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bonjour ma chère amie yvonne,
je suis enchantée de venir prendre un p'tit café chez toi, nous parlerons de ch
Par MARITE, le 10.06.2021
dors bien petit bonhomme ... ton ange veille ! à 22:17 par yvonne92110
. .. et j'espère qu'un c
Par Anonyme, le 07.06.2021
21/05/2013... le monde entier vous admire, alors que personne ne vous comprend".... ils savaient parler... à
Par Anonyme, le 06.06.2021
06.06.2021. ..j'ai des goûts de luxe et mes amis sont en or.... c'est parce que ton blog est un trésor...
Par Anonyme, le 06.06.2021
13/05/2012 ... que ta bonne humeur peut égayer la vie des autres ...que tu peux, en tout temps, dire un mot
Par Anonyme, le 06.06.2021
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Date de création : 28.09.2009
Dernière mise à jour :
29.05.2021
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La légende des papillons !
Comment les papillons apprirent à voler ( Légende amérindienne ).
Quand la Terre était jeune, aucun papillon ne volait ça et là dans les airs et n'illuminait les jours de printemps et d'été de leurs ailes portant les couleurs de l'arc-en-ciel. Il y avait des reptiles, qui furent les ancêtres des papillons, mais ils ne savaient pas voler ; ils ne savaient que ramper par terre. Ces reptiles étaient magnifiques, mais le plus souvent les humains, lorsqu'ils se déplaçaient, ne baissaient pas les yeux vers la terre, aussi ne voyaient-ils pas leur beauté.
En ces temps-là, vivait une jeune femme qui s'appelait Fleur de Printemps et qui était une joie pour tous ceux qui la connaissaient. Elle avait toujours le sourire et un mot gentil à la bouche, et ses mains étaient semblables au printemps le plus frais pour ceux qui étaient atteints de fièvre ou de brûlures. Elle posait ses mains sur eux et la fièvre aussitôt quittait leur corps. Quand elle atteignit l'âge adulte, son pouvoir devint encore plus fort et, grâce à la vision qu'elle avait reçue, elle devint capable de guérir les gens de la plupart des maladies qui existaient alors. Dans sa vision, d'étranges et belles créatures volantes étaient venues à elle et lui avaient donné le pouvoir de l'arc-en-ciel qu'ils portaient avec eux. Chaque couleur de l'arc-en-ciel avait un pouvoir particulier de guérison que ces êtres volants lui révélèrent. Ils lui dirent que pendant sa vie elle serait capable de guérir et qu'au moment de sa mort elle libérerait dans les airs des pouvoirs de guérison qui resteraient pour toujours avec les hommes. Dans sa vision, il lui fut donné un nom : Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel.
Tandis qu'elle avançait en âge, Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel continuait son travail de guérisseuse et dispensait sa gentillesse à tous ceux qu'elle rencontrait. Elle rencontra aussi un homme, un voyant, et elle le prit pour mari. Ils eurent ensemble deux enfants et les élevèrent pour qu'ils soient forts, sains et heureux. Les deux enfants avaient aussi certains pouvoirs de leurs parents et eux-mêmes devinrent plus tard des guérisseurs et des voyants. Tandis qu'elle vieillissait, le pouvoir de Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel grandit encore et tous ceux qui vivaient dans les environs de la région où elle habitait vinrent à elle avec leurs malades, lui demandant d'essayer de les guérir. Elle aidait ceux qu'elle pouvait aider. Mais l'effort de laisser passer en elle tout le pouvoir finit par l'épuiser et un jour elle sut que le moment de remplir la seconde partie de sa vision approchait. Tout au long de sa vie, elle avait remarqué que des reptiles magnifiquement colorés venaient toujours près d'elle quand elle s'asseyait par terre. Ils venaient contre sa main et essayaient de se frotter contre elle. Parfois l'un deux rampait le long de son bras et se mettait près de son oreille.
Un jour qu'elle se reposait, un de ces reptiles vint jusqu'à son oreille. Elle lui parla, lui demandant si elle pourrait faire quelque chose pour lui, car elle avait remarqué que lui et ses frères et soeurs lui avaient toujours rendu service. "Ma soeur, dit Celui qui rampait, mon peuple a toujours été là pendant que tu guérissais, t'assistant grâce aux couleurs de l'arc-en-ciel que nous portons sur le corps. A présent que tu vas passer au monde de l'esprit, nous ne savons comment continuer à apporter aux hommes la guérison de ces couleurs. Nous sommes liés à la terre et les gens regardent trop rarement par terre pour pouvoir nous voir. Il nous semble que si nous pouvions voler, les hommes nous remarqueraient et souriraient des belles couleurs qu'ils verraient. Nous pourrions voler autour de ceux qui auraient besoin d'être guéris et laisserions les pouvoirs de nos couleurs leur donner la guérison qu'ils peuvent accepter. Peux-tu nous aider à voler ?" Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel promit d'essayer. Elle parla de cette conversation à son mari et lui demanda si des messages pourraient lui venir dans ses rêves.
Le matin suivant il se réveilla, excité par le rêve qu'il avait fait. Quand il toucha doucement Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel pour le lui raconter, elle ne répondit pas. Il s'assit pour la regarder de plus près et il vit que sa femme était passée au monde des esprits pendant la nuit. Pendant qu'il priait pour son âme et faisait des préparatifs pour son enterrement, le rêve qu'il avait eu lui revint en mémoire et cela le réconforta. Quand le moment fut venu de porter Celle-qui-tisse-dans-l'air-des-arcs-en-ciel à la tombe où elle serait enterrée, il regarda sur sa couche et, l'attendant, se trouvait le reptile qu'il pensait y trouver. Il le ramassa avec précaution et l'emporta.
Tandis que l'on mettait le corps de sa femme en terre et qu'on s'apprêtait à le recouvrir, il entendit le reptile qui disait : "Mets-moi sur son épaule à présent. Quand la terre sera sur nous, mon corps aussi mourra, mais mon esprit se mêlera à l'esprit de celle qui fut ta femme, et ensemble nous sortirons de terre en volant. Alors nous retournerons vers ceux de mon peuple et leur apprendrons à voler de façon à ce que se poursuive le travail de ton épouse. Elle m'attend. Pose-moi à présent." L'homme fit ce que le reptile lui avait dit et l'enterrement se poursuivit. Quand tous les autres furent partis, l'homme resta en arrière quelques instants. Il regarda la tombe, se souvenant de l'amour qu'il avait vécu. Soudain, de la tombe sortit en volant une créature qui avait sur ses ailes toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Elle vola vers lui et se posa sur son épaule. "Ne sois pas triste, mon époux. A présent ma vision s'est totalement réalisée, et ceux que j'aiderai désormais à enseigner apporteront toujours aux autres la bonté du coeur, la guérison et le bonheur. Quand ton heure viendra de te transformer en esprit, je t'attendrai et te rejoindrai."
Quand l'homme changea de monde, quelques années plus tard, et fut enterré, ses enfants restèrent en arrière après que tous les autres s'en furent allés. Ils remarquèrent une de ces nouvelles créatures magnifiques qu'ils appelaient papillons, voletant près de la tombe. En quelques minutes un autre papillon d'égale beauté sorti en volant de la tombe de leur père, rejoignit celui qui attendait et, ensemble, ils volèrent vers le Nord, le lieu du renouveau. Depuis ce temps-là les papillons sont toujours avec les hommes, éclairant l'air et leur vie de leur beauté.
Si vous voulez que votre souhait se réalise, vous n'avez qu'à le souffler au papillon. N'ayant pas de voix, il ira porter votre souhait au ciel jusqu'au grand Manitou, où il sera exaucé.
NOTE : Les enseignements traditionnels des amérindiens passaient jadis par des légendes comme celle-la que les anciens du village racontaient autour du feu le soir de pleine lune. Les enfants adoraient les écouter.
(Extrait de "La Roue de Medecine" de Sun et Wabun Bear)
La belle histoire d'un sapin de Noël en Lomagne !
Il était une fois… une nuit qui tombait doucement. José cherchait un sapin : il en avait vu, en rangées parallèles à flanc de coteau entre Lavit et Beaumont de Lomagne. De petits arbustes avaient été plantés l'an passé, à côté d'arbres plus âgés qui les dominaient de leur haute taille sombre.
Il ne prendrait qu'un petit arbre, bien sûr — il appelait ça un «prélèvement» — ça donnerait de l'espace aux autres. La morale était sauve bien qu'un peu malmenée, mais ses enfants seraient si heureux.
Un Noël sans sapin n'est pas un vrai Noël ! En cette fin d'année ses maigres ressources, ce stupide accident, le chômage qui avait suivi lui interdisaient la moindre dépense superflue. Ses enfants n'auraient pas les cadeaux rêvés, alors voler un sapin, c'était le moins qu'il puisse faire pour eux.
La bêche à la main, il marchait. Le soleil couchant rougeoyait et l'air était glacé. Il avait laissé sa vieille voiture sur le bas-côté de la route, à l'amorce de la montée. Tous ces coteaux et vallons de Lomagne, c'était joli mais à pied ça avait moins de charme.
Il fit une pause près d'une plantation de noisetiers, une spécialité qui faisait la fierté de la région. À ses pieds, même pas dissimulé par les feuilles que l'automne avait colorées avant leur chute, il aperçut un bocal de verre blanc dont la propreté l'intrigua. Et surprise ! Une grenouille y avait été emprisonnée avec une petite échelle en plastique et abandonnée là, sans doute par un gamin curieux de vérifier si elle pouvait lui annoncer le temps qu'il ferait.
José aimait les animaux et l'idée qu'on puisse les faire souffrir le révoltait. Pris de pitié pour l'animal dont la jolie couleur verte pâlissait, il s'épongea le front, se baissa, saisit le bocal et y plongea un doigt. La grenouille s'y agrippa aussitôt.
- Pauvre petite. Quel est le cornichon qui t'a mise là-dedans ?
Attendri, il posa un bisou sur le museau de la grenouille qui se transforma en une jolie fée, comme dans les contes auxquels il n'avait jamais voulu croire !
- Ça alors, s'écria-t-il stupéfait ! Et souriant malgré sa fatigue, il questionna, un peu moqueur :
- Allez-vous me demander de faire trois vœux, comme dans les contes ?
- Hélas, cher monsieur. Ce séjour forcé dans le bocal m'a épuisée. Je n'ai plus qu'un vœu à offrir, mais il est pour vous.
Ainsi parla la fée.
Le ciel s'était assombri, le vent du soir s'était levé, Il passait dans l'air comme une musique …
Dans l'esprit de José les idées se bousculaient. La fée ne semblait pas s'impatienter. Elle récupérait après sa mésaventure et une poussière brillante la nimbait d'une douce lumière. Le spectacle était irréel.
José rêvait …
Ce Noël pouvait ne pas ressembler aux précédents. Il avait tant de choses à demander, des besoins, des désirs insatisfaits. Après un bon moment de réflexion, il prit une inspiration et demanda à la fée s'il pouvait revenir vingt ans en arrière.
La fée lui répondit alors avec beaucoup de douceur :
- Votre vœu, José, si je l'exauce, vous rajeunira, mais vous vivrez à une autre époque, dans un autre lieu, et tout sera nouveau pour vous. Il vous faudra tout oublier de votre vie d'ici ! Réfléchissez bien.
C'était quand même les payer bien cher, ces vingt années de jeunesse ! José ne pouvait pas envisager de perdre sa mémoire, ses souvenirs, tout ce qu'il avait vécu jusqu'ici, et surtout ses enfants.
Non, décidément ce vœu était bien égoïste, et ce n'est pas en fuyant le présent qu'il trouverait le bonheur.
Il n'y croyait plus. Tristement mais résolument, il renonça et s'éloigna de la fée en marmonnant : «Il va faire nuit, Il faut maintenant que je trouve ce sapin tout de suite.»
La fée l'entendit, et d'un seul coup de sa baguette magique elle fit apparaître un superbe sapin au pied duquel se trouvaient déjà plein de boîtes multicolores enrubannées. Des guirlandes brillantes en décoraient les branches et une étoile scintillante ornait son sommet.
Jean-Claude Bocquet
Il était une fois un joli renne qui était mort de froid. Le pauvre petit renne se nommait Rudolf et il avait un joli nez rouge. La mère de Rudolf était décédée car un chasseur l'avait abattue. Rudolf était très peiné de sa malchance, il s'était donc réfugié dans la forêt. De là, le petit renne s'est dit qu'il allait avoir de la peine tranquille et sans que ses amis lui posent sans arrêt des questions. Il avait besoin d'être seul.
Quelques jours plus tard, un ange descendit du ciel et rejoignit Rudolf. Il lui demanda pourquoi il était seul dans la forêt en plein hiver et surtout pourquoi il pleurait. Rudolf lui dit tout ce qu'il avait dans le coeur et curieusement il se rendit compte que ça lui faisait du bien. Tout en lui disant tout, il pleurait. L'ange l'écouta avec beaucoup d'attention.
Quand Rudolf eut fini de dire ce qui avait à dire, l'ange lui dit qu'il connaissait un homme qui pourrait l'aider à surmonter sa peine. Et surtout à quitter la forêt glacée. Rudolf, se disant qu'il n'avait rien à perdre accepta de suivre l'ange. L'ange, du nom de Véronique, amena Rudolf chez le père Noël. Véronique expliqua l'histoire de Rudolf au Père Noël et il accepta de le prendre sous son aile. Il commença par lui donner à manger car Rudolf avait terriblement faim.
Le Père Noël lui présenta ses autres rennes tous dans le même état que lui. Par la suite, le père Noël lui demanda si il accepterait de tirer son chariot avec ses nouveaux amis. Rudolf accepta sur le champ.
Le Père noël remarqua cependant le joli petit nez rouge du renne et se dit que ce serait bien que Rudolf soit le premier renne du chariot du père Noël.
Depuis ce temps, cela fait déjà plusieurs années, Rudolf devint le renne du père Noël et dirige fièrement le chariot du père noël.
La nuit avant Noël ...
Le premier conte du Père Noël, d'après Clément Clarke Moore
(publié pour la première fois dans le journal Sentinel, de New York, le 23 décembre 1823.)
C'était la nuit avant Noël, dans la maison tout était calme. Pas un bruit, pas un cri, pas même une souris !
Les chaussettes bien sages pendues à la cheminée attendaient le Père Noël. Allait-il arriver?
Les enfants blottis dans leur lit bien au chaud rêvaient de friandises, de bonbons, de gâteaux.
Maman sous son fichu, et moi sous mon bonnet et vous prêts à dormir toute une longue nuit d'hiver.
Dehors, tout à coup, il se fit un grand bruit!
Je sautais de mon lit, courais à la fenêtre, j'écartais les volets, j'ouvrais grand la croisée.
La lune sous la neige brillait comme en plein jour.
Alors, parut à mon regard émerveillé, un minuscule traîneau et huit tout petits rennes conduits par un bonhomme si vif et si léger qu'en un instant je sus que c'était le Père Noël !
Plus rapides que des aigles, ses coursiers galopaient, lui il les appelait, il sifflait, il criait :"Allez Fougueux, allez Danseur, Fringant et puis Renarde, En avant Comète ! Cupidon en avant, Tonnerre, Éclair, allons, allons Au-dessus des porches, par delà les murs ! Allez ! Allez plus vite encore !"Comme des feuilles mortes poussées par le vent, passant les obstacles, traversant le ciel, les coursiers volaient au-dessus des toits, tirant le traîneau rempli de jouets.
Et, en un clin d'oeil, j'entendis sur le toit le bruit de leurs sabots qui caracolaient. L'instant qui suivit le Père Noël d'un bond descendait par la cheminée.
Il portait une fourrure de la tête aux pieds, couverte de cendres et de suie, et, sur son dos, il avait une hotte pleine de jouets comme un colporteur avec ses paquets.
Ses yeux scintillaient de bonheur, ses joues étaient roses, son nez rouge cerise, on voyait son petit sourire à travers sa barbe blanche comme neige.
Un tuyau de pipe entre les dents, un voile de fumée autour de la tête, un large visage, un petit ventre tout rond qui remuait quand il riait; il était joufflu et rebondi comme un vieux lutin. Je n'ai pu m'empêcher de rire en le voyant et d'un simple clin d'oeil, d'un signe de la tête il me fit savoir que je ne rêvais pas : c'était lui !
Puis, sans dire un mot, il se mit à l'ouvrage et remplit les chaussettes. Il se retourna, se frotta le nez et d'un petit geste repartit par la cheminée.
Une fois les cadeaux déposés, il siffla son attelage, puis reprit son traîneau et les voilà tous repartis plus légers encore que des plumes.
Et dans l'air j'entendis avant qu'ils disparaissent :
"Joyeux Noël à tous et à tous une bonne nuit"
Voici un joli conte de Noël. Il ne parle pas du Père Noël, il reprend la signification première de cette fête de la Nativité. Nous avons besoin de traditions et de racines…
Les sabots du petit Wolff :
Il était une fois, – il y a si longtemps que tout le monde a oublié la date – dans une ville du nord de l’Europe, – dont le nom est si difficile à prononcer que personne ne s’en souvient – il était une fois un petit garçon de sept ans, nommé Wolff, orphelin de père et de mère, et resté à la charge d’une vieille tante, personne dure et avaricieuse, qui n’embrassait son neveu qu’au Jour de l’An et qui poussait un grand soupir de regret chaque fois qu’elle lui servait une écuellée de soupe.
Mais le pauvre petit était d’un si bon naturel, qu’il aimait tout de même la vieille femme, bien qu’elle lui fit grand peur et qu’il ne pût regarder sans trembler la grosse verrue, ornée de quatre poils gris, qu’elle avait au bout du nez. Comme la tante de Wolff était connue de toute la ville pour avoir pignon sur rue et de l’or plein un vieux bas de laine, elle n’avait pas osé envoyer son neveu à l’école des pauvres ; mais elle avait tellement chicané, pour obtenir un
rabais, avec le magister chez qui le petit Wolff allait en classe, que ce mauvais pédant, vexé d’avoir un élève si mal vêtu et payant si mal, lui infligeait très souvent, et sans justice aucune, l’écriteau dans le dos et le bonnet d’âne, etexcitait même contre lui ses camarades, tous fils de bourgeois cossus, qui faisaient de l’orphelin leur souffre-douleur.
Le pauvre mignon était donc malheureux comme les pierres du chemin et se cachait dans tous les coins pour pleurer, quand arrivèrent les fêtes de Noël.
La veille du grand jour, le maître d’école devait conduire tous ses élèves à la messe de minuit et les ramener chez leurs parents.
Or, comme l’hiver était très rigoureux, cette année-là, et comme, depuis plusieurs jours, il était tombé une grande quantité de neige, les écoliers vinrent tous au rendez-vous chaudement empaquetés et emmitouflés, avec bonnets de fourrure enfoncés sur les oreilles, doubles et triples vestes, gants et mitaines de tricot et bonnes grosses bottines à clous et à fortes semelles.
Seul, le petit Wolff se présenta grelottant sous ses habits de tous les jours et desdimanches, et n’ayant aux pieds que des chaussons de Strasbourg dans de lourds sabots.
Ses méchants camarades, devant sa triste mine et sa dégaine de paysan, firent sur son compte mille risées ; mais l’orphelin était tellement occupé à souffler sur ses doigts et souffrait tant de ses engelures, qu’il n’y prit pas garde. – Et la bande de gamins, marchant deux par deux, magister en tête, se mit en route pour la paroisse.
Il faisait bon dans l’église, qui était toute resplendissante de cierges allumés ; et les écoliers, excités par la douce chaleur, profitèrent du tapage de l’orgue et des chants pour bavarder à demi-voix. Ils vantaient les réveillons qui les attendaient dans leurs familles.
Le fils du bourgmestre avait vu, avant de partir, une oie monstrueuse, que des truffes tachetaient de points noirs comme un léopard.
Chez le premier échevin, il y avait un petit sapin dans une caisse, aux branches duquel pendaient des oranges, des sucreries et des polichinelles. Et la cuisinière du tabellion avait attaché derrière son dos, avec une épingle, les deux brides de son bonnet, ce qu’elle ne faisait que dans ses jours d’inspiration, quand elle était sûre de réussir son fameux plat sucré.
Et puis, les écoliers parlaient aussi de ce que leur apporterait le petit Noël, de ce qu’il déposerait dans leurs souliers, que tous auraient soin, bien entendu, de laisser dans la cheminée avant d’aller se mettre au lit ; – et dans les yeux de ces galopins, éveillés comme une poignée de souris, étincelait par avance la joie d’apercevoir, à leur réveil, le papier rose des sacs de pralines, les soldats de plomb rangés en bataillon dans leur boîte, les ménageries sentant le bois verni et les magnifiques pantins habillés de pourpre et de clinquant.
Le petit Wolff, lui, savait bien, par expérience, que sa vieille avare de tante l’enverrait se coucher sans souper ; mais, naïvement, et certain d’avoir été, toute l’année, aussi sage et aussi laborieux que possible, il espérait que le petit Noël ne l’oublierait pas, et il comptait bien, tout à l’heure, placer sa paire de sabots dans les cendres du foyer.
La messe de minuit terminée, les fidèles s’en allèrent, impatients du réveillon, et la bande des écoliers, toujours deux par deux et suivant le pédagogue, sortit de l’église.
Or, sous le porche, assis sur un banc de pierre surmonté d’une niche ogivale, un enfant était endormi, un enfant couvert d’une robe de laine blanche, et pieds nus, malgré la froidure. Ce n’était point un mendiant, car sa robe était propre et neuve, et, près de lui, sur le sol, on voyait, liés dans une serge, une équerre, une hache, une bisaiguë, et les autres outils de l’apprenti charpentier. Éclairé par la lueur des étoiles, son visage aux yeux clos avait une expression de douceur divine, et ses longs cheveux bouclés, d’un blond roux, semblaient allumer une auréole autour de son front. Mais ses pieds d’enfant, bleuis par le froid de cette nuit cruelle de décembre, faisaient mal à voir.
Les écoliers, si bien vêtus et chaussés pour l’hiver, passèrent indifférents devant l’enfant inconnu ; quelques-uns même, fils des plus gros notables de la ville, jetèrent sur ce vagabond un regard où se lisait tout le mépris des riches pour les pauvres, des gras pour les maigres.
Mais le petit Wolff, sortant de l’église le dernier, s’arrêta tout ému devant le bel enfant qui dormait.
– « Hélas ! se dit l’orphelin, c’est affreux ! ce pauvre petit va sans chaussures par un temps si rude … Mais, ce qui est encore pis, il n’a même pas, ce soir, un soulier ou un sabot à laisser devant lui, pendant son sommeil, afin que le petitNoël y dépose de quoi soulager sa misère ! »
Et, emporté par son bon coeur, Wolff retira le sabot de son pied droit, le posa devant l’enfant endormi, et, comme il put, tantôt à cloche-pied, tantôt boitillant et mouillant son chausson dans la neige, il retourna chez sa tante.
– « Voyez le vaurien ! s’écria la vieille, pleine de fureur au retour du déchaussé. Qu’as-tu fait de ton sabot, petit misérable ? »
Le petit Wolff ne savait pas mentir, et bien qu’il grelottât de terreur en voyant se hérisser les poils gris sur le nez de la mégère, il essaya, tout en balbutiant, de conter son aventure. Mais la vieille avare partit d’un effrayant éclat de rire.
– « Ah ! monsieur se déchausse pour les mendiants ! Ah ! monsieur dépareille sa paire de sabots pour un va-nu-pieds !… Voilà du nouveau, par exemple !… Eh bien, puisqu’il en est ainsi, je vais laisser dans la cheminée le sabot qui te reste, et le petit Noël y mettra cette nuit, je t’en réponds, de quoi te fouetter à ton réveil… Et tu passeras la journée de demain à l’eau et au pain sec… Et nous verrons bien si, la prochaine fois, tu donnes encore tes chaussures au premier
vagabond venu ! »
Et la méchante femme, après avoir donné au pauvre petit une paire de soufflets, le fit grimper dans la soupente où se trouvait son galetas.
Désespéré, l’enfant se coucha dans l’obscurité et s’endormit bientôt sur son oreiller trempé de larmes.
Mais, le lendemain matin, quand la vieille, réveillée par le froid et secouée par son catarrhe, descendit dans sa salle basse, – ô merveille ! – elle vit la grande cheminée pleine de jouets étincelants, de sacs de bonbons magnifiques, de richesses de toutes sortes ; et, devant ce trésor, le sabot droit, que son neveu avait donné au petit vagabond, se trouvait à côté du sabot gauche, qu’elle avait mis là, cette nuit même, et où elle se disposait à planter une poignée de verges.
Et, comme le petit Wolff, accouru aux cris de sa tante, s’extasiait ingénument devant les splendides présents de Noël, voilà que de grands rires éclatèrent au dehors. La femme et l’enfant sortirent pour savoir ce que cela signifiait, etvirent toutes les commères réunies autour de la fontaine publique. Que se passait-il donc ? Oh ! une chose bien plaisante et bien extraordinaire !
Les enfants de tous les richards de la ville, ceux que leurs parents voulaient surprendre par les plus beaux cadeaux, n’avaient trouvé que des verges dans leurs souliers.
Alors, l’orphelin et la vieille femme, songeant à toutes les richesses qui étaient dans leur cheminée, se sentirent pleins d’épouvante.
Mais, tout à coup, on vit arriver M. le curé, la figure bouleversée. Au-dessus du banc placé près de la porte de l’église, à l’endroit même où, la veille, un enfant, vêtu d’une robe blanche et pieds nus, malgré le grand froid, avait posé sa tête ensommeillée, le prêtre venait de voir un cercle d’or, incrusté dans les vieilles pierres.
Et tous se signèrent dévotement, comprenant que ce bel enfant endormi, qui avait auprès de lui des outils de charpentier, était Jésus de Nazareth en personne, redevenu pour une heure tel qu’il était quand il travaillait dans la maison de ses parents, et ils s’inclinèrent devant ce miracle que le bon Dieu avait voulu faire pour récompenser la confiance et la charité d'un enfant. François Coppée
*** Les contes de Noël ***
Texte : Marie-Odile Mergnac.
La nuit de Noël est celle du merveilleux, des prédictions, des lumières symboles d’espérance et des contes faits à la veillée. Au fil des ans et des hommes qui les ont racontés, ces contes ont évolué, passant progressivement de Dieu à l’homme.
Les premiers contes de Noël étaient colportés par les troubadours au Moyen Âge. Les anciens les racontaient ensuite à la veillée, notamment avant la messe de minuit. Ces contes médiévaux, liés à l’Histoire sainte et à la nativité, sont souvent inspirés des Évangiles apocryphes. Que racontent ces jolies légendes ? Des histoires d’animaux au grand cœur et des récits effrayants sur les envies meurtrières du roi Hérode... On y décrit comment le rossignol a pu endormir l’enfant Jésus dans sa crèche grâce à son chant aussi doux que celui de Marie ; comment le rouge-gorge s’est roussi le jabot en battant des ailes pour empêcher le feu de s’éteindre ; comment une araignée a tissé sa toile vite, vite, à l’entrée d’une grotte où s’était réfugiée la Sainte Famille pour que les soldats d’Hérode n’aient pas l’envie d’y entrer ; comment du blé semé a poussé et mûri en un seul jour pour que le paysan puisse répondre aux soldats, sans mentir, qu’il n’avait pas vu passer d’enfant depuis les semailles…
Ensuite, progressivement, les contes de Noël ont inscrit le merveilleux dans le quotidien : on racontait les miracles qui survenaient la nuit de Noël, les trésors cachés qui se découvraient, assurait-on dans de nombreuses régions, au moment de l’offertoire de la messe de minuit, le don de la parole dont les ânes et les bœufs se trouvaient pourvus cette nuit-là et qu’il ne fallait surtout pas surprendre (ça porterait malheur !), les morts qui reviennent, l’espace de quelques heures, se réchauffer ou dîner à la table des vivants… Dans de nombreuses provinces françaises, les familles laissaient d’ailleurs pour ceux de l’autre monde un peu de pain et de beurre sur la table avant de partir pour la messe de minuit.
À partir de la fin du XVIIIe siècle, les contes de Noël racontent moins la naissance de l’Enfant Jésus ou les miracles de cette nuit magique. Ils évoquent plutôt ce que Noël met alors de bonté et de merveilles dans le cœur des hommes. Le conte de Noël se développe au XIXe siècle au point de devenir un genre littéraire qui va se maintenir jusqu’à l’Entre-Deux-Guerres. Chaque année à Noël, les journaux et revues, tant pour adultes que pour enfants, vont publier le leur. Elles en demandent la rédaction à un journaliste, un romancier pour la jeunesse ou parfois à un écrivain de renom. On y découvre ainsi comment un homme dur peut retrouver la tendresse de son enfance (L’étrange Noël de M. Scrudge), comment rien n’est perdu en ce jour d’espérance (Les deux sapins de l’église Sainte-Aurélie, de Jean Variot), comment la pauvreté s’efface derrière l’amour ou la charité (Quand un mendiant devient père Noël, Les petits souliers…). Même un conte « dur» comme La petite fille aux allumettes d’Andersen sauve la noirceur du monde par la lumière de l’au-delà.
Évoquons aussi le souvenir de Charles Dickens : il avait écrit des contes de Noël tellement beaux qu’un industriel anglais, bouleversé à leur lecture, décida de donner tous les ans un jour de congé à ses employés pour Noël. Cela semble bien peu aujourd’hui, mais c’était beaucoup à l’époque : la magie de Noël avait joué son rôle …
Les trois messes basses (Conte de Noël)
- Deux dindes truffées, Garrigou ? ...
- Oui, mon révérend, deux dindes magnifiques bourrées de truffes. J'en sais quelque chose, puisque c'est moi qui ai aidé à les remplir. On aurait dit que leur peau allait craquer en rôtissant, tellement elle était tendue ...
- Jésus-Maria ! moi qui aime tant les truffes !... Donne moi vite mon surplis, Garrigou ... Et avec les dindes, qu'est-ce que tu as encore aperçu à la cuisine ? ...
- Oh ! toutes sortes de bonnes choses ... depuis midi nous n'avons fait que plumer des faisans, des huppes, des gelinottes, des coqs de bruyère. La plume en volait partout ... Puis de l'étang on a apporté des anguilles, des carpes dorées, des truites, des ...
- Grosses comment, les truites, Garrigou ?
- Grosses comme ça, mon révérend ... Énormes ! ...
- Oh ! Dieu ! Il me semble que je les vois ... As-tu mis le vin dans les burettes ?
- Oui, mon révérend, j'ai mis le vin dans les burettes ... Mais dame ! Il ne vaut pas celui que vous boirez tout à l'heure en sortant de la messe de minuit. Si vous voyiez cela dans la salle à manger du château, toutes ces carafes qui flambent pleines de vins de toutes les couleurs ... Et la vaisselle d'argent, les surtouts ciselés, les fleurs, les candélabres ! ... Jamais il ne se sera vu un réveillon pareil. Monsieur le marquis a invité tous les seigneurs du voisinage. Vous serez au moins quarante à table, sans compter le bailli ni le tabellion ... Ah ! vous êtes bien heureux d'en être, mon révérend ! ... Rien que d'avoir flairé ces belles dindes, l'odeur des truffes me suit partout ... Meuh ! ...
- Allons, allons, mon enfant. Gardons-nous du péché de gourmandise, surtout la nuit de la Nativité ... Va bien vite allumer les cierges et sonner le premier coup de la messe ; car voilà que minuit est proche, et iI ne faut pas nous mettre en retard ...
Cette conversation se tenait une nuit de Noël de l'an de grâce mil six cent et tant, entre le révérend dom Balaguère, ancien prieur des Barnabites, présentement chapeIain gagé des sires de Trinquelage, et son petit clerc Garrigou, ou du moins ce qu'il croyait être le petit clerc Garrigou, car vous saurez que le diable, ce soir-là, avait pris la face ronde et les traits indécis du jeune sacristain pour mieux induire le révérend père en tentation et lui faire commettre un épouvantable péché de gourmandise.
Donc, pendant que le soi-disant Garrigou (hum ! hum !) faisait à tour de bras carillonner les cloches de la chapelle seigneuriale, le révérend achevait de revêtir sa chasuble dans la petite sacristie du château ; et, l'esprit déjà troublé par toutes ces descriptions gastronomiques, il se répétait à lui-même en s'habillant :
- Des dindes rôties ... des carpes dorées ... des truites grosses comme ça ! ...
Dehors, le vent de la nuit soufflait en éparpillant la musique des cloches, et, à mesure, des lumières apparaissaient dans l'ombre aux flancs du mont Ventoux, en haut duquel s'élevaient les vieilles tours de Trinquelage. C'étaient des familles de métayers qui venaient entendre la messe de minuit au château. Ils grimpaient la côte en chantant par groupes de cinq ou six, le père en avant, la lanterne en main, les femmes enveloppées dans leurs grandes mantes brunes où les enfants se serraient et s'abritaient. Malgré l'heure et le froid, tout ce brave peuple marchait allégrement, soutenu par l'idée qu'au sortir de la messe, iI y aurait, comme tous les ans, table mise pour eux en bas dans les cuisines. De temps en temps, sur la rude montée, le carrosse d'un seigneur précédé de porteurs de torches, faisait miroiter ses glaces au clair de lune, ou bien une mule trottait en agitant ses sonnailles, et à la lueur des falots enveloppés de brume, les métayers reconnaissaient leur bailli et le saluaient au passage :
- Bonsoir bonsoir maître Arnoton !
- Bonsoir, bonsoir, mes enfants !
La nuit était claire, les étoiles avivées de froid ; la bise piquait, et un fin grésil, glissant sur les vêtements sans les mouiller, gardait fidèlement la tradition des Noëls blancs de neige. Tout en haut de Ia côte, le château apparaissait comme le but, avec sa masse énorme de tours, de pignons, le clocher de sa chapelle montant dans le ciel bleu-noir, et une foule de petites lumières qui clignotaient, allaient, venaient, s'agitaient à toutes les fenêtres, et ressemblaient, sur le fond sombre du bâtiment, aux étincelles courant dans des cendres de papier brûlé ... Passé le pont-levis et la poterne, il fallait, pour se rendre à la chapelle, traverser la première cour, pleine de carrosses, de valets, de chaises à porteurs, toute claire du feu des torches et de la flambée des cuisines. On entendait le tintement des tournebroches, le fracas des casseroles, le choc des cristaux et de l'argenterie remués dans les apprêts d'un repas ; par là-dessus, une vapeur tiède, qui sentait bon les chairs rôties et les herbes fortes des sauces compliquées, faisait dire aux métayers, comme au chapelain, comme au bailli, comme à tout Ie monde :
- Quel bon réveillon nous allons faire après la messe !
Drelindin din ! ... Drelindin din ! ...
C'est la messe de minuit qui commence. Dans la chapelle du château, une cathédrale en miniature, aux arceaux entrecroisés, aux boiseries de chêne, montant jusqu'à hauteur des murs, les tapisseries ont été tendues, tous les cierges allumés. Et que de monde ! Et que de toilettes ! Voici d'abord, assis dans les stalles sculptées qui entourent le choeur le sire de Trinquelage, en habit de taffetas saumon, et près de lui tous les nobles seigneurs invités. En face, sur des prie-Dieu garnis de velours, ont pris place la vieille marquise douairière dans sa robe de brocart couleur de feu et la jeune dame de Trinquelage, coiffée d'une haute tour de dentelle gaufrée à la dernière mode de la cour de France. Plus bas on voit, vêtus de noir avec de vastes perruques en pointe et des visages rasés, le bailli Thomas Arnoton et le tabellion maître Ambroy, deux notes graves parmi les soies voyantes et les damas brochés. Puis viennent les gras majordomes, les pages, les piqueurs, les intendants, dame Barbe, toutes ses clefs pendues sur le côté à un clavier d'argent fin. Au fond, sur les bancs, c'est le bas office, les servantes, les métayers avec leurs familles ; et enfin, là-bas, tout contre la porte qu'ils entrouvrent et referment discrètement, messieurs les marmitons qui viennent entre deux sauces prendre un petit air de messe et apporter une odeur de réveillon dans l'église toute en fête et tiède de tant de cierges allumés.
Est-ce Ia vue de ces petites barrettes blanches qui donne des distractions à l'officiant ? Ne serait-ce pas plutôt la sonnette de Garrigou, cette enragée petite sonnette qui s'agite au fond de l'autel avec une précipitation infernale et semble dire tout le temps :
- Dépêchons-nous, dépêchons-nous ... Plus tôt nous aurons fini, plus tôt nous serons à table.
Le fait est que chaque fois qu'elle tinte, cette sonnette du diable, le chapelain oublie sa messe et ne pense plus qu'au réveillon. Il se figure les cuisiniers en rumeur, les fourneaux où brûle un feu de forge, la buée qui monte des couvercles entrouverts, et dans cette buée deux dindes magnifiques bourrées, tendues, marbrées de truffes ...
Ou bien encore il voit passer des files de pages portant des plats enveloppés de vapeurs tentantes, et avec eux il entre dans la grande salle déjà prête pour le festin.
Ô délices ! voilà l'immense table toute chargée et flamboyante, les paons habillés de leurs plumes, les faisans écartant leurs ailes mordorées, les flacons couleur de rubis, les pyramides de fruits éclatants parmi les branches vertes, et ces merveilleux poissons dont parlait Garrigou (ah ! bien oui, Garrigou!) étalés sur un lit de fenouil, l'écaille nacrée comme s'ils sortaient de l'eau, avec un bouquet d'herbes odorantes dans leurs narines de monstres. Si vive est la vision de ces merveilles, qu'il semble à dom Balaguère que tous ces plats mirifiques sont servis devant lui sur les broderies de la nappe d'autel, et deux ou trois fois, au lieu de Dominus vobiscum ! Il se surprend à dire le Benedicite. À part ces légères méprises, le digne homme débite son office très consciencieusement, sans passer une ligne, sans omettre une génuflexion ; et tout marche assez bien jusqu'à la fin de la première messe ; car vous savez que le jour de Noël le même officiant doit célébrer trois messes consécutives.
- Et d'une ! se dit le chapelain avec un soupir de soulagement; puis, sans perdre une minute, il fait signe à son clerc ou celui qu'il croit être son clerc, et ...
Drelindin din ! ... Drelindin din ! ...
C'est la seconde messe qui commence, et avec elle commence aussi le péché de dom Balaguère.
- Vite, vite, dépêchons-nous, lui crie de sa petite voix aigrelette la sonnette de Garrigou.
Et cette fois le malheureux officiant, tout abandonné au démon de gourmandise, se rue sur le missel et dévore les pages avec l'avidité de son appétit en surexcitation. Frénétiquement il se baisse, se relève, esquisse les signes de croix, les génuflexions, raccourcit tous ses gestes pour avoir plus tôt fini. À peine s'il étend ses bras à l'Évangile, s'il frappe sa poitrine au Confiteor. Entre le clerc et lui c'est à qui bredouillera le plus vite.
Versets et répons se précipitent, se bousculent. Les mots à moitié prononcés, sans ouvrir la bouche, ce qui prendrait trop de temps, s'achèvent en murmures incompréhensibles.
- Oremus ps ... p,ç ... p,i ...
- Mea culpa ... pa ... pa ...
Pareils à des vendangeurs pressés foulant le raisin de la cuve, tous deux barbotent dans le latin de la messe, en envoyant des éclaboussures de tous les côtés.
- Dom ... scum ! ... dit Balaguère.
... ... Stutuo ! ... répond Garrigou ; et tout le temps la damnée petite sonnette est là qui tinte à leurs oreilles, comme ces grelots qu'on met aux chevaux de poste pour les faire galoper à la grande vitesse. Pensez que de ce train-là une messe basse est vite expédiée.
- Et de deux ! dit Le chapelain tout essoufflé ; puis, sans prendre Le temps de respirer, rouge, suant, il dégringole les marches de l'autel et ...
Drelindin din ! ... Drelindin din ! ...
C'est La troisième messe qui commence. Il n'y a plus que quelques pas à faire pour arriver à la salle à manger ; mais, hélas! à mesure que le réveillon approche, l'infortuné Balaguère se sent pris d'une folie d'impatience et de gourmandise. Sa vision s'accentue, les carpes dorées, les dindes rôties sont là, là ... Il les touche ... il les ... Oh ! Dieu ! ... Les plats fument, les vins embaument : et, secouant son grelot enragé, la petite sonnette lui crie :
- Vite, vite, encore plus vite ! ...
Mais comment pourrait-il aller plus vite ? Ses lèvres remuent à peine. Il ne prononce plus les mots ... À moins de tricher tout à fait avec le bon Dieu et de lui escamoter sa messe ... Et c'est ce qu'il fait, le malheureux ! ... De tentation en tentation, il commence par sauter un verset, puis deux. Puis l'épître est trop longue, il ne la finit pas, effleure l'Évangile, passe devant le Credo sans entrer, saute le Pater, salue de loin la préface, et par bonds et par élans se précipite ainsi dans la damnation éternelle, toujours suivi de l'infâme Garrigou (vade retro, Satanas.), qui le seconde avec une merveilleuse entente, lui relève sa chasuble, tourne les feuillets deux par deux, bouscule les pupitres, renverse les burettes, et sans cesse secoue la petite sonnette de plus en plus fort, de plus en plus vite.
Il faut voir la figure effarée que font tous les assistants !Obligés de suivre à la mimique du prêtre cette messe dont ils n'entendent pas un mot, les uns se lèvent quand les autres s'agenouillent, s'asseyent quand les autres sont debout ; et toutes les phases de ce singulier office se confondent sur les bancs dans une foule d'attitudes diverses. L'étoile de Noël en route dans les chemins du ciel, là-bas, vers la petite étable, pâlit d'épouvante en voyant cette confusion ...
- l'abbé va trop vite ... On ne peut pas suivre, murmure la vieille douairière en agitant sa coiffe avec égarement.
Maître Arnoton, ses grandes lunettes d'acier sur le nez, cherche dans son paroissien où diantre on peut bien en être. Mais au fond, tous ces braves gens, qui eux aussi pensent à réveillonner ne sont pas fâchés que la messe aille ce train de poste ; et quand dom Balaguère, la figure rayonnante, se tourne vers l'assistance en criant de toutes ses forces : Ite, missa est, il n'y a qu'une voix dans la chapelle pour lui répondre un Deo gratias si joyeux, si entraînant, qu'on se croirait déjà à table au premier toast du réveillon.
Cinq minutes après, Ia foule des seigneurs s'asseyait dans la grande salle, le chapelain au milieu d'eux. Le château, illuminé de haut en bas, retentissait de chants, de cris, de rires, de rumeurs ; et le vénérable dom Balaguère plantait sa fourchette dans une aile de gelinotte, noyant le remords de son péché sous des flots de vin du Pape et de bons jus de viandes. Tant il but et mangea, le pauvre saint homme, qu'il mourut dans la nuit d'une terrible attaque, sans avoir eu seulement le temps de se repentir ; puis, au matin, il arriva dans le ciel encore tout en rumeur des fêtes de la nuit, et je vous laisse à penser comme il y fut reçu.
- Retire-toi de mes yeux, mauvais chrétien ! lui dit le souverain Juge, notre maître à tous. Ta faute est assez grande pour effacer toute une vie de vertu ... Ah ! tu m'as volé une messe de nuit ... Eh bien, tu m'en payeras trois cents en place, et tu n'entreras en paradis que quand tu auras célébré dans ta propre chapelle ces trois cents messes de Noël en présence de tous ceux qui ont péché par ta faute et avec toi ...
... Et voilà la vraie légende de dom Balaguère comme on la raconte au pays des olives. Aujourd'hui, le château de Trinquelage n'existe plus, mais la chapelle se tient encore droite tout en haut du mont Ventoux, dans un bouquet de chênes verts. Le vent fait battre sa porte disjointe, l'herbe encombre Ie seuil ; iI y a des nids aux angles de l'autel et dans l'embrasure des hautes croisées dont les vitraux coloriés ont disparu depuis longtemps. Cependant iI paraît que tous les ans, à Noël, une lumière surnaturelle erre parmi ces ruines, et qu'en allant aux messes et aux réveillons, les paysans aperçoivent ce spectre de chapelle, éclairé de cierges invisibles qui brûlent au grand air, même sous Ia neige et le vent. Vous en rirez si vous voulez, mais un vigneron de l'endroit, nommé Garrigue, sans doute un descendant de Garrigou, m'a affirmé qu'un soir de Noël, se trouvant un peu en ribote, il s'était perdu dans la montagne du côté de Trinquelage ; et voici ce qu'il avait vu ...
Jusqu'à onze heures, rien. Tout était silencieux, éteint, inanimé. Soudain, vers minuit, un carillon sonna tout en haut du clocher, un vieux, vieux carillon qui avait l'air d'être à dix lieues. Bientôt, dans le chemin qui monte, Garrigue vit trembler des feux, s'agiter des ombres indécises.
Sous le porche de la chapelle, on marchait, on chuchotait :
- Bonsoir maître Arnoton !
- Bonsoir bonsoir mes enfants ! ...
Quand tout le monde fut entré, mon vigneron, qui était très brave, s'approcha doucement et, regardant par Ia porte cassée, eut un singulier spectacle. Tous ces gens qu'il avait vus passer étaient rangés autour du choeur, dans la nef en ruine, comme si les anciens bancs existaient encore.
De belles dames en brocart avec des coiffes de dentelle, des seigneurs chamarrés du haut en bas, des paysans en jaquettes fleuries ainsi qu'en avaient nos grands-pères, tous l'air vieux, fané, poussiéreux, fatigué. De temps en temps, des oiseaux de nuit, hôtes habituels de la chapelle, réveillés par toutes ces lumières, venaient rôder autour des cierges dont la flamme montait droite et vague comme si elle avait brûlé derrière une gaze ; et ce qui amusait beaucoup Garrigue, c'était un certain personnage à grandes lunettes d'acier, qui secouait à chaque instant sa haute perruque noire sur laquelle un de ces oiseaux se tenait droit tout empêtré en battant silencieusement des ailes.
Dans le fond, un petit vieillard de taille enfantine, à genoux au milieu du choeur agitait désespérément une sonnette sans grelot et sans voix, pendant qu'un prêtre, habillé de vieil or allait, venait devant l'autel, en récitant des oraisons dont on n'entendait pas un mot ... Bien sûr c'était dom Balaguère, en train de dire sa troisième messe basse.
Alphonse DAUDET (1840-1897)