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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Outre le lièvre, l’ordre des lagomorphes (de lago qui signifie « lièvre » en grec, et de morphê, « forme »)comprend également les lapins et les pikas.
Le lièvre et ses cousins sont parmi les espèces les plus fécondes. C’est une nécessité vitale pour eux car ils représentent le gibier favori des chasseurs.
On comptabilise actuellement 32 espèces de lièvres. Les plus répandues sont le lièvre d’Europe (Lepus europaeus) et le lièvre américain (Lepus americanus).
Bien que les lièvres soient originaires des zones tempérées, ils ont su s’adapter à tous les types d’habitats.
Le lièvre arctique (Lepus arcticus) survit dans un environnement très inhospitalier.
L’histoire du lièvre
Les lagomorphes ne sont pas des rongeurs. Le lièvre fait partie de la famille des Léporidés (Leporidae). On pense que cette famille est apparue en Asie, même si c’est en Amérique du Nord que les léporidés ont vécu l’essentiel de leurs phases évolutives, notamment pendant l’Oligocène et au début du Miocène.
C’est au Nouveau Monde que furent découverts des restes fossiles d’animaux appartenant au genre Palaeolagus, présentant une structure osseuse très semblable à celle des lagomorphes actuels, à l’exception des membres postérieurs plus courts.
Le lièvre n'est pas un rongeur. Image Eschipul
Le genre Lepus est assez récent. C’est seulement au quaternaire que le développement des capacités des lièvres et des lapins en matière de course et de saut s’est perfectionné.
La répartition mondiale des lièvres a été influencée par l’homme qui a introduit de nombreuses espèces sur tous les continents.
Le lièvre a également bénéficié de l’agriculture moderne et du déboisement. Au début de la période post-glaciaire, le lièvre d’Europe était limité aux steppes d’Europe orientale et d’Asie. Aujourd’hui, il occupe l’Europe entière.
Portrait du lièvre
Le lièvre est le plus grand des lagomorphes. Le lièvre d’Europe mesure jusqu’à 80 cm pour un poids de 6,5 kg maximum.
Le lièvre arctique peut peser plus de 6 kg. Le lièvre américain ne dépasse pas les 2 kg pour les plus gros spécimens.
Les espèces du bassin méditerranéen sont les plus petites.
Le lièvre est le plus grand des lagomorphes. Image Striatic
Le lièvre mâle est appelé bouquin. La femelle est appelée hase et les petits levrauts.
Cri: le lièvre vagit.
Les lièvres, comme les lapins, sont digitigrades. Ils marchent en s’appuyant sur les doigts, la plante du pied ne reposant pas sur le sol.
Les pattes antérieures possèdent 4 doigts et les pattes postérieures 5 doigts.
Les pieds sont entièrement recouverts de poils.
Lièvre variable. Lepus timidus. Image Polandeze .
Le lièvre est le meilleur sprinter. Lorsqu’il court, il se plie en deux et fait passer ses longues pattes postérieures devant les antérieures.
Cela lui permet de faire des bonds de 2 m et d’atteindre une vitesse record de près de 80 km/h.
Il est deux fois plus rapide que le lapin.
Ses oreilles qui peuvent mesurer jusqu’à 15 cm sont très mobiles pour capter tous les bruits. L’ouïe est très développée.
Le nez possède des narines qui peuvent être ouvertes ou fermées par un repli de peau ce qui donne l’impression que le nez remue.
L’odorat est très fin.
Un sillon nu en forme de Y part du nez et rejoint la lèvre supérieure. Ce dessin est à l’origine du terme « bec-de-lièvre ».
Lièvre d'Europe. Lepus europaeus.
La proéminence des yeux et leur position très élevée sur le crâne assurent une excellente couverture visuelle.
Les lagomorphes sont munis de longues incisives dont la croissance est continue.
Le pelage du lièvre est soyeux. Sa robe est brun-roux avec le bout du nez brun-foncé à noir.
Certaines espèces nordiques, appelées lièvres variables, muent en hiver. Entièrement blanc, le pelage permet alors de se camoufler dans la neige.
C’est le cas du lièvre américain ou du lièvre arctique ainsi que de certaines espèces d’Europe du Nord.
Lièvre arctique au pelage d'été. Image Giladr
Excepté l’extrémité des oreilles qui reste noire, le lièvre devient blanc au bout d’environ 80 jours.
Ce phénomène d’homochromie (ou mimétisme des couleurs) aide le lièvre à survivre pendant l’hiver.
Il se fond mieux dans son environnement et garde une température interne idéale. En effet, le blanc réfléchit la chaleur solaire et prévient l’augmentation de la transpiration.
Au printemps, en quelques 60 jours, le lièvre retrouve sa livrée habituelle qui est beaucoup moins fournie.
Habitat du lièvre et alimentation
Le lièvre apprécie la steppe boisée ou désertique. En montagne, il affectionne les fourrés et les clairières.
On ne le rencontre guère dans les grandes forêts et il ne monte jamais au-dessus de 1 600 m.
Le lièvre apprécie les zones découvertes. Image Eschipul
Le lièvre est un casanier qui dispose d’un territoire qu’il entretient et inspecte régulièrement.
Il dispose de plusieurs gîtes qui sont souvent de simples dépressions que l’animal a approfondit.
Pour se reposer, le lièvre s’y installe en s’aplatissant à même le sol.
On dit que le lièvre « fait la motte ».
Les oreilles rabattues sur le dos, il se fond dans le paysage.
Lièvre qui se repose, oreilles rabattues sur le dos. Image Bill Burris
Quelques espèces creusent des terriers sous les climats moins tempérés ; c’est le cas du lièvre de Californie qui s’abrite des fortes chaleurs.
De même, dans la toundra arctique, les lièvres creusent des tunnels dans la neige durcie.
Lièvre de Californie. Lepus californicus. Image Wolfpix
A la tombée de la nuit, les lièvres rejoignent une zone d’alimentation appelée « zone de gagnage ».
C’est le seul moment où les lièvres de tous les sexes se côtoient.
Végétariens, les lièvres peuvent faire pas mal de dégâts dans les cultures maraîchères.
Une fois rassasié, chacun repart vers son gîte en empruntant le même chemin qu’à l’aller.
Les passages répétés ou « coulées » sont bien sûr surveillés par les chasseurs.
Mode de vie
Les lièvres sont plutôt solitaires. Ils comptent sur leur intelligence et leur vélocité pour semer les prédateurs et els chasseurs.
Il vit le plus souvent à découvert mais cela ne le rend pas plus vulnérable pour autant. En effet, le lièvre sait déjouer les menaces en combinant ruse et agilité.
Lièvre américain. Lepus americanus. Image Carly & Art
Avantagé par une ouïe très fine, il détermine son gîte en tenant compte du vent. L’endroit choisi sera fréquemment exposé à une brise légère qui lui apporte les moindres bruits.
Une autre stratégie consiste à brouiller les pistes qui mènent au gîte. Ainsi, le lièvre rentre rarement dans son terrier en ligne droite.
Pour le rejoindre, il exécute d’abord quelques sauts puis fait demi-tour et suit sa propre trace à l’envers.
Il recommence plusieurs fois avant d’atteindre son terrier d’un seul bond.
Lièvre . Image jtkerb
Le lièvre conserve ainsi l’avantage et peut fuir avant que le prédateur ne comprenne le manège.
Ce comportement semble inné et les jeunes levrauts le maîtrisent très tôt.
Bon nageur, le lièvre n’hésite pas à plonger dans un ruisseau car il sait que les chiens ne pourront plus suivre sa trace.
Les signes olfactifs jouent un grand rôle dans la communication des lagomorphes. Ils marquent leur territoire et pistent les femelles.
Le lièvre possède des glandes spéciales dites "pigmentaires". Image Susan E Adams
A cet effet, lièvres et lapins sont pourvus de glandes odoriférantes autour de l’anus. Le lièvre dispose d’autre part de glandes spéciales, dites « pigmentaires ».
Il s‘agit de deux gouttières étroites prolongeant les commissures de la bouche jusqu’aux joues.
Cet organe sert au marquage du territoire et parfume son propriétaire. Vous avez certainement déjà observé un lièvre qui se frotte les joues de ses pattes antérieures. Il active en fait la sécrétion odorante et en oint tout son corps.
Chaque individu possède sa propre odeur.
Reproduction
Durant la période des accouplements, les lièvres se livrent à de longs ballets violents pour déterminer l’ordre d’accès aux femelles.
Le mâle vainqueur courtise la hase selon un rituel élaboré, nécessaire à l’ovulation de cette dernière.
Lièvre d'Europe. Image Marco Hebing
A l’aube, les deux partenaires se font face au centre d’un groupe de bouquins qui les observent attentivement. Ils commencent par échanger leurs odeurs.
Se dressant alors sur leurs pattes de derrière, tous deux se mettent à pédaler avec celles de devant, sans cependant que les animaux se touchent.
La femelle seule décidera du moment de l’accouplement. Tant qu’elle n’est pas prête, elle maintient son partenaire à distance. Enfin consenti, le coït lui-même ne dure pas plus de 30 secondes.
La hase repousse ensuite son partenaire qui va chercher une nouvelle partenaire.
Lièvre américain en hiver
La période des accouplements dépend de la zone géographique. Cependant, les accouplements les plus nombreux ont lieu au mois de mars. La population des lièvres connaît donc un « baby-boom » au début de l’été.
La durée de la gestion varie de 30 à 42 jours selon le climat. Dans les régions froides, la gestation est plus courte afin que les bébés naissent avant l’hiver.
La saison des amours est décalée en conséquence. Par exemple, elle est très longe pour le lièvre d’Europe (de janvier à septembre) alors qu’elle se situe principalement en avril et mai pour le lièvre arctique.
Lièvre américain. Image Carly & Art
Le nombre de portées par an est directement lié au climat. Les lièvres du bassin méditerranéen peuvent avoir jusqu’à 4 portées par an de 2 ou 3 levrauts.
Les espèces qui habitent sous des climats moins cléments n’ont qu’une ou deux portées par an comptant 4 à 5 levrauts.
Lièvre d'Europe.
La fécondité des lagomorphes est liée à plusieurs spécificités physiologiques. Certaines espèces comme le lièvre d’Europe sont en mesure de concevoir une portée avant que la précédente ne soit à terme.
Ce phénomène s’appelle la superfoetation. La femelle, en fin de gestation, peut être saillie quatre jours avant la naissance de la première portée.
Entre les 36e et 40e jours après la première saillie, elle porte ses petits répartis entre les deux utérus : dans le premier, les levrauts prêts à naître, dans le second, ceux qui naîtront cinq semaines plus tard.
Le lièvre est solitaire sauf au moment de la reproduction. Image Treehouse 1977
La femelle s’occupe seule des petits. Ils naissent et vivent dans le gîte en terrain découvert. Mais, ils sont dépourvus d’odeur à la naissance.
Dès la fin de la mise bas, la mère s’éloigne du gîte, évitant ainsi de les imprégner de sa propre odeur et de révéler leur présence aux prédateurs.
Lièvre d'Europe dans la neige.
Les jeunes sont très débrouillards et plus développés à la naissance que chez les lapins. Ils sont poilus et ont les yeux ouverts. Ils sont sevrés dès l’âge d’un mois.
Ils restent ensemble les 2 ou 3 premiers jours puis se séparent dans différents gîtes. Chaque soir, ils viennent sur le lieu de leur naissance pour y recevoir la tétée qui dure moins de 5 minutes.
Le lièvre peut atteindre une vitesse de près de 80 km/h. Image L.J
Au bout d’un mois, les levrauts partent, chacun de leur côté, à la recherche d’un territoire. C’est à ce moment là qu’ils sont les plus vulnérables.
Les trois-quarts des jeunes meurent dans l’année, victimes des prédateurs, des maladies ou du climat.
Dans leur environnement naturel, la plupart des lièvres ne vivent pas plus d’un an bien que leur longévité soit d’environ 5 ans.
Le lièvre et l’homme
La myxomatose est sans effet sur les lièvres. Par contre, ils sont sensibles à de nombreuses maladies bactériennes comme la tularémie ou la pasteurellose.
L’hépatite est transmissible des lapins aux lièvres.
Le lièvre est souvent intoxiqué par les pesticides. Image Wolfpix
Vivant à découvert, les lièvres sont particulièrement touchés par les pesticides. Environ 15% des levrauts meurent intoxiqués.
Lors d’hivers rigoureux, les adultes sont affaiblis et l’usage intensif des pesticides cause une très forte mortalité.
La période de chasse en Europe a été très réduite ces dernières années car les populations ne cessent de décliner.
Dans les années 1970, 3 millions de lièvres étaient légalement tués. On est passé à 1,5 millions dans les années 1980.
Au cours de la saison de chasse de 1998/1999, le nombre s’est élevé à environ 900 000.
Slogan anti-chasse au lièvre qui peut se traduire par "N'êtes vous pas fatigué du même menu ? Elargissez un peu votre horizon !" image Jim Brickett
La fécondité des lièvres ne compense plus le taux de mortalité des jeunes.
En Amérique du Nord, on a constaté que la population fluctue de manière très importante et parfois de manière dramatique, selon le climat et la nourriture disponible ou les épidémies.
D’une manière globale, les populations sont très fragiles et doivent rester sous surveillance.
Le pika est un herbivore qui fait partie du même ordre que les lapins et les lièvres, les Lagomorphes.
Cependant, contrairement à ses cousins, il n’est pas très rapide et bondit plus qu’il ne court.
Il existe 30 espèces de pikas regroupées dans le Genre Ochotona. L’espèce la plus répandue est le pika d’Amérique (Ochotona princeps).
De la taille des cobayes, les pikas sont les plus petits des lagomorphes.
Caractéristiques générales des pikas
Les pikas vivent en Asie (Sibérie, Mongolie, nord-est de la Chine, Japon) et en Amérique du Nord (Alaska, Canada, et ouest des Etats-Unis).
Le pika vit dans un habitat inhospitalier. On le trouve sur les pentes rocheuses des montagnes, jusqu’à 5 000 m d’altitude, et dans les steppes rocheuses entourées de végétation.
Pika photographié en Inde. image Wildxplorer
Cet animal a un aspect rondouillard avec des pattes très courtes. Le pika américain pèse en moyenne 100 g.
Bien que les pattes antérieures soient courtes, elles sont puissantes. La physionomie ronde, les membres courts et un centre de gravité bas, permettent au pika une bonne adaptation aux environnements rocheux.
Contrairement au lapin ou au lièvre, le pika ne court pas et circule peu. Il se déplace par petits bonds.
Les griffes sont aiguisées.
Il ne craint pas le froid et peut sortir à des températures inférieures à – 20°C. Il peut vivre à très haute altitude. Dans la chaine de l’Himalaya, on le rencontre au-delà de 5 000 m, ce qui est un véritable exploit pour un mammifère.
Pika d'Amérique (Ochotona princeps). image Mahalie
Le pika siffle comme la marmotte, ce qui lui vaut le surnom de « lièvre siffleur ».
Pika veut d’ailleurs dire « lièvre siffleur » en tibétain.
Les populations de pikas ne sont pas en danger. Leur habitat difficilement accessible les protège.
Mode de vie
Le pika est un animal sociable qui vit en petit groupe familial dans un terrier construit parmi les rochers ou les racines.
Il fait des réserves importantes de végétaux pour passer l’hiver, mais reste actif toute l’année.
Le pika ne craint pas le froid. image Kimon Berlin
Il récolte, souvent assez loin de son terrier, de l’herbe, des tiges hautes, des morceaux d’écorce et même du bois.
Le bois lui permet d’user ses dents lorsqu’il sera contraint de rester dans son terrier en période de forte neige.
A la fin de l’été, les pikas amassent diverses plantes fourragères qu’ils font sécher au soleil, puis entassent en meules, d’où leur nom russe qui signifie entasseur de foin.
Ces meules peuvent atteindre 6 kg !
Le pika fait des réserves pour passer l'hiver. image Kimon Berlin
Le pika de Mongolie transporte même des pierres dans sa bouche afin de renforcer les meules, battues par les vents glacés.
Les meules sont dressées à découvert et font l’objet de la convoitise d’autres herbivores comme le campagnol ou le renne.
Le pika s'épanouit dans un environnement rocheux. image Mahalie
Généralement, le terrier est un abri naturel. Il se présente comme un couloir souterrain pourvu d’une ou deux ouvertures. Chaque terrier abrite un petit clan familial d’un à cinq adultes accompagnés des jeunes.
Les pikas sont diurnes et pâturent généralement de l’aube à la fin de l’après-midi.
Communication
Les pikas sont plutôt bruyants. Leurs vocalises servent à maintenir le contact entre congénères. Il existe deux types de cris aux fonctions spécifiques qui ont été identifiées.
Le pika ne court pas contrairement au lapin ou au lièvre. image Mahalie
Les mâles comme les femelles émettent des sons brefs constitués de deux notes afin de signaler la présence de leur territoire aux autres colonies, mais également pour avertir les autres de la présence d’un prédateur.
Sur un registre différent, les mâles émettent de longs sifflements durant la période de reproduction, dont le but est unique : communiquer aux femelles leur disponibilité.
Les cris des pikas sont très puissants pour de si petits animaux. On peut les entendre à deux kilomètres à la ronde.
Reproduction
Contrairement aux lapins et aux lièvres, les pikas sont monogames. Il n’y a guères de concurrence entre les mâles dans le choix des partenaires.
Le pika est monogame
A partir du mois de février, le mâle élargit son rayon d’action pour rencontrer une femelle réceptive. Le choix est rapide et l’accouplement également.
Puis, le couple partage le même domaine jusqu’à l’automne, moment où la femelle recouvre son indépendance.
Une femelle peut avoir deux portées par an avec une moyenne de trois bébés. La gestation dure en moyenne 30 jours.
Les populations de pikas sont encore abondantes. image Chrisgrier
A leur naissance, les nouveau-nés, nus et aveugles, sont totalement dépendants de leur mère. Grâce à l’attention de cette dernière dans l’élaboration du nid et à la richesse du lait, les pikas sont sevrés en 21 jours.
Leur espérance de vie sera de 3 ans.
Classification
Règne : Animalia
Phylum : Chordata
Sous-phylum : Vertebrata
Classe :Mammalia
Ordre : Lagomorpha
Famille : Ochotonidae
Genre : Ochotona
30 espèces
Les lapins, les lièvres et les pikas forment un ordre, les Lagomorphes, distinct de celui des Rongeurs bien qu’ils leur ressemblent. L’ordre des Lagomorphes (Lagomorpha) comprend 3 familles et 92 espèces.
Distinctions entre Lagomorphes et Rongeurs
Les zoologistes ont distingué les Lagomorphes des Rongeurs en raison d’une nette différenciation au niveau de la dentition. Comme les rongeurs, les Lagomorphes rongent les végétaux avec de grandes incisives à croissance permanente.
Ils n’ont pas de canines et ont un espace entre les incisives et les molaires. Ils peuvent fermer leurs lèvres dans cet espace, ce qui leur permet de ronger quelque chose sans le prendre dans la bouche.
Crâne d'un lapin de garenne. image Drow male .
Mais, ils diffèrent des Rongeurs par une seconde paire plus petite d’incisives supérieures, derrière la première paire.
Cette seconde paire d’incisives est à l’état de moignon.
Les trois familles de Lagomorphes
Les espèces sont classées au sein de trois familles dont une famille éteinte :
Leporidae :
Lapins et lièvres. 61 espèces réparties en 11 genres
Ochotonidae :
Pikas. 30 espèces réparties en un seul genre
Prolagidae :
1 seul genre et 1 seule espèce éteinte: Prolagus sardus. Le pika sarde était présent en Corse et en Sardaigne jusqu'à son extinction à la fin du XVIIIème ou au début du XIXème siècle. Les Lagomorphes sont présents dans le monde entier, de la toundra arctique à la forêt tropicale et au désert aride.
Pika d'Amérique (Ochotona princeps).
Les pikas sont les plus petits des Lagomorphes.
Grâce aux hommes, ils ont pu se répandre un peu partout, sauf dans le sud de l’Amérique du Sud. Là où ils ont été introduits, Australie et Nouvelle-Zélande notamment, ils ont souvent eu un effet dévastateur sur la faune indigène.
Caractéristiques générales des Lagomorphes
Les membres des deux familles ont des morphologies différentes. Les pikas comprennent les plus petites espèces. Rondouillards, ils ont des allures de cobayes avec un front et des pattes arrière réduits.
Les pikas pèsent moins de 500 grammes.
Pika photographié en Inde.
Ils vivent dans un habitat particulièrement inhospitalier : les montagnes et les steppes d’Asie centrale et d’Amérique du Nord.
A la différence des lapins et des lièvres, ils sont incapables de courir rapidement.
Les lapins et les lièvres sont bien plus grands. Le lièvre est le plus grand des Lagomorphes et peut peser plus de 6 kg
Les membres postérieurs sont adaptés à la course. Un lièvre peut atteindre en quelques secondes la vitesse de 70 km/h et faire un bond de 2 mètres de haut.
Lièvre américain (Lepus americanus) .
Même à cette vitesse, il peut brusquement changer de direction.
Tous les Lagomorphes ont des yeux placés sur les côtés de la tête, ce qui leur offre un large champ visuel.
Ils possèdent une ouïe très fine.
Herbivores, ils s’alimentent d’une large gamme de végétaux que beaucoup d’autres espèces trouvent indigestes comme le pissenlit ou le trèfle.
Le lapin préfère les zones couvertes de végétation contrairement au lièvre.
Ils ont de nombreux prédateurs : l’Homme, mammifères carnivores et rapaces. A l’état naturel, un lièvre ou un lapin ne survit guère plus d’un an avant d’être tué ou dévoré alors que son espérance de vie théorique dépasse 10 ans.
Différences entre lièvre et lapin
Les lièvres et les lapins sont souvent confondus. Cependant, ce sont des animaux très différents.
Les espèces ne peuvent être croisées car les lièvres possèdent 46 chromosomes tandis que les lapins en ont 44.
Lièvre d'Europe (Lepus europaeus).
Les lièvres sont plus grands et plus lourds que les lapins. Ils préfèrent les terrains découverts alors que les lapins choisissent des lisières de forêts ou tout autre terrain recouvert de végétation. Le lièvre est plutôt solitaire sauf en période de reproduction. Le lapin vit en colonies. Pour le lièvre, la gestation est en moyenne de 42 jours contre 28 à 31 jours pour le lapin.
Le lapin vit en colonies alors que le lièvre est plus solitaire.
A la naissance, les bébés lapins (lapereaux) sont nus, aveugles et sourds. Les bébés lièvres (levrauts) ont des poils, voient et entendent. Ils sont rapidement indépendants. Le lapin clapit tandis que le lièvre vagit.
Reproduction
Les Lagomorphes sont réputés pour posséder une fécondité exceptionnelle. Dans des conditions idéales, une lapine peut avoir six portées par an, comportant en moyenne 6 jeunes, soit un total de 36 lapereaux par an.
Mais, cette fécondité doit être vue comme une défense naturelle contre les prélèvements opérés par les prédateurs sauvages et bien sûr l’homme.
Ce léopard des neiges se régale d'un lapin.
C’est d’ailleurs assez ironique mais plus l’homme essaye de se débarrasser des lapins et des lièvres et plus ces dernières se reproduisent vite.
On retrouve d’ailleurs le même processus chez certains rongeurs, les rats notamment.
Le lièvre se reproduit moins vite avec au maximum 3 à 4 portées par an de 1 à 4 jeunes en moyenne.
Un jeune lapin ou lapereau.
Le fait que l’homme ait quasiment exterminé les prédateurs qu’il jugeait dangereux comme le loup ou le renard a permis aux lapins et aux lièvres de se multiplier encore un peu plus.
Les Lagomorphes sous contrôle
La parfaite adaptation de certaines espèces comme le lapin de garenne ou le lièvre variable ne doit pas masquer le fait qu’environ 37% des espèces sont sur la Liste rouge de l’UICN.
Les espèces en voie d’extinction vivent dans des régions isolées. Le lapin de Ryukyu se rencontre uniquement sur deux îles de l’archipel Amami au Japon.
Une réserve a été créée pour protéger l’espèce.
Le lapin nain est devenu un animal de compagnie.
Le lapin de Sumatra est quasiment inconnu. Une vingtaine de spécimens a été observée. Parmi les espèces menacées, citons également le lapin de l’Assam qui vit au nord de l’Inde et du Bengladesh. Cependant, d’une manière globale les Lagomorphes s’accommodent de l’activité humaine. Malgré tout, les populations ont beaucoup diminué en Europe. Au milieu des années 1970, en France, 3 millions de lièvres étaient tués chaque année. 10 ans plus tard, ce chiffre était réduit de moitié. Les populations de lapins en Europe ont été largement diminuées après l'introduction de la myxomatose dans les années 1950. En 1990, la période de chasse au lièvre a été réduite à 3 mois. Cela prouve qu’une population animale, quelle que soit sa vitalité naturelle, reste un ensemble fragile.
Classification
Règne :Animalia
Phylum: Chordata
Sous-phylum: Vertebrata
Classe :Mammalia
Ordre: Lagomorpha
Familles:
Leporidae
Ochotonidae
Prolagidae