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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Dans les contes et les légendes, il est toujours une fois un chevalier errant qui pénètre dans un pays dévasté en proie à la désolation. Jadis, la campagne verdoyante et productive est nue et stérile. Il n'y a plus de fleurs, mais des arbres morts. En cherchant à comprendre cette source de malheur, le chevalier découvre qu'un dragon cruel a ravagé le royaume et exige le paiement d'un tribut annuel.
Bien entendu, le prix de cette redevance était toujours le corps d'une jeune vierge. Ce qui nous amève à poser la question : les dragons ont-ils vraiment existé ? Revoyons un peu l'histoire. Pour les Celtes, comme pour les Romains, les dragons étaient symboles de guerriers. L'emblème de l'empire d'Orient était un dragon pourpre et l'écrivain romain Mercellinus a raconté comment Constantin était entré dans Rome à la tête de chohortes portant des enseignes frappées de dragons. De tous temps, des troupes de soldtas, des pays, des empereurs et des rois ont adopté pour emblème le dragon. Il est alors bon de préciser que dans la littérature celtique le mot dragon est un chef suprême.
Cette connotation sémantique n'est sans doute pas dénuée de tout lien avec les nombreuses légendes de dragons, quoique ceux-ci dans bien des cas, ne pourraient être que de vulgaires chefs de bandes de pillards. Pour l'occident, les dragons sont la représentation du mal, tandis que la pensée extrême orientale, au contraire, y voit des créatures bienveillantes, même s'il leur arrive de symboliser aussi la pluie, la brume et le vent.
Mais c'est avec saint Georges (voir illustration) que le dragon est entré dans la vraie légende de l'épopée de la chevalerie courtoise. Le goût de ces dragons pour les jeunes et belles vierges, de préférence nobles ou princesses, était bien connu.
La tradition orthodoxe rattache la légende de saint Georges à celle de Persée, le héros grec qui aurait délivré la princesse éthiopienne Andromède des griffes du monstre marin qui la menaçait. Pour les chrétiens, c'est la Foi qui est symbolisée par le preux chevalier. Celui-ci sauve l'Église personnifiée par la princesse, des démons du paganisme représentés par le hideux dragon. Pour les disciple de Freud, cette légende est connotée d'une manière beaucoup plus érotique...
Dans le seul folklore britannique, on compte plus de 50 dragons différents, tandis que dans le monde entier on en recense des milliers. Dans le livre Une histoire naturelle publié en 1776, on cite le dragon comme un animal des plus redoutables et probablement d'origine surnaturelle. De tous les temps, des esprits soucieux de rationalisme ont tenté de trouver des explications satisfaisantes pour justifier l'existence de ces dragons. Pour certains, le terme dragon n'est qu'une métaphore désignant une crue spectaculaire de la rivière. Pour d'autres, il serait une allusion aux incursions des pirates Vikings, dont les drakkars étaient souvent décorés de proues en forme de dragons.
Cependant, même en supposant que des créatures aussi hideuses aient existé, comment expliquer que des animaux aussi énormes aient pu voler? D'après les récits, on peut estimer le poids moyen des dragons à environs 9 tonnes, et selon les calculs des spécialistes en aéronautique, il aurait fallu à ces dragons une envergure d'ailes estimée à 180 mètres, ce qui est impensable. Mais il existe une autre possibilité pour légitimer leur habileté à voler: comme les Zeppelins, il est possible que les dragons, s'ils ont vraiment existé, aient été gonflés à l'air chaud ou à tout autre gaz plus léger que l'air. Il leur fallait donc un corps énorme pour emmagasiner tout le gaz nécessaire à leur ascension et n'avaient plus vraiment besoin d'ailes, sinon pour se diriger dans l'espace.
Certains auteurs ont ainsi imaginé que l'intérieur du corps des dragons devait être une sorte de gigantesque laboratoire chimique ; l'acide de chlorydrique présent dans le tube digestif de tous les vertébrés, se serait attaqué au calcium des os pour produire de l'oxygène, gaz plus léger que l'air et facilement inflammable. Pour régénérer les os, il suffisait donc aux dragons d'avaler des pierres de calcaires. Bon.
Pour expliquer qu'ils crachaient du feu, on a avancé l'hypothèse, sans doute un peu farfelue, que pour le libérer des excès d'hydrogène survenant après une période de repos, ils devaient le brûler par un jet de flamme.
Il est bon de préciser que personne n'a jamais découvert de dragons fossiles. Pour expliquer cet espèce de chaînon manquant, si l'on peut prendre cette expression, on a expliqué qu'à la mort du dragon, le processus de digestion des os entrait spontanément en action détruisant ainsi la totalité du squelette du monstre. On trouve d'ailleurs cette hypothèse d'anéantissment contrôlé et subit dans un rapport d'enquête effectué en 1968, en Irlande. Trente ans auparavant, un monstre avait été découvert dans une grotte près de Lough Derrylea, dans le comté de Clare. Un villageois devait venir témoigner: la chose était prisonnière, là, et ne pouvait s'échapper. Avant qu'on ait pu parvenir jusqu'à elle, elle avait tout simplement disparu, comme si elle s'était évanouie en fumée...
Que sont donc ces dragons? À défaut de créatures mythiques, ne peut-on pas les confondre avec des... éléphants... ou des alligators? Ne seraient-ils pas par ailleurs, des survivants de ces grands monstres de la préhistoire? Cet incroyable débat a passionné depuis longtemps tout les naturalistes cherchant à apporter une explication plausible, car, croit-on, autant de récits et de témoignages doivent comporter un fond de vérité.
Mais c'est surtout en Orient que les légendes des dragons sont fertiles. En Corée, par exemple, chaque rivière acceuillait jusqu'à il n'y a pas si longtemps, son propre dragon, tandis que le nord et le centre de la chine, les dragons étaient les dieux de la pluie; ils formaient des nuages avec leur souffle et arrosaient les champs de riz.
Depuis des temps très anciens, on s'imaginait que les crues, les tempêtes, les orages, étaient provoqués par des dragons qui se battaient dans les fleuves ou dans les cieux. Quant aux galets au fond du lit des ruisseaux en montagne, on pensait qu'ils s'agissait d'oeufs de dragons; l'orage les fendait et le bébé dragon s'échappait dans le ciel. Mais ce n'est pas tout. Les dragons luisaient dans l'obscurité, devenaient invisibles à volonté et pouvaient se recroqueviller jusqu'à la taille d'une chenille. Ils se reposaient au fond des mers. Les os de dragons faisaient partie de la pharmacopée traditionnelle, mais ils est presque certain qu'il s'agissait de fossiles d'animaux préhistoriques.
En Occident, les dragons mangeurs d'hommes gardaient souvent des trésors au fond des mers ou dans les profondeurs du sol. Ils s'envolaient le soir, crachant des flammes ou du poison, et c'était alors le présage d'une guerre ou d'un désastre. L'histoire du dragon terrassé connaît beaucoup de variantes. Pour la plupart des héros anciens, soit Siegfried, Sigurd, sant Georges, saint Michel, Arthur, Tristan ou le doux Lancelot, c'était le couronnement d'une carrière que de tuer le cruel dragon. Sur ce thème, on le sait, les légendes ont foisonné.
Il y a des légendes loufoques relativement aux tueurs de dragons. Par exemple, dans le Sussex (Angleterre), un cultivateur présenta au dragon un pudding empoisonné, si gros qu'il fut obligé de le transporter dans une charette. Le salaud de dragon engloutit tout, non seulement le pudding, mais la charette et les chevaux aussi!
Pour d'autres, en dépit de leur aspect inquiétant, les dragons étaient sympathiques. La littérature parle abondamment d'hommes et de femmes sauvés par des dragons. Ainsi, Thoas d'Arcadie, selon l'auteur romain Pline, a été sauvé d'une attaque de brigands par son dragon.
On retrouve donc des histoires de dragons dans tant de pays différents qu'on ne peut se demander s'ils n'auraient pas une origine commune, car les représentations qu'on en faisait évoquent étonnamment les dinosaures tels que la sciences moderne est parvenue à les reconstituer.
A l'orée de la forêt de Louviers, frileusement blottie dans un pli de terrain, s'élève la ferme de Saint-Lubin. L'attention du voyageur n'est pas sollicitée par l'aspect extérieur des constructions, quoique les murs de l'enclos soient solidement construits et que les bâtiments aux charpentes apparentes, aux toits couverts de tuiles, diffèrent des métairies normandes. Là, cependant, existait avant la Révolution le prieuré de Saint-Lubin-de-l'Epine ou de l'Epinay, fondé dans le courant du XIIe siècle, comme dépendance du prieuré de Lierru, par Raoul de Tancarville, gui donna au célèbre Guillaume d'Evreux, son ami, une portion des landes qui avoisinaient la forêt de Louviers pour y fonder une maison de son ordre.
Les bâtiments du monastère sont transformés en granges, et la chapelle, elle-même, n'est plus qu'un vaste grenier où s'entassent les récoltes du fermier. Il méritait cependant une destination moins vulgaire le petit sanctuaire de Saint-Lubin que des mains pieuses ont élevé, restauré, agrandi jusqu'à tracer sur le sol un plan cruciforme. Le portail a été élevé dans les premières années du XVIe siècle et le chevet ou chœur a été édifié à la même époque par Jean de Challenge, prieur de Lierru. Le XVIIe siècle a ajouté deux ailes à la partie centrale et primitive (XIIe siècle) et complété la symétrie du plan.
Une forte épine blanche ombrage de ses rameaux le portail qui disparaît sous cette végétation luxuriante. C'est l'arbre vénéré de Saint-Lubin. Une petite porte tracée en anse de panier donne accès dans le sanctuaire. L'ornementation en est sobre : on n'y voit ni choux, ni crochets ; seule, une large gorge dans laquelle courre une branche de feuillage et de fruits encadre l'ouverture. Au-dessus, une baie à meneaux flamboyants troue le tympan et éclaire l'édicule qui ne reçoit plus de lumière que des fenêtres du chevet, découpées en lobes cordiformes. A l'intérieur, le polygone du chevet est fortement accusé par les nervures prismatiques des voûtes descendant d'une clef sculptée aux armes des Challenge dont l'écu décore également les supports des statues de la Sainte Vierge et de saint Lubin. Un autel rustique formé d'une table de pierre soutenue par deux colonnettes à facettes, à arêtes hélicoïdales, est le seul mobilier que la tourmente révolutionnaire ait respecté. Les statues de saint Laurent et de saint Gordon, enlevées à la décoration des chapelles du transept y sont déposées
ainsi que le reliquaire de saint Lubin. Buste moderne, d'une polychromie barbare et d'une conception bizarre, car pour l'affecter à l'usage de reliquaire, un trou ovoïde a été ouvert au sommet du frontal et la cavité a été recouverte d'un verre qui laisse voir un fragment d'os incinéré.
Tous les hagiographes font naître Lubin ou Léobin (Leobinus) au diocèse de Poitiers sous le règne de Clovis (2e moitié du Ve siècle). Ils montrent le jeune pâtre dévoré du désir de s'instruire faisant écrire, par un moine, les lettres de l'alphabet sur sa ceinture, afin de pouvoir apprendre à lire en gardant ses troupeaux. L'amour de l'étude fit bientôt admettre Lubin dans le monastère de Nouaillé qu'il quitta pour se rendre au couvent de l'île Barbe, près de Lyon. Cette abbaye ayant été envahie par les fils de Clovis, conquérants de la Bourgogne, Lubin resta seul dans l'île. Les barbares voulurent qu'il leur révélât la cachette des trésors de la communauté, mais Lubin s'y étant refusé fut mis à la torture et laissé pour mort.
Miraculeusement rendu à la santé, Lubin vint se placer sous la discipline de saint Avit, et, à la mort de ce saint, choisit un ermitage, à la solitude de la charbonnière, dans la forêt de Montmirail. Sa réputation de sainteté s'étendit aux alentours ; ses prières arrêtèrent un ouragan qui désolait la campagne et éteignirent un incendie qui détruisait la forêt. Les auteurs de la Vie des Saints attribuent encore à saint Lubin d'autres miracles, parmi lesquels l'extinction de l'incendie d'une forêt dans les environs de Paris, la résurrection d'une jeune fille de Châteaudun et la guérison de saint Calétic qui devait lui succéder à l'évêché de Chartres. Car saint Lubin, après avoir été quelques années abbé de Brou, se rendit à Arles avec saint Aubin pour visiter saint Césaire et fut, à son retour, élu évêque de Chartres, l'an 544. Il mourut en 557, après avoir assisté à plusieurs conciles.
Ce que n'ont écrit ni le Père Géry, ni Godescart, ni Henry de Riencey dans la Vie des Saints, c'est la légende, toute locale, que racontent les paysans des environs de Louviers, et qui affirme que saint Lubin vivait dans un ermitage de la forêt. Un jour il se rendit au marché de la ville pour acheter du poisson, le seul mets qu'il ajoutait aux racines dont se composaient ses repas. A son retour, étant très fatigué, il s'endormit au pied d'une épine et son sommeil dura sept années. Lorsqu'il se réveilla, il trouva les poissons contenus dans son panier aussi frais qu'ils étaient avant son sommeil. C'est en mémoire de ce miracle et pour en louer Dieu que saint Lubin aurait fondé la petite communauté de l'Epine dont la chapelle jouirait depuis lors d'une grande vénération.
Jadis on venait de fort loin en pèlerinage au modeste sanctuaire. Un saint qui, pendant sept années, avait dormi sur la terre à la face des étoiles, sans être atteint ni de douleurs ni de rhumatismes, devait bien guérir les mortels qui en étaient affligés ?... Mais saint Lubin n'est pas seulement un guérisseur de sciatiques et le pèlerinage qui a lieu, chaque année, à son ermitage contient bien d'autres enseignements. C'est au mois de mars que s'accomplit cette dévotion, lorsque le soleil fait monter la sève et gonfler les bourgeons aux branches des arbres et que les brises tièdes, chassant les frimas, ramènent les chants d'oiseaux et les nids dans les buissons. Tout Louviers se rend à Saint-Lubin.
C'est la première assemblée de l'année, aussi des environs sont accourus de nombreux pèlerins. La route dont les lacets se déroulent au flanc du coteau est des plus pittoresques. Les promeneurs s'arrêtent et stationnent pour jouir du magnifique panorama de la vallée de l'Eure. Les vieillards plaisantent et se gaudissent devant les boutiques où se débitent des figues et des raisins secs, tandis que les jeunes gens aguichent les jeunes filles, flirtent et essaient de se faire accepter pour danser, toute la saison, aux assemblées des villages voisins. Les couples arrivent ainsi en discutant les clauses d'un doux contrat d'amour à la ferme de Saint-Lubin. Pour cette cérémonie, les gerbes qui encombraient la chapelle ont été transportées dans les celliers voisins. Les fourrages, les pailles
ont été entassés dans les greniers. Les murs jadis ornés de peintures, et aujourd'hui couverts de moisissures, disparaissent sous les branchages des sapins fauchés dans la forêt. La foule des pèlerins peut accomplir ses dévotions jusqu'au moment où un orchestre champêtre fera entendre les premières mesures de danses lancées par des instruments disparates.
Pour trouver le sens caché de la légende de saint Lubin, constatons tout d'abord, d'après les fouilles faites par l'abbé Cochet en 1870 et les explorations archéologiques menées avec méthode à la fin du XIXe siècle dans les forêts de Bord et de Louviers, que le vaste plateau de Tostes, dont les pentes boisées se mirent dans la Seine ou descendent jusqu'aux rivières de l'Eure et de l'Iton, était couvert de constructions romaines. Les conquérants des Gaules avaient établi sur ce point d'importantes factoreries et leurs villas incendiées, lors des invasions du Ve siècle, ont été restaurées et habitées par les Francs, contemporains du moine Lubin.
N'est-il pas admissible que cet ermite qui, pendant sa vie, jouissait déjà d'une grande réputation de sainteté, n'ait vu sa mémoire vénérée tout d'abord aux confins d'une forêt au centre de laquelle venaient de s'établir les envahisseurs nouvellement convertis au christianisme ? Son nom même a remplacé celui de divinités du paganisme car il se trouve dans la chapelle de l'Epine une statue d'évêque - celle de saint Lubin sans nul doute - taillée dans une branche d'arbre. L'icône apparaît ainsi que l'amadryade antique. La tête mitrée et les mains soutenant la dalmatique ont été taillées par le ciseau du sculpteur tandis que les autres parties de l'image se perdent et se fondent dans l'écorce rugueuse de l'arbre qui a été conservée.
La légende qui fait dormir le saint pendant sept années à l'abri d'une aubépine, cet arbrisseau dont les blanches fleurs ouvrent leurs corolles aux premiers sourires du printemps ; la fête qui se célèbre lorsque le clair soleil caresse la terre et que les prés se constellent de primevères et de pâquerettes sont les symboles de la résurrection et du réveil de la nature. N'est-ce pas là le secret des mystères qui se célébraient, dans les nuits d'Eleusis, à la lueur des torches, par tout ce peuple de laboureurs et de bergers, fils pieux de la Grèce ?
La dévotion à saint Lubin a substitué les pratiques chrétiennes au culte des faux dieux. La primitive chapelle élevée par les Francs sur l'emplacement du sacellum antique a été pillée et brûlée par les Normands. Leurs hordes saccagèrent tout le pays compris entre Pont-de-l'Arche et Chartres, et c'est après la conversion au christianisme des pirates du Nord, et leur installation définitive en Neustrie, que la mémoire de saint Lubin, toujours vénérée par les populations de la vallée de l'Eure, fut de nouveau honorée dans le sanctuaire construit par Guillaume d'Evreux dans les landes voisines de Louviers. Telle paraît être la vérité tirée de la légende de saint Lubin.
Andiu (ou Andieu, ou Andiou) naquit dans une modeste chaumière, et sa vie fut employée aux humbles et pénibles travaux de la terre ; il conduisait la charrue dans les champs de la Galinière, métairie située près de Béziers, sur la route de Murviel. Très tôt, de grandes vertus le désignèrent à l'admiration de ses contemporains auxquels il apparut marqué du sceau de la sainteté, non pour sa science théologique mais pour son esprit de pénitence, sa piété, sa charité.
Dès son lever, qui devançait tous les jours l'aurore, il adressait au ciel de ferventes prières, demandant le salut de tous avant le sien. Le bruit du monde mourait au seuil de sa demeure. Au milieu des champs il entonnait un cantique, rendant grâce pour toute chose à Dieu, ou bien il chantait une de ces ballades plaintives qui charmaient nos aïeux. La légende rapporte que son corps était léger, son âme planait au-dessus de la terre, que naïve était sa pensée, grande était sa chasteté, qu'il était plein d'une ardeur extatique remarquable et qui a quelque chose de commun avec cette force mystérieuse qui soulève les poètes quand leur émotion se traduit par de sublimes élans.
Mais voilà que, tout à coup, il s'arrête, suspend son travail et s'éloigne du sillon qu'il trace. C'est qu'il vient d'apercevoir un homme malheureux et fatigué : un pauvre serf maltraité par son seigneur. Le modeste travailleur appelle son infortuné compagnon, l'interroge et cherche à adoucir le poids de ses chaînes. Il lui fait entrevoir un bonheur qui n'est pas de ce monde et lui promet, après les souffrances terrestres, un repos éternel. Il lui parle du ciel avec une foi qui ravit son rustique auditeur. Puis, pour faire fructifier ses consolations dans l'esprit de l'infortuné, Andiu lui présente son barralet rempli d'un antidote très efficace
contre les peines morales. On désignait ainsi, dans le Midi, un petit bidon en bois affectant la forme d'un tonneau, d'une contenance de un ou plusieurs litres, dans lequel les travailleurs mettaient le vin.
Plus loin, un pèlerin, accablé de fatigue, se traînant vers Béziers, s'offre à ses yeux. Andiu l'arrête, l'invite à s'asseoir sur le gazon et écoute avec intérêt les pieuses légendes que l'étranger apporte d'Orient et, qu'aidé du charmant barralet, il embellit de miracles dignes d'une grande foi. La tradition rapporte encore que des bourgeois, des chevaliers même et de hauts barons étanchèrent leur soif au miraculeux barralet. Elle dit aussi que de gentes demoiselles voulurent bien, par curiosité peut-être, appliquer leurs lèvres au même barralet.
Ce barralet était tout petit, mais toujours plein. Comment, sans cette inappréciable qualité, aurait-il pu satisfaire les nombreuses personnes qui lui demandaient un réconfortant secours ? Grande fut souvent la surprise des pèlerins, en voyant qu'un si modeste récipient pût apaiser l'immensité de leur soif et surtout, miracle pus grand encore, en maintenant toujours son contenu au même niveau.
Quelques envieux avaient fini par faire croire au maître d'Andiu que celui-ci prodiguait son vin aux passants et que le valet risquait de le ruiner. Ce maître crédule alla un jour surprendre son serviteur, pendant qu'il prenait son champêtre repas au pied d'un tertre, derrière un buisson. « J'ai soif », lui dit-il ; « voudrais-tu me laisser boire à ton barralet ? » Andiu lui répondit : « Très volontiers, maître ».
Le maître reconnut toute la fausseté des calomnies dirigées contre son fidèle domestique, quand il fut convaincu que le barralet ne désemplissait pas. Hélas ! Un jour vint où les champs de la Galinière furent silencieux et tristes ; nulle voix ne se mêla plus, dès le matin, à celle des oiseaux pour chanter la louange de Dieu. On ne vit plus le laboureur, ni ses pacifiques bœufs. En vain chercha-t-on du regard ce saint homme qui savait donner de si bons conseils, qui prodiguait une si réconfortante liqueur, qui s'entendait si bien à relever l'espérance et la foi.
Il ne devait plus reparaître dans les champs fertilisés par les sueurs. Le saint s'était affaibli, la vie avait abandonné son corps. Désormais, il était dans l'éternel repos. La nuit était venue, ses compagnons dormaient ; une lampe brûlait seule, suspendue au mur noirci ; le saint était étendu sur la terre nue. Il souleva un instant, pour regarder le ciel, sa tête qui retomba sur un oreiller de pierre. Il n'était plus.
Tout à coup, dans Béziers, une sourde rumeur circule. Les cloches de Saint-Aphrodise firent entendre, dans la nuit, leur son argentin, sans qu'aucun homme ne les agitât et, prodige qu'on ne croirait pas, si la tradition ne le rapportait en termes formels, les sons étaient devenus aussi doux, aussi flûtés que les notes d'un orgue.
On distinguait ces mots
prononcés dans leur langage aérien :
Andiu es mort.
Es mort à la Galinhero
(Andiu est mort.
Est mort à la Galinière)
Une voix demandait : « Ount es (Où est-il) ? » ; une autre répondait : « Darres uno peyro (Derrière une pierre) ». Les premiers qui les entendirent n'en croyaient pas leurs oreilles : ils s'imaginaient rêver. Cette mystérieuse lamentation, sans cesse répétée par les cloches, frappa les esprits. Les prêtres et les fidèles se précipitèrent en foule vers la Galinière. A la faveur d'une clarté céleste, on s'approcha du saint. L'expression de son visage offrait l'image de la paix, une auréole brillait autour de sa tête.
Hélas ! Il se trouva des gens qui purent conserver, dans ce moment solennel, des idées temporelles. Depuis longtemps, la paroisse de Saint-Nazaire et celle de Saint-Aphrodise étaient en lutte pour savoir de laquelle des deux devait dépendre la ferme de la Galinière. Les deux parties convinrent de s'en rapporter au jugement de Dieu. Le corps du saint fut respectueusement placé sur un chariot traîné par ses bœufs. On décida que la Galinière appartiendrait à l'église où ils se rendraient d'eux-mêmes.
On vit, sous la conduite de deux anges, les bœufs, portant des torches allumées au bout de leurs cornes, se diriger vers l'église Saint-Aphrodise, y faire leur entrée et s'arrêter devant le maître-autel. Selon la légende, c'est par là que Dieu, manifestant sa volonté, termina ce différend qui, pour devenir éternel, n'aurait eu besoin que des longueurs de notre procédure. Saint Andiu fut choisi comme patron des muletiers et des charretiers.
Coq, poules et poussins. Peinture
de Melchior de Hondecoeter (XVIIe siècle)
(D'après « Revue de la Haute-Auvergne » paru en 1902)
L'art de guérir occupe une grande place dans les légendes et les traditions populaires. Par atavisme, on croit aux sorciers, aux guérisseurs doués de dons spéciaux, aux noueurs d'aiguillettes, aux marchands d'orviétan, à tous ceux qui basent sur une foi aveugle l'efficacité de vaines formules et de remèdes impuissants. Comment expliquer, autrement que par des influences ancestrales, ce fonds immense de crédulité où trouvent leur raison d'être les coutumes les plus étranges, les préjugés les plus bizarres, les déconcertantes recettes destinées à soulager tous les maux ?
Il serait banal de rappeler les formules bizarres consignées dans les anciens livres de thérapeutique. Les poudres d'os, de pierres précieuses, de poils, de cornes ou de sabots, les produits les plus répugnants de l'économie animale, les êtres les plus immondes de la création, tels que serpents, crapauds, limaces, y jouent un grand rôle, ainsi que les phrases cabalistiques, accompagnées de pratiques grotesques ou puériles. Mais tout cela, pensera-t-on, est de l'ancien temps. Le progrès de la science a fort heureusement détruit la crédulité qui faisait le succès et la fortune des Purgon et des Diafoirus. Erreur profonde. La civilisation n'est qu'à la surface. Grattez un peu et vous trouverez l'âme populaire encore naïve et ignorante, rebelle aux vérités démontrées, mais prête à accepter sans contrôle et avec une foi aveugle, les procédés empiriques les plus absurdes. Le Folklore auvergnat pourrait s'enrichir d'un chapitre aussi étendu qu'intéressant s'il recueillait toutes les superstitions accréditées, soit dans les campagnes reculées, soit dans les centres les plus peuplés.
Si d'aventure, vous ressentez une vive douleur faisant craindre un point de côté, hâtez-vous d'envoyer quérir ici même, au Viaduc d'Aurillac, le chat de M. V... Ce célèbre félin, de forte taille et dodu, type superbe parmi ses congénères, possède un pouvoir magique : il suffit de lui égratigner la queue - opération à laquelle il se prête volontiers - de recueillir le sang, de le mélanger à du bouillon et d'absorber ce breuvage, pour que la douleur disparaisse aussitôt. Le sieur P... de la rue Destaing, s'est ainsi guéri ; sa femme peut témoigner de deux guérisons dans les mêmes conditions. Seulement, en vertu de l'affinité des sexes, il faut à la femme du sang de chatte et ne pas connaître l'adresse de la compagne du minet philanthrope est regrettable.
Le sieur R... de l'avenue de la République, a soulagé sa fille de violentes migraines, en lui appliquant sur la tête un pigeon tout pantelant que l'on venait d'éventrer. La douleur a cessé au dernier battement d'ailes du malheureux volatile. A l'âge lointain de la Pierre polie, on était certes moins cruel vis-à-vis des animaux ; au lieu de recourir à un tel procédé, on préférait détacher dans le crâne du malade une rondelle - qui devenait un précieux talisman - pour permettre à la cause du mal de s'échapper. Et, puisqu'il est question des temps préhistoriques et que nous nous occupons de traditions, notons des rapprochements qui se présentent à l'esprit. Alors on se couvrait de peaux de bêtes et on ornait sa poitrine de colliers, d'amulettes et de pendeloques. Toutefois, c'étaient des coquillages, des dents ou de simples cailloux percés, au lieu des singuliers et coûteux
objets fétichistes suspendus aux chaînes en sautoir de nos élégantes. Alors, tout comme aujourd'hui, le développement de certaines parties de leur personne était considéré comme un élément de la beauté des femmes et les très curieuses statuettes découvertes à Brassempouy (Landes) nous apprennent qu'on obtenait ce résultat stéatopygique sans les artifices et les tortures du corset.
Laissant de côté les cas particuliers, au risque de marcher sur les plates-bandes des médecins et de diminuer leur clientèle, indiquons d'autres recettes confiées en grand secret et dont l'efficacité est absolument garantie. Pour les maux d'yeux et d'oreilles, demandez à une nourrice, brune ou blonde, quelques gouttes de lait. Pour la migraine, si le meurtre d'un pigeon vous répugne, prenez une tête de corbeau, faites-la cuire sur des charbons, retirez-en la cervelle et mangez-la. Pour la jaunisse, armez-vous de courage, mettez de la fiente de poule, séchée au soleil, dans du vin blanc, et buvez. Vos engelures lavées avec l'eau ayant servi à la cuisson de boudins, disparaîtront comme par enchantement.
Aux enfants qui mouillent leur couchette, donnez des crottes de rats dans du bouillon. Un spécifique infaillible contre la surdité est du coton imbibé d'une huile dans laquelle vous aurez broyé des œufs de fourmis. Pour faire tomber sans douleur les dents creuses placez, dans le trou, de la cendre de vers de terre et bouchez avec de la cire vierge. Les toiles d'araignées servent à panser les coupures. Pour les maladies de poitrine, essayez une cure au bouillon de limaçons. L'anguille a des propriétés remarquables : son sang est un remède contre l'ivrognerie et son foie, réduit en poudre, facilite les accouchements. Le crapaud, si laid qu'il soit, jouit de vertus extraordinaires : faites-le bouillir dans de l'huile et vous obtiendrez un onguent souverain contre la teigne ; appliquez-le vivant sur un chancre et vous tuerez celui-ci ; vous vous assurez de la mort en examinant si un nouveau crapaud, donné en pâture, n'est pas entamé.
L'escargot, placé sur un panaris, produit un effet semblable avec un rôle opposé, il mange au lieu d'être mangé. Le crottin de cheval mêlé avec de la graisse est souverain contre les brûlures et, si vous voulez vous débarrasser d'hôtes aussi peu agréables que les puces, ayez recours à l'urine de jument. La vache mérite également votre reconnaissance : sa bouse délayée dans du vin est un très bon topique contre l'enflure des pieds ; mélangée au beurre, elle soulage la goutte ; toute fraîche, elle combat avec succès les hydropisies les plus rebelles. Il est naturel, après ces services rendus par les animaux, que vous trouviez en vous-même un contingent de remèdes. Les plaies, quelle que soit leur malignité, n'ont pas de meilleur baume que votre urine, et, si une épine se glisse dans votre chair, chassez-la avec du coton trempé dans ce liquide. Rappelez-vous aussi que les femmes arvernes se gargarisaient la bouche avec leur urine pour donner à l'émail des dents l'éclat chatoyant de la perle, écrit Mourguye dans Essai sur les anciens habitants de l'Auvergne.
Enfin, pour sortir de cette pharmacopée nauséabonde, empressons-nous de citer trois observations qui se rattachent à notre sujet et qui sont très concluantes au point de vue des phénomènes de l'autosuggestion. Un habitant d'Aurillac guérissait les malades de la fièvre en leur donnant une petite amulette à avaler et une grosse amulette à suspendre au cou pendant neuf jours. La première était un peloton de fil de la grosseur d'un pois ; la seconde, un morceau de papier chiffonné enveloppé de quelques tours de fil. Au dernier jour de la semaine, il fallait jeter l'amulette au feu sans l'ouvrir. L'indiscret qui enfreignait cette recommandation retombait malade. Un paysan d'Yolet, né un vendredi avant Pâques, avait un privilège identique avec des moyens différents : il prenait une tranche de pain, faisait certains signes, murmurait certaines paroles, puis mangeait une bouchée de pain et en faisait faire autant au fiévreux, qui conservait précieusement le reste de la tranche pour en goûter chaque matin, à jeun, pendant neuf jours. Une femme de Vézac se serait débarrassée de la fièvre en prenant un morceau de lard dans lequel elle avait mis une rognure de chacun des ongles de ses doigts et de ses orteils.