Vers un télégraphe fiable, rapide et économique, le télégraphe électrique
Les récentes découvertes sur l’électricité, et plus particulièrement sur l’électromagnétisme a permis de mettre au point le télégraphe Morse, adopté en France en 1854. Le principe est simple. En pressant le bouton, on ferme le circuit électrique, ce qui active un électro-aimant qui fait abaisser un crayon marquant un papier entraîné par deux rouleaux.
Le code est binaire. Il est constitué de points et de traits. Voici le code de déchiffrage (qu’on trouve facilement sur tout talkie-walkie pour enfants) :
Signe | Code | Signe | Code | Signe | Code |
A | .- | B | -... | C | -.-. |
D | -.. | E | . | F | ..-. |
G | —. | H | .... | I | .. |
J | .--- | K | -.- | L | .-.. |
M | — | N | -. | O | --- |
P | .—. | Q | —.- | R | .-. |
S | ... | T | - | U | ..- |
V | ...- | W | .— | X | -..- |
Y | -.— | Z | —.. | 1 | .---- |
2 | ..--- | 3 | ...— | 4 | ....- |
5 | ..... | 6 | -.... | 7 | —... |
8 | ---.. | 9 | ----. | 0 | ----- |
A ces 36 signes de base, on rajoute des éléments qui permettent de rendre le message plus clair :
point (.) : .-.-.-
virgule (,) : —..—
point d’interrogation ( ?) : ..—..
barre de fraction (/) : -..-.
apostrophe (’) : .----.
AS (attente) : .-...
AR (terminé) : .-.-.
BT (séparation) : -...-
VA (fin d’émission) : ...-.-
Erreur : ........
Appareil morse simplifié (1860)
Le temps des réformes
Première réforme : le facteur rural
Si le facteur est né bien avant la révolution, celui-ci ne travaillait le plus souvent en ville ou en banlieue. Le facteur rural apparaît officiellement avec l’application de la loi de juin 1829 le 1er juin 1830.
La loi de 1829 instaura :
la distribution et la collecte du courrier dans toutes les communes rurales dépourvues d’établissement postal ;
la mise en place dans chaque commune d’une boîte aux lettres, à l’intérieur de laquelle se trouvait une lettre-timbre Cette lettre-timbre, apposée sur le courrier extrait de la boîte à partir du 1er janvier 1836 (et jusqu’au 31 décembre 1911) permettait d’identifier la boîte où avait été jetée la lettre. Les lettres timbre étaient attribuées par numéro de tournée puis par village dans la tournée. Ainsi le facteur rural n°1 avait 3 villages à desservir, il la parcourait sa tournée dans l’ordre A , B , C... Le facteur n° 2 commencait sa tournée par D, puis E ...On pouvait aller jusqu’à la lettre Z. Si c’était insuffisant (plus de 25 communes desservies par le bureau), on utilisait A/2, B/2,... Plus tard (à partir de 1845 sans doute), les communes ont la possibilité de faire installer, à leurs frais et avec l’accord de l’Administration, des boîtes supplémentaires dans des hameaux. Les lettres timbre de ces communes portent la lettre correspondant à la commune et un chiffre (A/2, A/3, A/4 s’il y a trois hameaux avec boîte aux lettres).
Cette loi instaura également le décime rural, taxe d’un décime pour les lettres d’origine rurale, décime qui fut supprimé le 1er janvier 1847.
En 1830, les tournées étaient difficiles et longues (parfois jusqu’à 40 kilomètres). A cette époque, les distributions avaient lieu plusieurs fois par semaine. Après l’application de cette loi, les piétons ne disparurent pas immédiatement. Ils assuraient les liaisons les jours où le facteur ne passait pas. A partir de 1832, et sur demande des communes, la distribution commence à devenir journalière. Mais il faudra attendre de nombreuses années pour que toutes les communes reçoivent la visite du facteur tous les jours : 1859 pour le Var ; 1863 pour la Drôme.
Plaques de facteurs ruraux et locaux (Second Empire et III° République)
Qui dit instauration d’un service, et création d’emploi (5.000 facteurs en 1830, 15.000 en 1847), dit création d’un uniforme. Le facteur rural, ne dispose pas d’une tenue imposée par la loi de 1830. Celui-ci a pour obligation unique de porter le médaillon de l’administration. C’est la circulaire du 9 décembre 1835 intitulée Costume des Facteurs Ruraux qui impose une rigueur vestimentaire aux facteurs. Les facteurs doivent néanmoins se vêtir à leurs frais !!! .
Costume des facteurs ruraux
circulaire du 9 décembre 1835
Musée de la Poste
"Costume des Facteurs ruraux
Habit veste de drap bleu de Roi, boutonné sur le devant de 7 boutons en métal blanc portant ces mots : Service des Postes : Facteur Rural. Collet droit en drap rouge. Parements bleus boutonnés de deux petits boutons.
En Hiver. Pantalon gris de fer. En Eté. Pantalon et guêtres de toile bleue. Chapeau rond en feutre verni.
Blouse en toile bleue ouverte sur la poitrine avec Collet rouge rabattu et deux rangées de 6 petits boutons en métal blanc portant les mêmes mots que ci-dessus.
Ceinture en Cuir noir avec boucle par le devant.
Portefeuille en cuir noir avec la plaque de métal blanc sur la bandoulière.
Nota : En écrivant à Mr Ameling Graveur, Passage du Saumon à Paris et lui faisant passer franc de port la lettre et l’argent, on pourra se procurer les Boutons dont l’administration a approuvé le modèle."
On remarquera que le costume du facteur rural a peu évolué entre 1830 et 1889.
Révolution, la réforme du service rural est avant tout un progrès social en cette fin de régime monarchiste qui pourtant augure les mauvais jours de 1830...
Facteur de 1889 - Aquarelle de Kermabon
Musée de la Poste
Deuxième réforme : d'une taxe à l'autre
Depuis la création de la Poste aux Lettres, les tarifs ont connu plusieurs réformes, s’étalant dans la durée. On ne va pas ici décrire les tarifs que vous pouvez trouvez sur le site d’Alain Trinquier, mais nous allons étudier plutôt la lente évolution de l’application des taxes.
1- Les lumières et le calcul compliqué... Avant la révolution, et comme l’indique la déclaration du 8 juillet 1759, les taxes sont appliquées selon la distance qui sépare deux bureaux et le poids (exprimé en once). Dans le cas général, on comptait le nombre de Postes entre le lieu de départ et le lieu d’arrivée, on multipliait par deux, et on appliquait le tarif . Il existait également des tarifs spéciaux pour les relations entre certaines villes, un système de double port, des conversions hasardeuses entre unités monétaires.
2- La Révolution et la simplification... Il faut attendre la loi du 22 août 1791 et la création des départements pour avoir une première simplification des tarifs postaux. Ceux-ci sont toujours calculés selon la distance (en lieues) et le poids (en once). La distance est désormais calculée selon la distance en ligne droite séparant le point central du dépardement de départ, et le point central du département d’arrivée. Les bureaux reçoivent une grille exprimant ces tarifs.
La loi du 3 thermidor an 3 réforme le calcul de la distance. Celle ci est calculée selon la route depuis le point de départ. L’enveloppe n’est plus taxée. En effet, les plis sous enveloppe étaient taxés d’un sou jusqu’à cette loi. La loi du 6 nivôse an 4 dénote d’une augmentation importante des tarifs (multiplié par 5 pour le plus petit tarif (1/4 d’once et <50 lieues). Peu après, les tarifs sont revus à la baisse pour revenir en nivôse an V à un tarif identique à celui de 1792. Mais le franc apparaît pour la première fois dans le calcul des taxes avec la conversion de 2 sous pour un décime (tarif de messidor an IV). La tarif de nivôse an V utilisera les lieues et les myriamètres.
3- Bonaparte, le système métrique et la nationalisation... Napoléon, arrivé au pouvoir par le coup d’état du 18 brumaire an 8), nationalise les Postes. La loi du 18 décembre 1799 réforme totalement le calcul des taxes. Le système prérévolutionnaire est abandonné au profit du système métrique. Ainsi, le poids n’est plus exprimé en once, mais en grammes (la lettre premier échelon devait peser moins d’1/2 once avant la réforme, puis 7 grammes après). Les distances sont exprimées en kilomètres, et non plus en lieues. Le calcul de la distance se fait selon le chemin le plus court entre le point de départ et le point d’arrivée, ces distances étant fixées par l’administration des postes. Enfin les tarifs sont exprimés en francs et ses sous unités (décime : 1/10 franc).
Voici un bref récapitulatif des conversions :
Ancienne mesure
| Nouvelle mesure
| Conversion
|
Lieue | Kilomètre | 1 lieue = 4 km |
Once | Gramme | 1 once = 30,6 g |
Livre | Franc | 1 franc de 1796 = 1,0125 livre tournois de 1796 |
Le tarif du 1er janvier 1828 remet en vigueur le calcul des distances en ligne droite... du point de départ au point d’arrivée.
4- Le décime rural La loi sur le service rural instaure une taxe supplémentaire pour financer le service rural. Cette taxe est fixée à 1 décime supplémentaire pour les lettres d’origine rurale et sera supprimée le 31 décembre 1848.
Lettre d’Olonzac pour Sète
Troisième réforme : L'invention du timbre-poste ou comment faire payer une taxe à l'avance
Le timbre-poste est né en Angleterre le 1er mai 1840, représentant la Reine Victoria. Ce timbre est surnommée le One Penny Black.
En France, il faudra attendre 1848 et la Seconde République pour avoir une réforme complète des tarifications postales, bien que cette uniformisation est réfléchie depuis 1839. C’est Etienne Arago qui en est l’instigateur.
Tout d’abord, le port de la lettre ne dépend plus que du poids, et est complètement indépendant de la distance. Ainsi, la taxe d’acheminement est fixée à 2 décimes pour une lettre d’un poids inférieur à 7,5 grammes. Cette mesure rentre en vigueur le 1er janvier 1849.
Ensuite, il est décidé, comme pour d’autres états européens, de faire payer le port par l’expéditeur et non pas par le destinataire. Ainsi est créé un timbre mobile, à l’effigie de la déesse des moissons, Cérès, tournée vers la gauche. Ce timbre porte la mention "REPUB FRANC" ainsi que la valeur faciale "20 c.". Ce timbre est gravé par Jacques-Jean Barre. Cette réforme postale marque la naissance de la philatélie, et de cette partie d’histoire postale très mouvementée.