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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Les tombes royales
Our
La cité. Les tombes royales. Rites funéraires
En 1927-1928, dans les ruines de l’ancienne capitale d’Our, des archéologues anglais retrouvent seize tombes royales des dignitaires de la Ier dynastie d’Our (entre 2600 et 2400 avant notre ère).
Au IIIe millénaire, la Mésopotamie est morcelée en une trentaine de cités-Etats. Our est l’une d’entre elles.
La fondation de la cité est évoquée dans la Bible. Our serait la patrie d’origine d’Abraham.
Le site d’Our (Tell el-Mukayyar actuel) s’élevait sur une pleine sablonneuse près de l’Euphrate.
Sur ce site, la plus extraordinaire découverte est celle des tombes royales qui sont remplies d’un véritable trésor. Ces sépultures nous donnent également de nombreuses précisions sur les rites funéraires de la Mésopotamie ancienne.
La cité d’Our
La fondation de la cité remonte à la période d’El-Obeid (4500-4000 avant notre ère). Elle se présente à l’époque comme un village bien organisé, presque exclusivement dédié à l’agriculture et à l’élevage.
Au début du IIIe millénaire (époque protodynastique), la Mésopotamie méridionale, où prédomine la culture sumérienne, est constellée de cités-Etats.
Chaque cité est gouvernée par un souverain et protégée par une divinité. Les dynasties royales se disputent l’hégémonie de la région.
Ziggourat d'Our. Image M. Lubinski
Vers 2300 avant notre ère, le roi sémitique Sargon fonde le royaume d’Akkad, ville plus au nord, et conquiert le territoire du golfe Persique.
150 ans plus tard, cet empire s’effondre et c’est Our, sous l’égide des grands rois de la troisième dynastie qui domine à son tour « le Pays entre les deux fleuves » c’est-à-dire la Mésopotamie.
Our va demeurer pendant deux siècles un lieu de culte important du dieu lunaire Nanna. La ziggurat (ou ziggourat) d’Our faisait partie du temple du dieu de la Lune. Elle comprenait probablement trois étages. Aujourd’hui, seul subsiste le premier niveau.
Ruines de la ville. Image Danielle Kellogg
Our parvient à son apogée grâce au commerce florissant. Des navires partent de la cité vers les côtes arabes, l’Iran et dans la vallée de l’Indus.
Les marchands qui arrivaient à Our devaient franchir les immenses murailles de briques crues. L’Euphrate baignait les murs de la ville, sans doute amené jusque là par des canaux. On a retrouvé les traces de deux ports avec des docks, des entrepôts et des quais.
Image Danielle Kellogg
Sous le règne d’Our-Nammou, la ville couvrait une superficie de plus de 60 ha et protégeait une population d’environ 24 000 personnes.
Vie quotidienne à Our
Les habitants les plus pauvres occupaient des maisons modestes alors que les plus riches possédaient des maisons avec de nombreuses pièces et même une chapelle privée.
L’ameublement semblait plutôt sommaire : tabouret, table, coffre en bois. La plupart des gens dormaient sur des nattes bien qu’on ait retrouvé des lits.
L’éclairage se faisait uniquement par les portes.
Table de jeu retrouvée dans une tombe royale d'Our (Vers 2450 avant notre ère. Musée de Birmingham).Image Kevin Saff
Les tablettes d’argile gravées nous permettent de bien connaître la vie quotidienne à Our. L’organisation sociale est très hiérarchisée et non égalitaire, ni entre les sexes, ni entre les couches sociales.
Le père jouit d’une position très privilégiée au sein de la famille, selon le code détaillé instauré par Our-Nammou et ses successeurs.
Le système social étant patriarcal, tous les avantages sont accordés à l’homme :
Seuls les enfants des familles aisées vont à l’école appelée « maison des tablettes ». Il leur fallait apprendre les 600 signes qui composent l’écriture cunéiforme sumérienne.
Ils apprenaient également les mathématiques et la grammaire. Un « chargé du fouet » faisait régner la discipline.
Apparemment, le fouet était largement employé si on en juge par un récit sur tablette écrit par un écolier sumérien.
De ces écoles austères sortaient les futurs scribes, sur lesquels reposait tout le système administratif et religieux.
Ecriture cunéiforme. (Musée de Bagdad). Image Woodiefish
Les enfants des familles plus pauvres travaillent aux champs ou des dans les ateliers dès leur plus jeune âge. Parfois, les pères les vendaient comme esclaves.
Les filles ne bénéficiaient d’aucune scolarité.
Les femmes travaillaient essentiellement dans la filature. La laine était l’une des plus importantes industries.
Les artisans étaient regroupés par corporation et par quartier. Ils étaient, pour la plupart, payés mensuellement en ration de nourriture, l’orge par exemple.
Au plus bas de l’échelle sociale se trouvaient les esclaves, prisonniers de guerre, enfants vendus ou hommes endettés.
Mais, assez paradoxalement, l’esclave dispose d’un statut : il a le droit de monter une affaire, de posséder des biens, de racheter sa liberté ou de se marier avec une femme libre.
La ziggourat d’Our
Cette ziggourat, commencée par le roi Ur-Nammu (ou Our-Nammou) et achevée par son fils Sulgi, constituait le lien entre la Terre et le ciel, entre l’Homme et son dieu.
La grande cour du dieu Nanna (ou Nanna-Sin) était destinée à accueillir les offrandes.
L’enceinte sacrée abritait des ateliers, des réserves de nourriture, du bétail. Ces offrandes étaient destinées à Nanna.
Ziggourat d'Our. Image M. Lubinski
Il y a avait également des quartiers royaux utilisés pour les cérémonies.
La ziggourat repose sur un socle de 60 m sur 45. De larges escaliers conduisent du rez-de-chaussée jusqu’au temple du dieu Lune Nanna.
Les tombes royales et les rites funéraires
Les seize tombes royales comprennent un ensemble de six fosses sans caveau et dix tombes contenant un caveau à une ou plusieurs chambres.
Le contenu de ces chambres funéraires est incroyable.
Casque-perruque en alliage naturel d'or et d'argent. Ce casque était porté par les rois lors des batailles. (Vers 2450 avant notre ère. Musée de Bagdad). Image Woodiefish
Celle de la reine Puabi, qui vécut aux environs de 2500 avant notre ère, abritait un char de bois décoré d’une mosaïque de pierres de couleur et de nacre blanche.
On y a également retrouvé une harpe ouvragée avec une tête de taureau. La tête est faite de feuilles d’or et la toison est ciselée dans du lapis-lazuli.
Le taureau symbolisait la force et la fécondité.
Harpe ouvragée. (British Museum). Image Kevin Saff
On a exhumé des coiffes en lapis-lazuli, ornées de feuilles en or, des poignards en or, des tables de jeu faites de carré de coquillages, des couronnes de feuilles d’or qui étaient le symbole de la puissance.
La plus grande des sépultures était vide car elle avait été pillée mais il y restait ce que l’on a appelé « l’étendard d’Our ».
"Etendard 'Our" (vers 2600 avant notre ère. British Museum). Image Seriykotik 1970
Il s’agit d’une mosaïque composée de coquille marine, de lapis-lazuli et de cornaline, incrustée sur une boite de 45 cm de long.
Ce diptyque composé de deux panneaux représente sur une face la guerre et sur l’autre la paix.
"Etendard 'Our" (vers 2600 avant notre ère. British Museum). Image Seriykotik 1970
Les chercheurs découvrirent également les traces de rites funéraires assez macabres. Les monarques étaient enterrés avec leur entourage.
Les rois sont entourés de chars avec les ânes, les bœufs et les cochers. La « grande fosse de la mort » renferme 74 victimes : 6 soldats en armes, et 68 femmes dont 4 musiciennes.
A côté de chaque victime, on a retrouvé une petite coupe ce qui laisse supposer une mort par empoisonnement, peut-être volontaire.
Our, patrie d’Abraham ?
« Térakh engendra Abram, Bahkor et Aran, Aran engendra Loth. Et Aran mourut en présence de Térakh, son père, dans le pays de sa naissance, à Our des Chaldéens […] Térakh prit Abram, son fils, et Loth, le fils d’Aran, son petit-fils, et Sarah, sa belle-fille, la femme de son fils Abram, et ils quittèrent ensemble Our des Chaldéens, pour se rendre dans la terre de Canaan, et ils arrivèrent à Harran, où ils s’établirent » (Genèse, XI, 28, 31).
Ainsi commença, à partir d’Our, la migration de la tribu de Térakh, dont descend le peuple d’Israël.
Une partie de cette tribu, sous la conduite d’Abram, descendit vers Canaan, où le patriarche, après son alliance avec Yahvé, prit le nom d’Abraham, le « père des nations. »
Vers le milieu du IXIe siècle, des chercheurs découvrirent que certains passages des Ecritures se rapportaient à des évènements et des lieux ayant existé.
Ornementation félin retrouvée dans une tombe royale. Image Brendan Adkins
Si la famille d’Abraham a vécu à Our, elle n’y est pas restée longtemps. En effet, Abraham est décrit comme un Sémite nomade vivant sous une tente.
En 1500 avant notre, période présumée du passage d’Abraham à Our, les habitants n’étaient plus des nomades depuis longtemps.
La tribu d’Abraham était peut-être l’une de celles qui migraient des déserts d’Arabie vers des terres plus fertiles.
Our, victime du Déluge ?
Dans la mythologie sumérienne, le Déluge est décrit exactement comme dans la Bible. Seul le nom de l’élu change et Noé devient Outa-napishtim.
Lors de l’excavation du cimetière royal, l’archéologue Wooley mis au jour une couche d’argile épaisse de 3 m. Elle contenait des débris d’embarcation datant de 4000 ans avant notre ère.
Il y a bien effectivement la preuve d’inondations. Mais s’agit-il du Déluge ? Difficile de se prononcer mais ce qui est certain c’est que la légende sumérienne a suffisamment marqué l’inconscient collectif pour inspirer le récit biblique.
Vers la fin du IVe millénaire des évènements capitaux se produisent en Mésopotamie : le développement d’une agriculture irriguée, l’organisation de cités et, surtout, la naissance de l’écriture.
La Mésopotamie n’est qu’une large vallée, drainée par le Tigre et l’Euphrate, que le géographe grec Polybe a justement baptisé « le pays d’entre les fleuves. »
Les premières civilisations sont nées en Mésopotamie et en parallèle, au bord du Nil, en Egypte.
C’est dans les grandes vallées alluviales de ce croissant fertile que vont se structurer des empires et va s’élaborer un système de signes destiné aux échanges commerciaux.
Apparue d’abord en Mésopotamie et en Egypte, l’écriture permet pour la première fois de nommer les hommes et dater les évènements.
Les premiers Mésopotamiens
Située au cœur du Moyen-Orient, dans une plaine en bordure du désert arabique, la Mésopotamie n’était pas l’endroit idéal pour fonder l’une des premières civilisations.
Pourtant, c’est sur cette terre brûlée par le vent du désert que vont se développer l’agriculture puis le commerce, la médecine ou l’astronomie
Grâce à l’ingéniosité humaine, les eaux du Tigre et de l’Euphrate vont transformer cette vallée morte en une vallée extraordinairement fertile.
La crue des fleuves est très irrégulière. Les Mésopotamiens canalisèrent les eaux des fleuves afin d’irriguer les cultures de céréales.
Euphrate aujourd'hui. (Houic)
Ils construisent un système complexe de canaux pour amener l’eau des fleuves tout au long de l’année et évacuer vers des réservoirs le trop plein des crues du printemps.
Grâce à ce laborieux travail, ils peuvent espérer deux récoltes par an.
C’est vers 3 500 ans avant notre ère que l’arrivée des Sémites et des Sumériens amorce les grands changements.
Les Sémites arrivent du nord-ouest et s’installent depuis le nord de la vallée jusqu’à environ l’actuelle Bagdad.
On les appelle les Akkadiens.
Tigre. (Charles Fred)
On ne sait pas exactement d’où viennent les Sumériens ; peut-être d’Asie Centrale ou peut-être ont-ils traversé la mer d’Egypte.
Le mythe des Sept Sages décrit l’arrivée de sept monstres, venant des flots du golfe Persique et qui auraient appris aux habitants « la culture, l’écriture, les sciences, les techniques, la fondation des villes, l’agriculture … »
Les fouilles ont révélé un peuple de gens de petite taille, trapus avec des cheveux noirs, un nez droit, le front légèrement fuyant et les yeux un peu bridés.
Statue du IIIe millénaire avant notre ère. (Mary Harrsch)
Ils sont vêtus de tissus de laine fine. Les hommes portent une jupe de laine et laissent le torse nu.
Beaucoup d’entre eux semblent avoir le crâne rasé.
Les premiers scribes mésopotamiens inscrivent sur des tablettes en argile des pictogrammes à l’aide de roseaux pointus.
Ce système graphique est l’ancêtre de l’écriture cunéiforme.
Ecriture cunéiforme. (Assyrie. 865-860 avant notre ère). (Andrew Scott)
Ces premiers signes d’écriture répondent à des besoins pratiques : comptabiliser les têtes de bétail ou les sacs de grains.
Les cités-Etats (vers 3000-2350 avant J.-C.)
Cette période est dite « Dynastique archaïque. »
Ce sont les premières tablettes écrites, vers 3 200 avant notre ère, qui nous permettent de mieux connaître cette civilisation.
Grâce à ces écrits, on sait que la Mésopotamie était un pays morcelé en une trentaine de cités-Etats.
Les plus importantes cités-Etats sont : Kish, Our, Ourouk et Lagash.
Ruines du temple d'Our. (Campin'Guy)
Ces cités sont dirigées par un roi héréditaire qui est vicaire (ensi) du dieu de la cité. C’est également le chef des guerriers.
Le pouvoir sacerdotal est très puissant car ce sont les prêtres qui gèrent les possessions de la divinité.
Parfois, comme à Lagash, un prince est évincé du trône par un prêtre.
Statue représentant un prince de la cité de Lagash. (Resio)
Déjà à cette époque, le peuple paye un impôt. A la même époque, le souverain cesse d’habiter le temple et on construit les premiers palais.
C’est une manière concrète de différencier les biens dépendants des dieux de ceux qui appartiennent au roi.
La seule ambition de ces souverains est d’imposer aux autres cités leur souveraineté. C’est pourquoi la guerre est un thème artistique si omniprésent.
Stèle des Vautours. (vers 2450 avant notre ère. Musée du Louvre, Paris) (Eric Gaba)
Les techniques d’attaque sont décrites sur certaines stèles comme la célèbre stèle des Vautours.
Cette stèle illustre la défaite de 36 000 guerriers de la cité d’Oumma. On y voit le roi Eannatoum marché à la tête de la phalange de Lagash.
Les guerriers piétinent les soldats vaincus.
Une face plus mythologique représente le dieu de la cité victorieuse, Ningirsu, s'emparant des ennemis de Lagash.
Stèle des Vautours. (vers 2450 avant notre ère. Musée du Louvre, Paris) (Eric Gaba)
Précédant la lourde phalange armée de piques, le vicaire et les grands, montés sur des chars à quatre roues tirés par des ânes sauvages, se précipitent sur l’armée adverse.
Si l’ennemi recule, il est poursuivi et la ville est pillée.
La Liste royale, qui est une des plus anciennes inscriptions, consigne les noms des différents rois :
Les rois doivent également assurer la prospérité de leur cité. Agriculture et artisanat apportent la richesse en Mésopotamie et les échanges commerciaux sont intenses.
Statuettes datant de 4500-4000 avant notre ère provenant d'Our. (Mary Harrsch)
La Mésopotamie est une terre argileuse et marécageuse. Les pierres dures, le bois et les minerais en sont absentes.
Les cités stockent les surplus de grain, de dattes et d’huile pour les échanger contre les biens dont elles ont besoin.
Ebih-il, intendant du temple de la déesse Innana-Ishtar à Mari (vers 2400 avant notre ère. Musée du Louvre, Paris). (Villamota)
Les marchands descendent les fleuves sur des radeaux ou conduisent des caravanes d’ânes à travers la Syrie jusqu’à la côte méditerranéenne.
D’autres, sur de petits voiliers, naviguent dans le golfe Persique et longent la mer Arabique.
Les négociants rapportent les matières premières indispensables aux constructions mais également des objets précieux dont certains ont été retrouvés dans les tombes royales d’Our.
Un clergé tout puissant
Les tablettes nous révèlent l’importance de la religion. Chaque cité reconnaît comme souverain une grande divinité que le sort lui a assignée le jour de la naissance du monde.
Porteurs d'offrandes (début du IIIe millénaire. Musée de Bagdad). (Woodiefish)
Ces dieux sont très semblables aux hommes mais s’en distinguent par leur intelligence et l’immortalité.
Chaque dieu est chargé d’une fonction liée à la marche du monde. Le panthéon mésopotamien est très riche mais assez mal connu. Parmi les principaux dieux:
C’est par l’intermédiaire des prêtres que les dieux communiquent leurs désirs : riches repas quotidiens, vêtements, bijoux, temples ou chants.
Urne peinte polychrome (vers 2700 avant notre ère. Musée de Bagdad) .(Woodiefish)
Les dieux n’imposent aucune contrainte mais si les hommes n’exécutent pas les rites et ne font pas don d’offrandes, de terribles catastrophes se produisent comme des inondations, la sécheresse ou le pillage par d’autres cités.
Comme ces catastrophes naturelles sont fréquentes et que les cités-Etats sont en conflits permanents, le peuple veille à honorer leurs dieux.
Les prêtres profitent bien sûr largement de cette peur.
Au début, les temples sont de dimensions modestes puis au fil du temps, ils deviendront les fameuses ziggourats.
Universel, le vin a des origines très anciennes. C’est en Egypte que l’on a retrouvé les plus anciennes activités liées à la viticulture.
Les anciens Egyptiens appréciaient le vin mais également la bière.
Les historiens notent aussi que le mot «vin » a sans doute une origine sémitique, et que plusieurs textes sémitiques, égyptiens et grecs attribuent une même origine transcaucasienne à la viticulture.
Comment l’idée est-elle venue de transformer le raisin en boisson ? Nul ne le sait. Peut-être n’est-ce qu’un hasard comme beaucoup d’inventions.
Toujours est-il que toutes les civilisations du pourtour méditerranéen ont fait de la viticulture l’une de leur principale activité commerciale.
Les Grecs et les Romains, grands amateurs de vin, ont même rendu hommage à ce breuvage en lui dédiant un dieu.
Appelé Bacchus par les Romains, Dionysos est, dans l'Antiquité, le dieu de la Vigne et du Vin. II symbolise le délire mystique, par opposition au mythe d'Apollon tout imprégné d'harmonie raisonnée.
L’apparition des vignes
On pense que les vignes vraies du genre Vitis ont fait leur apparition au cours de l'ère tertiaire (entre 65 et 2 millions d'années avant notre ère). Les quatre glaciations de l'époque quaternaire limitent ensuite leur aire d'implantation au pourtour de la Méditerranée, aux rives de la mer Noire et au Moyen-Orient; puis on observe une remontée vers le nord de la vigne sauvage (Vitis sylvestra), à l'origine des cépages cultivés aujourd'hui.
Vigne cultivée (Vitis vinifera sativa).
La mise en culture de la vigne débuterait, quant à elle, il y a six mille ans, dans le sud du Caucase. Il s'agit, précisons-le, d'une hypothèse déduite de la persistance vivace de vigne sauvage dans cette zone. Ainsi, dans l'Ancien Testament, le premier acte de Noé après le Déluge est de planter une vigne au pied du mont Ararat.
Quoi qu'il en soit, la vigne sauvage subit des mutations successives et une sélection, qui la transforme en Vitis vinifera sativa, c'est-à-dire en vigne cultivée.
En Égypte et en Mésopotamie
Divers types de cépages se sont répandus sur le pourtour de la mer Noire et de la Méditerranée.
La vigne est ainsi cultivée en Égypte, vers 3200 avant notre ère, comme en témoigne l'un des tout premiers signes hiéroglyphiques, représentant des piquets fourchus supportant un pied de vigne.
Des fresques retrouvées dans les chambres funéraires de Sagqarah et de Louxor attestent l’importance de la viticulture dans l'Égypte ancienne.
Les grandes régions productrices sont le delta du Nil et les oasis du désert libyque et du Fayoum.
Des paysans transportent des amphores de vin. Détail d'une fresque.
En Mésopotamie, le vin commence à être fréquemment mentionné à partir de la fin du IIIe millénaire. Les plus anciennes lois relatives au vin sont édictées par le roi Hammourabi, à Babylone, au XVIIIe siècle avant notre ère. Plus récemment, au début du Ier millénaire, des scènes représentées sur les bas-reliefs montrent que les Assyriens maîtrisent toutes les techniques de fabrication du vin, dont il existe alors de nombreuses variétés.
Vendanges en Egypte (détail d'une fresque, Thèbes, tombe de Nakht).
Le vin de palme était préparé à partir de la sève du palmier-dattier. Le vin de datte était lui obtenu par macération de dattes dans l’eau, suivie de fermentation.
Le nectar du Nil
La bière existait en Egypte bien avant les pyramides. En 1989, des archéologues en fouillant l’ancienne cité de Hierakonpolis, sur les rives du Nil, ont découvert une brasserie vieille de 5 400 ans.
Four à pain. La bière était notamment composée de pain mal cuit
Cette bière était un mélange d’eau, de pain mal cuit, de malt et de jus de dattes. C’est la plus ancienne brasserie que l’on connaisse.
Grecs et Romains
À partir du VIIe siècle avant notre ère, l'activité colonisatrice des Grecs permet la diffusion de la viticulture tout le long des côtes méditerranéennes. Les Romains sont, à leur tour, d'excellents vignerons. Ils empruntent aux Grecs l'essentiel de leurs techniques viticoles, et ils les diffusent à travers leur empire, plus particulièrement en Gaule et en Germanie.
Buste de Dionysos. (clairity).
Grecs et Romains sont aussi les fondateurs de l'œnologie, ou science de la vinification, puisqu'ils font subir au vin des traitements destinés à l'améliorer et à assurer sa conservation : soutirage, plâtrage, addition d'argile, de chaux et de poudre de marbre, salage, etc.
Les soins qu'ils apportent à la vigne sont, par ailleurs, incessants.
Le culte de Dionysos
Fils de Zeus, Dionysos découvre à l'âge adulte la vigne et son usage. Condamné à la folie par les dieux de l'Olympe, il erre ensuite sur les rives orientales de la Méditerranée. II n'est délivré de son mal qu'après avoir rencontré la déesse Cybèle, qui l'initie aux rites du vin. II mène alors une vie aventureuse au cours de laquelle il réussit l'exploit de libérer les Bacchantes, prisonnières d'un tyran.
Dionysos. (unforth)
À Athènes, durant les mois d'hiver, avaient lieu plusieurs fêtes en l'honneur de Dionysos, dont les plus fameuses étaient les Dionysies. Les Anthestéria, célébrées en février, étaient une fête des fleurs au cours de laquelle on buvait le vin nouveau tandis que Dionysos entrait dans la ville sur un char marin (en latin, carrus navalis). C'est là l'origine lointaine du carnaval précédant le Carême de la tradition chrétienne.
Le vin et la religion
Bacchus, le dieu romain du vin, fut souvent représenté sur les sarcophages datant de l'Empire romain. Quand le christianisme rejeta les anciens dieux, ce dieu du vin fut parfois simplement remplacé par un autre vainqueur de la mort: Jésus-Christ.
Nombre des rituels «sataniques » qu'on a connus plus tard, avec leurs sorcières invoquant Satan et leurs adeptes accédant à l'extase par l'alcool et la drogue, sont similaires aux rites des Dionysies ou des Bacchanales, au cours desquels le dieu se manifestait à ses fidèles sous la forme d'un bouc.
Statue de Bacchus à Florence. (Andy Ciordia)
L'importance du vin pour les civilisations proche-orientale et occidentale est fondamentalement liée à son rôle sacramentel et religieux. Plus qu'un simple produit de la terre, le vin est, à proprement parler, un don de Dieu.
Jéhovah donne la vigne à Noé pour adoucir son sort de seul rescapé du Déluge. Le dieu égyptien Amon-Rê protège l'humanité des fureurs de sa fille Hathor, en lui faisant boire une liqueur couleur de sang et en la plongeant ainsi dans le sommeil le plus profond.
Plus tard, les cultes dionysiaques et bacchiques, en Grèce et à Rome, perpétuent ce caractère rituel et sacré du vin. Ce caractère symbolique joue d'ailleurs à son tour un rôle déterminant dans l'extension prodigieuse de la viticulture à travers l'Europe.
L'Église chrétienne sacralise le vin, qui est identifié au sang du Christ, et lui attribue un rôle de premier plan dans le rituel liturgique.
Le sacrifice de la messe et, surtout, le rituel de la communion donnée longtemps sous la double espèce du pain et du vin exigent dès lors un approvisionnement quasi permanent des paroisses en vin.
L'Église chrétienne a sacralisé le vin
Au Moyen-Âge, L'Église multiplie les plantations de vignes. Les monastères, en particulier, font de la vigne une de leurs activités agricoles dominantes.
Ainsi, des régions entières d'Europe se vouent progressivement à la viticulture. Une raison, parmi d'autres, de ce problème très actuel qu'est la surproduction viticole.
Aujourd’hui, la production mondiale avoisine 260 millions d’hectolitres. L’Italie occupe le premier rang avec 58 millions d’hectolitres, suivie par la France (57), l’Espagne (38), les États-Unis (24).
La monnaie est une étape clé dans l’histoire économique du monde. On peut d’ailleurs s’étonner que l’invention de la monnaie soit si tardive.
La tradition, relayée par les principaux historiens grecs (Hérodote ou Xénophane), nous dit que les Lydiens, peuple d’Asie Mineure occidentale, seraient les premiers à utiliser la monnaie.
Avant la monnaie, les peuples marchands utilisaient le troc pour effectuer leurs échanges commerciaux.
Tout au long de l’Antiquité, en Egypte, en Mésopotamie, en Phénicie ou dans l’Indus, le régime des échanges reste celui du troc.
Les premiers moyens d’échange
On peut supposer que dès la préhistoire, l’homme a opéré des échanges sous forme de troc. Mais, c’est avec l’invention de l’écriture que nous avons les premières traces de ces échanges.
En attestent divers contrats d’ordre privé ou le témoignage écrit des grecs et des hébreux.
Les fresques peintes sur les tombeaux égyptiens sont de véritables livres ouverts.
Transport du blé (Tombe de Mennah. Fin du XVe siècle avant notre ère). Thèbes. Par Diplon
On évaluait par exemple un champ selon un lot d’objets divers : lingots d’argent appréciés au poids, ânes, taureaux, étoffes etc.
On échangeait du blé contre des liqueurs ou des dattes contre des poutres de bois.
Les étalons les plus couramment utilisés sont tout d’abord le grain et le bétail. L’origine de cette pratique comptable a perduré dans notre vocabulaire sous la forme de l’adjectif « pécuniaire », qui vient du latin pecus, signifiant « troupeau. » Dans d’autres contrées, on utilisait des coquillages, du thé, des perles ou des morues séchées, comme ce fut le cas à Terre-Neuve.
Tétradrachme (pièce de quatre drachmes) à l'effigie d'Alexandre le Grand. Bibliothèque nationale de Paris
Dès l’époque du bronze (IIIe millénaire avant notre ère), le métal prend le relais sous des formes diverses : pépites, poudre, paillettes, anneaux ect.
Ce nouveau moyen d’échange a plusieurs avantages :
Avec les progrès de l’extraction minière et de la métallurgie, l’or, l’argent, l’électrum, le cuivre, le plomb, le fer et l’étain vont être indifféremment utilisés comme moyens d’échange.
Rapidement, la balance devient un instrument indispensable à la réalisation de toutes les transactions.
La monnaie pesée est la monnaie la plus archaïque.
La nécessité de garantir la teneur et le poids de ces métaux amènent les particuliers à estampiller les lingots.
Monnaie siculopunique, frappée par les Carthaginois en Sicile. Cette pièce représente un palmier avec des régimes de dattes. IVe siècle avant notre ère). Bibliothèque nationale de Paris.
L’Etat ne garantit pas cette « monnaie. » C’est la bonne renommée du marchand qui garantit la qualité de son estampille.
A partir de là, la voie était ouverte vers la monnaie à proprement dite c’est-à-dire avec une garantie publique qui se substitue à la garantie privée.
"Double", monnaie d'or frappée à Babylone. L'archer est peut-être le roi Darios III (IVe siècle avant notre ère). Bibliothèque nationale de Paris.
Cette monnaie est appelée « la monnaie frappée », c’est-à-dire la monnaie garantie par une autorité politique ou religieuse qui lui attribue une valeur fixe.
La première monnaie connue
C’est à partir du moment ou une société se modernise et évolue vers une plus grande division du travail que la monnaie tend à se substituer au régime du troc.
L’origine du terme « monnaie » vient du nom de la déesse romaine Juno Moneta, car c’est dans les dépendances de son temple que les Romains avaient installé un atelier pour frapper les deniers de l’Empire.
Le dieu Janus sur la plus ancienne monnaie romaine (Musée national Rome). (Sebastia Giralt)
Des archéologues ont découvert des pièces de monnaie dans les fondations du temple d’Artémis à Ephèse, construit vers 645 avant notre ère. Ce sont des pièces d’électrum frappées de têtes de lion, l’emblème royal de la capitale de la Lydie, Sardes (Turquie actuelle.)
La première monnaie remonterait donc au VIIe siècle avant notre ère. Cette découverte confirme les propos d’Hérodote qui précise qu’il s’agit d’une monnaie d’or et d’argent.
En effet, l’électrum est un alliage d’or et d’argent.
Monnaie Lydienne de l'époque de Crésus frappée avec une tête de lion et de taureau (VIe siècle avant notre ère). Bibliothèque nationale de Paris.
Cependant, on ne sait pas depuis quand cette monnaie était utilisée en Asie Mineure.
Crésus est le dernier roi lydien qui a régné de 560 à 546 avant notre ère. Sa richesse légendaire est fondée sur les mines et les pépites d’or du fleuve Pactole, et sur le contrôle des routes commerciales aboutissant à la mer Égée. Il fut le premier à frapper des monnaies d’or et d’argent.
On suppose qu’il a voulu ainsi remédier à l’inconvénient de l’électrum qui contient une quantité variable d’or.
La diffusion de la monnaie dans le monde
La diffusion de la monnaie s’est rapidement opérée en direction du monde grec : Egine et l’Ionie en adoptent le principe vers 625 avant notre ère.
Corinthe suit à partir de 610 puis Athènes vers 594.
Monnaie frappée en l'honneur de la déesse Athéna. (Ve siècle avant notre ère). (g-foucault)
Chaque cité adopte un type caractéristique : chouette pour Athènes, figure d’Aréthuse ou superbe quadrige pour Syracuse, etc. La technique de frappe est cependant sommaire.
Il existe de nombreuses monnaies dans la Grèce antique : Darique, Drachme, Obole ect.
Monnaie d'Athènes avec la chouette d'Athéna, déesse de la cité (VIe siècle avant notre ère). (g-foucault)
Les premières monnaies romaines sont en bronze : sesterce, dupondius, semi, quadrans.L’argent métal apparaît dans le système monétaire romain avec le « denier » en 211 avant notre ère.
Sesterce frappé à l'effigie de l'empereur Trajan. (Sebastia Giralt)
A l’époque de Jules César, l’aureus fait son apparition. C’est une monnaie d’or qui vaut 25 deniers.
Les monnaies sont frappées à l’effigie des empereurs ou commémorent leurs victoires.
Pièce en bronze de l'époque de Vespasien. Elle célèbre la prise de Jérusalem par les Romains en 70 après notre ère (Musée d'Israël, Jérusalem) Collection de l'IDAM
En Gaule, la monnaie fait son apparition au VIe siècle avant notre ère par l'intermédiaire d'une colonie grecque établie à Marseille.
Chaque peuple gaulois fabriquait sa propre monnaie en assez petite quantité. Les styles de monnaies sont très variés.
Vercingétorix. Statère d'or arverne. Ier siècle avant notre ère. Bibliothèque nationale de Paris
Parmi les monnaies gauloises les plus connues, on trouve le statère d'or fabriqué par les Arvernes (peuple du Massif central qui a légué son nom à l’Auvergne) grâce à leurs mines d’or.
Les Parisii, le peuple de Lutèce (actuelle île de la Cité, ancêtre de Paris) employait l’or pour frapper sa monnaie.
Avers d'une pièce de monnaie en or des Parisii (IIe siècle avant notre ère). Musée de Brno, Tchécoslovaquie. (Pragus)
C’était un signe de richesse et de prospérité. Le statère d’or au cheval est probablement la plus magnifique pièce.
En Chine, c’est au début du Ier millénaire avant notre ère que la monnaie en bronze apparaît. Les pièces prennent des formes originales et variées : rondes, en lames de couteaux, en forme de bêche ou de houes.
Chaque cité frappe sa monnaie ce qui explique cette grande disparité sur cet immense continent qui n’est pas encore unifié.
Sapèque. (Jovike)
Au cours de la dynastie Qin (-221 à –206), la sapèque devient une monnaie courante. Cette pièce ronde a la particularité de posséder un trou au milieu.
On pouvait ainsi relier avec une cordelette plusieurs pièces pour les transporter.
Aujourd’hui, la monnaie fiduciaire (monnaie composée de billets de banque) a remplacé depuis longtemps le troc. Il est bien loin le temps où l’on utilisait des perles comme monnaie d’échange.
Pièce de monnaie indo-grecque en argent. Les Indiens ont appris des Grecs à frapper les monnaies avec des symboles (Epoque hellénistique). Musée de Kaboul. (Pragus)
L’antique monnaie métallique est représentée par la monnaie divisionnaire, qui permet de faire l’appoint dans les transactions quotidiennes.
L’étude des monnaies et des médailles ainsi que leur classement forment la base de la science numismatique.
Cette science est riche d’enseignements sur l’histoire, l’histoire des religions et des mœurs et, naturellement, sur la connaissance des échanges et de l’économie à toutes les époques.
Sanctuaire de Yazilikaya
Hattousa, en Anatolie, était l’imposante capitale des Hittites. A l’origine, les Hittites étaient des bergers et des guerriers nomades indo-européens. Au IIIe millénaire avant notre ère, ils quittèrent les steppes de Russie pour venir s’installer en Anatolie, au Moyen Orient.
Les Hittites ont fait vaciller le puissant empire d’Egypte.
Selon la Genèse, les Hittites sont l’une des tribus qui peuplaient la Palestine lorsque le peuple Juif retourna en Terre promise. Leur nom revient souvent dans l’Ancien Testament. Les rois juifs David et Salomon prirent pour épouses des Hittites.
Le terme « hittite » vient de Hatti, nom que portait, au IIIe millénaire, le bassin de l’Halys, son peuple et la langue qu’il parlait.
Note: L'Anatolie est la Péninsule occidentale de l'Asie, appelée également Asie Mineure.
Le nom « Anatolie » est employé aujourd'hui en Turquie pour désigner tout le territoire asiatique de la République (y compris Arménie et Kurdistan), et est utilisé par les archéologues qui étudient les premières civilisations de cette région.
Les origines des Hittites
Vers 6500 avant notre ère, les premiers agriculteurs et éleveurs d’Anatolie commencent à se sédentariser.
Vers 2500 avant notre ère, apparaissent de petits royaumes que leurs voisins appellent « pays des Hatti ». C’est sous ce nom que l’Anatolie rentrera dans l’histoire.
Des colons assyriens venus commercer sur ces terres au XIXe siècle avant notre ère transmettent à ce peuple l’art d’écrire.
La population hittite s’est formée par la fusion des indigènes (qui lui ont donné leur nom, Hatti) et de nouveaux venus à langue indo-européenne, dont l’origine (peut-être des Nésites venus par le Caucase) et la date d’arrivée en Anatolie centrale restent méconnues et qui adoptent la civilisation de leurs hôtes.
Carte empire Hittite (Source wikipedia)
Légende: Apogée de l'empire hittite (1300 avant notre ère) est indiquée en orange. Influence sur l’empire d’ Egypte en vert.
Importance de l’empire sous Hantili I (vers 1590 avant notre ère) est indiquée en rouge.
Le nouveau peuple, les Hittites, ou Hatti, est attesté pour la première fois dans les « tablettes de Cappadoce », archives des marchands assyriens installés en Anatolie centrale depuis la fin du XXe s. avant notre ère. Il est alors divisé en cités-États, dont les rois se disputeront longtemps la prédominance.
L’édification de l’Empire Hittite
Les Hittites commencent à se fédérer. Sous Labarna Ier, un roi mal connu, le royaume est encore limité. Cependant, ce roi semble avoir joui d’une certaine renommée auprès de ses successeurs qui porteront symboliquement son nom comme un titre : les « Labarna ».
Son héritier direct, Hattousili Ier, va transformer le royaume en un empire par une série de conquêtes.
Ruines d'Hattousa, la capitale des Hittites. (Willis Monroe)
Hattousili Ier lutte contre le plus puissant de ces États syriens, le Yamhad (dont la capitale est à Alep), qui est détruit par son successeur, Moursili Ier (vers 1600 avant notre ère) ; ce dernier, également vainqueur des Hourrites qui occupent les confins de l’Anatolie et de la Mésopotamie, va même, dans un raid sans lendemain, surprendre Babylone, où il met fin à la dynastie amorrite (1595 avant notre ère).
Moursili Ier domine un empire qui s’étend de la mer Noire à la Méditerranée.
Mais Moursili Ier est assassiné peu après, et ce drame est le premier d’une série de crimes commis par des ambitieux, princes ou époux de princesses, au détriment de rois, qui sont souvent déconsidérés par leurs défaites.
La fragilité de l’empire Hittite
Les conquêtes sont fabuleuses mais l’empire est fragile. Il y a de nombreuses guerres civiles sanglantes ainsi que des rebellions des peuples conquis.
Les luttes intestines pour la succession empêchent de faire face aux harcèlements du peuple barbare des Kaska (ou Gasga), ni de contenir les provinces qui se soulèvent.
L’empire connaît un recul notoire de sa puissance. Le déclin est momentanément enrayé durant le règne de Télibinou (fin du XVIe s. avant notre ère).
Traité de paix de Kadesh inscrit sur une tablette et découvert à Hattousa (Musée archéologique d’Istanbul). (Yasin Turkoglu)
Parallèlement, en haute Mésopotamie, les royaumes hourrites et sémitiques s’unissent. Ils constituent un empire menaçant aux portes du pays des Hatti : Le Mitanni.
Télibinou a essayé d’imposer une nouvelle loi de succession héréditaire pour mettre fin aux prétentions de la noblesse.
Il établit également les procédures concernant les crimes commis par des personnes de la famille royale.
Taureau en bronze et électrum découvert dans une tombe royale hittite (Musée d'Ankara). (Levork)
Ses successeurs qui ne sont pas tous connus ne semblent pas avoir été assez forts pour s’opposer aux invasions de l’empire du Mitanni.
Au XVe s. avant notre ère, le Hatti est complètement éclipsé par cet empire.
Après 1450 avant notre ère, le trône de Hattousa passe à une nouvelle dynastie. Les premiers souverains ne sont pas plus chanceux que leurs prédécesseurs et sous Toudhaliya III, le Hatti, trahi par les petits États fédérés, de toutes parts envahi par ses voisins anatoliens, semble sur le point de succomber.
L’apogée de la puissance Hittite
Le royaume est alors sauvé par un prince : Souppilouliouma Ier (vers 1380-vers 1345 avant notre ère).
Celui-ci consacre son règne à restaurer la puissance hittite. Il mène plusieurs guerres en Syrie qu’il occupe puis du Liban à l’Euphrate et conclut des accords avec ses voisins.
La plus grande partie de l’Anatolie est reprise et les prétentions du Mitanni sont brisées. Les possessions syriennes du pharaon d’Egypte sont confiées à des princes hittites.
Le sanctuaire de Yazilikaya était bâti à 2 km d'Hattousa. Les hommes gravèrent dans la roche des représentations de dieux et de rois. (Travelling Runes)
C’est à cette époque que la reine d’Égypte, veuve de Toutankhamon, ne voulant pas épouser un de ses « serviteurs » égyptiens, demande au souverain de Hattousa de lui envoyer un de ses fils pour mari (vers 1352 avant notre ère) ; mais le prince hittite est assassiné avant d’atteindre son but, et les heurts entre l’Égypte et le Hatti dégénèrent en une série de guerres qui vont s’étaler sur trois quarts de siècle.
Après la mort de Souppilouliouma Ier, c’est la révolte générale des États. Son fils Moursili II (vers 1344-vers 1310 avant notre ère.) parvient à rétablir la situation.
Moursili II, se consacre essentiellement à la lutte contre les Égyptiens et, en 1299 avant notre ère, les Hittites et leurs alliés surprennent l’armée de Ramsès II près de Qadesh. C’est un échec que le grand pharaon ne parviendra pas à réparer complètement.
Le sanctuaire de Yazilikaya. (Travelling Runes)
Pendant ce temps, une nouvelle puissance, l’Assyrie, profite de la disparition du Mitanni pour menacer l’empire Hittite.
Ce dernier s’abîme dans des guerres incessantes extérieures et intérieures.
La disparition de l’empire Hittite
Le règne de Souppilouliouma II (vers 1210-vers 1191 avant notre ère) est mal connu ; il vient de reconquérir Alashiya lorsque se produit la catastrophe, qui n’est connue que par une allusion des textes égyptiens et par le niveau de destruction à Hattousa et dans les autres villes hittites. Une seconde vague de Peuples de la mer, venus des îles de la Méditerranée et d’Anatolie, fait brusquement disparaître cet État (vers 1191 avant notre ère), avant de s’attaquer à la Syrie et à l’Égypte.
De nombreux Hittites fuirent vers le sud, où ils fondèrent quelques cités. Mais, les royaumes néohittites disparurent définitivement au VIIIe siècle avant notre ère sous les coups des Assyriens.