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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
5848 articles
Le Sbek Thom, théâtre d’ombres khmer
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Cambodge
(UNESCO)
Le Sbek Thom, théâtre d’ombres khmer, met en scène de grandes marionnettes non articulées, en cuir ciselé, pouvant mesurer jusqu’à deux mètres de haut. Antérieur à la période angkorienne, il est considéré, à l’instar du Ballet royal et du théâtre masqué, comme un art sacré. Les représentations, dédiées aux divinités, n’étaient données que trois ou quatre fois par an pour des occasions spécifiques comme le Nouvel an khmer, l’anniversaire du roi ou la vénération de personnages illustres. Après la chute d’Angkor au quinzième siècle, le théâtre d’ombres a dépassé le cadre rituel pour devenir une forme artistique, sans toutefois perdre sa dimension cérémonielle.
Les marionnettes sont taillées dans une seule pièce de cuir selon un cérémonial spécifique à chaque dieu ou divinité représenté. Les peaux sont colorées à l’aide d’une solution à base d’écorce de kandaol. L’artisan dessine la figurine sur la peau tannée, puis la cisèle et la peint avant de la fixer sur deux tiges de bambou qui permettront au danseur d’animer la marionnette.
Les représentations ont généralement lieu la nuit, en plein air, aux abords d’une rizière ou d’une pagode. Un grand drap blanc est tendu entre deux hauts mâts de bambou devant un grand feu ou, désormais, des projecteurs. Les silhouettes des marionnettes sont projetées en ombre chinoise sur cet écran blanc. Le manipulateur lui donne vie en effectuant des pas de danse précis et spécifiques. Un orchestre et deux narrateurs accompagnent l’action dramatique. Inspirées du Reamker, la version khmère du Ramayana, les représentations mettent en scène des extraits de cette épopée. Elles peuvent s’étaler sur plusieurs nuits consécutives et nécessiter jusqu’à 160 marionnettes pour un même spectacle. Nombre de ces figures ont été détruites sous le régime répressif des Khmers rouges qui a quasiment anéanti cet art sacré. Depuis 1979, le Sbek Thom retrouve progressivement vie grâce aux rares artistes survivants. À ce jour, trois théâtres d’ombres ont pu renaître de leurs cendres et assurent la transmission des connaissances et savoir-faire concernés, notamment ceux liés à la confection des marionnettes.
Le Sema, cérémonie Mevlevi
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Turquie
(UNESCO)
Les Mevlevi sont un ordre ascétique soufi fondé en 1273 à Konya, d’où ils ont progressivement essaimé dans tout l’empire ottoman. Aujourd’hui, on trouve des Mevlevi dans de nombreuses communautés turques à travers le monde, mais les centres les plus actifs et les plus célèbres restent ceux de Konya et d’Istanbul.
Les Mevlevi sont connus pour leur danse giratoire. Après un jeûne recommandé de plusieurs heures, les derviches tourneurs commencent à tourner sur eux-mêmes, prenant appui sur le pied gauche et utilisant le pied droit pour pivoter. Le corps du danseur doit être souple, les yeux doivent rester ouverts, sans rien fixer afin que les images deviennent floues et flottantes. Pendant les cérémonies de danse, ou Sema, un répertoire musical particulier appelé ay?n est joué. Comprenant quatre parties de compositions vocales et instrumentales, il est exécuté par au moins un chanteur, un flûtiste ou neyzen, un joueur de timbale et un joueur de cymbales. Les danseurs étaient formés lors d’une retraite de 1 001 jours dans des cloîtres mevlevi (mevlevihane) où ils apprenaient les règles d’éthique, les codes de conduite et les croyances par une pratique quotidienne de prière, musique religieuse, poésie et danse. Au terme de cette formation, ils retournaient à leur famille et travail tout en restant membre de l’ordre.
Les politiques de sécularisation ont conduit à la fermeture de tous les mevlevihane en 1925. Dans les années 1950, le gouvernement turc a de nouveau autorisé les cérémonies, mais seulement en public, avant de lever cette restriction dans les années 1990. Certains groupes privés s’efforcent de redonner à la cérémonie du Sema son caractère spirituel et intime original. Mais les trente années de pratique clandestine ont privé le sema d’une partie de sa signification religieuse, la transmission ayant été axée sur la musique et les chants au détriment des traditions spirituelles et religieuses. Aujourd’hui, nombre de cérémonies ne se déroulent plus dans leur contexte traditionnel mais devant un public de touristes et ont été raccourcies et simplifiées pour répondre aux exigences commerciales.
Slovácko Verbunk, la danse des recrues
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : République tchèque
(UNESCO)
Le Slovácko verbunk est une danse improvisée, exécutée par les garçons et les hommes des régions de Moravie du Sud et de Zlín, en République tchèque. Le nom de la danse vient du mot allemand Werbung (devenu verbunk) qui signifie « recrutement » et qui témoigne de ses origines liées au recrutement de danseurs et soldats pour l’armée au dix-huitième siècle. Aujourd’hui, elle est exécutée par des groupes de danses folkloriques dans la plupart des villes et villages de la région de Slovácko, principalement lors de fêtes comme la célébration annuelle de la communauté Hody.
Le Slovácko verbunk est dansé sur une musique particulière appelée les « Nouveaux chants hongrois » et comprend généralement trois parties. Il débute par un chant suivi de mouvements lents auxquels succèdent des danses plus rapides. Il n’obéit pas à une chorégraphie précise, laissant place à la spontanéité, à l’improvisation et à l’expression individuelle, notamment des concours de sauts. Il est habituellement exécuté par un groupe d’hommes où chaque danseur interprète la musique à sa façon. Il existe six types régionaux de Slovácko verbunk, ce qui explique la grande variété des figures et des rythmes. Ces types ont évolué au début du vingtième siècle et continuent à se développer. Composante essentielle des coutumes, cérémonies et célébrations locales, la danse est exécutée lors du concours annuel du meilleur danseur organisé dans le cadre du Festival international du folklore de Stráznice.
La migration des jeunes et moins jeunes vers les centres urbains du pays est considérée comme la principale menace pour la viabilité des différents types régionaux de Slovácko verbunk. La dépendance financière est également une source d’inquiétude, car les costumes et les instruments traditionnels sont faits à la main et exigent un entretien régulier.
Le système de divination Ifa
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Nigéria
(UNESCO)
Le système de divination Ifa, qui s’appuie sur un vaste corpus de textes et de formules mathématiques, est pratiqué par les communautés Yoruba et par la diaspora africaine des Amériques et des Caraïbes. Le mot Ifa désigne le personnage mystique d’Ifa ou Orunmila, considéré par les Yoruba comme la divinité de la sagesse et du développement intellectuel. Contrairement à d’autres formes de divination de la région qui ont recours à la médiumnité, la divination Ifa ne repose pas sur les pouvoirs oraculaires d’une personne. Elle se fonde sur un système de signes interprétés par un devin, le prêtre Ifa ou babalawo, littéralement « le père du prêtre ». Le système de divination Ifa est employé chaque fois qu’une décision importante, individuelle ou collective, doit être prise.
Babalawo
Le corpus littéraire de l’Ifa, appelé odu, comprend 256 volumes divisés en vers appelés ese dont on ne connaît pas le nombre exact car il augmente continuellement (il y a environ 800 ese par odu). Chacun des 256 odu a sa signature propre divinatoire, déterminée par le babalawo à l’aide de palmes sacrées et d’une chaîne de divination. Les ese, considérés comme la partie la plus importante de la divination Ifa, sont chantés par les prêtres dans une langue poétique. Ils sont l’expression de l’histoire des Yoruba, de leur langue, croyances, cosmovision et préoccupations sociales contemporaines. La connaissance de l’Ifa a été préservée au sein des communautés Yoruba et transmise parmi les prêtres Ifa.
Sous la pression religieuse et l’influence du colonialisme, les croyances et pratiques traditionnelles ont été l’objet d’une véritable discrimination. Les prêtres Ifa, pour la plupart très âgés, n’ont que des moyens modestes pour maintenir la tradition, transmettre leurs connaissances complexes et former de futurs praticiens. On assiste de ce fait à un désintérêt croissant des jeunes et des Yoruba pour la pratique et le recours à la divination Ifa, désintérêt qui s’accompagne d’une intolérance grandissante à l’égard des systèmes traditionnels de divination en général.
Taquile et son art textile
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Pérou
(UNESCO)
L’île de Taquile, située sur le lac Titicaca dans les hauts plateaux des Andes péruviennes, est connue pour son art textile qui fait partie de l’activité quotidienne des hommes et des femmes de tous âges et dont les produits sont portés par tous les membres de la communauté.
Les habitants de Taquile ont vécu relativement isolés du reste du pays jusque dans les années 1950 et la notion de communauté reste très forte. En témoignent l’organisation de la vie communautaire et le processus collectif de prise de décision. La tradition du tissage remonte aux anciennes civilisations Inca, Pukara et Colla, et a su maintenir vivants certains aspects des cultures andines préhispaniques.
Les tissus sont tricotés ou tissés sur les métiers préhispaniques fixes à pédale. Les vêtements les plus caractéristiques sont le chullo, bonnet tricoté avec oreilles, et la ceinture calendrier, large ceinture tissée illustrant le cycle annuel des activités rituelles et agricoles. Cette ceinture a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs car elle décrit des éléments de latradition orale de la communauté et de son histoire. Malgré l’introduction de nouveaux symboles et d’images modernes dans l’art textile de Taquile, le style et les techniques traditionnels ont été préservés.
Taquile possède une école spécialisée dans l’artisanat local qui assure la viabilité et la continuité de la tradition. Le tourisme a contribué au développement de l’économie communautaire qui repose principalement sur les produits textiles et les services touristiques. Si le tourisme est considéré comme un moyen efficace de garantir la pérennité de cette tradition, la demande croissante a entraîné des changements majeurs en termes de matières, de production et de signification. La population de Taquile a considérablement augmenté depuis quelques décennies, provoquant des pénuries de ressources et obligeant à importer de plus en plus de produits du continent.
Le théâtre de marionnettes Ningyo Johruri Bunraku
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Japon
(UNESCO)
Considéré au Japon comme un genre dramatique traditionnel majeur, à l’instar du Nô et du Kabuki, le théâtre de marionnettes Ningyo Johruri Bunraku est un mélange de récit chanté, d’accompagnement instrumental et de théâtre de marionnettes. Cette forme dramatique a vu le jour au début de la période Edo (vers 1600) quand le théâtre de marionnettes a été associé au Johruri, un genre narratif très en vogue au quinzième siècle. Les intrigues racontées dans cette nouvelle forme de théâtre de marionnettes sont issues de deux sources principales : des drames historiques dont l’intrigue se déroule au Moyen Âge (Jidaimono) et des pièces contemporaines explorant le conflit entre affaires de cœurs et obligations sociales (Sewamono).
Le Ningyo Johruri a adopté son jeu scénique caractéristique au milieu du dix-huitième siècle. Trois marionnettistes, masqués jusqu’à la taille par un écran, manipulent de grandes marionnettes articulées. Depuis une plate-forme surélevée (yuka), le narrateur (tayu) raconte l’histoire tandis qu’un musicien joue du shamisen, un luth à trois cordes. Le tayu interprète tous les personnages, hommes et femmes, adaptant sa voix et ses intonations aux rôles et aux situations. Si le tayu « lit » un texte écrit, il jouit d’une grande liberté d’improvisation. Les trois marionnettistes doivent parfaitement coordonner leurs mouvements pour donner plus de réalisme aux gestes et attitudes des marionnettes. Celles-ci, dotées de riches costumes et d’expressions du visage propres à chacune, sont confectionnées par des maîtres artisans. Le genre a pris son nom actuel, Ningyo Johruri Bunraku à la fin du dix-neuvième siècle, le Bunrakuza étant un théâtre célèbre de l’époque.
Aujourd’hui, il est principalement joué au Théâtre national Bunraku d’Osaka, mais sa troupe de grand renom se produit également à Tokyo et sur d’autres scènes régionales. Des 700 pièces écrites à l’époque Edo, à peine 160 figurent encore au répertoire. Les représentations, qui duraient autrefois toute la journée, ont été réduites de six à deux ou trois actes. Le Ningyo Johruri Bunraku a été proclamé « Bien culturel immatériel important » en 1955. Il attire aujourd’hui de nombreux jeunes artistes, et les qualités esthétiques ainsi que le contenu dramatique des pièces continuent de séduire le public contemporain.
Le théâtre de marionnettes sicilien Opera dei Pupi
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Italie
(UNESCO)
Le théâtre de marionnettes dit « Opera dei Pupi » est né au début du dix-neuvième siècle en Sicile où il a rencontré un vif succès auprès des classes populaires. Les marionnettistes racontaient des histoires inspirées de la littérature chevaleresque du Moyen Âge et d’autres sources telles que la poésie italienne de la Renaissance, la vie des saints ou des histoires sur des bandits célèbres. Les dialogues étaient en grande partie improvisés. Les deux principales écoles siciliennes de marionnettes, celles de Palerme et de Catane, se distinguaient principalement par la taille et la forme des marionnettes, les techniques de manipulation et la variété des décors de toile de fond.
Ces théâtres étaient souvent des entreprises familiales. Les marionnettes, réputées pour l’expressivité de leur visage, étaient sculptées, peintes et construites par des artisans selon des méthodes traditionnelles. Les marionnettistes, s’efforçant de se surpasser les uns les autres lors des spectacles, exerçaient une véritable influence sur le public. Autrefois, étalées sur plusieurs soirées, les représentations constituaient autant d’occasions pour les gens de se retrouver.
Les bouleversements économiques et sociaux provoqués par l’extraordinaire essor économique des années 1950 ont profondément affecté la tradition, ébranlant considérablement ses fondements même. À l’époque, des formes similaires de théâtre ont disparu dans d’autres régions d’Italie, avant de resurgir, pour certaines d’entre elles, une vingtaine d’années plus tard. L’Opera dei Pupi est le seul exemple de tradition ininterrompue de cette forme de théâtre. Les difficultés économiques actuelles ne permettent plus aux marionnettistes de vivre de leur art, ce qui les amène à se tourner vers des professions plus lucratives. Par ailleurs, le tourisme a contribué à amoindrir la qualité des spectacles, au départ exclusivement destinés à un public local.
Le théâtre de marionnettes wayang
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Indonésie
(UNESCO)
Réputée pour ses marionnettes ouvragées et la complexité de ses styles musicaux, cette forme ancienne de narration a vu le jour sur l’île indonésienne de Java. Pendant dix siècles, le wayang s’est épanoui dans les cours royales de Java et de Bali, ainsi qu’en milieu rural. Il s’est répandu dans d’autres îles (Lombok, Madura, Sumatra et Bornéo) où divers styles locaux d’interprétation et d’accompagnement musical se sont développés.
Si ces marionnettes fabriquées artisanalement avec minutie sont de tailles, de formes et de styles variables, deux grands types dominent: la marionnette en bois en trois dimensions (wayang klitik ou golèk) et la marionnette de théâtre d’ombre, plate, découpée dans du cuir (wayang kulit) et dont la silhouette est projetée en ombre chinoise sur un écran.
Les deux types se distinguent par leurs costumes, leurs traits de visage et leurs corps articulés. Le dalang, maître marionnettiste, manipule les bras à l’aide de fines baguettes fixées aux marionnettes. Des chanteurs interprètent des mélodies complexes en s’accompagnant d’instruments en bronze et de gamelan (tambours).
Les marionnettistes étaient autrefois considérés comme des hommes de lettres cultivés qui transmettaient les valeurs morales et esthétiques à travers leur art. Les paroles et les actions des personnages comiques représentant « l’homme ordinaire » constituaient d’efficaces artifices pour critiquer les problèmes sociaux et politiques. C’est sans doute à ce rôle particulier que le wayang doit sa survie au fil des siècles. Les récits empruntent leurs personnages aux mythes indigènes, aux épopées indiennes et aux contes persans. Le répertoire et les techniques d’interprétation étaient transmis oralement au sein des familles de marionnettistes, de musiciens et de confectionneurs de marionnettes. Les dalang doivent être capables de mémoriser un vaste répertoire d’histoires, déclamer des passages de récits anciens et chanter des chants poétiques avec esprit et inventivité.
Le théâtre de marionnettes wayang reste très prisé du public. Mais pour pallier la concurrence de formes contemporaines de divertissement comme la vidéo, la télévision ou le karaoké, les marionnettistes ont tendance à exagérer les scènes comiques au détriment du fil de l’histoire et à remplacer l’accompagnement musical par de la musique pop, contribuant à altérer certaines des caractéristiques de la tradition.
Le théâtre Kabuki
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Japon
(UNESCO)
Le Kabuki est une forme de théâtre traditionnel japonais qui a vu le jour à l’époque Edo, au début du dix-septième siècle, où il était particulièrement prisé des citadins. Joué à l’origine par des hommes et des femmes, il a été par la suite interprété par des troupes exclusivement masculines, tradition qui a perduré jusqu’à nos jours. Les acteurs spécialisés dans les rôles féminins sont appelés onnagata. Il existe deux autres grands types de rôles : l’aragoto (style violent) et le wagoto (style doux).
Les pièces de Kabuki illustrent des événements historiques et le conflit moral lié aux relations affectives. Les acteurs s’expriment d’une voix monotone et sont accompagnés d’instruments traditionnels. La scène est équipée de divers dispositifs tels que des plateaux tournants et des trappes par lesquelles les acteurs peuvent apparaître et disparaître. Une autre spécificité du Kabuki est la passerelle (hanamichi) qui s’avance au milieu du public.
Le théâtre Kabuki se distingue par sa musique particulière, ses costumes, ses machineries et ses accessoires, ainsi que par son répertoire, un style de langue et de jeu, tel le mie, où l’acteur se fige dans une pose caractéristique pour camper son personnage. Le kesh¯o, le maquillage propre au Kabuki, est un élément de style aisément reconnaissable, même par ceux qui sont peu familiarisés avec cette forme d’art.
Après 1868, quand le Japon s’est ouvert aux influences occidentales, les acteurs se sont attachés à améliorer la réputation du Kabuki auprès des classes supérieures et à adapter les styles classiques aux goûts modernes. Aujourd’hui, le Kabuki est la forme de théâtre traditionnel japonais la plus appréciée.
Le théâtre Mak Yong
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Malaisie
(UNESCO)
Cette forme ancienne de théâtre créée par les Malais de Malaisie combine art dramatique, musique vocale et instrumentale, gestuelle et costumes élaborés. Spécifiques aux villages du Kelantan dans le nord-ouest de la Malaisie, d’où il est originaire, le Mak Yong est essentiellement représenté comme un divertissement ou à des fins rituelles associées à des pratiques de guérison.
Selon les experts, le Mak Yong serait apparu bien avant l’islamisation du pays. Devenu un art royal placé sous le patronage direct du sultanat de Kelantan, il a été joué à la cour jusque dans les années 1920. La tradition s’est ensuite perpétuée en milieu rural tout en conservant les raffinements stimulés par le mécénat royal, tels les somptueux costumes.
Une représentation de Mak Yong commence par des offrandes, suivies de danses, de théâtre, de musique, de monologues et de dialogues improvisés. Les séances durent trois heures et peuvent se répéter plusieurs soirées de suite selon l’histoire choisie. Dans le contexte villageois traditionnel, les représentations se tiennent à même le sol, sous une structure temporaire en bois et feuilles de palmier, ouverte de tous côtés. Le public prend place sur trois des quatre côtés de la scène, le quatrième étant réservé à l’orchestre composé d’un rebab (vièle à pique à trois cordes),
Joueur de rebab
d’un gendang (tambour à deux peaux)
Joueurs de gendang (à droite)
et d’un tetawak (gong suspendu).
Tetawak
La plupart des rôles sont tenus par des femmes et les histoires s’inspirent d’anciens contes populaires malais mettant en scène des personnages royaux, des divinités et des bouffons. Le Mak Yong est également associé à des rituels au cours desquels les chamans tentent de guérir les malades par le chant, la danse, la transe et la possession des esprits.
Le Mak Yong, qui implique de longues années d’entraînement, a été préservé jusqu’à nos jours essentiellement par transmission orale. Mais dans la société actuelle, rares sont les jeunes enclins à se soumettre à un apprentissage aussi rigoureux. Si bien que cette remarquable tradition décline peu à peu, comme en attestent l’appauvrissement des répertoires dramatique et musical et le manque d’interprètes expérimentés.