Filmographie
1928 : Moran of the Marines de Frank R. Strayer : figuration (non créditée)
1928 : Chasing Husbands de James Parrott (CM) : Bathing Beauty (non créditée)
1929 : Vive la liberté (Liberty) de Leo McCarey (CM) : femme dans un taxi avec Laurel et Hardy
1929 : Fugitives de William Beaudine (CM) : figuration (non créditée)
1929 : Why Be Good? de William A. Seiter : figuration (non créditée)
1929 : Why Is a Plumber? de Leo McCarey (CM)
1929 : Close Harmony de John Cromwell et A. Edward Sutherland (non créditée)
1929 : The Unkissed Man de Leo McCarey (CM) : (non créditée)
1929 : Son Altesse Royale (Double Whoopee) de Lewis R. Foster (CM) : la blonde huppée avec Laurel et Hardy
1929 : Thundering Toupees de Robert F. McGowan (CM)
1929 : Une saisie mouvementée (Bacon Grabbers) de Lewis R. Foster (CM) : Mrs Kennedy avec Laurel et Hardy
1929 : La Cadette (The Saturday Night Kid) de A. Edward Sutherland : Hazel (non créditée)
1929 : Parade d'amour (Love parade) d'Ernst Lubitsch : femme dans une loge à l'opéra (non créditée)
1929 : This Thing Called Love de Paul L. Stein : figuration (non créditée)
1929 : Weak But Willing de William Watson (CM) : (non créditée)
1929 : Les Nuits de New York (New York Nights) de Lewis Milestone : une invitée à la fête (non créditée)
1930 : Les Anges de l'enfer (Hell's Angels) d'Howard Hughes : Helen
1931 : Les Lumières de la ville (City Lights) de Charles Chaplin : une invitée à la fête (non créditée)
1931 : Tribunal secret (The Secret Six) de George W. Hill : Anne Courtland
1931 : L'Ennemi public (The Public Enemy) de William Wellman : Gwen Allen
1931 : L'Homme de fer (Iron Man) de Tod Browning : Rose Mason
1931 : Goldie de Benjamin Stoloff : Goldie
1931 : La Blonde platine (Platinum Blonde) de Frank Capra : Ann Schuyler
1931 : Les Deux Légionnaires (Beau Hunks) de James W. Horne : Jeanie-Weenie, apparition sur une photographie
1932 : Three Wise Girls de William Beaudine : Cassie Barnes
1932 : La Bête de la cité (The Beast of the City) de Charles Brabin : Daisy Stevens / Mildred Beaumont
1932 : Scarface de Howard Hawks et Richard Rosson : la blonde au Paradise Club (apparition non créditée)
1932 : La Femme aux cheveux rouges (Red-Headed Woman) de Jack Conway : Lillian 'Lil' / 'Red' Andrews Legendre
1932 : La Belle de Saïgon (Red Dust) de Victor Fleming : Vantine
1933 : Dans tes bras (Hold Your Man) de Sam Wood : Ruby Adams
1933 : Les Invités de huit heures (Dinner at Eight) de George Cukor : Kitty Packard
1933 : Mademoiselle volcan (Bombshell) de Victor Fleming : Lola Burns
1934 : La Belle du Missouri (The Girl from Missouri) de Jack Conway : Eadie
1935 : Imprudente Jeunesse (Reckless) de Victor Fleming : Mona Leslie
1935 : La Malle de Singapour (China Seas) de Tay Garnett : China Doll
1936 : La Loi du plus fort (Riffraff) de J. Walter Ruben : Hattie
1936 : Sa femme et sa secrétaire (Wife versus Secretary) de Clarence Brown : Whitey
1936 : Suzy de George Fitzmaurice : Suzy
1936 : Une fine mouche (Libeled Lady) de Jack Conway : Gladys
1937 : Valet de cœur (Personal Property) de W. S. Van Dyke : Crystal Wetherby
1937 : Saratoga de Jack Conway : Carol Clayton
Stanislas Leszczynski ou Leczinski (prononciation francisée en [lɛgain ».">ɡzɛ̃ski]), en polonais, Stanisław Leszczyński (prononcé en polonais [sta'niswaf lɛʂ'tʂɨɲski]), né le 20 octobre 1677 à Léopol / Lwów en république des Deux Nations (actuelle Lviv, en Ukraine) et mort le 23 février 1766 à Lunéville, est un aristocrate polonais, roi de Pologne de 1704 à 1709 puis de 1733 à 1736 sous le nom de Stanislas Ier (Stanisław I) et grand-duc de Lituanie dans le cadre de la république des Deux Nations, beau-père de Louis XV (1725), duc de Lorraine et de Bar de 1737 à sa mort.
Biographie
Famille
Issu de la maison Leszczyński, une ancienne famille noble, originaire du duché de Bohême et installée en Pologne dès le xe siècle, Stanislas Leszczyński, héritier du palatinat de Grande-Pologne, reçoit une éducation soignée : formé à la littérature et aux sciences, il parle et écrit le polonais, l'allemand, l'italien, le français et le latin. Il complète sa formation en voyageant dans les grandes capitales européennes (Vienne, Rome, Paris, entre autres).
À vingt et un ans, il épouse Katarzyna Opalińska (1680-1747). De ce mariage naissent deux filles :
Anna, née en mai 1699 ;
Maria, née en juin 1703, qui épouse Louis XV en 1725 (Stanislas est donc l'arrière-grand-père de Louis XVI).
La Pologne dans le conflit russo-suédois (1697-1711)
En 1697, la diète de Pologne élit le prince électeur de Saxe Frédéric-Auguste Ier roi de Pologne sous le nom d'Auguste II. La même année voit l'avènement de Charles XII de Suède, âgé de 15 ans.
Le tsar Pierre Ier de Russie et le roi Auguste II de Pologne déclarent la guerre à la Suède, alors première puissance d'Europe du Nord. Mais Charles XII réagit avec énergie, repousse les Russes et envahit la Pologne. Il fait élire Leszczyński le 12 juillet 1704. À la suite de la défaite d'une armée russo-saxonne à Fraustadt en 1706, Auguste II est obligé d'abdiquer le trône polonais et de reconnaître Stanisław.
Mais en 1709, Charles XII est battu par Pierre Ier de Russie à Poltava. Blessé, Charles XII de Suède peut s’échapper du champ de bataille pour trouver refuge, avec l’aide des diplomates autrichiens et français, à la cour du sultan ottoman Ahmet III. Leszczyński, chassé du trône de Pologne, rejoint Charles XII, qui persuade Ahmet III d’entrer en guerre contre la Russie (novembre 1710). Le principal affrontement du conflit est la campagne du Prout en 1711. Les Russes sont encerclés et battus par les troupes turques du Grand Vizir Baltacı Mehmet Pasha, dans une bataille décisive qui se déroule à Stănilești le 18 juillet 1711. Le conflit s’achève le 21 juillet par la conclusion du traité du Pruth entre la Russie et la Turquie, à la suite de l'intervention de la femme du tsar auprès du Grand Vizir ; Charles XII et Stanislas n'ont pas pu participer aux négociations.
L'exil
En 1714, Charles XII confère à Stanislas la jouissance de sa principauté de Deux-Ponts (Zweibrücken), proche de la Lorraine. Stanislas peut y cultiver la musique et les arts, la philosophie et les sciences dans le palais baroque « aux allures orientales » qu’il fait construire et qu'il baptise Tschifflik (« maison de plaisance » en turc), en souvenir de son séjour à Bender. Lors de son séjour dans la principauté, il perd sa fille aînée Anna.
À la mort de Charles XII, en 1718, Stanislas et sa famille trouvent refuge auprès du duc Léopold Ier de Lorraine, beau-frère du Régent ; en mars 1719, après la médiation du baron Stanislas-Constantin de Meszek, ils sont accueillis sur le territoire français, à Wissembourg en Alsace.
Il loge d'abord au château Saint-Rémi puis dans un hôtel plus spacieux mis à sa disposition par le bailli de Weber qui le tenait de son beau-père, le receveur de l'ordre teutonique Jaeger. La famille vit de manière modeste, grâce à une pension de 1 000 livres par semaine octroyée par le Régent. Stanislas y vit entouré d'un cercle de courtisans de plus en plus réduit. Son entourage domestique se partage honneurs et titres de cour, désormais vides de sens, et ne cesse pourtant de se quereller pour des questions de préséances.
En 1725, le mariage surprenant de Louis XV avec la fille de Stanislas, Maria Leszczyńska, sort la famille de son triste exil et propulse de nouveau l'ancien roi sur la scène européenne.
À la mort du Régent, le 2 décembre 1723, le duc de Bourbon (Monsieur le Duc) obtint de Louis XV la charge de Premier ministre. Le Régent avait prévu que Louis XV. qui allait sur ses treize ans, épousât une infante d'Espagne, alors âgée de six ans. Cette perspective lointaine inquiétait le duc de Bourbon car, si Louis XV venait à décéder avant de s'être marié et d'avoir engendré un héritier mâle, la couronne reviendrait au fils du Régent, le jeune Louis d'Orléans (1703-1752). En effet, Louis XV avait toujours été de santé fragile et nombreux étaient ceux — notamment parmi les politiques et les diplomates — qui pensaient qu'il n'atteindrait pas l'âge adulte.
Le duc de Bourbon, membre d'une branche cadette rivale des Orléans, prince du sang et Premier ministre, ne voulait pas perdre le pouvoir. Devenu Premier ministre, il eut donc une obsession : marier le Roi et lui faire faire des enfants le plus vite possible. Un malaise dont fut pris le roi en février 1725 le convainquit de précipiter le mouvement : l'infante d'Espagne fut renvoyée à Madrid et un Conseil, tenu le 31 mars 1725, examina les différents partis possibles pour la remplacer. Poussé par sa maîtresse, l'ambitieuse marquise de Prie, il n'hésita pas à provoquer la colère de la cour d'Espagne et, parjurant la parole de la France, rompit les fiançailles afin de chercher à marier le roi adolescent à une princesse pouvant lui assurer au plus tôt une descendance.
Après avoir éliminé les princesses trop âgées ou trop jeunes et celles qui étaient liées aux Orléans (comme les filles de Léopold Ier de Lorraine), celles qui n'étaient pas d'assez haute extraction (comme la fille de Stanislas), et celles qui n'étaient pas catholiques (orthodoxes comme la fille du tsar, calvinistes ou luthériennes comme nombre de princesses allemandes), il ne restait aucune candidate.
Le duc de Bourbon proposa une de ses sœurs mais la manœuvre, trop grossière, échoua.
On « repêcha » alors la fille de Stanislas, âgée de 22 ans. Le Premier ministre ainsi que la marquise de Prie, espéraient en retour une reconnaissance éternelle qui leur assurerait la conservation du pouvoir.
Monsieur le Duc, qui était veuf depuis 1720 et sans postérité, avait envisagé d'épouser lui-même la princesse polonaise et avait fait un certain nombre d'avances en ce sens.
Lorsque fut dépêché, en février 1725, le peintre Pierre Gobert pour faire le portrait de la princesse Marie, Stanislas fut persuadé que ce projet prenait forme. Aussi, quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsque, le 2 avril, lundi de Pâques, un courrier lui apporta un pli, cacheté du sceau du duc de Bourbon, qui lui demandait sa fille en mariage au nom de Louis XV !
Marie Leszczyńska accepta immédiatement la proposition qui lui était faite. Le 27 mai, à son petit lever, Louis XV fit l'annonce officielle du mariage. Le 4 juillet, la famille vint s'installer à Strasbourg où, le 15 août, le mariage fut célébré par procuration dans la cathédrale par le cardinal de Rohan, grand aumônier de France et évêque du diocèse.
Stanislas et sa femme quittèrent Strasbourg le 22 septembre et arrivèrent le 16 octobre au château de Bourron, près de Fontainebleau, où ils retrouvèrent leur fille. Le lendemain, Louis XV vint leur rendre visite pour la première fois.
Stanislas rendit cette visite le 17 à Fontainebleau et, le 19, il partit pour Chambord où il avait été décidé qu'il s'établirait, plutôt qu'à Saint-Germain-en-Laye. Il y résida jusqu'en 1733, venant incognito, chaque automne rendre visite à sa fille. Il s'y adonnait à la chasse tout en méditant des projets de bibliothèque d'étude et d'académie qu'il allait mettre en application une fois devenu duc de Lorraine. Il eut aussi à son service le compositeur parisien Louis Homet (alors en place à Orléans, ville située à une quarantaine de kilomètres de Chambord).
Les relations de Stanislas avec Louis XV furent généralement assez froides. En présence de son beau-père, Louis XV ressentait assez durement qu'il n'avait pas épousé la fille d'une des premières familles d'Europe. Néanmoins, Stanislas était cultivé et spirituel, et s'intéressait aux sciences et aux techniques, ce qui fournissait un sujet d'intérêt commun.
L'échec de la restauration de Stanislas (1733-1734)
La mort d'Auguste II, roi de Pologne, survenue le 1er février 1733, ouvrit une crise de succession. L'empereur Charles VI et la tsarine Anne se prononcèrent en faveur de l'électeur de Saxe, Auguste III, fils du roi défunt, tandis qu'en France, mais aussi en Pologne, un parti militait pour la restauration de Stanislas. Le cardinal de Fleury n'avait guère de sympathie pour cette cause, mais ne put rien empêcher. Stanislas partit sous fausse identité pour la Pologne par voie terrestre pendant qu'un sosie, le chevalier de Thianges, prenait ostensiblement la mer à Brest sur un navire français. Stanislas arriva à Varsovie le 8 septembre 1733 et fut élu roi de Pologne et grand-duc de Lituanie par la diète dès le 12 septembre.
Mais les adversaires de Stanislas avaient déjà commencé à prendre les armes. Dès son élection, la Russie envoya des troupes et, le 22 septembre, Stanislas dut se réfugier à Dantzig (Gdańsk) pour y attendre de l'aide ; de son côté, le 5 octobre, Auguste III était proclamé roi à Varsovie.
Le 10 octobre, Louis XV, ne pouvant s'en prendre à la Russie, difficile à atteindre, déclara la guerre à son allié, l'empereur Charles VI, marquant le début de la guerre de Succession de Pologne.
Pour éviter de s'aliéner les puissances neutres, le cardinal de Fleury n'envoya que de faibles renforts à Stanislas, assiégé à Dantzig par les troupes russes à partir de février 1734 et soumis à un incessant pilonnage d'artillerie. Il se borna à dépêcher quelques bateaux portant environ 2 000 hommes. Ceux-ci finirent par débarquer fin mai avec à leur tête le comte de Plélo qui fut tué. Stanislas, dont la tête avait été mise à prix, dut s'évader sous un déguisement le 27 juin, aidé par un agent secret de Louis XV, le chevalier de Béla ; après diverses aventures, il atteignit la Prusse le 3 juillet, à Marienwerder (Kwidzyn), sur la rive orientale de la Vistule. Dantzig capitula le 9 juillet.
Sitôt reconnu, Stanislas bénéficia de l'hospitalité de Frédéric-Guillaume Ier, qui l'installa au château de Königsberg. Il s'y lia d’amitié avec le prince héritier Frédéric, le futur Frédéric II de Prusse, avec lequel il entretint une abondante correspondance.
Pendant ce temps, en quelques mois de combats, la France prenait l'ascendant sur l'Autriche de Charles VI.
Duc de Lorraine et de Bar (1736)
Charles VI se trouvant dans une situation militaire délicate offrit à Louis XV de négocier un traité de paix. Le cardinal de Fleury y vit l'opportunité de contrôler enfin les duchés de Lorraine et de Bar qui, quoique pris en tenaille par les possessions françaises (trois évêchés : Toul, Verdun, Metz, route d'Alsace), gênaient les communications entre Paris et l'Alsace, le duc de Lorraine et de Bar étant ouvertement favorable à l'Empereur dont il devait épouser la fille aînée et héritière, Marie-Thérèse d'Autriche.
Après des négociations difficiles, le duc de Lorraine refusant d'abandonner ses sujets et son patrimoine, il fut convenu le 3 octobre 1735, dans un accord appelé « les Préliminaires de Vienne », que Stanislas recevrait en viager les duchés de Lorraine et de Bar qui reviendraient à la France à sa mort, le duc de Lorraine François III (futur Empereur François Ier) recevant à titre de compensation le grand-duché de Toscane au décès du grand-duc régnant. François III, réticent mais contraint par l'Empereur, signa le 24 septembre 1736 l'acte de cession du duché de Bar mais attendit jusqu'au 13 février 1737 pour renoncer au duché de Lorraine.
Entre-temps, le 5 mai 1736, Stanislas avait quitté Königsberg pour s'installer le 4 juin au château de Meudon.
Après avoir abdiqué officiellement le trône de Pologne, le 30 septembre, il fut contraint par les ministres de Louis XV, de signer une déclaration secrète, appelée « déclaration de Meudon », par laquelle il déclarait ne pas vouloir se « charger des embarras des arrangements qui regardent l'administration des finances et revenus des duchés de Bar et de Lorraine » Stanislas s'en remettait au roi de France, qui entrait en possession des duchés « dès maintenant et pour toujours ».
En compensation, Stanislas recevait une rente annuelle de 1 500 000 livres, qui serait portée à 2 millions au décès du grand-duc de Toscane. Stanislas s'engageait à nommer « un intendant de justice, police et finances … ou autre personne sous tel titre et dénomination qu'il sera jugé à propos, lequel sera choisi de concert avec S.M. Très-Chrétienne. Ledit intendant ou autre exercera en notre nom le même pouvoir et les mêmes fonctions que les intendants de province exercent en France. » Stanislas agréa, avec le titre de chancelier, le 18 janvier 1737, le beau-frère du contrôleur général Orry, Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, qui avait été proposé par le cardinal de Fleury. Celui-ci prit possession au nom de Stanislas, le 8 février 1737 du duché de Bar et le 21 mars de celui de Lorraine.
Stanislas fut fraîchement accueilli par la population lorraine, très attachée à la famille ducale, et son intendant Chaumont de la Galaizière fut unanimement haï et demeure un personnage à l'image noire dans la mémoire des Lorrains.
Le 30 mars à Versailles, Stanislas et sa femme prirent congé de Louis XV, et le roi vint leur rendre visite le lendemain.
Le 1er avril, Stanislas partit pour la Lorraine et arriva dès le 3 avril à Lunéville que la duchesse douairière (sœur du défunt régent) et ses filles (que le duc de Bourbon avait dédaignées), venaient de quitter pour Commercy dont elle recevait la souveraineté en viager.
Stanislas dut loger chez le prince de Craon, puisque François III était parti avec l'ameublement de ses châteaux et que Louis XV n'avait pas pris soin de pourvoir ce beau-père qu'il méprisait.
La reine Catherine le rejoignit le 13.
Le 25 mai et le 1er juin, Stanislas promulgua les édits créant son Conseil d'État et son Conseil des Finances et Commerce, sur des bases étroitement dérivées du système en vigueur en France : il s'agissait, surtout, d'accoutumer — non sans brutalité — les Lorrains à devenir français.
Stanislas n'avait donc aucun réel pouvoir politique, mais néanmoins il n'est pas resté inactif en Lorraine, en ce qui concerne notamment la fondation de la Bibliothèque Royale de Nancy, de la Société Royale des Sciences et Belles-lettres ou encore de la Mission royale, monuments…
Un prince philosophe et mécène des Lumières (1737-1766)
Chaque automne, Stanislas Leszczynski et sa femme quittaient le duché de Lorraine pour rendre visite à leur fille à Versailles. Passant le plus clair de leur temps à la cour, ils rejoignaient le soir le Grand Trianon qui était mis à leur disposition pendant la durée de leur séjour.
À Nancy, le duc de Lorraine n'avait guère de pouvoir, mais il jouissait de revenus confortables. Il voulut chercher à marquer l'histoire en entretenant une cour brillante et en protégeant artistes et gens de lettres. Il créa la Bibliothèque royale de Nancy, publique (1750), et la Société Royale des Sciences et Belles-lettres, qui prit bientôt le nom d'Académie de Nancy. Cette dernière devait à la fois diffuser les connaissances, promouvoir la langue française ainsi que la tolérance religieuse et politique du siècle des Lumières.
Rappelons que la Lorraine est un vrai État administratif bien avant le rattachement définitif à la France. Le chancelier, représentant le souverain français, a pris la tête de cette administration performante et y accomplit réformes et ajustements. La langue de la haute justice et administration était le français (sauf en Lorraine allemande et cela jusqu'en 1748), mais les populations parlaient surtout une variété de dialectes lorrains.
Favorable à la liberté et à la séparation des pouvoirs, Stanislas, quoique profondément croyant, se tint à l'écart des excès de tous les fanatismes, religieux ou athées comme le montre son essai philosophique : L'Incrédulité combattue par le simple bon sens (1760).
Dans ses États, il mit en place des initiatives sociales en avance sur son temps : écoles, hôpitaux, bibliothèques publiques, greniers collectifs, secours aux plus démunis, etc. Il jeta même les bases d'une cité idéale inspirée de ses propres réalisations dans l'Entretien d'un Européen avec un insulaire du royaume de Dumocala (1752). Il signa « le Philosophe bienfaisant » une série d'essais philosophiques bien dans l'esprit des Lumières, comme Le combat de la volonté et de la raison (1749).
Il dota sa capitale, Nancy, du magnifique ensemble édifié autour de l'actuelle place Stanislas par l'architecte Emmanuel Héré : une grande place oblongue, dite « place neuve de la Carrière », réunit la vieille ville à la ville neuve. Elle communiquait avec la place Royale (aujourd'hui « place Stanislas »), créée en l'honneur de son gendre Louis XV. Inaugurée en novembre 1757, elle est entourée d'immeubles magnifiques et close de grilles dorées, chefs-d'œuvre de ferronnerie de Jean Lamour. Le centre de la place est occupé depuis 1831 par une statue de Stanislas, qui a remplacé celle de Louis XV, enlevée sous la Révolution française. Stanislas fit également édifier l'église Notre-Dame de Bonsecours, l’hôtel des Missions Royales, les places d’Alliance et de la Carrière et encore les portes Saint-Stanislas et Sainte-Catherine.
Par donation de 100 000 francs pris sur sa cassette personnelle, il participa à la reconstruction de la ville de Saint-Dié, partiellement détruite par un incendie en 1757.
Stanislas installa plusieurs résidences royales (châteaux de Commercy, La Malgrange, Jolivet et Einville) et fit transformer le château de Lunéville surnommé le Versailles lorrain. Le parc fut entièrement réaménagé par l’architecte Emmanuel Héré qui orna les jardins de fabriques : kiosque d’inspiration turque, pavillon du Trèfle au toit en forme de « chapeau chinois », maisonnettes (« les Chartreuses »), théâtres de verdure, fontaines, pavillon de la Cascade, pavillon de Chanteheux, et un Rocher qui mettait en mouvement des automates dans un décor pastoral. Passionné par l'art sous toutes ses formes, le roi gastronome aurait inventé le baba au rhum à Lunéville.
« À cette cour de Lunéville qui brillait d'un si vif éclat qu'elle semblait un reflet de la cour de Versailles, […] la première place revient à Mme de Boufflers qui, après la mort de Catherine Opalińska, reine de Pologne, ne quitta plus que rarement la cour de Lorraine, dont elle faisait les honneurs au nom du roi, et cela, au grand déplaisir du RP Menoux, confesseur de Stanislas. »
Louise-Adélaïde de Bourbon, princesse de la Roche-sur-Yon, et Marie-Thérèse de La Ferté-Imbault se rendent à la cour de Lunéville et Stanislas tombe amoureux de cette dernière, la demandant en mariage. Toutefois le mariage ne se fera pas, mais le vieux roi continuera à adresser des lettres enflammées à la marquise de La Ferté-Imbault, fille de Madame Geoffrin.
Stanislas devient le parrain de son arrière-petit-fils, le comte de Provence, le 18 octobre 1761. Il est toujours vivant à la naissance de son arrière-arrière-petite-fille, Marie-Thérèse d'Autriche (1762-1770), fille du futur Joseph II du Saint-Empire.
Âgé de quatre-vingt-huit ans, il meurt à Lunéville le 23 février 1766 au terme d'une longue agonie. En effet, âgé et très imposant, il est grièvement brûlé le 5 février lorsque sa robe de chambre prend feu accidentellement devant la cheminée de sa chambre, au moment où il veut raviver la braise. Le lendemain de sa mort, on embaume le corps. Conformément à son vœu, ses entrailles et son cœur sont aussitôt transportés en un cénotaphe de l'église Saint-Jacques de Lunéville où ils reposent jusqu'à la Révolution française. Son corps est inhumé dans un cercueil en plomb surmonté d'une couronne et de deux sabre au centre de la crypte de l'église Notre-Dame de Bonsecours de Nancy, un monument funéraire est construit derrière l'autel de l'église face à celui de sa femme.
Son décès permet l'annexion de la Lorraine par le royaume de France avec la création du Grand-gouvernement de Lorraine-et-Barrois.
Jean-François Paul de Gondi, plus connu sous le nom de cardinal de Retz [ʁɛ], né le 20 septembre 1613 à Montmirail et mort le 24 août 1679 à Paris, est un homme d'État, homme d'Église et écrivain français. Il est notamment connu pour ses Mémoires.
Biographie
Famille
Neveu de Jean-François de Gondi, premier archevêque de Paris, il naît dans une famille de petite noblesse florentine, qui a suivi Catherine de Médicis lors de sa venue en France. Son père Philippe-Emmanuel de Gondi a été le protecteur de Vincent de Paul, qui demeure chez lui de 1613 à 1617. Sa mère, Françoise-Marguerite de Silly (1584-1625), était la fille d'Antoine de Silly, gouverneur d'Angers et ambassadeur de France en Espagne et de Marie de Lannoy, descendante de Raoul de Lannoy, chambellan du roi de France et gouverneur de Gênes.
Ses frères sont Pierre de Gondi, duc de Retz, et Henri de Gondi ; ce dernier, destiné à une grande carrière d'ecclésiastique, meurt prématurément lors d'une partie de chasse.
Une formation à la carrière ecclésiastique
Après la mort de son frère aîné, le jeune Gondi est entraîné dans la formation cléricale, bien qu'il n'en ait ni le goût — il rêve de se couvrir de gloire sur les champs de bataille — ni les dispositions — il se sent incapable de respecter le vœu de chasteté. (au 17e siècle un ecclésiastique ne fait pas de vœu de chasteté, mais de célibat, seules les religieuses font vœux de chasteté) D'un esprit curieux, il étudie la théologie, lisant également Salluste et Plutarque. Son inclination pour les conspirations le pousse à écrire, à l'âge de vingt-cinq ans, un récit historique intitulé La Conjuration du comte de Fiesque, qu'il composa en 1639 d'après l'historien italien Agostino Mascardi.
En novembre 1643, à la mort de Louis XIII, il est ordonné prêtre puis nommé coadjuteur de son oncle. Peu après, le 31 janvier 1644, il est consacré évêque et reçoit l'évêché in partibus de Corinthe. Très vite, il se rend populaire par l'éloquence de ses sermons, sa générosité en matière d'aumônes, ses amitiés avec « les Grands », comme les Rohan, et ses accointances avec le parti dévot. Possédant un réseau d'alliances très développé, il jouera un rôle fondamental dans l'épisode de la Fronde (1648-1653).
Le coadjuteur, frondeur
Par ambition, par désir d'obtenir la barette cardinalice, par goût naturel pour l'intrigue et par opposition politique au ministériat et à la monarchie absolue, il se lance dans la Fronde dès son début. Il tente au départ de s'imposer comme médiateur entre la reine et les parlementaires rassemblés en chambre Saint-Louis. Anne d'Autriche le congédie sans ménagement, et jette ainsi le coadjuteur dans le camp des Frondeurs. Après l'échec de la paix de Rueil et celui de la paix de Saint-Germain, il tente d'organiser la révolte en lui donnant un chef. Le Grand Condé refuse ce rôle. Gondi doit se rabattre sur son frère cadet, le prince de Conti, qu'il juge pourtant « un zéro qui ne multipliait que parce qu'il était prince du sang ».
Quand les régiments de l'armée d'Allemagne désertent en mars 1649, bien que leur chef Turenne reste avec la Fronde, Gondi « sent le vent tourner ». Il négocie en hâte avec la reine un codicille, réservant honneurs et places à lui-même et à ses amis. Cependant, Mathieu Molé, président du Parlement de Paris, divulgue le contenu du codicille, faisant ainsi brusquement chuter la popularité du coadjuteur.
Quand, après la Fronde parlementaire, Condé est trouvé trop puissant, la régente ne peut que se tourner vers Gondi et sa puissante coterie. Grâce à sa maîtresse, Charlotte de Lorraine, fille de la duchesse de Chevreuse, le coadjuteur s'est retrouvé conseiller intime de Gaston de France, oncle du roi. La reine le rencontre au cloître Saint-Honoré. Gondi accepte de faire défection, en échange du chapeau de cardinal tant convoité. Les princes sont arrêtés le 18 janvier 1650.
Le 25 novembre, néanmoins, après avoir transféré les princes au Havre, hors de portée de Gondi, Mazarin lui refuse la barrette. De nouveau, Gondi se retourne, entraînant Gaston de France avec lui. Après avoir réclamé le renvoi de Mazarin, il est informé que la reine va emmener le roi à Saint-Germain, où a fui le cardinal. Il ameute la foule, qui va au Palais-Royal vérifier que le roi est bien dans son lit. Deux meneurs surveillent le sommeil royal. Louis XIV ne pardonna jamais cette humiliation au coadjuteur. Gondi devient en 1651 abbé commendataire de l'abbaye Notre-Dame de la Chaume de Machecoul, à la suite de son oncle Jean-François de Gondi.
Le cardinal et la chute
Le 19 février 1652, Gondi, grand adversaire de Mazarin, obtient enfin le chapeau de cardinal des mains du pape Innocent X. Quand le roi rentre à Paris en octobre 1652, l'un des premiers gestes de Mazarin est de faire jeter en prison le tout nouveau cardinal : celui-ci est mené à Vincennes le 19 décembre.
Le 21 mars 1654, son oncle, l'archevêque de Paris, meurt. Retz est toujours en prison, malgré l'intercession de ses amis et même du pape. Retz signe une renonciation suffisamment vague pour être dénoncée aussitôt après. Placé en résidence surveillée au château de Nantes, il s'en échappe grâce à une corde dissimulée sous sa simarre. Furieux, Mazarin déclare vacant l'archevêché, et Retz gagne l'Espagne, puis Rome. Il nomme des vicaires qui parviennent à administrer le diocèse pour lui. En 1655, Alexandre VII succède à Innocent X. Mazarin le dépeint au pape comme un janséniste endurci. Alexandre VII, élu en partie grâce à l'appui de Retz, nie le tout vivement.
Pendant ses années d'exil, Gondi, après sa fuite du château de Nantes, vient se réfugier à Belle-Île-en-Mer qu'il a héritée de son grand-oncle, Albert de Gondi. En difficulté, il consent à vendre Belle-Île au surintendant Nicolas Fouquet pour environ « quatorze cent mille livres ». Fouquet achève ce que son prédécesseur a commencé, à savoir l'agrandissement de la citadelle dans la commune du Palais.
Le cardinal de Retz se réfugie par la suite dans son château de Commercy, centre de la principauté qu'il avait héritée de sa mère en 1640.
Retz voyage alors en Europe, s'intéressant à la politique locale. Il prend ainsi parti en faveur des Stuarts. Quand Mazarin meurt en 1661, Retz espère rentrer en grâce, sous-estimant la rancune de Louis XIV. En 1662, il se résigne à renoncer à son siège, mais obtient en échange l'abbaye de Saint-Denis, un bénéfice considérable. Il empêche Alexandre VII d'excommunier le Parlement de Paris, qui a rejoint la Sorbonne dans son combat contre l'infaillibilité pontificale. Il peut regagner Paris en 1668 et continue à se mêler de politique, mais uniquement des affaires entre Paris et Rome. Il prend part aux conclaves de Clément IX et Clément X, et attire quelques suffrages sur sa tête en 1676.
Retz meurt le 24 août 1679, après s'être retiré dans son abbaye de Saint-Denis. Il y est inhumé, mais Louis XIV interdit qu'on dresse une plaque commémorative mentionnant son nom.
Retz, mémorialiste
Le cardinal de Retz reste connu pour ses Mémoires, rédigés entre 1675 et 1677 et publiés seulement en 1717, soit quarante ans après leur rédaction. Le sous-titre en est :
« Contenant ce qui s'est passé de plus remarquable en France, pendant les premières années du Règne de Louis XIV »
À leur sortie, les Mémoires sont publiés à Nancy (capitale du duché de Lorraine) et à Amsterdam.
Retz y raconte, d'une plume spirituelle et sous forme romancée, son implication dans la Fronde. Considérés comme un des plus grands chefs-d'œuvre du xviie siècle, ses Mémoires sont souvent comparés à ceux du duc de Saint-Simon.
Postérité
Le photographe Henri Cartier-Bresson a mis en exergue de son ouvrage Images à la sauvette une phrase des Mémoires :
« Il n'y a rien dans le monde qui n'ait son moment décisif, et le chef-d'œuvre de la bonne conduite est de connaître et de prendre ce moment. »
Œuvres
Œuvres complètes, publiées par Jacques Delon aux éditions Honoré Champion :
t. I. Œuvres oratoires, politiques et religieuses, 2005.
t. II. Discours philosophiques. Controverses avec Desgabets sur le cartésianisme, 2005.
t. III. Correspondance. Affaire du cardinalat, 2005.
t. IV. Correspondance. Lettres épiscopales, 2005.
t. V. Correspondance. Affaires d’Angleterre et Affaires de Rome, 2007.
t. VI. Correspondance. Affaires privées. Textes établis, avec introduction, notes, bibliographie, reproduction de manuscrits, illustrations, index des noms de personnes, index des noms de lieux, 2009.
t. VII. Conjuration de Fiesque et Pamphlets, 2011.
t. VIII. et IX. Mémoires, 2015.
t. X. La langue du Cardinal de Retz, 2018.
Armoiries
Armes | Blasonnement |
| D'or, à deux masses d'armes de sable, passées en sautoir et liées de gueules. |
Généalogie
Il est le fils de Philippe-Emmanuel de Gondi, comte de Joigny, marquis de Belle-Île, baron de Montmirel, seigneur de Dampierre et de Villepreux, général des Galères de France, et de Françoise Marguerite de Silly (1584-1625), dame de Commercy (voir le paragraphe Généalogie ci-dessous).