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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Les ouvriers qui fabriquent des sabots sont appelés sabotiers. La fabrication portait le nom de sabotage autrefois. Encore au siècle des Lumières, des sabotiers travaillent au sein des forêts à proximité des coupes et vivent dans des huttes ou loges où sont installés leurs modestes ateliers. Ces cabanes rudimentaires disposent parfois d'ouvertures au sommet ou de facilité d'éclairage. Cette sommaire industrie forestière disparaît avec le désenclavement routier : les sabotiers s'installent dans les villages voisins ou migrent vers les villes.
À partir de 1854, le terme de saboterie s'impose pour désigner les modes de fabrications artisanales ou industrielles des sabots. La mécanisation des saboteries intervient après la Grande Guerre.
Dans les Ardennes belges
Les sabotiers ardennais étaient autrefois spécialisés : les planeurs façonnaient l'extérieur du sabot et les creuseurs réalisaient l'intérieur. Le bois était toujours travaillé vert. Le retrait ou rétraction du bois comptait pour la pointure. Le maintien du sabot se faisait avec une lanière, ou bride, généralement en cuir.
Une première ébauche grossière était donnée par le sabotier, ou, plus fréquemment, par de jeunes apprentis. Ce travail était réalisé à la hachette de sabotier et à l'herminette, outil à lame recourbée et à manche court.
Dès ce moment, on déterminait le sabot droit du gauche (écorce vers le haut du sabot). Le cœur était soigneusement enlevé pour éviter que le sabot ne se fendille en séchant. Sur l'établi du "planeur", le sabot prenait forme grâce au paroir, plutôt appelé plane en Belgique. Il s'agit d'une grande lame amovible permettant de finaliser l'ébauche. Le talon était fignolé à l'aide d'une talonnière puis l'extérieur du sabot était lissé au racloir, généralement un morceau de vieille lame de scie dont on aiguisait le dos.
Paroir
Puis venait l'intérieur, réalisé par le creuseur. Après avoir calé les sabots sur son établi, nommé cotche en wallon, il se servait, pour évider le sabot, d'une gouge, puis d'une vrille (ou amorçoir, ou encore tarrière) et de cuillers de différentes tailles. Pour dégager la semelle sur sa face intérieure et pour l'aplanir, il utilisait le boutoir. Les ruines et la grateresse permettaient de parfaire les contours intérieurs. La pointure était vérifiée à l'aide d'une jauge. Dans certains lieux, le séchage sur un séchoir à claies suspendu sur un feu de copeaux donnait la couleur au sabot. Ailleurs, pour les sabots de cérémonie, on utilisait une teinture. Le fleuriste réalisait la finition de ces sabots (appelée fleurissage) à l'aide de rainettes. Les dessins ou motifs étaient appelés fleurs, même s'ils représentaient tout autre chose. Puis venait éventuellement le vernissage. À deux, les sabotiers fabriquaient normalement par jour 25 paires de sabots préalablement ébauchés et non fleuris.
Outils du creuseur
En Ardenne, la fabrication de sabots commença au début du XIXe siècle, initiée très probablement par des déserteurs français fuyant la conscription napoléonienne. Cette activité se développa considérablement au cours de ce siècle et au début du siècle suivant. À titre d'exemple, en 1910, année de la production maximale en temps de paix, 70% des hommes adultes du village de Porcheresse fabriquaient des sabots, à temps plein ou à temps partiel. Après la première guerre mondiale, les premières machines apparurent dans la région. Elles se perfectionnèrent progressivement, mais ne furent utilisées que dans peu d'endroits, comme Awenne. Au final, on utilisait généralement des machines à copier : un sabot terminé était placé d'un côté de la machine ; le sabotier en suivait les contours avec une tige métallique. Cette tige était couplée à une fraise qui reproduisait sur une pièce de bois, grossièrement tournée au préalable, les formes du sabot utilisé comme modèle.
Machine à copier
Haut-perche dans l'Orne
Louis-François Pinagot né en 1798 et mort en 1876 est un modeste sabotier de la Haute-Fresne, près de la forêt de Bellême, dont l'historien Alain Corbin a tenté de reconstituer la vie. Faisant appel aux experts des trois petits musées du sabot perchois, l'auteur a décrit l'état de l'art sabotier vers 1840.
Les sabotiers du canton de Bellême travaillent un bois vert. L'essence la plus demandée par le marché est le hêtre, accessoirement le bouleau. Le sabotier Pinagot tire l'ébauche d'un sabot d'une bille ou pelote de hêtre. Le tronc est divisé en quartier au moyen d'un coin, large de 12 à 15 cm et de faible épaisseur. Le cœur du bois est évité pour que le sabot ne se fende en séchant. Le sabotier a deux établis qui se font face dans sa loge. Cette loge ou atelier à son domicile villageois est éclairée et toujours chauffée par un feu de bois de copeaux afin de fumer les sabots. Le premier établi sert à ébaucher et à parer l'extérieur du sabot, le second établi permet de l'immobiliser pendant le creusage.
Trois temps, celui du tailleur, du creuseur et du pareur, représentés ici par le même artisan, pour la fabrication des lourds sabots couverts, à coussins ou à brides couvrantes se distinguent traditionnellement :
1. Taille : bûcher consiste à donner à la bûche l'apparence d'un sabot. En neuf coups de doloire sur le billot, avec les gestes mesurés d'un maître sabotier, l'extérieur est dégrossi et la semelle relevée. Les cambrures sont esquissées avec l'herminette (l'assot) à lame courbe et à tranchant perpendiculaire à l'axe du manche.
Doloire
2. Creusement, étape toujours délicate : le sabot ébauché est fixé à la creuse du second établi. La vrille (vreille) débute le trou dans la partie découverte. Puis un trou oblique est percée dans la partie couverte. Les deux cavités sont agrandies par des cuillères tranchantes, puis réunies en faisant éclater le bois des interstices. Le creusement de l'avant du sabot est amorcé jusqu'atteindre le pointure à un pouce en retrait. La rouanne, lame métallique courte et recourbée, encastrée dans un manche en bois, assure la première finition par un râclage de l'intérieur du sabot.
Rouanne
3. Parage : À l'aide d'un paroir, longue lame munie d'un crochet de fer à l'extrémité opposée au manche qui est fixé par un anneau à l'établi, la semelle est dressée, les bords façonnés, ainsi que le dessus et le talon. Une paire de sabot est assemblée. Une paire de sabot est formée et marqué d'un même signe identifiant. La finition gomme les aspérités extérieures au paroir, intérieures à la rouanne, puis un arrondissement des angles encore saillants est mené au dégageoir. La décoration peut être sommaire, avec un marqueur identitaire enjolivé, pour des sabots d'usage quotidien ou compliquée à l'envi. Une percette forant un trou permet d'assembler la paire avec un lien.
Paroir
La durée du séchage à l'abri du vent, des courants d'air ou des chocs thermiques dans la loge perpétuellement chauffée est estimée entre trois à cinq mois. Des sabots peuvent perdre la moitié de leur masse et réduire en volume et en dimension. mais cette perte dimensionnelle est estimée préalablement par le maître sabotier.
Dans les montagnes vosgiennes
Le sabotier est encore souvent durant l'entre-deux-guerres essentiellement un paysan en bonne saison et un sabotier en morte saison agricole, ainsi les cultivateurs-sabotiers Sonrel de Coinches et de Saint-Léonard. Les outils affûtés avec minutie à la meule et ses procédés artisanaux le prouvent. Quatre opérations sont distinguées traditionnellement dans la vallée de la Haute Meurthe : obtention de la prime ébauche, le façonnage de l'ébauche, l'évidage et la finition intérieure et extérieure du sabot, opération de plus en plus précise et fines, en dehors de la décoration et du perçage, de l'assemblage par paires et de la mise en rang à la baguette.
1. Le sabotier (lo sabotié) choisit les parties des troncs allant jusqu'aux premières branches. Celles-ci sont coupées en portions cylindriques, de façon à ce que la hauteur corresponde à une longueur ou pointure de sabots, soit 20-35 cm. Ces blocs ou rondelles sont mesurés en pouces ou en fractions de pouces, puis classés. Les blocs sont divisés en quartiers avec des coins et une masse. Les quartiers sont d'abord taillés avec la hachette du sabotier (enne hetca) sur un bloc de bois très épais et massif, le billot (lo butca), qui est maintenu par des dispositifs de câlage à l'aide de trois pieds si l'effet d'inertie de sa taille et son enfoncement n'est pas suffisant.
2. La forme se dégage de façon grossière car la hachette a un taillant large. L'emploi de l'herminette (enne hwé) donne une ébauche aux contours réguliers. Le façonnage externe est réalisée ensuite au paroir (lo pyan), qui est un sabre ou une grande lame coupante fixée à une extrémité par un anneau sur l'établi nommé la chèvre (lè tchieve) et muni à l'autre extrémité d'une poignée de manœuvre. L'herminette permet de réaliser les premières incisions sur la semelle, elle préfigure le talon, et amorce la cavité sur le dos.
3. L'évidage est réalisé sur un autre établi évidé en son milieu (l'encoche, lo foroé). Il est possible d'y coincer avec des coins de chênes les deux sabots ébauchés. Le sabot droit se place à gauche, le sabot gauche à droite. Les parties supérieures de l'ébauche sont creusées en deux endroits avec la tarière (li uvyo). Les trous sont aggrandis avec la gouge (la cuillère, lè los). La percée vers l'avant est réalisée avec la tarière, puis agrandies par des cuillères de calibres différents. La cavité arrière est creusée puis façonnée avec un outil adapté le boutoir (le botoé). Le logement de l'avant-pied est creusé avec finesse par la rouanne.
4. Les arêtes vives sont abattues au débordoir, véritable double rasoir, parfois confectionné de bric et de broc avec deux vieux rasoirs. L'extérieur est lissé au racloir, qui n'est souvent qu'un morceau d'une vieille faux. Des couteaux aux tailles variées permettent de rajouter des fioritures décoratives.
Debordoir
Chaque paire de sabot est unie par un bout de fil de fer car chaque sabot est percé sur le côté interne d'un petit trou à l'aide d'une percette.
Finissage: Le sabot terminé était séché semelle vers la haut, en été au soleil, durant une pleine journée ou semelle vers le bas, en hiver sur le four. La plupart des sabots sont noircis avec du noir à sabots. L'ultime conditionnement est la mise en paquet, assemblage d'une douzaine ou d'une dizaine de paires de sabots à l'aide d'une longue baguette de bois. Facilement rangeables dans un appentis, les paires de sabots sont livrées aux marchands, distribuées au colporteurs ou vendues par le sabotier.
Un sabot est une chaussure taillée dans un seul morceau de bois dont le creux épouse la forme du pied. Le sabot n'apparaît selon de nombreux spécialistes qu'entre 1480 et 1520 et il connaît un rapide développement populaire au siècle de la Renaissance dans la France du Nord, de l'Ouest, de l'Est, en Bretagne, en Flandre et aux Pays-Bas, dans les pays rhénans et mosellans, se diffusant sur la façade du Nord-Ouest de l'Empire romain germanique jusqu'au Danemark.
En raison du caractère à la fois noble et rustique de cette chaussure, il existe une grande variété de paires de sabots, des plus luxueuses au plus simples ou grossières, des plus esthétiques par leurs formes ou leurs dessins aux plus techniques ou pratiques par leurs usages. On retrouve de nombreuses expressions paysannes où sabot et pied sont synonymes en termes de mesure.
Mais après le siècle des Lumières, le sabot ne chausse plus que les populeuses contrées paysannes. Le mot sabot est même considéré comme péjoratif par l'Académie en1835. Mais la trilogie des chaussures paysannes, le sabot pour une marche lente ou une tâche déterminée, la galoche pour les parcours plus longs et les souliers pour assurer une allure vive, n'a pas cédé à la mode urbaine. C'est le nostalgique souvenir de ces hommes et femmes paisibles ou joyeux en sabot qui maintient l'attachement à cette chaussure, à l'histoire connotée.
Le sabotier est un artisan du bois qui a quasiment disparu avec la fin de la civilisation de l'attelage et son monde paysan. À l'exception de quelques ateliers équipés de machines et à vocation essentiellement touristique en France et aux Pays-Bas, les dernières saboteries ont fermé leurs portes au lendemain de la seconde guerre mondiale, après avoir connu un regain d'activité durant le conflit.
Le terme sabot, dans le sens de « chaussures », apparaît assuré dans la langue française au XVIe siècle. Que les lointaines origines des mots associés au sabot soient méconnues n'est qu'un détail, mais la pluralité des sens anciens rend impossible de fixer avec précision la date de naissance du sabot. Son origine avant les Temps modernes reste en partie obscure.
Le mot sabot provient, selon les linguistes, de l' ancien français sabot ou Çabot, terme du XIIe siècle. Au delà, il provient de la combinaison de savate et de l'ancien français bot, masculin de botte, c'est-à-dire une chaussure montante. Savate proviendrait de l'arabe sabbat, qui désigne une danse bruyante, tournoyante ou en toupie. En tous cas, l'italien Ciabatta et l'ancien provençal sabata sont des formes attestées. Un sabot bien fixé au pied ou une savate permettent d'accomplir des danses rituelles, fort savantes et tournoyantes. Il est aussi évident que la marche heurtée comme la danse sur une surface dure génèrent des chocs audibles, ce qui a engendré un synonyme par onomatopée, esclot, esclomp, sclump. Le sabot se nomme encore en occitan « esclop », en néerlandais « klomp », en allemand « Klump », en alsacien « Klumpe », en breton « botoù koat » (chaussures de bois), en suédois « klompa » . Le sabbat mythique des sorcières est bien une danse bruyante. Sabot ou Çabot a aussi désigné longtemps une toupie actionnée par une ficelle, puis prenant un usage technique, il a désigné une pièce de bois qui, placé opportunément devant et sous les roues, transforme le roulage circulaire en traînage rectiligne.
Le verbe saboter en ancien français tardif du XIIIe siècle signifie « heurter ». Il prend d'ailleurs le sens de secouer en français entre le seizième et le dix-huitième siècle. L'occitan sabar, qui veut dire frapper sur le bois pour en détacher des morceaux, vient du mot saba, « sève », car le sens premier est frapper sur le bois à la montée de la sève pour en détacher l'écorce (une comptine très répandue accompagnait cette opération, pratiquée par les enfants pour fabriquer des « trompettes » en écorce). Le verbe est très proche de l'ancien français. Dès 1838, saboter prend son sens actuel, saboteur étant employé depuis deux ans. Le mot sabotage qui n'apparaît qu'en 1842 est vulgarisé par le dictionnaire de Pierre Larousse après 1880. Le sabot deviendra le symbole des anarchistes. D'après la tradition des typographes, le mot sabotage viendrait du fait qu'un vieux sabot était accroché dans les ateliers d'imprimerie, et on y jetait les caractères de plomb déformés ou inutilisables pour une raison ou pour une autre.
Le mot sabotier n'apparaît dans les textes que tardivement au seizième siècle. Il ne faut pas le confondre avec le sabatier en languedoc qui est à la fois un savatier et un cordonnier.
François Villon est le premier à utiliser le terme sabot, en 1512, dans sa Ballade de la Grosse Margot, qui parle d’un quartier mal famé de Paris, dans la Cité. Un peu plus tard, Rabelais cite cette nouvelle chaussure dans Pantagruel (chap. XXII) : Panurge, le professeur de Pantagruel, décrit les sabots portés par la dame de ses pensées. Et la coquette héritière Anne de Bretagne, épouse successive de deux derniers rois valois de France, Charles VIII et Charles XII témoigne de ce premier essor populaire par son sobriquet. Cette reine de France, était surnommée par les impertinents Parisiens « la duchesse en sabots ».
Sabots Premier Empire (France), Musée du Sabot de Porcheresse
En néerlandais, le sabot (klomp) apparaît pour la première fois dans un recueil de proverbes hollandais et flamands réunis par Joannes van Doetichem, en 1577. La première corporation hollandaise de sabotiers naît à Amsterdam en 1651.
Klomp
Il ne faut pas confondre le sabot, dans lequel le pied est enfermé, avec d’autres protections anciennes du pied, ouvertes celles-là ; telles les patins, semelles et mules en bois. Celles-ci servaient de protection de la chaussure, sur laquelle elles étaient sanglées, contre l’humidité ou la poussière.
En Hollande, ces ancêtres des sabots s’appelaient « stillegang » assurant expressement la marche silencieuse.
En fait, elles ont précédé nos galoches en caoutchouc apparues au XXe siècle. Il s’agissait de patins ou de semelles avec un contrefort, fixés au pied par une sangle de cuir. Les « stillegang » sont cités, pour la première fois dans un acte aux archives de Leiden en 1429. En Suisse centrale, on vendait à cette même époque des « Urnerböden » (traduisez : les semelles du canton d’Uri).
Galoches, de type "stillegang", avec des lanières en cuir
Une conclusion s’impose, selon R. Huysecom : le sabot proprement dit ne fut pas porté avant le début du XVIe siècle. Selon d'autres chercheurs médiévistes, la chaussure tout en bois, donc le sabot au sens moderne, pourrait être connue comme une curiosité de danseur ou limité à des emplois discrets, dans des contrées disposant du savoir-faire de fabrication depuis une probable invention technique au XIIe siècle. Son emploi comme chaussure populaire n'a pris un réel essor que du temps d'Anne de Bretagne. Les dénominations précises sabots, sabotines, sabotiers, saboterie, sabotage, sabotière n'auraient été fixées que plus tardivement.
Les essences utilisées varient selon les régions, la résistance et la qualité recherchée du sabot.
Presque partout dans les plaines de la France, on utilisait le bouleau, le peuplier noir, mais aussi le hêtre dur et solide comme dans les pays montagnards, en Ardenne belge ou dans l'est de la France.
En Ardenne belge, pour éviter que les sabots n'aient un poids excessif en raison de l'utilisation de cette essence, on réalisait des sabots ouverts (cou-de-pied découvert) et taillés assez fins, par opposition aux sabots couverts en peuplier fabriqués en France, non loin de là, et dans d'autres contrées. Ces sabots de peupliers, un bois tendre et léger, étaient assez sensibles à l'usure et étaient donc parfois ferrés. L’orme, dont les surfaces étaient moins glissantes que les autres essences, le frêne, ou le pin sylvestre dans les Vosges étaient également fréquemment utilisés.
Sabots ardennais, de type ouvert, Musée du Sabot de Porcheresse
En Flandre et en Hollande, les habitants appréciaient les sabots couverts en bois léger, essentiellement en saule et en aulne, parfois en bouleau. Le bois de saule, léger et mou, pouvait par sa tendresse incruster dès un premier usage de fins gravillons formant ainsi une semelle antidérapante, on pouvait ainsi marcher sur la glace sans glissade ! La grande légèreté des sabots d'aulnes et de saule n'effaçaient pas leur capacité d'absorber l'eau ainsi qu'à la garder. Le bouleau, léger, bon marché, était recherché pour sa solidité et sa résistance ; il était un peu froid en hiver et frais en été, ce qui en faisait de bons sabots d'intérieur.
Le noyer et les bois fruitiers comme le pommier, le poirier et le cerisier, permettaient partout d'obtenir les meilleurs sabots, voire des sabots de luxe, légers et finement décorés. L'érable et son bois léger permet aussi la réalisation de sabotines.
En Bretagne, le sabot était beaucoup fabriqué, surtout dans la région de Fougères en Ille et Vilaine. Ces chaussures de bois devenaient lourdes et grossières pour les travaux des champs et ouvragées et sculptées pour les jeunes demoiselles à marier. Ils y étaient souvent fabriqués en bois de hêtre mais aussi en frêne, merisier, bouleau ou peuplier. Le frêne donnait des sabots résistants et le merisier des sabots vernis pour les dames.
Sabots bretons sculptés
La tong ou tongue, aussi appelée gougoune au Québec, slash en Belgique francophone ou encore savate ou claquette dans la France d'outre-mer est une chaussure formée d’une semelle sur laquelle sont fixées deux brides en Y dont l’extrémité passe entre les deux premiers orteils. Parfois appelée péjorativement « string des pieds », la tong est une chaussure estivale et ludique dans les contrées occidentales, elle est portée de façon quotidienne par les 2 sexes sous les tropiques. De nombreuses personnes se trompent en appelant tongs ce qui en réalité sont des mules. Il ne faut pas les confondre : la mule n'a pas de lanière séparant les deux premiers orteils du pied. Tong vient de l'anglais thong (lanière).
L’origine de la tong est égyptienne vers 3500 ans av. J.-C.. Au départ constituées d’une simple semelle rigide en papyrus tressé et dotée de lanières de cuir.
Les Romains reprennent l’idée et les tongs de leurs impératrices sont coulées dans de l’or. À leur tour, les Indiens et les Perses, reprennent l’idée et la sculptent dans le bois et lui adjoignent un entredoigts, avant que la tong ne migre vers la Chine et le Japon où elle devient « zori » puis « geta » au XXe siècle.
Zori
Son usage s’est ensuite largement diffusé à l’ensemble de la planète, et notamment aux zones tropicales, où il peut être quotidien. C’est par exemple le cas au Brésil, où l’on trouve le premier producteur mondial, la société Alpargatabout:blankas. C’est aussi le cas dans les régions françaises d’outre-mer, où la tong, appelée « samara », « savate », « savate deux doigts » ou « claquette », C’est également le cas en Corse la seule région de France ou il y a une tong "identitaire" la tong Corse qui sert de chaussure d’intérieur ou pour la plage.
La tong présente le double avantage d’être peu coûteuse et adaptée aux climats chauds, laissant le pied presque nu.
On porte généralement la tong pied nu, la bride entravant le port de vêtements dessous, à moins de porter des chaussettes à orteils. Tong signifie en anglais, la langue, à cause de sa forme.
La tong est aujourd’hui un accessoire de mode dont les modèles les plus chers peuvent atteindre plus de 400 euros . Elle est aujourd’hui déclinée dans toutes les formes, de la tong publicitaire à la tong à talons.
Elle est le plus souvent fabriquée en caoutchouc. Selon les spécialistes du marchandisage, l’un des critères fondamentaux motivant l’achat d’un modèle plutôt qu’un autre est l’odeur de cette matière, systématiquement vérifiée par le client dans les rayons.
Une espadrille (déformation de l'occitan espardelha, variante de l'espagnol espartiña, du catalan espartenya, de spart) est une chaussure légère en toile avec une semelle en corde de chanvre tressée.
Ces sandales d'origine pyrénéenne sont très populaires sur les deux versants de la chaîne, de la Catalogne au Pays basque, où elles ont supplanté la traditionnelle abarka.
Abarka
L'espadrille apparait en 1890. « Chaussure de paysan à l’origine, l’espadrille fut portée par les troupes légères de la couronne catalano-aragonaise, et, en 1964, imposée par décret royal à l’infanterie espagnole ».
Des personnes célèbres ont porté des espadrilles, mais cette chaussure légère et robuste fut le sujet de railleries dans un sketch des Nuls ("En espadrilles, on a l'air d'un con..."). Néanmoins, l'espadrille revient à la mode.
En Catalogne, où des descriptions et des illustrations montrent son existence depuis le Moyen Âge, l'espadrille se porte avec de longs lacets noués autour de la cheville. Elle reçoit des noms différents suivant la couleur employée et suivant la disposition du tissage, la plus courante étant espardenya. Dans les Pyrénées-Orientales, on l'appelle vigatana. Jusqu'au milieu du XXe siècle, elle servait à tous les moments de la vie, aussi bien pour travailler la terre, pour aller danser, pour marcher en montagne que pour jouer au rugby. Salvador Dalí apparait chaussé d'espadrilles catalanes sur de nombreuses photographies. Aujourd'hui encore elles font partie intégrante de l'uniforme de gala (utilisé pour les cérémonies protocolaires) de la police autonome de Catalogne, les Mossos d'Esquadra (elles sont alors de couleur bleue).
Une durée de vie de quelques mois à peine est la principale faiblesse de l'espadrille ; elle est devenue aujourd'hui inadaptée à la marche. Beaucoup, dans le sud-ouest, la considèrent comme la tong d'antan, qu'on rachète chaque année avec plaisir aux premiers rayons de soleil.
Mauléon-Licharre en Soule (Pyrénées-Atlantiques) en est la capitale au Pays basque.
De nos jours, une majeure partie des espadrilles vendues dans le commerce sont importées d'Inde et du Bangladesh qui sont les principaux producteurs de Jute.
C'est l'Espagne qui nous fournit la preuve que l'homme a adopté les chaussures à un stade très ancien de son évolution. En effet, des peintures rupestres, datant de douze à quinze milles ans avant notre ère, montrent un homme en bottes de peau et une femme en bottes de fourrure. Des vases funéraires persans en forme de botte (3000 ans avant Jésus-Christ) montrent que des formes rudimentaires de souliers et sandales existaient à l'époque.
En Egypte, des sandales datant du Ier diècle de notre ère, faites de palmes tressées et cousues, n'étaient guère que des semelles avec une lanière à la cheville et aux orteils. Des sandales plus tardives ont une semelle taillée dans un bloc de bois, assez semblable aux patins du XVIIe siècle. On ne sait pas si elles étaient beaucoup portées; peut-être ne servaient-elles qu'à mieux protéger le pied durant les crues du Nil. Au musée Bally, à Schoenewerd, en Suisse, se trouve une sandale étrusque du VIe siècle, à semelle de bois fendue et articulée par des liens de cuir pour être plus confortable. Cela révèle une habileté que les fabricants de patins ne possédaient guère car les patins articulés du XVIIe sont plutôt rares.
Sandale égyptienne
Les Etrusques furent sans doute les plus habiles cordonniers jusqu'aux Grecs et aux Romains. Partant de l'habitude primitive d'envelopper le pied d'une peau, ils produisirent un précurseur des fameux broguesirlandais: un soulier sans semelle, fendu sur le coup-de-pied et attaché par un lacet.
Les paysans continuèrent à en porter jusqu'à l'époque de Charlemagne. Il faut rappeler que les premières chaussures ne subirent quère de modifications pendant des siècles. La chaussure est un domaine où la mode évolue lentement et où l'apparition d'un nouveau style ne sonne pas forcément le glas des précédents, si bien que l'on trouve dans le monde occidental des chaussures de marche dont la forme n'a pas changé depuis les années 40.
La production en série permet aux fabricants de chaussures de fournir de nouveaux modèles à des prix compétitifs, mais il ne s'agit que de variations sur les styles de base d'où sont issues toutes les chaussures d'homme et de femme. Dans le derby, l'empeigne se prolonge sous les quartiers pour former une languette par-dessus laquelle on noue les lacets.
Chaussure derby
Le mocassin, à l'origine en daim, est l'archétype du soulier facile à enfiler, coupé très bas sur les côtés auxquels est cousue une empeigne surélevée.
Mocassin
La sandale, enfin, est une chaussure ouverte maintenue par des brides ou lanières.
Sandales
Beaucoup de stylistes attachent une importance suprême à la matière du soulier, et pourtant de nos jours, en dépit des progrès considérables du synthétique, la plupart des tiges sont en cuir. Quant aux semelles de cuir, elles sont désormais réservées aux souliers de meilleure qualité.
Comme au XVIIIe siècle, la matière varie avec le sexe. Les chaussures d'homme sont surtout en cuir - glacé, verni, daim ou croûte de porc - et reflètent le conservatisme des hommes et leur sens pratique. Les femmes sont bien plus aventureuses. L'emploi de brocart, velours, satin, moire, laine, tapisserie et verroterie n'est pas nouveau, puisqu'il a commencé au XVIe siècle.