Le Minitel (pour « Médium interactif par numérisation d'information téléphonique ») est un type de terminal informatique destiné à la connexion au service français de Vidéotex baptisé Télétel, commercialement exploité en France entre 1980 et 2012. Il a hissé la France au premier plan de la télématique mondiale grâce au premier service au monde de fourniture payante d’informations télématiques, qui sera un succès considérable et restera longtemps populaire.
Par métonymie, le mot « Minitel » a fini par désigner l'ensemble du service Vidéotex en France ainsi que les éléments de réseau (concentrateurs, points d'accès) destinés à rendre ce service
Historique
Cette technologie de communication a été créée par le ministère des Postes et Télécommunications et utilisée en France des années années 1980 aux années 2000.
Contexte
Depuis la fin des années 1950, les ingénieurs du Centre national d'études des télécommunications ont développé des ordinateurs, puis des réseaux numériques expérimentaux, en collaboration avec l'industrie électronique et le Plan Calcul. Divers projets – visiophone, annuaire électronique, réseaux d'ordinateurs, etc. – contribuent à former dans ce milieu d'ingénieurs une vision des télécommunications futures, soutenue par les moyens financiers considérables investis dans le plan de rattrapage téléphonique des années 1970. Le directeur technique du Centre commun d'études de télévision et télécommunications à Rennes, Bernard Marti, coordonne les travaux d'une équipe à l’origine du Minitel, le projet Minitel étant supervisé par Jean-Paul Maury, directeur du projet « Annuaire Électronique et Minitel » (1979-1985). D'après Bernard Marti, le nom « Minitel » serait l'abréviation de « Médium interactif par numérisation d'information téléphonique ».
En 1977 la remise au président de la République française, Valéry Giscard d'Estaing, puis la publication du rapport sur l'informatisation de la société rédigé par Simon Nora et Alain Minc, accélèrent la prise de conscience par les dirigeants et par l'opinion française d'une révolution technologique, baptisée « télématique » : la connexion de terminaux permet la visualisation de données informatiques stockées dans des ordinateurs à travers les réseaux de télécommunications.
En 1978, la France décide de lancer un réseau vidéotex accessible par un terminal peu onéreux. Cette décision sera rendue publique par Gérard Théry (directeur de la DGT) à l'Intelcom 79 de Dallas (Texas) qui réunit le gratin mondial des télécommunications. Il y annonce avec une certaine emphase le déclin de l'ère du papier.
A l'étranger, dans une ambiance d'émulation internationale, les ingénieurs américains, anglais ou allemands accompagnent les recherches des ingénieurs du Centre national d'études des télécommunications. Ainsi en Europe d'autres systèmes sont étudiés, tous fondés sur la norme Vidéotex : Prestel (en), le Ceefax, le Bildschirmtext (de). Aux États-Unis est élaboré le système NAPLPS. Conçu comme vecteur de vente à domicile, il met l'accent sur un affichage en couleurs de qualité photographique. Mais la déception est sévère en raison du coût des composants et du faible débit des lignes de l'époque — surtout aux États-Unis : l'affichage de certaines pages pouvait prendre une durée de six minutes. Le mélange de texte et graphiques, qui ne posait pas de problème avec les caractères semigraphiques de basse qualité du Minitel, n'était pas possible sans faire monter le coût de réalisation du terminal à des valeurs prohibitives en mémoire vive et en morte.
Expérimentations
En France, la phase d'expérimentation de Télétel et du Minitel commence en 1980 à travers plusieurs opérations sur le terrain.
Expérience de Saint-Malo
L'un des 55 premiers terminaux, à clavier ABCD, distribués à Saint-Malo montre un plan des remparts (l'Intra-muros). Alors qu'il est prévu de fabriquer 30 millions de Minitels, Valéry Giscard d’Estaing, devant le lobby de la presse qui voit un concurrent dans cette nouvelle technologie, se ravise et décide de lancer des expérimentations.
En juillet 1980, à Saint-Malo, les 55 premiers utilisateurs de l'annuaire électronique sont équipés (20 entreprises et 35 particuliers). L'expérience de Saint-Malo s'achèvera en décembre 1982.
Parallèlement, en 1981, 4 000 Minitels sont distribués en Ille-et-Vilaine. Il s'agit de tester ce nouveau service chargé de remplacer l'annuaire papier. Il devait aussi alors alléger le service traditionnel des renseignements, passablement saturé devant la croissance du parc téléphonique fin des années 1970. Il se justifiait aussi par l'efficacité d'un service de renseignements recouvrant l'ensemble des abonnés au téléphone en forte croissance. Les publications des annuaires papier, constamment dépassées, créaient une forte demande sur les renseignements téléphoniques alors assurés par des fonctionnaires des PTT.
Expérience Télétel 3V
Terminal Vidéotex Thomson utilisé lors de l'expérience Télétel de Vélizy en 1980. Afin de désamorcer tout contentieux éventuel avec la Presse Quotidienne nationale et régionale face aux inquiétudes déontologiques, économiques et juridiques l'Administration des PTT organise une autre expérience incluant d'autres services (petites annonces, informations, messageries) qui se déroulera à Vélizy. À l'automne 1980, 2 500 foyers volontaires de Versailles, Vélizy-Villacoublay, Jouy-en-Josas, Buc, Bièvres et Les Loges-en-Josas reçoivent un terminal Vidéotex. Du côté des services, près de 200 fournisseurs participent à l'expérience, se donnant ainsi l'occasion de tester ce nouveau moyen de communication auprès du public. Les services remportant la plus large adhésion seront les annuaires téléphoniques pages blanches et pages jaunes (services gratuits), la presse, la vente par correspondance, la SNCF, les banques ainsi que la messagerie.
Si l'expérience de Vélizy reste un symbole dans le monde de la télématique, c'est que cette expérience est la source de la création de la formule « kiosque télématique » qui permet de répartir les revenus entre l'opérateur et les fournisseurs de services, notamment à travers le 3615. En effet, si les éditeurs de presse ont progressivement compris l'intérêt de cette expérience, ils voulaient en tirer des revenus. Conséquemment, d'après des discussions auxquelles participent notamment Mme Martine Tournier (le Parisien Libéré), M. Roger Lajus (Hachette Filippacchi), les hommes de la DGT ont l'idée d'utiliser le système de surtaxation utilisé pour le réveil téléphoné. Cela donne lieu, en février 1984, à la création du kiosque mis en priorité et en exclusivité à la disposition de la presse.
À Vélizy, le premier terminal n'a pas d'écran et se glisse sous le téléviseur : simple décodeur, il permet de consulter une vingtaine de services sur l’écran du téléviseur. La télécommande est élémentaire : juste un clavier alphanumérique en majuscules. Un groupe d'utilisateurs passionnés fonde l'AATEL (Association des abonnés à TéléTEL), qui devient une véritable interface entre les testeurs et la DGT - DACT (Direction générale des télécommunications - Direction des affaires commerciales et télématiques) qui dirige le projet. De leur côté, les entreprises créent l'AFTEL (Association française des fournisseurs de services télématiques). Les liaisons distantes sont établies via le réseau Transpac par le numéro d'accès 612 34 56.
La toute première messagerie, uniquement par boîtes aux lettres, est baptisée M3V. On peut y échanger des messages privés, ou par l'intermédiaire de groupes de discussion thématiques. À l'époque, la DACT et les fournisseurs de services pensent qu'il ne s'agit que d'un gadget ludique : pour eux l'avenir de la télématique réside dans l'information, et non la communication. Il est même question de supprimer cette messagerie. Mais l'AATEL se bat pour la conserver et démontrer qu'elle est une motivation primordiale des utilisateurs, ce que confirmera le développement de la télématique grand public en France. C'est seulement fin 1982 qu'apparaît le premier Minitel. L'expérience est définitivement arrêtée au printemps 1984.
Expérience Gretel
À l'hiver 1981, les Dernières Nouvelles d'Alsace lancent le service expérimental Gretel sur un quartier pilote à Strasbourg. L'expérience débute avec 80 foyers, puis est progressivement étendue.
Les premiers services proposés sont des consultations des actualités, des programmes de télévision et de cinéma, et de la météo, ainsi que quelques jeux. On trouve aussi un service de messagerie électronique de type courriel avec une notion de boîtes aux lettres.
Mais ce qui fait exploser le succès de l'expérience est le lancement en 1982 du premier service de messagerie instantanée, principe découvert à la suite d'un piratage. Ce nouveau service représente très rapidement jusque 85 % du trafic. L'ancêtre des messageries instantanées et de l'internet social est alors né. C'est ainsi qu'apparaissent des services créés par de jeunes entrepreneurs comme Thierry Roze et Xavier Niel.
Lancement
La réalisation du Minitel ayant été confiée à trois industriels différents (Matra, Radiotechnique (Philips) et Télic-Alcatel), le prix de série put être négocié au plus bas en tenant compte d'une hypothétique, mais probable, baisse future des prix de revient par l'évolution technologique et l'accroissement des quantités produites (courbe d'apprentissage) par les fournisseurs.
Le programme Télétel (nom du réseau des terminaux appelés Minitel) est reconnu dans le monde entier comme le premier réseau télématique grand public et comme un succès commercial.
Lancé en France en 1982 par les PTT (devenus La Poste et France Télécom), le minitel permet d'accéder à des services en ligne dont les plus populaires sont :
Le 3611 : anciennement, le 11, l'annuaire téléphonique (initialement gratuit les trois premières minutes, puis devenu payant dès la connexion depuis le 1er septembre 2007). Le service 3611 est alors le service le plus utilisé. Il était censé disparaître définitivement en mars 2009 mais sa mort est une nouvelle fois reportée.
La vente par correspondance (de billets de train par exemple).
Des sites de rencontres et messageries roses (Sextel de Cyrille Jubert, 3615 ALINE de Claude Perdriel, 3615 ULLA)
Des sites de jeux (comme le 3615 CRAC J de Cécile Alvergnat).
Entre 1984 à 1988, l'essor du Minitel explose grâce au succès des messageries instantanées nées des expériences des services STEL à Nice et GRETEL à Strasbourg (serveur à l'initiative des Dernières Nouvelles d'Alsace), ainsi que SM à Paris (Serveur médical de Canal 4). Au printemps 1985 naît la première messagerie grand public sur le 3615, créée par deux anciens de Teletel3V pour le Parisien libéré, nommée MESPL.
L’État français, par le ministère des PTT, a fortement encouragé le développement du Minitel. Les PTT ont ainsi distribué gratuitement les terminaux de base, les modèles plus évolués étaient loués ou vendus, tels que le Minitel couleur, le Minitel 10 équipé d'un combiné téléphonique ou encore dans les années 1990 le Magis et le Magis Club équipés de lecteurs de cartes à puce.
Cette décision était motivée par les économies de fabrication, de distribution et de recyclage de millions d'annuaires papier chaque année. Ainsi, les foyers équipés de Minitel ne recevaient plus que les pages jaunes, au lieu des pages blanches et des pages jaunes. Ce modèle économique, inventé pour le Minitel et consistant à subventionner le terminal par le prix du service, a été fortement critiqué à l'époque par la presse. Il a depuis été repris pour les services de téléphonie mobile. La facturation s'effectuait également par comptabilisation sur la facture téléphonique. Un serveur pouvait, soit être contacté directement par le réseau téléphonique (no d'appel direct), soit être connecté à un des réseaux kiosques (3613, 3614, 3615, etc.).
Seul le 3618 ou service MIAMI (service de communication de Minitel à Minitel) est resté en service jusqu'au 3 novembre 2014. En effet ce service ne dépendait pas du même réseau support
Une forte expansion
Le Minitel (programme Télétel) revint à plus de huit milliards de francs en équipements de terminaux avec une durée de vie estimée de huit ans pour les Minitel. Pendant le même laps de temps, le chiffre d'affaires des services télématiques atteint les 3,5 milliards de francs et les économies de papier atteignirent 500 millions de francs par an. En 1985, le million de Minitel en service est atteint en France ainsi que le million d'heures de communications de services par mois. Avec l'explosion des services liés au 36 15, le réseau Transpac qui véhicule le trafic Télétel, connaît une panne en juin 1985 qui conduit à une altération prolongée du service pour la plupart des abonnés au Minitel. La situation ne redeviendra normale qu'au bout de deux semaines.
Au début des années 1990, le Minitel équipait 6,5 millions de foyers. Il dépassait de loin le nombre d'utilisateurs du réseau CompuServe, qui offrait en Amérique du Nord des services semblables, et plus encore de Prodigy qui lui ressemblait davantage parce qu'utilisant le code Vidéotex, raison pour laquelle dès la fin des années 1980, les Américains s'intéressèrent de très près au réseau Vidéotex français. À un moment où les Français s'interrogeaient sur l'avenir du Minitel, les agences financières de Wall Street notaient déjà le formidable bénéfice à attendre d'un tel programme. C'est pourquoi le futur vice-président Al Gore envoya un jeune homme, David Lytel, enquêter non sur les techniques utilisées mais sur les contenus des services offerts. Ce rapport fut à la source du discours sur « les autoroutes de l'information » prononcé par Al Gore en juillet 1994.
Le réseau Télétel du Minitel comportait au départ deux types de facturation : 3613 (communication payée par le service) et 3614 (communication payée par l'usager, 20 francs – 3,05 € – par heure environ, pas de rémunération du service, réduction en heures creuses). En février 1984 fut créé le système kiosque avec le 3615. La rémunération du service est 60 francs – 9,15 € – par heure environ, payés par l'usager, dont 40 F (6,10 €) pour le service et 20 francs (3,05 €) pour France Télécom, système de « taxation arrière » souhaité par l'industrie de la presse pour rendre son contenu payant.
Ces numéros courts à quatre chiffres ont remplacé les numéros initiaux, au gré de l'évolution du plan de numérotation de l'opérateur historique :
11 jusqu'au 18 octobre 1996 à 23 h, puis 3611
(16) (3) 613 91 55, puis 36 13 91 55 après le 25 octobre 1985 à 23 h, puis 3613 depuis le 10 juillet 1986
(16) (3) 614 91 66, puis 36 14 91 66 après le 25 octobre 1985 à 23 h, puis 3614 depuis le 10 juillet 1986
(16) (3) 615 91 77, puis 36 15 91 77 après le 25 octobre 1985 à 23 h, puis 3615 depuis le 10 juillet 1986
L’apparition du kiosque en 1984 fait exploser le nombre de services qui passe de 145 en 1984, à 2 074 en 1985, 5 000 en 1987 et 25 000 en 1996. Cette année-là les services génèrent près d’un milliard d’euros de revenus pour un parc installé de 6,5 millions de terminaux. Les messageries dont les messageries roses participent fortement à la diffusion du Minitel. Elles représentent 50 % des appels en 1990.
Les serveurs (numéros de téléphone) auxquels on se connectait avec un Minitel étaient appelés des services Télétel. C'était en effet des passerelles vers le réseau Télétel, basé sur Transpac, qui permettait de mettre en relation les Minitel avec les serveurs des prestataires de service.
En marge de ces services Télétel, il était tout à fait possible de composer des numéros classiques à 8 puis 10 chiffres, que ce soit pour se connecter à un autre Minitel configuré en mode « retourné » ou pour accéder à des serveurs « RTC » directement connectés sur le réseau téléphonique commuté, donc non surtaxés. Une communauté de passionnés fréquentait ainsi régulièrement ces micro-serveurs Minitel similaires (en plus accessibles) aux serveurs BBS qui se développaient aux États-Unis et ailleurs. À l'échelle locale, des collectivités proposaient également de tels serveurs Minitel à accès direct. Aujourd'hui encore, de nombreux systèmes de télégestion utilisent ce système, aussi bien en appel entrant (visualisation de données et d'événements ou émission d'ordres) qu'en appel sortant (télé-alarme).
France Télécom engage un processus pour proposer l'annuaire électronique 3611 sur ordinateur et plus seulement sur minitel. avec les sites www.pageszoom.com (qui sera vendu en 2006 à l'Américain KKR). En octobre 1995 la Direction des annuaires de France Télécom a présenté une maquette au salon International des Télécommunications à Genève en Octobre 1995. En avril 1997 le site Les Pages Zoom www.lespageszoom.com a été ouvert avec les Pages jaunes, les Pages blanches, un service de photos de ville (qui sera repris dix ans plus tard par Google street view), cartographie et un moteur de recherche pages web intégrant celui de la société Echo. En juillet 1998 le service Les Pages Zoom a obtenu le LISA Award du meilleur annuaire au monde sur Internet à Boston et le portail Voila.fr a été ouvert au public. Les annuaires de France Télécom sont ensuite devenues accessibles sous la marque www.pagesjaunes.fr. La gestion du service des annuaires de France Télécom est transférée à l'ODA.
En 2000, le Minitel est encore utilisé par près de 25 millions de personnes (pour 55 millions d'habitants) avec un parc de près de 9 millions de terminaux. Il restait toujours très utilisé, y compris pour les transactions commerciales, à tel point que certains moteurs de recherche comme Yahoo! ou AltaVista y avaient un service Minitel. Cependant les services à facturation de type 3615 ou supérieur étaient vivement concurrencés par le Web. L'arrêt prévu en mars 2009 du service 3611 annuaire électronique est reporté devant le nombre significatif de connexions. Selon France Télécom le 3611, qui représentait encore le quart du trafic Télétel, avait enregistré 19 millions de connexions en 2008 et 4 000 éditeurs de services étaient toujours présents sur le Minitel. Le 3611 s'arrêta, comme les autres services Minitel, le 30 juin 2012
Apogée et concurrence d'Internet
L'année 2003 marque l'apogée d'utilisation du réseau (Minitel + émulateurs Minitel sur ordinateurs).
En 2005, PagesJaunes Groupe est créé, afin de regrouper les activités d’édition d’annuaires en France, à l’international, et les autres activités de l’entreprise.
En septembre 2006, France Télécom vend pour 3,3 milliards d'euros le groupe PagesJaunes aux fonds d’investissement américain KKR et Goldman Sachs basés à New York, qui détiennent alors 54 % du capital de l’entreprise, le reste étant coté en bourse.
En février 2009, selon le groupe France Télécom, le réseau de Minitel enregistrait encore 10 millions de connexions mensuelles sur 4 000 codes de services Vidéotex, dont un million sur le 3611 (annuaire électronique).
En 2010, 2 millions de personnes utilisaient encore le minitel, pour 200 000 euros de chiffre d'affaires. Le service a été fermé par France Télécom - Orange le 30 juin 2012
Les Jeux olympiques d'été de 1924, Jeux de la VIIIe olympiade de l'ère moderne, ont été célébrés à Paris, en France, du 4 mai au 27 juillet 1924. Pour ses adieux aux Jeux, le baron Pierre de Coubertin milita en faveur de la capitale française, qui organisa ainsi ses deuxièmes Jeux après ceux de 1900. Ces Jeux démarrent avec le tournoi de Rugby à XV remporté par les États-Unis le 18 mai, mais la plupart des épreuves ont lieu en juillet après la Cérémonie d'Ouverture qui a lieu le 5 juillet au Stade olympique de Colombes.
La devise olympique de Coubertin empruntée à l'abbé Henri Didon : « Citius, Altius, Fortius » (plus vite, plus haut, plus fort) est introduite à l'occasion de ces Jeux, ainsi que le rituel de lever des trois drapeaux à la cérémonie de clôture.
En 1924, 44 nations et 3 089 athlètes (dont 135 femmes) prirent part à 126 épreuves dans 17 sports. Les athlètes les plus en vue de ces Jeux furent les coureurs de fond finlandais à l'image de Paavo Nurmi ainsi que le nageur Johnny Weissmuller et l'escrimeur Roger Ducret. 100 ans plus tard, Paris accueille à nouveau les Jeux olympiques.
Désignation de la ville hôte
En dépit des problèmes rencontrés aux Jeux olympiques de 1900, le baron Pierre de Coubertin souhaite à nouveau organiser cet événement dans la capitale française afin de prouver au monde que Paris et la France sont capables d'accueillir les athlètes du monde entier dans des compétitions confraternelles. Le Comité international olympique est hostile à cette désignation, préférant les villes d'Amsterdam ou de Los Angeles. Après de nombreuses discussions, Coubertin obtient satisfaction. Paris est finalement désigné comme ville hôte des Jeux de 1924 au détriment de Barcelone, Prague, Rome, Lyon et des deux autres villes mentionnées. Lors de cette 19e session du 2 juin 1921 à Lausanne, le CIO décide de créer par ailleurs des Jeux olympiques d'hiver à compter de 1924. La ville de Chamonix est désignée pour les organiser.
Organisation
Comité d’organisation
En 1922, un Comité exécutif d'organisation est nommé par une assemblée du Comité olympique français. Ce comité est présidé par le Comte Clary et est composé de 26 membres désignés par les fédérations sportives nationales et de sept membres élus par le Comité national. Il s'agit notamment de Gaston Vidal, sous-secrétaire d’État à l’Enseignement technique, du marquis de Polignac, de M. Giraudoux, directeur de la Propagande au ministère des Affaires étrangères, de Gilbert Peycelon, délégué du Gouvernement et de Henry Paté, haut-commissaire à l’Éducation physique. D'anciennes gloires sportives sont également associées au comité exécutif, comme Frantz Reichel et Jules Rimet.
Le comité est chargé entre autres du financement, des infrastructures, de l'organisation du calendrier sportif, et de l'accueil des athlètes et des spectateurs. Dès la désignation de Paris, l'État français s'engagea à financer ces Jeux à hauteur de vingt millions de francs. La ville de Paris quant à elle fournit les terrains ainsi qu'une subvention de dix millions de francs.
Village olympique
La décision de confier au Comité d'organisation des Jeux le logement des délégations fut prise en 1923 lors du congrès olympique de Rome. La ville de Colombes accueille donc le premier village olympique du genre constitué de baraquements en bois. Les athlètes ont à disposition un bureau de change, un salon de coiffure, un bureau de poste, un kiosque à journaux, un service de blanchissage et un service de garde des objets de valeur. Trois repas par jour sont offerts. Les Britanniques acceptent les conditions offertes à condition d'avoir droit à un cuisinier britannique. Quant à eux, les Américains préfèrent s'installer dans le parc du château de Rocquencourt.
Stade olympique
Pariant sur les vertus du « Grand Paris », le comité d'organisation opte pour le choix de bâtir le stade olympique à Colombes et pas au stade Pershing ou au Parc des Princes, autres sites candidats. Sur décision du gouvernement, Pershing est évoqué dès 1921, puis ensuite le fameux Parc des Princes, déja connu pour accueillir les compétitions nationales et internationales de rugby, football et cyclisme, semble être d'abord le favori. Cependant, la ville de Paris refuse de financer les travaux au Parc, et on se replie alors en banlieue. En 1922, on évoque même un temps le retrait des Jeux de Paris pour les donner à Lyon. Le stade de Colombes, ex-stade du Matin (1907), est doté de 45 000 places dont 20 000 assises grâce au financement du Racing Club de France qui obtient 50 % des recettes des Jeux.
Autres sites
Pour les épreuves de natation, la piscine des Tourelles est construite. C'est le premier bassin de 50 m à couloirs séparés par des lignes de bouchons en liège. Les épreuves de tir se tiennent à Reims, dans un stade construit pour l'occasion. M. Thomasson, architecte de l'Union des sociétés de tir de France, signe les plans de ce bâtiment. Les épreuves de tir de chasse (cerf) se déroulent au stand du Tir national de Versailles. Les épreuves d'équitation se déroulent à l'hippodrome d'Auteuil, le vélodrome d'hiver accueille la boxe, la lutte et l'haltérophilie, le bassin d'Argenteuil l'aviron. Les matchs de football se déroulent au stade Pershing, au stade Bergeyre et au stade de Paris à Saint-Ouen, les régates de voile à Meulan et au Havre. Les sites de Versailles, Saint-Cloud, Bagatelle, Boulogne-Billancourt, Issy-les-Moulineaux et Meudon sont également choisis par le comité d'organisation pour accueillir les différentes disciplines au programme.
Cérémonie d’ouverture
Géo André prête le serment olympique. Le 5 juillet 1924, la cérémonie d'ouverture se tient au Stade de Colombes devant 40 000 spectateurs. Les 44 délégations pénètrent dans le stade par ordre alphabétique. L'Afrique du Sud est la première nation à défiler et la Yougoslavie la dernière. Les délégations les plus applaudies furent la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Gaston Doumergue, nouveau président de la République française, proclame officiellement l'ouverture des Jeux olympiques de 1924 en présence des membres du Comité international olympique, en particulier de son président, le baron Pierre de Coubertin. La Société nationale des orphéonistes Crick-Sicks chantèrent pour cette occasion. Après une sonnerie de trompette et un coup de canon, le drapeau olympique est hissé au sommet du mât central du stade. La cérémonie se termine par un discours du comte Clary, président du Comité d'organisation. Enfin, le serment olympique des athlètes est prêté par le français Géo André, ancien médaillé olympique en 1908 et 1920.
La cérémonie de clôture du 27 juillet inaugure un nouveau rituel lors des Jeux olympiques en hissant trois drapeaux dans le stade : celui du Comité international olympique, celui du pays hôte et celui du prochain pays à accueillir les Jeux.
Nations participantes
44 nations prennent part aux Jeux d'été de 1924. L'Allemagne n'est pas invitée par le comité d'organisation, qui prétexte qu'il n'était pas en mesure d'assurer la sécurité de la délégation allemande, mais les autres nations vaincues lors de la Première Guerre mondiale, écartées en 1920, font leur retour.
L'Équateur, l'Irlande, la Lituanie, les Philippines et l'Uruguay participent pour la première fois. La Lettonie et la Pologne étaient déjà présentes lors des Jeux d'hiver à Chamonix, mais il s'agit de leur première participation aux Jeux d'été.
Les 44 délégations participantes
(le nombre d'engagés est indiqué entre parenthèses)
Afrique | Amérique | Asie | Europe | Océanie |
Afrique du Sud Égypte | Argentine Brésil Canada Chili Cuba Équateur États-Unis Haïti Mexique Uruguay | Inde britannique Japon Philippines Turquie | Autriche Belgique Bulgarie Danemark Espagne Estonie Finlande France (318) Grande-Bretagne Grèce Hongrie Irlande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Monaco Norvège Pays-Bas Pologne (65) Portugal Roumanie Royaume des Serbes, Croates et Slovènes Suède Suisse Tchécoslovaquie | Australie Nouvelle-Zélande |
Compétition
Sports et résultats
Médaille des olympiades de 1924 (avers).
17 sports et 126 épreuves composent le programme des Jeux olympiques de 1924. Il s'agit de l'ultime apparition du rugby alors que le tennis est disputé pour la dernière fois avant sa réintroduction en 1988 avec les professionnels. La savate, le canoë canadien, la pelote basque et la canne de combat sont en démonstration.
Athlétisme (27) |
Aviron (7) |
Boxe (8) |
Cyclisme (6) |
Équitation (5) |
Escrime (7) |
Football (1) |
Gymnastique (9) |
Haltérophilie (5) |
Lutte (13) |
Pentathlon moderne (1) |
Polo (1) |
Rugby (1) |
Tennis (5) |
Sports aquatiques |
Natation (11) |
Plongeon (5) |
Water-polo (1) |
Tir (10) |
Voile (3) |