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Le moyen age - Insalubrité et épidémies -

Publié à 16:13 par acoeuretacris
Le moyen age - Insalubrité et épidémies -
 
Insalubrité et épidémies 
 
Le Moyen Âge est sans conteste l’âge d’or de la saleté. Dans les villes, on rejette directement les excréments dans les rues. La population jette les déjections par les fenêtres et les matières fécales viennent s’amonceler sur les chaussées avec les autres immondices dont ceux des nombreux animaux qui se promènent en liberté.
Toutes les grandes villes d’Europe dégagent une odeur pestilentielle.
Dans un tel contexte, certains animaux comme les rats et surtout les mouches se croient au paradis.
C’est ainsi que le Moyen Âge connaît les plus grandes épidémies de peste, de choléra ou de fièvre typhoïde.
 
 
Evolution du traitement des excréments en zone urbaine 
Tant que l’homme a vécu une vie nomade, le problème de la gestion des excréments ne s’est pas posé.
Les problèmes ont commencé avec l’émergence des premières cités au Néolithique. Plus l’homme s’est sédentarisé, plus la population a connu une croissance continue. Plus les cités sont devenues importantes et plus la quantité d’excréments est devenue difficile à gérer.
 
Bien que posant un gros problème, les excréments ont rapidement servi de combustible, notamment pour cuire le pain.
Cette pratique a perduré jusqu’au 19e siècle dans les régions pauvres en bois. Les déjections fécales ont également servi d’engrais.
 
On peut affirmer que les civilisations de l’Antiquité (Egypte, Grèce et Empire romain) se sont montrées très pointilleuses quant à l’hygiène et la propreté des villes. 
Egouts, latrines publiques ou privées, étaient largement répandus. Les scientifiques de la Grèce antique avaient compris que l’infection de l’air ou de l’eau pouvait apporter des maladies.
Sans en comprendre vraiment l’origine, ils préconisaient déjà des règles strictes d’hygiène dans les villes.
 
Par contre, au Moyen Âge, on constate une coupure totale avec les bonnes habitudes de l’Antiquité. 
Dès la chute de l’Empire romain, les égouts et les latrines tombent en désuétude. L’Europe est alors morcelée en petits Etats qui ne possèdent pas de réel pouvoir central.
Chaque ville doit gérer ses problèmes d’hygiène. Des rues ou des quartiers sont affectés à la population afin qu’elle puisse y déféquer.
Les classes les plus riches se soulagent dans leur jardin.
 
Les latrines restent d’actualité dans la plupart des monastères et des couvents. Il s’agit d’une pièce où des sièges, sedilia, sont accolés le long d’un mur. 
Dans les châteaux féodaux, des latrines ou des fosses d’aisance sont creusées dans les murs. Les excréments tombent dans le fossé intérieur ou extérieur selon l’aménagement. Le siège consiste en une dalle trouée. 
 
Excréments et villes 
La gestion des excréments et autres immondices semble avoir été un problème crucial et complexe durant tout le Moyen Âge.
La forte densité de population urbaine n’a fait qu’accroître ce problème.
 
Plusieurs systèmes ont été utilisés : 
  • Le puisard : un trou de faible profondeur pour permettre que les déjections s’infiltrent dans la terre 
  • La fosse d’aisance 
  • Utilisation des cours d’eau naturels qui traversent les villes 
Tous ces systèmes se sont montrés inopérants et très polluants. 
Paris est un excellent exemple de ce qui se pratique au Moyen Âge. Le Paris moyenâgeux est une cité aux rues étroites et non pavées.
Les rues sont en fait de véritables patinoires boueuses où l’eau usée s’accumule. Les égouts sont inexistants et chacun jette dans la rue ses immondices.
L’été, l’odeur est insoutenable et l’hiver, les rues se transforment en bourbier nauséabond.
 
Là-dessus, s’ajoutent les cochons, les oies ou les chiens qui pataugent avec allégresse et défèquent partout. 
C’est Philippe Auguste, en 1184 environ, qui a ordonné que les rues soient pavées. 
Malgré plusieurs règlementations et la menace de sanctions, la population parisienne continue du XIIe au XVIe siècle à utiliser la rue comme dépotoir.
Il y a quelques améliorations à partir du XVIIe siècle mais les cités européennes ou d’Amérique du Nord resteront très insalubres jusqu’au 19e siècle.
 
Si les rues des villes sont restées si longtemps insalubres, c’est avant tout à cause d’un problème financier.
Le roi ne finance pas l’enlèvement des déchets et il appartient à chaque quartier de payer le curage et le transport des immondices.
De plus, les latrines sont insuffisantes et très mal placées.
 
On estime qu’au XIVe siècle, à Paris, ce sont 40 tonnes de déchets (déjections fécales comprises), 200 000 litres d’urine et les excréments de milliers d’animaux qui, chaque jour, sont déversés dans les rues. 
 
Excréments et lieux publics 
Les hôpitaux du Moyen Âge ressemblent beaucoup à l’enfer de Dante. Il s’agit d’ailleurs avant tout de lieux où l’on meurt et non où l’on guérit.
On entasse les malades sur des paillasses imprégnées de leurs excréments.
 
Les animaux, notamment les chiens, se baladent au milieu des « patients », urinant en cœur. 
Les malades se transmettent toutes les maladies possibles et peu d’entre eux sortent de ces mouroirs, du moins sur leurs deux jambes. 
Il faudra attendre le XIXe siècle pour que les premières règles d’hygiène soient instaurées dans les hôpitaux. 
Dans les écoles, le problème est identique. Du XVIe au début du XXe siècle, l’hygiène sanitaire est déplorable dans les établissements scolaires.
Jusqu’au 19e siècle, les élèves se soulagent où ils peuvent faute de latrines.
C’est Jules Ferry, entre 1881 et 1882, qui instaure, outre la gratuité de l’école primaire, la construction obligatoire des latrines.
Mais, cette obligation ne concerne pas l’enseignement secondaire.
 
 
En France, il a fallu attendre 1970 pour qu’un plan de rénovation des toilettes scolaires soit mis en place. 
 
Insalubrité et épidémies 
Toutes les grandes épidémies qui se sont déclarées en Europe entre le XIIe et le XIXe siècle sont liées à l’insalubrité et le manque d’hygiène.
Soit, la malpropreté a directement causé l’épidémie, soit elle a permis à la maladie de s’étendre.
 
Entre 1347 et 1400 environ, toute l’Europe est touchée par la peste. Les épidémies de peste Noire qui frappent de manière cyclique poussent les autorités à se préoccuper de l’hygiène. On fait nettoyer les rues, on brûle les maisons des pestiférés, on éloigne les dépôts d’ordures des villes et on interdit la divagation des animaux. 
En 1348, la peste a fait 80 000 morts à Paris. 
Malheureusement, ce sursaut d’hygiène n’a pas perduré au-delà de la tragédie. Dès que les épidémies ont pris fin, chacun a repris ses mauvaises habitudes. 
Les mouches, les rats et les puces ont été les principaux vecteurs des maladies. 
Entre le XVe et le XVIIe siècle, les épidémies de typhus ont fait des ravages en Europe. Le typhus exanthématique est la maladie de la saleté, de la promiscuité et de la misère.
Cette maladie est transmise par les poux.
Plusieurs surnoms ont été donnés au typhus qui illustrent bien dans quel contexte, la maladie se propage : « fièvre de la famine », « fièvre des prisons » ou « fièvre des tranchées » en référence à la Première Guerre mondiale.
 
Toutes les guerres, y compris contemporaines, ont été accompagnées d’épidémies de typhus. 
Au 20e siècle, une épidémie de typhus s'est propagée au Burundi entre 1996 et 1998. Loin d’avoir été éradiquée, cette maladie peut réapparaître n’importe où pourvu que les conditions s’y prêtent. 
Le choléra est la maladie propre au manque d’hygiène. La bactérie, vibrio cholerae, prospère dans l’eau, transite par les mains et les aliments puis pénètre dans l’organisme.
Le vrai remède passe par la prévention et l’hygiène : cuisson des légumes, usage d’eau préalablement bouillie et surtout un réseau d’égouts empêchant la contamination de l’eau potable par les eaux usées.
Ce n’était pas le cas en Europe ou en Amérique du Nord jusqu’au 19e siècle. Plusieurs grandes épidémies de choléra ont touché les deux continents : 1625, 1628, 1636, 1638, 1817, 1831, 1832, 1848, 1865 et 1883.
Marseille (France) a été touchée en 1911. De 1899 à 1921, une pandémie s’est déclarée en Europe jusque dans les Balkans.
 
 
Aujourd’hui encore, partout dans le monde où de grandes concentrations urbaines connaissent la pauvreté, la promiscuité et un manque de salubrité, le choléra frappe.
C’est le cas en Amérique du Sud, en Inde et en Afrique Noire principalement.
 
En 1991, il y a eu une flambée de choléra au Pérou. Au Rwanda, en 1994, il y a eu 48 000 cas de choléra, dont 23 800 mortels. 


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