Archéologie -
Peuple Lambayèque
Les pyramides sacrées du Pérou
A l’ombre de la cordillère des Andes, en Amérique du Sud, la vallée de Lambayèque a été le théâtre de la naissance et du déclin d’un peuple baptisé Lambayèque (également connu sous le nom de Sicàn). Cette civilisation pré-inca est beaucoup moins connue que celle des Mayas ou des Incas.
Les Lambayèques étaient obsédés par la construction des pyramides. Aujourd’hui, seuls quelques vestiges témoignent du nombre impressionnant de monuments qu’abritait cette vallée.
Pourquoi cette civilisation était-elle obsédée par la construction de ces pyramides ? Pourquoi ont-ils abandonné les trois sites ? Pourquoi il y a-t-il tant de squelettes ensevelis à côté des temples ?
Et enfin, que s’est-il passé de si tragique pour qu’une telle civilisation s’effondre en si peu de temps ?
C’est à toutes ces questions que l’équipe internationale d’archéologues a pu répondre ces dernières années.
Archéologues, climatologues et experts en médecine légale ont uni leurs efforts pour résoudre les mystères du peuple Lambayèque.
Une véritable obsession pour les pyramides
De nombreuses civilisations, à travers le monde, ont construit des pyramides mais aucune n’était à ce point obsédée par ce type de constructions.
On a dénombré environ 250 monuments dans la vallée. Erodées au fil du temps, ces pyramides ont fini par se fondre dans le paysage sous forme de collines.
Dans la vallée de Lambayèque, trois grands sites se détachent :
- Lampa Grande avec une immense pyramide de plus de 50 m de haut sur 200 m de large
- Batan Grande avec une bonne douzaine de pyramides
- Túcume avec ses 26 pyramides
Túcume est le plus grand complexe archéologique du peuple Lambayèque.
Túcume. Image Bruno Girin
Grands bâtisseurs, ce peuple ne connaissait pas l’écriture. Leur nom leur a été donné par les archéologues en référence à la vallée.
Les Lambayèques ont prospéré dans cette région à partir de 700 de notre ère.
Au moins 12 autres civilisations ont construit des pyramides mais aucune ne ressemble à celles de cet étrange peuple.
Les datations au carbone 14 montrent que la première pyramide de Túcume a été construite autour de 1100 de notre ère.
Pendant 400 ans, ce peuple en a construit d’autres et ajouter des extensions à celles existantes.
Túcume. Image Bruno Girin
Pourquoi les Lambayèques ont-ils construit autant de pyramides et à quoi servaient tous ces monuments ?
La fonction des pyramides Lambayèques
Quand on pense aux pyramides, le premier exemple qui vient à l’esprit est celui des pyramides d’Egypte.
Ces tombeaux pointus étaient destinés à accueillir les souverains après leur mort.
Les pyramides aztèques ou mayas pouvaient éventuellement abriter un tombeau mais leur principale fonction était d’être le siège de rituels bien précis.
Guizeh (Paul Mannix) et Chichen Itza (Jimg944)
Les pyramides construites par les Lambayèques sont totalement différentes. A Túcume, les 26 monuments sont de tailles différentes et construites en cercle autour d’une montagne, le Cerro la Raya.
Le site couvre plus de 1 500 km². Une construction se détache des autres : une gigantesque plate-forme rectangulaire, la Huaca Larga.
C’est la plus grande pyramide du monde avec ses 700 m de long sur plus de 20 m de haut. La terrasse est aussi grande que 7 terrains de football.
L’intérieur des pyramides est dépourvu de salles. Aplanie au sommet, une rampe permettait d’y accéder. Des couloirs et des espaces ouverts s’enchevêtrent en haut du monument.
Des milliers de personnes ont travaillé jour après jour à l’édification de ces gigantesques pyramides. Les briques étaient confectionnées à partir de boue séchée puis cuites au soleil.
Hueca-pueblo à Batan Grande. Image Bruno Girin
C’est le sommet des pyramides qui a permis aux chercheurs d’en comprendre la fonction. Contrairement aux Egyptiens, il ne s’agissait nullement de tombeaux.
En fait, le sommet était habité par un seigneur. On a mis au jour de nombreux vestiges dont des salles richement décorées, des fours ou des restes alimentaires.
Les pyramides étaient donc des lieux de résidence permanentes aux seigneurs qui gouvernaient la région.
Le devant des pyramides, constitué d’un immense espace à ciel ouvert, était réservé aux grandes cérémonies publiques.
Image de synthèse des pyramides lambayèques
Mais, à Túcume, il y a 26 pyramides ce qui signifie que 26 seigneurs étaient rassemblés au même endroit.
Pourquoi un tel rassemblement ? Et pourquoi construire de tels monuments simplement pour héberger un seigneur ?
Pyramides et montagnes sacrées
Dans l’ancien Pérou, les montagnes sont sensées abriter des pouvoirs religieux et magiques.
Les dieux, vraiment puissants, vivent dans les montagnes. Quand ils étaient en colère, ils terrorisaient la population.
Un dieu avait le pouvoir de vie ou de mort. C’est lui qui donnait la vie grâce à l’eau qu’il faisait descendre des Andes. Sans cette eau, la vallée n’aurait été qu’un immense désert.
Ce n’est pas un hasard si les 26 pyramides de Túcume sont construites autour d’une montagne. D’après les scientifiques, quand les Lambayèques construisaient une pyramide, ils construisaient en fait une réplique de la montagne, dotée des mêmes pouvoirs surnaturels et capable de contrôler les forces de la nature.
Túcume. Image Bruno Girin
C’est pourquoi les Lambayèques se sont tués à la tâche pour construire des monuments qu’ils croyaient investis des pouvoirs magiques des montagnes.
Et tout comme les dieux vivaient au sommet des montagnes, les seigneurs vivaient au sommet des pyramides pour protéger le peuple.
Mais qu’est ce qui les effrayait tant dans cette vallée ? Et pourquoi avaient-ils besoin d’autant de pyramides pour se protéger ?
De mystérieux abandons
Les datations au carbone 14 révèlent quelque chose de surprenant. Les trois principaux sites n’ont jamais été habités en même temps.
Chaque ville a été bâtie après que la précédente a été abandonnée :
- Pampa Grande (600-750 de notre ère)
- Batan Grande (750-1100 de notre ère)
- Túcume (1100-1500 de notre ère)
L’abandon de Túcume sonna le glas du peuple Lambayèque.
Il existe cependant un lien commun dans ces trois villes. Un incendie a ravagé le sommet des monuments juste avant l’abandon de la ville.
Ces monuments en portent encore la trace. En effet, la couleur rouge des murs est due à un feu très intense.
On n’a retrouvé aucune trace d’invasion, ni de combats. Ce sont donc les habitants eux-mêmes qui ont mis le feu aux pyramides, détruisant ce qu’ils avaient mis des centaines d’années à construire.
Pour comprendre un tel comportement, il faut savoir que dans les croyances d’Amérique du Sud, le feu était utilisé pour purifier les endroits maudits.
Túcume. Image Teen Wolf
Cette vallée était-elle maudite ? D’une certaine manière, on peut répondre « oui » car les catastrophes naturelles s’y sont succédées.
Les strates archéologiques de Batan Grande révèlent que la ville a été frappée de plein fouet par un mur d’eau.
Le site proche de Moche a été enseveli par une gigantesque et fulgurante tempête de sable.
On sait aujourd’hui que ces catastrophes climatiques sont provoquées par le phénomène appelé El Nino.
Cette région en est d’ailleurs toujours la cible.
Mais, pour les gens, ces catastrophes ne pouvaient être que l’expression de la colère des dieux.
Donc, si ces phénomènes se produisaient, c’est que les seigneurs et les pyramides n’avaient pas su les protéger.
Masque funéraire Lambayèque (Metropolitain Museum of Art of New York). Túcume. Image May Harrsch
A chaque nouvelle catastrophe qui provoquait de nombreux morts, des famines et des épidémies, la population quittait la ville pour trouver protection ailleurs.
Devenue maudite, la pyramide était incendiée.
C’est ce qui explique qu’autant de pyramides émaillent la vallée.
Cependant, à Túcume, les choses sont bien différentes.
Les sacrifices rituels de Túcume
A Túcume, il n’existe aucune trace de catastrophe naturelle. C’est durant l’été 2005 que les archéologues ont découvert pourquoi cette cité a été abandonnée et surtout pourquoi ce peuple a brutalement disparu.
Tout a commencé par la découverte des vestiges d’un passage à deux voies bordé de murs qui menait autrefois à la ville.
Cette ruelle en forme de labyrinthe tournait plusieurs fois autour de la cité pour déboucher devant un endroit précis : un temple de taille modeste, le temple de la Piedra Sagrada.
La population de Túcume y faisait ses offrandes pour les dieux.
La Piedra Sagrada
Mais, dans les dernières semaines, ce temple est devenu le théâtre d’offrandes beaucoup plus sinistres.
Ce sont les nombreux corps découverts à l’extérieur du temple qui ont fourni les réponses. 119 corps ont été découverts, ensevelis sur cinq niveaux.
La plupart de ces gens ont été décapités. Parmi eux, il y avait quelques femmes et des enfants.
Le dernier niveau correspond aux derniers jours avant l’abandon de la ville. Les corps sont beaucoup plus nombreux à ce dernier niveau ce qui montre que les sacrifices se sont multipliés.
Grâce au travail des archéologues et aux récits d’anciens chroniqueurs espagnols, on sait comment les rituels se déroulaient.
L’élite des seigneurs Lambayèque et le gouverneur inca se rassemblaient autour du temple. Le grand prêtre soufflait des poudres colorées sur la pierre sacrée, symbolisant le dieu de la montagne.
En se parant d’un masque, il montrait qu’il endossait le rôle d’un dieu.
Les victimes étaient droguées. La drogue administrée paralysait le corps mais laissait la victime consciente.
Elle savait qu’elle allait mourir mais était incapable d’opposer la moindre résistance. Elle s’agenouillait et le prêtre se tenait derrière elle.
Une fois la gorge tranchée et la tête coupée, le prêtre retirait le cœur pour l’offrir aux dieux.
Un couteau sacrificiel, le tumi, a été découvert sur le site.
On sait que les peuples amérindiens pratiquaient le sacrifice humain mais pourquoi les Lambayèques ont-ils autant intensifié ces sacrifices ?
Du sang pour les dieux
L’effarante histoire des Lambayèques trouve sa source dans l’arrivée des conquistadors en 1532. Ils ont débarqué au Pérou, très loin de la vallée.
.
Vénérés à leur arrivée car assimilés à des dieux, ils ont très vite été craints, d’autant plus qu’ils arrivaient sur des chevaux, un animal inconnu en Amérique du Sud.
Les éléments retrouvés sur le site montrent que lorsque les Espagnols sont arrivés au Pérou, les Incas avaient déjà pris le contrôle de la vallée. Or, les Lambayèques partageaient avec les Incas une même croyance, à savoir que les envahisseurs étaient le signe de la colère des dieux. Il fallait donc les apaiser.
Un an après l’arrivée des envahisseurs, Les Lambayèques ont appris qu’ils avaient tué leur chef suprême, le demi-dieu incas.
Cette mort déclencha une vague de panique. Les habitants de la vallée devaient offrir aux dieux ce qu’ils avaient de plus précieux : des êtres humains.
Il fallait nourrir les dieux avec du sang humain pour les apaiser et repousser l’invasion.
Mais, les sacrifices n’ont pas stoppé les Espagnols. Plus la peur grandissait, plus cette peur devenait incontrôlable.
Vers la fin, les corps s’empilaient devant le temple.
Pour ce peuple, les pyramides avaient perdu leur pouvoir surnaturel. Elles n’avaient pu les protéger.
Ils y mirent donc le feu pour purifier la ville.
Puis, les Lambayèques quittèrent Túcume. Nul ne sait encore où toute cette population se rendit.
Peut-être avaient-ils envisagé de reconstruire d’autres pyramides mais les Espagnols avaient déjà pris le pouvoir au Pérou.
L'Empire inca
Sacrifices rituels
En seulement 100 ans d'histoire, l'Empire inca s'est étendu sur environ 4 000 kilomètres.
Cet empire comprenait les états actuels de l’Equateur, du Pérou, de la Bolivie et du Chili.
Il existe un paradoxe concernant les peuples d’Amérique du Sud. Férus d’astronomie et possédant des connaissances avancées dans de nombreux domaines, nous avons du mal à comprendre certaines de leurs coutumes barbares.
Les sacrifices d’enfants, d'hommes et de femmes étaient monnaie courante sous le règne des fils du Soleil.
L’Amérique du Sud est le lieu de naissance de la momification. Les chercheurs ont mis au jour de nombreuses tombes qui nous ont permis de mieux comprendre les rites funéraires.
L’enfant de la montagne de Plomb
Le 1er février 1954, deux mineurs gravissent la pente escarpée et enneigée d'une montagne. Ce pic de 5 400 m d'altitude s'appelle El Plomo (la montagne de Plomb). Il est situé dans la province de Santiago du Chili. Les deux hommes ont presque atteint le sommet lorsqu'ils découvrent un curieux enclos de forme elliptique, de 6 m de long sur 3 m de large, entouré d'un mur d'à peine 1 m de haut et comblé de pierres et de terre.
El Plomo. Image Thiago "James"
Sous 1 m de pierrailles et de terre, ils découvrent, au centre de l'enclos, une grande pierre plate, qu'après bien des efforts ils font pivoter sur son axe.
Là, se révèle un bien étrange spectacle dans une tombe de 1 m de profondeur, un jeune enfant semble dormir, les yeux clos, les jambes ramenées sous lui, les bras enserrant les genoux, la tête inclinée posée sur son bras.
Autour de lui, deux statuettes en argent et en coquillage, deux petites figurines dont la forme rappelle celle des lamas et une série de petits sacs de peau contenant des cheveux, des morceaux d'ongles et des feuilles de cola, veillent sur son dernier sommeil.
Ce jeune garçon de 8 ou 9 ans veille sur la montagne de Plomb depuis environ 5 siècles.
Or le corps est absolument intact, tendre et flexible comme si la mort venait de le toucher !
Qui était le petit Inca et quelles furent les circonstances de sa mort ?
Jeune enfant momifié découvert au Pérou. Image Hesselink
L'analyse du corps révéla que plusieurs phalanges de la main gauche gelèrent 24 à 48 heures avant la mort. Des bribes de vêtements sur les avant-bras et les mains témoignent aussi des efforts de l'enfant pour recouvrir ses parties du corps restées nues. Le petit garçon de la montagne de Plomb fut enterré vivant.
Pour comprendre ce qui a poussé un peuple à commettre une telle abomination, nous devons nous pencher sur l'histoire de ce peuple étrange.
L’origine des Incas
Au moment de la conquête espagnole, en 1532, les Incas, basés à Cuzco, au Pérou, régentaient plus de douze millions de sujets, cent cultures différentes et parlant au moins vingt langues. Ce n'étaient pas des conquérants brutaux. Ils maniaient aussi bien les cadeaux que les lances pour affirmer leur pouvoir.
Machu Picchu. La somptueuse cité inca. image robennals
L'origine des Incas est liée à la mystérieuse civilisation perdue de Tiahuanaco, au Pérou, située près du lac Titicaca. D'après la légende, cette cité fut l'œuvre de Viracocha, le dieu créateur de toutes choses. Mais les hommes ayant violé la loi divine, Viracocha les changea en pierre et détruisit la ville par un cataclysme.
A Cuzco, le monastère Santo Domingo s'élève aujourd'hui sur les ruines du Coricancha (temple du Soleil) édifié par les Incas. Image Greg M
Il envoya ses enfants, les fils du Soleil, pour fonder une nouvelle civilisation.
Le premier Inca, Manco Càpac, était né, et, avec lui, le culte du Soleil, Inti, qui se confondra progressivement avec Viracocha.
Manco Càpac fonda la ville de Cuzco, épousa sa sœur et ils fondèrent la dynastie des Incas.
Les souverains Incas utilisaient ce mythe pour justifier de leur origine divine.
Cuzco aujourd'hui. Image Matito
L'Inca (mot qui, au départ, désignait uniquement le chef suprême, fils du Soleil) n’était pas uniquement un despote régnant par la terreur.
Les Incas assimilaient de nouveaux peuples avec une efficacité remarquable : ils permettaient aux responsables locaux de conserver leur poste mais emmenaient leurs fils à Cuzco pour qu'ils y reçoivent une formation. Ils prélevaient une « taxe sur le travail » de leurs sujets mais les remboursaient avec des biens, honoraient les dieux locaux et les pratiques religieuses tout en associant les populations à leurs croyances et rituels.
Ollantaytambo, une ancienne forteresse inca où l'on pouvait surveiller la route principale menant à Cuzco. Image jennifrog .
Les sacrifices d'enfants faisaient partie de cette « philosophie ». Les Incas obtenaient des enfants de tout l'empire et récompensaient les familles par des fonctions gratifiantes ou des biens matériels. Les sacrifices étaient des événements unificateurs. Les enfants étaient souvent emmenés à Cuzco pour des célébrations avant que des processions ne les conduisent jusqu'aux sites de leur immolation.
Momie Inca. Musée national d'archéologie, Lima . Image quinet
L'enfant de la montagne de Plomb faisait probablement partie d'une de ces tribus qu'asservit l'Empire inca : le peuple de l'Altiplano.
Le llantu (tunique) noir qu'il portait était un privilège accordé par les Incas aux nations conquises. Sa parure en plumes de condor, par contre, rappelle le pacarina (emblème) du condor du peuple de l'Altiplano.
Au vu de la richesse de ses vêtements, ses bijoux en or et en argent et la peinture rouge de son visage, il devait être le fils d'un noble provincial de haut rang.
Sachant qui était le petit garçon de la montagne de Plomb, une question essentielle subsiste: pourquoi l'a-t-on enterré vivant ? Ici aussi, il faut retourner à ce que nous savons de l'Empire inca.
Les sacrifices rituels
La mort d'un chef, la victoire ou le voeu de bonnes récoltes étaient autant d'occasions d'offrir des sacrifices humains aux divinités. De plus, les Incas vénéraient certaines montagnes.
Mais il y avait d'autres occasions, clairement institutionnalisées ; notamment le Câpac-Raimi, fête de l'Inca et de l'initiation, où l'on égorgeait de jeunes enfants.
Betanzos, chroniqueur espagnol, écrit, à propos d'un sacrifice offert par Yupanqui :
« Là-dessus, l'Inca donna dix jours aux seigneurs de Cuzco pour réunir de grandes quantités de maïs et de moutons, de jeunes lamas et de fins vêtements, et un certain nombre de garçons et de petites filles pour offrir un sacrifice au Soleil. Le dixième jour, l'Inca Yupanqui fit allumer un grand feu et brûler les cadavres des bêtes égorgées, les habits et le maïs. Quant aux garçons et aux filles, qui avaient pour la circonstance, revêtu de splendides vêtements et s'étaient ornés de bijoux, on les emmura vivants dans une maison. »
Momie de Nazca (Musée régional de Cuzco). Image Exfordy
Le sacrifice d'enfants, (Capacocha) était chose habituelle : le sacrificateur étranglait, égorgeait, emmurait ses victimes ou leur arrachait le cœur. On peut juger aberrante et désaxée une civilisation qui se complaît dans ce genre de pratiques.
Cette cruauté s'explique pourtant par l'univers magique des Incas et leurs rapports avec la mort. Une multitude de créatures mythiques peuplaient l'univers céleste de l'Amérindien. Pour lui, même les choses étaient animées, et la mort n'était pas une fin.
Les suicides collectifs, les sacrifices humains et le culte rendu aux cadavres momifiés des Incas témoignent de cet état d'esprit particulier à l'égard de la vie et de la mort.
Momie retrouvée à Nazca. Image Warren H
La description que nous donne Camacho d'une Capacocha est, en ce sens, très significative.
Les enfants destinés à être immolés étaient amenés par leurs mères ; elles étaient fières de faire une telle offrande à la divinité.
Pour que les enfants puissent se présenter devant Viracocha, on les avait préalablement habillés de vêtements magnifiques et couronnés de fleurs. Ensuite, on leur faisait boire un breuvage enivrant, ou, s'il s'agissait de nourrissons, la mère leur donnait le sein avant l'immolation.
Momie inca découverte près de Nazca. Image leander.canaris
Les prêtres les prenaient avec force cérémonies, leur faisaient faire le tour de l'autel, puis ils les couchaient sur la pierre sacrificatoire, le visage tourné vers le Soleil. L'instant d'après, ils les exécutaient, selon les prescriptions de leur rituel barbare, en les étouffant, en les égorgeant ou en leur ouvrant la poitrine avec un couteau d'obsidienne et en leur arrachant le coeur.
Avec le sang, ils accomplissaient alors la cérémonie de la Vilacha, nommée également Pirano : le sacrificateur dessinait avec le sang une traînée qui allait d'une oreille à l'autre sur son visage, puis sur celui des assistants qu'il voulait honorer. Il en enduisait les vases utilisés pour le sacrifice. Enfin, les cadavres des victimes et les récipients étaient enfouis dans une même fosse. A ces macabres cérémonies succédaient de grandes beuveries au cours desquelles les Indiens buvaient l'azua, breuvage sacré.
Sipán . Les Moches ou Mochicas
Pérou
La découverte, en 1987, de la tombe du « seigneur de Sipán », dans le nord du Pérou, a révélé au monde les beautés de l’artisanat mochica.
La civilisation mochica s’est développée du IIIe siècle avant notre ère au VIIIe siècle de notre ère. La culture des Moches s’est principalement développée dans les vallées de la Moche et de la Chicama (actuelle province de La Libertad).
Très hiérarchisée, la société moche est dominée par une aristocratie qui contrôle le pouvoir politique, militaire et religieux. Ce peuple précolombien avait une culture qui est considérée comme la plus raffinée et la plus avancée du monde préinca.
La culture moche
Les Moches se sont établis dans des vallées fluviales, le long de la côte aride au nord du Pérou. L’agriculture et la pêche nourrissaient une importante population. Cette société très hiérarchisée, bâtissait des canaux d’irrigation, des pyramides et des palais.
Malgré l’absence d’un système écriture, les Moches ont témoigné de leur art dans de beaux vases en céramique, des laines élaborées, des peintures murales et de nombreux objets en cuivre, en or et en argent.
Poterie provenant de la côte nord du Pérou. Art des Moches ; 400-700 après notre ère (British Museum, Londres)
On ne sait pas si les Moches ont fondé un Etat centralisé avec une capitale ou si leur organisation reposait sur une confédération de plusieurs seigneuries.
On sait par contre que la noblesse concentrait tout le pouvoir. Le sommet de la hiérarchie était occupé par un chef, peut-être un roi.
Vase portrait d'un chef Moche
L’agriculture constituait la principale ressource. La population se devait de participer à la construction des grands ouvrages publics. Ces participations volontaires ont d’ailleurs contribué à l’essor de la civilisation. Les Moches ont ainsi réalisé des ouvrages hydrauliques grandioses.
Les Moches cultivaient des céréales, des légumes, du coton, du tabac et la coca. Ils élevaient des chiens, des cochons d’Inde et des lamas.
La pêche était une autre source importante d’approvisionnement. Les pêcheurs utilisaient les totoras, des groupes d’embarcations individuelles, liées entre elles par des cordes en fibre végétale.
La chasse n’était par contre pratiquée que par la noblesse.
L’examen des objets retrouvés dans les tombes a confirmé l’utilisation de cosmétiques, de miroirs, de peignes ou de pinces à épiler.
Pinces à épiler en or de facture moche (Lima, musée de l'Or)
La sépulture de Sipán
En février 1987, en creusant un tumulus sacré, des pilleurs de tombes ont mis au jour un incroyable trésor funéraire.
Une querelle ayant éclaté entre les voleurs, l’un deux dénonça ses complices. C’est ainsi que les archéologues ont pu déblayer les restes de la tombe saccagée.
Les huacas de Sipán étaient, à l'origine, de hautes pyramides de briques (National Geographic)
Cette huaca ou pyramide sacrée allait leur révéler de nombreuses surprises. A l’origine, les huacas de Sipán étaient de hautes pyramides de brique, lieux où se déroulaient les rites sacrificiels et où se trouvaient les tombes royales.
Aujourd’hui, il ne reste plus que d’immenses tumulus.
A l’intérieur de la tombe pillée se trouvait le squelette d’un homme coiffé d’un casque de cuivre et protégé par un bouclier.
Des étendards de coton recouvraient le corps. Ils étaient décorés de cuivre plaqué or.
Walter Alva/Bruning Museum
La sépulture de Sipán est la plus magnifique tombe jamais découverte aux Amériques.
Dans la chambre funéraire, des cercueils de roseau abritaient deux hommes, deux femmes et un chien. Au centre, se trouvait le cercueil de bois où reposait l’homme en l’honneur duquel cette sépulture avait été érigée.
Il mourut vers 40 ans. C’était un seigneur guerrier chaussé de sandales d’argent. Dans sa main droite, il tenait un sceptre d’or et, dans la gauche, un sceptre d’argent.
Il était entouré d’objets en or et en argent.
Figurine à la coiffe en forme de hibou. L'homme le plus âgé, retrouvé dans la troisième tombe, portait un ornement de nez de 11 cm de haut, identique à celui de la figurine (Bruning Museum)
Des hommes sacrifiés entouraient le seigneur guerrier. On ne sait pas si les femmes étaient des concubines. En revanche, elles étaient mortes de puis longtemps quand elles ont été placées dans la tombe.
Par la suite, on trouva deux autres sépultures autour du tumulus.
Le site de Dos Cabezas : des tombes de géants
Entre 1997 et 1999, une équipe d’archéologues a localisé trois sépultures à Dos Cabezas, dans la partie basse de la vallée de Jequetepeque, près de Sipán.
Le noble Moche du tombeau 3. Il a été enfoui avec de nombreuses offrandes: une bouteille en forme d'oiseau, une tête de lama et des jarres (National Geographic)
Des tombes miniatures étaient accolées à chaque tombe. Les petits compartiments près de la tombe étaient calqués sur le modèle des chambres funéraires. Cette caractéristique est totalement unique.
Tombeau 3 (1999) 1/ Tombe miniature contenant des céramiques, une tête de lama et une figurine en cuivre 2/ Jeune servante de 15 ans sûrement sacrifiée 3/ Homme enveloppé de bandelettes 4/ Enfant âgé de 9 ans 5/ Bouteille en céramique 6/ Bouteille en forme d'oiseau 7/ Marque du fabricant des briques
Excavation Tombeau 2 (1998) 8/ Figurine en cuivre 9/ Bouteille en forme de condor 10/ Tête de lama 11/ Cinq pots 12/ Lama en offrande 13/ Corps 14/Jeune garçon de 15 ans enterré sous le personnage principal 15/ Bouteille en céramique
A l’extérieur de chaque chambre funéraire, une petite statue en cuivre représentait l’occupant du tombeau.
Bec de chouette en or. C'est l'un des cinq objets en or retrouvés dans la bouche de l'occupant du tombeau 2 (National Geographic)
Chez les Moches, la taille des hommes variait de 1,47 m à 1,67 m. Or, les trois habitants des tombeaux atteignaient entre 1,75 m et 1,82 m. Ils étaient âgés de 18 à 22 ans et sont probablement morts à un mois d’intervalle.
Visage menaçant d'une figure sur une bouteille en céramique du tombeau 2 (National Geographic)
L’archéologue Alana Cordy-Collins pense que ces hommes devaient souffrir d’une maladie similaire aux syndromes de Marfan, un désordre génétique à l’origine de l’allongement et de l’amincissement des os.
Photo National Géographic
Outre l’occupant principal, chaque tombeau contenait une jeune femme et une tête ou une carcasse de lama.
Animal non identifié en céramique du tombeau 2 (National Geographic)
Photo National Géographic
Plus de 350 sépultures ont été mis au jour mais les tombeaux de Dos Cabezas sont uniques.
Rituels et sacrifices
De nombreuses céramiques mettent en scène des sacrifices, des rites funéraires et des épisodes guerriers.
Certaines illustrations relatent les batailles entre les peuples des vallées fluviales. Ceux-ci s’opposaient en une série de combats singuliers, le but n’étant pas de tuer mais d’assommer l’adversaire.
Le vainqueur déshabillait son ennemi, lui bandait les yeux et pouvait alors exhiber son prisonnier.
Enfin, les hommes capturés étaient sacrifiés. Lors d’une grande cérémonie religieuse, un prêtre leur coupait la gorge et recueillait le sang dans une coupelle. Le contenu était offert au chef.
Poterie symbolisant le sacrifice humain (Museum für Volkerkunde, Berlin)
On démembrait alors les corps des victimes sacrificielles, on attachait leurs têtes et leurs membres à des cordes et on les suspendait comme trophées.
Lutter pour survivre
Les catastrophes naturelles, El Niño, tremblements de terre, éruptions volcaniques, sécheresses et inondations, ont toujours fait partie de l’histoire sud-américaine.
La mer était d’ailleurs au cœur de la culture mochica. Le courant de Humboldt, qui longe les côtes du Pérou du sud au nord, favorise la multiplication des fruits de mer. Ce courant permet des pêches uniques au monde.
Seigneur guerrier. Cette mosaïque de coquillage, d'or et de turquoise, décorait une bijou d'oreille retrouvé dans la première tombe de Sipán (Museum für Volkerkunde, Berlin)
Mais, entre 562 et 594, une période de grande sécheresse s’abattit sur le pays mochica. La famine et la maladie décimèrent la population. D’immenses dunes côtières se formèrent, repoussant les survivants à l’intérieur des terres.
Il fallut créer de nouveaux systèmes d’irrigation.
Poterie moche à effigie (antérieure au VIIe siècle), provenant du nord du Pérou. (Musée des Beaux-Arts de Dallas)
Les guerres, qui se limitaient autrefois à des combats rituels, prirent une ampleur meurtrière. L’enjeu était de préserver les ressources naturelles de sa propre communauté.
Des fortifications s’élevèrent. En 800, cette lutte pour la survie avait divisé le territoire mochica en plusieurs principautés.
L’unité culturelle qui liait les royaumes de la vallée du fleuve appartenait désormais au passé.
Teotihuacán signifie la « cité des dieux ». Les fouilles de cette cité, située au Mexique, ont commencé au 19e siècle et continuent toujours aujourd’hui.
Les chercheurs n’ont pas encore toutes les réponses à propos de la naissance, de l’apogée et de la chute de Teotihuacán.
Ce sont les Aztèques qui ont baptisé cette cité mais elle était déjà en ruine au moment de leur domination.
Au XVIe siècle, quand H.Cortès et ses troupes passèrent à proximité, ils ne virent que des monticules de terre car le site s’était écroulé.
On suppose que Teotihuacán serait née au IIIe siècle avant notre ère de la réunion de plusieurs petites communautés agricoles.
Des monuments à la gloire du Soleil et de la Lune
Jalonnée de temples, une vaste avenue rectiligne de 45 mètres de large court au centre de Teotihuacán. C’est l’allée des Morts, rigoureusement orientée nord-sud.
D’ailleurs, toutes les constructions du site ont des positions géographiques qui les relient à l’ordre cosmique, et plus particulièrement, au Soleil.
Les bâtiments sont tous disposés selon l’axe de la pyramide du Soleil, elle-même coïncidant avec la position de l’astre lors du solstice d’été.
Temple du Soleil à Teotihuacán. image Joel Bedforf
Haute de 63 mètres, la pyramide du Soleil a été érigée sur une gigantesque plate-forme pavée, et reposant sur une base rectangulaire de 222 mètres sur 225.
Moins élevée que la pyramide égyptienne de Kheops, elle est presque aussi large que cette dernière.
On estime qu’environ 2,5 millions de tonnes de pierres ont été nécessaires à sa construction.
La pyramide actuelle est une reconstruction qui n’est pas fidèle à l’original. L’archéologue Leopoldo Batres, en 1908, qui recherchait des trésors, a démoli sans scrupules l’édifice.
Sépulture de Teotihuacan. Image Shizoform
On pense qu’elle a été édifiée au Ier siècle avant notre ère et elle comptait alors quatre étages. Au sommet, se trouvait un temple, probablement réservé aux prêtres.
La pyramide de la Lune, haute de 43 mètres, a été érigée plus tardivement ainsi que la citadelle.
Cette dernière est une sorte de forteresse de 400 mètres de large dont les murs sont de vastes plates-formes. Elle est dédiée aux dieux de la Pluie et de la Végétation. Les quinze bâtiments sont disposés autour d’une pyramide à six niveaux en escalier, ornée de magnifiques sculptures.
Des masques à crocs alternent avec des serpents à plumes (Quetzalcóatl), tous recouverts de stuc peint.
Temple de la Lune à Teotihuacán . Image An en Alain
En 1999, l’archéologue Saburo Sugiyama a découvert une sépulture dans une chambre souterraine située près de la pyramide de la Lune. Il s’agit du squelette d’un homme adulte entouré d’environ 150 offrandes ainsi que des restes de huit aigles et deux jaguars, sans doute enterrés vivants.
Il s’agit peut-être de la tombe d’un roi.
1200 autres sépultures, avec des offrandes beaucoup moins riches, ont été découvertes dans la ville.
Décoration murale. Teotihuacán . Image Ilhuicamina
Le jaguar est fréquemment représenté sur les fresques. Les taches de sa robe ont nettement la forme des fleurs.
Pendant la période postclassique, ce félin, Tepeyolotl, incarnait le cœur de la montagne.
La fleur et le jaguar pourraient évoquer la puissance de la terre, d’où sortent et où retournent les hommes.
Adoration de la nature
Aucune fortification n’a été exhumée à Teotihuacán. Les scènes qui ornent les murs ne représentent aucune scène de sacrifice et aucun combat.
Il semblerait que cette cité était la métropole théocratique d’une civilisation pacifique et agricole.
Leur religion honorait les forces naturelles : l’eau, la terre et la végétation.
On n’a retrouvé aucune trace de rituels sanglants habituels des civilisations amérindiennes.
Des têtes de serpent avec des dents en crochets et des colliers de plumes ornent le temple de Quetzalcoatl. Image fklv
Cette civilisation était par contre très attentive aux mouvements des étoiles, repères précieux des sociétés agricoles.
Le site ne recèle aucune trace d’une écriture proprement dite mais on a identifié en revanche des signes correspondant à des nombres marquant le temps astral ou à des calculs chronologiques.
La déesse de l’eau
Surgie au milieu de temples en ruine, une sculpture monumentale contemple les hommes du haut de ses quatre mètres.
On a exhumé cette sculpture en déblayant le patio de la pyramide de la Lune. C’est un énorme bloc de basalte représentant un temple rectangulaire, précédé d’une figure féminine.
La statue possède une cavité dans la poitrine qui symbolisait peut-être le cœur.
Le prêtre y déposait peut-être un objet de culte.
Les archéologues ont identifié la déesse de l’eau car les Aztèques vénéraient la même déesse.
Bâtiments et art de Teotihuacán
L’allée des Morts est coupée par d’autres voies qui conduisaient aux quartiers résidentiels. Le fleuve, San Juan, qui coule au centre de la ville, avait été canalisé pour ne pas perturber l’ordre parfait du plan urbanistique.
A l’une des extrémités de l’allée des Morts, se trouve la Ciudadela, le centre administratif de la ville.
Il s’agit d’une place sur laquelle donne le temple de Quetzalcóatl qui était sans doute la résidence des prêtres.
A gauche de la pyramide de la Lune, se trouve le palais de Quetzalpapálotl, sans doute la résidence du souverain.
Vue du complexe de Teotihuacan. Image Laura Rush
Plus du tiers des 400 ateliers d’artisans identifiés dans la cité travaillaient l’argile. Leurs productions étaient exportées jusqu’au Guatemala, où on en a retrouvé dans de nombreux sites archéologiques.
Parmi les sculptures caractéristiques, on trouve principalement les masques, taillés dans la pierre dure. Ils étaient trop lourds pour être portés mais ils sont évidés et percés pour pouvoir être suspendus.
Les yeux sont ornés de fragments de coquille ou d’obsidienne. Ces masques avaient probablement un usage funéraire.
La chute de Teotihuacán
La cité a disparu vers le VIIe siècle de notre ère. La ville, à moitié détruite par un incendie, a été abandonnée.
A son apogée, la cité comptait jusqu’à 200 000 habitants. On a retrouvé les ruines d’au moins 2 000 édifices. La ville s’étendait sur au moins 150 km².
Après environ six siècles d’oubli, elle a été redécouverte par les Aztèques qui la baptisèrent « la cité des dieux ».
Calendrier retrouvé à Teotihuacan. Image Michael McCarty
Pourquoi la cité a-t-elle été abandonnée ? A-t-elle été victime d’envahisseurs ? Une épidémie a-t-elle décimée la population ? Ou alors, a-t-elle été simplement abandonnée à cause de l’érosion des sols alentour rendant l’agriculture impossible ?
D’autres civilisations de l’époque classique ont connu plus tard un sort identique. On n’a pas encore élucidé les raisons de leur extinction.
L'ère Nara du Japon
De 710 à 794, le Japon connaît l'une des ères les plus importantes de son histoire, celle de Nara. Cette ère instaure un mode de vie qui ne s'éteindra qu'au XIXe siècle. Nara illustre les capacités exceptionnelles des japonais à adapter des traditions étrangères, en l’occurrence celles de la Chine.
L’ère de Nara nous a laissé en héritage les plus beaux monuments bouddhiques du monde. Le bouddhisme a en effet connu au VIIe siècle son âge d’or au Japon.
La statue colossale du Grand Bouddha que renferme le temple de Todai-ji ou le temple de Yukushi-ji illustrent bien l’éclosion d’une nouvelle vie artistique et intellectuelle.
L’unification du Japon
C’est seulement au VIe siècle que se dessine une certaine unité japonaise. A cette époque, la plupart des clans rivaux qui se battaient pour le pouvoir ont été absorbés par une seule et unique cour, celle du Yamato, dont la capitale est Nara.
Todai-ji, le temple principal de Nara .Image Asgrd
Influencés par la Chine, dont le rayonnement culturel s'étend à toute l'Asie, les souverains japonais en adoptent les caractères d'écriture et la religion, le bouddhisme. Un pouvoir à peu près centralisé et une religion forte permettent au Japon de franchir une nouvelle étape en se dotant d'une administration organisée. Là encore, les modèles d'organisation sont importés de Chine, au gré des relations commerciales et diplomatiques qui se sont nouées entre les deux pays.
Le code de Taiho
Dans la seconde moitié du VIIe siècle, le code dit « de Taiho » est promulgué en 701. Il sera appliqué jusqu'au début du règne de l'empereur Meiji (1867-1912), qui, en l'abolissant, mettra enfin un terme à un système féodal d'organisation de la société peu adapté au monde moderne.
Gardien de la religion bouddhiste. Image Nicolasc
Ce code est divisé en deux parties l'une, administrative, traite essentiellement des fonctionnaires, de leur rôle dans la gestion de la cour et dans le contrôle de la population; l'autre, pénale, fort mal conservée, concerne les délits, les crimes et les peines.
L'un des trois bouddhas du temple de Yakushi-ji. Image Idua Japan
Le Japon a emprunté aux classiques de la Chine la théorie du gouvernement bienveillant, qui doit faire en sorte que le peuple puisse se nourrir et vivre dans la paix, et cela par le moyen de l'incitation au travail, à l'honnêteté et à la frugalité. Cette fonction de moralisation revient théoriquement à l'empereur, mais, dans la pratique, c'est à une administration de type bureaucratique qu'elle est confiée.
Rue touristique du Nara moderne. Image Josephin Busan, Rok
Ainsi, en dépit d'une structure administrative composée sur le papier avec rigueur et d'une division des tâches apparemment stricte, le Japon est dirigé par un groupe réduit d'hommes appartenant à une aristocratie de naissance, aidés par des fonctionnaires d'origine plus humble.
Sculpture d'inspiration chinoise à Nara. Image Idua Japan
Hérité de la Chine, ce système privilégiait les plus hauts rangs, non pas sur des notions de compétence mais de naissance.
L’empereur du Japon
Le culte national, le shinto, et la pensée chinoise, taoïste ou confucéenne, ont modelé l'idéologie impériale. L'empereur est le descendant et le représentant des divinités fondatrices. « Divinité visible», il est l'interlocuteur privilégié de toutes les divinités du pays. Il ordonne les prières et les offrandes pour obtenir de bonnes récoltes.
Son administration contrôle les sanctuaires.
Salle principale du temple deTodai-ji. Image Lux Tonnerre
L'empereur est le « tenno », c'est-à-dire qu'il est assimilé à l'étoile Polaire, point fixe autour duquel s'ordonne l'Univers, ou bien au Soleil qui, de façon naturelle, a une influence bénéfique. Mais il est aussi le souverain bienfaisant de la tradition confucéenne qui, par sa vertu, moralise son peuple et gouverne avec sagesse, entouré de bons conseillers.
Le sort des paysans
L'immense influence de la Chine avait transformé la vie au japon, du moins celle des seigneurs, des courtisans et des chefs religieux. Les paysans, eux, continuaient à vivre pauvrement. Ils travaillaient dur pour fournir les richesses nécessaires au train de vie de la cour impériale.
Koen ParK . Image Kalavinka
Et pourtant, les nantis de la fastueuse Nara les considéraient comme des animaux. Vêtus de fibres d'écorce, ils habitaient de simples huttes en torchis. Leur vie était rythmée par les travaux agricoles; certains élevaient des vers à soie.
Totalement incultes, ils vénéraient des divinités des champs et des montagnes.
Fontaine en forme de dragon de Nara. Image Marcom
Les gens du peuple étaient complètement ignorés des nobles comme des moines bouddhistes. Nul ne parle d'eux dans les chroniques, si ce n'est par allusion. La fondation de Nara aggrava leurs conditions de vie déjà misérables: les impôts levés pour construire la nouvelle cité devenaient chaque jour un peu plus lourds.
Les temples de Nara
Au VIIIe siècle, il manquait au japon une capitale digne de sa splendeur croissante. En 710, sous l'impératrice Gemmyo (règne: 708-714), Nara devint la résidence fixe de la cour impériale.
La ville s'appelait à l'époque Heijô-kyô; elle était bâtie sur un plan en damier, à la manière de Changan, la capitale Tang en Chine ((l'actuelle Xi'an). L'architecture était d'inspiration chinoise avec ses palais, ses monastères et ses hautes pagodes.
Image Kalavinka
Six sectes sont alors fondées, la plupart par des moines japonais formés en Chine. Chacune a à coeur de marquer les esprits et se lance dans la construction de temples splendides. Ainsi sont érigés le Yakushi-ji, le Toshodai-ji et le Todai-ji.
Dans le Todai-ji (Grand Temple oriental), étaient ordonnés tous les moines. La construction du Todai-ji (achevée en 752) a été une entreprise titanesque qui a nécessité 20 ans de travail : la salle principale (Daibutsu-den) abritait une statue de bronze du Bouddha Vairocana (le Bouddha Seigneur de l'Univers) de 18 mètres de hauteur pesant 450 tonnes.
Image Idua Japan
En 735, une grave épidémie de variole se déclara, touchant aussi les membres de la famille impériale. L'empereur Shômu (règne: 724-749) décida alors de construire cette gigantesque effigie du Bouddha en bronze doré.
La salle même, avec 48 mètres de haute est le plus grand édifice de bois du monde Le temple et la statue d'origine ont été détruits par un incendie et reconstruits à une échelle plus modeste à la fin du XVIe siècle.
Dans ce même temple, on peut admirer une terrifiante statue, Shukango-Shi, qui est un protecteur du bouddhisme et non un guerrier.
Cependant, il combat avec violence tout ennemi de la religion.
L'essor du Japon, éditions Larousse
Le Yakushi-ji abrite les trois Bouddhas qui constituent la Trinité de Yakushi.
Construit au VIIIe siècle, le temple shintoïste de Kasuga-ji est dédié aux divinités protectrices de la ville.
Mesurant à peine 16 m de haut, la Muro-ji est la plus petite pagode à cinq étages du Japon. Les 3 000 rhododendrons qui l’entourent lui ont valu le nom de « pagode des fleurs ».
Image Snoopdroop 1
Quand Heijo-kyo a été abandonnée en 784, seul le palais impérial a subsisté pour rappeler l'existence de la ville; le reste a été livré à la culture du riz.
Aujourd'hui, il ne reste que les fondations (mais quelques parties ont été reconstruites et ouvertes au public), et, au cours des fouilles, on a retrouvé des milliers de tablettes de bois qui ont permis de connaître dans les moindres détails la vie à la cour du japon au VIIIe siècle.
Le matin du 24 août 79, les habitants de Pompéi entendirent un tremblement sourd provenant du Vésuve.
Le Vésuve grondait déjà depuis plusieurs jours. A Pompéi, les habitants se préparaient à fêter les Vulcanalia, rites sacrificiels pour amadouer le dieu du Feu.
Pompéi avait déjà connu un séisme 17 ans plus tôt et la reconstruction n’était toujours pas finie.
Elle ne sera jamais achevée car quand le volcan libère toute son énergie, Pompéi est enseveli avec la population sous plus de 6 m d’épaisseur de cendres.
De Pompéi, on a retrouvé des peintures, des fresques, des corps momifiés et de fabuleux vestiges archéologiques.
L’histoire de Pompéi
Fondée au Vie siècle avant notre ère par les Osques, Pompéi est ensuite occupé par les Etrusques puis les Grecs.
La ville passe ensuite aux mains des Samnites à la fin du Ve siècle avant notre ère. Le grand développement de Pompéi date de l’époque Samnite.
Elle devient colonie romaine en 89 avant notre ère quand le général Lucius Cornelius Sulla y fonde la Cornelia Veneria Pompeianorum.
Image Strude Monkey
Rapidement, d’autres édifices publics importants ainsi que des temples sont construits :
Le capitolium du forum
Les thermes
L’amphithéâtre
L'Amphithéatre. Image Iessi
- Le Temple de Jupiter
Temple de Jupiter. image Yuen-Ping aka YP
Comme Rome, Pompéi était organisé en îlots (insulae).
En 62, un violent séisme touche la région. La population qui devait compter, avant ce séisme, 20 000 habitants, fut réduite de moitié.
La ville se transforma alors en un immense chantier. Puis, 17 ans plus tard, le Vésuve rentre en éruption.
L’architecture de Pompéi
De nombreuses fontaines jalonnaient la ville. On en a retrouvé plus de quarante. L’approvisionnement en eau était assuré par des puits profonds et par un aqueduc, construit sous le règne d’Auguste.
Image Tom's Shots
Pompéi nous a livré un merveilleux témoignage du mode de vie des Romains.
Cette ville comptait deux forums : sur ces places qui étaient le cœur de la vie publique, les gens se réunissaient.
Le Forum . Image Jungle Boy
Le Grand Théatre pouvait accueillir jusqu'à 5 000 spectateurs. Il est adossé au versant d'une colline.
Grand Théatre . Image Mr G's Travels .
Au-delà des temples et des thermes, la ville doit surtout sa réputation aux habitations privées.
On y trouve des témoignages complets sur tous les aspects de la maison romaine (structures, décorations, mobilier).
Atrium . Image Nick in exsilio
L’aristocratie locale habitait dans de vastes demeures ornées de mosaïques.
Mosaïque qui représente des acteurs en train de répéter. Image Nick in exsilio
Ces habitations abritaient des boutiques, ouvertes sur la rue, qui étaient louées à des affranchis.
La maison du Faune occupe une superficie de 3 000 m². C’est la plus majestueuse maison urbaine de Pompéi.
Fresques et mosaïques décoraient les maisons. Image Get Directly down
Dans le jardin de la maison du Bracelet d'or, les pièces latérales d'un nymphée étaient décorées de fresques représentant des jardins fleuris peuplés d'oiseaux.
Une des demeures les plus somptueuses de Pompéi est la maison des Vettii. La partie inférieure des murs est parcourue d'une frise. Des fresques somptueuses décorent les pièces.
Fresque qui représente Héraclès enfant étranglant les serpents d'Héra . Image Nick in exsilio
La villa des Mystères doit son nom à la frise de vastes dimensions qui représente les moments principaux d'un rite d'initiation aux mystères dionysiaques. L'interprétation des scènes est incertaine car ces rites sont peu connus
Image Nick in exsilio .
Le long de la voie de l’Abondance, une des principales artères de la ville, se succédaient les officines, teintureries, auberges, cabarets (thermopolia), les maisons de prostitution (lupanares) et de jeu (tabernae lusoriae).
La voie de l'Abondance. Image Scruff monkey
L’éruption du Vésuve
Pendant 4 jours, Pompéi subit une pluie ininterrompue de cendres et de lapilli. Etouffés par les émanations de gaz toxiques, les habitants s’effondrent à terre.
Les empreintes laissées par leurs corps dans le tuf constituent le témoignage le plus dramatique de la destruction de Pompéi.
Il y eut au moins 2 000 morts.
Terrorisés, les habitants ne savent où aller. Ils succombent asphyxiés, écrasés par les roches ou étouffés dans la panique générale.
Certains essayent de rejoindre la mer pour s’enfuir mais près de 150 squelettes, découverts sur la côte, près d’Herculanum, témoignent de leurs espoirs inutiles.
Ils ont été rejoints par les flots de cendres et de boue.
Eruption du Vésuve en 1944 ( Image Italian Air Force from Green and Short )
Sous plus de 6 m de cendres, les archéologues ont retrouvé les victimes recroquevillées ou serrées les unes contre les autres.
Le Vésuve est un volcan toujours actif. Il a connu plus de 50 éruptions depuis celle qui a détruit Pompéi.
Pourtant, la vie continue à l’ombre du volcan.
Cratère du Vésuve. Image Mr G'Travels
Pompéi n’est pas la seule ville à avoir été détruite. En moins de 3 heures, outre Pompéi, Herculanum est également enseveli.
Un fleuve de boue a littéralement envahi Herculanum.
Squelettes retrouvés à Herculanum ( Mike Lyvers)
L’éruption a commencé au milieu de la matinée et à 13 h tout était terminé.
La lumière du soleil a disparu. Une nuit profonde obscurcit pendant trois jours ce coin de la baie de Naples.
Après la catastrophe
Jusqu’au 26 août, l’obscurité reste complète sur Pompéi, Herculanum et les bourgades proches.
Dans les semaines qui suivent, les rescapés reviennent creuser la couche de dépôts volcaniques et tentent de récupérer leurs biens.
Puis, le site est abandonné et retombe dans l’oubli.
Herculanum. Image Rita Willaert
C’est au 18e siècle que les fouilles commencent. Petit à petit, Pompéi renaît à la lumière maison par maison.
On retrouve les repas et les outils à l’endroit où ils se trouvaient le 24 août 79. En coulant du plâtre dans les formes des corps restés en creux dans les cendres solidifiées, on reconstitue l’agonie des Pompéiens.
Image Simon Pocock
Une adolescente s’est brisée la jambe en sautant du 1er étage ; un homme est mort en agrippant une caissette de pièces d’or ; un vieillard lève les bras au ciel ; une petite fille se protège dans les bras de sa mère.
Image GizaX
Ce sont ces scènes dramatiques, ressurgies du passé, qui expliquent la faveur exceptionnelle dont jouit Pompéi dans la mémoire collective.
Formations rocheuses proches de la mer Morte, considérées
par certains comme les ruines pétrifiées de Sodome et Gomorrhe.
La Bible rapporte l’histoire légendaire de la destruction de Sodome et Gomorrhe
(Genèse, XIX), dont elle fait une punition de Dieu à l’encontre des habitants de ces villes, infidèles et immoraux.
Que sont devenues Sodome et Gomorrhe, ces villes mystérieusement détruites et restées dans la mémoire des hommes comme symboles de vice et de dépravation ? Toutes les hypothèses ont été avancées, de l'explosion atomique à la désintégration par des armes extra-terrestres ! La vérité s’est révélée bien plus simple.
La destruction de Sodome et Gomorrhe selon la Bible
Pour éviter que la discorde ne s'installe entre leurs clans, Abraham et Lot décidèrent de se séparer et d'aller chacun leur chemin. Lot s'attribua la meilleure part de la contrée découverte : la région du Jourdain. Il s'établit donc au sud de la mer Morte, à Sodome, dans une des plaines les plus riches de la région du Jourdain.
Il y avait cinq villes dans ce pays : Sodome, Gomorrhe, Adama, Séboïm et Zoar. Chacune dut verser un lourd tribut au roi Kédor-Laomor à qui appartenait la vallée du Jourdain.
Pendant douze ans, les rois de la vallée versèrent ce tribut. Au cours de la treizième année, ils refusèrent. Kédor-Laomor organisa alors une vaste expédition punitive pour rappeler aux rebelles leur devoir.
Il n'eut aucun mal à les défaire. Leurs capitales furent alors pillées et rançonnées. Parmi les prisonniers se trouvait Lot, qui fut libéré par Abraham à la faveur d'une attaque surprise organisée par celui-ci sur l'arrière-garde de l'armée ennemie.
Rivière du Jourdain aujourd'hui. Image Tracy Hunter
Dieu, alerté par « le cri contre Sodome », dont le « péché est énorme », est résolu à détruire la ville pour punir ses habitants (Genèse 18:20-21). Il envoie alors deux anges vérifier si le « péché » est avéré.
« La clameur qui s'élève de Sodome et Gomorrhe est immense et leurs péchés sont énormes...
» Il anéantit les villes et toute la contrée et tous les habitants des villes et la végétation du sol. L'épouse de Lot qui avait regardé en arrière devint une colonne de sel... Il vit monter de la terre une fumée semblable à celle d'une fournaise. » (Genèse, XVIII, 19.)
Les Filles de Lot (Tableau de Lucas de Leyde, 1509).
« Le soleil se levait sur la terre quand Lot entra dans le Tsoar. Alors l'Éternel fit tomber sur Sodome et sur Gomorrhe une pluie de souffre et de feu; ce fut l'Éternel lui-même qui envoya du ciel ce fléau. Il détruisit ces villes et toute la plaine, et tous les habitants de ces villes. La femme de Lot regarda en arrière, et elle devint une statue de sel. Abraham se leva de bon matin et se rendit à l'endroit où il s'était tenu en présence de l'Éternel. De là, il tourna ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe et vers toute l'étendue de la plaine; et il vit monter de la terre une fumée, semblable à la fumée d'une fournaise. »
La destruction de Sodome et Gomorrhe (Peinture de John Martin 1832).
Ces cités furent détruites. Conséquence de la guerre ? Châtiment du ciel ? Dans la mémoire des hommes, Sodome et Gomorrhe sont les symboles de la dépravation et de la vie sacrilège, et l'on y fait allusion chaque fois qu'il est question de destruction totale.
A la recherche de Sodome et Gomorrhe
A Beni-Hassan, cultures verdoyantes et palmeraies bordent les deux rives du Nil, en cette année 1890. Ce spectacle magnifique s'offre aux yeux de Percy A. Newberry, qui remonte le fleuve à la tête d'une expédition financée par l'Egypt Exploration Fund.
Le but de l'expédition est de retrouver des preuves évidentes de l'émigration de familles sémitiques dans la vallée du Nil.
Or, ces preuves, l'archéologue et son équipe savent qu'elles se cachent dans un réseau de sépultures situé là, à mi-chemin entre Memphis et Thèbes.
La vallée du Jourdain qui sépare Israël de la Jordanie à partir de la mer Morte
Ils vont devoir remuer des masses d'éboulis et de vestiges provenant de colonnes brisées, avant de parvenir jusqu'à l'ultime demeure de Chnem-Hotep.
Le prince Chnem-Hotep régnait sur la région vers 1900 avant notre ère., sous le règne du pharaon Sésostris II.
Dans une petite antichambre, des inscriptions hiéroglyphiques immortalisent ses faits et gestes. Dans une vaste salle taillée dans le roc, des peintures aux couleurs intactes ornent les parois latérales.
On voit s'y dérouler le film de la vie du prince : jeux, moissons, chasses, danses.
Or, sur la paroi située au nord, on peut voir un portrait de Chnem-Hotep entouré d’un groupe de silhouettes étranges : ces personnages ne portent pas les mêmes costumes que les Égyptiens, leur peau est blanche et leur profil particulièrement accusé.
Qui étaient ces étrangers que deux fonctionnaires royaux placés au premier plan présentaient à leur maître ?
Une observation attentive de la peinture murale attire l'oeil sur un papyrus que l'un des deux fonctionnaires tient à la main.
Sur ce papyrus est inscrite la réponse à notre question : il s'agit d'« habitants des sables », de Sémites. Leur chef s'appelait Abishaï et il était arrivé en Égypte avec trente-six membres de sa tribu, hommes, femmes et enfants. Parmi les cadeaux qu'il offrait au prince se trouvait de la stribine (un cosmétique) pour sa femme.
Le châtiment de la femme de Lot, changée en statue de sel (Iconographie religieuse de 1870)
En ces époques lointaines, guerres et famines étaient monnaie courante. Ceux qui désiraient se rendre en Égypte devaient passer par une sorte de douane et régler un certain nombre de formalités.
Ils devaient indiquer leur identité, la raison de leur voyage et la durée du séjour. Un scribe écrivait soigneusement tout cela à l'encre rouge sur un papyrus, et un messager portait le document à l'officier des gardes frontières qui accordait ou non l'autorisation d'entrée, en application de directives fort précises établies par l'administration royale et prévoyant jusqu'au nombre de nomades qu'il fallait refouler.
Mais le fait le plus important que révèle cette peinture, c'est bien que, six siècles avant le départ des Hébreux d'Égypte, des nomades sémites, avec armes, familles et bagages, demandèrent l'hospitalité à ce même pays.
Que fuyaient-ils ? Quelle catastrophe, quel horrible souvenir ?
Ruines de Qumran. Région de la mer Morte. Image LollyKnit
De plus, et cela n'a pas contribué à éclaircir la question, la région de la mer Morte est restée pratiquement inexplorée jusqu'à une date récente. Aucun savant n'eut jamais l'idée d'aller la voir et de l'étudier avant 1848, année durant laquelle les États-Unis organisèrent une expédition ayant pour but de l'explorer.
Mais si la mer Morte a livré facilement les secrets de son hydrographie, il n'en fut pas de même pour la disparition de Sodome et de Gomorrhe, dont le mystère resta entier.
L’énigme de Sodome et Gomorrhe résolue
Il faut attendre le début de notre siècle pour que l'on s'intéresse à nouveau à Sodome et Gomorrhe, grâce à des fouilles entreprises en Palestine.
Une nouvelle génération de chercheurs se mit alors en quête de ces deux villes, qui devaient être situées dans la « vallée de Siddim ». A l'extrême pointe sud-est de la mer Morte, on retrouva les restes d'un établissement humain d'une certaine importance, qui s'appelait encore Zoar.
La Galilée. Image hoyasmeg
Grande était la satisfaction des archéologues, car l'une des cinq riches cités qui avaient refusé de payer le tribut à Kédor-Laomor s'appelait ainsi. Cependant, les fouilles entreprises ne donnèrent rien de positif, les ruines en question se révélant celles d'une ville qui avait existé là durant le haut Moyen Age.
Quant à l'antique Zoar du roi de Bela et à ses voisines, on n'en trouva pas la moindre trace, bien que plusieurs indices relevés aux environs de la Zoar moyenâgeuse attestent que le pays fut très peuplé à une époque reculée.
S'il existe bien aujourd'hui une certitude, c'est que toutes les recherches pour retrouver Sodome et Gomorrhe resteront vaines, car on a désormais percé le mystère de leur disparition.
On peut dire que c'est à des géologues que revient l'honneur d'avoir apporté la preuve définitive des causes et du déroulement de la fin de Sodome et Gomorrhe.
Les bords de la mer Morte. Image James Byrum
La vallée du Jourdain fait partie intégrante d'une gigantesque crevasse de la croûte terrestre. En plus d'un endroit de cette crevasse, on peut déceler des traces d'activités volcaniques. Dans les montagnes de Galilée, en Jordanie orientale, plus précisément sur les rives d'un affluent du Jourdain appelé Jabbock, et dans le golfe d'Agaba, on rencontre du basalte et des traînées de lave.
La mer Morte, elle-même, occupe une très forte dépression de la croûte continentale entre deux plaques lithosphériques, la sous-plaque du Sinaï et la plaque arabique.
Avec le fond de cette crevasse, la vallée de Siddim (y compris Sodome et Gomorrhe) fut un jour précipitée vers les profondeurs de la terre. La géologie a permis de dater cet événement avec une relative précision.
En 1951, le savant américain Jack Finegan confirma les premières estimations. Il semble que c'est vers 1 900 avant notre ère que se produisit le cataclysme qui détruisit Sodome et Gomorrhe.
Petra en Jordanie. Image paalia
Une étude de tous les témoignages littéraires, géologiques et archéologiques permet de conclure que les villes de la plaine étaient situées dans une région à présent recouverte par des eaux qui envahirent lentement la partie méridionale de la mer Morte, et que leur destruction résulta d'un grand tremblement de terre, sans doute accompagné d'explosions, d'éclairs, de dégagements de gaz naturel et d'un incendie généralisé.
Dans les profondeurs, tout au long de la crevasse, dormaient des forces volcaniques que libéra l'affaissement de terrain.
Dans la haute vallée du Jourdain, près de Bashan, on trouve encore des cratères de volcans éteints. Depuis des temps immémoriaux, ces régions sont fréquemment secouées par des séismes. On a même retrouvé un écrit du Phénicien Sanchuniathon confirmant l'explication géologique de la destruction de Sodome et Gomorrhe.
Désert près de la mer Morte. Image Chadica
En voici le contenu : « La vallée de Siddim sombra et devint un lac dégageant sans cesse des vapeurs et dépourvu de poissons, exemple de vengeance et de mort pour le sacrilège. »
Plus on se rapproche de l'extrémité sud de la mer Morte et plus la région devient inhospitalière, sauvage, désertique et lugubre.
On peut compter sur les doigts d'une main les groupes de nomades qui, chaque année, empruntent l'une des vallées.
Une quantité innombrable de petits ruisseaux strie le terrain rougeâtre : celui-ci devient alors dangereux, sinon mortel pour qui n'est pas sur ses gardes. Les marais se prolongent jusqu'à la vallée désertique d'Agaba, qui finit à la mer Rouge.
Une crête de 45 m s'étend, à l'ouest de la rive méridionale, vers le Negeb, en direction nord-sud, sur 15 km.
Cette petite chaîne de montagnes est constituée presque exclusivement de cristaux de sel, et ce phénomène naturel lui donne, au soleil, autant de brillant qu'un diamant.
Frontière entre la jordanie, la syrie et Israel. Image specialkrb
Cette chaîne, les Arabes l'appellent Djebel Ousdoum, un très vieux nom où s'est conservé le radical du mot Sodome. Ébranlés par les eaux de pluie, des rochers sont tombés au pied de la montagne. Ils ont des formes très curieuses : certains sont dressés comme des statues et leurs contours évoquent à peu près celui du corps humain. On pense alors à la légende de la femme de Lot transformée en colonne de sel. Les montagnes salines sont situées non loin de l'emplacement de la vallée de Siddim.
Ces nombreux éléments nous apportent une foule de détails sur le caractère particulièrement atroce du cataclysme qui s'est abattu sur les habitants de la vallée. Ceux qui purent s'éloigner du centre de la catastrophe risquaient encore l'empoisonnement par les gaz, et tout ce qui se trouve au voisinage de la mer de sel se recouvrit en très peu de temps d'une croûte caractéristique.
Il est donc bien évident qu'on ne retrouvera pas Sodome et Gomorrhe. La mer Morte les garde en son sein et ne les rendra jamais.
Non loin de la vallée, à 3 km au nord d'Hébron, les Arabes vénèrent un sanctuaire, qu'ils appellent sanctuaire de «la colline de l'ami de Dieu ». Une légende, donc, assez réaliste !
Pétra. Image Argenberg
La Bible a donc effectivement relaté une catastrophe qui s’est produite. Cette catastrophe avait cependant des causes naturelles et non divines.
Quant à savoir si le vice et la corruption régnaient en maître dans ces riches citées, c’est une autre histoire….
Dans le Yucatán, au Mexique, on peut admirer Chichén Itzá, l’une des principales cités Maya. Cette ancienne métropole est située entre Merida et Cancan. Bien que le peuple Maya soit le plus connu, plusieurs peuples ont occupé ce site entre les IVe et Xe siècles.
A la fin du Xe siècle, Chichén Itzá est occupée par les Itzás, un peuple proche des toltèques qui donne son nom à la ville et la rebâtit.
Chichén Itzá signifie en yucatèque « cenote des bas » ou plus communément« Bord du puit des Itzás ».
Rituels et sacrifices se sont déroulés sur ce site pendant plusieurs siècles.
Quetzalcóatl: Le Serpent à plumes
Les Toltèques et les Aztèques l’appelaient Quetzalcóatl, les Mayas, Kukulcán. Le « serpent avec les plumes de l’oiseau quetzal » (traduction littérale du nom), était le protecteur des prêtres et des souverains, le maître de la sagesse et des vents.
Sculpture représentant le Serpent à plumes. Image M I L I N T O C
Dans le panthéon maya, peuplé de divinités sanguinaires, Quetzalcóatl- Kukulcán n’exigeait des fidèles que des sacrifices de serpents, d’oiseaux et de papillons.
Pourtant, on sait que de nombreux sacrifices humains se sont déroulés en l’honneur de ce dieu.
Le quetzal est un oiseau d’une très grande beauté. A l’époque des Mayas, tuer un quetzal était passible de la peine de mort.
Quetzal à Teotihuacan. Image kudumomo
Les plumes de l’oiseau étaient si précieuses qu’elles étaient utilisées comme monnaie. Les conquistadors et leurs descendants ont tué par milliers ce magnifique oiseau jusqu’en 1895, date de l’interdiction.
Quetzal. Image toryporter
Aujourd’hui, le quetzal vit en populations réduites dans quelques parcs protégés.
La découverte de Chichén Itzá
Selon une légende, le dieu-roi toltèque Quetzalcóatl conquit la plus florissante ville maya du Yucatán au IVe siècle.
Au XVIe siècle, l'évêque espagnol, Diego de Landa, chargé de christianiser les Mayas du Yucatán, apprit que des fidèles accomplissaient régulièrement des pèlerinages en un lieu sacré. Il découvrit alors que tout près des ruines d'une ancienne ville, se trouvait un grand puits naturel vénéré depuis toujours par les indigènes.
Puits sacré appelé cenote. Image Ramonbaile
Diego de Landa raconte dans La Relacion de las cosas de Yucatán que des hommes et des femmes sont jetés vivants dans les eaux troubles et profondes d'un puits que les Espagnols appellent « cenote », une hispanisation du mot maya dzonot.
Peu à peu, il apprit qu'il s'agissait en fait de sacrifices humains pratiqués dans le cadre d'un très ancien culte de l'eau et de la fertilité. Quant aux vestiges près du puits, c'était ceux d'une des plus belles cités mayas : Chichén Itzá.
El Castillo. Image Jimg944
John Stephens et Frederick Catherwood s'y rendirent en 1814 pour y entreprendre les premières recherches archéologiques. Celles-ci seront poursuivies par des spécialistes nord-américains et en 1900, par le célèbre archéologue Edward Thompson, qui descendit dans le fameux puits sacré.
Les nombreuses campagnes de fouilles ont permis de libérer de splendides édifices de l'emprise de la jungle.
L’histoire de Chichén Itzá
Chichén Itzá a été érigée sur un site occupé dès le IVe siècle de notre ère. La ville connut son apogée grâce à une tribu qui venait du sud.
Les constructions en style puuc « colline » remontent à cette époque. Ce sont des constructions basses, arborant des mosaïques de petites pierres aux motifs géométriques.
Gros plan sur le mur des crânes . Image theilr
À la fin du Classique (800-950 après J.-C.), alors que les villes mayas des Basses Terres avaient commencé à péricliter et à perdre leurs habitants, une tribu, les Itzas, fonda un petit centre dont la vie dépendait essentiellement du culte du cenote Sacré (puit sacré).
Le jaguar est très présent à Chichén Itzà. Image Jimg 944
Les sources archéologiques et historiques attestent ensuite l'arrivée à Chichén Itzà d'une nouvelle ethnie, les Toltèques, vers la fin du Xe siècle. Ces derniers venaient de Tula, laquelle avait été pendant plusieurs siècles la capitale du plateau mexicain après la chute de Teotihuacàn.
Des documents historiques d'origine toltèque nous apprennent que vers 987, une grande partie de la population la quitta sous le commandement de son roi Ce Acatl Topiltzin qui, destitué par son frère maudit Tezcatlipoca, avait entrepris un long périple dans les territoires mexicains pour échouer finalement au Yucatàn.
D'énormes têtes de serpents sont présentes sur l'ensemble du site. Image Flem007_uk
Le souverain et ses sujets s'installèrent à Chichén Itzà, où ils fondèrent leur nouvelle capitale qu'ils embellirent de monuments grandioses. Les sources et la tradition historiques assimilent Ce Acatl Tolpitzin et Quetzalcóatl, le Serpent à plumes dont le culte et l'iconographie imprègnent tous les monuments du site.
Cet édifice était un pavillon où l'élite se retrouvait pour le jeu de balle. Image Jimg944
Les Mayas yucatèques vénérèrent cette divinité toltèque qui supplanta les divers cultes des ancêtres sous le nom de Kukulcán.
Vers 1000 après J.-C., Chichén Itzà se transforme en un grand centre urbain dont les innombrables monuments reflètent la fusion entre la culture maya de la fin du Classique et celle des Toltèques.
Bas-relief. Guerrier décapité. Image Alaskan Dude
L'art de Chichén Itzá porte l'empreinte d'une classe dirigeante beaucoup plus militarisée que celle des villes qui se sont épanouies dans les Basses Terres aux siècles précédents. Tout comme à Tula, on perçoit nettement la présence d'une véritable idéologie guerrière.
Chichén Itzá a été abandonnée par la population vers 1400 pour des raisons inconnues.
Jeu de la balle
Au nord-ouest du centre cérémoniel se trouve le terrain du jeu de balle. C'est actuellement le plus grand de Méso-amérique avec une superficie de 7 000 m². Il est dominé à l’est par le temple des Jaguars.
Le terrain se composait, en règle générale, de deux constructions rectangulaires parallèles, entre lesquelles se déroulait le jeu de la balle.
On connaît mal les règles de ce jeu et on ne sait toujours pas de façon certaine si l’on sacrifiait en fin de partie les perdants ou le capitaine de l’équipe perdante.
Ce jeu revêtait une grande importance, symbolique et religieuse, chez les Mayas. Les adversaires représentaient les forces cosmiques, par exemple le Soleil contre la Lune, ou, parfois, les dieux des Enfers contre les dieux célestes.
Vue panoramique sur le jeu de balle. Image Paul Mannix
Deux équipes s'affrontaient, occupant chacune une moitié de terrain. Du fond du terrain, un joueur frappait de la main la balle, qui devait arriver, après n'avoir fait qu'un seul rebond, sur le mur du terrain adverse.
Les murs latéraux étaient jalonnés d'anneaux en pierre. Le joueur qui parvenait à faire passer la balle dans l'anneau obtenait un point exceptionnel pour son équipe.
On pratiquait également ce jeu pour que les dieux se multiplient et que le cosmos continue d'exister.
Durant les cérémonies du jeu, on se livrait parfois à des sacrifices humains et, à cette occasion, les victimes (souvent des prisonniers de guerre) étaient décapitées. La tête symbolisait l'astre, représenté par une balle en caoutchouc sur le terrain.
Anneau du jeu de balle. Image Bill Hails
Certaines représentations prouvent que des sacrifices se déroulaient en fin de match. L’un des bas-reliefs qui orne le mur du jeu de balle représente la décapitation d’un joueur devant ses camarades.
Les bas-reliefs des murs du terrain illustrent avec précision la terreur des joueurs.
Cela peut sembler sanguinaire mais dans le Popol Vuh, texte religieux qui se rapporte à la création du monde, les dieux-héros affrontent les démons dans le jeu de balle.
Ce n’était donc pas une simple compétition entre deux équipes mais bel et bien l’avenir de tout un peuple qui était symboliquement en jeu.
Le mur des crânes
Appelé également mur des Crânes, le tzompantli est peut-être le monument le plus macabre de Chichén ltzà.
Mur des crânes. Image Jimg944
Il reflète une société complètement obsédée par les sacrifices humains. Il s'agit d'une plateforme rectangulaire en pierre dont les côtés sont tapissés d'une frise continue de bas-reliefs figurant des crânes embrochés.
C'est une réplique du tzompantli d'origine qui était en fait une sorte de râtelier en bois sur lequel on enfilait les crânes des victimes décapitées. On pense que ces dernières étaient des prisonniers de guerre ou bien des membres de l'équipe perdante au jeu de balle.
Détail du mur des crânes. Image Star 5112
La présence de tels objets a été attestée à Tula bien sûr, mais aussi à Tenochtitlàn, la capitale des Aztèques dont certaines coutumes étaient d'origine toltèque.
Le Castillo
Cette pyramide est le plus grand et le plus emblématique monument de Chichén Itzà. Elle est surmontée du temple de Kukulcán, le Serpent à plumes
Devant ce monument, trône un Chac-Mool, divinité couchée, qui tient dans ses mains un plateau. Il servait de dalle d’autel lors des sacrifices.
El Castillo . Image kyle simourd
Quand les Espagnols débarquent en 1514 et y installent leurs canons, qui, du sommet de la tour, dominent tous les environs, ils le baptisent El Castillo (le Château).
La pyramide de 30 m de haut se décline sur neuf étages. Des escaliers, au total 365 marches (une pour chaque jour du calendrier), grimpent sur ses quatre côtés jusqu'au temple.
C'est de là que, aux équinoxes (en général le 21 mars et le 23 septembre), se manifeste toute la beauté de la construction. Ces jours-là, les arêtes des neuf niveaux de la pyramide créent un jeu d'ombres sur l'escalier, qui semble se transformer en corps de serpent, ondoyant vers le bas, vers la base de la pyramide, où deux grandes têtes de serpent sculptées dans la pierre, la gueule ouverte, complètent cette vision magique du reptile couvert de plumes descendant de son temple.
Têtes de serpent sculptées dans la pierre. Image Jimg944
Une large voie cérémonielle, sacbeob en langue maya, relie l'esplanade dominée par l'immense Castillo au cenote Sacré, le grand puits d'origine karstique dans lequel on jetait les victimes sacrifiées à Chac, dieu de la Pluie et de la Fertilité.
Le Caracol ou l’observatoire
Appelée Caracol « escargot » par les Espagnols, cette étrange bâtisse est une tour cylindrique, coiffée à l'origine d'une fausse voûte érigée sur deux plates-formes superposées. À l'intérieur, une sorte d'escalier en colimaçon, d'où le nom choisi par les conquistadores, conduit à une chambre dont les fenêtres étaient orientées de façon à permettre l'observation des astres et de certains phénomènes comme les solstices et les équinoxes.
Caracol ou observatoire. Image Jimg944
Cet observatoire est une nouvelle preuve de l’ingéniosité humaine. Il est vraiment navrant que les Espagnols venus du Vieux Continent se soient acharnés sur ce qui restait de la culture raffinée des Mayas et que, pour justifier un tel gâchis, ils n'aient rien trouvé de mieux à faire que qualifier les indigènes de « sauvages barbares ».
Caracol. Image J Barcena
En brûlant leurs palais et textes sacrés, ils ont anéanti un extraordinaire patrimoine de connaissances scientifiques et astronomiques, des notions qui n'ont pu être dépassées qu'à l'époque moderne. Nous ne saurons jamais jusqu'où l'Homme serait arrivé si l'intolérance n'avait pas, comme toujours, prévalu.
Le temple des Jaguars
L’un des plus célèbres monuments de Chichén Itzá est le temple des Jaguars. Ce sanctuaire religieux est orné de têtes de jaguars et de serpents.
A l’intérieur du temple, on peut admirer un jaguar sculpté dans la pierre d’où se détachent des applications de jade.
Jaguar en pierre dans le temple. Image Paul Mannix
Le jaguar est présent partout à Chichén Itzá. Ce symbole de la classe guerrière toltèque est présent dans le temple des Guerriers ou dans celui des Mille colonnes.
Tous ces monuments sont richement décorés de bas-reliefs et de sculptures : jaguars dévorant des cœurs humains, guerriers, prêtres, aigles et serpents à plumes.
El Castillo éclairé la nuit. Image Lightmatter
Un peu partout, on peut voir des têtes de serpents, aux gueules béantes, qui ornent la base des piliers.
Caractérisée par des crocs de félin, l’image du Serpent à plumes est propre à ce site. On l’assimile au culte de Quetzalcóatl.
Le temple des Guerriers
À l'est du tzompantli s'élève la masse imposante du temple des Guerriers et, tout près de là, le groupe des Mille Colonnes.
Les colonnes, autrefois recouvertes de stuc et peintes, représentent des guerriers en armure.
Temple des guerriers. Image Jimg944
Cette grande pyramide à degrés fut probablement érigée au XIIe siècle de notre ère. Le temple est dédié à Vénus, l’Etoile du Matin.
Là encore, en haut du temple des Guerriers, se dresse un Chac-Mool. Cette pratique des sacrifices était devenue obsessionnelle à cette époque.
Image Jimg944
Ce type d'autel était encore utilisé à l'époque de la Conquête pour immoler les victimes destinées aux sacrifices. Les quatre massifs de la pyramide sont recouverts de frises où alternent les scènes glorifiant les ordres militaires toltèques - les Aigles et les Jaguars - et les descriptions de sacrifices sanglants.
Le groupe des Mille Colonnes . Image Ramonbaile
Angkor (du sanskrit nagara, ville, capitale) comprend plus de 80 sites classés groupés dans le voisinage ou à l'intérieur de l'enceinte d'Angkor Thom. Leurs dates s'échelonnent, environ, entre 650 et la fin du XIIIe s.
Capitale fondée par Yashovarman Ier (889-vers 900), pillée par les Chams en 1177, reconstruite par Jayavarman VII (1181-vers 1218), Angkor a été la résidence de presque tous les souverains khmers jusqu'à sa prise par les armées d'Ayuthya (1431).
Angkor Vat (La cité monastère) a été édifié par Suryavarman II (1113-vers 1150). C'est le temple-montagne achevé et le chef-d'œuvre de l'architecture khmère.
Laissés à l'abandon depuis 1973 et souvent pillés, les monuments d'Angkor ont beaucoup souffert des conflits cambodgiens. En 1991, un plan de sauvegarde et de mise en valeur de l'ensemble des temples a été mis en œuvre sous l'égide de l'Unesco.
La naissance d’Angkor
Dès les premiers siècles de notre ère, la caste hindoue des brahmanes puis les missionnaires bouddhistes procédèrent à une indianisation pacifique de l’Indochine.
Officiellement, l’installation des Khmers dans la région cambodgienne date de 802.
Le roi Jayavarman II établit alors sa capitale sur une colline, le Phnom Kulen, à 28 km au nord-est d’Angkor.
Les Khmers ont commencé à construire les grands temples du secteur de Roluos à la fin du IXe siècle.
Vue aérienne d'Angkor. Steve Jurvetson
Toute l’architecture khmère repose sur le symbole de la montagne Cosmique. La conception des tours-sanctuaires, prasat, repose sur le mythe hindou de l’origine du monde :
« Le temple-montagne se dresse dans un bassin, le baray, qui symbolise l’océan Cosmique, les eaux primordiales qui recèlent la vie avant que celle-ci ne se manifeste ».
Angkor Vat . ScubaBeer
Les rois Khmers avaient trois devoirs fondamentaux :
Construire des bassins et des canaux d’irrigation pour que leurs sujets connaissent la prospérité
Edifier un sanctuaire en l’honneur de leurs ancêtres
En tant que « deva-raja », élever leur propre temple-montagne
Le système hydraulique d’Angkor
Si l’architecture constitue l’intérêt majeur d’Angkor, il faut également souligner son système hydraulique complexe.
Au cœur des 400 km², des deux côtés de la citadelle d’Angkor Thom, se trouvaient les baray. Ce sont deux grands bassins, de 8 km de longueur et plus de 2 km de large, vers lesquels on détournait l’eau des crues du lac voisin, le Tonlésap.
Cette eau irriguait la plaine alluviale dans laquelle était bâtie la ville.
Bassin qui entoure Angkor Vat. L'eau assurait l'irrigation des rizières et exaltait le rôle du dieu roi, seigneur des eaux. Tyler durden1
D’ailleurs, la plupart des historiens pensent que l’effondrement de l’empire Khmer en 1431 est lié à ce système hydraulique.
Lors de l’invasion siamoise, les souverains étaient trop occupés par la guerre et la construction de temples monumentaux. Ils négligèrent d’entretenir le système d’irrigation qui alimentait les rizières.
Le sol se dessécha et devint improductif entraînant disettes et épidémies.
Angkor Vat
Angkor Vat est la merveille de ce complexe architectural. Ce temple, édifié entre 1112 et 1152, est entouré d’un fossé de 190 m de large.
Angkor Vat est un immense temple en grès et en latérite. Il comporte trois niveaux.
Angkor vat. flydime
C’est le plus grand temple funéraire au monde d’inspiration hindouiste.
Au fil des couloirs, des tableaux se dressent dont une vision de l’enfer et du paradis hindou. On peut également admirer une représentation de la bataille de Kurukshetra qui opposent les armées des Kaurava et des Pandava, tirée du poème épique hindou « Mahabharata ».
Jugement des morts. Yama, dieu des Morts, juge les âmes. Image uwdigitalcollections
L’épisode du « barattage de la mer de lait » est aussi présent. On y voit 88 démons, les astra, et 92 dieux, les deva, qui barattent la mer pour en extraire l’élixir d’immortalité.
Angkor Vat est restauré par l’Unesco. Son nom signifie « La Ville royale qui est un monastère ».
La thèse officielle veut que le roi l’ait édifié pour en faire son mausolée. Cependant, son nom fait douter certains chercheurs.
Bas-relief d'Angkor vat. Image John Brennan
Angkor Vat couronne une pyramide à trois terrasses dont la première accueille le cloître cruciforme.
Les sculptures appartiennent à la mythologie vishnuite. Les scènes sont extraites des deux grandes épopées indiennes, le Mahahharata et le Ramayana.
Angkor Thom
C’est sous Jayavarman VII (1181-1201- que l’architecture khmère atteint son apogée. C’est à ce souverain que l’on doit Angkor Thom.
La « Ville royale qui est grande » est ceinturée par 12 km de murs de 8 m de haut et recouvre une surface de 9 km².
L'entrée d'Angkor Thom est longée de gigantesques effigies de deva, les dieux. Image Augapfel
L’intérieur abrite de nombreux édifices. Tout d’abord le Bayon. Là, le bouddhisme remplace l’hindouisme avec les 216 visages en pierre du souverain.
Le Bayon représente le mont Meru.
Construit au début du 13e siècle, le Bayon est une oeuvre complexe et mystérieuse. Image mckaysavage
Sur les bas reliefs, la guerre menée par Jayavarman contre les Chams est narrée. La citadelle abrite de nombreux temples comme le Baphuon, le Preah Palilay et surtout la terrasse du Roi lépreux.
C’est une plate-forme de 7 m de haut décorée de cinq niveaux de sculptures. On pense qu’elle servait de crématorium aux souverains Khmers.
Terrasse des éléphants. Image taylorandayumi
Il y a également la terrasse des Eléphants qui est une tribune utilisée lors des revues militaires. Son nom lui vient des pachydermes qui ornent ses parois.
Le déclin d’Angkor
Lorsque le naturaliste français Henri Mouhot aperçut en 1860 une énorme tête sculptée au milieu de la forêt cambodgienne, il ne savait pas encore qu’il venait de faire une découverte extraordinaire.
Angkor est un lieu magique et majestueux. Image laihiu
Des racines gigantesques avaient fait éclater les murs de pierre.
De gigantesques racines envahissent certains monuments d'Angkor. Image Steve Jurvetson
L'Empire khmer a prospéré entre le 9e et le 13e siècle avant de décliner. En 1431, à la suite de l’occupation siamoise, les Khmers partirent s’installer à Phnom Penh. L’empire, qui comprenait le Cambodge actuel et certaines parties du Vietnam, de la Thaïlande et du Laos, sombra.
Angkor Thom. Image Steve Jurvetson
Les souverains thaïs dont le royaume correspond à peu près à l’actuelle Thaïlande détruisirent l’empire Khmers.
Angkor tomba alors presque complètement dans l’oubli jusqu’à la découverte d’Henri Mouhot.
Situé à environ 20 km d'Angkor Thom, le Banteay Srei a été surnommé le "temple rose" . Image Paul Mannix
Aujourd’hui, Angkor est classé sur la liste du Patrimoine Mondial. Si la situation politique s’est stabilisée, par contre les vols d’objets d’art sont un véritable problème.
Mesa Verde . Chaco Canyon
La culture Anasazi
Le parc national de Mesa Verde, dans le Colorado, aux Etats-Unis, a abrité pendant des siècles les Indiens Anasazi.
On ignore le nom qu’ils portaient à l’origine mais dans la langue des Navajos ou Navahos, on les appelle Anasazis.
Dans cette région, on a retrouvé de nombreux vestiges de ce peuple, notamment une fabuleuse cité de pierres nichée dans le creux d’une falaise.
Les Anasazis sont cependant très méconnus et nous ne savons pratiquement rien de ceux qui ont édifié ces pueblos.
A Chaco Canyon, au Nouveau-Mexique, des peintures et des pétroglyphes semblent démontrer que le peuple Anasazi était de bons astronomes.
Mesa Verde : des palais de pierre
C’est en 1888 que trois éleveurs partis à la recherche de bêtes qui s’étaient échappées découvrirent Sun Point et plusieurs habitations.
La découverte de Cliff Palace, cette cité en pierres, date de cette époque.
Les recherches se poursuivirent grâce à un jeune explorateur suédois, Gustav Nordenskjöld, qui souhaita réaliser une véritable étude archéologique.
Vue panoramique de Cliff Palace
Il explora les deux collines appelées Wetherill Mesa et Chapin Mesa. En 1906, Mesa Verde « Table verte », reçut le statut de parc national.
A partir de cette date, les fouilles archéologiques s’intensifièrent.
En 1959, le professeur J.S Newberry entreprit une expédition pour le compte de l’armée américaine.
La Spruce Tree House doit son nom au grand pin de Douglas planté devant elle. Construite entre 1200 et 1276, elle comprend 140 pièces et 9 kivas ou lieux de culte
Il fallut encore attendre 15 ans pour qu’un photographe de l’U.S Geological Survey découvre le premier abri troglodytique dissimulé derrière le vaste plateau.
Dès lors cette région suscita la curiosité. On y découvrit de nombreux vestiges de ceux qu’on baptisa Anasazi, mot qui signifie dans la langue navajo « les anciens ».
Le Cliff Palace.
Les premiers Indiens Pueblos bâtirent ces villages troglodytes complexes (cliff-dwellings) entre le XIe et le XIIIe siècle
Cliff Palace est une structure en briques d’argile et de boue, qui compte plus de 200 pièces. On y dénombre 23 lieux de culte ou kivas, des chambres et des magasins pour stocker les récoltes.
Selon les archéologues, Cliff Palace, construit vers la fin du XIIe siècle, pouvait abriter environ 250 personnes.
Cliff Palace
A Mesa Verde, on a identifié environ 3 900 sites dont plus de 600 habitations troglodytiques.
La culture Anasazi
Pendant de nombreux siècles, les Indiens Anasazi ont vécu sur les plateaux du sud de l’Utah et du Colorado et sur ceux de l’Arizona et du Nouveau-Mexique.
Pétroglyphes Anasazi. Image John Harwood
L’histoire du peuplement de Mesa Verde dans les premiers siècles de notre ère reste encore très mystérieuse.
Au stade actuel de nos connaissances, on dénombre quatre périodes successives d’occupation du site :
Environ 450 à 700 de notre ère : période Basket Maker III, l'agriculture se généralise (maïs, courges), associée à la chasse et à la cueillette ; outillage lithique, travail de l'os ; développement de la céramique et de la vannerie ; maisons-fosses avec foyers centraux.
(Certains ouvrages avancent les dates de 200 avant notre ère à 700 de notre ère)
Vivant de l’élevage et de la chasse, les premiers habitants de ces lieux se sédentarisèrent pour pratiquer l’agriculture. Ils maîtrisaient déjà la céramique et fabriquaient des vanneries d’où le nom de Basket Makers « fabricants de paniers ».
Pétroglyphes Anasazi. Image Caitlyn Willows
Appelées « jacal », leurs maisons primitives étaient de simples puits étayés par des poteaux en bois. Rapidement, ils formèrent de petits villages, d'abord situés au pied des éperons rocheux, puis en hauteur, sur les « mesas ».
Vers 500 de notre ère, ils fabriquaient des céramiques, des arcs et des flèches et se mirent à élever des dindes.
Une des 5 grandes kivas sur le site de Far View House que les Anasazis fondèrent à partir du XIIe siècle. Image jennlynndesign
A partir de la phase Pueblo II, le peuple Anasazi a changé ses habitudes en matière d’habitation. Ils commencèrent à construire de véritables habitations à la surface du plateau.
Les maisons se transformèrent en villages que les Espagnols appelleront « pueblos ».
Au fil des siècles, les villages se transformèrent en villes et vers 1100, le plateau du Colorado connut une croissance démographique.
Pueblos de Mesa Verde
Les kivas étaient de vastes structures souterraines de plan circulaire réservées aux cérémonies et au culte.
Dans de nombreux cas, les kivas étaient reliées à des structures analogues à des donjons dont la fonction n’est pas vraiment connue.
On a également retrouvé un complexe monumental entouré d’un double mur d’enceinte, peut-être un temple, baptisé le « Temple du Soleil ».
On pense que les Anasazis ont construit ces troglodytes pour se protéger. La difficulté d’accès empêchait tout intrus de les attaquer.
Kivas de Mesa Verde. image Caitlyn Willows
A partir de 1300 de notre ère, les Anasazis abandonnèrent les lieux. Cet abandon est-il dû à la sécheresse et donc la disette ?
Plus récemment, les autorités locales ont décidé de substituer au terme Anasazi, une appellation plus générale « les anciens habitants du pueblo ».
Actuellement, plus de 23 tribus, en plus des Navajos, peuvent prétendre être les descendantes de ceux qui ont édifié les constructions de Mesa Verde.
Ces tribus ont toutes des ancêtres qui ont habité des pueblos semblables dans le Nouveau-Mexique. Cependant, aucun autre édifice n’a égalé la splendeur de Mesa Verde.
Chaco Canyon: Le mystère Anasazi
Les plateaux rocheux aux tons ocrés semblent indiquer que les Anasazis s’intéressaient à l’astronomie. D’après certains archéostronomes, ces roches présenteraient un certain nombre de signes tendant à prouver que ce peuple possédait des connaissances développées en astronomie.
Chaco Canyon.
Sur une saillie, à quelques mètres d’une butte très élevée du Chaco Canyon au Nouveau-Mexique, trois imposants blocs de grès déterminaient une fente à travers laquelle le soleil dardait ses rayons, qui atteignaient deux spirales gravées à même la roche.
Pendant peut-être 1000 ans, ces rayons de soleil indiquaient précisément les solstices d’été et d’hiver, les équinoxes de mars et de septembre ainsi que les jours de l’année où le jour et la nuit ont la même durée.
Les spécialistes pensent que cet étrange phénomène, auquel on a donné le nom de Dague Solaire, est un calendrier anasazi.
La mort d’une étoile
Les rochers du Chaco Canyon semblent indiquer que les Anasazis assistèrent à la mort d’une étoile. En effet, une falaise comporte un rocher qui est orné de trois peintures : un croissant, un disque nimbé de rayons et une main.
Juste en dessous, un point entouré de deux cercles représente le Soleil.
Hansen Planetarium, Salt Lake City. G. Rownon
Découvert en 1972, ces symboles apparaissent en d’autres endroits des territoires indiens. Ils illustrent une conjonction astrale occasionnelle : le rapprochement de Vénus et de la Lune.
Cependant, certains astronomes pensent que ces peintures commémorent un phénomène céleste. Le disque nimbé de rayons pourrait représenter l’explosion d’une étoile.
Les symboles du Chaco Canyon datent de l’époque où des astronomes chinois enregistraient sur leurs cartes l’apparition d’une étoile, résultant vraisemblablement de l’explosion d’une supernova.
Cette étoile hôte est apparue le 5 juillet 1054. Le rémanent de cette étoile forme la nébuleuse du Crabe, dans la constellation du Taureau.
Les pictogrammes anasazis dépeignent-ils cette explosion cataclysmique ?
Mesa Verde. Image John Harwood
En 1979, un astronome de la NASA a reconstitué la voûte céleste de cette nuit de juillet 1054. Cette nuit-là, la Lune, croissant inversé, se trouvait à deux degrés à peine de la nébuleuse du Crabe.
Des routes sans issue
Les routes des Indiens anasazis du Nouveau-Mexique sont loin d’être de simples sentiers. Elles constituaient un réseau de 800 km de chaussées très bien conçues.
Aujourd’hui, ces routes ont presque totalement disparu. Certaines ont 10 m de large et traversaient le désert, tout droit, quelle que soit la configuration du terrain.
Les Anasazis ne reculèrent devant rien pour tracer des artères rectilignes, n’hésitant pas à creuser la falaise ou à construire des rampes.
La plupart de ces routes reliaient Chaco Canyon aux communautés. Mais, le plus mystérieux c’est que certaines routes débouchent en pleine nature. A certains endroits, il y a non pas une mais deux routes strictement parallèles.
La route dite du Grand Nord aboutit sur une butte. Elle ne mène nulle part et par endroits, est jonchée de débris de poterie.
Pourquoi se donner autant de mal pour construire une route sans issue ? De nombreuses légendes anasazis mentionnent des pèlerinages rituels vers des montagnes sacrées.
Ces longues routes rectilignes menaient peut-être à des sipapu, orifices à partir desquels il était possible de communiquer avec l’au-delà.
Peut-être que ces magnifiques chaussées servaient exclusivement à relier Chaco Canyon à quelque monde invisible.