La fabuleuse histoire de l'ecriture....

La fabuleuse histoire... - Alphabet et typographie (2)

Publié à 11:54 par acoeuretacris Tags : ecriture alphabet typographie
La fabuleuse histoire... - Alphabet et typographie (2)

 

Dès sa naissance, la typographie fut un art abouti. Le premier ouvrage imprimé de grande taille, la Bible à quarante-deux lignes dite B 42 de Gutenberg, est aujourd'hui encore considérée, valeur historique mise à part, comme un pur chef d'ouvre esthétique.

 

Quelques grands noms, essentiellement italiens et français, vont dans les premières décennies où le nouvel art va se répandre en Europe, le perfectionner et donner au livre imprimé sa forme actuelle. En matière de choix de caractères, ils vont surtout assurer la prédominance du caractère romain sur le caractère gothique.

 

Le caractère gothique de Gutenberg 
et des proto-imprimeurs

 

Lorsque l'imprimerie apparut, les premiers typographes s'appliquèrent à ne pas bouleverser les habitudes de leur clientèle naturelle : celle des manuscrits. Fort logiquement, ils s'efforcèrent d'imiter le plus fidèlement possible le travail des calligraphes.

 

Ils utilisèrent donc la lettre gothique, dans sa version Textura. Cette écriture monumentale se caractérisait par sa compression verticale, ses brisures, sa rigidité et l'opposition des pleins et des déliés.

 


Bible à 42 lignes de Gutenberg

 

Cependant, comme toute lettre trop « intellectualisée », elle avait le défaut d'être difficile à lire. En effet, dans le gothique chaque caractère individuel tend à perdre sa spécificité, ce qui ralentit bien évidemment l'oil du lecteur.

 

Par ailleurs, et afin d'imiter au mieux les manuscrits, de nombreux signes furent fondus en plus de l'alphabet de 25 lettres (nous sommes à la fin du Moyen Age). Gutenberg pour sa B 42 fondit ainsi 202 caractères différents : dix lettres 'a' plus ou moins large afin d'optimiser la mise en page, de nombreuses abréviations latines dont les copistes abusaient pour faciliter leur travail, des ligatures et des lettres de liaison (groupement plus compact de lettres).

 

L'introduction du romain en Italie :
l'ouvre de Nicolas Jenson

 

La fin du XVe siècle est marquée par la progression de l'humanisme en Europe. Le goût des premiers humanistes pour l'Antiquité, devait donner naissance à un nouveau style calligraphique appelé écriture humanistique qui reposait sur une redécouverte des capitales romaines antiques combinées à l'utilisation d'une version simplifiée de l'écriture caroline pour les minuscules.

 

On doit les premiers essais de caractères romains typographiés aux imprimeurs allemands travaillant en Italie : Conrad Sweynheym et Arnold Pannartz (1465). Ces derniers, fondirent à Subiaco d'abord, puis à Rome ensuite, un caractère romain hybride, encore imprégné de l'esprit gothique.

 


Romain de Subiaco (1465)

 

Les premiers vrais romains nacquirent à Venise. On les doit aux imprimeurs Jean et Wendelin de Spire. Leur dessin fut perfectionné par le français Nicolas Jenson (1470). Son caractère était encore assez lourd, au faible contraste entre pleins et déliés et comportait des empattements assez épais. Malgré leur couleur un peu trop uniforme, ces lettres vénitiennes n'en offraient pas moins un aspect harmonieux et homogène. 

 


Romain de Jenson (1470)

 

A la fin du XIXe siècle, lorsque William Morris décida de recréer un caractère pour combattre les horreurs typographiques de l'ère victorienne, c'est du travail de Jenson qu'il s'inspira ; Jenson est donc vraiment le père de la typographie moderne.

 

 

Vers la fin du XVe siècle, l'imprimerie n'est plus un art de pionniers, mais une véritable industrie. Le XVIe siècle va être marqué par des dynasties d'imprimeurs-éditeurs (Manuce en Italie, Estienne en France) qui vont grandement contribuer à structurer l'industrie naissante et à standardiser le livre typographié.

 

Le perfectionnement du romain : 
Alde Manuce et Claude Garamond

 

Alde Manuce allait parachever le travail de Nicolas Jenson. Imprimeur, éditeur, en bref chef d'entreprise vénitien, cet helléniste curieux et ouvert, parfaite incarnation de l'esprit de ce temps, fit graver un caractère romain tellement abouti, qu'il est encore utilisé de nos jours. Union de la capitale épigraphique romaine et de la calligraphie humanistique, ce caractère fut utilisée pour imprimer le plus illustre des incunables : l'inéstimable Songe de Polyphile (1499).

 


Romain de Manuce (1490)

 

Si on compare ce romain, gravé par Francesco Griffo, à celui de Jenson, les différences semblent de peu d'importance : répartition plus subtile des contrastes entre pleins et déliés, affinement des empattements, hauteur de capitale inférieure à l'extrémité des jambages supérieurs des minuscules. Toutefois, la couleur de la page imprimée en est transformée toute de variété et de luminosité.

 

Pendant ce temps, en Europe, étaient publiés les premiers ouvrages théoriques sur la lettre. Tous ces travaux, qu'ils soient de l'Italien Luca Paccioli, de l'Allemand Albrecht Dürer ou du Français Geoffroy Tory, reposaient sur le recours à la géométrie.


Luca Paccioli, De Divina proportione (1509)

 

Le graveur qui insufla l'esprit de ces théoriciens dans le caractère de Manuce est un français du nom de Claude Garamond (1530). Il grava pour le plus grand imprimeur de ce temps, Henri Estienne, un romain équilibré, d'une très grande lisibilité, un classique de la typographie, qui fit l'objet d'une large diffusion et fut utilisé à travers l'Europe jusqu'à la Révolution française.

 


Romain de Garamond (1530)

 

L'invention de l'italique : Alde Manuce encore

 

Alde Manuce, à qui il faut associer Francesco Griffo, est illustre également à un autre titre : c'est à lui que l'on doit l'italique, caractère penchée inspirée des écritures alors utilisées par la chancellerie pontificale.

 

Ce nouveau caractère fut utilisé par Manuce pour lancer une collection de classiques de petit format destinés aux lettrés souhaitant découvrir un ouvrage sans s'encombrer d'un appareil critique. L'italique convenait parfaitement à cette fin parce qu'elle permettait de gagner de la place mais surtout parce que son élégance le rendait très lisible dans les petits corps.

 

La normalisation typographique

 

Rapidement, le livre imprimé acquit son autonomie par rapport au livre manuscrit. Progressivement, les nombreuses ligatures qui n'avaient plus de raison d'être disparurent des livres typographiés. Les imprimeurs purent ainsi commencer à rationnaliser leur casse.

 

Cette évolution fut accompagnée d'un débat de fond sur les langues nationales et leur transcription. En France, dans les années 1530, Tory mais également Marot, Dolet et Ronsard proposèrent des réformes orthographiques, défendant par exemple l'usage des accents et de la ponctuation. Rapidement, l'orthographe française intégra des règles inspirées des recherches menées par les humanistes italiens à partir de l'étude des langues latine et grecque (les accents viennent par exemple du grec). L'aboutissment de ce mouvement fut la publication par Joachim Du Bellay de l'acte fondateur de la langue française, Défense et illustration de la langue française (1549).

 

Parrallèlement, les métiers se spécialisèrent progressivement. On a vu que Manuce ne gravait pas lui même ses caractères mais avait recourt aux services du talentueux Griffo. De même, Garamond ne nous est connu que pour ses caractères, qu'il gravait pour Estienne ou le Roi lui-même. Cette spécialisation des métiers contribua grandement à uniformiser la typographie européenne.

 

Ainsi, le plus célèbre graveur de caractères français de cette époque après Garamond, Robert Granjon, fondit des caractères pour l'Europe entière. Ce parisien d'origine, travailla longtemps à Lyon, d'où il vendait ses caractères à tous les imprimeurs européens, fut appelé à Anvers par le grand imprimeur Christophe Plantin et finit sa carrière à Rome à la demande de l'imprimerie du Vatican.



La fabuleuse histoire de l'écriture - Les Runes -

Publié à 11:34 par acoeuretacris Tags : ecriture runes
Le secret des runes 
 
Les runes, forme primitive d’alphabet, étaient gravées dans le bois, la pierre ou les métaux. Les Vikings pensaient que l’alphabet runique recélait des pouvoirs magiques.
Les origines des runes demeurent un mystère. Cependant, nous savons que d’autres peuples germaniques les utilisaient, bien avant l’ère viking.
Les runes se composent de droites qui sont plus faciles à graver que les courbes. On n'utilisait pas les runes pour écrire de longs documents.
Malgré tout, la plus longue inscription connue comporte 700 symboles.
Les historiens actuels donnent à l’alphabet runique le nom de futhark.
 
 
Utilisation des runes 
Rune provient de l’ancien scandinave « rûnar » qui signifie « écriture secrète ».  Les runes ont été utilisées par les peuples germaniques du nord de l’Europe (Grande-Bretagne, Scandinavie, Suède, Islande) entre le IIIe s. et le XVIIe s. 
Ces lignes simples étaient faciles à graver. Même sans papier, ni plume, il était possible de tailler une phrase runique dans le bois. 
 
 
Runes datés du XIIe siècle. By Mararie 
 
La plupart des quelques 4000 inscriptions qui nous sont parvenues sont cependant marquées dans la pierre, l’os ou le métal.
Il s’agit souvent de pierres tombales, portant le nom du défunt. D’autres inscriptions runiques servaient de bornes ou indiquaient le nom du propriétaire d’un coffre ou d’une arme.
 
A Rok, dans une province suédoise, on a découvert une pierre dressée par un père à la mémoire de son fils défunt. Elle comporte plus de 700 symboles ce qui en fait la plus longue inscription connue. 
 
 
Inscriptions de plus de 700 symboles. By Mararie 
 
Les runes servaient également à tenir les comptes dans le commerce. 
Avec l’avènement du christianisme, de nombreux artefacts ont été détruits. Il ne nous sera peut-être donc jamais possible de connaître la véritable origine des runes. 
 
L’origine des runes 
Officiellement, les runes ne sont apparues qu’en l’an 1. Cependant, il est certain que cette écriture est beaucoup plus ancienne.
En effet, l’écriture dite d'Hallristinger, l’ancêtre du futhark, date de la fin de la préhistoire.
 
 
 
Runes sur un vase viking. By Mararie. 
 
Plusieurs théories ont été émises sur l’origine de cette écriture mais, à ce jour, elle reste un mystère.
Elle pourrait être constituée d’un mélange d’alphabets.
 
 
Les pouvoirs magiques des runes 
Les Vikings prêtaient aux runes des pouvoirs magiques. On jetait des sorts en les gravant et on les portait sur des amulettes pour se protéger. 
Ils expliquaient l’origine des runes par les mythes. D’après la légende, ce fut Odin lui-même qui apprit le premier l’écriture, au terme d’une épouvantable épreuve.
Cette épreuve peut-être d’ailleurs assimilée à la crucifixion du Christ.
 
 
 
Les vikings prêtaient aux runes des pouvoirs magiques. By Access.denied 
 
Pour découvrir le secret des runes, Odin se pendit à Yggdrasil, le grand arbre qui reliait les trois mondes de l’univers viking, et se perça le flanc de son épieu.
Ce mythe n’est indiqué que dans une seule source, un poème intitulé Hávámal « Les Paroles du Très Haut », mentionné par l’Edda Poétique :
 
 
Je me souviens d’avoir passé/Neuf nuits entières/Pendu à l’arbre battu par les vents/
Percé par l’épieu/Livré à Odin/Livré à moi-même/
Sur cet arbre/Dont personne/Ne connaît les racines/
Sans recevoir de pain/Ni boire à la corne/Je scrutais les profondeurs/
Je saisis les runes/En hurlant je les saisis/Puis je retombais.
 
 
Ce texte assez énigmatique semblerait indiquer que les runes provenaient du royaume de Hel, Reine de la Mort dans le Niflheim. 
 
 
Runes sur une pierre datée de la période viking. By Mararie. 
 
Par les runes, Odin obtint le don de sagesse occulte. 
Le chiffre 9 avait des vertus particulières. Odin se suspendit 9 nuits pour apprendre 9 sortilèges. Ce chiffre apparaît dans tous les mythes nordiques sans que nous sachions pourquoi.
Une grande fête de 9 jours se tenait tous les 9 ans à Uppsala en Suède, au cours desquels on sacrifiait 9 individus de chaque race d’êtres vivants, y compris un être humain.
 
 
 
Inscription runique découverte en Suède. By Access.denied 
 
Bien que nous ayons peu de témoignages, les runes jouaient un rôle important dans les divinations et les sacrifices rituels, pour lesquels elles devaient être rougies de sang. 
Des runes ont été retrouvées sur des amulettes. Certaines portent des messages pour accroître leur pouvoir magique.
Un cercle de pierre de Björketorp en Suède présente une inscription qui parle de « runes de pouvoir » et invoque une malédiction sur quiconque détruirait les mégalithes.
 
 
 
Runes (U 135). By Mararie 
 
Dans les mythes islandais, les runes favorisent l’accouchement, apportent santé ou maladie, donnent la victoire aux guerriers, provoquent des tempêtes ou les calment. 
Il y a une concordance entre la sorcellerie telle qu’elle était pratiquée au Moyen Age et certaines légendes germaniques.
On pouvait par exemple jeter un sort maléfique ou bénéfique en gravant des runes sur un os, un morceau de bois ou de métal.
 
 
A Arhus, au Danemark, on a découvert une pierre runique ornée  d’un masque cornu à l’aspect plutôt démoniaque.
L’inscription indique qu’elle a été érigée par un forgeron en l’honneur d’un certain Troels, qui lui a donné « l’or et le salut ».
 
 
Le futhark 
C’est le nom attribué à l’alphabet runique d’après les sons attribués à ses six premiers caractères :f,u,th,a,r,k.
Il existait plusieurs versions différentes de cet alphabet. L'alphabet original des runes nordiques comporte 24 lettres qui représentent les 24 constellations visibles des anciens Scandinaves.
Celle des Scandinaves est la plus courte avec 16 caractères.
 
 
 
Futhark scandinave à 16 caractères 
 
Comme pour les hiéroglyphes égyptiens, chaque signe représentait un son et symbolisait  en même temps un objet ou une notion abstraite. 
Par exemple, la première rune de l’alphabet correspondait à la lettre « f » mais aussi au mot « bétail » ou « richesse ». 
 
 
 
Le nombre limité de runes posait des problèmes car certains sons n’étaient pas représentés ou étaient dédoublés. Par exemple, il n’existait pas de rune propre à « d », « g » ou « p ».
On utilisait « t », »k » ou »b ».
Certains inscriptions sont donc difficiles à traduire à cause de ces ambiguïtés.
 
 
 
L'origine des runes reste mystérieuse. By Mararie. 
 
Tiwaz (lettre t ) pouvait signifier la flèche, la fidélité ou se référer au dieu de la Guerre Ziu. 
Kaunan (lettre k) pouvait signifier  la torche ou le bateau.
 
Il y a donc une marge d’erreur dans les traductions qui ont été effectuées. 


La fabuleuse histoire de l'écriture - Ecritures africaines

Publié à 14:04 par acoeuretacris Tags : ecriture africaine
La fabuleuse histoire de l'écriture - Ecritures africaines

Berceau présumé de l’humanité, le continent africain est aussi un immense espace géographique et culturel qui vit naître, en certaines de ses régions, des écritures réputées être parmi les plus anciennement inventées sur la terre, comme les hiéroglyphes d’Égypte ou l’écriture méroïtique de la haute vallée du Nil ; s’y développèrent dès l’Antiquité d’autres systèmes, alphabétiques ou syllabiques : écritures punique et libyco-berbère, grecqueet latine, sur la bordure méditerranéenne ; écritures éthiopiennes en Afrique de l’Est ; écriture arabe à partir du VIIe siècle en Afrique du Nord, et dans les régions sahariennes, soudanaises et nigériennes islamisées ; c’est enfin une partie du monde où s’effectuent actuellement, après des essais pionniers, les expériences les plus modernes pour la transcription des centaines de langues qui y sont parlées.

 

Dans le continent africain, riche en systèmes de signes, l’écriture participe de toute représentation visuelle.

Si l'Afrique foisonne de langues - de 700 à 1 500 selon les critères généraux de distinction entre langue et dialecte - elle est riche aussi en alphabetset en systèmes de signes variés. Ces alphabets d'origine récente, ont la particularité d'être nés de l'imagination d'hommes (d'un roi parfois) dont on connaît le nom. Ils ont été très peu utilisés pour la publication.

Parmi les moyens de communication couramment utilisés, il existe de nombreux codes symboliques picturaux et graphiques. Notre civilisation, qui n'a jamais eu d'autre expérience de l'écriture que l'alphabet, a pu sous estimer l'importance des signes graphiques dans la communication. Certes, on ne parle pas d'alphabet, de ponctuation ni d'ortographe, mais d'une grammaire visuellequi organise ces signes. Le regard en reconnaît l'ordre, et c'est en inventant la lecture, pour comprendre les messages gravés, que chacun à sa manière s'engage sur la trace de l'écriture. Le signe graphique africain représente le plus souvent, un message completet non une forme phonétique isolée.

Idéographiques, pictographiquesou abstraits, ces signes nourrissent la tradition graphique et assurent la communication. Ils sont aussi la source première d'inspiration pour les inventeurs d'écritures modernes, syllabaires et alphabets, depuis le XIXe siècle.

 

 



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