvements inquiètent les privilégiés, au premier rang desquels les députés qui siègent à Versailles. Contre les bourgeois qui en appellent à la répression, les nobles, plus au courant de la situation, préfèrent l'apaisement. «Le peuple cherche à secouer enfin un joug qui depuis tant de siècles pèse sur sa tête», s'exclame le richissime duc d'Aiguillon, «l'insurrection trouve son excuse dans les vexations dont il est la victime».
Comme l'Assemblée, passablement troublée, disserte sur les moyens de rétablir l'ordre, voilà que le vicomte de Noailles prend la parole. Il propose d'en finir avec les droits seigneuriaux, «restes odieux de la féodalité» selon ses termes. L'objectif est de «faire tomber les armes des mains des paysans» selon le mot de l'historien Albert Mathiez. Mais le vicomte de Noailles s'exprime aussi au nom de ses convictions libérales, tout comme le duc d'Aiguillon et la plupart des autres aristocrates de l'Assemblée.
Sa proposition déchaîne l'enthousiasme. Les nobles de l'Assemblée montent à tour de rôle à la tribune pour lui exprimer leur soutien. En une nuit, au milieu des applaudissements et des cris de joie, sont ainsi abattus les justices seigneuriales, les banalités, les jurandes et les maîtrises, la vénalité des charges, les privilèges des provinces et des individus,...
Passé le moment d'euphorie, les députés prennent le temps de réfléchir. Ils décident que seuls les droits féodaux pesant sur les personnes seront abolis sans indemnité d'aucune sorte. C'est ainsi que disparaissent à jamais certains archaïsmes comme la corvée obligatoire, de même que des injustices criantes comme la dîme ecclésiastique, uniquement payée par les pauvres.
Certains autres droits féodaux, ceux pesant sur les terres comme les cens et les champarts, devront être rachetés. À cette seule condition, les paysans pourront devenir propriétaires de plein droit de leurs terres. Cette restriction allait susciter quelques désillusions dans les campagnes mais serait abrogée quelques mois plus tard.
À la faveur de cette grande séance parlementaire qui a vu disparaître d'un coup les distinctions de classe de même que les particularismes locaux, l'égalité de tous les citoyens devant la Loi devient la règle (aujourd'hui encore, elle est au coeur de tous les débats politiques). Les députés tireront les conséquences de leur vote en préparant une solennelle Déclaration des Droits.
A posteriori, la Nuit du 4 Août n'apparaît pas seulement comme une splendide victoire de l'égalité. C'est aussi une nouvelle avancée du centralisme administratif sur les us et coutumes locaux : en-dehors de la norme reconnue à Paris, il n'y a plus de légitimité.
À noter toutefois une exception en ce qui concerne «l'abolition de l'esclavage des Nègres» dans les colonies, proposée en vain par le duc François de la Rochefoucaud-Liancourt, un aristocrate éclairé, adepte du progrès technique et de la philosophie des «Lumières».
3 août 1347
Le roi Édouard III Plantagenêt, dont la patience a été épuisée par le siège, s'apprête à passer la population au fil de l'épée : «Ma volonté est telle que tous y mourront». Puis il se ravise et, pour ne pas prolonger le siège, prétend n'exécuter que six otages. Le sort désigne Eustache de Saint-Pierre, Jean d'Aire, Pierre et Jacques de Wissant, Jean de Fiennes et Andrieu d'Ardes.
Le lendemain, les condamnés se présentent avec les clés de la ville, «nu-pieds et nu-chefs, en leurs linges draps tant seulement, les harts[cordes] au col». Selon la chronique, la reine Philippa de Hainaut, fille du comte Guillaume II le Bon, enceinte de huit mois, se jette aux pieds de son mari : «Ah ! très cher sire ! Depuis que j'ai passé la mer en grand péril, comme vous savez, je ne vous ai requis ni don demandé. Or vous prié-je humblement et requiers en don propre que, pour le Fils à sainte Marie et pour l'amour de moi, vous veuillez avoir de ces six hommes merci».
Le roi se laisse apitoyer et les six bourgeois sont déportés en Angleterre de même que Jean de Vienne et ses chevaliers. Ils seront finalement libérés contre rançon.
Édouard III peut alors signer une trêve d'un an avec Philippe VI de Valois. Quelques mois plus tard, Calais, comme le reste de l'Europe occidentale, est frappée par la Peste noire. Celle-ci décime la population de la ville qui est alors repeuplée... d'Anglais ! La trêve entre Anglais et Français est prolongée de quelques années du fait de l'épidémie mais les hostilités reprendront moins de dix ans plus tard avec une violence accrue...
Calais longtemps disputée
Fortifiée, Calais va devenir un grand port commercial pour le commerce de la laine entre l'Angleterre et la Flandre. Elle sera reconquise par la France deux siècles plus tard, en 1558, par le duc François de Guise, ce qui vaut à celui-ci et à sa famille une immense popularité parmi les catholiques français. Le roi Henri II règne alors à Paris et Mary 1ère à Londres.
Cette reine d'Angleterre est la première fille de Henri VIII Tudor et de Catherine d'Aragon. On lui prête les mots suivants : « Si on ouvrait mon coeur, on y trouverait gravé le nom de Calais ! » Mais la reine, que les protestants anglais surnomment «Bloody Mary» (Marie la Sanglante) en raison de son fanatisme catholique, ne tarde pas à rendre l'âme. Et c'est à sa demi-soeur, Élisabeth 1ère, qu'il reviendra de reconnaître la perte définitive de Calais. Le traité de Cateau-Cambrésis rendra la ville à la France le 3 avril 1559, en contrepartie d'un versement de 500.000 écus. Les Espagnols s'en empareront peu après et la rendront à Henri IV par le traité de Vervins.
2 août 1882
L'Égypte se considère alors comme faisant partie de l'empire ottoman mais le khédive ou vice-roi qui la gouverne au nom du sultan est dans les faits indépendant. Les Français, présents dans le pays depuis le débarquement de Napoléon Bonaparte en 1798, lui prêtent assistance dans les domaines militaire, économique et culturel.
Mais l'ouverture du canal de Suez en 1869 a rendu l'Angleterre beaucoup plus attentive aux affaires égyptiennes. Londres est en effet soucieux de la sécurité du trafic maritime à travers le canal car ce trafic est vital pour les liaisons avec sa colonie des Indes.
Des émeutes populaires s'étant produites à Alexandrie et dans la vallée du Nil, l'Angleterre décide de les mater elle-même. La France ayant hésité à l'accompagner, elle agit seule. C'est ainsi qu'elle place le gouvernement du khédive d'Égypte sous sa protection et toute la réalité du pouvoir passe entre les mains du consul général de la reine Victoria.
Les Français sont évincés. Le canal qu'elle a creusé ne tardera pas à lui échapper aussi.. Ils obtiennent une compensation avec la reconnaissance d'un protectorat sur la Tunisie. Le consul général britannique, lord Cromer, devient le véritable maître du pays. Il remodèle l'armée et développe aussi l'irrigation et la culture du coton.
Pendant la Grande Guerre de 1914-1918, l'Égypte rompt avec l'empire ottoman et se transforme en un sultanat sous protectorat britannique. Le 28 février 1922, la Grande-Bretagne renonce à son protectorat sur l'Égypte sous la pression du mouvement indépendantiste.
Après l'abolition du protectorat, le sultan Fouad 1er se proclamera roi. Mais les Britanniques vont conserver une grande influence sur les affaires du pays jusqu'au renversement de son fils, Farouk 1er, le 23 juillet 1952 par de jeunes officiers progressistes.
1er août 1914
Cette guerre (que chacun espère courte... et victorieuse !) est le résultat de quelques folles journées de surenchères diplomatiques et militaires.
Paléologue, ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, transmet à Sazonov, ministre des Affaires étrangères du tsar, un message du président Poincaré par lequel celui-ci, soucieux de préserver à tout prix l'alliance franco-russe, donne au tsar l'assurance de «seconder entièrement, dans l'intérêt de la paix générale, l'action du gouvernement impérial».
- 28 juillet
L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie et l'envahit aussitôt. La Russie s'émeut de l'attaque d'un pays ami.
À Paris, les journaux sont accaparés par le procès d' Henriette Caillaux. La femme du ministre des Finances avait tué quelques mois plus tôt le directeur du Figaro. Elle est acquittée ce jour-là mais son mari, qui prêchait la conciliation avec l'Allemagne, se trouve éliminé pour longtemps de la scène politique.
À la Une
Le quotidien Le Matin titre en Une : Mme Caillaux est acquittée, mais aussi :
- La guerre austro-serbe est déclarée ;
- La guerre européenne peut encore être évitée ;
- Le calme de la Russie fait en ce moment la sécurité de l'Europe ;
- On assure que l'Autriche se bornera à une «démonstration militaire».
L'empereur allemand Guillaume II prend conscience du cataclysme qui se prépare. De concert avec son chancelier, il télégraphie à plusieurs reprises au tsar en lui demandant de ne rien commettre d'irréversible contre l'Autriche-Hongrie. Mais les Allemands sont dépassés par les événements...
Apprenant qu'une forteresse des environs de Belgrade a été canonnée par les Austro-Hongrois, le tsar Nicolas II décrète la mobilisation générale au nom de la solidarité slave et fort du soutien de la France.
À Paris, le président de la République RaymondPoincaré et le président du Conseil René Viviani, rentrés le jour même de leur voyage à Saint-Pétersbourg, auprès de leur allié, le tsar, sont acclamés par la foule au cri de «Vive l'armée» ou même «Vive la guerre !»
«Poincaré-la-guerre»
Le président de la République française Raymond Poincaré n'a eu de cesse pendant deux ans de préparer la «revanche» ou du moins de mettre la France en situation de résister à une agression allemande. Il y gagnera après la guerre le surnom de «Poincaré-la-guerre».
Raymond poincaré, Président de la République
française (1860-1934)
C'est ainsi qu'ayant succédé au pacifiste Joseph Caillaux à la présidence du Conseil en janvier 1912, après l'affaire du Maroc, il a accéléré le réarmement du pays et préparé une loi pour porter de deux à trois ans la durée du service militaire.
Président de la République le 17 janvier 1913, il fait voter la loi sur le service militaire de 3 ans pour tous (curés compris !) puis appelle à la tête du gouvernement un leader socialiste et anticlérical, René Viviani, pour rassurer les électeurs de base, opposés en majorité à la guerre. René Viviani obtient que les troupes françaises se tiennent pendant les semaines fatidiques de juillet à dix kilomètres de la frontière pour éviter un incident fatal.
À Paris, au café du Croissant, un déséquilibré du nom de Raoul Villain assassine Jean Jaurès. Le leader respecté des socialistes et Joseph Caillaux étaient dans la classe politique française les derniers partisans de la paix ; le premier par humanité, le second par raison.
On peut dire que trois coups de revolver, ceux de Princip à Sarajevo, Henriette Caillaux et Villain à Paris auront eu raison de la paix mondiale !
Le même jour, l'Allemagne somme la Russie d'arrêter sa mobilisation et adresse un ultimatum à la France qui la soutient.
Robert Baden-Powell, fondateur du Scoutisme
29 juillet 1907
Quand la guerre des Boers éclate en 1899, le colonel Baden-Powell est chargé de s'emparer de la petite ville de Mafeking, noeud ferroviaire au coeur du Transvaal. Une armée de 7.000 Boers ne tarde pas à l'assiéger. Lui-même ne disposant que 2.000 hommes mal entraînés, il va compenser son handicap par le bluff.
Le colonel fait disposer un faux champ de mines autour de Mafeking, avec des boîtes de sable. Il érige aussi un fort factice à proximité de Mafeking, ce qui détourne pendant un temps les bombes de la ville !... Enfin, il recourt à des cadets de 12 à 16 ans, sans armes, pour assurer les tâches de surveillance, de soutien et de liaison.
Il va supporter de la sorte un siège de 217 jours qui lui vaudra un retour triomphal à Londres et des galons de général.
En Angleterre, le héros de Mafeking découvre avec surprise que son manuel Aids to scouting (Instructions aux éclaireurs) est employé par des éducateurs sociaux pour former ou redresser des jeunes en perdition.
Lui-même, parcourant le pays, mesure le mal-être des adolescents des quartiers pauvres. Il décide d'y remédier avec son expérience militaire et se met au service des associations caritatives. Sa réputation est bienvenue pour séduire les donateurs et recueillir des fonds.
Robert Baden-Powell veut fabriquer des citoyens émérites, épanouis tant au moral qu'au physique.
Le 29 juillet 1907, il entraîne sur l'île de Brownsea, dans le Dorsetshire, 24 jeunes gens à des jeux de piste. L'année suivant, il affiche son projet dans une brochure : Scouting for boys. Le scoutisme est né !
Son idéal connaîtra une fortune prodigieuse... En ce début du XXIe siècle, le scoutisme réunit 16 millions de jeunes garçons et jeunes filles dans 136 pays, au sein de groupements confessionnels ou laïcs.
Notons hélas aussi que le scoutisme a été dévoyé après la Première Guerre mondiale par les partis totalitaires, qui ont créé sur le même modèle des mouvements de jeunesse à leur dévotion.
En 1910, Robert Baden-Powell, qui a été anobli, quitte l'armée pour se consacrer au mouvement scout.
Comme les bonnes volontés ne sont jamais de trop, le vieux célibataire se résout à épouser une jeune fille de 23 ans, Olave, qui lui donnera trois enfants et dirigera la branche féminine du scoutisme.
Le héros meurt dans son lit .... au pied du Kilimandjaro, le 8 janvier 1941.
Gardons de lui cette profession de foi : «Aucun plaisir n'est comparable à celui que l'on éprouve à préparer soi-même son repas sur un petit feu de braises à la fin du jour, et aucune odeur ne vaut celle de ce feu». -
Bajazet
28 juillet 1402
Il meurt le 18 février 1405, à près de 70 ans, sans laisser beaucoup de regrets. On peut encore visiter son somptueux mausolée à Samarkande, ville dont il avait fait sa capitale.
Partagé entre ses fils, son empire ne lui survivra pas. Ses descendants, les Timourides, vont toutefois perpétuer sa dynastie avec un certain éclat et une relative sagesse autour de la ville d'Hérat (Afghanistan) jusqu'à l'aube du XVIe siècle.
Un lointain descendant, Babur chah, partira alors à la conquête de l'Inde. Dans une nouvelle bataille de Panipat, le 21 avril 1526, il renversera définitivement le sultanat de Delhi et instaurera l'empire des Moghols. Celui-ci durera jusqu'à la conquête anglaise.
Bénéfice d'une bataille
La défaite à Angora du sultan ottoman Bajazet face au conquérant Tamerlan a des conséquences insoupçonnées pour les chrétiens d'Europe. En brisant pour longtemps le dynamisme ottoman, elle offre en effet un précieux sursis à l'empire byzantin, réduit à la ville de Constantinople et à ses alentours. Constantinople, qui était sur le point d'être conquise par Bajazet 1er, survit pendant encore un demi-siècle. Ce supplément d'indépendance laisse le temps aux Occidentaux, et en particulier aux Italiens, d'accueillir les savants et les artistes byzantins. La Renaissance italienne va tirer un immense profit de cette«fuite des cerveaux».
L'exécution de Robespierre
27 juillet 1794
La veille, le 8 thermidor An II du calendrier révolutionnaire, à midi, l'Incorruptible est monté à la tribune de la Convention et a tenu un discours lourd de menaces dénonçant une «ligue de fripons» mais sans donner de noms. Évoquant le succès des armées de la République qui, partout, repoussent l'envahisseur, il lance avec la grandiloquence coutumière de l'époque : «la victoire n'a fait que creuser de ses mains brillantes le tombeau de la République», montrant par là sa crainte que l'éloignement des périls n'entraîne un relâchement de la vigilance républicaine, autrement dit de la Terreur ! Il conclut ses deux heures de discours par ces mots menaçants : «J'ai promis de laisser un testament redoutable aux oppresseurs du peuple ; je leur lègue la vérité, et la mort».
Les députés s'inquiètent car la loi de Prairial (10 juin 1794) permet au tout-puissant Comité de salut public et à son président de faire arrêter et exécuter le moindre suspect. Tous ceux qui ont quelque motif de craindre Robespierre prennent peur et se dévoilent. Parmi eux Collot d'Herbois, qui proteste contre la «dictature de la vertu», Billaud-Varenne, Barras et Fréron qui se sont impunément enrichis à Marseille, Fouché qui a aussi profité de son autorité pour s'enrichir...
En ce 9 thermidor An II (27 juillet 1794), à midi, Saint-Just, ami de Robespierre et membre du Comité de salut public, s'apprête à dénoncer les suspects à la tribune mais on lui coupe la parole. Robespierre lui-même est houspillé et empêché de monter à la tribune. On le montre du doigt aux cris de : «À bas le tyran !»
Dans un sursaut de courage, un député, Cambon, lance à la tribune une mise en accusation de Robespierre. Un obscur député du nom de Louchet demande finalement son arrestation ainsi que celles de son frère, de Saint-Just, Lebas et Couthon.
S'ensuit une grande confusion. Les prisonniers sont transférés à l'Hôtel de ville et se retrouvent sous la protection des sans-culottes, autrement dit des sectionnaires de la garde nationale, fervents partisans de la Révolution.
Arrestation de Robespierre (gravure d'après Harriet)
Tandis que sonne le tocsin, les sectionnaires hésitent sur la conduite à tenir. Pendant ce temps, le député Barras rassemble des troupes et entre dans l'Hôtel de ville.
C'est la fin. Le chef montagnard est blessé à la mâchoire par un coup de pistolet. En piteux état, il est guillotiné le lendemain, le 10 thermidor An II (28 juillet 1794) avec Saint-Just, Couthon et Robespierre jeune, son frère, ainsi qu'une vingtaine d'autres partisans. Le jour suivant, quelque 80 robespierristes de plus montent à l'échafaud.
Marquée par la Terreur et l'intolérance, la dictature jacobine n'aura duré qu'un peu plus d'un an dans le cadre d'une Révolution française globalement modérée et libérale, mais en dépit de sa brièveté, elle hantera à jamais la mémoire des révolutionnaires et de leurs opposants.
Commence la Convention thermidorienne, en référence aux députés qui abattirent la dictature de Robespierre.
Les vainqueurs, surnommés les «Thermidoriens», libèrent les suspects et mettent fin à la Terreur. Soulagement dans tout le pays. Les bourgeois qui craignaient, la veille, d'être à leur tour guillotinés se relâchent sans retenue. Se qualifiant par dérision d'«incroyables» et de «merveilleuses», ils se pavanent dans des tenues excentriques (et très déshabillées), à l'exemple de la célèbre Madame Tallien.
Merveilleuses et Incroyables au Palais-Royal
(Paris) après la chute de Robespierre
Avant de céder la place au régime du Directoire, les thermidoriens accomplissent par ailleurs une grande oeuvre administrative.
Nasser lors de la nationalisation du canal de Suez
26 juillet 1956
Le coup de Nasser
Le 26 juillet 1956, le président égyptien Gamal Abel-Nasser, qui a le soutien des Soviétiques, annonce à la foule, dans un grand éclat de rire, sa décision de nationaliser le canal de Suez et les biens de la compagnie du canal, une société franco-britannique.
Les Britanniques et les Français décident de réagir et de répondre à la menace que fait peser, sur leurs intérêts dans la région, ce coup de force égyptien.
Dans cette optique, ils vont trouver un allié de poids dans la région. Il s'agit d'Israël qui craint également la montée en puissance de son voisin égyptien extrêmement menaçant. Persuadé de leur bon droit, Guy Mollet et Sir Anthony Eden, respectivement chefs de gouvernements de la France et de l'Angleterre, proclament qu'ils ne céderont donc pas à l'intimidation.
Les deux pays mènent une opération conjointe avec Israël et rassemblent plus de 60.000 hommes, 300 avions de combats et 6 porte-avions afin de mettre au pas le leader égyptien. Après des premières opérations militaires victorieuses, les trois pays sont contraints de se replier sous la pression de l'URSS et des États-Unis. Il s'agit là d'une humiliation cinglante pour les deux anciennes grandes puissances, soumises aux injonctions des deux nouveaux géants, américain et soviétique, soucieux de protéger leurs propres intérêts et d'éviter une conflagration militaire généralisée.
Farouk 1er
23 juillet 1952
Le roi Farouk 1er a succédé le 6 mai 1936 à son père Fouad 1er sans cesser de faire allégeance aux Anglais. Souverain constitutionnel, il multiplie les coups bas contre le Wafd, un mouvement politique d'essence populaire déterminé à instaurer une pleine indépendance de l'Égypte. Son armée ayant été battue après avoir tenté en mai 1948 de détruire l'État nouveau-né d'Israël, le roi engage un bras de fer avec les Britanniques pour récupérer la gestion du canal de Suez et redresser de cette manière son prestige.
Le 6 octobre 1951, le Premier ministre convoque le Parlement en session extraordinaire et dénonce le traité anglo-égyptien de 1936 qui laissait aux Britanniques le canal jusqu'en 1956. Il dénonce également les accords du 19 juillet 1899 sur le Soudan. Mais le gouvernement britannique n'en a cure.
Les attentats anti-britanniques se multiplient. Le 25 janvier 1952, le général George Erskine réprime durement la révolte d'un millier de Boulouks, ou auxiliaires de police, à Ismaïlia. Il s'ensuit 49 morts dont 3 Britanniques.
George Erskine
Le pays est au bord de l'explosion. Le lendemain, un «samedi noir», des émeutes secouent Le Caire. Des immeubles, bars, cafés et cinémas, sont incendiés et des ressortissants britanniques lynchés par la foule. La police reste les bras croisés et le roi Farouk, qui offre un banquet de 600 couverts à ses officiers, regarde sans mot dire les incendies qui illuminent la capitale.
Dans les semaines qui suivent, le Premier ministre est congédié et les ministères se succèdent sans résultat. Devant cette carence du pouvoir, le peuple, désemparé, ne sait plus à quels saints se vouer. La monarchie, minée par la corruption, est d'autre part fragilisée par une série de complots.
Les coups viennent d'une part de la droite religieuse et des Frères musulmans, d'autre part du mouvement progressiste des «Officiers libres», fondé par un colonel de 33 ans d'humble extraction, Gamal Abdel Nasser.
Gamal Abdel Nasser
Le mouvement des Officiers libres l'emporte en définitive. Son chef, Gamal Adbel Nasser (34 ans), est un héros de la guerre contre Israël. Le 20 octobre 1948, lors de la bataille de Fallouga, il avait dû se rendre à l'ennemi avec son unité mais il avait bénéficié des honneurs militaires de la part des officiers israéliens en raison de son courage. Cet exploit lui avait valu l'admiration de ses concitoyens mais il ne suffit pas à le porter au-devant de la scène.
Le 21 juillet 1952, les Officiers libres décident de passer aux actes dès le lendemain. Le déclenchement de l'insurrection doit avoir lieu à minuit. Mais leur complot est découvert et le chef d'état-major réunit les chefs de l'armée en vue d'arrêter les officiers séditieux. La troupe entoure la caserne où ils se sont réunis.
Coup de théâtre. Le chef des assaillants se range du côté des Officiers libres et gagne avec ses troupes le Grand Quartier général où délibèrent les chefs de l'armée. Les sentinelles ne se doutent de rien en voyant revenir leurs camarades. En un quart d'heure, l'état-major est capturé. Dans la nuit même du 22 au 23 juillet, tous les points névralgiques de la capitale sont occupés par les insurgés. Au petit matin, un officier prend la précaution d'avertir l'ambassade britannique que "l'action qui se déroule est d'ordre purement intérieur et que toute tentative d'immixtion de la part des autorités britanniques sera considérée comme un acte d'hostilité".
Vainqueur du bras de fer qui l'oppose à la monarchie, Nasser fait réveiller le général Mohamed Néguib (41 ans), un aîné plus connu et plus prestigieux que lui. Il s'efface devant lui et lui remet la présidence du Conseil et le commandement en chef des armées. Homme intègre et sympathique, Néguib, à vrai dire, n'a ni l'étoffe ni l'ambition d'un chef...
Les officiers libres
Le 18 juin 1953, la République est proclamée. Néguib en devient le Président et le Premier ministre. Mais il doit bientôt faire une place de Premier ministre adjoint à Nasser.
Le 14 novembre 1954, Néguib est enfin déposé par son jeune rival qui devient désormais le chef absolu de l'Égypte. Nasser expulse en 1956 les dernières troupes britanniques et va défier l'Occident en nationalisant le canal de Suez.
Reddition de Bailen
(José Casado del Alisal
Musée du Prado, Madrid)
22 juillet 1808 :
Reddition de Bailén
Le 22 juillet 1808, à Bailén (ou Baylen), en Andalousie, à l'entrée des défilés de la Sierra Morena, 18.000 soldats français aux ordres du général Dupont se rendent aux Espagnols.
Le général a capitulé contre la promesse d'un rapatriement. Au lieu de cela, la junte de Séville, qui a pris en main le soulèvement du peuple espagnol contre l'occupant, fait interner les Français dans une île-pénitencier, dans des conditions épouvantables !
L'Europe est subjuguée ; elle découvre que quelques poignées de paysans déterminés peuvent mettre en échec les armées napoléoniennes, invaincues jusque là. C'est la première application de la guérilla, une tactique appelée à une grande diffusion au XXe siècle (le mot lui-même date de la guerre contre Napoléon).