Moyen Age...
Introduction
Au début du Moyen Âge, la foi religieuse était déjà profonde et bien ancrée chez les chrétiens européens. Malgré une tendance à générer un certain fanatisme, elle ne s'exalta que rarement jusqu'à la violence. Les choses changèrent cependant à mesure que grandissait et s'étendait la menace de l'Islam...
Contexte historique
L'expansion du christianisme
A partir de l'an 100 de notre ère, les conversions au christianisme au cœur même de l'Empire romain alarmèrent les dirigeants impériaux. Sous le règne de Néron, la persécution et la persécution s'effectuait à une cadence vertigineuse. Le théologien Origène qui s'était castré pour ne pas succombait au péché de chair écrivait alors : « La foi en Jésus Christ s'assoit, se nourrit et s'étend sur des montagnes de martyrs ». La logique et la morale de la pensée gréco-latine ne pouvait comprendre la chrétienne. Alors que les Romains se livraient avec délice au paganisme, l'empereur Constantin Ier fut frappé par une vision, et se convertit subitement au christianisme. En fait ce césar se souciait moins de ses convictions que d'une opportunité diplomatique.
Le Bien contre le Mal
Dans ce bouillon de culture très particulier que fut le Moyen Âge, bourré de fantaisies démoniaques et de visions angéliques, deux acteurs tiennent un rôle de premier plan : Dieu et Satan. Deux antithèses mères de tous les excès entre ferveur et exaltation. Hors le Ciel ou l'Enfer, point d'alternative au genre humain en cette période sombre. Sauver son âme telle était l'objectif. Pourtant au début des invasions barbares, Dieu était craint, ses colères étaient redoutées, mais finalement en quittant l'époque mérovingienne, le Dieu exerçant les châtiments est progressivement devenu un Dieu bienfaiteur incarnant le Bien, et Satan est devenu la personnalisation du Mal.
Heures à l'usage de Troyes (Troyes, B.m., ms. 3713, f. 093, 3713)
La sagesse de Dieu
L'image de Dieu en vieillard tenant le globe, se répand dans l'art occidental au cours du XIVe siècle.
Quelques exemples de la ferveur religieuse
La croisade contre les albigeois
Croisade conte les Alnigeois
La ferveur religieuse fut le grand symptôme du Moyen Âge, à la chute de l'Empire romain, le christianisme apparaissait comme une religion jeune et vigoureuse. Un processus d'expansion soumis à des évolutions du point de vue dogmatique et spirituel, lui donnait un beau dynamisme. Cependant les hérésies et les schismes florissaient et se multipliaient. L'un des plus dangereux schismes était sans doute l'arianisme qui niait la divinité du Christ. L'une de ces hérésies fut celle des bogomiles de Bulgarie, et qui s'étendit jusqu'à l'Occident. Ce fut alors une grave crise religieuse en France qui vit s'affronter l'Église catholique aux Cathares et aux Albigeois. La croisade entreprise par la papauté contre l'hérésie cathare fut commandée par l'ambitieux Simon de Montfort. Les armées papistes ravagèrent l'Aquitaine, entraînant des milliers de victimes et détruisant la culture la plus raffinée de l'époque : la civilisation occitane issue du mythe de la chevalerie, de l'honneur chevaleresque et de l'amour-courtois, honorée par les troubadours.
Le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle
La tradition raconte qu'après avoir été décapité en Judée, les restes de Saint Jacques le Majeur, apôtre du Christ, auraient été amenés dans le plus grand secret sur la côte de Galilée. De là, on suppose qu'ils furent embarqués pour la Galice extrémité de la péninsule ibérique. Un culte primitif local entretint et perpétua la mémoire de cet événement, tenant secrète la sépulture jusqu'à sa découverte au IXe siècle. La nouvelle se répand alors dans le monde chrétien de l'Europe de manière vertigineuse enflammant les esprits, exaspérant la foi de tous. Un engouement pour ce nouveau culte apostolique va drainer des foules pèlerines en quête « d'extraordinaire ». Des hommes se mettent en route, à pied par les sentiers et les chemins peu sûrs, traversant rivières impraticables et denses forêts au mépris de tous les dangers. Les pèlerins d'Europe se retrouvent en France et traversent notamment le col de Ronceveaux (la Chanson de Roland). L'élan de la Reconquista espagnole donnera de l'ampleur au pèlerinage.
Jacques le Majeur
Les croisades
Bénie par le pape et conduite par les monarques des royaumes chrétiens, cette aventure devait représenter tout ce que l'esprit médiéval avait de bon en lui. Huit croisades au total, où s'impliquèrent tous les états (clergé, noblesse, bourgeoisie et université), toutes castes confondues. Forgerons, tanneurs et artisans équipèrent les Croisés, les travailleurs de chantiers navals fournissaient les navires pour traverser la Méditerranée. Les femmes confectionnaient vêtements, couvertures, et brodaient avec ferveur les bannières, enseignes et fanions qui devaient arborer les champs de bataille, de nombreuses femmes de la Cour suivaient la reine qui accompagnait parfois son royal conjoint. Et la hiérarchie du clergé priait depuis les plus hautes cathédrales aux modestes chapelles. Les multiples campements devant les cités assiégées étaient en proie à une dévotion particulièrement atroce. Ainsi, après la mise à sac de la Palestine, Raoul de Caen, chroniqueur de la Première Croisade écrivait : « A Maarat, les nôtres firent cuire les païens adultes dans des marmites et embrochèrent les enfants pour les manger rôtis. » Certains prêtres musulmans qui savaient où se cacher la Sainte croix du Christ furent torturés, des Juifs étaient enfermés dans leur synagogue et y brûlèrent vifs. Ces entreprises démesurées étaient principalement menés par les Francs qui perdirent durant les Croisades plus d'hommes que tous les autres pays Chrétiens réunis.
La hiérarchie du clergé
Le clergé peut se distinguer entre :
clergé régulier : qui suit la règle d'un ordre religieux.
ordre monastique (bénédictains, cistérciens)
ordre mendiant (franciscains, dominicains)
clergé séculier : qui vit dans le « siècle », c'est-à-dire dans la société.
On peut également distinguer :
Le bas clergé :
Prêtres
Frères convers
Curé
La justice
La justice au Moyen Âge
L'époque médiévale vit la coexistence de deux concepts en matière de justice :
Le premier se réclamant du droit romain, il s'agit de celui des rois et de l'Eglise, qui, après la chute de l'Empire et la christianisation des barbares incarnait l'antique prestige de Rome. Le Droit romain consistait en l'application de la justice en vertu de lois et décrets écrits : La loi des Douze Tables de l'ère républicaine tout d'abord, puis les lois plébiscites ou codes, à l'époque de l'Empire. Les Romains avaient adopté la manière des Athéniens de rendre la justice.
Le second est celui du peuple et des seigneurs sur leur fief qui désirait établir leur justice sans rendre de compte, ce mode de justice dérive des principes du droit germanique Par essence, la justice germanique était très simpliste : le seigneur se réservait le droit d'infliger des châtiments à ses sujets, en application de vagues concepts issus d'antiques traditions. Cependant aucune loi n'était rédigée. L'exercice du droit germanique des seigneurs féodaux était réparti selon trois niveaux :
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La haute justice, qui donnait pouvoir de vie ou de mort et l'octroi de l'utilisation de la torture ainsi qu'à la saisie des biens.
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La moyenne justice se limitait à punir des délits qui n'impliquaient pas la peine de mort mais pouvaient conduire à de lourdes condamnations.
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La basse justice était restreinte au châtiment des serviteurs dépendant du seigneur.
Scène de torture au Moyen Âge
Justice et châtiments
Les concepts de droit romain et de droit germanique se heurtèrent au cours des siècles, de nombreux châtiments physiques refirent leur apparition en Europe. La principale nouveauté introduite en Europe fut l' ordalie, il s'agit d'un système visait à démontrer la culpabilité ou l'innocence de l'accusé. Cette pratique barbare consistait à soumettre l'accusé à une épreuve difficile qu'il devait surpasser pour prouver son innocence. Parmi les plus courantes : la bassine d'huile bouillante dans laquelle l'accusé devait plonger une main et la ressortir indemne ou celle des braises de charbon chauffées qu'il devait se saisir sans se brûler... Evidemment dans la majorité des cas, l'accusation était suivie par l'exécution capitale. L'Eglise ne fit rien pour éradiquer ces pratiques brutales, bien au contraire, elle les développa avec dextérité. Une variante de l'ordalie fut celle du « jugement de Dieu » : l'accusateur affrontait l'accusé dans un combat mortel. Les femmes et les nobles pouvaient choisir un champion pour les représenter. Une autre pratique fut celle de l'écartèlement. Le prisonnier, après avoir été pendu, décapité, lapidé, ou criblé de flèches, était mis en pièces : chacun des « morceaux » était exposé publiquement.
Le Tribunal d'Inquisition
L'Inquisition était chargée dès le XIIIe siècle de réprimer l'hérésie dans certains États catholiques. Les premiers inquisiteurs connus, deux moines de l'ordre de Cîteaux lors de l'hérésie cathare. C'est en 1231 que le pape Grégoire IX créa Le Tribunal d'Inquisition, placé sous le contrôle de l'ordre des Dominicains. D'abord présentée comme un organisme judiciaire temporaire, l'Inquisition a été transformée en établissement régulier et permanent par les conciles du Latran (1215) et de Toulouse (1229). Toute personne pouvait être poursuivie sur simple dénonciation, l'essentiel pour les juges étant d'obtenir l'aveu des inculpés, ce qui, à partir de 1252, les amena à utiliser la torture. Par son action brutale, elle fut aussi utilisée pour combattre d'autres formes d'hérésie, pour réprimer la sorcellerie, pour persécuter les non-chrétiens ou jugés tels. Au XVe siècle, les progrès de la centralisation royale firent peu à peu tomber en désuétude les tribunaux d'Inquisition en France.
Inquisition Scene, par Francisco GOYA 1816 (Royal Academy of San Fernando, Madrid)
Sorcellerie et satanisme
En cachette, on pratiquait l'envoûtement et l'exorcisme. On croyait au pouvoir des talismans, amulettes, ou des philtres. La justice civile et religieuse ne tarda pas à mener une lutte féroce contre ces pratiques. Le satanisme se réfère à un maître, Satan ; c'est une religion qui s'oppose ouvertement à la chrétienté. Mais à cette époque, on ne fit pas de distinction entre sorcellerie et satanisme. Même l'herboristerie pouvait être considérée comme une hérésie.
Les ordres
Les ordres de chevalerie
Les Hospitaliers : L'ordre des Hospitaliers est fondé en 1113 en Palestine pour soigner et protéger les pèlerins qui s'y rendaient. Gouvernés par un grand maître, les Hospitaliers faisaient vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. Après la perte de la Terre Sainte avec la prise de Saint Jean d'Acre en 1291, ils s'installent à Chypre et conquièrent l'île de Rhodes sur les Byzantins en 1309. Charles Quint leur cède l'île de Malte; ils prennent alors le nom de Chevaliers de Malte. Ils continuent à s'illustrer contre les Turcs et s'illustrent lors de la bataille de Lépante en 1571. L'ordre demeura à Malte jusqu'à la prise de l'île par Bonaparte en 1798. L'ordre siège aujourd'hui à Rome et n'a plus qu'un rôle honorifique.
Les Templiers : L'Ordre des Chevaliers de la milice du Temple est fondé en 1119, pour la défense des pèlerins en Terre Sainte. Il s'enrichit, posséda domaines et forteresses, servit de banque aux pèlerins et, plus tard, aux rois. Après la perte de la Terre Sainte, l'ordre se retire dans ses possessions européennes. En butte à de nombreuses hostilités, notamment parce qu'il ne relève que du pape, l'ordre est persécuté à partir de 1307 par Guillaume de Nogaret et Philippe IV le Bel : arrêtés et soumis à la question, les Templiers avouent des crimes peu vraisemblables. Le pape Clément V convoque un concile sous la pression du roi de France. En 1312, Clément V prononce la dissolution de l'ordre des Templiers. Le grand maître de l'ordre, Jacques de Molay, est exécuté en 1314, et les biens des Templiers sont transmis aux Hospitaliers.
Les Chevaliers Teutonniques : Cet ordre hospitalier et militaire est fondé vers 1128 par les Croisés à Jérusalem, mais exerce son influence surtout en Allemagne. L'ordre bénéficie bientôt de privilèges et de donations considérables. Les heurts avec les Hospitaliers les incitent à chercher un établissement en Europe Orientale. Leur avancée à l'Est est limitée par les Russes (défaite devant Alexandre Nevski en 1242). Au XIVe siècle, le grand maître des Teutoniques apparaît comme un des souverains les plus puissants et les plus riches d'Europe. Le XVe siècle voit cependant leur déclin la défaite de Tannenberg de 1410 face aux Polonais et Lituaniens.Napoléonsupprime l'ordre en 1809, qui se reforme en Autriche en 1840.
Le trésor des Templiers
On a beaucoup écrit sur ce fameux trésor, nombreux l'ont cherchés en vain. Pourtant l'ordre était infiniment riche, lorsque les sbires de Philippe le Bel investirent le Temple de Paris, ils ne trouvèrent rien. Un cortège de chariots recouverts de paille, avaient quitté la capitale la veille a-t-on dit. On dit que le trésor fut emmené au Nord de la France pour aller jusqu'en Angleterre. D'autres sources affirment qu'il fût caché dans les monts d'Auvergne. Mystère...
Les différents ordres
Les ordres religieux
La vie monastique a pris forme, dans ses structures essentielles, entre le IIIe et le XIIe s. Selon la tradition chrétienne, le monachus (moine) mène une existence retirée, plus ou moins solitaire, ceci est vrai pour l'ermite et, à un degré moindre, du cénobite (celui qui vit avec d'autres moines).
Les ordres monastiques (bénédictins, cistérciens) : L'ordre bénédictin, fondé au VIe siècle par saint Benoît de Nursie, est le plus ancien ordre monastique d'Occident. À partir du XIe siècle, l'ordre se diversifia : clunisiens, camaldules, chartreux... En 1098, avec la création de Cîteaux par Robert de Molesme, naissait l'ordre des cisterciens, dont le théologien le plus célèbre fut saint Bernard, abbé de Clairvaux. Mais les entorses à la pureté primitive de la règle se multiplient, le prestige des cisterciens décroît au profit des ordres mendiants.
Les ordres mendiants (franciscains, dominicains) : Saint Dominique part prêcher dans le pays languedocien en proie à l'hérésie cathare. Il prend conscience de l'ignorance de la population et du clergé. Il fonde à Toulouse en 1215, l'ordre des dominicains, une communauté de prêtres destinés à mener une sainte vie, à la prédication itinérante et à l'enseignement. C'est une innovation que de concevoir une vie religieuse au contact des foules et non dans un monastère isolé. Saint François d'Assise, quant à lui, fondateur des franciscains (1210) fait une rencontre personnelle avec le Christ qui le conduit à se dépouiller de tout son passé et à épouser Dame Pauvreté. La vie intérieure de St François est marquée par la réalisation de son propre péché et de la miséricorde de Dieu qui vient racheter. Les franciscains portent une robe brune avec une corde pour ceinture (ce qui leur a valu le nom de cordeliers), habit des pauvres de leur temps.
Saint Dominique
Contexte historique
La fin d'un monde
Peu après les invasions barbares, le décor urbain de Rome disparût, et laissa place aux champs, pâturages et forêts. Les principes de la culture urbaine des Romains devaient ainsi s'adapter à ce nouveau changement. De puissantes tribus germaniques envahirent l'Europe et s'y installèrent aux IIIe et IVe siècles de l'ère chrétienne. Elles amenèrent de nouvelles règles de conduite, de nouveaux codes d'éthique et une nouvelle manière d'accumuler et de répartir les richesses.
Les Romains de la décadence - par Thomas COUTURE (Musée d'Orsay)
La décadence de l'Empire
Détail d'un tableau représentant une orgie romaine, signe de la décadence de l'Empire.
Une société chaotique
Le monde était entré dans une nouvelle ère remplie d'énigmes et de mystères, il était dangereux de s'aventurer dans les forêts hostiles où les bandits avaient le contrôle. Les voyageurs du temps des Romains avaient disparus. La peur collective régnait partout. Les premiers Mérovingiens occupés à se détruire ont peu fait pour améliorer cette situation de chaos. A peine les invasions de l'Est endiguées qu'il fallait faire face aux Vikings et Normands. Le grand Charlemagne restaura en partie la situation en posant les principes d'une nouvelle administration. La monnaie circula de nouveau, des écoles furent crées, la population se hiérarchisa entraînant souvent la possession de privilèges pour les uns par rapport au autres. Cette période est couramment appelée : « La Petite Renaissance ».
L'organisation féodale
L'administration locale
Sous l'Empire carolingien, l'empereur représentait le cœur de l'organisation administrative. L'étendue de son territoire l'avait imposé à déléguer ses pouvoirs à des responsables de régions, contrées ou districts. L'insécurité du territoire était telle que le royaume était délimité géographiquement de telle sorte que l'on pouvait aller d'un point à un autre en une journée de cheval. Les rivières ou les forêts délimitaient les régions ainsi formées. La nécessité et la peur avaient imposé un tel réseau de relations entre le responsable d'une région, appelé vassal et l'empereur ou le roi auquel il avait promis fidélité. Le vassal prêtait serment au seigneur, il occupait ainsi un fief, domaine terrien de taille importante. Il devait fournir des soldats au seigneur et lui assurait des revenus. En retour, le seigneur le protégeait avec son armée.
(Bibliothèque nationale de France)
L'organisation du fief
Certains champs et villages dépendent directement du vassal qui est retranché dans le château fort. Celui-ci a confié des hameaux à des arrière-vassaux qui protègent à leur tour des sous-vassaux qui s'occupent de quelques parcelles et maisons.
La décentralisation du pouvoir
Le système féodal est donc formé d'un ensemble de rapports personnels, fondés sur les aides réciproques qui organisent la société sur de nouvelles bases. Un certain rapport de force est caractéristique du système féodal. Le puissant a besoin d'hommes fidèles pour l'aider à administrer les terres et l'armée. Il y a d'autre part les moins puissants qui demandent aide et assistance, ils deviennent ainsi serviteurs du plus puissant. Mais ils pourront en outre promulguer des lois, recruter des soldats... Le système féodal est né de la faiblesse des États et de l'insécurité qu'elle engendrait. L'État fut par la suite morcelé en un grand nombre d'unités autonomes et accompagné du déplacement de la vie sociale et économique vers la campagne ainsi que vers la résidence du seigneur : le château.
(Bibliothèque nationale de France)
La vie au château
Le château était le centre d'un ensemble vivant pratiquement en circuit fermé. Il comprend les habitations du seigneur, des soldats, des paysans libres, des artisans, des serfs ainsi que tout ce qui était nécessaire à leur vie : les écuries, les entrepôts, les magasins, les fours, les ateliers... Dans des situations exceptionnelles telles qu'un siège, il pouvait se passer du monde extérieur.
Une société nouvelle
Le vassal n'était pas le vrai propriétaire de son fief, cela revenait au suzerain, mais il pouvait administrer et utiliser à son profit les ressources et les produits de la terre. A la mort du vassal, la terre revenait au suzerain, mais dans la pratique le fils du vassal venait renouveler le serment de fidélité fait par son père. Le vassal peut lui-même être assisté par d'autres personnes qui lui prêtent fidélité, ces personnes recevaient alors, un château, une tour fortifiée avec un village, des champs, ou une route et un pont. Ils constituaient les arrière-vassaux. A cette époque on distingue déjà trois ordres : la noblesse qui s'occupait de commander et guerroyer, le clergé qui priait pour la paix spirituelle, les paysans quant à eux travaillaient moissonnaient, ils survivaient avant tout.
L'émergence de la noblesse
A la mort de Charlemagne, le pouvoir impérial s'affaiblit, les délégués du pouvoir prirent de l'indépendance et de l'importance. Une noblesse émergea et se hiérarchisa respectivement en barons, vicomtes, comtes, marquis, ducs et princes. Il arrivait même que des vassaux soit plus riches que leurs seigneurs. Ainsi les ducs de Normandie qui contrôlaient l'Angleterre était plus puissants que les rois de France. Lorsque les Capétiens montèrent sur le trône leur pouvoir était très réduit, ils ne contrôlaient pas tout le royaume mais uniquement la région d'île de France. Il leur fallait aussi assurer leur hérédité, mais peu à peu les Capétiens parvinrent à restaurer l'autorité royale et à abreuver leur pouvoir. De son coté, l'Église récupéra le monopole spirituel de l'Occident où la vision manichéenne du Diable et de Dieu n'a jamais été aussi forte.
Chroniques de Jean Froissard, XVe, (Bibliothèque nationale de France)
Le serment du vassal au seigneur
« Tout le monde sait que je n'ai rien pour me nourrir et me vêtir. C'est pour cela, mon seigneur, que j'ai sollicité votre miséricorde, et vous avez bien voulu me l'accorder, la faveur de me placer sous votre protection. Je le fais à condition que vous me donniez de quoi vivre, en échange de mes services... Tant que je vivrai, et bien que demeurant libre, je vous servirai avec fidélité. Mais en échange, je resterai toute ma vie sous votre pouvoir et votre protection. »
L'expansion du système féodal
L'Empire carolingien était à l'origine d'une renaissance artistique, qui s'effondra sous les invasions normandes. Cependant les Normands adoptèrent le système féodal, ils l'importèrent même en Sicile et en Angleterre. Le système féodal fut même employé en Espagne par les Musulmans. Les Croisades l'exportèrent jusqu'aux seigneuries latines d'Orient. Au XIIe siècle, les fiefs sont les plus importants au Nord et au Centre de l'Europe. Ils allaient donner naissance aux régions et principaux États modernes. Le système féodal se maintint en place près d'un demi-millénaire. Pendant des siècles, des régions européennes vécurent dans un climat de paix et de prospérité, cela n'excluait pas les guerres entre barons, mais le peuple avait rarement à subir les pillages et rapines.
La hiérarchie de la noblesse
Prince
Duc
Marquis
Comte
Vicomte
Baron
Chevalier
La condition des pauvres
Différentes conditions pour le peuple
- Les artisans: Ce sont les plus favorisés, ils s'occupaient de travailler le fer, le cuivre, le bois, la laine... Ils obtenaient un atelier et une maison par un seigneur et devaient lui fabriquait des outils en contrepartie (des armes en général). Mais ils restaient des hommes libres.
- Les alleutiers : Parmi les agriculteurs qui cultivaient les champs du seigneur, nombreux étaient ceux qui étaient également libres. Ce sont les alleutiers qui étaient propriétaire d'un alleu (terres libres sans le contrôle d'un seigneur). Ils nécessitaient cependant une protection, et réclamaient ainsi le soutien d'une armée à un seigneur. En échange, ils fournissaient au suzerain une partie de la récolte et devaient effectuer des corvées (travaux gratuits) : réparation d'un mur du château, construction d'un pont, moissons... Ils devaient en outre payer une taxe pour utiliser le four ou le pont seigneurial. Mais malgré ces charges lourdes, il en résultait d'un accord entre hommes libres.
- Les serfs : Beaucoup plus modestes que les autres, ils étaient quant à eux attachés à une terre et à un seigneur, ils n'étaient donc pas libres, mais ils vivaient dans des conditions beaucoup moins dures qu'on ne le pense. Cette « servitude » leur apportée une sécurité et une certaine stabilité.
Le travail de la terre au mois d'octobre
Jean et Herman Les très riches Heures du duc de Berry, le mois d'octobre - par Paul LIMBOURG (musée Condé, Chantilly)
Le monde rural
La ruralité est le nerf du système, elle constitue la base de la survie économique. Les industries sont en effet peu présentes, elles se réduisaient à la fabrication des armes, de forteresses, de cathédrales... Et le commerce interrégional existait à peine. La majorité des paysans restent des hommes libres chez eux, l'esclavage se limitait à la cour royale et à la vassalité. Les paysans semaient à la main et utilisaient des bœufs pour cultiver. Chaque année, des terres étaient laissées en jachère (non cultivées) afin de les rendre fertiles. Mais très vite, les conditions du paysan se dégradèrent. Le temps devint plus humide et plus froid au XIIIe siècle, les récoltes furent mauvaises. Bientôt, il n'y avait plus assez de soleil pour extraire le sel de l'eau de mer, la viande ne se conservait plus. Ainsi, des maladies apparurent : la typhoïde, la dysenterie et la peste, elles s'ajoutèrent à la famine qui poussait certaines personnes à manger chiens, chats et même leurs propres enfants.
Les chevaliers
La chevalerie
Rompant avec la tradition franque qui consistait à partager le royaume entre les fils, le seigneur féodal fit de son fils aîné l'unique héritier du fief. Les autres fils recevaient une somme d'argent, une armure, un cheval dressé pour le combat, un écuyer et une épée. Nantis de ce bagage, ils s'aventuraient sur les routes, et avec l'aide de Dieu et de leur épée pouvaient-ils conquérir un fief. Ce furent les premiers chevaliers. C'est sous l'influence de l'Église que fut créée la chevalerie, un ordre militaire et presque religieux, difficile à accéder. Ses membres devaient s'engager à servir le bien, la justice et l'honneur.
Chevalier au cours d'un tournoi
L'initiation du chevalier
Seuls les fils de nobles pouvaient devenir chevaliers. De rares exceptions étaient faites pour « les chevaliers de l'épée » qui obtenaient ce titre pour leur courage sur le champ de bataille. Mais le postulant devait suivre un long apprentissage. Dès sept ou huit ans, le jeune cadet devenait page et servait le seigneur comme un domestique noble. A quatorze ans, il devenait écuyer, il portait son écu (bouclier représentant les armoiries), il devenait son assistant sur le champ de combat. Il apprenait dans le même temps, le maniement des armes et à monter le cheval en portant son bouclier et sa lourde lance. Il s'entraînait à l'esquive des coups avec la quintaine (mannequin en bois qui pivotait sur un axe). L'instruction durait sept années en général.
L'investiture du chevalier
La cérémonie d'investiture du chevalier avait traditionnellement lieu le jour de l'Ascension (quarante jours après Pâques). Le seigneur fournissait le coûteux équipement du chevalier. La veille de la cérémonie, le postulant portait une chemise blanche et une tunique rouge, couleur du sang. A la tombée de la nuit, le chevalier passait la nuit agenouillé devant l'autel de la chapelle à prier. A l'aube, une sonnerie de trompette annonçait le début de la cérémonie. Durant la messe, le chapelain rappelait les devoirs du chevalier. Après la communion, le cheval du futur chevalier entrait dans la chapelle. Puis la main tendue au-dessus de l'Évangile, le jeune homme jurait solennellement de respecter les règles de la chevalerie. Il revêtait alors son armure (haubert, cuirasse, brassards, jambières). Puis le seigneur frappait du plat de l'épée, les épaules et la tête du chevalier (adoubement). Le seigneur prononçait alors ces mots : « Au nom de Dieu, de Saint-Michel et de Saint-Georges, je te fais chevalier. Sois preux, loyal, généreux. » Le chevalier mettait son casque, saisissait sa lance et sautait à cheval. Cette chevauchée était le symbole de son errance à travers le monde où il devra faire respecter la justice, défendre la foi...
L'adoubement du chevalier
Salade et gorgerin
Une salade est un casque de forme ronde, porté du XVe siècle au XVIe siècle. Le mot vient du bas-latin caelum, qui signifie « ciel », « coupole », et qui a donné le vieil italien celata, francisé en salade. Il s’agit d’une évolution du « chapel de fer » qui eut lieu pendant la première moitié du XVe siècle (à ne pas confondre avec la barbute, parfois appelée « salade italienne », bien qu’elle soit essentiellement une variante du bassinet).
La coupole de la salade finit sur l’arrière en une queue qui s’allongeat au fil du siècle. Certaines salades étaient équipées d’une visière, et d’autres une simple fente s’ouvrant sur l’avant du casque. Une autre variante laissait le visage entièrement sans protection. Il existait une protection pour le menton qui pouvait être portée avec la salade, mais elle était d’usage rare parce qu’elle génait la respiration et les mouvements de la tête. La salade était certainement le type de casque le plus répandu durant la dernière partie du XVe siècle, et était en usage chez les cavaliers comme chez les fantassins. Pendant le XVIe siècle, elle donna naissance à la bourguignotte.
Le heaume est un casque de cavalerie emblématique de la chevalerie, protégeant toute la tête.
Durant l’Antiquité, les Grecs portaient déjà un casque rappelant par sa forme le heaume médiéval et le casque romain enveloppait exactement le crâne de la même manière, mais ils laissaient tous deux le visage à découvert. À son apparition à la fin du XIIe siècle, le heaume était d’abord constitué d’une simple calotte d’acier à laquelle était fixé un masque couvrant le visage puis il évolua en enclosant totalement la tête pour un meilleure protection. Le casque conique à nasal (d’origine normande), utilisé jusque là en Europe depuis le Xe siècle, sortira définitivement de l’usage au XIIIe siècle.
Les améliorations successives du casque, qui consistèrent à couvrir de plus en plus le visage, rendirent difficile l’identification de son propriétaire. On peut voir, sur la tapisserie de Bayeux, Guillaume de Normandie obligé de relever son casque pour montrer à ses hommes qu’il est toujours en vie. On pense que c’est cela qui a donné naissance à l’héraldique, science des blasons, afin d’identifier les combattants par leurs armoiries.
Le heaume pouvait faire preuve d’une certaine recherche artistique, avec des motifs floraux ou géométriques obtenu par peinture, ajout de rivets surnuméraires ou de reliefs décoratifs métalliques, sculpture de la croix de renfort la partie faciale, etc. Lors de l’ouverture des tournois, les heaumes des participants étaient surmonté d’un cimier, à la manière des casques antiques, bien que parfois beaucoup plus travaillés. L’ensemble était disposé près de l’écu armorié pour la montre des heaumes, parade au cours de laquelle les hérauts identifiaient les jouteurs, et les dames pouvaient débouter les chevaliers qui avaient manqué de respect au beau sexe.
Forme et évolution
Au début du XIIIe siècle, dans un soucis de mieux protéger le visage, fut créé le heaume cylindrique, enveloppant la tête entière avec des fentes pour les yeux. Bien que peu d’armes contondantes pussent alors venir jusqu’à la tête du chevalier, le sommet plat consitutait une régression par rapport au casque précédemment en usage. L’amélioration des techniques de forgeage au cours du XIIIe siècle permit de revenir à une forme conique , ce qui rendait moins vulnérable au coups portés sur le dessus de la tête. Finalement, le heaume prit une forme ogival, dite en pain de sucre au XIVe siècle.
Dans le même temps, afin de laisser moins de prises pour les flèches et surtout les lances des adversaires chargeant avec la nouvelle technique de la lance couchée, les ouvertures d’aération, de même que celles pour la vue, diminuèrent fortement en nombre pour les premières et en taille pour les secondes. Ce heaume était lourd et rendait la respiration difficile ce qui explique qu’il était uniquement porté pendant le combat.
Vers le début du XIVe siècle, le masque facial devint mobile, permettant ainsi d’avoir le visage à découvert en dehors des moments critiques . Cette dernière évolution, améliorant considérablement le confort du chevalier, préfigurait l’arrivée du bassinet, plus légér, mieux étudié pour dévier les coups et dont la visière facilitait grandement la respiration.
Vers la fin du XIVe siècle, un nouveau heaume très renforcé apparut : le heaume à tête de crapaud. Ses surfaces fuyantes permettaient de dévier les coups et il fut très utilisé dans les tournois et joutes.
Le heaume cesse complètement d’être utilisé à la fin du XVe siècle, remplacé par l’armet et la salade.
Un haubert est un type de robe masculine, ou, du point de vue de l’armement, c’est cette même robe réalisée dans un tissu de maille annulaire et destiné à la protection corporelle.
De par sa réalisation en maille annulaire, cet harnois est souple, contrairement à de nombreuse broignes et aux armures.
Définition du XVIIe siècle
Haubert, m. acut. C’est proprement une cotte de maille à manches et gorgerin, au 2. livre d’Amadis : Neantmoins Amadis se releva de grande legereté encore qu’il luy fust demeuré un tronçon de lance dedans la manche de son haubert, et au premier livre ; Amadis l’attaignit, et luy donna un coup du bout de l’espée, de laquelle il luy fendit le haubert tout le long des reins. On l’appelle aussi Haubergeon en diminutif Au Calendrier, Nous vestons le haubergeon d’humilité contre orgueil. Les anciens hommes d’armes François de trois cens ans en sus, n’usoyent communément de haulsecol, braçals ne cuyssols, couvrant le haubert ces endroicts du corps sur lequel ils portoyent la cotte d’armes de fer à lambeaux en la fauldiere, l’escu pendant du col en escharpe, greves et souliers de lames d’acier, et gantelets pour toutes armes defensives, ainsi qu’on peut veoir és anciens sepulchres dudit temps. Jehan le Maire au livr. 1. chap. 22. des Illustrations : Si commanda generalement à tous de prendre tels harnois qu’ils trouveroyent de prime face. Si comme vieux laques enflez de coton, hauberts de double maille, et lasserans rouillez, etc. Aujourd’huy l’homme d’armes porte le corps de cuyrasse au lieu desdits haubert et cotte d’armes, le haulsecol, braçals, et cuissots au lieu du gorgerin, manches et tassettes d’iceluy haulbert, voyez Fief de Haubert. Sic Thresor de la langue françoyse de jean NICOT (1606)
La maille annulaire est connue en Europe orientale et au proche orient depuis l’antiquité. Elle semble, pour ces territoires, avoir été inventée par les Celtes (gaulois) et répandue par les armées romaines. Lors de la chute de l’empire romain, ce type de défense semble avoir été progressivement oublié, au profit de broignes, plus facile à fabriquer et moins chères.
Au XIe ou XIIe siècle, les guerriers occidentaux eurent à combattre contre, ou avec, des combattants Grecs, Levantins, Arabes et Maghrébins. Ces régions avaient conservé la cotte annulaire, souvent couplée avec une cuirasse d’écailles. Constatant les avantages de telles défenses, ils les interprétèrent en les adaptant à leur culture. La forme des robes (haubert) déjà utilisée pour des broignes fut reprise pour construire des « haubert de mailles ». Le sens du mot haubert varia petit à petit pour ce spécialiser en tant que robe de maille annulaire.
Le XIV° siècle vis la taille des vêtements, tant civils que militaires, diminuer. Le Haubert diminua donc de même et le « petit » haubert (Haubergeron) devint la règle. Le haubergeron est ce que l’on nomme « Cotte de maille » en français vernaculaire.
Forme
La forme du haubert et celle d’une robe, en général à manches longues, s’enfilant par le col. Afin de permettre la monte à cheval, les hauberts étaient fendus sur le devant ou sur le côté.
La forme exacte (taille, largeur des manches, emplacement et longueur des fentes etc.) a varié au cours du temps, et suivant l’origine géographique.
Polémique sur les premiers hauberts
Les premiers hauberts furent réalisés en maille normande (variante des mailles annulaires. Il existe une polémique sur leur date de création.
Une école fait dater les premiers hauberts du début/milieu du XIe siècle. Lors de pèlerinage à Jérusalem, des guerriers Normands se sont arrêtés et ont fait souche en Italie. À cette époque, une partie de l’Italie (Lombardie, Sicile) était en partie sous domination grecque, en partie sous domination musulmane (Maghrébine). Ces combattants participèrent aux guerres locales et finirent par conquérir des territoires notables, qui furent à l’origine du royaume Normand de Sicile. Cependant, ils maintinrent des liens constants avec leur famille restée en Normandie. Selon cette école, les premiers hauberts ont eu comme origine ces liens entre la Normandie et l’Italie Helléno-Musulmane.
Une autre école fait dater les premiers hauberts du XIIe siècle. Selon cette école les combattants au retour de la première croisade, ont ramené la maille annulaire dans leurs bagages.
Les deux écoles prennent comme preuves des documents graphiques comme la tapisserie de Bayeux, des fragments de mailles trouvés à différents endroits (dont la bataille de Hastings), ou la mention dans des documents écrits. Malheureusement, les documents graphiques sont peu détaillés et ne sont pas probants (la même image pouvant être interprétée comme une broigne ou un haubert). Les fragments de mailles recueillis sont rarement authentifiés en âge et origine (multiple batailles, camps ou réunions au même endroit au cours des temps, imprécision des lieux des combats, erreurs humaines et même trucages). Même les documents ne sont pas très probants : d’une part il est parfois malaisé de savoir si la défense traitée est réellement une cotte de mailles annulaire, car les termes de descriptions n’étaient pas encore fixés, d’autre part la manière même dont on en parle prête à confusion. Cette défense si extraordinaire que l’on prenne la peine de la mentionner est-elle une importation unique et exotique, ou une réalisation locale réellement destinée au combat ?
La seule chose sur laquelle tout le monde s’accorde de nos jours est que les anciennes théories attribuant aux invasions « Viking » la réintroduction des cottes de mailles annulaires est définitivement invalidée.
La flamberge (arme)
Une flamberge (de l’allemand Flammenschwert) est un type de lame d’épée, tout comme l’est la colichemarde. De forme ondulée (« ondulant comme la flamme ») sur toute la longueur, on la retrouve principalement dans trois armes blanches :
* l’espadon, l’arme de prédilection des lansquenets, unité créée sur le modèle des mercenaires suisses, opérant entre le XVe siècle et le XVIIe siècle. Elle ne faisait pas plus de dégâts qu’un espadon classique, mais sa forme ondulée avait un impact psychologique certain, ralentissait la glissade de l’épée adverse lors d’une parade et selon certains provoquait des vibrations spécifiques et dérangeantes dans l’arme de l’adversaire.
* le kriss, une dague orientale dont la lame est toujours ondulée
*la rapière, vers 1600. Ici, le but n’est pas tant d’effrayer que d’impressionner l’entourage en laissant un souvenir mémorable.
C’est aussi le nom de l’épée de Renaud de Montauban. Flamberge : du norrois Flæma : "chasse" et Berg : "roc", lit. "chasse roc" (qui est aussi le nom norrois de Durandal, épée de Roland), est l’épée magique de Renaud, qu’il reçu de son cousin Maugis.
Durandal
Durandal est le nom de l’épée du chevalier Roland.
La mort de ce dernier à Roncevaux dans une embuscade tendue par des Basques est racontée dans la chanson de Roland (où les Basques sont remplacés par les Maures). Sentant sa fin approcher, Roland tenta de briser Durandal sur un rocher, pour éviter qu’elle ne soit prise par l’ennemi. Mais la lame resta intacte et fit éclater la roche, ouvrant la Brèche de Roland. Une version de la légende veut que Roland ait alors appelé l’archange Saint Michel à l’aide, puis lancé l’épée vers la vallée. Celle-ci traversa alors miraculeusement plusieurs centaines de kilomètres avant de se ficher dans le rocher de Notre-Dame de Rocamadour où on peut encore l’admirer aujourd’hui.
Durandal vient de Dragvendill : glaive/épée, nom norvégien, ancienne épée de la famille de Rafnista, est à l’origine du mot Durendal : « force aveugle » en gallois, qui a donné son nom à Durandal. Épée appelée Flæmberg : « Flamberge », de Flæma : « chasse » et Berg : « roc », littéralement : « chasse roc » en norrois, cette dernière fut plus tard attribuée à Renaud de Montauban par son cousin, le magicien Maugis, dans la chanson de geste française des Quatre fils Aimon.
Espadon (arme)
L’espadon (spadone, « grande épée »,zweihänder en anglais et allemand) est une épée maniée à deux mains, développée en Italie et en usage du XVe au XVIIe siècle, principalement en Suisse et en Allemagne. Elle possède un ricasso et des oreillons.
La lame est longue de cinq à six, voire 7 pieds (environ 1,5 et 1,8 mètre et plus) et la poignée d’un pied et demi à deux pieds (environ 45 centimètres).
Les guerriers, appelés "joueurs d’épée", suffisamment forts et entraînés (double-soldes) pour manier cette arme lourde (2 à 4 kg) étaient plus particulièrement chargés de protéger les coins des carrés de piques et d’arquebuses, et en offensive de tailler la tête des piques pour ouvrir une brèche puis soit faire des moulinets dévastateurs, soit attaquer en demi-épée. La plus puissante et la plus lourde épée européenne jamais fabriquée, elle était même plus énorme que la zhanmadao chinoise.
La cervelière est une coiffure de mailles ou de plaques de fer enveloppant exactement la partie supérieure du crâne comme une calotte, en usage en Europe occidentale au Moyen Âge.
Dès le VIIIe siècle, il n’est pas rare que les soldats se coiffent de casques ressemblant à ceux des Romains, le cimier en moins. N’étant constitués que d’une calotte hémisphérique, ils peuvent être considérés comme les premières cervelières.
La cervelière sous-jacente
Dès l’apparition des premières armures médiévales, les hommes d’armes se couvrent la tête d’un camail de mailles, porté sous le heaume. Afin de rendre son port plus confortable, ils se couvrent le crâne d’une pièce de peau ou de toile rembourrée qui en épouse la forme et s’enroule en bourrelets au-dessus des oreilles. Le camail ne blesse pas la tête sous la pression du heaume ou des chocs. En serrant le camail de mailles, grâce aux lanières de peau qui le garnissaient, les soldats pouvaient maintenir la cervelière sous-jacente exactement sur leur crâne.
Ces cervelières de peau ou de toile furent en usage régulier au tournant du XIIe siècle.
La cervelière de mailles
À partir de la moitié du XIIIe siècle apparaît une cervelière de mailles qui se porte alors sur un camail de peau. Elle prend une forme cylindrique ou sphérique, ce qui permet le port d’un heaume par-dessus. Les maillons qui la composent sont souvent rivés « à grain d’orge » et en reçoivent quatre autres.
La cervelière de plates
Ce casque est forgé d’une ou plusieurs pièces de métal. Certaines de ces cervelières se portaient sur le camail de mailles, d’autres remplaçaient la partie supérieure. Dans ce dernier cas, la cervelière étaient capitonnée et le camail s’attachait à son bord inférieur.
Le dessin de la cervelière de plates prenait la forme d’une bombe, sans rebord, pointe ou partie saillante. Celles qui se posaient sur le camail possédaient parfois une visière peu saillante, mais ne pouvaient alors pas se porter sous le heaume.
Plusieurs plates d’acier rivées pouvaient composer une cervelière. Elle entra ainsi dans la composition de brigandines comme habillement de tête pour les piétons et se portaient sous la salade ou le chaperon.
Le bassinet (casque)
Le bassinet, bascinet ou bacinet est un heaume médiéval européen à visière apparu vers le début du XIVe siècle. Il dérive de la cervelière par extension des pièces de fer sur les joues et le cou et remplaça progressivement le grand heaume du XIIIe siècle.
Origine
Le petit bassinet, version première apparentée à la cervelière, sans visière, était porté sous de plus grands heaumes. Après les premiers coups de lances, le grand heaume était souvent retiré pour le combat au corps à corps, au cours duquel il gênait la respiration et la vision. Porter un casque plus petit en-dessous apportait un avantage certain.
Pour protéger le nez et une partie du visage, une fois le heaume retiré, furent développés un petit nasal puis un masque de plus en plus complet. A partir de la moitié du XIVe siècle, la plupart des chevaliers d’Europe abandonne le grand heaume dans son ensemble, trop lourd, pour le bassinet, à présent muni d’un ventail à charnières relevable.
Caractéristiques et forme
La forme du bassinet était étudiée pour dévier les coups de lance et pour mieux résister aux coups de tailles portés par les épées et les masses d’armes. Le dessin primitif du casque était prévu pour dévier les coups vers le bas et loin du crâne et du visage. Au tournant du Xe siècle, le bassinet évolua d’une forme courte vers une calotte de plus en plus pointue (au point que l’arrière tombe verticalement). En Allemagne, une version plus bulbeuse apparu aussi au début du XVe siècle.
Au début du XVe siècle apparaît le grand bassinet par ajout de plus de plaques pour mieux protéger la gorge. La calotte et le ventail devinrent moins anguleux et plus ronds, jusqu’à ce qu’à la fin du XVe siècle, le grand bassinet ait évolué en armet. Le bec du mézail du bassinet à bec de passeraux permettait au combattant un meilleur confort que le grand heaume antérieur. Le bec du mézail du bassinet à bec de passeraux permettait au combattant un meilleur confort que le grand heaume antérieur.
Visière
La visière ou ventail était souvent conique, ce qui lui donnait une apparence de museau ou de bec. On parlait alors parfois de « heaume à tête de chien ». Elle facilitait la respiration, d’autant que des charnières permettaient de la relever.
Deux types d’attaches existent pour la visière. Le « klappvisor » était une charnière unique au milieu du front, rencontré principalement en Allemagne. La visière à deux pivots latéraux était montée sur deux charnières placées de chaque côté du casque et dont le manque de parallélisme était compensé par des pivots. Ce deuxième système était commun sur les armures italiennes.
Certains documents affirment que certains chevaliers chevronnés portaient leur bassinet sans visière pour de meilleures visibilité et respiration au combat en corps à corps, et pour éviter le coup de chaleur.
Accessoires annexes
Sur les versions anciennes, le cou était protégé par un camail, pièce de cotte de mailles tombant sur la nuque et les épaules. Le camail était attaché à une lanière de cuir maintenue sur le bord inférieur du bassinet par une série d’agrafes (les vervelles). Un cordon ciré, passant à travers des trous de la lanières, la fixait aux vervelles.
Camail
A partir de la fin du XIVe siècle, les bassinets étaient combinés à un gorgerin en plates pour protéger le cou. Cette amélioration conduisit au grand bassinet.
Une série de petits trous perçait le bord inférieur du casque et le bord du visage. On y cousait une garniture capitonnée. Cette doublure était faite de lin ou d’un tissu mêlé de lin et de bourre de laine ou de crin. Le sommet de la garniture se composait d’une série de lobes assemblés par un cordon pour ajuster la hauteur du casque sur la tête.
Bien qu’aucune mentonnière n’ait jamais été utilisée, le bassinet ne pouvait se soulever trop facilement si on attachait le camail à un surcot ou à une armure.
Usage
Le bassinet fut le principal casque militaire à partir XIVe siècle, lorsque le grand heaume du XIIIe siècle sorti des usages. Le bassinet fut notamment utilisé largement durant la Guerre de Cent Ans. Les illustrations d’époque représentent d’ailleurs la majorité des combattants portant ce casque.
Il resta en usage jusqu’à la fin du XVe siècle, en concurrence avec le heaume à tête de crapaud, avant de disparaître au profit de l’armet et de la salade.
Armet de combat
Magasin d'armures
L'armure du XVème siècle
Au cours du temps, l’armure a évolué, et les plaques métalliques, ou plates, ont fait leur apparition pour remplacer au fur et à mesure les mailles. En effet, celles-ci sont assez peu efficaces contre les flèches ou les attaques d’estoc à la dague ou à la rapière.
On pouvait avoir une armure mêlant mailles et plates : le chevalier portait une chemise (ou cotte) de maille, voire une cuirasse, mais les bras et les jambes étaient protégées par des plaques métalliques rivetées, et le casque s’ajustait par-dessus un gorgerin. On parle alors parfois de demi-armure.
L'armure normande
Au XIe siècle, l’armure normande est celle qui fut utilisée lors de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant et lors des premières croisades. Elle se compose d’une tunique matelassée, le gambison, sur laquelle on porte le haubert, une chemise de mailles, un casque de type « bol » avec protection nasale et un bouclier.
Le haubert comprend une capuche (camail) et descend en dessous des genoux. Il est fendu devant et derrière entre les cuisses pour permettre de marcher et de chevaucher. Un rabat permet de couvrir le bas du visage, ainsi, seuls les yeux restent exposés.
Les anneaux métalliques du haubert servent à briser l’énergie du choc [référence nécessaire] et à empêcher les tranchants des armes de couper ; la gambison amortit les chocs et empêche les blessures par fracture et contusion.
Le bouclier est une évolution du bouclier viking (ancêtres des normands). Il a la forme d’une goutte d’eau ou d’une amande, ce qui permet de protéger les jambes. Il a deux jeux de lanières dans lesquelles on passe le bras, ce qui permet de le porter verticalement lors de la marche, ou à l’horizontal lorsque l’on chevauche, pour protéger le flanc du cheval. Il dispose aussi d’une poignée permettant de le tenir au poing, pour mieux s’abriter contre une pluie de flèches ; de l’autre côté de la poignée se trouve une protubérance métallique, le tout formant l’umbo. Le dessin sur ce bouclier est inspiré des dessins vikings et n’a pas encore la fonction de reconnaissance (l’héraldique n’est apparue que plus tard, lorsque le visage fut intégralement caché par le heaume ou la salade).
Les armures arabes
Les armées arabes du Moyen Âge privilégiaient la rapidité, l’agilité et la discrétion (rois de l’embuscade, ils préféraient par exemple monter des juments, qui hennissent bien moins que les étalons, voire des hongres) à la force brute. Tout leur équipement était donc tourné vers la légèreté. Le bouclier est ainsi souvent rond et bombé, fait d’osier tressé renforcé par des fils de laine ou de soie avec en son centre un cercle de métal pour en renforcer la solidité. Sur les modèles d’apparat, bien plus décorés que ceux réservés à un usage strictement militaire, on retrouve souvent quatre vis sur le cercle de métal, permettant d’y accrocher des boules richement travaillées, souvent faites de pierres et métaux précieux. Cependant l’usage de la cotte de maille et des casques était chez les arabes tout aussi courant que chez les occidentaux durant tout le Moyen Âge.
Qu'est ce qu'une armure
Une armure est un équipement (arme) corporel défensif, utilisé durant les batailles pour protéger le corps dans sa plus grande partie des coups de l’ennemi. Deux aspects primordiaux et antithétiques quant à la défense du porteur de l’armure président à sa conception : sont à la fois recherchées une grande mobilité (ce qui pousserait à alléger l’armure) et une grande protection (ce qui pousserait à alourdir l’armure). Chaque modèle insiste sur l’un de ces deux aspects de la protection individuelle, ce qui n’exclut pas des tentatives de compromis.
Les armures ont évolué avec les techniques, notamment celles liées à la métallurgie. Elles sont ainsi devenues de plus en plus complexes au cours de l’histoire, pour recouvrir tout le corps de plaques de métal à la fin du Moyen Âge. Mais la généralisation des armes à feu les rendit obsolètes. En Europe, la Renaissance les réserva à la parade et aux tournois, à part le plastron des cuirassiers et le casque