"Je demande à ceux qui n'ont pas de travail, qui n'ont même pas de chômage partiel, ceux qui n'ont plus d'activité ou ceux qui peuvent être au chômage partiel, de dire si vous voulez faire un acte de solidarité (...) faisons ensemble un acte citoyen, un acte civil: Allons dans les champs!".
Et d'annoncer que pour les agriculteurs "le problème n'est pas de payer la main d'oeuvre, c'est qu'ils n'ont pas assez de main d'oeuvre".
" Je connais un coiffeur, je suis sûr qu'il le ferait !"
Interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur la possibilité pour un coiffeur d'aller ramasser des fraises, Didier Guillaume enchaîne: "Je connais Eric. Je suis sûr que si on lui dit: Va ramasser des fraises, va butter des asperges, va travailler dans un champ pendant une semaine pour aider car nous sommes en crise, il y a besoin de la solidarité nationale pour que nous puissions manger, je suis sûr qu'il le ferait".
CE QUE LES AGRICULTEURS EN PENSENT
Contacté, Philippe Vaché, président du syndicat agricole et horticole du Var n'avait pas entendu l'intervention du ministre mais il reste dubitatif sur une telle annonce.
"Certes certaines exploitations ont pu connaître ces derniers jours des droits de retrait de leurs salariés en raison de la crise liée au Coronavirus et la profession a, en général, besoin de bras, mais il faut faire preuve de bon sens et non de précipitation".
Selon lui, la solution pourrait passer par une aide de l'aide (prime) afin que les saisonniers mis au chômage technique ou partiel ces derniers jours puissent reprendre le travail. " Ensuite, en matière d'aide on ne peut pas demander à n'importe qui; Pôle Emploi doit avoir un rôle. Faut-il rappeler que l'on est en période de confinement et qu'il y a des mesures d'hygiène hyper strictes. La chambre d'Agriculture du Var a d'ailleurs aussi mis en place une cellule de crise", souligne le responsable.
"J'ai mes héros aussi sur mon exploitation: ce sont mes salariés. Ils sont remarquables!".
Chez Bernard Simondi, à la tête d'une exploitation à Hyères de 24 hectares, seulement deux salariés sur une vingtaine sont en arrêt en raison de problèmes de santé antérieur. Quant à l'annonce du ministre, il n'en a pas eu vent non plus.
"Je suis débordé. J'ai dû gérer sur mon point de vente la mise à distance et la protection des salariés. Les clients ne nous ont pas abandonnés".
Sur le fait de dire aux gens inoccupés ou confinés de rejoindre les champs, il est dubitatif. "L'agriculture, c'est un métier dur, surtout en maraîchage. C'est difficile en tant normal alors en tant de crise...".
Il préfère lui aussi féliciter ceux qui continuent à venir travailler.
Horticultrice hyéroise, contrainte à jeter des milliers de tiges de strelitzia, Céline Borello s'étonne des propos tenus par le ministre de l'agriculture.
"Proposer à un coiffeur de s'improviser agriculteur? Imaginerait-on l'inverse? C'est presque blessant pour les personnes qui suivent des formations dans les lycées agricoles, en BTS...C'est un métier! Un ami m'a proposé de venir m'aider dans mes serres, j'ai refusé. On est en période de confinement et tout le monde doit le respecter même si pour moi le tribut économique sera élevé".