Jeunes renards roux
Avec sa physionomie qui exprime la malice et son opportunisme, le renard est devenu au fil des légendes le symbole de la ruse.
Pour une fois, la fiction rejoint la réalité. L’intelligence du renard réside dans son extraordinaire capacité à tirer avantage de toutes les opportunités.
C’est grâce à cette faculté que le renard, malgré l’hostilité de l’Homme, possède aujourd’hui la plus vaste répartition géographique.
Le renard : un canidé
Le renard appartient à la famille des Canidés. On compte 21 espèces de renards réparties en 5 genres
Le genre Vulpes : c’est le genre le plus important en nombre d’espèces. Il regroupe les « vrais renards » et notamment le renard du Bengale (Vulpes bengalensis) ; le renard roux ou renard commun (Vulpes vulpes), le renard polaire ou arctique (Vulpes lagopus. Synonyme: Alopex lagopus). On compte plus de 40 sous-espèces de renards roux aux robes variées (renard charbonnier, renard argenté …).
Renard roux. Image Dominiqs 81
Le genre Pseudalopex: Ce sont les faux renards comme le renard des Andes ou le renard de la pampa.
Renard arctique. Image Izzie.whizzie
Le genre Otocyon : le renard à oreilles de chauve-souris (Otocyon megalotis). Ce genre est limité à l’Afrique australe.
Le genre Cerdocyon: Renard des Savanes, renard crabier qui vit en Amérique du Sud. Son nom provient de son mode alimentaire. En effet, il mange surtout des crabes et d'autres crustacés en saison humide
Renard gris . Image Mandj98
Le genre Urocyon: Renard gris d'Amérique (Urocyon cinereoargenteus)
De tous les mammifères terrestres sauvages, le renard est celui qui possède l’aire de répartition la plus vaste.
On le trouve des déserts les plus arides aux banlieues urbaines.
Le genre Vulpes est le plus adaptatif notamment dans l’hémisphère Nord. Il est très diversifié en terme d’espèces en Afrique et au Moyen-Orient.
Renard et Goupil
Le renard est passé à la postérité au 12e siècle avec le Roman du Renart. Renart y est présenté comme le rusé adversaire des puissants incarnés par le lion et le loup. C’est à la suite de ce succès littéraire, repris par Maurice Genevois au 20e siècle, que le renard prendra son nom définitif.
Il était jusqu’alors appelé Goupil.
Le renard roux a inspiré de nombreux auteurs
De nombreux auteurs ont mis en scène le renard, notamment Walt Disney et son personnage de Robin des Bois
Mythes sur le renard
Le renard argenté est considéré comme un héros créateur par les Indiens de Californie centrale. Par contre, en Sibérie, le renard est le messager des enfers qui attire des héros vers le monde des ténèbres. Ce messager est souvent représenté par un renard noir.
Symbole de fertilité, au Japon, le renard est le compagnon d'Inari, divinité de l'abondance. Le renard est également le protecteur de la nourriture et du commerce.
Symboliquement, le renard est un double de la conscience humaine.
A l'entrée des temples consacrés à Inari, on trouve souvent des statues de renards disposées par paire face à face. Les uns détiennent la clef du grenier à riz et les autres une boule représentant la nourriture. Cependant, l'animal est appelé Kitsune. Il est apparenté à la posséssion démoniaque. Le renard est donc associé au Bien et au Mal.
Le renard est également associé au Donjuanisme, notamment en Extrême-Orient. Un adage dit:" Un renard qui encorcelle ne fera que peu de mal à l'homme, mais une femme qui encorcelle comme un renard, voilà qui fera grand dommage."
Dans de nombreux mythes, le renard réfléchit comme un miroir les contradictions humaines.
Un ancêtre commun au renard
Le régime alimentaire diversifié du renard, animaux et plantes, lui vient sans doute de Hesperocyon, ancêtre de tous les canidés modernes qui vivait il y a environ 35 millions d’années en Amérique du Nord.
La morphologie du renard a évolué. Doté de longs membres, le renard court sur les orteils pour aller plus vite. Il a choisi de chasser en solitaire. Tous les renards ont conservé leurs griffes semi-rétractiles.
Renards et chiens divergèrent il y a 5 à 6 millions d’années. Environ un million d’années plus tard, les renards du genre Vulpes se scindèrent en deux groupes.
C’est probablement de cette branche que sont issus le renard de Blanford, le renard du Bengale ou le fennec.
Le Fennec. Image Yvonne in Willowick Ohio
Dans l’autre branche dominait le renard roux. Il a sans doute donné naissance au renard à grandes oreilles, au renard du Tibet ou au renard polaire.
Le renard : un chasseur avisé
Le régime alimentaire du renard n’est pas très sélectif. Il intègre des ressources diverses en fonction du biotope.
Difficile d’attribuer un comportement génétique commun à tous les renards. Chaque espèce s’adapte aux circonstances.
Néanmoins, certaines constantes d’alimentation se retrouvent chez toutes les espèces.
Goupil, le renard. Image Law Keven
Un renard partage rarement ses proies excepté avec ses petits. Quand la nourriture abonde, il stocke celle qu’il apprécie.
Les renards sont omnivores. Ils mangent les fruits de saisons, des insectes (papillons, araignées …) de petits mammifères comme le lapin, les campagnols ou les rongeurs. Ils apprécient beaucoup les vers de terre. Par contre, ils ont une aversion pour les insectivores comme les taupes ou les musaraignes.
Un renard roux sur la piste d'un rongeur. Image Wili hybrid
Les renards indiens du Bengale ingèrent des scarabées, des lézards, des rats, des scorpions mais aussi des serpents et des oiseaux.
Dans les régions les plus froides, les charognes ne sont pas négligées.
Un renard est capable de capturer une vingtaine de rongeurs en moins d’une heure. 42% de leur alimentation sont constitués de protéines animales.
Techniques de chasse du renard
Quand il chasse de petits rongeurs, le renard mulote. Il avance silencieusement puis bondit à un mètre du sol pour retomber sur sa proie. Le mulotage est une arme redoutable.
Il utilise également l’affût pour chasser le lapin qui sort de son terrier.
Un renard à l'affût
Les renards sont également capables de « faire le mort ». Ils leurrent ainsi les oiseaux charognards. Si l’oiseau s’approche, le renard se redresse et bondit pour saisir l’animal par les pattes.
Le renard : sociable et solitaire
Selon les circonstances, le renard se montre sociable ou solitaire, vit en couple ou en groupe, partage son territoire ou non.
Tendresse pour ce couple de renards roux. Image Law Keven
Contrairement aux croyances, le renard est capable de se construire une vie sociale élaborée. Le degré de sociabilité change en fonction de l’habitat et des ressources alimentaires. Ce qui est une autre preuve de leur intelligence. A quoi bon vivre en groupe de plusieurs dizaines de spécimens si la famine règne ?
Quand ils vivent en groupe, la structure sociale est basée sur un couple dominant comme chez le loup. Seul le couple dominant se reproduit ; les autres individus étant de rang inférieur.
Image Arudhio
De l’urine et des fèces placées sur des repères bien visibles constituent un marquage olfactif et visuel. Ce système de communication permet une cohabitation de plusieurs groupes dont les territoires se chevauchent.
Quelques combats peuvent se produire entre mâles solitaires mais sont plutôt rares et se terminent sans blessure.
Le renard et l’Homme
En dépit de toutes les persécutions de l’Homme, le renard roux continue à prospérer. Sa discrétion lui a permit de s’acclimater à nos villes. Le renard urbain est un phénomène de plus en plus courant.
Renard gris. Image Mandj98
Par contre, les autres espèces sont très menacées. Par exemple, le renard des steppes est en voie de disparition et le renard du Bengale a beaucoup décliné.
Avec ses grandes oreilles en forme de cornet, le fennec (Vulpes zerda) peut percevoir des sons très lointains, ce qui est bien utile dans le désert.
Le fennec est le plus petit des canidés. Il a l’allure d’un renard aux très grandes oreilles. Comme il habite dans les régions de dunes du Sahara et de l’Arabie, il a été surnommé le renard des sables.
Portrait du fennec
Le fennec est un petit renard qui ne dépasse pas 1,5 kg pour une longueur de 35 à 40 cm.
Tout en lui est adapté à la vie dans le désert. Son pelage clair se confond avec la couleur du sable.
Par son mode de vie nocturne, il évite les fortes chaleurs. Il est capable de survivre plusieurs jours sans boire et possède en outre des plantes de pied très poilues qui lui permettent de courir dans le sable mou sans trop s’enfoncer.
Les grandes oreilles du fennec constituent sa meilleure adaptation au désert. Image Kuribo
Mais, ce sont ces oreilles qui constituent sa meilleure adaptation au désert. Elles mesurent de 10 à 15 cm de long.
En forme de cornet, elles ont une double utilité. D’une part, le fennec est capable de repérer au son les rares proies dont il se régale, comme les gerboises, les oiseaux ou les sauterelles.
Pause détente pour ce fennec. Image Yvonne in Willowick Ohio
Vidéo fennec contre serpent
Une ouie très développée est également utile pour entendre le cri des congénères, surtout à la saison des amours.
En effet, la faible densité des proies disponibles fait que chaque fennec dispose d’un territoire étendu et vit généralement éloigné des autres.
Répartition: Afrique du Nord, Libye, Egypte, nord du Soudan.
Comportement et reproduction
Les fennecs se rassemblent parfois en groupe d’une dizaine d’individus. Les mâles marquent leur territoire par des jets d’urine.
Ils deviennent d’ailleurs agressifs au moment de la reproduction.
Jeune fennec. Image Suneko
Après l’accouplement, deux à cinq jeunes naissent au printemps dans un terrier tapissé de plumes, de poils et de filaments de feuilles de palmier.
Aveugles et couverts d’un duvet jaunâtre, les bébés sont protégés âprement par leur mère. Ils sont sevrés au bout de deux mois.
Le fennec est adapté à la vie dans le désert.
Le jour, le fennec s'abrite des grosses chaleurs dans un terrier qui peut être relié à d'autres en un système complexe de tunnels occupés par plusieurs individus.
Le fennec et l'homme
Le fennec n’est pas nuisible. Il est pourtant chassé intensivement par les habitants du Sahara, au point qu’il est devenu rare dans certaines régions d’Afrique du Nord-Ouest.
Un couple plutôt inquiet de la présence du photographe. Image Kairaba 87
Cependant, ce renard nocturne n'est pas menacé d'extinction.
Ce petit mammifère est également vendu comme animal domestique. Plutôt docile, il est facile à apprivoiser.
Classification
Règne: Animalia
Embranchement: Chordata
Sous-embranchement: Vertebrata
Classe: Mammalia
Ordre: Carnivora
Sous-ordre: Caniformia
Famille: Canidae
Genre: Vulpes
Espèce: V. zerda
(anciennement Fennecus zerda)
Le groupe des canidés (Canidae) dont font partie le renard, le loup, le chacal, le coyote, le chien sauvage ou domestique, a fait son apparition il y a environ 40 millions d’années.
Ce groupe a connu une très belle réussite et a su s’adapter à une grande diversité d’habitat et d’alimentation.
Les canidés primitifs
Les canidés font partie de l’ordre des carnivores et au groupe des caniformes. Les caniformes rassemblent, outre les canidés, les ursidés (ours), les mustélidés (belette, blaireau, civette…) et les pinnipèdes (phoque, otarie, morse).
Ourson brun.
Les canidés apparurent les premiers. Leur large distribution actuelle est récente car une grande partie de l’histoire des canidés se déroule en Amérique du Nord.
Elle commence il y a environ 40 millions d'années dans les grandes plaines américaines avec l’apparition des Hesperocyoninae qui y ont survécu pendant près de 30 millions d’années.
Hesperocyon gregarius pesait moins de 3 kg et avait une allure gracile. Avec son cou et sa queue longs et flexibles et ses pattes courtes terminées par des pieds pentadactyles, cet animal ressemblait plus à une mangouste qu’à un chien.
Pourtant, certaines caractéristiques dont notamment la disposition des dents prouvent que c’est un canidé primitif.
Ce canidé qui mesurait environ 80 cm de long a vécu de l’Oligocène inférieur au Miocène inférieur.
Hesperocyon gregarius. image Ghedoghedo.
Les Hesperocyoninae comportaient surtout de petits animaux présentant une grande diversité de morphologie.
Les Borophaginae sont le second grand groupe de canidés à apparaître. Eux aussi ont prospéré en Amérique du Nord.
Ils ont vécu de l'Oligocène au Pliocène (40 Ma à 2,5 Ma). Certaines espèces étaient plus grandes que le lion actuel. Parmi ces géants, on trouvait le genre Epicyon qui mesurait environ 94 cm à l’épaule.
Ce groupe a donné naissance aux plus gros canidés de tous les temps.
Crâne de Epicyon saevus.
Epicyon haydeni était probablement le canidé le plus gros et le plus impressionnant de toute l’histoire évolutive de cette famille. Le poids d'un spécimen fossile a été estimé à un peu plus de 100 kg.
Plus gros qu’un lion, c’était certainement un redoutable prédateur.
Borophagus ( Syn: Osteoborus) est le plus connu des Borophaginae et avait la taille d’un loup mais avec des molaires broyeuses énormes.
On pense que son mode de vie était proche de celui de la hyène. Borophagus diversidens (espèce type) a vécu du Miocène inférieur au Pliocène. L'espèce s'est éteinte il y a environ 3,5 millions d'années.
Borophagus cyonoides. image Ghedoghedo.
Cependant, tous les Borophaginae n’étaient pas grands. Certains ressemblaient à des ratons laveurs ou des coyotes.
On ne sait pas s’ils étaient carnivores ou omnivores.
Changements climatiques et évolution des canidés
L’évolution des espèces est liée aux changements climatiques. Les canidés ne font pas exception à cette règle.
En entrant dans l’Oligocène (33,7 Ma), le monde devint rapidement plus froid et plus saisonnier.
Les canidés étaient en voie de diversification en Amérique du Nord.
Les ours-chiens (famille des Amphicyonidae) tenaient le rôle de gros prédateurs et de charognards. Cette famille a fait son apparition au milieu de l'Oligocène et s'est éteinte au Miocène inférieur.
Amphicyon ingens devait ressembler à un grand ours avec les dents acérées d'un loup. Malgré leur surnom, les "ours-chiens" n'étaient pas des canidés. image Ghedoghedo.
Le début du Miocène (23 Ma) vit s’amorcer un changement en direction d’un climat plus chaud et beaucoup plus sec.
C’est à peu près à ce moment là que s’ouvrit le détroit de Drake entre l’Antarctique et l’Amérique du Sud.
Les forces tectoniques étaient en train d’édifier les grandes chaînes de montagnes : Montagnes rocheuses, Andes et Himalaya.
Le loup arctique (Canis lupus arctos). image Ber'Zophus
Jusqu’au Miocène supérieur, les canidés étaient confinés en Amérique du Nord car les deux continents étaient séparés par une mer.
A la fin du Miocène (5 Ma environ), il y eut une baisse constante des températures de la planète et une poursuite de l’assèchement.
Ces changements eurent plusieurs conséquences en Amérique du Nord :
Les herbivores adaptés à des habitats forestiers et au broutage de feuilles déclinèrent
Les ours-chiens (Amphicyonidae) et les chiens-ours (Hemicyonidae) déclinèrent et disparurent
Les Ursidae (Ours) firent leur apparition
La famille des canidés se diversifia donnant toute une gamme d’espèces qui migrèrent dans l’Ancien Monde à la fin du Miocène
Coyote
Le grand échange entre les faunes du nord et du sud de l’Amérique a commencé dans le courant du Pliocène.
Au début de cette période, le climat planétaire était froid et sec. Il y eut en Amérique du Nord plusieurs remplacements de la végétation :
Forêts tropicales remplacées par des forêts subtropicales
Forêts subtropicales remplacées par des savanes
Savanes remplacées par des prairies
Ces changements de végétation ont abouti à une réduction du nombre des espèces.
L’Amérique du Nord fut particulièrement touchée car elle ne pouvait pas encore communiquer avec les zones équatoriales d’Amérique du Sud.
Le refroidissement final qui a marqué le monde du Pléistocène préfigure le début de l’Age glaciaire il y a environ 2 millions d’années.
Le contact entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, il y a 2,5 millions d’années, est l’un des évènements significatifs de ce refroidissement.
En effet, cela désorganisa les modes de circulation océanique et atmosphérique.
Il y a 2,5 millions d’années, les animaux purent migrer vers le sud. L’isthme de Panama assura une continuité continentale pour toutes les espèces.
Les canidés sont passés en Amérique du Sud au Pléistocène inférieur. Le premier renard, Cerdocyon avius, faisait partie de la migration. Il vivait en Amérique du Sud au Pléistocène et mesurait environ 80 cm de long. Sa présence en Amérique du Nord est attestée par des fossiles découverts en Californie.
Aujourd'hui, le genre Cerdocyon est représenté par le renard crabier (Cerdocyon thous) qui vit de la Colombie jusqu'en Argentine.
Renard crabier . image suzy qq
Les canidés traversèrent également le détroit de Behring vers la Russie actuelle. Ils se développèrent en Europe et en Asie.
Le renard polaire est un descendant des canidés qui sont remontés loin vers le nord.
Ce sont ces changements climatiques qui ont probablement poussé aux migrations de la faune car leur première conséquence est un changement de la végétation.
Ces migrations ont donné la distribution géographique des mammifères que l’on connaît aujourd’hui.
Une grande partie de la diversité des immigrants nordiques dans l’Amérique du Sud actuelle est représentée par le cerf, les félins et les canidés.
A la fin du Pléistocène (10 000 ans), de nombreux carnivores se sont éteints dont les félins à dents de sabre et les canidés ressemblant aux hyènes (Borophaginae).
Crâne d'un Smilodon. image Brendan Adkins
Des cinq genres qui existaient à l’Oligocène inférieur, les canidés se sont développés et diversifiés en 42 genres au Miocène supérieur.
Ils ont atteint leur apogée à cette période avant de décliner pour ne compter aujourd’hui que 10 ou 11 genres selon les auteurs.
Dholes
Leurs dents au nombre de 42 pour la plupart des espèces ont beaucoup contribué à la diversité de leur habitat et leur alimentation. Ils possèdent de grandes canines pointues ainsi que des dents carnassières bien développées. Ils ont également de puissantes molaires broyeuses.
Les canidés sont en fait presque tous omnivores.
Otocyon ou chien-oreillard.
Ils ont su développer une vie sociale grâce à leur intelligence ce qui leur a permis de mieux lutter contre les prédateurs, d’élever leurs jeunes et donc de coloniser de nouveaux habitats.
Leur façon de courir sur la pointe des orteils (appelée digitigrade) leur permet de chasser des proies rapides sur de grandes distances.
Les premiers canidés « modernes »
Cynodesmus thooides est l’un des premiers canidés qui ressemble vraiment à un chien moderne. Il ressemblait au coyote.
Sa tête était cependant plus courte ; le long museau typique des chiens ne s’est développé que bien plus tard.
Chacun de ses pieds se terminaient encore par cinq orteils et les griffes étaient partiellement rétractiles.
Sa morphologie n’était pas encore aussi efficace pour courir que celle des canidés actuels. C’est le développement des grandes prairies d’Amérique du Nord qui a favorisé l’évolution d’herbivores véloces et donc celle de chasseurs rapides comme les chiens ou les loups.
Le genre Canis comprend 9 espèces encore vivantes de loups, coyotes, chacals et chiens. Il existait un plus grand nombre d’espèces dans le passé.
Chacal doré
Le plus connu est Canis dirus « chien terrible » qui vivait au Pléistocène. On a retrouvé 1 600 individus conservés dans les fosses à goudron de Rancho La Bréa, en Californie.
On suppose que les animaux se faisaient piéger dans ces mares gluantes, ce qui attirait les prédateurs comme Canis dirus.
Crâne de Canis dirus. image unforth
Mais, leur convoitise les perdait à leur tour. Ils se sont ainsi fossilisés laissant une image précise de la vie au Pléistocène.
Ces chiens terribles et les chats à dents de sabre se battaient puisque leurs os sont souvent recouverts de cicatrices.
Les canidés aujourd’hui
Aujourd’hui la famille des canidés regroupe 35 espèces réparties en 12 genres. Les plus importants sont les genres Vulpes (renard vrai) et Canis (loup, chacal, coyote, chien sauvage et domestique).
Les 12 genres :
Canis
Cuon (Dhole)
Lycaon
Atelocynus (Renard à petites oreilles)
Cerdocyon (Renard crabier)
Pseudalopex (Renard des Ande ou renard gris d'Argentine)
Chrysocyon (Loup à crinière)
Speothos (Chien des buissons)
Vulpes (Renards)
Urocyon (Renard gris)
Otocyon (Chien oreillard)
Nyctereutes (Chien viverrin)
La plupart des canidés possèdent 42 dents sauf le dhole, le lycaon et le chien des buissons sud-américain. La perte de ces deux dents reflète une spécialisation progressive dans un régime carnivore exclusif.
Lycaon
Les canidés représentent la deuxième grande dynastie de prédateurs après les félins.
Le renard gris d’Amérique ressemble morphologiquement et dans son mode de vie aux premiers canidés. Comme ses ancêtres, il retourne parfois dans les arbres pour chasser.
Cependant, la vitesse et l’endurance ont constitué un facteur essentiel qui donna la suprématie aux canidés sur les félins.
Le changement climatique les favorisa avec l’émergence de grandes plaines découvertes. Si les félins perdirent les arbres qui leur permettaient de se camoufler pour chasser en embuscade, les canidés devinrent, eux, plus rapides.
La structure osseuse de leurs pattes évolua pour leur permettre de poursuivre plus rapidement leur proie en terrain découvert.
Outre cette aptitude, les canidés ont su développer la vie en groupe et donc communiquer. La bande se révèle toujours aujourd’hui le mode de vie le mieux adapté à la survie d’une espèce.
Une meute de lycaons qui s'acharne sur une proie.
Les canidés ont bien compris que l’union fait la force. Parfois, des associations sont vraiment inattendues. C’est le cas de celle entre le coyote et le blaireau. Un partenariat s’est établi entre eux pour chasser les écureuils qui nichent dans le sol.
L’un creuse à la sortie du terrier et l’autre à l’entrée jusqu’à ce que la proie vienne se précipiter dans la gueule de l’un des deux acolytes. Le hasard décide de celui qui ripaille. Ils peuvent ainsi passer plusieurs mois ensemble.
A l’apogée des canidés, des meutes de chiens sauvages sillonnaient les plaines d’Afrique.
Le dhole, le dingo et le chien viverrin sont toujours d’éminents carnivores. Ces chiens sauvages ont su s’adapter aux habitats les plus variés.
Le dingo fut probablement introduit par l’homme en Australie il y a entre 4 000 et 8 000 ans. Chien domestique à l’origine, il est redevenu sauvage.
Dingo
Le chien viverrin ressemble plus à un raton laveur. C’est le seul canidé à hiberner en hiver. Originaire de Sibérie orientale, de Mandchourie et de Chine, il a été introduit avec succès par l’homme en Russie occidentale et s’est ensuite répandu à travers toute l’Europe de l’Est jusqu’en Allemagne.
Des colonisateurs s’installèrent dans les régions arides et désertiques. Le fennec est l’un de leur descendant.
Fennec
C’est également en Afrique que vit un autre canidé aux oreilles étonnantes : le renard à oreilles de chauve-souris également appelé chien oreillard.
Le loup a su coloniser tout l’hémisphère nord au cours de son évolution.
La filiation entre le chien et le loup a longtemps fait l’objet d’une controverse. On sait que lorsque deux espèces distinctes s’accouplent, l’hybride est stérile.
Mais une louve et un chien peuvent avoir une descendance capable de procréer. Les dernières analyses génétiques ont démontré que le loup est bien l’ancêtre du chien.
Le loup, ancetre du chien
Une société de scientifiques américains a même demandé que le chien soit classifié comme une sous-espèce du loup.
Cependant les nombreux croisements effectués par l’homme ont éloigné le chien de ses racines.
Aujourd’hui, le seul véritable prédateur des canidés est l’homme. Ce dernier a quasiment exterminé les grandes bandes qui sillonnaient les continents. Ceux qui survivent le mieux à la pression humaine sont les renards roux.
D’autres espèces comme le lycaon sont en voix d’extinction.