Monde : France
René Johannan Samuel Lisbonne, né à Paris 9e le 6 octobre 1881 et mort au camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin) le 28 juillet 1943, est un éditeur et résistant français.
Biographie
Il codirige la maison d'édition de son oncle Félix Alcan, qui porte à partir de 1910 le nom d'Éditions F. Alcan — R. Lisbonne. Avec plus de 20 000 ouvrages en catalogue, elle constitue au début du XXe siècle le principal fonds littéraire français. Un grand nombre d'auteurs majeurs de l'époque y furent publiés dont notamment Henri Bergson, Émile Durkheim et Pierre Janet. C'est l'une des quatre maisons d'édition qui donnent naissance aux Presses universitaires de France, où René Lisbonne est directeur de collection jusqu'en 1940, date à laquelle la loi lui interdit d'exercer parce que juif.
Au cours de la Première Guerre mondiale, il combat comme officier : il commande en tant que capitaine le 5e Bataillon du 254e R.I. en mai 1916 à Cumières-le-Mort-Homme.
Il est l'un des principaux animateurs avec Edmond Bloch de l'Union patriotique des Français israélites, une association fondée en 1934 .
Au début de la Seconde Guerre mondiale, il sert à nouveau dans l'armée régulière puis il entre en résistance et rejoint le réseau Marco Polo. Il est chargé d'organiser le regroupement et l'acheminement clandestins des Belges et des Hollandais pour rallier les Forces combattantes alliées. Il est arrêté par la Wehrmacht le 19 mars 1943 à Châteauneuf-les-Bains, puis interné au mitard de « La Mal Coiffée » de Moulins-sur-Allier (prison allemande) et à Fresnes. Il est déporté depuis Paris le 11 juillet 1943 à destination du camp de concentration de Natzweiler-Struthof sous statut Nacht und Nebel, matricule 4505. Il meurt sous les morsures des chiens et les coups du gardien SS Franz Ehrmanntraut, que les déportés appelaient le « veneur rouge » parce qu’il lançait contre eux sa meute de chiens et surnommé aussi "Fernandel" par les prisonniers français à cause de sa ressemblance physique avec l'acteur.
René Lisbonne avait épousé en 1911 Marthe Netter, la fille du professeur Arnold Netter et de son épouse Esther Jeanne Lang. Il est le père de l'avocat et juriste Jean Lisbonne (1912-2004).
Pierre Desproges, né le 9 mai 1939 à Pantin et mort le 18 avril 1988 à Neuilly-sur-Seine, est un humoriste français réputé pour son humour noir, son anticonformisme et son sens de l'absurde.
Célèbre pour son humour grinçant, mis en valeur par une remarquable aisance littéraire, Pierre Desproges s'est illustré avec des thèmes souvent évités par les autres humoristes de son époque, prenant à contre-pied certaines positions convenues dans la société. Il est notamment considéré comme l'auteur de la maxime suivante : « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde ».
Journaliste à L'Aurore, il débute à la télévision sur TF1 dans l’émission de Jacques Martin, Le Petit Rapporteur. À la radio, il est notamment le procureur fantasque du Tribunal des flagrants délires sur France Inter. Auteur de spectacles, il a aussi présenté l'émission humoristique La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède sur FR3.
Adolphe Lalyre ou La Lyre, pseudonyme d’Adolphe Lalire, né à Rouvres-en-Woëvre en 1848 et mort à Courbevoie en 1933, est un peintre français .
Reçu premier à l'École des beaux-arts de Paris en 1875, Adolphe Lalyre expose au Salon des artistes français chaque année entre 1876 et 1929. Débutant avec des compositions religieuses, à l'image de Sainte Cécile martyre, Sainte Geneviève et Sainte Clotilde, il peint ensuite de nombreuses naïades, lui valant le surnom de « peintre des sirènes », et des nus féminins, sous l'influence de Jean-Jacques Henner.
Ayant découvert le Cotentin en 1872, il s'installe à Carteret dans une villa qu'il fait bâtir et qui prend le nom de « château des sirènes ». À la demande du curé de Carteret, il dessine également les vitraux du chœur de l'église Saint-Germain, détruits en 1941.
Sociétaire de la Société des artistes français à partir de 1880, il reçoit une médaille à l'Exposition universelle de 1889 et à celle de 1900 à Paris.
Inspiré par la mode de l'époque de l'Art nouveau et du symbolisme, par les mythes revisités par Offenbach, il peint les femmes fatales, « rousses opulentes aux croupes prometteuses », à la « beauté laiteuse ». Pour Gérald Schurr et Pierre Cabanne, il « peint avec fougue et une hâte excessive des groupes de nudités en mouvement dont les lourdeurs d'écriture ou de pâte sont parfois contestables ».
Critique d'art, il publie en 1910 Le Nu féminin à travers les âges.
Il meurt à Courbevoie où se situait son atelier.
15 janvier 2016
HistoriquesCitroën, citroen DS, DS, michelin, prototype, V8, voiture d'essaialexrenault
Michelin est une entreprise qui a l’innovation dans ses gènes, le fabriquant clermontois de pneumatiques ne cesse de tester de nouvelles solutions, quelque soit le domaine dans lequel il est présent. Et justement, le pneumatique de poids-lourds lui pose soucis pour tester les pneumatiques à haute vitesse, la solution : une voiture hors du commun, la DS « mille-pattes »…
En inventant le pneu démontable pour bicyclette au début des années 1890, Michelin ne savait alors pas qu’il allait devenir un important acteur de l’automobile en France. En dupliquant le pneumatique à l’automobile alors naissante, Michelin devenait le premier acteur à engager en compétition une voiture sur pneumatiques en 1895. Plus tard, les pneus Michelin aident la Jamais contente à passer le mur des 100km/h ! Puis dans les années 1930, Michelin prend possession de Citroën et lance le projet TPV qui donna naissance à la 2CV en 1949, la même année, le pneu radial inventé par Michelin était commercialisé et révolutionnait le marché !
Michelin était une marque en quête d’innovation, pour cela, l’entreprise construit en 1965 un important complexe au nord de Clermont-Ferrand comportant un circuit et diverses pistes d’essais pour tester les pneumatiques dans toutes les conditions possibles et imaginables : pistes rapides, routes accidentées, virages, routes mouillées… Michelin se dote par la même occasion d’un impressionnant parc automobile de test, de la simple 2CV jusqu’aux voitures de sport parmi les plus prestigieuses comme une Porsche 904 !
Mais Michelin ne se cantonne pas qu’aux pneumatiques de voitures, l’entreprise est également présente sur le secteur du poids-lourds, pour tester ces pneumatiques en condition et à haute vitesse, Michelin se rend rapidement à l’évidence qu’il faut construire des prototypes spécifiques. Ainsi, Michelin construit sur la base d’un camion Willème un véhicule profilé avec une cabine de DS, lequel est capable de rouler au delà des 150km/h. Après quelques années de service, Michelin souhaite désormais réaliser un véhicule laboratoire et part d’une page blanche pour concevoir la DS Mille-Patte.
La conception de cette voiture laboratoire débute au début des années 1970, avec un cahier des charges qui met en avant la vitesse pour rouler à plus de 150km/h. Pour cela, Michelin conçoit un châssis spécifique qui accueille dans sa partie arrière deux moteurs V8 Chevrolet de 5,7 litres et développant 200Cv chacun. Les deux moteurs ne sont pas de trop car le prototype sera tout sauf léger car pour accueillir un pneumatique de poids lourd en son centre et l’ensemble des machines pour les tests, le châssis mesure 7,5 mètres de long pour 2,45 mètres de large !
Ce prototype est recouvert d’une carrosserie extrapolée de la DS Break, qui fut choisi pour son côté aérodynamique. Et pour répartir le poids de la voiture, pesant 9.150kg, il se dote de dix roues sans compter le pneu de poids lourd en test. Ce pneumatique pouvait d’ailleurs se relever pour opposer moins de résistance quand la voiture essayait d’atteindre sa vitesse de pointe, et s’abaisser pour être en contact avec la route lors des phases de tests, qui pouvaient se faire jusqu’à 180km/h, la vitesse maximale enregistrée par la voiture. Et tests oblige, ce pneu était sous carénage pour éviter tout dommage à l’intérieur du prototype en cas d’explosion du pneu.
Originellement peinte en blanc, la DS Mille Patte (nommée officiellement DS PLR pour Poids-Lourds Rapide) peut faire office de vecteur publicitaire tout aussi bien pour Michelin que pour Citroën (alors propriété de Michelin, le prototype se voit donc rapidement repeint de couleurs vives, en jaune et orange. Et après une longue carrière sur les pistes de Ladoux, la DS Mille-Patte a pris sa retraite depuis bien longtemps, et heureusement pour nous, Michelin a décidé de conserver ce véhicule, aujourd’hui visible dans son musée de Clermont-Ferrand.
Dégustation d'armagnac.
Les vieux armagnacs se boivent le plus souvent comme digestifs à la fin du repas, purs. Il est conseillé de le déguster à température ambiante, de préférence dans de petits verres (de 6 à 9 cℓ) au col un peu refermé (pour concentrer les arômes) ; même s'il est possible de chauffer le verre dans le creux de la main, parfois en couvrant le verre de l'autre main pour concentrer encore plus le « nez » de l'eau-de-vie. Les différences de terroirs (terrains, assemblage des cépages, façon de distiller et surtout d'élever l'eau-de-vie) entre les trois zones de production de l'armagnac donnent des produits avec des réputations différentes : les bas-armagnacs plutôt fruités (le pruneau), les ténarèzes plus corsés (plutôt les épices et un peu de violette) et les haut-armagnacs plus rustiques. À l'expérience, il est préférable de déguster les eaux-de-vie brunes à une température de 16−17 °C. En effet, plus « chambré », on ressent les effets négatifs de l'alcool. Mettre son nez dans la partie haute du verre lorsque l'on tient celui-ci incliné, on apprécie ainsi plus la finesse et moins l'effet alcool.
Les armagnacs blancs peuvent se boire purs comme tous les eaux-de-vie blanches, ils peuvent être refroidis par un passage au réfrigérateur ou en les servant avec des glaçons (on the rocks) ou ils peuvent être allongés (long drink) d'eau plate ou gazeuse, de soda ou de jus de fruits pour en faire des cocktails.
L'armagnac entre dans la composition d'autres boissons : l'AOC floc de Gascogne est une mistelle (vin de liqueur) fabriquée en mélangeant quatre cinquièmes de moût de raisin avec un cinquième d'armagnac (jeune), en blanc comme en rosé (en fait franchement rouge).
Plusieurs liqueurs sont proposées à base d'armagnac, avec des extraits d'orange (marques « pousse-rapière », « liqueur des mousquetaires », « Grande Josiane » ou « Mousquet », utilisées en cocktail avec du vin mousseux), de vanille (« Esprit d'Armagnac ») ou de la crème (« cassagnac », inspiré des Irish Cream).
Le brûlot d'Armagnac est un flambage d'armagnac blanc dans du sucre. Le « trou gascon » est l'équivalent du trou normand, mais avec de l'armagnac (plus une liqueur ou de la glace au pruneau).
Enfin, les autres usages culinaires des armagnacs sont notamment de servir à parfumer des pâtisseries (le pastis gascon, appelé aussi tourtière ou croustade), en conserverie (les pruneaux à l'armagnac), pour faire flamber un plat (par exemple un salmis de palombe), pour relever une sauce ou pour faire une marinade.
L'armagnac est une eau-de-vie de vin produite dans les départements français du Gers, des Landes et du Lot-et-Garonne, avec des dénominations géographiquement plus restreintes : le bas-armagnac, l'armagnac-ténarèze (ou ténarèze) et le haut-armagnac mention blanche-armagnac (ou armagnac blanc) partage la même aire de production, mais avec un cahier des charges un peu particulier. Toutes ces dénominations doivent leur nom à l'ancienne province d'Armagnac, qui constitue une partie du vignoble du Sud-Ouest.
L'armagnac est produit dès le Moyen Âge, mais sa production massive commence au XVIIe siècle pour connaître son apogée au XIXe siècle. Eauze (en Bas-Armagnac) et Condom (en Ténarèze), toutes deux dans le Gers, en sont les centres historiques et économiques.
La fabrication des armagnacs se fait par distillation de vins blancs secs. Divers produits portent ces appellations, avec des alcools d'âge croissant, cette durée représentant le temps passé en barrique de chêne. Leurs titres alcoométriques sont supérieurs ou égaux à 40 % en volume. En 2010, 2 105 hectares de vignes ont servi à produire de l'armagnac, avec une production cette année-là de 18 900 hectolitres d'alcool pur (soit l'équivalent d'un peu plus de six millions de bouteilles de 70 cℓ).
Les savoir-faire de l'élaboration de l'Armagnac sont inscrits à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel français depuis 2020.
Marcel Albert Carné est un réalisateur et scénariste français, né le 18 août 1906 dans le 17e arrondissement de Paris et mort le 31 octobre 1996 à Clamart.
Durant les années 1930 et 1940, il marque l'histoire du cinéma français grâce à sa collaboration avec l'écrivain et scénariste Jacques Prévert.
Biographie
Enfance
Fils de Marcelin Paul Carné, ébéniste, et de Véronique Marie Françoise Racouët, Marcel Albert Carné naît à Paris le 18 août 1906, dans le quartier des Batignolles (17e arrondissement), chez ses parents, 7 rue des Moines. Sa mère meurt alors qu'il a cinq ans et il est alors élevé par sa grand-mère. Il est très vite attiré par le cinéma : il se rend chaque jeudi à une projection de film, puis de plus en plus souvent, trichant quelquefois pour ne pas avoir à payer le prix de sa place.
Son père souhaite qu'il reprenne sa succession et devienne ébéniste, comme lui. Marcel Carné commence donc des cours pour apprendre à tailler le bois. Il les abandonne ensuite même s'ils ne lui déplaisent pas plus que ça. Il suit à la place deux fois par semaine, en cachette, des cours du soir de photographie à l'école des Arts et Métiers, obtenant le diplôme de technicien photographe.
Pour payer ses séances de cinéma qui se font de plus en plus nombreuses, il travaille alors dans une banque, puis une épicerie et dans une compagnie d'assurance.
Élisabeth Vigée Le Brun, aussi appelée Élisabeth Vigée, Élisabeth Le Brun ou Élisabeth Lebrun, née Louise-Élisabeth Vigée le 16 avril 1755 à Paris, et morte dans la même ville le 30 mars 1842, est une artiste peintre française, considérée comme une grande portraitiste de son temps.
Elle a été comparée à Quentin de La Tour ou Jean-Baptiste Greuze.
Son art et sa carrière exceptionnelle en font un témoin privilégié des bouleversements de la fin du XVIIIe siècle, de la Révolution Française et de la Restauration. Fervente royaliste, elle sera successivement peintre de la cour de France, de Marie-Antoinette et de Louis XVI, du Royaume de Naples, de la Cour de l'empereur de Vienne, de l'empereur de Russie et de la Restauration. On lui connaît aussi plusieurs autoportraits, dont deux avec sa fille.
Hortense Eugénie Cécile de Beauharnais, reine consort de Hollande (1806-1810), duchesse de Saint-Leu (Saint-Leu-la-Forêt) (1814), née le 10 avril 1783 à Paris et morte le 5 octobre 1837 au château d'Arenenberg dans le canton de Thurgovie en Suisse, était un membre de la famille impériale française, fille de Joséphine de Beauharnais et mère de l'empereur Napoléon III. Elle fut aussi compositrice.
Fille de Marie-Josèphe Tascher de La Pagerie (future Joséphine, impératrice de Napoléon) et de son premier mari le vicomte Alexandre de Beauharnais, elle a pour beau-père l'empereur Napoléon Ier, qui épouse sa mère en 1796, après la mort sur l'échafaud du vicomte en 1794.
Ses parents vivent séparément lorsqu'éclate la Révolution française. En 1789, son père est élu député de la noblesse aux États généraux et préside l'Assemblée Constituante durant les journées de la fuite à Varennes de la famille royale. Durant la Terreur, le vicomte est arrêté puis guillotiné et son épouse est emprisonnée ; mais libérée après la chute de Robespierre, elle reprend sa vie mondaine et devient la maîtresse de Barras, l'homme le plus influent du Directoire.
En 1795, Hortense entre à douze ans dans la pension de Mme Campan à Saint-Germain-en-Laye puis fréquente à sa majorité la haute société consulaire. La même année, le général Bonaparte se fait remarquer en réprimant au canon une insurrection royaliste sur les marches de l'église Saint-Roch à Paris.
Après son mariage avec leur mère, Napoléon décide d'adopter Hortense et son frère aîné, Eugène, le 8 mars 1796.
En 1799, Bonaparte prend le pouvoir et donne à la France un nouveau type de gouvernement : le Consulat. À 16 ans, Hortense est la fille de l'homme le plus puissant de France.
Mariage et descendance
Joséphine, qui tient à se concilier la famille Bonaparte qui la jalouse, voire la hait, souhaite une nouvelle union pour sceller l'alliance des familles Bonaparte et Beauharnais.
Elle fait marier sa fille, Hortense, le 4 janvier 1802 à Louis Bonaparte (1778-1846), l'un des frères cadets du Premier Consul. La cérémonie au palais des Tuileries est célébrée le 6 janvier par le cardinal Caprara. Hortense devient ainsi la belle-sœur de son beau-père. Le couple a trois fils :
Napoléon-Charles Bonaparte (10 octobre 1802 – 5 mai 1807) ;
Napoléon-Louis (11 octobre 1804 – 17 mars 1831) ;
Charles Louis Napoléon (20 avril 1808 – 9 janvier 1873), futur Napoléon III, Empereur des Français. Son père, doutant de sa paternité, ne reconnut Charles Louis Napoléon que sous la pression de son frère.
En 1804, Louis et Hortense font l'acquisition du château de Saint-Leu, qu'elle conserve jusqu'en 1815 et où elle donne des fêtes brillantes.
Le mariage se révèle désastreux : Hortense est follement éprise du général Duroc, aide de camp de l'empereur (certains prétendent qu'ils ont même été amants), tandis que Louis, hypocondriaque, souffre d'une obsession de la persécution, d'une paralysie du bras droit et d'une maladie vénérienne jamais soignée. Il tourmente sa femme de sa jalousie morbide.
Belle, séduisante et intelligente, Hortense tombe amoureuse de Charles de Flahaut, aide de camp de Murat et fils naturel de Talleyrand, dont elle eut un fils naturel, Charles (1811-1865), futur duc de Morny.
Napoléon disait à son propos :
« Hortense, si bonne, si généreuse, si dévouée, n’est pas sans avoir quelques torts avec son mari ; j’en dois convenir, en dehors de toute l’affection que je lui porte et du véritable attachement que je sais qu’elle a pour moi. »
Elle avait pour devises « Fortuna infortuna forti, una » (la fortune et l'infortune ne font qu'une pour le fort) et « Moins connue, moins troublée. Mieux connue, mieux aimée »
Reine de Hollande
Louis devenant roi de Hollande en 1806, elle-même devient reine consort de Hollande (d'où son surnom de reine Hortense). Elle règne jusqu'en 1810, date à laquelle le royaume de Hollande est annexé par Napoléon Ier. Malgré le divorce de l'empereur, son tact lui permet de devenir une des rares intimes de la nouvelle impératrice Marie-Louise d'Autriche de 8 ans sa cadette.
La reine Hortense, férue de musique, compose la mélodie de Le Beau Dunois plus connue sous le titre de Partant pour la Syrie Cette romance composée à Malmaison en 1807, dont les paroles furent écrites par le comte Alexandre de Laborde, eut rapidement un grand succès. Son origine comme sa popularité en feront sous la Restauration un chant de ralliement pour les bonapartistes.
La chute de l'Empire
Pendant la Première Restauration, elle flirte quelque temps avec le tsar Alexandre Ier de Russie qui lui accorde sa protection. À la demande de celui-ci, Louis XVIII la fait en 1814 duchesse de Saint-Leu pourvue d'une rente et de terres, ce qui lui permet d'assurer une bonne éducation à ses enfants. Sa mère meurt pendant cette période.
Fidèle à l'Empereur pendant les Cent-Jours, elle est contrainte de gagner la Suisse en 1817 et se réfugie à Arenenberg où elle élève seule ses fils dans le château médiéval délabré qu'elle achète en février 1817 pour 30 000 florins et qu'elle fait restaurer complètement pour le transformer en une résidence d'été.
Ses seuls soutiens sont son frère, réfugié auprès de son beau-père, le roi Maximilien Ier de Bavière (qui l'a créé duc de Leuchtenberg) et leur cousine la grande-duchesse douairière de Bade, Stéphanie. Grâce à la succession de sa mère et à l'intercession de son frère, Eugène, elle dispose d'une fortune de 3 millions qui lui assure un revenu confortable de 120 000 francs
Exils et deuils
À partir de 1810, elle se rendit chaque année à Aix-les-Bains (dans le giron du Royaume de Sardaigne à l'époque), en cure, elle y revient par la suite avec son fils, le futur Napoléon III. En 1813 elle fait une donation à la ville d'Aix-les-bains pour fonder un hôpital, le futur hôpital de la Reine Hortense.
En 1821 Napoléon meurt en exil, puis en 1824 son frère Eugène et en 1825 le tsar de Russie. Elle s'exile à Rome en 1826, s'installant dans le palais Ruspoli en 1830. Elle perd son fils Napoléon-Louis pendant la révolte italienne en mars 1831.
Cependant, peu après, à la fin d'avril 1831, elle se rend à Paris et, par l'entremise du général d'Houdetot, aide de camp du nouveau roi des Français Louis-Philippe Ier et ancien ami d'Eugène de Beauharnais, elle obtient une entrevue secrète avec le souverain, qui n'oublie pas son intervention en faveur de sa mère, la duchesse d'Orléans, et de sa tante, la princesse de Condé, durant les Cent-Jours.
Il est probable qu'elle voulait discuter des conditions d'un établissement durable en France pour elle et pour son fils ; on a évoqué une possible élévation de Louis-Napoléon à la pairie avec le titre de duc de Saint-Leu La Forêt.
Quoi qu'il en soit, après avoir assisté avec son fils le 5 mai 1831, jour du dixième anniversaire de la mort de l'Empereur, au défilé des bonapartistes venus en pèlerinage à la colonne Vendôme depuis les fenêtres de l'hôtel où elle est descendue rue de la Paix, elle repart rapidement pour l'Angleterre.
Elle ne revient plus en France puisque la première loi d'exil du 10 avril 1832 frappe également, comme famille ayant régné sur la France, les membres de la famille Bonaparte.
La même année, la mort du duc de Reichstadt fait de son fils l'héritier des prétentions bonapartistes.
Gravement souffrante d'un cancer de l'utérus, Hortense lui fait part, par le docteur Henri Conneau, de sa maladie. Il rentre aussitôt, juste à temps pour assister sa mère dans ses derniers instants ; elle meurt le 5 octobre 1837. Le docteur Henri Conneau pratiqua l'autopsie et l'embaumement du corps de la reine Hortense Un Requiem est célébré dans l'église d'Ermatingen le 11 octobre, le corps est ensuite ramené dans la chapelle d'Arenenberg, en attendant l'autorisation du gouvernement français de la ramener à Rueil-Malmaison où elle souhaitait être enterrée près de sa mère dans l'église Saint-Pierre-Saint-Paul. Elle est déposée dans l'église de Rueil le 19 novembre.
Le 9 janvier, son corps est enfermé dans 3 cercueils de plomb, d'acajou et de chêne. Un service funèbre officiel a lieu le 11 janvier 1838, en présence de la famille Tascher de la Pagerie et d'un seul membre de la famille Bonaparte, Caroline. Le 16 décembre 1856, elle est transférée dans la crypte
Des projets de mausolée sont proposés par David d'Angers, puis un monument est réalisé par Bartolini, mais il ne donne pas satisfaction. Le monument définitif, en marbre blanc, est finalement réalisé par Jean-Auguste Barre et inauguré le 27 juin 1858, en présence de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie.
Toute sa vie, Louis-Napoléon, devenu empereur, garda dans son portefeuille la dernière lettre de sa mère.