Visite de Macron au Salon de l'Agriculture : "Je dis aux agriculteurs : ne sabotez pas votre salon", implore Didier Guillaume
INTERVIEW - Invité ce vendredi matin de l'interview politique d'Elizabeth Martichoux sur LCI, le ministre de l'Agriculture a évoqué le Salon de l'Agriculture qui s'ouvre ce week-end, dans un contexte compliqué pour le monde agricole.
21 févr. 09:58 - La rédaction de LCI
"Je leur dit : ne sabotez pas votre salon, qui est votre plus belle vitrine de l’année." A la veille de l'ouverture du Salon de l'Agriculture, que doit inaugurer Emmanuel Macron, Didier Guillaume a joué la carte de l'apaisement. Ce vendredi sur LCI, le ministre de l'Agriculture a estimé qu'il était "urgent de faire baisser la tension". Invité d'Elizabeth Martichoux, Didier Guillaume a également été interrogé sur les nombreux sujets qui fâchent. Parmi eux : la Politique agricole commune (PAC), mais aussi l'épineuse question du glyphosate.
La visite du président de la République prévue samedi peut-elle être perturbée ? "On a rarement vu des organisateurs de salon perturber leur propre salon", a estimé le ministre. Restera-t-il 14 heures comme l'an dernier ? "Je crois que l'heure n'est pas à la durée mais à la qualité du message qu'Emmanuel Macron passera", affirme Didier Guillaume.
Celui-ci est par ailleurs revenu sur l'interview accordée par Emmanuel Macron dans plusieurs journaux de la PQR (Ouest France, La Voix du Nord, le groupe EBRA...). "Il y a urgence à faire baisser la tension, à parler, évoquer des sujets. Emmanuel Macron a reçu toutes les organisations agricoles. Il aime les agriculteurs, l’agriculture."
Interrogé sur le glyphosate, dont l'interdiction en 2021 inquiète le monde agricole, Didier Guillaume a rappelé que cette promesse n'est "pas tenable" à cette échéance, comme l'a fait le Président dans son interview à la presse quotidienne régionale. Le ministre a rappelé que le gouvernement a saisi l’Anses et l’Inra pour identifier les alternatives viables et pour organiser une sortie du glyphosate sur des bases objectives.
Autre sujet : la PAC, dont le montant global est actuellement discuté à Bruxelles, et fait l'objet d'un bras de fer entre Emmanuel Macron et certains pays. "C’est impossible que le budget reste au même niveau compte tenu du départ des britanniques, a estimé Didier Guillaume. Ce que nous souhaitons, c’est un budget de la PAC équivalent à une EU à 27, sans le Royaume-Uni. La proposition de Bruxelles, c’est 370 milliards. Là, Emmanuel Macron a déjà obtenu 375 milliards. Un niveau équivalent à ce que nous avons dépensé durant la précédente PAC. Mais nous voulons aller plus loin, car nous ne pouvons pas demander aux agriculteurs d’aller plus loin sans aides."
Florian Bachelier, député LREM de Rennes et premier questeur de l’Assemblée nationale.
Réforme des retraites. Un tweet du député d’Ille-et-Vilaine Florian Bachelier agite l’Assemblée
Brandi par le député LREM de Rennes Florian Bachelier, le « coût » d’une journée de débats à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites, évalué à 1,5 million d’euros, a été contesté vendredi 21 février par la gauche, critiquant un « antiparlementarisme ».
La démocratie n’a pas de prix mais elle a coût. Une journée d’obstruction parlementaire par les députés minoritaires d’extrême gauche, c’est 1 500 000 d’euros d’argent public. Ça paierait quelques professeurs d’éducation civique
, avait tweeté jeudi 20 février le marcheur
Florian Bachelier, député de Rennes (Ille-et-Vilaine) et premier questeur de l’Assemblée, en charge de sa gestion.
« Antiparlementarisme » Le député PS Boris Vallaud s’est élevé vendredi dans l’hémicycle contre ce qu’il qualifie de mensonge
. Le budget de l’Assemblée nationale c’est 578 millions d’euros en 2019, vous divisez par le nombre de jours (365, N.D.L.R.), c’est 1,5 million, que nous siégions ou que nous ne siégions pas
, a-t-il expliqué.
Autrement dit un jour siégé supplémentaire, y compris comme ce week-end, ne coûte pas plus, les personnels par exemple n’étant pas rémunérés davantage.
Je ne recommande à personne de faire le jeu de l’antiparlementarisme
, a ajouté l’élu socialiste.
« Le débat parlementaire mérite mieux » Plus tôt, c’est l’insoumis Adrien Quatennens qui avait épinglé Florian Bachelier, qui a l’air de considérer que la démocratie coûte trop cher. Mais nous sommes ici les porte-parole de la solution la moins chère : retrait
de la réforme des retraites.
La démocratie, ça prend du temps, de débattre, de discuter, surtout sur un projet comme celui-ci aussi controversé et rejeté
, a souligné Pierre Dharréville (PCF) devant la presse. Et de balayer le chiffrage du questeur, des arguments de fond de corbeille
.
Le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau (MoDem) a clos la discussion : le débat parlementaire mérite mieux
qu'une question de coût
, a-t-il déclaré à BFMTV. Où s’arrête-t-on au fond ? Le Parlement, la démocratie représentative, ce sont des moyens qui sont nécessaires et c’est pas le sujet
.
Vue aérienne de la centrale nucléaire de Fessenheim, en Alsace, le 20 février. SEBASTIEN BOZON / AFP
Après des années de débats, le réacteur n° 1 de la centrale de Fessenheim va être définitivement mis à l’arrêt vendredi Le démantèlement de la plus vieille centrale nucléaire de France va être long : il doit se poursuivre au moins jusqu’en 2040.
Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 10h09, mis à jour à 14h21
Le réacteur n° 1 de la centrale de Fessenheim, plus ancienne centrale nucléaire française en activité, doit être définitivement mis à l’arrêt dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 février.
L’opération doit commencer à 20 h 30 ce vendredi et s’achever à 2 heures du matin samedi. Elle mettra un point final à des années de remous, de débats et de reports sur le sort de la centrale alsacienne, bâtie dans les années 1970, tout près de la frontière avec l’Allemagne.
« Une équipe de quart, composée de dix à quinze à personnes », doit lancer le processus d’arrêt du réacteur, a expliqué à l’Agence France-Presse une source syndicale au sein de la centrale. « Pour l’ensemble du personnel de quart, cette nuit d’arrêt du réacteur n° 1, réaliser les gestes pour le découpler définitivement sera quelque chose de très difficile à vivre. »
Mais certains salariés menacent de désobéir et de ne pas appliquer les procédures d’arrêt du réacteur à eau pressurisée de 900 mégawatts (MW). « Dire si réellement certains agents refuseront de le faire, c’est une initiative personnelle pour laquelle je ne peux pas me prononcer », explique la source syndicale. Un autre salarié estime « complètement impensable » que les procédures ne soient pas respectées. « C’est une question d’honneur. Le travail sera fait et bien fait. Tout le monde suivra les ordres. »
« Je compte sur le professionnalisme, l’engagement et le sérieux des salariés d’EDF » a déclaré de son côté la ministre de la transition écologique, Elisabeth Borne, lors d’une conférence de presse à Colmar.
Le réacteur n° 2 arrêté le 30 juin
Si la procédure suit son cours normalement, la puissance du réacteur doit baisser progressivement et il sera déconnecté du réseau électrique national lorsqu’il sera descendu à 8 % de sa puissance habituelle.
La procédure est identique à celle d’une opération de maintenance classique. Mais, cette fois, aucune remise en service n’aura lieu. Le réacteur n° 2 doit, lui, être arrêté le 30 juin.
Un décret publié au Journal officiel mercredi « abroge l’autorisation d’exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim dont EDF est titulaire », inscrivant noir sur blanc le caractère définitif de cet arrêt.
L’évacuation du combustible de la centrale sera, selon le calendrier prévu, achevée en 2023. Ensuite doit se poursuivre la phase de préparation au démantèlement, processus inédit en France à l’échelle d’une centrale entière qui devrait commencer à l’horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu’en 2040.
Pour Matignon, la fermeture de Fessenheim « constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France, qui vise un rééquilibrage progressif » entre les différents types d’énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire – actuellement de 70 %, la plus importante au monde – et une augmentation de celle de l’électricité d’origine renouvelable.
Mais la polémique sur le bien-fondé de cette fermeture ne va pas cesser avec l’arrêt du réacteur n° 1.
Protestation des pro et des antinucléaires samedi
Samedi, les associations de défense de l’environnement, hostiles depuis des années à cette centrale, tiendront une conférence de presse à Colmar dans la matinée. Puis elles se rassembleront dans le centre de Strasbourg l’après-midi, rejointes notamment par l’association écologiste allemande Bund. Celle-ci a prévu de déboucher le sekt (vin mousseux allemand), mais pas avant l’arrêt du deuxième réacteur, le 30 juin. « L’arrêt de cette centrale moribonde est un motif de célébration transfrontalière, mais pas un motif de triomphe », le combustible radioactif restant présent encore plusieurs années, a-t-elle commenté.
A l’inverse, le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger a demandé aux salariés « pardon pour ce choix irresponsable dont vous êtes les premières victimes ». Quant à la ministre de la transition écologique Elisabeth Borne, qui se rend vendredi dans le Haut-Rhin, elle a assuré qu’il n’y aurait « aucune perte d’emploi ».
Samedi matin, pourtant, les élus locaux iront brandir une banderole au pied de la centrale, réclamant que l’Etat n’abandonne pas ce territoire abreuvé depuis quarante ans par les taxes versées par EDF. Ils redoutent que des centaines de familles dotées de revenus confortables ne le quittent.
Les élus seront suivis dans l’après-midi par des associations pronucléaires qui veulent « protester contre cet acte de vandalisme climatique et environnemental ».
Douze réacteurs supplémentaires, sur les 58 que compte la France, doivent être arrêtés d’ici 2035, sans toutefois conduire à des fermetures complètes de centrales comme à Fessenheim.
Dans la petite commune de moins de 2 500 habitants, l’éclairage public sera éteint toute la nuit de vendredi à samedi. Une « plongée dans le noir » qui symbolisera un territoire « qui n’a pas beaucoup de lueurs d’espoir », a expliqué son maire, Claude Brender.