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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Aujourd'hui est à toi...
La chose la plus précieuse
Que tu possèdes au monde est "aujourd'hui".
Aujourd'hui, tu peux être heureux.
La plupart de nos misères sont des restes d'hier
Ou des soupçons empruntés à demain.
Tous tes hiers, Il les a repris,
Tous tes demains sont entre ses mains.
Aujourd'hui est à toi:
Prends-en les joies et sois heureux,
Prends-en les peines et sois toi.
Décide aujourd'hui même
De jouir de ton travail comme de tes loisirs.
Aujourd'hui est à toi:
Vis-le,
Emplie-le,
Chante-le,
De sorte que, toujours, tu puisses dire:
"J'AI AIMÉ AUJOURD'HUI".
(auteur inconnu)
Couronnement de Pharamond
(manuscrit du XVe siècle)
Le titre proprement dit de reine de France ne devrait pas, à la rigueur, remonter au-delà de sainte Clotilde femme de Clovis, puisque c'est sous le règne de ce prince que la Gaule fut identifiée au royaume des Francs, et que ce Clovis est le véritable fondateur de la monarchie française. Avant lui, on le sait, les Francs élisaient leurs chefs en les plaçant sur un bouclier, après les avoir choisis parmi la plus illustre famille de la tribu.
Ce n'était pas, certes, le pouvoir absolu que possédaient ces hommes à longue chevelure, ainsi proclamés librement, puisque Clovis lui-même n'était pas investi de la domination à ce point ; mais c'était le plus haut grade, la dignité par excellence, la souveraineté en principe, la royauté sans le nom de roi. Encore quelques historiens le leur confèrent-ils.
Puisqu'il en est ainsi et que l'histoire nous a laissé, d'une façon un peu confuse peut-être, mais fort vraisemblable, les noms de certains de ces chefs appartenant aux Francs Saliens, pourquoi ne parlerions-nous pas de leurs compagnes ? En ce temps, la femme était fort peu considérée par l'homme et partout où ne régnait pas le christianisme, elle était réduite au rang d'esclave, courbée sur la terre qu'elle avait seule la mission de cultiver.
Mais elle était aussi, dit un historien autorisé, destinée à grandir dans la vie guerrière, car elle avait alors la force plus que la grâce ; sa taille colossale lui permettait, vierge encore, de manier le javelot. Elle devait donc devenir la compagne des dangers de l'homme, unie à son destin, dans la vie, dans la mort. « Elle ne s'éloigne pas, ajoute-t il, du champ de bataille, elle l'envisage, elle y préside, elle devient la fée des combats, la walkirie charmante et terrible, qui cueille, comme une fleur, l'âme du guerrier expirant qu'elle va chercher jusque sur la plaine funèbre. »
Ces femmes sont avec l'or, l'objet des guerres, le but des courses héroïques ; on craint souvent de leur désobéir, témoin cet épisode de la guerre des Huns, pendant laquelle certain marhgraf du nom de Rüdiger se voit obligé de combattre les Burgondes qu'il aime, pour complaire à l'épouse d'Attila, Chriemhild, qui le lui ordonne. C'est avec les larmes aux yeux que l'intrépide guerrier s'avance vers son ami Hagen, dont on le force à faire un ennemi. Il lui prête son bouclier et voudrait lui en faire présent ; mais il en est empêché par cette même femme et s'écrie alors :
Je te donnerais volontiers mon bouclier.
Si j'osais te l'offrir devant Chriemhild...
N'importe ! prends-le, Hagen, et porte-le à ton bras.
Ah ! puisses-tu le porter jusque chez vous, jusqu'à la terre des Burgondes.
Elles méritent donc de prendre place près de leurs époux, ces personnalités qui auraient pu devenir si envahissantes que l'on trouvait bon, dès cette époque, de promulguer une loi pour les éloigner du trône. Cette loi, que l'on appela la loi salique du nom des Francs Saliens eux-mêmes, est le plus généralement attribuée à Pharamond qui, selon l'abbé Trithème, serait fils de Marcomir V, un des princes les plus renommés de cette peuplade salienne qui, dès la fin du IVe siècle, avait pénétré dans l'île des Bataves (aujourd'hui la Hollande), entre les embouchures du Rhin et de la Meuse.
Pharamond est dit le premier de nos rois, son histoire est peu connue puisqu'un écrivain a pu la résumer en un distique assez facile.
En l'an quatre cent vingt, Pharamond, premier roi,
Est connu seulement par la salique loi.
Quoi qu'il en soit, sa femme doit être appelée la première de nos reines. Elle passe pour être fille du roi des Cimbres et aurait porté le nom d'Argote.
Du temps que la reine Berthe filait
(née vers 726, morte le 12 juillet 783)
Épouse Pépin le Bref (alors maire du Palais,
puis roi des Francs) vers 744 ou 749
« Du temps que la reine Berthe filait ». Cet adage, qui remonte à nos vieux aïeux, nous fait voir en quelle vénération ils avaient la reine Berthe, restée dans leurs souvenirs comme un type de perfection royale et féminine. Cette renommée, qui a traversé les siècles, est cependant à peu près tout ce qui nous reste de Berthe au grand pied. La reine Mathilde d'Angleterre, femme de Guillaume le Conquérant, a été plus heureuse ; son nom, comme celui de Berthe, est fameux par ses ouvrages. Mais des jolis fuseaux de Berthe, de ces fuseaux à l'aide desquels elle filait l'« or et la soie pour broder des écharpes », il ne nous reste rien, tandis qu'on nous montre à Bayeux des mètres d'une tapisserie sur laquelle Mathilde, de ses doigts habiles, traçait en riches couleurs les exploits de son époux, duc et roi.
A défaut des beaux ouvrages qui sont perdus, nous avons des poèmes, des poèmes immortels, grâce aux soins des hommes de goût qui les ont tirés des bibliothèques pour les imprimer, les commenter, les annoter et nous initier, par leurs travaux, à cette poésie naïve qui faisait la gaie science de nos vieux trouvères, et qui, nulle part, ne se montre plus aimable de fraîcheur et de grâce que dans Li Romans de Berte aus grans piés, écrit par le trouvère Adenet le Roi en 1270 et publié par Paulin Pâris en 1832. Ce dernier, employé
Berthe au grand pied
au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, se consacra à mettre en lumière la vieille littérature française, notamment les épopées et chansons de geste.
Disons donc quelque chose du roman, puisque, dans toute la vie de Berthe, il n'y a rien, presque rien pour l'histoire. Le titre d'honneur de Berthe au Grand Pied est d'avoir été la mère de Charlemagne. Sous les voûtes de Saint-Denis, entre toutes les pierres funèbres, ce n'était pas celle qui éveillait le moins de souvenirs, que cette tombe, érigée en 783, et brisée en 1793, sur laquelle on lisait cette inscription : BERTA, MATER CAROLI MAGNI. Il faut rattacher au nom de Berthe au grand pied l'origine de cette reine Pédauque dont on voit la figure sur quelques vitraux gothiques. Au Moyen Age, la tradition défigurée de Berthe au grand pied la faisait aussi nommer Berthe au pied d'oue (au pied d'oie). Ce n'était pas assez que la tradition lui donnât un pied démesurément grand, il fallait qu'elle allât jusqu'à la supposer difforme, ce qui n'empêchait pas qu'on alliât cette difformité avec l'idée d'une taille majestueuse et d'une beauté peu commune. Le romancier et la tradition y ajoutent une grande bonté et des talents merveilleux.
Voici le cadre du romancier : Berthe quitte en pleurant, sa mère Blanchefleur et le palais de Hongrie : car son père, Flore, est roi des Hongrois (le romancier n'a pas, comme nous, la difficulté des recherches ; sa légende est aussi croyable que les annales qui font de Berthe la fille d'un Haribert de Laon, qui n'a jamais existé, ou d'un Héraclius de Constantinople qui a vécu cent ans plus tôt - il était mort en 641). Berthe, montée sur un palefroi bai, parcourt l'Allemagne, confiée aux soins de Margiste et de l'écuyer Tibert ; sa compagne Aliste chemine à ses côtés ; la fiancée de Pépin a voué une tendre amitié à Aliste.
Blanchefleur avait remis sa fille bien-aimée entre les mains de ces trois serviteurs ; elle les croyait fidèles ; elles les avait rachetés de ses deniers ; ils lui devaient leurs biens, leur liberté et leur bonheur. Elle aimait Aliste, fille de Margiste, parce qu'elle lui trouvait une grande ressemblance avec sa chère enfant. « Pour ce que vous ressemble assez plus chère l'ai » (Li Romans de Berte aus grans piés, chap. VII), dit la reine à sa fille le jour du départ. « Tous trois de mes deniers chacun d'eux rachetai, Et, pour cette raison, trop plus m'y fierai. »
Berthe la Débonnaire, répond qu'elle fera tout pour ces bons serviteurs.
Dame (dit-elle à la reine) je les aimerai
Et des choses que j'aie, jamais ne leur faudrai.
Aliste, si je puis, très bien marierai.
- Fille... (répond la reine) bon gré vous en saurai.
Tels sont les adieux. La reine, qui a conduit Berthe aussi loin qu'elle l'a pu, lui demande un dernier gage d'amour, avant de la quitter tout à fait. Donnez-moi votre anneau, lui dit-elle,
L'annel de votre doigt... ô moi [avec moi] l'emporterai ;
En larmes et en pleurs, souvent le baiserai.
Berthe donne l'anneau :
Elle prend l'annelet...
A sa mère le baille, moult plore et moult s'esmoie [est émue].
Blanchefleur veut consoler sa fille ;
... Soyez joyeuse et gaie
Vous en alez en France : de ce mon cœur s'apaie [se console, s'apaise]
Qu'en nul pays n'a gent plus douce ni plus vraie.
Malgré ces encouragements, la douleur de la séparation n'est pas moins vive : « Au départir chacun à pleurer se rassaie [se remet]. » La mère retourne en faisant « tel deuil que son cœur est tout près de faillir ; » Berthe est tombée évanouie ; il a fallu que sa sœur, « la ducoise » (la duchesse), la prît entre ses bras et la baisât maintes fois pour la rappeler à elle ; on la remet doucement sur son palefroi, sa sœur lui dit le dernier adieu, et la voilà sur la route de France : « Fiancée du roi Pépin, que Dieu vous donne bon conduit ! »
Nous ne pouvons suivre le romancier dans son œuvre naïve, nous avons voulu donner seulement quelques-uns de ses vers qu'il nous dit lui avoir été inspirés par la lecture d'une histoire qu'il doit à la courtoisie d'un bon moine de Saint-Denis, mais « ystoire faussée par quelque aprenti écrivain » et qu'il a cru devoir redresser : c'est à cette bonne pensée qu'est dû le poème. Voici le prologue de l'auteur, qui nous apprend comment l'idée lui en vint, et comment il se mit à la besogne :
A l'issue d'avril, un temps doux et joli
Que erbelette poignent [herbes commencent à poindre] et pré sont raverdi.
Et arbrissel désirent qu'ils fussent parfleuri
[et les arbres attendent le moment de fleurir]
A Paris, la cité, étoie [j'étais] un vendredi.
Pour ce qu'il est divenres [jour vénéré] en mon cœur m'assenti [je résolus]
Qu'à Saint-Denis iraie [j'irais] pour prier Dieu merci.
A un moine courtois, qu'on nommait Savari
M'accointai tellement...
Que le livre as ystoires [le livre aux histoires] me montra où je vi
L'ystoire de Bertain [diminutif de Berthe] et de Pépin aussi
Comment, en quel manière, le lion assailli
Aprentif Jugléor et écrivain marri [lourd, fatigant]
Ont l'ystoire faussée...
Illuques [là] demeurai delors [depuis lors] jusque mardi ;
Tant que la vraie ystoire emportai avec mi [avec moi].
Si comme Berte fut en la forêt par li [à part elle, seule]
Où mainte grosse peine endura et souffri
L'ystoire est cy [ici] rimée ; parfois vous le plévi [vous le garantis],
Que li mésentendant en seront esbaubi [ébahis, étonnés]
Et li bien entendant en seront esjoï [réjouis].
Li Romans de Berte aus grans piés, chap. I
Le roman, qui doit réjouir « ceux qui l'entendront bien » et surprendre « ceux qui ne sauront pas l'entendre », a cent quarante couplets ou chapitres dont chacun est sur une rime, ainsi qu'on le voit par le prologue ; il s'y trouve des vers charmants ; le ton du récit est plein de candeur. L'invention en est peu difficile, les situations ne sont guère variées ; mais les sentiments les plus doux y sont exprimés dans ce vieux langage qui y prête un charme de plus : on aime, avec le romancier, Berthe « la débonnaire, la blonde, l'eschevie » (à la belle chevelure) dont il chante les malheurs.
Voici ce que devient cette fille tant pleurée, que sa mère se réjouissait cependant de marier au noble roi Pépin. Quand elle a passé le Rhin, traversé les Ardennes, que son royal fiancé est venu au-devant d'elle, que déjà elle l'a vu à Paris où elle a reçu le salut de chacun,
... Moult courtoisement
Comme celle qui était de grand apensement [grand sens].
La vieille Margiste profite de la ressemblance d'Aliste avec la reine, pour trahir sa maîtresse. L'heure venue de remettre Berthe à Pépin, Margiste fait cacher la princesse, donne à Aliste les habits royaux ; c'est Aliste qui est reçue comme reine, épousée et conduite au palais. Les perfides serviteurs font passer Berthe pour Aliste, l'accusent d'avoir tenté d'assassiner la fausse reine, et tout se passe si rapidement que le roi se laisse tromper, et que l'infortunée Berthe ne peut se défendre.
Ici commence le tragique récit des aventures de Berthe ; les satellites de l'écuyer Tibert l'emmènent loin de Paris et l'égarent dans un bois (la forêt du Mans) ; ils avaient ordre de la tuer, mais ils se contentent de la dépouiller de tout ; ils ne lui laissent qu'une tunique et un petit manteau.
Belle, fuyez-vous-en, n'y soit plus délaïé (sans délai)
Dame Dieu [corruption de Domine Deus, le Seigneur Dieu] vous conduise,
par la sive amitié [par la sienne amitié].
Berthe, seule dans la forêt, exposée au froid, à la pluie, soutient cette épreuve avec douceur ; ses malheurs sont grands :
La dame fut au bois qui durement [beaucoup] plora.
Les leus [loups] ouït uller [hurler] et li huants hua [le hibou hua]
Il espartoit forment [éclairait beaucoup, ferme] et durement tonna,
Et plut menuement, et grésille, et venta :
C'est hideux temps à dame qui compagnie n'a ;
Dame-Dieu et ses saints doucement réclama.
. . .
Quand eut fait sa prière, son mantel escourça [replia],
A Dieu s'est commandée, parmi les bois s'en va.
Après avoir souffert de la faim, de la soif, de la pluie, elle trouve une source pour se désaltérer ; elle se couche à terre en se signant, et évite une ourse qui allait la dévorer ; les buissons déchirent sa robe, une épine blesse son pied ; la nuit ajoute à l'horreur de cette situation. Enfin elle trouve un ermite qui a pitié d'elle, et qui lui indique la cabane d'un bûcheron où elle pourra trouver un asile. Dans ce premier moment de détresse, Berthe a fait vœu de ne pas découvrir sa naissance si Dieu lui permet de trouver des protecteurs ; elle est accueillie par le bûcheron et sa femme, elle s'attache à eux, elle aime leur fille comme sa compagne ; elle sert la femme du bûcheron comme sa mère, et elle attend de meilleurs jours en allant au bois, en puisant de l'eau à la source, et en filant le soir, de ses mains royales, ce fil d'une finesse et d'une beauté qui ont fait sa renommée, et qui ont commencé par faire vivre le bûcheron ; car le bûcheron est récompensé de sa bonne œuvre.
Il a recueilli Berthe ; mais Berthe file par reconnaissance, et son fil se vend très cher à la ville. Ses persécuteurs, selon les variantes d'une Berthe allemande, lui avaient laissé un coffret qui contenait ses fuseaux avec l'or et la soie qu'elle filait sous le toit royal de Flore. Ce trésor lui sert dans son malheur ; elle emploie l'or et la soie du coffret à faire des broderies merveilleuses qui se vendent un grand prix.
Tandis que la pieuse Berthe cache son nom et ses malheurs, la reine, que l'on croit la véritable Berthe, étonne le peuple par sa hauteur ; il n'est bruit que de sa cruauté ; personne ne reconnaît la douce Berthe, cette femme, la meilleure et la plus belle qui fût par « delà la mer » (on ne sait trop ce que la mer a à faire ici), et dont un noble baron avait dit en parlant à Pépin : « On la nomme Berthe la Débonnaire, avec elle te viendra le bonheur. »
Il fallait bien un dénouement ; depuis sept ans, Berthe filait dans la cabane de bois du bûcheron, elle regrettait peu le trône, la paix du ciel était dans son cœur ; mais les années d'absence affligeaient Blanchefleur, qui supplia le roi Flore de la laisser partir pour visiter sa fille bien-aimée ; elle obtient cette faveur ; elle se hâte, elle abrège la route par sa vitesse ; mais quoi !... Quand elle a franchi les forêts de la Germanie, quand elle arrive sur la noble terre des Francs, au lieu des bénédictions qu'elle attend sur son passage, elle entend le nom de la reine Berthe, prononcé avec horreur ; son cœur se serre,
Du temps que la reine Berthe filait
elle se demande comment la douce Berthe a mérité la haine ; mais son amour de mère la rassure : plutôt que de croire le cœur de sa fille changé, elle « accuse d'erreur tout le peuple à la fois !... » Elle pressent la vérité : motif de plus pour hâter son voyage.
Cependant quelles inquiétudes au palais de la fausse Berthe ! Cette digne complice de sa mère se met au lit, et feint un mal mortel ; puis Margiste joue un rôle assez difficile. Il s'agit d'écarter Blanchefleur du palais de sa fille. La vieille femme se présente en larmes à la mère dont la défiance est déjà éveillée ; d'abord elle lui dit que la reine est endormie, et elle ajourne l'heure à laquelle la mère pourra entrer. Blanchefleur demande Aliste ; la vieille, en feignant un grand chagrin, lui dit qu'Aliste est morte. Enfin, quand tous les délais sont épuisés, Margiste introduit Blanchefleur dans un appartement obscur, où la malade est couchée au fond d'une alcôve sombre, entourée d'épaisses tapisseries, « De draps d'or et de soie, très bien encourtinée (courtine, rideau) ».
Mais Aliste se trahit, elle parle d'une voix si basse, qu'à peine la reine l'entend ; elle dit qu'elle n'ose se montrer, que sa vue effraierait sa mère.
... Je souffre un tel martyre
Que j'en suis devenue aussi jaune comme cire.
Elle la supplie de lui pardonner si elle ne peut la mieux recevoir, et finit par lui dire qu'elle a besoin de repos, et qu'elle veut rester seule. A ce dernier trait Blanchefleur est convaincue :
Aide Diex ! [Dieu] qui oncques ne menti
Ce n'est mie [pas] ma fille que j'ai trouvée ici !
Si fût demie morte, par le cor St.-Remi [par le corps saint Remi]
M'eût-elle baisée assez et conjoï.
Elle veut voir de plus près de cette fille mourante, elle prend un cierge allumé, elle approche, elle découvre les pieds de la malade ; or, Aliste avait les pieds parfaitement égaux, et c'est à cette marque que Blanchefleur acquiert la certitude de l'horrible réalité. Berthe, Berthe au grand pied, avait été trahie ! Mais où était-elle ? Vivait-elle encore ?... Où les misérables l'avaient-ils abandonnée ? Blanchefleur éclate en sanglots, elle se prosterne aux pieds du roi, lui découvre la perfidie, et demande justice. Pépin, qui n'avait jamais aimé l'humeur de la reine, est facilement convaincu et menace les criminels ; Margiste et Aliste sont chassées avec ignominie. Mais Blanchefleur demande sa fille. Sa fille, peut-être, est morte de misère et de douleur. Tibert a avoué qu'il allait la tuer, mais que Morand lui avait laissé la vie.
Le roi fait parcourir son royaume en tous sens ; les écuyers vont partout, sonnant du cor et de la trompette ; les fidèles se mettent en prières, le peuple pleure en demandant sa bonne reine ; mais on ne découvre nulle trace de l'existence de Berthe ; Blanchefleur est réduite à retourner seule et accablée en Hongrie. Margiste est brûlée vive, Tibert est pendu, Aliste est reléguée par grâce, dans un cloître ; et chacun est convaincu que Berthe a dû périr de froid, de misère, ou qu'elle a été dévorée par les bêtes féroces. L'histoire de Berthe passe de bouche en bouche, en lamentables récits ; le roi n'espère plus retrouver sa fiancée.
Il s'abandonnait à sa douleur, lorsqu'un jour, en chemin, il s'égare dans la forêt du Mans ; il rencontre une jeune fille, à laquelle il demande si elle peut le remettre en son chemin. Cette jeune fille, c'est Berthe, qui vient d'une chapelle où elle est demeurée longtemps à prier. Elle indique au roi la maison de Simon ; sa beauté touche Pépin, qui lui dit qu'il est « premier dans la maison du roi » et qu'il veut l'emmener ; il lui promet de grandes richesses ; Berthe refuse de le suivre ; pressée de plus en plus par ce seigneur, elle lui déclare que c'est la femme de son roi qu'il voit en elle, et qu'il doit la respecter.
El non à (au nom de) ce Seigneur qui se laissa pener [peiner, mettre en peine]
Ens en la sainte croix pour son peuple sauver,
Fille sui le roi Flore qui tant fut à loer [tant mérite d'honneur]
Et fille Blanchefleur, de ce n'estuet à douter [de ce n'est à douter].
Pour sauver son honneur, elle découvre à l'inconnu comment elle a été recueillie dans ce bois, et comment elle y vit depuis sept ans. Le roi ne se nomme pas. Simon et Constance (le bûcheron et sa femme), auxquels il veut parler, lui disent que cette sage fille, qu'ils font passer pour leur nièce, est depuis sept ans avec eux, que par elle leur chaumière est bénie, et que lorsqu'ils l'ont recueillie, elle était abandonnée et prête à mourir de douleur, de froid et de faim.
Cependant Berthe s'est cachée, elle ignore encore que c'est au roi lui-même qu'elle a parlé ; il faut que Pépin la laisse à ses protecteurs ; du reste, il agit prudemment : trompé une première fois par Aliste, il ne veut pas courir le risque de l'être une seconde fois par cette bergère qui se dit si à propos la reine Berthe, mais qui refuse de soutenir, en présence du bûcheron, ce qu'elle a avancé sans connaître le roi. Pépin juge plus sage d'envoyer un messager en Hongrie quérir la reine Blanchefleur et le roi Flore qui devront reconnaître leur fille. Grande est la joie de la reine ; elle part, elle vole, elle ne prend nul repos ; Flore l'accompagne. Pépin les reçoit « en toute liesse et honneur », les conduit dans la forêt ; là, dans la cabane du bûcheron, Blanchefleur reconnaît sa fille.
Le royaume est en fête ; les cloches sonnent dans chaque ville pour le passage des époux et des heureux parents ; le bûcheron, sa femme, leur fils, leurs filles, sont convertis en de grands seigneurs. Le romancier prend soin de nous décrire leurs armoiries et les dons qu'on leur fait. Morand, qui avait conservé la vie à Berthe, dans la forêt, est récompensé. Berthe reste aussi modeste, aussi bonne : c'est toujours Berthe la Débonnaire ; mais c'est une noble reine, elle est aimée de tous. Et le romancier finit en élevant son style pour l'éloge de Charlemagne ; il nomme tous les enfants de Berthe : d'abord une fille du nom d'Ayglantine,
... De ce ne doutez mie [pas]
Femme Milon d'Ayglent, moult ot [eut] grand seigneurie,
Et fut mère Roland qui fut sans couardie [couardise, poltronnerie]
Ains [ainsi] fut preus [preux] et hardi, plein de chevalerie ;
Après orent [eurent] Constance en qui fut courtoisie,
Et noblesse et valeur, sans nulle vilenie ;
Puis il vient à Charlemagne :
Après ot [eut] Charlemaigne à la chière hardie
Qui puis fist, sur païens, mainte grant envahie
[qui fit sur les païens mainte grande conquête]
Par qui fut la loi de Dieu levée et essancie [élevée et rehaussée]
Maint hiaume [casque] découpé, mainte targe [poitrine] percie [percée],
Maint haubert [cuirasse] dérompue, mainte tête tranchie [tranchée] ;
Moult guerroya de cuer [cœur] sur la gent paienie [païenne]
Si qu'encore s'en deulent [plaignent, font deuil, douleur]
ceux de celle lignie [cette lignée].
Ainsi, « Berthe qui fut au bois », mérita de devenir la femme du roi Pépin, et la mère de « Karl-le-Grand » ; et ainsi, au XIIIe siècle, Adenet le Roi chantait les aventures de son héroïne aux cours d'amour en présence de la belle et savante Marie de Brabant, épouse de Philippe III. Les cours d'amour applaudissaient les vers d'Adenet, le roi des ménestrels ; le peuple en répétait les refrains ; et Berthe au pied d'oue, Berthe au grand pied, devenait chère à tous les villageois ; car elle avait vécu comme eux, avant de porter une couronne.
Nous l'avons dit, nous ne pouvons parler, avec l'assurance du poète, ni du roi Flore ni de la reine Blanchefleur ; nous sommes réduits à répéter qu'Éginhard, Aymoin et le moine de
Saint-Gall ne disent que quelques mots de Berthe au grand pied. On sait qu'elle naquit à Laon, devint la maîtresse de Pépin vers 741, tandis que celui-ci était marié à Leutburgie qu'il répudia quelques années plus tard, avant d'épouser Berthe vers 744 ou 749.
Pépin était marié quand il succéda à son père, comme duc des Français. Lorsqu'il fit déposer le dernier Childéric (751) et qu'il prit le titre de roi, Berthe reçut avec lui le sacre et l'onction royale, qui lui furent conférés à Soissons, par Boniface, archevêque de Mayence, en 752 (Éginhard indique 750, mais c'est bien en 752 qu'eut lieu le sacre). On voit la reine accompagner toujours son mari, faire les honneurs de la table royale, recevoir, avec Pépin, le pape Étienne II, lorsque ce pontife vint demander les secours et la protection du roi des Francs, contre Aistulphe, roi des Lombards.
Berthe fut de nouveau sacrée avec Pépin, qui voulut que les cérémonies de son couronnement fussent renouvelées par le pape lui-même. On ne sait pas bien où cette solennité eut lieu, on croit que ce fut dans l'abbaye de Ferrières. C'est dans la cour de cette abbaye qu'on place aussi le fameux combat du lion et du taureau dans lequel le courage de Pépin le Bref lui acquit un si haut degré d'estime parmi les leudes. Le résultat de ce voyage d'Étienne fut la guerre que Pépin porta en Italie, où il enleva à Aistulphe les terres de l'exarchat de Ravenne, qu'il joignit aux domaines de l'évêque de Rome ; c'est l'origine de la puissance temporelle des papes.
Le nom de la reine Berthe ne reparaît plus dans l'histoire de Pépin que pour nous apprendre qu'elle était à Vienne (en Dauphiné), auprès de son beau-frère Carloman, quand celui-ci mourut (755). Éginhard nous dit que Charlemagne aima sa mère, qu'elle vieillit auprès de lui, comblée d'honneurs, et qu'il ne s'éleva jamais, entre elle et lui, le moindre nuage, si ce n'est à l'occasion de la répudiation de la fille de Didier (Désirée, ou Désidérade, ou Hermengarde), roi des Lombards. Elle avait négocié cette alliance, dans un voyage d'Italie, entrepris sous prétexte de quelque pèlerinage (756).
Des lettres d'Étienne à Charles et à Carloman donneraient à penser que Pépin le Bref avait un moment songé à répudier Berthe, et qu'il en avait été détourné par les conseils du pape. Les lettres du pontife ne nous font pas connaître les motifs de cette mésintelligence.
Berthe mourut en 783, à Choisy-sur-Aisne ; Charlemagne inhuma ses restes à Saint-Denis. Elle avait eu neuf enfants ; l'aîné de ses fils est Charles le Grand (Charlemagne), né avant qu'elle ne devienne l'épouse légitime de Pépin et dont le nom seul réveille l'idée de toutes les grandeurs. Le second, Carloman, né en 751, ne porta la couronne que trois ans, sous le nom de Carloman Ier ; la reine essaya vainement de réconcilier ses fils ; leur rivalité devenait de plus en plus menaçante, lorsque la mort frappa Carloman en 771.
Berthe avait perdu un troisième fils du nom de Pépin (né en 756 et mort en 762), et deux filles, Romaïde et Adélaïde, tous trois morts dans leur enfance. Une autre fille, Isleberge, a été regardée comme sainte. Une quatrième, Gisèle (né en 757 et morte en 811), a pris le voile et a gouverné en qualité d'abbesse la communauté de Notre-Dame de Soissons. Charlemagne, qui aima tendrement toutes ses sœurs, avait pour celle-ci une vénération presque filiale, ce qui suffit à son éloge. Une cinquième princesse qu'on ne nomme pas, a vécu non mariée, à la cour de Charlemagne ; et une sixième, que Bertin appelle Rothaïde, femme d'un comte du Mans, est regardée comme la mère du fameux Roland.
Toute sa vie, Catherine de Médicis aima s’entourer d’astrologues, de savants qu’elle consultait à tout sujet et croyait toujours ce qu’ils lui prédisaient. Ainsi le 18 octobre 1564, Nostradamus pénétra dans la chambre du jeune Henri de Bourbon duc de Vendôme presque âgé de onze ans. Après avoir longuement regardé le prince, il affirma « C’est lui qui aura tout l’héritage…Et si dieu vous fait grâce de vivre jusque là, vous aurez pour maître un roi de France et de Navarre » conclu-t-il en parlant au gouverneur d’Henri, Mr de La Gaucherie. Et lorsqu‘Henri III de Navarre monta sur le trône de France sous le nom d’Henri IV, il était bien le premier souverain à la fois roi de France et de Navarre.
Un soir de 1559, un astrologue de Catherine, Ruggieri, fit apparaître dans un miroir le jeune roi François II qui venait de monter sur le trône et dit « Il fera autant de tours sur lui-même qu’il a encore d’années à vivre une fois monté sur le trône ». Sous le regard de la reine Mère, son fils aîné fit un tour et disparu. François II devait mourir le 5 décembre 1560, soit bien un an après. Son second fils, futur Charles IX, tourna treize fois sur lui-même. Lorsqu’il monta sur le trône il lui restait un peu plus de treize années vivre puisqu’il mourut le 30 mai 1574. Quant au futur Henri III, le fils préféré de Catherine de Médicis, il effectua quinze rotations. Il accéda au trône en 1574 et décéda le 2 aout 1589, soit après quinze ans de règne. En revanche, après l’apparition du futur Henri III (Catherine se doutait donc que déjà ni François ni Charles n’auraient de fils), ce fut Henri de Bourbon qui apparu. Ce fut clair pour la reine Mère : la dynastie des Valois devait s’éteindre pour laisser la place à celle de Bourbon. Parmi les nombreuses prédictions faites à Catherine de Médicis, une autre entra également dans la légende : alors que le 3 janvier 1589 la reine Mère semblait à l’agonie, elle rassura son entourage car un certain Gauric lui avait prédit qu’elle mourrait prés de Saint-Germain. Catherine se trouvait alors à Blois, loin de la ville de Saint-Germain-en-Laye et de Saint-Germain-l’Auxerrois située près du Louvre. Cela faisait des mois que Catherine se tenait à l’écart de ces endroits. Cependant, devant son faible état de santé, son fils Henri III lui demanda de recevoir les derniers sacrements le 5 janvier vers une heure du matin. La reine-mère y consentie et un aumônier qu’elle ne connaissait pas entra dans sa chambre. Catherine lui demanda alors comment il ne nommait et une demi-heure après, elle quittait le monde des vivants. L’homme avait pour nom Julien de Saint-Germain…
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Le 13 octobre 1499, la reine Anne de Bretagne donne à Louis XII son premier enfant, une fille baptisée Claude. La mère de l’enfant désire rapidement que sa fille épouse le futur Charles Quint et signe le traité de Blois en 1504. Mais Louis XII préfère donner Claude à son probable successeur François d’Angoulême, un cousin. En effet, la reine de France n’a donné à son époux qu’une seconde fille Renée en 1510 et tous les fils qu’elle met au monde meurent au berceau. Ainsi, dés 1506, Claude se retrouve fiancé à son cousin François. D’ailleurs Louis XII se méfie de l’Espagne, rival trop dangereux pour donner sa fille aînée à Charles Quint. Pourtant, Anne continuera à s’opposer à cette union jusqu’à sa mort le 9 janvier 1514. Le 18 mai de la même année, Claude de France épouse François d’Angoulême. Le prince n’est pas attiré par son épouse et sa mère Louise de Savoie doit presque le forcer à la rejoindre à Blois alors qu’il batifole avec ses amours du moment. En 1515, Louis XII meurt et François Ier espère épouser sa veuve Marie d’Angleterre. Il faut l’intervention de sa mère pour l’y faire renoncer car il perdrait la Bretagne en répudiant Claude qui l’a hérité d’Anne de Bretagne. Ce n’est qu’après la naissance d’un fils que la Bretagne sera rattachée à la France. Bien que reine de France, Claude n’a aucun rôle politique, Louise de Savoie étant régente du royaume lorsque François Ier est à la guerre. Claude donnera sept enfants au roi entre 1515 et 1523.
La reine a l’estime et le respect de son époux mais guère le cœur et le roi lui impose continuellement ses maîtresses. Bien que n’étant pas d’une grande beauté, Claude est vertueuse et bonne ce qui lui vaut l’admiration et l’amour du peuple. Souvent, elle se retire à Blois loin des amours de son mari qui lui causent beaucoup de chagrin. C’est là que la reine de France meurt le 20 juillet 1524 à l’âge de 24 ans, épuisée par ses grossesses trop rapprochées durant lesquelles elle ne ménageait guère, devant suivre le roi lors de ses déplacements. On dira d’elle que c’était une reine « bonne et très charitable, fort douce à tout le monde qui ne fit déplaisir ni mal à aucun de sa cour ni de son royaume ». Bien qu’il se soit dit contrarié de cette mort, François Ier n’assista pas aux obsèques de son épouse. Le souvenir de cette « Bonne reine » est resté à travers une prune de couleur verte : la Reine-Claude.
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Le 22 novembre 1602, la reine Marie de Médicis met au monde son deuxième enfant au château de Fontainebleau. A son grand regret, ce n’est qu’une fille que l’on prénomme Elisabeth. En effet, la reine de France ne voudrait avoir que des fils et parle déjà de jeter la petite princesse à la rivière. Henri IV prend mieux la naissance de sa fille, consolant Marie en lui disant qu’il faut des princesses pour en faire des reines. Le dauphin Louis s’attache très vite à sa sœur et passe beaucoup de temps avec elle. Après la mort d’Henri IV en 1610, le petit Louis XIII se rapproche d’Elisabeth voulant la protéger comme l’aurait fait leur père. Le jeune roi a conscience qu’il est maintenant le chef de la maison des Bourbons et qu’il doit veiller sur ses frères et sœurs. Elisabeth dite Madame est décrite comme jolie et charmante. En 1612, est conclu un double mariage pour resserrer les liens entre la France et l’Espagne : Louis XIII épouse l’infante Ana-Maria-Mauritia –que nous connaissons plus sous le nom d’Anne d’Autriche- et l’héritier de la couronne Philippe est marié à Elisabeth. Madame épouse donc par contrat le prince d’Espagne le 25 aout 1612. Le mariage religieux n’aura lieux qu’en 1615. C’est donc le 18 octobre 1615 qu’Elisabeth épouse par procuration le fils de Philippe III. Pourtant, la sœur du roi de France failli bien ne jamais devenir reine d’Espagne : alors qu’elle et sa famille sont en route vers le lieu de rencontre avec l’Espagne, Elisabeth attrape la petite vérole. Pour Marie de Médicis, ce n’est pas grave : si sa fille aînée meurt, elle donnera à l’Espagne la cadette Christine-Marie née en 1606. On voit bien là la tendresse de la reine-mère pour ses filles ! Heureusement, Elisabeth se rétablie. L’échange des deux princesses a lieu sur la rive d’Andaye entre le France et l’Espagne. Les deux futures reines montent chacune dans une barque et traversent la rive jusqu’au pavillon français ou espagnol. Les adieux entre Louis XIII et Elisabeth sont déchirants et émûent l’assistance. Le frère et la sœur ne se reverront jamais. Après quelques paroles échangées avec l’infante d’Espagne, la princesse française est accueillie par sa famille adoptive.
Le 25 novembre, Elisabeth épouse en personne le futur Philippe IV dans la cathédrale Sainte-Marie. La future reine n’a que 13 ans et personne ne s’étonne qu’elle ne porte pas d’enfants tout de suite. En 1621, Elisabeth devient reine d’Espagne après la mort de son beau-père Philippe III survenue le 31 mars. C’est à partir de cette date qu’elle donne régulièrement des héritiers à Philippe IV :
-Marie-Marguerite (1621-1621)
-Marguerite-Marie-Catherine (1623-1623)
-Marie-Eugénie (1625-1627)
- une fille (mort-née en 1626)
- Isabelle-Marie-Thérèse (1627-1627)
-Balthazar-Charles (1629-1646)
-François-Ferdinand (1634-1634)
-Marie-Anne-Antoinette (1636-1636)
-Marie-Thérèse (1638-1683)
Elisabeth passe pour une reine triste et mélancolique. Philippe IV la trompe notamment avec une actrice Maria Calderon dont il a un fils. Ses grossesses et accouchements sont épuisants mais ce qui chagrine la reine, c’est que sur les neuf enfants qu’elle a déjà mis au monde, seuls deux sont encore vivants à la fin de l'année 1638. Son pays natal lui manque et elle déprime loin de sa famille.
En 1639, 1640 et 1642, Elisabeth est enceinte et à chaque fois elle est victime d’une fausse-couche. Il semble que les maternités précédentes ont épuisé la reine d’Espagne. Philippe IV ne parait pas s’en soucier fortement. En 1644, Elisabeth est une nouvelle fois de plus enceinte du roi. C’est la grossesse de trop. Une fois de plus, la reine perd l’enfant avant terme et décède le 6 octobre à Madrid à presque 41 ans. Elle laisse derrière elle deux enfants qui souffriront de l’absence d’une mère, le jeune Balthazar-Charles et la petite Marie-Thérèse.
Le 28 avril 1180, Philippe II (dit Philippe Auguste) prend pour épouse la jeune Isabelle de Hainaut, fille du comte du Hainaut Baudouin V et de Marguerite de Lorraine comtesse de Flandres. Isabelle est sacrée reine de France à Paris le 29 mai. Elle apporte en dote le Vermandois, le Valois, l’Amiénois et l’Artois. C’est sur l’instigation de son parrain le comte de Flandres que le roi a décidé d’épouser la jeune princesse qui apportait à la couronne des terres importantes. En 1184, Isabelle a tout juste 14 ans et Philippe II décide de la répudier. Le roi doit en effet faire face à une coalition de vassaux parmi lesquels on trouve le comte de Flandres et le comte de Hainaut, parents d’Isabelle. Furieux que son épouse n’ait pas su rallier son père à sa cause, Philippe II prétexte un lien de parenté avec la reine et surtout sa stérilité pour la répudier. Cependant, Isabelle n’a que 14 ans et en comptait 10 lors de son union avec Philippe II. Peut-on parler de stérilité à cet âge quand on sait que durant les quatre années de mariage qui viennent de s’écouler le roi n’a pas porté un vif intérêt à son épouse ? Ainsi, un matin de mars 1184, les habitants de Senlis voient la petite reine en tenue de pécheresse, chemise blanche, un cierge à la main, marcher dans les rues de la ville, comme pour faire pénitence. C’est le jour où elle doit être répudiée et Isabelle prie dieu d’avoir pitié d’elle. Le peuple est ému de la voir misérablement vêtue et intervient en sa faveur auprès de Philippe II pour qu’il la garde à ses côtés. Devant la demande de son peuple mais aussi celle du Pape, Philippe II s’incline.
Le traité de Boves est signé en 1185, mettant fin au conflit entre le roi et les seigneurs. Philippe II s’était alors montré toujours froid et distant de son épouse mais revient vers elle après cette réconciliation. Le 5 septembre 1287, Isabelle met au monde un fils prénommé Louis (futur Louis VIII). Philippe II, que la naissance d’un héritier a empli de joie, exige que l’on rende un immense hommage à la reine qu’il se met à aimer. D’autant que sur le plan militaire, le roi est en train d’écraser la puissance des Plantagenets (les rois d’Angleterre). Philippe II voulait qu’Isabelle soit « la plus grande et la plus honorée des reines de France ». Hélas, le 15 mars 1190, la reine Isabelle meurt après la naissance de jumeaux qui ne vivront pas. Le roi, qui se préparait à partir en croisade aux côtés de Richard Cœur de Lion, prend le temps de faire à Isabelle d’importante funérailles en la cathédrale Notre-Dame.
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Le 14 juin 1541, Jeanne d’Albret épousait Guillaume de la Marck duc de Clèves, un homme que la jeune fille déteste. Au soir de la nuit de noce, la mariée est victime d’une crise de nerfs et le mariage ne sera pas consommé. En 1545, l’union est déclaré nulle pour…non consommation. Le 20 octobre 1548, Jeanne devenait la femme d’Antoine de Bourbon duc de Vendôme, son cousin lointain. Née rapidement une fort belle entente entre les époux. On dit la nouvelle duchesse de Vendôme « plus belle qu’une Grâce ». Le roi de France Henri II dira qu’il n’avait jamais vu plus joyeuse mariée que Jeanne. Au lendemain du mariage, Antoine de Bourbon annonce fièrement qu’il a fait « son devoir » par six fois « fort gaiement ». Le mari et la femme se plaisaient. Jeanne aime l’humour et le tempérament gaillard de son époux, Antoine adore la gaieté permanente de la petite duchesse. Le 21 septembre 1551, Jeanne met au monde son premier enfant, le duc de Beaumont. Deux ans plus tard, le petit prince est mort. Alors que Jeanne éprouve beaucoup de peine, Antoine lui apporte le plus tendre réconfort et le 13 décembre 1553 né un nouveau « petit fruit », le futur Henri IV. Le duc de Bourbon fait figure d’époux attentif et aimant ainsi que de père attentionné. Au total, c’est cinq enfants de l’amour que Jeanne lui donnera mais seuls le futur Henri IV et leur dernier enfant Catherine vivront. En 1555, Jeanne d’Albret devient la reine de Navarre Jeanne III, son père le roi de Navarre Henri II d’Albret venant de mourir. Jeanne étant fille unique et la loi salique n’existant pas en Navarre, elle a désormais plus de pouvoir que son mari, « simple » duc de Vendôme.
A partir de ce moment, les relations dans le couple se dégradent doucement mais surement. Jeanne est vite déçue de la vanité et de l’ambition d’Antoine qui voudrait ceindre une couronne, gouverner pour de bon. Voir sa femme reine et ne pas être roi le rend malade de jalousie. Il vient de prendre une maîtresse Louise de La Béraudière dite « la belle Rouet » dont il a un fils. Peut être aime-t-il vraiment Louise, sans doute il commença cette relation pour déplaire à Jeanne, la rendre jalouse, lui montrer qu’il peut être indépendant de la reine de Navarre. Après la naissance de Catherine en 1559, Jeanne et Antoine ne sont plus que des étrangers l’un pour l’autre. De leur amour, il ne reste que des souvenirs. Désormais ils vont s’affronter jusqu’à la mort d’Antoine en 1562 sur le terrain de la religion : Jeanne devient protestante, Antoine s’affirme catholique et tous deux désirent influencer leur fils Henri.
Voilà comment, l’héritage du royaume de Navarre fit perdre à Jeanne d’Albret le cœur d’Antoine de Bourbon.
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L’époux de Marguerite, Henri de Navarre n’est pas vraiment le mari dont on rêve : selon certains, le couple fit très vite chambre à part car la pauvre Margot ne supportait plus l’odeur d’ail et de bouc du futur Henri IV. Si Henri fut surnommé « le vert-galant », on pourrait également tracer la liste des nombreux amants de Marguerite ! Peu après son mariage en 1572, la reine de Navarre tombe amoureuse de Boniface de La Môle, un beau seigneur aux nombreuses conquêtes. Ce dernier fut impliqué dans un complot contre le frère de Marguerite, Charles IX. La reine de Navarre l’appris et mis en garde son frère adoré. Résultat : Boniface de La Môle fut décapité, causant un profond chagrin à la reine Margot. Il paraît qu’elle racheta la tête de son amant et l’enterra dans le jardin de l’abbaye de Montmartre. Marguerite s’en console et reprend des amants dont l’un se dégage du groupe : Jacques de Harlay, seigneur de Champvallon. La reine Margot cause scandales sur sandales en s’affichant avec des amants au grand mécontentement de son frère le roi Henri III. Le 7 aout 1583, un bal est donné au Louvres. Henri de Navarre est bien loin de son épouse, laquelle a compensé son absence par ses amants. C’est ce soir là qu’Henri III reproche à sa sœur son comportement et l’insulte de tous les noms possibles et inimaginables. Margot est également accusée par le roi d’intriguer avec son plus jeune frère François-Hercule duc d’Anjou contre la couronne et d’en être la maîtresse ! Le roi qui ne se maitrise plus fini par vociférer que Marguerite a donné un enfant à Champvallon. La reine de Navarre s’évanouie en entendant les accusations de son frère. Elle est finalement chassée de Paris et exilée à Nérac puis à Usson.
Bien qu’enfermée, elle séduira encore jusqu’à ses geôliers. Marguerite pourra regagner Paris sous le règne d’Henri IV -dont elle a dû divorcer en 1599- en 1604. A cette époque, la grande beauté de la reine Margot s’en est allée laissant place à une femme laide et obèse mais qui collectionne toujours les amants. Revenons maintenant à ce soit disant enfant que Marguerite a donné au seigneur de Champvallon : Marguerite de Valois doit donner un héritier à son époux Henri de Navarre. N’étant pas enceinte aussi vite qu’on l’aurait souhaité, la reine est d’abord allée faire une cure à Bagnères pour favoriser sa fécondité. Dans Paris, on racontait bel et bien que la reine de Navarre avait dû avorter d’un enfant de son amant Champvallon. Cependant à l’époque, l’avortement était très dangereux. Il était pratiqué par des « faiseuses d’anges », lesquelles utilisaient des aiguilles à tricoter pour déloger l’embryon ou piétinaient le ventre de la future mère jusqu’au moment ou l’enfant qui n’était pas encore à son terme sorte. Dans nombreux cas, la mère ne survivait pas à l’avortement. L’ambassadeur d’Angleterre prétendait lui que Marguerite de Valois, enceinte, avait accouché. Elle aurait également eu un deuxième enfant en 1586 né au château de Carlat. Le père de celui-ci serait un certain d'Aubiac. Cependant, il paraît un peu illogique que Marguerite de Valois ait pu être enceinte : si elle et son époux faisaient chambre à part, c’était une fois le devoir conjugal accomplit. Connaissant l’ardeur de l’un comme de l’autre, comment expliquer que Margot pût être enceinte d’un de ses amants et pas de son mari ? Les rumeurs de grossesse de 1583 sont probablement basées sur le fait que la reine de Navarre avait pris du poids au cours de cette année. En tout cas, si il y eut un ou même plusieurs enfants illégitimes, personne ne sait ce qu’il(s) est (sont) devenu(s) ce qui renforce la probabilité que tout cela est pure invention. Cependant, ces ragots, crus par Henri III, auront fait beaucoup de tort à Marguerite. Celle-ci nia toute sa vie avoir avortée ou accouchée d’un enfant.
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