Archéologie -
Le nom de Massada, qui vient du terme araméen mezad (forteresse), est aujourd'hui le symbole de la résistance face à l’oppression.
Situé à côté de la Mer Morte, le piton rocheux de Massada a été le théâtre de l'un des épisodes les plus dramatiques de l'histoire du peuple juif face au puissant empire Romain.
Certes, Massada est tombé mais cette victoire des Romains n’a été en fait qu’une amère défaite.
Si la forteresse de Massada a été prise, par contre, nul n’a réussi à faire plier les Zélotes. Mourir plutôt que l’esclavage, telle a été la devise des réfugiés.
La conquête romaine du Proche-Orient
Vers le milieu du Ier siècle avant notre ère, les Romains renversent la dynastie sacerdotale et royale des Maccabées et étendent leur pouvoir sur la Palestine. Mais le peuple Juif n’accepte pas le joug des oppresseurs.
La population fomente de nombreuses rébellions contre l'autorité en place. Zélote est le nom donné aux membres d’un mouvement nationaliste juif, qui joua un rôle actif dans la révolte juive de 66-70 contre l’occupant romain.
En 66 de notre ère, la première grande révolte juive éclate et plonge, pendant quatre longues années, la région dans une guerre terrible, remportée par Titus.
Titus. Image Wallyg
Le futur empereur conquiert de haute lutte Jérusalem en 70 après J.-C. et l'abandonne à ses soldats, qui la saccagent, la détruisent et la pillent sauvagement, sans épargner le grand Temple, centre du culte de la religion juive.
Maquette qui reconstitue le Temple et la forteresse de Jérusalem. Image Joshua Paquin
Un an plus tard, au cours d'un défilé triomphal dans les rues de Rome, Titus célèbre ses victoires en terre juive.
Pour cela, il exhibe les objets du culte du Temple de Jérusalem. Cette scène est immortalisée sur la voûte interne de l'arc de Titus, élevé par Domitien à Rome.
Arc de Titus. Image Antmoose
Sur l'un des reliefs figure le candélabre à sept branches (la menora), volé à Jérusalem, posé sur une chaise à porteurs et porté par un groupe d'hommes.
Image Nicholas Thompson
Cependant, Titus est loin d’avoir soumis toute la Palestine. En effet, un millier de rebelles, les Zélotes, qui ont pris aux Romains la forteresse de Massada, en 66 de notre ère, résistent encore à l'envahisseur.
La construction de Massada
La forteresse fut édifiée sur l'ordre de Hérode Ier le Grand, monté sur le trône de Judée au Ier siècle avant notre ère grâce au soutien des Romains.
Hérode dut s'imposer à son peuple par la force, après avoir pris Jérusalem à l'issue d'un siège interminable. Malgré cette victoire, son autorité resta menacée.
Jérusalem aujourd'hui. Image Weitwinkel subjektiv
Selon Flavius Josèphe, célèbre historien juif : « On dit en effet qu'Hérode avait fait construire cette forteresse [Massada] comme un refuge pour lui-même, en prévision d'un double danger : l'un venant du peuple juif [...], l'autre, plus grand et plus inquiétant, venant de la reine d'Egypte Cléopâtre. »
Piton rocheux de Massada. Image Jay P
Dans ce contexte très instable, constamment menaçant, le roi, allié des Romains, veut assurer ses arrières en cas de révolte et mettre sa famille à l'abri.
Voilà pourquoi il fait construire la forteresse de Massada où ses architectes élèvent également un somptueux palais.
La forteresse de Massada
Les vestiges de la forteresse ont été exhumés par des archéologues israéliens dans les années 1950 et 1960.
Les fouilles ont ramené à la lumière une grande quantité d'objets, de monnaies et de squelettes, probablement ceux des zélotes suicidés.
Les fouilles permirent de localiser le palais d'Hérode.
Image Jay P
Sur la première terrasse, les archéologues ont découvert les vestiges d'une petite salle de bains.
Les corps d'un homme d'une vingtaine d'années, d'une femme et d'un enfant gisaient non loin de la vasque, peut-être une famille, trois des neuf cent soixante juifs qui se sont suicidés durant l'assaut romain.
La deuxième terrasse, construite un peu plus haut que la première, à laquelle elle était reliée par un escalier creusé dans la roche, abrite un édifice circulaire qui soutenait probablement une colonnade. Cet espace devait être consacré également aux loisirs de la cour et de la famille royale.
Remparts. Image Jonas B
La troisième terrasse, le point culminant de la forteresse de Massada, abritait les pièces de la villa-palais.
Au sud du palais se dressaient de grands thermes publics construits à la mode romaine, où se succédaient un caldarium (partie des thermes romains où se trouvaient piscines chaudes et bains de vapeur), couvert d'un plancher reposant sur plus de deux cents piliers d'argile (les suspensurae) et percé d'ouvertures par lesquelles arrivait l'air chaud, un petit frigidarium (partie des thermes ou l’on prenait les bains froids) , un tepidarium (partie des thermes romains dont l’atmosphère était tiède) et un vestiaire (apodyterium).
Vestiges d'une petite salle de bain. Image Edi Weissmann
Comment a-t-on pu construire des thermes dans une région aussi aride ?
Hérode a ordonné la construction d'un système de collecte de l'eau de pluie, articulé autour d'un réseau de petites rigoles acheminant l'eau dans de grandes citernes creusées à même la roche, et d'un aqueduc convoyant l'eau d'un oued voisin.
Au sud et à l'est des thermes, les chercheurs ont retrouvé les vestiges des magasins, où l'on stockait d'énormes quantités de blé, de vin, d'huile, de légumes et de dattes.
Citerne d'eau. Image Jay P
Au sud du secteur des entrepôts et des thermes, trônait une construction carrée se composant d'une cour centrale autour de laquelle se pressaient une série de pièces. C'est probablement là que siégeaient les responsables de l'administration de la forteresse d'Hérode ou les officiers de la garnison.
Plus au sud, on aperçoit les ruines d'une chapelle paléochrétienne d'époque byzantine, qui témoigne de la présence, entre le Ve et le Vle siècle de notre ère, de moines sur le plateau de Massada.
Entrepôt. Image Yon Keltron
Non loin de la chapelle byzantine, on aperçoit les ruines du plus grand bâtiment de Massada.
Cet édifice était peut-être un palais destiné aux cérémonies officielles.
Massada possédait tous les attributs d'une véritable forteresse royale.
Cette fortification, défendue par trente tours et comprenant près de soixante-dix casemates (petites constructions indépendantes), était constituée d'une muraille double abritant des magasins, des réserves d'armes, etc.
L’occupation de Massada par les zélotes
Lorsque les zélotes conquirent la forteresse lors de l'insurrection juive contre Rome et l'occupèrent durant six ans, ils apportèrent de nombreuses modifications au complexe hérodien.
Afin d'accueillir un grand nombre de familles, toutes les salles furent transformées en logements et plusieurs pièces du palais subdivisées en unités indépendantes. Par ailleurs, il existe des preuves de l'existence d'une salle affectée au bet midrash, c’est-à-dire aux études religieuses.
image Edi Weissmann
Les archéologues ont aussi découvert en plusieurs endroits des tas de pierres arrondies de 40 kg environ chacune. Ces pierres étaient utilisées comme projectiles afin de repousser les assaillants.
On a également identifié trois bassins.
Les spécialistes estiment qu'ils étaient réservés à certains bains rituels par immersion, une pratique propre à la religion hébraïque. Ce bain rituel, le mikve, repose sur les principes rigides de la loi hébraïque.
Les archéologues ont également identifié une structure rectangulaire qui est certainement une synagogue.
Elle aurait été construite par les rebelles avec des matériaux récupérés dans les bâtiments de l'époque hérodienne.
Vestiges de la synagogue. Image Yon Keltron
Les fragments de quatorze rouleaux en parchemin découverts en plusieurs points de la forteresse sont d'une grande importance pour l'étude des différents textes de la Bible.
Lors des campagnes de fouilles, on a mis au jour plus de sept cents ostraka (fragments de poterie), qui nous fournissent d'autres indices sur les rebelles pris au piège sur le rocher de Massada. Ces ostraka portent des inscriptions en hébreu ou en araméen, mais aussi en grec et en latin. La plupart d'entre eux ont été retrouvés à proximité des entrepôts et semblent indiquer qu'un système de rationnement des vivres fut adopté pendant le siège.
Image Edi Weissmann
Si les fouilles permirent de reconstituer la forteresse dans son ensemble et le mode de vie de ses occupants, quelques questions restent sans réponse. Les archéologues ne savent toujours pas pourquoi une garnison romaine est restée à Massada après la conquête de Silva.
De même, des fragments de céramique attestent que la forteresse était occupée au début de l'époque arabe, mais personne ne sait pourquoi elle fut abandonnée après le passage des moines byzantins.
La conquête de Massada
À la base du rocher, les restes des fortifications édifiées par les Romains lors du siège sont nettement visibles.
Les pentes abruptes du plateau rocheux de Massada, d’une superficie d'environ 600 m sur 300 m, se situent au bord du désert de Judée.
Le piton rocheux domine la mer Morte du haut de ses 400 m. Sa situation exceptionnelle en fait une forteresse naturelle presque inexpugnable.
Du haut de Massada, on aperçoit la mer Morte. Image Jay P
En 72 après J.- C., le gouverneur romain de Palestine, Flavius Silva, marche sur Massada à la tête de la Xe Légion, décidé à briser cette poche de résistance.
Tout autour du plateau, Silva met en place un redoutable dispositif guerrier.
Vestiges du principal camp romain. Image Jay P
Il fait construire un mur renforcé de onze tours et de huit camps retranchés, dans le but d'empêcher les assiégés de s'enfuir. La principale supériorité de l'armée romaine réside dans son équipement : engins de tir perfectionnés (catapultes, scorpions, balistes) et machines à enfoncer les murailles (béliers et hélépoles).
Mais pour pouvoir utiliser ces armes, il est impératif que les Romains se rapprochent du sommet.
Casque et armure en bronze d'un soldat romain. Image Mharrsch
Or, sur le versant ouest du site, surplombant quasiment le principal camp des Romains, se détache une large corniche nommée "la Blanche". Pour y accéder, le gouverneur a fait construire une rampe en terre battue et en pierres (celle qui mène aujourd'hui encore à Massada).
C'est par là que les Romains attaquent la forteresse. Jaillissant d'une tour en bois, au bord de la rampe, des légionnaires, armés de catapultes, tentent d'ouvrir des brèches, tandis que, en bas, d'autres ébranlent les murailles à coups de bélier.
Rampe romaine. Image Jay P
Pendant ce temps, les occupants de la forteresse consolident les bastions en construisant un terre-plein soutenu par une assise en bois, qui ne résiste pas aux flèches incendiaires des assaillants, car le vent propage l'incendie, qui menace désormais l'intérieur de la forteresse.
Le sacrifice héroïque
Dans l'une des pages les plus poignantes de la Guerre des Juifs, l'historien Flavius Josèphe rapporte les mots d'Éléazar Ben Yaïr, le chef des zélotes assiégés à Massada par les Romains, en 73 apr. J.-C. : « Tant que nos mains peuvent empoigner une épée, elles nous font une généreuse faveur : mourons tant que l'ennemi ne nous a pas encore réduits en esclavage et, en hommes libres, disons adieu à la vie avec nos femmes et nos enfants. »
Et il raconte qu'au cours de cette nuit dramatique, après avoir étreint ceux qui leur étaient chers, les zélotes se sont suicidés en masse. Le lendemain matin, parvenus au sommet du rocher, les Romains n'ont trouvé que 960 cadavres et les cendres fumantes d'énormes quantités de vivres. Ce n'est pas ainsi qu'ils comptaient mater la révolte.
Corniche "La Blanche" qui mène à Massada. Image Jay P
Nous connaissons le chef des zélotes car son nom apparaît sur plusieurs ostraka.
Selon certaines études, ces ostraka seraient la preuve d'un tirage au sort parmi les dix chefs de la rébellion, lors du dernier jour de siège, après quatre années d'héroïque résistance, lorsqu'il devint évident que tout espoir était perdu. Flavius Josèphe, l'historien juif de langue latine, raconte que chacun des hommes dut tuer les membres de sa propre famille et suivit, ensuite, les mêmes règles en participant à un tirage au sort:
« Le vainqueur dut tuer les neuf autres, puis se donner la mort ».
Vue aérienne de Massada. Image Edi Weissmann
Flavius Josèphe nous apprend également que les habitants de Massada cultivaient les terres vierges du plateau et que, avant de se donner la mort, ils ont brûlé les bâtiments afin que les Romains ne puissent pas s'en emparer ni profiter de leurs biens, mais ne touchèrent pas aux réserves, pour que l'ennemi comprenne qu'ils s’étaient suicidés au nom de la liberté et non parce qu'ils étaient affamés.
Massada est le symbole du sacrifice extrême accompli par les juifs pour la liberté. Pourtant, le Talmud ne mentionne pas l'épisode de la résistance et du suicide des zélotes. L'unique source écrite est le témoignage de Flavius Josèphe, qui a rencontré deux femmes ayant survécu au massacre en se cachant dans une conduite d'eau. Mais Flavius Josèphe était considéré comme un traître.
C'était un juif qui avait pris le parti des Romains. Ainsi, au fil des siècles, la mémoire collective a oublié cet événement, et le rocher de Massada avec lui. Jusqu'à ce que le poète Isaac Lamdan écrive en 1920 un poème intitulé précisément Massada. C'est ce récit qui a inspiré le soulèvement du ghetto de Varsovie durant la Seconde Guerre mondiale.
Image Edi Weissmann
Encore aujourd'hui, la citadelle perchée sur son rocher, visitée chaque année par des milliers de touristes, est un lieu hautement symbolique de la culture nationale d'Israël. C'est la raison pour laquelle les recrues de l'Armée célèbrent le début du service militaire en prononçant sur le sommet de la montagne les mots suivants, lourds de signification : « Massada ne tombera plus. »
Momie animale d’Egypte
Les Egyptiens sont célèbres pour leurs momies. Les hommes n’étaient pas les seuls à bénéficier de cette technique de conservation. En effet, les embaumeurs de l’Egypte ancienne momifiaient également les animaux.
Pourquoi des animaux momifiés ?
Il semble que quatre raisons ont poussé les Egyptiens à momifier des animaux :
Le défunt pouvait avoir ainsi de quoi se nourrir dans l’au-delà
Le défunt partait accompagné de ses animaux familiers
Certains animaux sacrés bénéficiaient ainsi de la même attention que les hommes
Les momies animales étaient des dons faits aux dieux
Certains animaux, qui ont été retrouvés momifiés, se sont fait piéger. Les mouches et les scarabées, par exemple, étaient attirés par l’odeur de la chair humaine en décomposition. Ils se posaient alors sur le corps et se retrouvaient piégés par la résine le recouvrant. Ils étaient ainsi embaumés par accident.
Momie d'un chat. Image Claire L. Evans
Par contre, des millions d’animaux ont été embaumés volontairement. On a retrouvé des chiens, des chats, des singes, des oiseaux, des poissons et même des serpents.
Les taureaux sacrés étaient également embaumés.
Technique de momification animale
Selon le type d’animal, les embaumeurs utilisaient des techniques différentes. Par exemple, un taureau sacré était embaumé de la même manière qu’un homme :
Les organes vitaux, excepté le cœur, étaient retirés
Le corps était desséché au natron (du sel), puis bourré de tissus et de paille pour redonner une apparence de vie au corps
Le corps était placé sur une table puis recouvert de natron sec avant de le laisser sécher lentement
Une fois desséché, le corps était lavé. La peau était ointe d’huile et de parfums, et on enduisait le corps d’une couche de résine de pin chaude pour empêcher les moisissures
On plaçait souvent de faux yeux dans les orbites
L’étape finale consistait à envelopper le corps de bandelettes en lin
Après l’emmaillotement, de la résine était versée sur la momie pour l’imperméabiliser et la durcir
Taureau ou veau momifié. Image Son of Groucho
Les animaux qui n’étaient pas sacrés étaient embaumés plus simplement. Par exemple, les oiseaux étaient plongés dans la résine fondue, puis emmaillotés.
Les poissons étaient vidés, séchés et bandelettés.
Les crocodiles qui étaient vénérés étaient parfois momifiés avec leurs œufs.
Certaines momies d’oiseaux de proie portent un masque humain. On a cru pendant longtemps qu’il s’agissait d’enfants.
Les serpents étaient offerts au dieu-créateur Atoum notamment. Après momification, ils étaient placés dans des boîtes.
Le taureau Apis
En dehors des dieux à tête animale, le culte des animaux eux-mêmes est un élément fondamental de la religion égyptienne.
L’un des premiers animaux ainsi déifiés est le taureau Apis de Memphis qui au cours de l’histoire a été identifié avec Rê, Osiris et Ptah.
Divinité agraire, Apis est le symbole de la puissance fécondante. Ce dieu porte entre ses cornes le Disque solaire et l’uræus, symboles de Rê.
La reine Hatschepsout se livre à une course rituelle accompagnée d'Apis. Temple de Karnak
Le taureau qui devait être momifié à sa mort était choisi pour ses marques et en particulier pour la tache en forme de losange sur son front.
A la mort du taureau, il était momifié, placé dans un sarcophage en granit et enterré dans des catacombes : le Serapeum de Saqqarah.
On choisissait alors un nouveau taureau Apis et le cycle continuait.
Les sépultures animales
Les animaux, comme les hommes, étaient enterrés dans des cimetières. Certaines espèces bénéficiaient de leur propre nécropole. Il existe un vaste cimetière de chats à 80 km au nord-est du Caire, à Boubastis. C’est un centre religieux consacré à la déesse-chatte Bastet.
Déesse Bastet. Basse Epoque. Paris, Musée du Louvre
Une partie du cimetière humain de Saqqarah était réservée aux animaux. Des millions d’ibis, de babouins, de faucons, de chacals ou de chiens y furent enterrés dans les catacombes.
Dieux de l’Egypte et forme animale
Dans l’Egypte ancienne, chaque province possède son dieu. Il y a à l’origine 126 divinités principales: animaux, plantes ou objets.
Des centaines d’autres dieux s’ajoutent à ces dieux principaux. D’abord de forme animale, ils ont très vite été représentés de façon anthropomorphe, gardant une tête ou des attributs animaux.
Thouëris est une déesse bienfaisante à tête de crocodile et à corps d’hippopotame. Elle protège en particulier les femmes enceintes.
Thouëris. Image Boston Public Library
Dieu Sebek : le crocodile était un être sorti des ondes comme le Soleil, et rarement un mangeur d’hommes. Dès le Moyen Empire, on comptait une multitude de temples voués à ce dieu puissant. A Crocodilopolis, dans le Fayoum, il était le maître universel.
Jeune crocodile momifié.
Bastet: d’abord déesse-lionne et maléfique, Bastet s’est transformée en divinité bénéfique. Elle est adorée par ses fidèles, dans son temple de Bubatis en Basse-Egypte, sous les traits d’une chatte, et associée aux joies de l’existence.
Anubis: le dieu des morts prend la forme d’un chien ou d’un chacal. Les chacals étaient associés à la mort car ils vivaient près des cimetières.
Anubis.
Sekhmet: déesse-lionne à la puissance destructrice. C’est la fille du Soleil et elle protège le dieu Rê. Déesse du carnage et des batailles, elle protège le roi en détruisant ses ennemis.
La légende raconte que les dieux, pour arrêter sa folie meurtrière, ont répandu du sang mélangé à de la bière pour l’endormir.
Sekhmet. Image astique
Dieu Bès : Apparu tardivement, il réuni des traits de diverses divinités mineures. Figure difforme et grotesque, il éloigne le mauvais œil et fait peur aux divinités malfaisantes.
Bès. Image La case photo de Got
Divinité familière que l’on clouait à la porte des maisons, il est souvent représenté vêtu d’une peau de lion aux vertus protectrices.
Momie en Egypte
L’Egypte est sans conteste la terre des momies. Loin des villes, les embaumeurs momifiaient tous les corps, du paysan au pharaon ainsi que de nombreux animaux.
Dans l’Egypte ancienne, la mort n’était pas considérée comme une fin. La momie revêtait une importance fondamentale pour qu’énergie et fluide puissent permettre au défunt de passer dans l’au-delà où il devait renaître.
L’histoire est truffée d’anecdotes assez stupéfiantes. Les ressuscités du vendredi saint en font partie.
Durant 300 ans, on a raconté que des morts sortaient une journée entière dans un cimetière égyptien.
La momie égyptienne a toujours fasciné les Européens. A tel point qu’à la fin du Moyen Age, la mode est de se « régaler » de mummie.
Les ressuscités du vendredi saint
« Tous les morts enterrés dans ce cimetière sortent toute la journée de leurs tombeaux, demeurent immobiles et privés de sentiments au regard de tous et, la solennité terminée, rentrent dans leurs sépulcres. Le phénomène se reproduit tous les ans et il n’y a pas d’adulte au Caire qui l’ignore. »
C’est ainsi qu’en 1483, un Européen, B. de Breydenbach, rapporte les fantastiques évènements qui se produisent chaque année au Caire.
La résurrection intervient le jour de la fête du saint à qui est dédiée la mosquée située à proximité.
Du 15e au 18e siècle, le miracle est régulièrement rapporté par les voyageurs occidentaux.
Selon les époques, son emplacement change, les ressuscités sont musulmans, chrétiens ou des Egyptiens de l’Antiquité.
La date du miracle varie également. Au 15e siècle, il est fixé au vendredi saint.
Vue du Caire. Gravure de 1810
Les voyageurs recueillent les faits ou en sont témoins : « Les cadavres surgissent brusquement de la terre, restent en surface sans bouger, pendant un instant, puis sont à nouveau engloutis par les sables. »
Pour assister à ce spectacle, le public vient en masse, toutes confessions mêlées. Juifs, chrétiens et musulmans prient et passent la nuit sur place au cours de laquelle de grandes réjouissances sont organisées.
Entre Dieu et diable
Au Caire, on rapporte que les morts qui quittent leur sépulture sont des sceptiques qui ne croyaient pas à la résurrection.
Pour les punir ou pour donner un avertissement aux vivants, Dieu les a condamnés à se livrer à ces apparitions terrifiantes.
Les voyageurs occidentaux y voient plutôt l’intervention du diable.
Momie égyptienne.
Quelques mauvaises langues font part de leurs doutes et parlent même de supercherie. Laissons à cet évènement sa part de mystère et de mysticisme.
Les mangeurs de cadavres
Si les Egyptiens vénèrent leurs morts, les Européens en font le commerce dans le même temps. A la fin du Moyen Age, un remède miracle appelé « mummie » est censé soigner toutes sortes de maux : douleurs gastriques, blessures.
Rapidement, il est prescrit à toute occasion.
A l’origine, cette substance est fabriquée à partir des corps desséchés d’antiques momies. Le remède parvient chez les apothicaires sous trois formes :
Certains fabricants égyptiens considérant que la recherche de momies est trop fastidieuse, trouvent plus commode d’utiliser des cadavres plus récents et nettement plus frais.
Corps desséché naturellement (Egypte ancienne)
Ce remède a tant de succès que le roi de France lui-même, François Ier, ne se déplace jamais sans sa mummie.
Ce sinistre commerce reste florissant en Europe jusqu’à la fin du 17e siècle. A ce moment là, les fabricants sont lourdement imposés en Egypte et finissent par cesser cette activité.
La momification en Egypte
Il est évident que les anciens Egyptiens n’ont pas embaumé leurs parents et leurs pharaons pour guérir les problèmes gastriques des Occidentaux.
D’ailleurs, ce remède était bien pire que le mal et occasionnait douleurs et vomissements.
C’est Hérodote qui a rédigé la première description connue de la méthode de momification des anciens Egyptiens.
L’ensemble du processus demandait environ 70 jours.
Masque funéraire.
Dès 3000 avant notre ère, l’Egypte affirme sa croyance en une vie future. Elle pense que la préservation du corps humain dans son intégrité est indispensable pour accéder à cette nouvelle existence. C’est pourquoi elle invente la momification.
Momie de Ramsès II. Image Boston Public Library
Pour les Egyptiens, la vie après la mort est bien plus importante que la vie terrestre. La personne comprend un corps auquel sont associés plusieurs principes spirituels qui, libérés après la mort, restent liés au cadavre.
L’ »akh » est un principe immortel, une force divine représentée par un ibis, que seuls possèdent le roi et les dieux.
Le « ba », symbolisé par un oiseau à tête humaine, est un principe spirituel plus indépendant du corps, qui reprend sa liberté après la mort.
Vignette du Livre des morts.
Le ka est représenté sous la forme d'un oiseau (Musées royaux du Cinquantenaire, Bruxelles).
Les prêtres embaumeurs utilisaient des crochets qu’ils passaient dans les narines du mort. Ils retiraient d’abord le cerveau qui était traité à part.
En effet, les Egyptiens pensaient alors que le coeur était l'organe principal "le centre de contrôle". Ils jugeaient par contre le cerveau inutile et le jetaient.
Momie
Avec un couteau de silex, ils incisaient le corps du côté gauche et enlevaient les viscères. Les poumons, l'estomac, les intestins et le foi étaient conservés dans les vases canopes (urnes).
Vases canopes qui contiennent les organes momifiés. Image mamamusings
Après l'éviscération, commençait l'étape de la dessication.
Le corps, vidé de ses viscères et du cerveau, était enduit d’aromates, recousu et plongé pendant 70 jours dans un bain de natron, ou sel de sodium, qui desséchait le cadavre.
L'objectif était de faire perdre le plus d'eau possible au corps, pour le laisser totalement desséché et flétri.
Le dieu Anubis prépare la momie de Sennedjem (Thèbes ouest).
Le corps était alors entouré de longues et fines bandelettes de toile trempées dans une résine odorante.
Des textes, des bijoux et des amulettes étaient disposés entre les linges. Les prêtres touchaient les oreilles, le nez et la bouche du mort avec des instruments magiques qui lui garantissaient l’usage de ses sens dans l’au-delà.
On plaçait souvent de faux yeux dans les orbites et une perruque sur la tête.
Le masque placé sur la momie n'était pas censé être ressemblant. Il montrait plutôt ce à quoi le défunt voulait ressembler dans sa nouvelle vie
Pendant tout l’Ancien Empire, seuls les pharaons avaient droit à la momification. Les dignitaires y accédèrent ensuite ainsi que les paysans et les artisans.
Cette tradition qui a toujours fasciné les Occidentaux n’est certainement pas étrangère au mythe des ressuscités du Caire.
Les momies en Amérique du Sud
L’Egypte est sans conteste la terre des momies. Pourtant, les premiers embaumeurs ne sont pas égyptiens. Dans le monde entier, des cultures ont pratiqué la momification.
En Amérique du Sud, on a embaumé les corps pendant au moins 6 500 ans, bien plus longtemps que dans le reste du monde.
Les premiers à créer des momies furent les Chinchorros, un peuple chilien, qui vidait les corps avant de les remodeler.
L’Amérique du Sud est le lieu de naissance de la momification et l’un des derniers endroits où l’on perpétua cette tradition.
On y trouve aussi bien des momies naturelles qu’artificielles.
Momie naturelle
L’Amérique du Sud possède un climat qui a facilité la conservation de momies naturelles. Le long des côtes du Pérou et du Chili, le climat est chaud et sec toute l’année. De ce fait, les corps séchaient lentement et au bout du processus ne restait qu’une peau tendue sur les os.
Momie mexicaine. Image drini .
Au sommet des montagnes, il fait sec et il gèle en permanence. Les corps ne se décomposent donc pas.
Congelés, ils laissent apparaître chaque détail de l’anatomie intérieure et extérieure.
Les Incas sacrifiaient des enfants à leurs dieux et l’on a retrouvé certaines vicitmes qui sont devenues des momies naturelles.
Ce rituel s’appelait « capacocha ». En 1995, on a découvert le corps congelé d’une de ces jeunes victimes qu’on a baptisé « Juanita », la Vierge des glaces.
Jeune enfant momifié découvert au Pérou. Image Hesselink
Elle fut tuée au sommet du mont Ampato au Pérou. Elle a peut-être été frappée à la tête ou droguée puis laissée sur place où elle est morte gelée.
Enveloppée de tissus, l’enfant a été enterrée avec des statuettes en or et en argent, des pots en terre glaise et des sacs de maïs.
Outre les sacrifices effectués, les Incas momifiaient les corps de leurs empereurs. Ces momies étaient exposées lors des fêtes. On les faisait « défiler » dans les rues comme des morts vivants.
Momie inca découverte près de Nazca. Image leander.canaris
Leur présence était la preuve de la toute puissance de l’empereur dans le passé comme dans le présent.
Malheureusement, les espagnols ont détruit la plupart des momies du Pérou.
Les premières momies
Les momies chinchorros sont connues des archéologues depuis 1917.
Ce n’est cependant qu’en 1983 que la plus grande découverte fut effectuée. Cette année là, des ouvriers ont mis au jour un cimetière. On y déterra 96 momies. La plus ancienne remonte à 7000 ans, soit 5000 ans avant notre ère.
C’est donc devenue la plus ancienne momie connue jusqu’à présent.
Momie chinchorros recouverte d'argile.
Les Chinchorros étaient des pêcheurs qui vivaient le long de la côte nord du Chili. Chinchorro est un ancien mot espagnol qui signifie « filet de pêche ».
On ignore en fait comment ce peuple s’appelait réellement. Le nom provient de la plage où l’on a retrouvé des vestiges de leur culture.
L’écriture n’existant pas, ils ne nous ont laissé comme vestiges que leurs momies qui sont les plus vieilles du monde.
Momie péruvienne. Image quinet
On sait que ce peuple a ainsi conservé ses morts jusqu’en 1 700 avant notre ère environ. A partir de là, ils commencèrent à réaliser des fardos c’est-à-dire des ballots funéraires.
La technique d’embaument de ce peuple est unique. En effet, ils incisaient l’abdomen, ôtaient les viscères puis enlevaient la peau et la chair des os.
Ils conservaient uniquement la peau.
Fardo funéraire du Pérou . Image An en Alain
Ils extrayaient le cerveau. Jusque là, rien d’extraordinaire. C’est le processus de reconstitution du corps qui est unique.
Ils redonnaient sa forme initiale au corps en se servant de bâtons pour renforcer la colonne vertébrale, les jambes et les bras.
Ils appliquaient ensuite sur les os une épaisse couche d’argile et de fibres végétales pour remodeler la silhouette.
La reconstitution achevée, ils tendaient la peau du mort, mise de côté, en complétant si besoin avec de la peau d’otarie.
Momies Chinchorros.
Les embaumeurs enduisaient la peau d’une mince couche de pâte à base de cendres qui durcissait au séchage.
La momie n’avait plus qu’à être peinte et parée de quelques atouts pour lui donner une apparence « vivante ».
Les momies étaient peintes en noir ou en rouge selon les époques. Elles portaient des perruques faites de cheveux humains, des casques ou des masques.
Les momies chinchorros n’étaient pas enterrées tout de suite. Elles étaient d’abord exposées un certain temps puis on les plaçait dans des tombes.
Les fardos funéraires et la culture de Paracas
Vers 400 avant notre ère, dans le sud du Pérou, la mode fut aux fardos. Cette pratique dura plus de 1 000 ans.
Le principe consistait à conserver le corps par des moyens naturels. On laissait les organes en place. Les genoux étaient repliés contre la poitrine, puis le corps était lié à l’aide de cordes et de couches de tissu pour former une masse compacte.
Une fausse tête était placée au-dessus de ce cocon de tissus.
Les fardos étaient composés de couches successives de pièces de tissu appelées "mantos". Leur nombre était peut-être proportionnel à l'importance du défunt.
Au fil du temps, le tissu absorbait les substances liquides et le corps se desséchait.
Momie de Nazca (Musée régional de Cuzco). Image Exfordy
C’est en 1925 qu’on a découvert, sur une presqu’île désertique de la côte sud du Pérou, l’un des plus surprenants trésors de l’Amérique précolombienne.
Ce trésor est constitué de milliers de pièces de tissu. Ces pièces appartiennent à une civilisation baptisée Paracas du nom du lieu de la découverte.
Certains tissus datent de 1 400 avant notre ère.
Pièce de tissu Paracas.
Tous les textiles de Paracas proviennent de chambres funéraires. Ces dernières abritent des corps momifiés qui ont été trouvés en position fœtale, bras croisés sur la poitrine.
Toutes les momies sont enveloppées dans de la toile et du tissu.
L’examen des crânes a révélé, dans de nombreux cas, des traces de trépanation ainsi que des déformations de la tête, qui est souvent en forme de « pain de sucre ».
Le démaillotage des fardos a montré que les corps avaient été habillés de vêtements ainsi que d’immenses pièces de tissu mesurant jusqu’à 20 mètres de long et 6 mètres de large.
Les fibres utilisées sont le coton et la laine de camélidés, notamment l’alpaga et la vigogne, des cousins du lama.
Cela démontre d’ailleurs qu’à cette époque il existait déjà des échanges commerciaux entre les régions côtières et la montagne, ces animaux vivant sur les hauts plateaux andins.
Les corps étaient ensevelis avec de nombreux objets du quotidien et des produits alimentaires. On retrouve là des rites très proches de ceux pratiqués en Egypte.
Un cheval Harnaché ????
Etrange, la gravure de ce cheval qui semble véritablement harnaché alors que l’on sait que la domestication de cet animal ne se fera que très longtemps après la disparition de ces artistes qui ont œuvrés à Bernifal.
Les mystères de l’art préhistorique
Grotte de Bernifal
La découverte de la grotte Chauvet en 1994 a remis en cause la naissance de l’art préhistorique. Si cette grotte est célèbre, d’autres comme la grotte de Bernifal le sont moins. Pourtant, cette grotte révèle des gravures qui nous obligent à nous interroger sur notre propre évolution.
Une chronologie rassurante
C’est en 1879 que les première peintures rupestres sont découvertes. Devant les gravures de la grotte d’Altamira en Espagne, les préhistoriens restent sceptiques.
En effet, les peintures sont de véritables fresques artistiques qui leur semblent incompatibles avec les connaissances de ces hommes primitifs.
En 1940, la grotte de Lascaux permet aux chercheurs d’établir une chronologie des différents styles de l’art préhistorique.
A cette époque, les paléontologues pensent que les premières grottes ornées datent de – 23 000 ans et qu’il faut attendre – 15 000 ans pour voir apparaître les premières fresques peintes.
Bovin de la grotte de Lascaux. (Reproduction de la peinture originale).
Lascaux ( - 15 000 ans ) et Altamira ( - 12 000 ans) rentrent parfaitement dans cette chronologie.
Vache et cheval polychromes qui figurent dans l'une des frises principales. (Reproduction de la peinture originale).
Des découvertes bouleversantes
Toutes les certitudes ont été balayées avec les découvertes successives des peintures d’Arcy sur Cure en 1990, de la grotte Cosquer en 1991 et de la grotte Chauvet en 1994.
Datée au carbone 14, la grotte Cosquer remonte à – 28 000 ans. Les peintures racontent les grandes chasses des âges glaciaires.
On y voit des petits chevaux, des pingouins, des méduses ainsi que d’étranges empreintes de mains décalquées à l’ocre rouge.
En 1995, nouveau coup de théâtre dans le petit monde des préhistoriens. La grotte Chauvet, découverte un an plus tôt, est datée de – 33 000 ans.
Ce qui est important dans toutes ces découvertes c’est que les paléontologues ont toujours affirmé que l’art préhistorique s’était amélioré au fil du temps. Pour l’espèce humaine, il est logique de penser en terme « d’évolution ».
On part toujours du plus « primitif » pour aller vers le plus « évolué ».
Malheureusement, cette théorie est totalement balayée par ces découvertes.
Une évolution mise à mal
La grotte Chauvet ne s’affirme pas uniquement comme la plus ancienne mais également comme la plus élaborée artistiquement.
Face aux superbes fresques, il est évident que les artistes étaient au firmament de leur art et non à ses balbutiements.
La vieille théorie qui prétendait que des millénaires avaient été nécessaires à la gestation de l’art est donc devenue périmée.
Les chercheurs ont bien dû admettre que ces peintures étaient parmi les plus élaborées.
A travers son bestiaire de près de 350 animaux parfaitement reproduits, on constate une parfaite maîtrise artistique.
Quand on sait que la grotte Chauvet est de peu postérieure à l’arrivée de l’homme de Cro-Magnon et qu’elle aurait été décorée à une époque ou Cro-Magnon et Néandertaliens coexistaient, on ne peut que s’interroger.
De qui ces hommes tenaient-ils leur art ? Pourquoi les peintures de grottes plus récentes montrent-elles une moins bonne maîtrise des techniques de dessin ?
Le mystère de la grotte de Bernifal
La grotte de Bernifal, située sur la commune des Eyzies en Dordogne ( France ), est mondialement renommée pour ses 110 gravures et peintures rupestres, notamment un magnifique mammouth tracé à l'argile. Les mammouths sont d'ailleurs les figures dominantes dans cette grotte.
On attribue de manière globale les peintures au Magdalénien.
Cette grotte a été découverte en 1902. Elle est toujours restée privée et a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Mammouth de la grotte de Bernifal (Capture d'écran Documentaire sur l'art préhistorique. Diffusé sur Arte)
Mais on décrit moins un dessin qui semble montrer un dinosaure affrontant un mammouth. Cette peinture est troublante. Bien sûr, quand on regarde l'original peint sur la grotte, l'image d'un dinosaure ne saute pas aux yeux.
Il faut observer avec attention une photo pour y détecter un animal "insolite". Difficile d'affirmer qu'il s'agit bien d'un dinosaure et peut-être qu'il ne s'agit que d'une simple question d'interprétation.
D'autres mystères sur l'art préhistorique reste totalement inexpliqué. On peut citer les pétroglyphes anciens retrouvés en Amérique du Nord.
Plus de questions que de réponses
Qui étaient ces artistes ? De qui tenaient-ils leur art ? Pourquoi peignaient-ils ces fresques ?
Pour qui ces gravures étaient-elles destinées ? Comment des hommes dits « primitifs » ont-ils pu peindre un cheval harnaché ?
Il paraitrait que....Vous ne verrez pas dans les livres officiels certaines gravures que l’on pourrait ranger dans la catégorie de celles qui dérangent. Cela évite sans doute de se poser des questions embarrassantes.
Au Néolithique, l'art prend des formes diverses grâce aux sculptures et à la céramique.
La civilisation Néolithique se définit surtout par l’invention de la pierre polie. L’artiste néolithique se caractérise, lui, par ses talents dans le domaine de la céramique.
Cette méthode de fabrication n’est pas nouvelle mais est largement perfectionnée pendant cette période.
Des techniques qui se perfectionnent
Au début du Néolithique (- 10 000 ans), la technique de la céramique n’en est qu’aux balbutiements. Les formes sont simples et sans aucune décoration.
Le tour du potier n’a pas encore été inventé et l’on façonne l’argile comme on peut.
Céramique peinte. IVe millénaire. (Musée d'Israël).
Rapidement, la technique s’affine. L’âge d’or de la céramique se situe au Néolithique moyen (vers – 5 000 ans).
Par contre, à partir du Néolithique récent (vers – 4 000 ans), la qualité de la céramique se dégrade. Il est probable que l’homme se préoccupe alors d’avantage de problèmes de production que de l’art.
La sculpture néolithique
Il semble que les premières sculptures néolithiques soient liées aux pratiques funéraires. L’inhumation se fait dans le sous-sol des maisons.
Après une période de latence afin que le corps se soit décomposé, la fosse funéraire était rouverte et le crâne en était extrait.
Certains de ces crânes recevaient alors des traitements particuliers : les traits du visage étaient reconstitués à l’aide de plâtre.
Crâne de Jéricho. VIIème millénaire. Jérusalem. (Musée des Antiquités)
Tous les membres d’une même communauté ne bénéficiaient pas du même respect.
Par exemple, on constate que les enfants de moins de 15 ans étaient ensevelis dans l’équivalent de nos fosses communes.
Contrairement à aujourd’hui, l’enfant d’une manière générale ne bénéficiait d’aucun statut privilégié.
Tête de femme. A Jéricho, les crânes humains font l'objet d'un véritable culte. Ils peuvent être décorés ou servir de support pour un modelage au plâtre. Les coquillages incrustés au niveau des orbites et la peinture rouge soulignent le réalisme. Jérusalem. (Musée des Antiquités)
Toutes les sculptures ne sont pas liées aux rituels funéraires. Les représentations féminines sont très abondantes.
Au début du Néolithique, certaines de ces statuettes sont très proches des Vénus du Paléolithique.
Les figures féminines sont très abondantes au néolithique (Museum of Anatolian Civilization) .
Peu à peu, la femme est représentée de manière plus stylisée et les formes abstraites apparaissent.
Le Penseur en terre cuite. IVème millénaire. Roumanie. Cette statuette a été trouvée dans une tombe. On n'a pas encore trouvé d'interprétation satisfaisante sur la position de cet homme. (Bucarest. Musée d'Histoire).
Les peintures du Néolithique en Afrique et en Europe
Entre 9 000 et 3 000 avant notre ère, le Sahara était un lieu très favorable à la vie. Partout, on retrouve des traces de cette activité humaine.
Les chasseurs-pasteurs de l'âge de pierre occupaient le Sahara entre 8 000 et
3 000 avant notre ère. Peinture rupestre du Tassili. Style des Bouviers. Paris, Musée de l'Homme.
Les œuvres les plus anciennes datent du Paléolithique supérieur, avant 9 000 ans avant notre ère. Les plus belles œuvres rupestres ont été produites par des populations d’éleveurs entre 6 000 et 2 000 ans avant notre ère.
Les populations néolithiques ont couvert les rochers de gravures et de peintures vivantes aux couleurs chaudes.
Dans cette région, 10 000 figures peintes ont été mises au jour en 1944. Cet ensemble, dit du Tassili, couvre une période très longue et raconte le quotidien des populations de cette région.
Chronique de la vie quotidienne. Image Gruban
L’une des premières périodes est définie par le style des « hommes à tête ronde ». Les représentations masculines y abondent. Ces hommes ont un corps schématique, une tête ronde et hypertrophiée et sont armés de masses, d’arc et de flèches.
Certains portent des masques.
La période suivante, dite des « bouviers », couvre une grande partie du Néolithique. C’est un art narratif. On y voit principalement des troupeaux de bovidés, des scènes de chasse et de la vie quotidienne.
Scène de travail. On n'a pas trouvé d'explications à la curieuse position des jambes de ces femmes et enfants. Paris, Musée de l'Homme.
La période dite du « cheval » couvre les II et I millénaires (âge des métaux). Ces peintures retracent l’apparition d’envahisseurs montés sur des chars mais c’est également une période où les chevaux étaient utilisés pour le transport. C’est pourquoi de nombreuses peintures représentent des cavaliers.
La vie animale était foisonnante dans le Sahara. On y trouvait de nombreux animaux sauvages aujourd'hui disparus.
Image Gruban
La dernière période est celle dite du « chameau ». Elle commence vers environ 100 ans avant notre ère. Le chameau remplace peu à peu le cheval sur les fresques.
Nous quittons alors la préhistoire pour entrer dans l’histoire avec la présence de l’alphabet Touareg.
Peinture du Tassili. Femmes assises et chasseurs qui rentrent. Paris, Musée de l'Homme.
Ces merveilleuses fresques font du Sahara un véritable centre de l’art néolithique. C’est l’un des plus riches au monde.
En Europe, c’est en 1903 que l’on découvre en Espagne les premières peintures rupestres du Néolithique.
Les peintures sont de petites dimensions. Le thème de prédilection des artistes est la vie au quotidien.
Les premières sculptures de la Préhistoire
Des milliers d’années avant les célèbres Vénus du gravettien, nos ancêtres sculptaient des êtres hybrides, des animaux et des danseuses.
Ces figurines, vieilles de plus de 30 000 ans avant notre ère, remettent en question l’origine de l’art.
Les gisements de Vogelherd, de Hohenstein-Stadel ou de Hohle Fels ont livré d’extraordinaires créations.
L’homme de Cro-Magnon n’était pas le seul à s’intéresser à l’art. Des réalisations d’Homo erectus ont été découvertes.
L’art est bien plus ancien qu’on ne le pense traditionnellement.
Les vénus et l’art pariétal
On pense souvent que les hommes préhistoriques ont inventé l’art figuratif en peignant notamment des animaux sur les parois des grottes.
L’art pariétal a été pendant longtemps considéré comme le père de tous les arts à venir comme le montrent certaines peintures de la grotte Chauvet, âgées d'environ 31 000 ans.
Grotte Chauvet
Les célèbres Vénus du gravettien, âgées d’environ 28 000 ans, sont quant à elles considérées comme les premiers symboles de la féminité et de la fertilité. Elles marquent les premières valeurs de l’humanité, centrées sur la mère.
Vénus de Laussel ou "Dame à la corde". 44 cm de haut. Bas-relief sur roche. Musée d'Aquitaine.
Ces idées schématiques ont été remises en cause par la découverte de statuettes qui remontent à au moins 34 000 ans, pour les plus anciennes.
Ces gisements ont été mis au jour en Allemagne. Ces figures appartiennent à la culture aurignacienne, la même que celle de la grotte Chauvet.
Les premières idoles de la préhistoire
Il y a 35 000 ans, l’homme de Cro-Magnon, en Europe, sculpte, grave, poli et peint l’ivoire et la pierre.
Son imaginaire symbolique ne fait aucun doute. Les gisements allemands nous ont livré d’extraordinaires statuettes.
L’archéologue américain, Nicolas Conard, a notamment mis au jour ce qui pourrait être la plus ancienne des œuvres d’art.
Il s’agit d’une statue d’homme-lion exhumée dans la grotte de Hohle Fels, à côté d’Ulm, dans le sud de l’Allemagne.
Les représentations figuratives sont animales mais également humaines. Elles remontent à – 34 000 ans au minimum.
Il s’agit de figurines d’os ou d’ivoire en forme de cheval principalement et à forme humaine.
Figurine en forme de cheval. Musée d'Ulm.
La représentation de l’homme est assez ambiguë car il s’agit d’êtres hybrides avec un corps d’homme et un visage caché, comme par une cagoule, ou avec une tête animale.
Ces figurent seraient plutôt masculines comme en atteste la proéminence visible à l’entrejambe.
Sur ce point, tous les préhistoriens ne sont pas d’accord. La reconstitution de la statuette à tête de félin serait une femme-lionne, dans la mesure où elle ne porte pas de crinière.
Le débat reste ouvert...
"Femme-lionne".
L’homme-lion mesure 28,6 cm de haut. Les morceaux de cette statue en ivoire de mammouth ont été retrouvés en 1939 parmi des centaines de fragments.
Non étudiés, ces débris ont été redécouverts en 1969. La reconstitution a pris près de 20 ans.
La danseuse de Galgenberg
On l’appelle « Fanny » ou encore « la Danseuse ». Elle a été découverte en 1988 près de Stratzing, en Autriche.
Elle est la plus ancienne Vénus paléolithique connue. Haute de 7,2 cm, cette représentation féminine vieille de 32 000 ans a été sculptée dans du schiste vert.
Elle ne ressemble nullement aux opulentes Vénus ultérieures. Elle s’apparente plus à une jeune danseuse.
Son sein gauche est déporté par un mouvement que l’artiste a très bien suggéré.
Vénus baptisée "La danseuse".
De même, la Dame à la capuche, trouvée à Brassempouy (Landes, en France) qui date de – 29 000 ans, semble trop frêle pour incarner une lourde déesse de la fertilité.
Dame de Brassempouy. (Musée des Antiquités nationales).
L’aurignacien n’était peut-être pas plus matriarcal que ne l’est notre époque.
Le bestiaire de Vogelherd
C’est dans la première moitié du XXe siècle que ces statuettes ont été exhumées. Elles sont datées de – 32 000 ans.
Le bestiaire est très riche : cheval, lion ou bison. Les statuettes ont été sculptées dans l’ivoire.
Statuette de Vogelherd.
Ces figurines, au modelé remarquable, ont le corps orné de petites cupules et de croisillons gravés.
Il est difficile de croire, face à ces réalisations exemplaires, que l’art en était alors à ses débuts. Elles témoignent d’une tradition artistique certainement bien plus ancienne.
La vénus de Berekhat Ram
Taillée dans du tuf basaltique, cette figurine a été découverte sur le site acheuléen de Berekhat Ram, à la frontière israélo-syrienne.
Ce serait la plus ancienne sculpture du monde.
Œuvre probable d’Homo erectus, la statuette a été retrouvée entre deux niveaux de cendres volcaniques datés de – 230 000 ans et – 800 000 ans.
Vénus de Berekhat Ram.
Face aux doutes soulevés par cette découverte, les analyses microscopiques effectués par l’anthropologue américain A.Marchack, ont incontestablement démontré que cette figurine a été taillée par l’homme.
Une autre création d’Homo erectus aux formes humaines plus marquées a été dégagée en 1999, à Tan-Tan, dans le sud du Maroc.
Son âge se situerait entre 300 000 et 500 000 ans.
Symbolisme du premier art préhistorique
Les statuettes de l’aurignacien ont été rarement retrouvées à proximité de tombes. Elles ne faisaient donc pas forcément partie d’un rite funéraire.
On peut bien sûr y voir des dieux ou des déesses. L’homme-lion nous fait penser à la déesse égyptienne Sekhmet.
Cependant, cet art démontre que les facultés d’abstraction de ces hommes n’étaient pas si différentes des nôtres.
Il s’agit là de la représentation de la réalité. Nous sommes très loin des monstrueuses vénus du gravettien.
Les statuettes ne sont nullement figées. La femme danse et le cheval galope. Il faudra attendre l’époque magdalénienne (Grottes de Lascaux et d’Altamira) pour retrouver cette dynamique figurative.
Vache et cheval polychromes qui figurent dans l'une des frises principales. (Reproduction de la peinture originale).
L’art de l’aurignacien qui semble surgir du néant reste à ce jour une énigme.
Avec la découverte des vestiges de civilisations oubliées, l'archéologie nous permet aujourd'hui de retracer la vie quotidienne des peuples ancestraux. Le patrimoine archéologique mondial nous lègue également le souvenir d'une histoire truffée de conflits et de tragédies.
Chaque monument perpétue la mémoire de ces peuples qui les ont construit. De la Préhistoire au monde contemporain, on peut admirer à travers les vestiges et monuments la richesse inégalée et diversifiée d'un patrimoine qu'il faut absolument préserver.
Notre mémoire est marquée par de grands moments qui constituent les temps forts de notre histoire. Mais, les guerres et catastrophes ne sont pas les seuls évènements qui jalonnent notre évolution. L'archéologie nous permet, grâce aux nombreux vestiges, de retracer la vie quotidienne des civilisations anciennes.
L’art du Paléolithique
L’art du Paléolithique est connu du grand public grâce aux fresques retrouvées dans les grottes. Mais, cet art ne se limite pas aux peintures.
On a retrouvé de très nombreux objets finement décorés dont les célèbres Vénus.
Paléolithique: le commencement de l’art
Il y a environ 35 000 ans avant notre ére, l’homme vivait de la cueillette, de la chasse et de la pèche. L’agriculture et l’élevage lui étaient alors inconnus.
Pourtant, ces hommes sont déjà des artistes. Les parois des grottes sont couvertes de représentations peintes et les objets du quotidien sont décorés.
Grand bison de la grotte d'Altamira (Espagne).
L’art est bien né au paléolithique.
Les statuettes de Vénus
Homo sapiens a laissé des signes et des images par milliers. Les premières figurations du culte de la fécondité apparaissent entre – 35 000 et – 30 000 ans.
Il s’agit de représentations à caractère sexuel dont certaines sont très réalistes. La plupart sont féminins. Vers – 27 000 ans sont sculptées les premières Vénus. Ce sont des statuettes de femmes aux rondeurs disproportionnées. Elles ont été retrouvées dans toute l’Europe et en Sibérie.
Vénus de Willendorf haute de 11 cm en Calcaire. (Musée d'Histoire naturelle de Vienne).
Elles partageaient toutes un mode de fabrication commun. Elles sont hautes d’une dizaine de centimètres. Elles sont dotées de seins et de ventres énormes ainsi que d’un visage sans traits. Toutes ces statuettes ont été sculptées entre – 27 000 et – 17 000 ans. Façonnées dans différents matériaux (ivoire de mammouth, bois de cervidés, os, pierre, argile), ces Vénus sont nues pour la plupart.
Beaucoup paraissent enceintes. Leur symbolisme est évident : fécondité, grossesse, reproduction.
Vénus de Laussel ou "Dame à la corde". 44 cm de haut. Bas-relief sur roche. Musée d'Aquitaine.
Le plus souvent, les têtes des statuettes ne sont que sommairement esquissées. La Dame de Brassempouy est une exception. Cette tête en ivoire ne mesure que 3,8 cm est l'un des rares témoignages de la représentation d'un visage humain. Elle est datée de 22 000 ans.
La Vénus de Laussel ou "Dame à la corne" est un exemplaire intéressant. C'est l'une des rares figures féminines à tenir un objet. En l'occurence, il s'agit d'une corne de bison.
L’art pariétal ou art rupestre
L’art pariétal est surtout limité à la région du sud de la France et du nord de l’Espagne (région franco cantabrique). Plus de 200 grottes paléolithiques renfermant des peintures ont été découvertes. 85% d’entre elles se situent dans la région franco cantabrique. Une dizaine ont été découvertes en Italie et une seule en Europe de l’est.
Cette concentration est probablement due à la densité de population qui était variable au Paléolithique supérieur en fonction du climat.
Chevaux de Pech-Merle
On estime que la France comptait environ 2 000 à 3 000 habitants alors que le reste de l’Europe en comptait environ 10 000.
L’art pariétal européen s’est développé sur 25 000 ans et s’est épanoui entre 20 000 et 12 000 ans avant notre ére.
Plus de 80% des oeuvres ont été réalisées sur une période très courte, entre – 17 000 et – 12 000 ans. On a parfois surnommé l’art paléolithique « art animalier » car la plupart des peintures et gravures représentent des rennes, chevaux, mammouths, aurochs …
Mais, il y a également quelques figures humaines et des pictogrammes (signes géométriques).
Dans la grotte de Lascaux, certaines figures atteignent 5 m de haut. (Reproduction de la peinture originale).
Pendant longtemps, on a vu dans l’art rupestre une lente progression des techniques qui allaient en se perfectionnant.
Mais les dernières découvertes, notamment la grotte Cosquer en 1991, ont remis en cause cette chronologie.
Il s’avère que certaines peintures plus anciennes sont beaucoup plus sophistiquées.
Grotte Chauvet. Une troupe de rhinocéros.
Pour s’éclairer, les peintres disposaient de lampes à graisse et de torches en bois de genévrier. On a également retrouvé la trace d’échafaudages destinés à atteindre les hauts plafonds.
Les couleurs ont été produites grâce aux terres minérales : ocre, hématite (rouge), limonite (jaune) et kaolin (blanc).
Etudes et controverses ont longtemps porté sur la nature et la signification des peintures. On a oublié dans ces interprétations qu’outre les peintures, des traces de danses rituelles étaient à proximité.
Dans la grotte du Tuc d’Audoubert, en Ariège, on a découvert les empreintes de pas de six enfants en six rangées qui attestent d’une chorégraphie spécifique.
Empreintes de pas de six enfants dans la grotte du Tuc d’Audoubert.
De nombreuses cavernes ont livré des flûtes ce qui tendrait à prouver que des danses accompagnées de musique étaient accomplies. Sculptures du Paléolithique Les hommes du Paléolithique savaient déjà décorer leurs armes. Ils possédaient un art mobilier composé de pendeloques et de plaquettes décorées.
Les matériaux les plus utilisés sont l’ivoire, l’os de mammouth et le bois de renne.
Par exemple, le propulseur (instrument qui servait à lancer des armes de jet) est souvent terminé par un crochet en forme d’animal.
Bijoux et ornements
Durant tout le Paléolithique supérieur, les hommes fabriquent des bijoux de pierre, d'os, de bois de renne et d'ivoire. Nos ancêtres aimaient déjà porter des bracelets et des pendentifs. Ils utilisaient également des canines atrophiées de renne. Certains de ces bijoux sont finement décorés. Pour porter ces objets en pendentif, une perforation ou une rainure permet de fixer un lien de suspension autour du cou ou de coudre l'objet sur un vêtement.
On peut dire que d'une certaine manière, la mode existait déjà. En effet, de nombreux dessins et plaquettes montrent des dents et des coquilles qui sont enfilées aux poignets, aux bras ou aux chevilles. Un des objets les plus surprenants est sans doute ce coquillage ramassé il y a 17 000 sur une plage près de Lascaux et retrouvé dans le Périgord.
Nos ancêtres étaient-ils collectionneurs ?
Dolmen, tumulus et menhir
Tables de pierre, cercles magiques, menhirs, les constructions mégalithiques sont les plus anciens monuments de l’humanité.
Les monuments les plus caractéristiques de cette époque lointaine sont les dolmens et les menhirs. Ces deux mots, d’origine celtique, signifient respectivement « table de pierre » et « pierre longue ».
Carnac, pays des menhirs par excellence, constitue sans aucun doute le site mégalithique le plus impressionnant.
Les mégalithes « grandes pierres », en grec, suscitent depuis des siècles l’intérêt des archéologues sans qu’ils aient pu en percer totalement tous les secrets.
Par qui ont été construits les monuments mégalithiques ? Pourquoi a-t-on construit les dolmens et les menhirs ?
Quelle différence existe-t-il entre un dolmen et un menhir ?
Un dolmen « table de pierre » abrite une tombe « tumulus ». Les dolmens peuvent abriter des tombes individuelles ou collectives. Ils sont formés de plusieurs blocs fixés dans le sol et d’une dalle horizontale.
Dolmen de Poulnabrone, Irlande, vers 4000 avant notre ère. Image Sitomon
Un menhir « pierre longue » est un bloc dressé qui se présente isolé ou, plus rarement, disposé en alignement ou en cercle. Quand plusieurs menhirs sont disposés en cercles, on parle de « cromlechs ».
Les plus vieux dolmens
Les plus vieux dolmens ont pu être datés de 5 000 ans avant notre ère, soit au début du Néolithique.
Il est très difficile de dater les dolmens car une grande partie d’entre eux a été vidée, pillée et transformée.
On sait par contre que c’est durant le Néolithique, quand l’homme commença à se servir d’outils de pierre polie, que se répandit la « civilisation des mégalithes ».
Entre 5 000 et 2 000 ans avant notre ère environ, toute l’Europe côtière est touchée par le phénomène
mégalithique.
Dolmen dans les Cornouailles.
Les centres les plus anciens se trouvent à l'Ouest de la France et au Portugal.
Au Portugal, les tumulus recouvrent des chambres de pierre, précédées d’un petit couloir. Ces chambres contiennent une dizaine de squelettes.
Dolmen de Zambujeiro au Portugal. Image Gbaku
En Bretagne, Barnenez, mesure plus de 70 m de long et recouvre quinze chambres funéraires. Les fouilles ont prouvé que le tertre qui le recouvre avait été édifié en deux fois mais il a été impossible aux archéologues d’étudier les squelettes dissous par le sol acide.
En revanche, le mobilier prouve que le monument a servi de 4 000 à 2 000 ans avant notre ère.
Une légende non fondée
Il faut se débarrasser d’une légende popularisée par la célèbre bande dessinée « Astérix le Gaulois ». Les menhirs ne sont pas l’œuvre des Gaulois, ni des Celtes.
Menhirs. Pierres Droites de Monteneuf (Morbihan, France). Image Andy Hay
Même si ces derniers n’ont pas hésité, dès leur arrivée, à utiliser les dolmens comme lieu de culte, ceux-ci dominaient les landes bretonnes depuis plus d’un millénaire.
Qui a construit les dolmens et les menhirs et pourquoi ?
Les chercheurs pensent qu’il y a eu contamination entre les différents peuples qui ont migré au début du Néolithique. Ces peuples sont surtout des chasseurs et plus rarement des agriculteurs.
Ces peuples se sont répandus de l’Espagne jusqu’en Angleterre où arrivés au sommet de leur art, ils ont bâti le monument de Stonehenge.
Stonehenge. Image Phillip C
Menhirs et dolmens ont des fonctions très différentes. Le dolmen est une sépulture et si, on trouve parfois des tombes au pied de menhirs, elles sont le plus souvent postérieures à leur construction.
A Gavrinis, près du village de Larmor-Baden, un tumulus de 8 m de haut et 100 m de circonférence, abrite un dolmen à couloir menant à une chambre sépulcrale carrée dont les monolithes sont ornés de gravures en relief (IVe millénaire avant J.-C.).
Tumulus de Barnenez (Bretagne, France). Sur la photo, couloir du tumulus . Image Mtkopone
Le menhir est un édifice commémoratif ou votif mais en aucun cas un monument funéraire.
Concernant les dolmens, le pourquoi de leur construction semble évident. L’emplacement des tumulus, visibles de très loin, éloignés de tout endroit habité, permet de supposer qu’ils n’étaient pas seulement des tombes, mais aussi le lieu du culte des ancêtres, commun à plusieurs villages.
Les habitants avaient su s’allier pour réaliser de tels monuments.
Concernant les menhirs, la controverse n’est toujours pas terminée. La dimension religieuse paraît actuellement l’explication la plus logique. Seul le sentiment religieux a pu justifier des efforts aussi importants.
Cependant, c’est à la fin du 19e siècle que sont remarquées pour la première fois les correspondances entre les structures des ensembles mégalithiques de Carnac et les positions du Soleil à certaines périodes de l’année.
Les alignements de Carnac
Carnac « le lieu des carn » est la capitale française du mégalithisme. On y trouve tous les types de construction : les alignements sont formés de menhirs isolés, mais aussi de cairns qui forment les tumulus de pierres plates que constituent les dolmens ainsi que des cromlechs.
Alignements de Carnac. Image David Barrena
C’est au total un rassemblement de plus de 3 000 pierres. Elles ne sont qu’une petite partie de la construction d’origine, qui comprenait sans doute près de 10 000 menhirs.
L’ensemble s’étendait sur environ 8 km.
On peut aujourd’hui distinguer trois séries d’alignements.
Un cromlech en demi-cercle ouvre celui du Ménec. Là, répartis sur 11 rangées, s’élèvent 1 169 menhirs, hauts de 60 cm à 4 m. L’alignement du Ménec atteint une longueur de 1 170 m
L’alignement de Kermario se limite à 10 rangées et à 1 029 menhirs, de 50 cm à 7 m de haut. Il est long de 1 120 m
L’alignement de Kerlescan est constitué de 13 files de 880 m de long qui regroupent 594 pierres hautes de 80 cm à 4 m. Il est précédé d’un cromlech en demi-cercle
Menhirs de Carnac. Image Bournagain
En dehors des alignements, le site de Carnac comprend le grand tumulus Saint-Michel à l’intérieur duquel on trouve plusieurs chambres funéraires. Il semble postérieur aux alignements.
Enfin, de très nombreux dolmens et menhirs isolés sont disséminés hors de la zone d’alignement.
Menhis isolés à quelques kilomètres de Carnac. Image Timtom.ch
Dans chaque alignement, les menhirs sont placés par ordre décroissant et chaque série forme un angle précis avec la précédente.
Kerlescan est orienté selon les levers de soleil à l’équinoxe
Kermario est orienté selon le lever au solstice d’été
Le Ménec est orienté selon les levers intermédiaires
Certains observateurs voient dans cette disposition des dates correspondant aux principales phases du cycle agricole, une activité toute nouvelle pour les peuples occidentaux.
Le fait que certains menhirs isolés soient percés d’un trou a donné à penser à certains qu’ils servaient de support calendaire et astronomique. Ce trou pouvait servir à la visée.
Site de Carnac. Image Gaspa
Cependant, ces alignements ne servaient pas uniquement comme observatoire solaire. Les autres astres n’ont pas été oubliés.
Dans les années 1970, le professeur A.Thom a démontré que Carnac était aussi un observatoire lunaire.
Il a déterminé que le grand menhir de Locmariaquer, haut de 23 m, est sans doute l’élément central d’un grand dispositif destiné à prédire les éclipses.
Plusieurs autres menhirs isolés, éloignés parfois de 15 km, comme celui de Quiberon, auraient servi de crans de mire, correspondant à des moments extrêmes de la déclinaison lunaire.
L’ensemble du système constituerait ainsi un véritable instrument d’observation et de prévision, propre à permettre notamment, la prédiction des éclipses.
Site de Carnac. Image Gaspa
Thom, spécialiste de la géométrie des grandes constructions mégalithiques, a remarqué également l’utilisation d’une unité de longueur mégalithique universelle en Europe occidentale, à laquelle il accorde la valeur précise de 0 ,8293 m.
Il est dommage que le site ne soit pas resté intact car malheureusement il est difficile de savoir si cette théorie est la bonne dans la mesure où les alignements et les cromlechs placés à leurs extrémités sont incomplets.
Cependant, la seule chose dont on peut être sûr c’est que ces alignements n’ont pas été positionnés au hasard.
Bien sûr, la question qui reste en suspend est:
Comment les hommes du Néolithique pouvaient-ils posséder des connaissances astronomiques aussi avancées ?
Comment les monuments ont-ils été construits ?
Comment a-t-il été possible de déplacer depuis des carrières distantes de plusieurs kilomètres des masses aussi lourdes ?
Il faut reconnaître à ces peuples une bonne dose d’opiniâtreté. En moyenne, les pierres pèsent entre une et deux tonnes mais beaucoup sont nettement plus lourdes.
Si le transport et la pose des menhirs ont suscité, dans le passé, de nombreuses hypothèses, aujourd’hui cette énigme n’en est plus une.
Dolmen de la grotte aux fées. Saint-Antoine du Rocher, France. Image Annie Roi
Les expériences qui ont été faites à Bougon, sous la direction de J.P Mohen, ont montré que quelques centaines d’hommes, armés de haches de pierre et de bois de cerf, pouvaient parfaitement extraire une pierre de 30 tonnes, la soulever, et, à l’aide de cordes, de troncs d’arbres, de leviers, la traîner sur quelques kilomètres et la dresser sur le site.
200 volontaires réussirent il y a quelques années à déplacer ainsi un bloc de 32 tonnes. Un menhir de 4 m pèse entre 10 et 12 tonnes. Par conséquent, les équipes n’étaient pas aussi nombreuses qu’on a pu le penser.
Dolmen en Irlande. Image Seba Sofariu
Les hommes du Néolithique avaient surtout besoin de cordes de très bonne qualité et de grandes quantités de bois afin de construire des traîneaux, des rondins et des leviers.
Découvertes médicales
Les ossements retrouvés dans les tumulus nous renseignent sur certaines carences de nos ancêtres.
Faute d’une alimentation équilibrée, le rachitisme sévissait et les lésions vertébrales en témoignent.
Les femmes mourraient plus jeunes que les hommes, probablement en couches.
On n’a pas retrouvé de traces de cancer.
Les fractures étaient fréquentes et la plupart ont été réduites. Les peuples du néolithique avaient des caries dentaires, contrairement aux chasseurs du paléolithique. Ils consommaient des féculents et des sucres.
Dolmen de la Chianta en Italie. Image Loloieg
Le cas le plus curieux est celui des trépanations. Les « médecins » du IIe millénaire avant notre ère ont pratiqué des opérations des os du crâne.
Le trou creusé dans le pariétal existe toujours mais un bourrelet osseux s’est formé ce qui prouve que les opérations réussissaient souvent.
Mégalithes et légendes
Les théories les plus farfelues ont été émises concernant dolmens et menhirs. Pendant longtemps les gens ont cru qu’ils avaient été édifiés par des êtres surnaturels d’où les noms comme Pierre-des-Fées ou Roche-aux-fées.
Rabelais le rappelle dans son Gargantua. Ces monuments avaient des pouvoirs magiques. On y accomplissait des rites pour avoir un mari, un enfant …
L’Eglise ne vit jamais d’un très bon œil ces pratiques païennes. Elle fut d’ailleurs à l’origine de beaucoup de destruction. Faute de pouvoir éliminer tous les sites, elle fit sculpter des croix sur les menhirs et fit construire des chapelles au-dessus des tumulus.
Dolmen de Carrowmore en Irlande. Image Jule Berlin
Au 19e siècle, on réutilise les mégalithes et menhirs qu’on transforme en autels druidiques. On va jusqu’à creuser des rigoles pour le sang des sacrifices humains.
Aujourd’hui encore, certains continuent à parcourir les sites, calculatrice en main, en attribuant dolmens et alignements aux extra-terrestres.