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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
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Histoire de Femmes -

Histoire de Femmes - Catherine II, tsarine allemande

Publié à 18:23 par acoeuretacris Tags : histoire femme
Histoire de Femmes - Catherine II, tsarine allemande

9 juillet 1762

Avènement de Catherine II
 
 
 
 

Le 9 juillet 1762, trois régiments de la garde du tsar Pierre III se révoltent contre leur maître et prêtent serment de fidélité à son épouse, Catherine, «pour la défense de la foi orthodoxe et pour la gloire de la Russie». Leur révolte est animée par le propre amant de la reine, Grégoire Orlov.

 

Letsar abdique dès le lendemain. Il meurt une semaine plus tard dans sa retraite, sans doute tué par l'un des frères Orlov dans une querelle d'ivrognes. Ainsi débute le règne immense de Catherine II la Grande.

 

Un grand «homme d'État»

 

La nouvelle impératrice est née à Stettin, en Prusse, le 2 mai 1729, sous le nom de Sophie Augusta d'Anhalt-Zerbst.

 

Princesse allemande d'extraction modeste, elle a été fiancée au grand-duc Pierre de Holstein-Gottorp, neveu de la tsarine Élisabeth et petit-fils de Pierre le Grand.

 

Elle acquiert une culture d'autodidacte très étendue et se révélera plus tard étonnamment préparée à ses responsabilités. Elle lit Tacite, Machiavel, Montesquieu dans le texte et n'hésitera pas à racheter en viager la bibliothèque de Diderot.

 

Bien que de culture allemande, Catherine s'assimile remarquablement à sa nouvelle patrie. Convertie à la religion orthodoxe, elle prend le nom de Catherine et se fait apprécier des Russes, au contraire de son mari, inculte, immature, allemand de coeur et admirateur éperdu du roi de Prusse Frédéric II.

 

 
 
 

Le couple se déteste et, comme de bien entendu, ne donne le jour à aucun héritier pendant huit ans, au grand mécontentement de la tsarine Élisabeth qui pousse Catherine à prendre un amant, le «beau Serge». Sans doute celui-ci est-il le véritable père de l'héritier qui naît sur ces entrefaites.

 

Pierre monte sur le trône à la mort de la tsarine Élisabeth, le 5 janvier 1762, et prend le nom dePierreIII. Il n'a rien de plus pressé que de se retirer de l'alliance avec la France et l'Autriche contre la Prusse, sauvant son héros, Frédéric II, d'une situation désespérée. Il restitue à la Prusse la Poméranie et la Prusse-orientale. Le bruit court enfin que le nouveau tsar se prépare à abolir le servage. C'est à ce moment-là que Catherine, profitant du mécontentement de la noblesse, s'empare du pouvoir.

 

Quelques mois après son accès au trône, l'impératrice intervient en Pologne où elle fait élire comme roi son favori, Stanislas Poniatowski ! Pour le soutenir contre ses ennemis, regroupés dans la confédération de Bar, elle envahit le pays en 1770. Là-dessus, par le traité de Saint-Pétersbourg du 25 juillet 1772, elle s'entend avec le roi de Prusse Frédéric II et l'archiduchesse d'Autriche Marie-Thérèse pour enlever à la Pologne un tiers de son territoire.

 

Les guerres de conquête

Les trois larrons - Russie, Prusse, Autriche - s'allient non seulement contre la Pologne mais aussi contre la Turquie. C'est ainsi qu'en 1774, le nouveau favori de la tsarine, Grégoire (Grigori) Potemkine (35 ans) conquiert d'immenses territoires au dépens du sultan.

 

Par le traité de Kütçük-Kaynarca, le sultan garantit aux navires russes la liberté de navigation dans la Mer Noire et le libre passage vers la Méditerranée à travers les détroits du Bosphore et des Dardanelles. Il confère à la tsarine un droit de regard sur le sort des chrétiens orthodoxes des possessions ottomanes des Balkans. Il cède surtout à la Russie les territoires qui s'étendent de la mer Noire à l'Ukraine et dont Potemkine devient le gouverneur général en remerciement des services rendus. Le favori développe activement ces territoires, les repeuplant avec des immigrants de toute la Russie et même d'Allemagne. Il annexe au passage le khanât de Crimée et fonde sur la péninsule le port de guerre de Sébastopol.

 

En janvier 1787, Potemkine, devenu ministre de la Guerre, invite la tsarine à visiter les nouvelles provinces. Catherine II quitte en grande pompe Saint-Pétersbourg pour s'embarquer sur le Dniepr. Elle descend triomphalement le fleuve en compagnie du roi de Pologne Stanislas II, de l'empereur d'Allemagne Joseph II, du prince de Ligne et de l'ambassadeur de France, le comte de Ségur.

 

«VillagesPotemkine»

 

Adolf Helbig, biographe de Potemkine, a lancé la légende selon laquelle le ministre aurait implanté des villages factices en carton-pâte tout le long du parcours de la tsarine dans ses nouvelles provinces. Il aurait ainsi voulu la flatter et la rassurer sur l'état de sa paysannerie !

 

Depuis lors, l'expression «village Potemkine» désigne - à tort - des opérations de propagande visant à tromper les dirigeants d'un pays et son opinion publique.

 

En 1792, la Crimée et d'immenses étendues d'Asie centrale sont définitivement annexées par le traité de Jassy. Quelques possessions suédoises en Finlande sont acquises en 1790 par le traité de Verela. Deux partages ultérieurs de la Pologne, en 1792 et 1795, ne laissent enfin plus rien d'un pays vieux de huit siècles. Une tentative d'expédition contre la Perse n'a pas de suite.

 

Les affaires intérieures

 

Catherine poursuit l'aménagement de Saint-Pétersbourg, la capitale baroque inaugurée par Pierre 1er le Grand à l'embouchure de la Néva, sur la mer Baltique. Elle y attire des architectes et des artistes occidentaux. C'est ainsi que le sculpteur Falconet érige la statue de Pierre le Grand sur la place du Sénat en 1782.

 

Les idées sociales de Catherine ne sont pas précisément celles des philosophes des Lumières. Mais, par opportunisme politique, elle vénère ces hommes influents dans ses salons et sur son écritoire.

 

Elle correspond avec d'Alembert, Diderot, Voltaire, Grimm, Helvétius et Kant qui la tiennent pour un «despote éclairé», à l'égal de ses contemporains Frédéric II, roi de Prusse, et Joseph II, archiduc d'Autriche... Despote, elle l'est sans aucun doute, éclairé, cela se discute ! Voltaire, flatteur, l'appelle la «Sémiramis du Nord» (Sémiramis est une reine légendaire de Babylone).

 

Les terres d'Église sont sécularisées en 1764, y compris leurs deux millions de serfs, ce qui permet à l'impératrice, les jours de fête, de faire de généreuses donations de terres (et de serfs) à ses protégés !

 

Sous l'impulsion de Potemkine, des villes nouvelles voient le jour dans les marches d'Ukraine (Odessa, Kherson, Nikolaïev, Taganrog, Mariupol - aujourd'hui Pavlovsk).

 

Pour encourager la noblesse à s'intéresser à ses propriétés souvent négligées, la tsarine ne craint pas de limiter les quelques droits qu'ont encore les serfs. Ainsi donne-t-elle aux nobles, en 1765, le droit de déporter leurs serfs récalcitrants en Sibérie !

 

Larévolte de Pougatchev

 

Les mécontentements paysans alimentent les rancoeurs et les révoltes. C'est ainsi qu'en 1773, un Cosaque du Don nommé Pougatchev prétend être le tsar Pierre III. Avec une armée de 26.000 hommes composée de paysans, d'ouvriers et de Cosaques, il dévaste la Petite-Russie, tenant en échec le pouvoir. Livré par ses compagnons au général Souvorov, Pougatchev est décapité à Moscou en 1775.

 

Malgré ou à cause des révoltes paysannes, Catherine II ne voit pas d'inconvénient à renforcer le servage en Russie. En 1785, elle l'étend même à l'Ukraine, terre traditionnelle de liberté.

 

Mais elle souhaite par ailleurs s'appuyer sur une aristocratie éclairée et une bureaucratie décentralisée sur le modèle de l'Occident. Par la Lettre de grâce à la noblesse de 1785, elle délègue de larges pouvoirs aux gouverneurs de province et à des assemblées provinciales de nobles.

 

Un bilan imposant

Sous le règne de Catherine II, la surface de la Russie s'agrandit d'un tiers et le pays, jusque-là très marqué par son caractère slave et orthodoxe, absorbe des populations très diverses, y compris des musulmans qui parlent turc ou mongol. Catherine II ajoute à la diversité ethnique en faisant venir des paysans allemands pour mettre en valeur les bords de la Volga (persécutés et déportés à l'époque de Staline, ces colons reflueront en masse en Allemagne à la fin du XXe siècle).

 

La tsarine meurt après 34 ans de pouvoir absolu, en 1796, non sans s'inquiéter de la Révolution française où elle voit «un repaire de brigands». Son fils Paul Ier lui succède. Le jeune homme a une personnalité fantasque et sa mère, consciente de ses carences, a tenté plus d'une fois de le priver du trône.

 

Devenu tsar, il se révèle imprévisible et se fait rapidement beaucoup d'ennemis. Alors qu'il vient de fonder la Ligue des Neutres avec les Scandinaves pour contrer l'influence maritime britannique, il est opportunément étranglé !

Histoire de Femmes - Marie-Thérèse, impératrice et mère

Publié à 18:10 par acoeuretacris Tags : histoire femme
Histoire de Femmes - Marie-Thérèse, impératrice et mère

20 octobre 1740

Avènement tumultueux de Marie-Thérèse
 
 

Le 20 octobre 1740, à Vienne, Marie-Thérèse (23 ans) monte sur le prestigieux trône d'Autriche laissé vacant par la mort de son père, Charles VI de Habsbourg.

 

Son avènement est aussitôt contesté par les principaux souverains d'Europe. Mais la souveraine va faire front et va gagner ses galons de grand chef d'État au terme d'une longue guerre de Succession d'Autriche

 

De l'impossibilité d'être femme et impératrice
 

Charles VI de Habsbourg a gouverné en souverain absolu les États héréditaires de la maison des Habsbourg (grand-duché d'Autriche, royaumes de Bohème et de Hongrie,...). Comme ses prédécesseurs depuis trois siècles, il a assumé également la fonction symbolique d'empereur du Saint Empire romain germanique (on dit aussi : empereur électif d'Allemagne).

 

N'ayant que des filles pour lui succéder, Charles VI a prévu par la «Pragmatique Sanction» du 19 avril 1713 que son héritage pourrait revenir à l'aînée de celles-ci, Marie-Thérèse.

 

L'ordonnance impériale doit éviter le morcellement de ses États héréditaires. Mais elle n'est agréée que du bout des lèvres par les souverains européens. Sans compter que les règles de succession du Saint Empire romain germanique ne permettent pas à une femme de porter le titre impérial. Autant dire qu'il faudra beaucoup d'énergie et d'habileté à Marie-Thérèse pour faire valoir ses droits...

 

Une femme de poids
 

Née le 13 mai 1717 à Vienne, l'archiduchesse épouse à 19 ans François-Stéphane de Lorraine (28 ans) qui devient duc de Lorraine en 1729 puis grand-duc de Toscane en 1736.

 

Une mère comblée

 

 

En 29 ans de mariage, Marie-Thérèse allait donner le jour à 16 enfants. C'est mieux que la douce Marie Leszczinska, épouse du roi de France Louis XV, qui s'était arrêtée à 10 enfants. Parmi les enfants de Marie-Thérèse : les futurs empereurs Joseph II et Léopold II, ainsi que Marie-Antoinette, reine de France...

 

Après la mort de son père, Marie-Thérèse réussit grâce à son énergie et sa séduction à conserver les titres d'archiduchesse d'Autriche, reine de Hongrie et de Bohême, son mari recevant en 1745 le titre impérial sous le nom de François 1er...

 

Pendant son long règne, Marie-Thérèse protège habilement les intérêts de ses États, au prix de plusieurs renversements d'alliance et avec le conseil avisé de son ministre des affaires étrangères, le prince de Kaunitz-Rittberg (1711-1794). Tout juste ne peut-elle empêcher l'annexion brutale de la Silésie par la Prusse pendant la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748). Marie-Thérèse a appris de cette guerre la nécessité de moderniser les structures de ses États.

 

La souveraine, qui se veut la Mère de ses peuples, mène des réformes qui ne doivent rien aux philosophes ni aux idées libérales en vogue dans les salons de la bourgeoisie européenne (il en ira tout autrement de son fils Joseph II lorsqu'il règnera seul, après 1780).

 

Bien que d'une grande piété, elle n'hésite pas à revoir les relations de l'Église avec l'État et, à regret, expulse la trop puissante Compagnie de Jésus après que le pape lui-même l'eût dissoute en 1773. On lui doit la construction du palais de Schönbrunn, près de Vienne. Ce palais marque le passage du style baroque au rococo. Il est l'équivalent autrichien de Versailles.

 

 

Le«joséphisme»
 

Marie-Thérèse règne en souveraine absolue sur 14 millions de sujets pendant quarante ans, jusqu'à sa mort le 29 novembre 1780, à 63 ans.

 

Son mari, à qui elle n'a laissé aucune initiative, est mort quinze ans plus tôt, le 18 août 1765.

 

Le titre impérial est alors transmis à leur fils Joseph II. Mais celui-ci doit attendre la mort de sa mère pour régner enfin à près de 40 ans. Il use aussitôt de son pouvoir pour bouleverser les États autrichiens.

 

Joseph II

 

C'est l'«Aufklärung» : fin du servage, expulsion des Jésuites, édit de tolérance, suppression des ordres contemplatifs, suppression de la torture, abolition des corporations,... Joseph II fait aussi du haut allemand la langue officielle de l'empire, à la grande fureur des minorités !

 

Dominé par la haine du clergé et de la papauté, le «joséphisme» va se solder par un échec cuisant... mais il montrera la voie aux révolutionnaires français.....

Histoire de Femmes - Emilie, femme savante -

Publié à 17:27 par acoeuretacris Tags : histoire femme
Histoire de Femmes - Emilie, femme savante -
 
 
Émilie du Châtelet 
 
 
1ère «femme savante» 
 
  
17 décembre 1706 : naissance d'Émilie, femme savante 
 
 
Figure singulière du «Siècle des Lumières», Émilie de Breteuil, plus tard marquise du Châtelet, est morte à 43 ans des suites d'un accouchement pour ne plus demeurer dans les livres d'Histoire que comme l'égérie de Voltaire. 
 
 
 
Première femme au monde à se vouer aux sciences, Émilie du Châtelet a attendu deux siècles et demi d'être réhabilitée dans sa plénitude de femme libre et d'éminente scientifique, grâce au livre que lui a consacré Élisabeth Badinter, Émilie, Émilie, l'ambition féminine au XVIIIe siècle (Flammarion, 1983)... 
 
 
 
 
Le petit monde d'Émilie 
 
 
  
21 novembre 1694 : naissance du futur Voltaire à Paris
17 décembre 1706 : naissance à Paris d'Émilie de Breteuil
1er septembre 1715 : mort de Louis XIV et début de la Régence
20 juin 1725 : mariage d'Émilie avec le marquis du Châtelet
20 mars 1727 : mort d'Isaac Newton
1733 : début de la liaison d'Émilie avec Voltaire
1735 : séjour à Cirey avec Voltaire
9 septembre 1749 : mort d'Émilie du Châtelet
10 mai 1774 : mort de Louis XV
30 mai 1778 : mort de Voltaire
 
 
 
 
Une femme extrême en tout 
 
 
 
 
 
 
 
 
Fille du baron de Breteuil, Émilie appartient à la riche noblesse de robe. Son père lui donne, fait rare, la même éducationqu'à ses garçons et Émilie saisit cette chance pour s'instruire avec avidité sur tous les sujets. Surdouée, elle s'initie à de nombreuses langues et à toutes les disciplines scientifiques. Elle manifeste aussi de grands talents en équitation comme au clavecin ou au théâtre. 
 
 
 
Elle épouse le 20 juin 1725, à 18 ans, le marquis du Châtelet, un militaire de la noblesse d'épée, dontelle aura rapidement trois enfants avant de convenir avec lui de mener des vies séparées. 
Émilie est non seulement intelligente, spirituelle et érudite mais aussi avide de bijoux et de fanfreluches (Voltaire la surnommera «Madame Pompon Newton»). Elle aspire à tous les plaisirs sensuels, des jeux d'argent à l'amour en passant par la comédie. 
 
 
 
 
Sans être d'une grande beauté, elle prend des amants comme le mathématicien Maupertuis qui l'initie aux mathématiques et le duc de Richelieu, l'un des courtisans les plus en vue. Celui-ci lui fait connaître Voltaire qui, à son tour, au printemps 1733, tombe dans ses rets. L'écrivain, de 12 ans plus âgé qu'elle, est alors au summum de la séduction, tant par l'esprit que par la physionomie. 
 
 
 
Avec Maupertuis, la jeune marquise fréquente les membres de l'Académie des Sciences. Elle s'habille en homme pour les retrouver dans leur café favori où les femmes, comme dans tous les cafés de l'époque, ne sont pas admises ! Elle s'initie aussi aux travaux du savant anglais Isaac Newton, mort peu avant, en 1727, et entame la traduction de ses oeuvres.
 
 
 
 
 
 
 
 
Voltaire 
 
  
 
Voltaire, son nouvel amant, est tout autant qu'elle passionné par Newton dont il a découvert l'oeuvre lors de son séjour forcé en Angleterre. 
 
 
Mais cet auteur à succès, richissime par ailleurs, a maille à partir avec la police du roi Louis XV suite à la publication de ses Lettres philosophiques ou Lettres anglaises en 1734. Il quitte Paris et finit par atterrir dans un château délabré que possède le mari d'Émilie à Cirey, dans le duché de Lorraine, qui est alors virtuellement indépendant et gouverné par le duc Stanislas Leszczynski, beau-père du roi de France. 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cirey 
 
 
 
 
Il fait rénover le château à ses frais et s'y établit avec l'accord du propriétaire. 
Sa maîtresse l'y rejoint à l'été 1735 et, ensemble, ils vont y passer près d'une dizaine d'années consacrées à l'amour, au théâtre et à l'étude (philosophie, sciences,...). 
 
 
 
Voltaire, qui se pique de science, se fait même aménager un laboratoire mais il y brillera beaucoup moins que dans ses travaux de plume. 
 
 
 
La science avant tout 
 
 
 
Émilie, agnostique, ne se soucie guère de la vie éternelle promise par l'Église mais voudrait survivre dans la mémoire des hommes à travers son oeuvre.
 
 
 
Elle se jette à corps perdu dans la science, ce qui justifie de la qualifier de première «femme savante» de l'Histoire, au sens propre et sans l'ironie que Molière a attachée à cette expression. 
À l'été 1737, elle a l'audace de concourir à l'Académie royale des sciences enprésentant un mémoire sur la nature du feu (qui ne sera pas primé). Mais elle intervient aussi avec brio dans un duel entre les tenants de Newton et ceux de Leibniz. 
 
 
 
 
 
 
 
Leibniz 
 
 
 
Ce contemporain de Newton, né à Leipzig (Saxe), a conçu une oeuvre immense comme son homologue anglais (même si aucune pomme ne lui est tombée sur la tête;-). 
 
 
 
Il a notamment formulé l'hypothèse que l'énergie d'un objet, longtemps nommée «force vive» avant de s'appeler «énergie cinétique», était proportionnelle à sa masse... et au carré de sa vitesse. 
 
 
 
En attendant, Émilie réussit à en faire la démonstration expérimentale dans son château de Cirey, en faisant tomber une bille de plomb dans de l'argile molle à partir de hauteurs variables. 
 
 
 
Elle n'en reste pas moins passionnée par l'oeuvre de Newton...
 
 
 
 
 
 
 
Newton 
 
 
 
Sombre pressentiment 
 
 
 
En 1748, la marquise rencontre à la cour du roi Stanislas, à Lunéville, le jeune et beau chevalier de Saint-Lambert, poète à ses heures, de dix ans son cadet. Elle en tombe amoureuse... et enceinte. Nourrie d'un terrible pressentiment, elle se hâte de terminer son oeuvre clé, la traduction et le commentaire du latin en français du premier livre des Principes mathématiques de la philosophie naturelle d'Isaac Newton, communément appelés les Principia. 
 
 
 
Enfin, elle accouche d'une fillette le 5 septembre 1749, dans des conditions difficiles. Elle n'a que le temps de boucler son manuscrit et de le faire envoyer à la bibliothèque du roi avant de rendre l'âme quatre jours plus tard (la fillette mourra quelques années plus tard). 
 
 
 
Voltaire, très affecté par la disparition de sa maîtresse, quitte la France pour le château de Sans-Souci, à Potsdam, où l'a invité le roi de Prusse Frédéric II. Il s'occupe par ailleurs de faire publier le manuscrit d'Émilie. Les Principes vont faire connaître à la communauté scientifique européenne l'oeuvre de Newton et resteront jusqu'à la fin du XIXe siècle un manuel de référence.
 
 
 
Émilie repose aujourd'hui dans l'église Saint-Jacques, à Lunéville. «Le caractère de Madame du Châtelet était d'être extrême en tout», résume fort justement l'abbé Raynal. 
 
 
 

Histoire de Femmes - La Reine Christine -

Publié à 16:46 par acoeuretacris Tags : histoire femme
Histoire de Femmes - La Reine Christine -

6 juin 1654 : la reine Christine abdique

 

Le 6 juin 1654, après dix ans de règne personnel, Christine de Suède (28 ans) abdique solennellement à Uppsala au profit de son cousin, Charles X Gustave. C'en est fini de la dynastie des Vasa.

 

Culture et exubérance

 

Christine est montée sur le trône à l'âge de six ans suite à la mort de son père, le roi Gustave II Adolphe. Celui-ci, stratège de grande stature, fut tué à la bataille de Lützen le 16 novembre 1632, bataille qu'il remporta néanmoins sur Wallenstein.

 

La jeune souveraine reçoit une éducation soignée de son précepteur Johannes Matthiae, maîtrisant rapidement le français, l'italien, le grec et le latin. Autant elle a été aimée de son père, autant elle a été détestée par sa mère. Celle-ci, Marie-Éléonore de Brandebourg, à demi-folle, est écartée du conseil de régence.

 

Devenue majeure en 1644, Christine tente de gouverner elle-même, par-dessus la tête du fidèle et efficace ministre de son père, le chancelier Axel Oxenstierna (le «Richelieu» suédois). Mais elle ne tarde pas à s'aliéner la noblesse par ses excentricités, son mépris des convenances et ses dépenses fastueuses.

 

Dotée d'une vitalité peu commune, Christine se passionne pour la chasse à l'ours et s'habille volontiers en homme, mais aime aussi se poser en protectrice des arts et des lettres.

 

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D'un esprit curieux et universel,ellecorrespond avec les grands esprits français, l'astronome Pierre Gassendi, Blaise Pascal et surtout René Descartes, qu'elle invite à la cour en octobre 1649 et auquel elle demande régulièrement des leçons de philosophie dans la bibliothèque glaciale de son palais, à 5 heures du matin !

 

Le savant écrit pour elle le Traité des Passionsavant de s'éteindre d'épuisement, au bout d'un an, à Stockholm, le 11 février 1650, à 53 ans.

 

Christine se fait couronner «roi» de Suède la même année mais n'acceptera jamais de se marier (peut-être par haine de la féminité incarnée par sa mère ?). Libre d'esprit et de moeurs, elle ne se prive pas d'amant(e)s pour autant, même si une liaison avec Descartes est peu crédible.

 

Une reine virile

 

«Nec falso nec alieno» (rien de faux, rien d'emprunté) fut la devise de la reine Christine (1626-1689), une féministe en avance sur son temps.

 

Les portraits de la souveraine, comme ci-dessous, par Sébastien Bourdon, révèlent une femme volontaire, aux traits virils et dépourvus de grâce.

 

La «reine ambulante»

 

Après son abdication, sous l'influence de son médecin personnel Pierre Bourdelot et des Jésuites, elle quitte la Suède pour de longues pérégrinations à travers l'Europe, gagnant le surnom de «reine ambulante».

 

Elle abjure la foi luthérienne et se convertit secrètement au catholicisme à Bruxelles, puis se résout à une confession publique de sa foi catholique à Innsbrück, au grand dam de son cousin Charles X Gustave, qui lui a succédé sur le trône de Suède.

 

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En grand équipage, elle se rend à Rome, but ultime de son voyage, où elle est accueillie avec faste par le pape Alexandre VII, heureux de faire étalage d'une convertie aussi prestigieuse. Elle s'installe dans le luxueux palais Farnèse en dépensant ostensiblement comme à son habitude les subsides de la Suède et du pape.

 

Mais Christine, semble-t-il, a choisi le catholicisme par goût de la liberté et dans le désir de se rapprocher des philosophes et des penseurs français. À un flatteur qui la compare à Sainte Brigitte de Suède, elle confie qu'elle aimerait mieux figurer parmi les savants que parmi les saints.

 

Rome, forteresse obscurantiste de la Contre-Réforme catholique, déçoit les attentes de la souveraine. Christine s'entiche bientôt d'un gentilhomme romain, le marquis Gian Rinaldo de Monaldeschi, qui la persuade de briguer le royaume de Naples auprès du cardinal Mazarin, après qu'en auront été chassés les occupants espagnols.

 

Débarquant à Marseille, elle prend le chemin de la cour du jeune Louis XIV où elle se signale par son excentricité et rencontre d'autres femmes libres comme elle, en particulier la courtisane Ninon de Lenclos et Mademoiselle de Montpensier, cousine du roi.

 

Quittant Paris pour l'Italie avec la promesse de recevoir bientôt la couronne de Naples, elle doit retourner dare dare sur ses pas, faute d'argent et de soutiens. Par prudence, le cardinal Mazarin cantonne l'ex-souveraine au château de Fontainebleau.

 

Le 10 novembre 1657, Christine fait venir le père Le Bel, supérieur du couvent des Mathurins d'Avon, dans la galerie des Cerfs pour qu'il confesse Monaldeschi. Après quoi, elle fait exécuter ce dernier à l'épée... Face au scandale de cette justice sommaire exercée sur le sol français, la reine revendique son droit de souveraine. Elle explique à Mazarin que le condamné avait reconnu l'avoir trahie en dénonçant son projet napolitain auprès des envoyés du roi d'Espagne.

 

Selon des sources malveillantes, il paraîtrait que la reine aurait aussi eu connaissance de lettres où son grand écuyer et amant raillait son physique ! L'affaire est étouffée et Christine s'établit enfin à Rome, au Palais Mazarin puis au Palais Riario, dans le quartier du Trastevere, où elle rassemble des collections d'art et une cour d'artistes qui lui vaudront une grande renommée à travers l'Europe classique.

 

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Toujours active et engagée dans des entreprises exubérantes et souvent vaines, elle brigue la couronne de Pologne, le duché de Brême et même un retour sur le trône de Suède.

 

De manière plus positive, elle fonde en 1674, à Rome, l'Academia reale sur le modèle de l'Académie française.

 

Elle meurt dans la Ville éternelle en 1689 en léguant tous ses biens au cardinal Azzolino auquel elle a voué un amour durable... et platonique. Le pape, en reconnaissance de sa conversion, lui accorde (contre sa volonté) des funérailles grandioses et une sépulture à l'intérieur même de la basilique Saint-Pierre de Rome.

 

La reine a laissé plusieurs ouvrages en français dont ses Mémoires. Mais sa notoriété actuelle est surtout due à l'interprétation au cinéma de son personnage, ô combien romanesque, par sa compatriote, «la Divine» Greta Garbo.

Histoire de Femmes - Marie Stuart -

Publié à 15:42 par acoeuretacris Tags : histoire femme
Histoire de Femmes - Marie Stuart -
 
 
Le 8 février 1587, Marie Stuart est décapitée. À seulement 44 ans, l'ancienne reine d'Écosse et de France arrive au terme d'un destin aussi tragique qu'exceptionnel.
 
Tragédie française
 
 
L'héritière des Stuart est devenue reine d'Écosse trois jours après sa naissance, à la mort de son père Jacques V.
 
 
La régence est assurée par sa mère, Marie de Guise, dont les frères animent à la cour le parti catholique et anti-anglais. Ils obtiennent de fiancer la petite reine au fils aîné du roi de France Henri II, le futur François II.
 
À peine âgée de six ans, Marie prend donc un bateau pour la France. Plongée dans une cour raffinée, la princesse devenue jeune fille s'attire les éloges de Ronsard. Elle épouse le Dauphin en 1558 et signe un acte secret par lequel elle promet de céder à la France ses droits sur l'Écosse... et l'Angleterre si elle venait à mourir sans enfant !
 
L'accession au trône de François II, en 1559, renforce l'influence de la famille de Guise à la cour. Il s'ensuit une rivalité de plus en plus aiguë entre les Guise et le parti protestant, dont découleront de longues et dramatiques guerres de religion.
 
 
Mais François II, de santé fragile, meurt à 17 ans, le 5 décembre 1560, après un règne de moins de deux ans. La jeune reine doit s'en retourner à regret dans le pays de son père.
 
 
Tragédie écossaise
 
Marie Stuart retrouve un royaume déchiré par la Réforme et les perpétuelles dissensions entre chefs de clans.
 
En dépit de nombreuses offres de mariage de grands princes étrangers, elle se laisse séduire par son cousin, le sémillant - et catholique - lord Darnley. Le choix est désastreux. Le beau lord ne manque pas une occasion d'humilier son épouse et s'attire la haine unanime de l'aristocratie.
 
Lord Darnley meurt dans un attentat à la bombe le 9 février 1567, quelques jours après la naissance de son fils et héritier. Marie se remarie aussitôt avec l'instigateur du crime, le comte de Bothwell, fournissant ainsi un prétexte de soulèvement à la noblesse protestante.
 
Chassée du trône par ses sujets écossais, elle abdique au profit de son fils et se place sous la protection de sa cousine, la reine d'Angleterre Elizabeth 1ère, de la dynastie des Tudor, dont elle n'a pourtant jamais reconnu la légitimité !
 
Tragédie anglaise
 
Craignant une sédition des catholiques anglais, la reine d'Angleterre fait emprisonner son encombrante cousine. Dans sa prison, Marie Stuart participe à plusieurs complots ourdis par les «papistes» pour la faire monter sur le trône.
 
Elizabeth 1ère, qui n'a pas enfanté d'héritier, la fait finalement condamner à mort et décapiter. Ayant triomphé de tous ses ennemis, la reine n'en lègue pas moins sa couronne au fils de Marie Stuart et lord Darnley, qui règne depuis plusieurs années déjà sur l'Écosse sous le nom de Jacques VI.
 
Par réalisme, Jacques VI s'était très tôt détaché de sa mère. En devenant roi d'Angleterre, il prend le nom de Jacques 1er et inaugure la dynastie des Stuart.

Histoire de Femmes - Jeanne d'Arc -

Publié à 14:41 par acoeuretacris Tags : histoire femme
Histoire de Femmes - Jeanne d'Arc -

 30 mai 1431
Jeanne d'Arc est brûlée vive à Rouen



Le 30 mai 1431, Jeanne d'Arc est brûlée vive à Rouen, sur la place du Vieux-Marché, après avoir été abandonnée par son roi.

De l'échec au drame

La jeune fille (19 ans) avait réalisé la mission que lui avaient confiée, selon ses dires, des voix célestes. Elle avait délivré Orléans et fait sacrer le roi Charles VII à Reims. Emportée par son succès et la faveur des foules, elle veut en finir au plus vite avec les Anglais. Elle part à la reconquête de Paris mais les Français de la capitale, satisfaits de leur sort, n'ont nul désir de revoir les Armagnacs. Ils repoussent Jeanne d'Arc, qui est blessée au cours des combats, le 8 septembre 1429, et doit battre en retraite.

Charles VII commence dès lors à tenir l'héroïne à l'écart. Il lui confie le soin de combattre un brigand mais celui-ci lui inflige un échec humiliant à la Charité-sur-Loire où il s'est réfugié.

Là-dessus, les habitants de Compiègne sont attaqués par les Bourguignons du duc Philippe le Bon et de son lieutenant Jean II de Luxembourg-Ligny, comte de Guise. Ils appellent Jeanne à l'aide. Celle-ci lève avec ses propres deniers une troupe de 400 mercenaires et se précipite à leur secours sans en référer à son roi. Elle entre dans la ville à la faveur de la nuit. Mais le lendemain, le 23 mai 1430, en tentant une sortie, elle est faite prisonnière par les Bourguignons.

Les Anglais rachètent Jeanne aux Bourguignons pour dix mille livres tournois sans que le roi capétien fasse un geste en sa faveur. L'Université de Paris veut la faire condamner comme hérétique, ce qui permettrait par ricochet de dévaloriser le sacre de Charles VII.

La Pucellejugée par l'Église

Jeanne est emmenée à Rouen et enfermée dans la forteresse du Bouvreuil en vue d'être jugée par un tribunal d'Église. Celui-ci est présidé par Pierre Cauchon, l'évêque de Beauvais, dont dépend Compiègne, et par le frère dominicain Jean Le Maître, vicaire de l'inquisiteur en France. Ces ecclésiastiques français admettent difficilement que Dieu ait pu s'adresser par-dessus leurs têtes à une simple bergère. Ils admettent encore moins qu'Il ait eu envie de prendre parti dans la sombre querelle des Armagnacs et des Bourguignons.

Les juges dépêchent des enquêteurs à Domrémy mais les témoignages des habitants sont si favorables à l'accusée qu'ils doivent détruire leur rapport. Ils reprochent à Jeanne d'avoir revêtu des habits d'homme (sic), d'avoir essayé de se suicider (il s'agissait en fait d'une tentative d'évasion), et bien sûr d'avoir eu de fausses visions.

Interrogée par Jean Beaupère, l'un des juges, sur son état de grâce, elle répond : «Si je n'y suis, Dieu m'y mette, si j'y suis, Dieu m'y tienne !»

Les actes du procès témoignent de l'extraordinaire force de caractère de l'inculpée. On la menace de torture et on lui montre les instruments.

Le 21 mai 1431, comme elle est condamnée à mort, elle a un moment de faiblesse à l'instant d'être exécutée, dans le cimetière de l'abbatiale de Saint-Ouen, à Rouen, et se rétracte. La sentence de mort est commuée en un emprisonnement à vie.

Jeanne revient dans sa cellule mais, quelques jours plus tard, reprenant ses habits d'homme, elle invoque à nouveau ses voix, ce qui lui vaut d'être illico condamnée au bûcher comme relapse (se dit de quelqu'un qui retombe dans l'hérésie).



Détail sordide : le bûcher étant trop élevé, le bourreau se trouve dans l'impossibilité d'étrangler sa victime avant que les flammes ne l'atteignent, ce qui vaut à Jeanne de périr vive dans de grandes souffrances.

Un des juges, pris de remords, confie : «Je voudrais que mon âme fût où je crois qu'est l'âme de cette fille ! »

La détermination de Jeanne d'Arc, soutenue par sa foi, a changé le cours de l'Histoire. Sa foi et sa fougue ont sauvé la dynastie des Valois. Fallait-il voir en elle une sainte catholique ? C'est une autre affaire.

Histoire de Femmes - Aliénor d'Aquitaine -

Publié à 14:29 par acoeuretacris Tags : histoire femme

 Deux fois reine


Née en 1120 ou 1122, la reine Aliénor accueille la mort à quatre-vingts ans passés dans sa chère abbaye de Fontevraud, près de Saumur.



Une femme d'exception

Avec Aliénor prend fin un siècle épique qui a connu plusieurs croisades ainsi que les premières grandes cathédrales gothiques.

Peu de vies, il est vrai, seront aussi remplies que la sienne : par ses mariages avec Louis VII Le Jeune puis Henri II Plantagenêt, elle est successivement reine de France et reine d'Angleterre ; deux de ses fils, Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre, deviennent eux-mêmes rois d'Angleterre. Elle a deux filles du roi de France et huit enfants de celui d'Angleterre, le dernier de ses enfants, le futur Jean sans Terre, étant né dans l'année de ses 45 ans.

Femme de caractère, Aliénor a pris part à toutes les péripéties politiques de son époque et, par son divorce d'avec le roi de France et son remariage avec le futur roi d'Angleterre, elle a inauguré huit siècles de guerres et de rivalités entre les deux nations !


Un grand-père troubadour

La duchesse Aliénor n'a pas manqué non plus à la tradition familiale et, sa vie durant, a entretenu autour d'elle une cour de poètes comme son grand-père.

Celui-ci, Guillaume IX d'Aquitaine, troubadour autant que chevalier, célébrait l'amour courtois et accueillait les poètes à la cour de Poitiers. Il avait encouru les foudres de l'Église pour avoir enlevé à son époux Maubergeonne, vicomtesse de Châtellerault. Il meurt en 1126 et est enterré au Moutier-Neuf (le «nouveau monastère», près de sa bonne ville de Poitiers).

Son fils et successeur hérite de ses titres sous le nom de Guillaume X. Il devient comte de Poitiers et duc d'Aquitaine (le titre de duc d'Aquitaine a longtemps été disputé entre les comtes de Toulouse et ceux de Poitiers). En 1136, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, il tombe malade.


Scènes de ménage

Sentant sa mort proche et n'ayant que deux filles, le duc décide de marier l'aînée au fils du roi de France, Louis VI le Gros. L'idée lui aurait été suggérée par l'abbé Suger, conseiller de la monarchie capétienne. Le roi de France, également à l'agonie, reçoit avec chaleur la proposition. Son fils Louis le Jeune (17 ans) prend sans attendre la route de Bordeaux avec une escorte de chevaliers. Le mariage est célébré en l'église Saint-André.

C'est ainsi qu'Aliénor, âgée d'environ 15 ans, hérite des immenses possessions de son père, et dans le même temps, épouse l'héritier de la couronne de France. Quelques jours après le mariage, son beau-père décède. La voilà duchesse et reine ! Et pour la première fois de l'Histoire, le royaume capétien atteint les Pyrénées.

Le couple royal est aussi mal assorti que possible. La petite duchesse, née pour la poésie et la gaudriole, supporte mal son époux, dont la prédisposition à la bile a été aggravée par l'éducation à l'abbaye de Saint-Denis. «J'ai cru épouser un homme, non un moine», aurait-elle confié.

Aliénor a le privilège d'assister aux côtés de son mari à la consécration de l'abbatiale de Saint-Denis, première révélation de l'art gothique. Dans le même temps, son royal mari prépare une deuxième croisade en Terre sainte, en guise de pénitence après l'horrible massacre de Vitry-sur-Marne.


Aliénor à la croisade

La croisade s'ébranle à la Pentecôte 1147. Elle traverse l'Europe centrale et atteint Constantinople, traverse le Bosphore puis gagne en bateau la citadelle d'Antioche, capitale de la Syrie franque. Ils y sont accueillis par Raymond de Poitiers, brillant chevalier et bel homme, au charme duquel la reine Aliénor est immédiatement sensible. Les conversations se prolongent entre Aliénor et son oncle tant et si bien qu'une méchante rumeur prêtera à la reine de France une liaison coupable avec son séduisant parent. Cela ne va pas contribuer à restaurer la paix de son ménage.

La croisade tourne court et Aliénor et Louis VII s'en retournent rapidement à Paris. Les sages conseillers Suger et Raoul de Vermandois meurent dans les mois suivants, privant Aliénor de leur amical soutien à un moment crucial de son union.

Malgré la naissance d'une deuxième fille, Alix, le couple royal se déchire de plus belle. Irréfléchi comme à son habitude, le roi convoque un concile à Beaugency-sur-Loire. Le 21 mars 1152, il annule son mariage sous le prétexte habituel de consanguinité (cousinage au 4e degré) : l'Église, en ce domaine, sait se montrer accommodante avec les puissants ! Le roi retire ses troupes et ses agents de l'Aquitaine et du Poitou.


Un bonheur de courte durée

Aliénor ne perd pas de temps. Puissante et dans toute la beauté de ses 30 ans, elle jette son dévolu sur Henri (20 ans), fils aîné du comte d'Anjou Geoffroy Plantagenêt. Henri est l'héritier de l'Anjou, du Maine et de la Touraine par son père. Il est aussi, par sa mère Mathilde, le petit-fils du roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc.

Le mariage est célébré dare-dare dans la chapelle ducale de Poitiers, le 18 mai 1152, deux mois après le fatal divorce. Ce jour-là, sans doute Louis VII le Jeune a-t-il regretté l'absence du sage Suger...

Pour ajouter à son désarroi, voilà que son ex-épouse donne le jour à un premier garçon le 17 août 1153, elle qui, jusque-là, n'avait eu que des filles ! Le lendemain, Étienne de Blois, qui dispute à Mathilde le trône d'Angleterre, perd son fils unique. Il se résout à adopter Henri Plantagenêt, faisant de lui l'héritier du trône de Guillaume le Conquérant.

Tandis qu'Aliénor met en ordre ses domaines aquitain et poitevin, Henri se rend en Angleterre pour préparer sa prochaine promotion. Le jeune et fringant comte Henri tombe au cours de son séjour outre-Manche sous le charme d'une jeune et blonde anglaise, Rosamonde Clifford, fille d'un baron local. Leur romance durera vingt ans et ne va pas peu contribuer à altérer le bonheur d'Aliénor. Le destin légendaire de la favorite, que l'on croira à tort morte empoisonnée sur ordre de la reine, inspirera de grands poètes comme Chaucer.

En attendant, tout sourit aux époux... Étienne de Blois et Mathilde étant morts, voilà le grand jour qui voit Aliénor et Henri ceindre la couronne royale dans l'abbaye de Westminster, au cœur de Londres. On est le 19 décembre 1154. Le comte d'Anjou devient le roi Henri II. Avec Aliénor, il possède l'Angleterre et tout l'Ouest de la France, de Calais à Bordeaux. Un véritable «Empire angevin» !


Ménage à la dérive

Le 25 février 1155, Aliénor donne le jour à un deuxième fils, Henri, héritier du trône du fait de la mort en bas âge de son aîné. Une fille naît peu après puis encore un fils, Richard, le futur Cœur de Lion, le 8 septembre 1157. Henri II et Louis VII concluent une trêve et l'accompagnent d'une promesse de mariage entre Marguerite, fille du roi capétien et de sa nouvelle épouse Constance de Castille, et l'aîné d'Aliénor.

La reine met au monde un nouveau fils, Geoffroy, en 1158, sans que cela ravive l'amour dans son ménage sur lequel plane l'ombre de la blonde Rosamonde («fair Rosamund»). Aliénor prolonge ses séjours en Poitou et Aquitaine.

Suivant la tradition familiale, elle anime des cours d'amour à Poitiers, où gentes dames et troubadours chantent et dissertent à loisir, rivalisant d'esprit et de charme. Ainsi débat-on par exemple du point de savoir si l'amour est encore possible dans le mariage, quand la relation charnelle devient une contrainte et n'est plus le fruit d'un libre choix ! On croit savoir qu'au cours de ces soirées, la reine Aliénor se serait éprise de l'un des plus célèbres troubadours de son temps, Bernard de Ventadour, et que son amour aurait été payé de retour... Ces cours d'amour vont déboucher plus tard sur l'académie des Jeux Floraux, à Toulouse.

En 1166, Henri II défait les Bretons et obtient pour son fils Geoffroy la main de Constance, héritière du duché. Sa puissance paraît alors immense et l'avenir des plus prometteurs. La reine, à 45 ans, met au monde son dernier enfant, encore un fils, Jean. Henri II ne prévoit pas de le doter, aussi restera-t-il dans l'Histoire sous le nom de Jean sans Terre. Par contre, selon la tradition familiale, le roi envisage de léguer à son fils aîné Henri le trône d'Angleterre et le duché de Normandie, à Richard, le préféré d'Aliénor, l'Aquitaine et l'Anjou, et à Geoffroy, la Bretagne.

Un peu plus tard, Henri II confirme le partage de ses domaines entre ses trois premiers fils. Il fait sacrer son fils Henri pour asseoir la dynastie. Mais Henri le Jeune, surnommé Court-Mantel en raison de ses habitudes vestimentaires, arrogant et vindicatif, ne se satisfait pas de cet honneur. Il réclame de jouir sans délai de la Normandie ! Son père refuse.


Aliénor contre Henri

Henri Court-Mantel complote avec quelques grands vassaux du Limousin et quand son père vient le chercher, il s'enfuit en catamini puis fait mander à sa mère d'engager ses frères Richard et Geoffroy en sa faveur. Aliénor hésite. La raison politique voudrait qu'elle ramène l'harmonie dans sa famille. Mais son amertume d'amoureuse trompée et d'épouse humiliée l'emporte au final : elle entraîne ses fils dans la révolte. Henri II réagit avec détermination. Il arrive à Chinon, s'empare d'Aliénor et l'incarcère dans la tour de Salisbury, près de Londres ! La reine s'y morfondra pendant dix ans.



La guerre parricide se poursuit entre temps. À la Noël 1184, Henri II réunit sa famille à Cantorbéry pour un plaid solennel. Il libère Aliénor et rend à Richard l'Aquitaine et l'Anjou. Nouveau drame : le 19 août 1186, Geoffroy meurt, piétiné par des chevaux, lors d'un tournoi à la cour du roi de France Philippe Auguste. Il laisse un héritier, Arthur (ou Artus) de Bretagne.

Le roi capétien, fils tardif de Louis VII le Jeune, veut profiter de la situation pour abattre les Plantagenêt. Une guerre se prépare quand soudain, coup de tonnerre, survient la nouvelle terrible : Jérusalem vient de tomber aux mains des Sarrasins ! Une nouvelle croisade s'impose, quarante ans après la précédente. Richard se croise sans attendre. Philippe II Auguste et Henri II conviennent de se croiser également mais ne se hâtent pas...

Richard, Henri II et Philippe Auguste se préparent (avec lenteur) à partir pour la Terre sainte. Cela laisse le loisir à Richard de se révolter une nouvelle fois contre son père et Jean se joint à lui ! Henri II meurt le 6 juillet 1189 à Chinon, abattu par la nouvelle de la trahison de son fils préféré et tourmenté par le remords d'avoir commandité l'assassinat de son fidèle ami, le pieux archevêque Thomas Becket.

Sérénité du grand âge

Brutal, colérique, cupide, Richard, pris en main par sa mère, s'assagit quelque peu. Il s'embarque enfin pour la Terre Sainte. Sa mère, anxieuse de lui trouver une femme en remplacement de la malheureuse Alix, déshonorée par son beau-père potentiel, va quérir Bérengère de Navarre et rejoint à la hâte son fils à Messine pour lui confier sa nouvelle fiancée.

Comme son cher fils Richard est fait prisonnier en Allemagne, à son retour de croisade, Aliénor se démène une nouvelle fois pour lui sauver la mise, cependant que son frère Jean s'associe à Philippe Auguste pour le dépouiller de son pouvoir !

Jean sans Terre, héritier de l'ensemble des titres des Plantagenêt, monte à son tour sur le trône après la mort de Richard Coeur de Lion, le 6 avril 1199. Les querelles ne sont pas finies, loin de là : il voit se lever contre lui Constance de Bretagne, sa belle-sœur, veuve de son frère Geoffroy, et son jeune neveu Artus de Bretagne, allié à Philippe Auguste. Aliénor s'abstient de prendre parti mais se rend à Tours auprès du roi capétien, pour lui fait hommage pour «sa duché et sa comté». Ainsi entend-elle préserver ses domaines à 80 ans passés. Mieux encore, elle accepte d'aller en Castille chercher l'une de ses petites-filles pour la donner en mariage à l'héritier du trône capétien ; spectaculaire réconciliation entre les deux lignées issues de Louis VII le Jeune.

En Castille, à la cour d'Alphonse VIII, Aliénor est reçue avec égard. Les plénipotentiaires français se voient présenter l'infante promise au futur roi de France. Elle a toutes les qualités requises sauf... son prénom, Urraca. Ils se demandent si les Français pourront jamais aimer une reine doter d'un si méchant prénom. Qu'à cela ne tienne, le roi de Castille leur rappelle qu'il a une fille de rechange. La cadette a quinze ans, elle ne manque pas non plus de qualités et porte le doux prénom de Blanca. Plus tard connue sous le nom de Blanche de Castille, elle donnera le jour au futur Saint Louis, qu'elle éduquera d'une excellente façon et auprès duquel elle gouvernera le royaume avec sagesse.

Après ces épreuves, Aliénor peut finir sa vie dans la plénitude de ses fonctions de reine mère. Tout en étant exceptionnelle, sa vie témoigne du comportement très libre des femmes au Moyen Âge, du moins dans les classes supérieures. Elles suivent leur mari à la croisade, étudient, animent des cours etc. Elles sont néanmoins handicapées dans la conduite de la guerre. Comme Aliénor, elles doivent dans ces occasions se faire épauler par un mari, un fils ou un fidèle vassal.

Les femmes perdront leur autonomie à la Renaissance, quand les juristes ressusciteront le droit romain et le statut d'infériorité féminine qui s'y attache. Le Code civil de Napoléon, plus romain que nature, aggravera encore cette situation...

Histoire de Femmes - Galla Placidia -

Publié à 14:20 par acoeuretacris Tags : histoire femme

 La dernière impératrice d'Occident


Le 27 novembre 450, à Ravenne, meurt Galla Placidia (61 ans). Dernière impératrice d'Occident, elle connut un destin digne d'une tragédie de Shakespeare.

Une princesse d'illustre naissance


Le père de Galla Placida n'est autre que l'empereur Théodose 1er le Grand, qui imposa le christianisme comme seule religion dans l'empire romain et à sa mort, en 395, divisa définitivement ce dernier entre ses fils. À Arcadius revint l'Orient (capitale: Constantinople), à Honorius l'Occident (capitale: Ravenne).


Demi-soeur des deux empereurs, Galla Placidia naquit à Thessalonique vers 388 d'un deuxième mariage de Théodose. Elle allait vivre dans sa chair la déchéance accélérée de l'empire.

Une femme dans la tourmente

En 410, un chef barbare, Alaric, lassé de réclamer un tribut à l'empereur Honorius, s'empare de Rome et la met au pillage. Il repart avec un immense butin et... Galla Placidia. Mais il meurt en route et c'est son beau-frère, le Wisigoth Athaulf, qui hérite de la captive. Il en tombe amoureux et l'épouse en grande pompe en 414 à Narbonne, en Aquitaine, après avoir enlevé cette ville aux Gallo-Romains.



La princesse romaine ne prend pas trop mal la chose. Mais elle a le malheur de perdre son premier fils peu après sa naissance. Son mari est peu après assassiné par un serviteur. Il ne reste plus à la princesse qu'à rentrer à Rome auprès de son demi-frère après avoir obtenu pour les Wisigoths un établissement en Aquitaine.

Honorius, qui veut assurer l'avenir de la dynastie, lui impose le mariage avec son homme de confiance, le général Constance, dont elle aura deux enfants, Honoria et Valentinien. Puis il nomme Constance co-empereur à ses côtés mais celui-ci meurt de pleurésie quelques mois après (421).



Galla Placidia, deux fois veuve, reste attachée à son entourage wisigoth, hérité de son premier mari.

A la mort d'Honorius, en 423, elle place sur le trône d'Occident son fils Valentinien (6 ans), avec l'aide de son neveu, l'empereur de Constantinople.

La violence se déchaîne autour d'elle. L'un de ses subordonnés, le comte d'Afrique Boniface, fait appel aux Vandales du roi Genséric pour se défendre contre un rival, Félix. C'est ainsi que les Vandales mettent à sac l'Afrique en 429 (Saint Augustin meurt à Hippone pendant qu'ils font le siège de la ville). Là-dessus, Aetius, général en chef de la Gaule, combat Boniface, le tue et devient le véritable maître de ce qui reste de l'empire.

Ballotée entre les uns et les autres, Galla Placidia ne s'en montre pas moins pieuse chrétienne. Elle fait agrandir à Rome la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs et élève à Ravenne une chapelle à Saint Laurent (le «mausolée de Galla Placidia»).

Derniers feux de l'empire

La fin de Galla Placidia tourne à la tragédie. Honoria, sa fille, se signale par son inconduite avec différents amants. Elle est exilée à Constantinople et mariée de force à un sénateur. Elle envoie alors à un chef barbare, Attila, son anneau impérial en lui demandant de la délivrer. Le roi des Huns saisit ce prétexte pour exiger de l'empereur d'Orient... la moitié de l'empire ! Il appartiendra à Aetius de le ramener à plus de modestie en le battant aux Champs Catalauniques. Cette bataille surviendra quelques mois après la mort de l'impératrice.

Le 20 septembre 454, Valentinien III, le fils et successeur de l'impératrice, tue de sa propre main, dans un accès de colère, le général Aetius, seul homme à même de sauver ce qui restait de l'empire d'Occident. Mais l'empereur est lui-même assassiné le 16 mars 455 par Pétrone Maxime.

Sa veuve Eudoxie appelle à l'aide le Vandale Genséric, maître de Carthage, qui traverse la Méditerranée, met une nouvelle fois Rome au pillage le 16 juin 455 ainsi que l'Italie du sud et la Grèce continentale. Il repart (ça devient une habitude) avec Eudoxie, qu'il marie à son propre fils, et ses deux filles...

Histoires de femmes - Cléopatre -

Publié à 14:02 par acoeuretacris Tags : histoire femme

  Sept reines d’Egypte ont porté le nom de Cléopâtre. La plus célèbre est Cléopâtre VII (Alexandrie 69 avant J.-C. Alexandrie 30 avant J.-C.), reine de 51 à 30 avant J.-C. Cléopâtre restaura la puissance de l’Egypte au point d’inquiéter Rome.

Le nom de Cléopâtre est indissociable de celui de Jules César. C’est grâce à Caius Julius César que Cléopâtre a pu rétablir son autorité de reine sur l’Egypte.

La mort de ces deux amants, superstars de l’Antiquité, n’est pas étrangère à leur célébrité. L’assassinat de César comme le suicide de Cléopâtre ont fait l’objet de nombreuses controverses.

L’accession au pouvoir de Cléopâtre

Intelligente et cultivée, Cléopâtre a 21 ans lorsqu’en 51 avant notre ère, elle monte sur le trône d’Egypte avec son frère Ptolémée XIII, qu’elle doit épouser.

Ptolémée est le nom porté, après le chef de la dynastie, Ptolémée Sôtêr, par les rois grecs d’Égypte de la famille des Lagides (305-30 avant J.-C.).



Buste de Cléopâtre (Musée de Berlin)

En 48, quand César, consul de Rome, débarque en Egypte, à la poursuite de son rival Pompée, la reine lutte contre son frère qui cherche à l’écarter du pouvoir.

L’Egypte ne peut lutter contre la toute puissante Rome et Ptolémée XIII fait assassiner Pompée pour amadouer César.

César est chargé d’arbitrer la querelle qui oppose Cléopâtre à son frère et mari.

Sans doute, nourrit-il l’idée de conquérir l’Egypte qui est le dernier pays méditerranéen à échapper à la domination de Rome.

Le consul convoque les deux partis en conflit.



Ptolémée XIII couronné par les déesses Nekhbet et Ouadjet. Temple de Köm Ombo. By Electric Cynic.

Cléopâtre craint pour sa vie et utilise un stratagème pour arriver jusqu’à César. Elle se cache dans une natte qu’elle fait livrer au Romain. Charmé par l’esprit et la beauté de la reine, César s’engage rapidement à ses côtés dans une guerre civile qui va durer plusieurs mois.

Ptolémée XIII meurt dans ce que l’on a appelé la « guerre d’Alexandrie ».

A partir de là, plus rien ne peut arrêter la soif de pouvoir de César et de Cléopâtre.

Cléopâtre sera cependant obligée d’épouser son deuxième frère en 47. Ptolémée XIV (59-44 avant J.-C.). Il est roi d’Égypte de 47 à 44 avant J.-C. César le fera emmener à Rome et assassiner.

Cléopâtre appartient à une dynastie grecque descendant d’un des généraux d’Alexandre le Grand, les Ptolémées.

Ces derniers qui gouvernent l’Egypte depuis 300 ans se sont identifiés aux anciennes traditions égyptiennes.
Progressivement, ils ont adopté la politique hégémonique des pharaons. Dévote d'Isis, Cléopâtre en portait souvent le costume et les insignes.



Isis et Horus. By Electric Cynic.

Ensorcelé par la reine, César s’embarque avec elle pour une croisière d’agrément sur le Nil. Mais, il doit renter à Rome.

Après son départ, en juin 47, Cléopâtre met au monde un fils, Césarion. L’année suivante, César fait venir Cléopâtre à Rome. Elle y séjourne jusqu’en 44, date de l’assassinat de César. Elle rentre alors à Alexandrie.


César et Cléopâtre

Ni César, ni Cléopâtre n’étaient particulièrement séduisants. Selon l’historien latin Suétone, César avait les joues rondes et perdait ses cheveux. La légendaire beauté de Cléopâtre semble également bien surfaite. Selon les mots de Plutarque, cette beauté « n’était en rien parfaite, ni même remarquable ».
Mais, tous les deux possédaient un grand charme et un véritable don pour le pouvoir.

La beauté de Cléopâtre résidait avant tout dans la finesse de son esprit et dans sa douceur persuasive.

Si Cléopâtre n’était pas belle, par contre, elle était d’une grande culture. Elle parlait sept langues et possédait de grandes connaissances dans divers domaines dont les mathématiques ou l’astronomie. Il y avait dans son entourage des devins et des magiciens.

C’est donc avant tout son esprit et sa conversation subtile qui ont fasciné les hommes les plus puissants de son époque.



Cléopâtre. By Tiffany Silva.

L’enfant qui est né de leur liaison aura, lui aussi, un destin tragique. Césarion ne vivra que 17 ans (47-30 avant J.-C.),

Il prendra le nom de Ptolémée XV et sera le dernier roi d’Egypte. Associé à sa mère, publiquement reconnu roi par Antoine en 34, il fut mis à mort par Octave après Actium en 30 avant notre ère.

Cléopâtre et Marc Antoine

Marc Antoine se distingua en Gaule comme lieutenant de César (52 avant J.-C.). En 44, il exerça avec César le consulat. Après l’assassinat de César, il entra en conflit avec Octave (devenu Octavien après son adoption par César), l’un et l’autre revendiquant la succession.

Mais, comprenant qu’un conflit était inutile, il forma avec Octavien et Lepidus le second triumvirat. La paix de Brindes en 40, qui partagea le monde entre les triumvirs, lui donna l’Orient, et cette « paix » fut scellée entre les deux principaux signataires par le mariage d’Antoine et d’Octavie, sœur d’Octavien.

Après l’assassinat de Jules César, une guerre oppose à Rome les républicains aux anciens partisans de César.
Cléopâtre se range du côté des républicains. En effet, elle fait passer les intérêts politiques avant ses sentiments. Elle pense que les républicains sont les plus forts et mise donc sur eux. Elle espère surtout pouvoir sauvegarder l’indépendance de l’Egypte.

Mais, elle a commis une erreur. En 42, les partisans de César anéantissent les derniers républicains responsables de son meurtre.
C’est alors que le triumvirat est constitué.

Marc Antoine qui obtenu l’Orient lors du partage demande, en 41, à Cléopâtre de venir s’expliquer sur son soutien aux républicains.



Cléopâtre et Marc Antoine (Peinture de Lawrence Alma-Tadema, 1885).

Sûre de son charme, Cléopâtre se rend à son invitation en déployant un luxe étourdissant et une mise en scène digne d’Hollywood.
Vêtue en Vénus, elle séduit tant Marc Antoine qu’il en oublie ses griefs. De plus, leurs ambitions respectives se rejoignent.

Cléopâtre fait assassiner son dernier rival de la dynastie des Ptolémées. Les deux amants peuvent alors s’abîmer dans une vie de plaisir.
Ils ont trois enfants et Marc Antoine reconnaît Césarion comme héritier.

Devenu maître du monde oriental, Marc Antoine établit sa capitale à Alexandrie où il prend de plus en plus les allures d’une dynastie hellénistique.
Sa politique, ses ambitions et celles de Cléopâtre, qu’il a épousée, répudiant Octavie, font l’objet d’une habile propagande menée en Occident par Octavien.

Rome craint de se voir supplanter par Alexandrie avec la constitution d’une nouvelle puissance en orient. Octavien déclare la guerre à Marc Antoine.

La flotte de Cléopâtre et de Marc Antoine est anéantie à la bataille d’Actium en 31.
Octavien assiège alors Alexandrie où Marc Antoine se suicide en se transperçant d’un coup d’épée.


La mort de Cléopâtre

Pour son triomphe à Rome, Octave veut emmener Cléopâtre comme prisonnière. Elle a bien essayé, encore une fois pour sauver son pays, de séduire le Romain mais ce dernier reste indifférent.

Elle doit choisir entre le suicide et une humiliante captivité. Sans hésitation, cette femme fière et courageuse, opte pour la mort.



Cléopâtre et Octavien (Louis Gauffier, 1788. National Gallery of Scotland, Edimbourg)

D’après Plutarque, qui rapporte les différentes versions de la fin de la reine, elle se serait fait piquer par un aspic cache dans un panier de figues.

La deuxième version prétend qu’elle aurait avalé du poison.


Historien honnête, Plutarque reconnaît que personne ne connaît la vérité. Toutefois, il précise qu’Octave a contribué à répandre l’idée de l’aspic en exhibant pour son triomphe à Rome une image de Cléopâtre mordue par un serpent.



La mort de Cléopâtre (Peinture Reginald Arthur, 1892)

Ainsi s’achève le combat de Cléopâtre. Elle était âgée de 37 ans. Cette reine aura tout tenté pour sauver son pays de la domination romaine.

Les trois enfants qu’elle a eus avec Marc Antoine sont recueillis par Octavie. Le jeune Césarion est lui assassiné par Octave qui craint qu’un jour il prétende à la succession de César.

En 27, Octavien devient Auguste. Le régime impérial est né. Il durera jusqu’à la chute de Rome. Après la disparition de Cléopâtre, l’Egypte devient une province romaine et un grenier à blé de l’Empire.


Des fouilles pour découvrir la tombe de cléopâtre

Des fouilles archéologiques ont été entreprises sur trois sites de Taposiris Magna, une cité antique proche d'Alexandrie, où pourraient être enterrés Cléopâtre et Marc-Antoine.

Le temple de Taposiris Magna est situé sur le lac Maréotis, à l'ouest d'Alexandrie, dans le nord de l'Égypte. Il a été construit durant le règne de Ptolémée II.



Photo crâne supposé de Cléopâtre


L’équipe de l'égyptologue Zahi Hawass a exhumé un crâne et un squelette enterrés dans un tombeau de pierre.

Des tests pourront peut-être confirmés qu’il s’agit bien des squelettes de Cléopâtre et de son amant.