Monde : France
Photocopie de la lettre de Louis XVI ordonnant l'embastillement du cardinal de Rohan adressée au gouverneur de Launay.
Le scandale
La prétendue comtesse, sentant les soupçons, s’est entre-temps arrangée pour procurer au cardinal un premier versement de 35 000 livres, grâce aux 300 000 livres qu'elle a reçues pour la vente du collier, et dont elle s'est déjà servie pour s'acheter une gentilhommière. Mais ce versement, d’ailleurs dérisoire, est désormais inutile. Parallèlement, la comtesse informe les joailliers que la prétendue signature de la reine est un faux afin de faire peur au cardinal de Rohan et l'obliger à régler lui-même la facture par crainte du scandale. L’affaire éclate. Entre-temps, les mêmes aigrefins, menés par l'ex-inspecteur des mœurs, agent secret et escroc Jean-Baptiste Meusnier, en profitent pour soutirer 60 000 autres livres à d'autres bijoutiers.
Le roi est prévenu de l'escroquerie le 14 août 1785. Le 15 août, alors que le cardinal — qui est également grand-aumônier de France — s’apprête à célébrer en grande pompe la messe de l’Assomption dans la chapelle du château de Versailles, il est convoqué dans les appartements du roi en présence de la reine, du garde des sceaux Miromesnil et du ministre de la Maison du Roi Breteuil.
Il se voit sommé d’expliquer le dossier constitué contre lui. Le prélat comprend qu’il a été berné depuis le début par la comtesse de La Motte. Sur le coup, il ne peut s'expliquer. Le roi lui prête son bureau afin qu'il prépare sa défense et ses arguments. Pendant ce temps, Marie-Antoinette, très en colère et impulsive, sans penser aucunement aux conséquences, demande à Louis XVI d'envoyer le cardinal de Rohan le soir même à la Bastille. Rohan, revenu avec son « écrit », commence à subir les questions du roi. « Avez-vous le collier ? », lui demande-t-il. Stupéfait, Rohan répond non en regardant la Reine qui se détourne dédaigneusement. La reine ajoute : « Et comment avez-vous pu croire que moi, qui ne vous ai pas adressé la parole depuis dix ans, j’aurais pu m’adresser à vous pour une affaire de cette nature ? ». Le cardinal tente de s’expliquer. « Mon cousin, je vous préviens que vous allez être arrêté », lui dit le roi. Le cardinal supplie le roi de lui épargner cette humiliation, il invoque la dignité de l’Église, le nom des Rohan, le souvenir de sa cousine la comtesse de Marsan qui a élevé Louis XVI. Le roi hésite mais devant la pression de Marie-Antoinette à ses côtés, le roi se retourne vers lui : « Je fais ce que je dois, en tant que roi, et en tant que mari. Sortez ». Au sortir des appartements du roi, il est arrêté dans la galerie des Glaces, au milieu des courtisans médusés. Alors que la Cour est sous le choc, il demande à un ecclésiastique s'il a du papier et un crayon, puis d'aller trouver son grand Vicaire pour lui remettre cette missive écrite à la hâte, afin que ce dernier brûle les lettres que Marie-Antoinette lui aurait fait parvenir. Par cette extraordinaire arrestation, car le nom de Rohan est de grande noblesse, la cour est scandalisée mais Marie-Antoinette est persuadée d'être couverte d'éloges. Cependant, le soir même, devant la froideur de la cour à son égard (également la gêne de ses amies), elle sent toutefois « confusément » qu'elle vient de commettre une erreur.
Le cardinal est emprisonné à la Bastille. Il commence immédiatement à rembourser les sommes dues, en vendant ses biens propres, dont son château de Coupvray (jusqu'en 1881, les descendants de ses héritiers continueront de rembourser les descendants du joaillier). La comtesse de La Motte est arrêtée, son mari s’enfuit à Londres (où il bénéficie du droit d'asile) avec les derniers diamants, Rétaux de Villette étant déjà en Suisse. On interpelle aussi Cagliostro puis, le 20 octobre, c'est au tour de Nicole Leguay d'être arrêtée, à Bruxelles, avec son amant dont elle est enceinte.
Le procès
Le roi laisse au cardinal le choix de la juridiction qui aura à se prononcer sur son cas : s’en remettre directement au jugement du roi en huis clos ou être traduit devant le Parlement de Paris. Ceci s’avère fort malhabile de la part de Louis XVI : le cardinal décide de mettre l’affaire dans les mains du Parlement qui est toujours, plus ou moins, en fronde contre l’autorité royale.
Le 22 mai 1786, le procès public s’ouvre devant les 64 magistrats de la Tournelle et la Grand-chambre du Parlement présidée par le marquis Étienne François d'Aligre assisté de conseillers honoraires et maîtres des requêtes.
Le cardinal de Rohan choisit comme avocat Jean-Baptiste Target dont la plaidoirie retentissante le rendra célèbre et lui permettra d'être élu, moins de 3 ans plus tard, député de Paris du tiers-état.
En effet, l'opinion s'est gargarisée de cette affaire, avec la reine en toile de fond, et en parlant de Rohan : « le Saint-Père l'avait rougi, le roi l'a noirci, le parlement le blanchira, alléluia… ».
De fait, le cardinal ayant été reconnu innocent du vol du collier, il ne restait plus qu'une seule chose reprochée et jugée : « « le crime de lèse-majesté » pour avoir cru que la reine pouvait lui donner des rendez-vous galants dans le parc de Versailles, avoir cru à ses lettres.... Ce qui nous amène à la conclusion : si le cardinal est acquitté, c'est la reine qu'on aura « jugée » ».
Le 30 mai, le parlement rend son verdict, face à une presse qui se déchaîne. Le cardinal est acquitté (aussi bien pour l'escroquerie que pour le crime de lèse-majesté envers la reine et ce malgré un mémoire à charge réalisé par un homme d'intrigue, sieur Bette d'Etienville, et le réquisitoire du procureur Joseph Omer Joly de Fleury) à 26 voix de conseillers contre 23. La prétendue comtesse de La Motte, elle, est condamnée à la prison à perpétuité à la Salpêtrière, après avoir été fouettée et marquée au fer rouge sur les deux épaules du « V » de « voleuse » (elle se débattra tant que l’un des « V » sera finalement appliqué sur son sein). Son mari est condamné aux galères à perpétuité par contumace, et Rétaux de Villette est banni (il s'exile à Venise où il écrit en 1790 Mémoire historique des intrigues de la Cour, avec comme sous-titre "Et de ce qui s'est passé entre la reine, le comte d'Artois, le cardinal de Rohan, madame de Polignac, madame de La Motte, Cagliostro, MM de Breteuil et de Vergennes".). Enfin, Nicole Leguay est déclarée « hors de cours » (mise hors de cause après avoir ému le tribunal avec son bébé dans les bras). Quant à Cagliostro, après avoir été embastillé puis soutenu par Jacques Duval d'Eprémesnil, et défendu par le brillant avocat Jean-Charles Thilorier, il est bientôt expulsé de France (1786).
Marie-Antoinette est au comble de l’humiliation car elle considère l’acquittement du cardinal comme un camouflet. De fait, il signifie que les juges ne pouvaient tenir rigueur au cardinal d’avoir cru que la reine pouvait lui envoyer des billets doux, lui accorder des rendez-vous galants dans le parc de Versailles et acheter des bijoux pharaoniques par le biais d’hommes de paille en cachette du roi. Et donc que de telles frasques n'auraient rien eu d'invraisemblable de la part de la reine. Et c’est bien dans cet esprit que le jugement fut rendu, et reçu dans l’opinion.
La reine, désormais consciente que son image s'est dégradée auprès de l'opinion, obtient donc du roi qu’il exile le cardinal de Rohan à l'abbaye de la Chaise-Dieu, l’une des abbayes en commende du cardinal, après l’avoir démis de son poste de grand aumônier — on entendit dans Paris « le Parlement l'ayant purgé, le roi l'envoya à la chaise ».
Il restera trois mois dans cette abbaye, après quoi il ira sous des cieux plus cléments, à l’abbaye de Marmoutier près de Tours. Ce n’est qu’au bout de trois ans, le 17 mars 1788, que le roi l’autorisera à retrouver son diocèse de Strasbourg.
Retentissement
Le résultat de cette affaire fut résumé par l'exclamation, au lendemain du verdict, de Fréteau de Saint-Just, magistrat du Parlement de Paris : « Un cardinal escroc, la reine impliquée dans une affaire de faux ! Que de fange sur la crosse et le sceptre ! Quel triomphe pour les idées de liberté ! »
Bien que Marie-Antoinette ait été étrangère à toute l'affaire, l’opinion publique ne voulut pas croire à l’innocence de la reine. Accusée depuis longtemps de participer, par ses dépenses excessives, au déficit du budget du royaume, elle subit à cette occasion une avalanche d’opprobres sans précédent. Les libellistes laissèrent libre cours aux calomnies dans des pamphlets où « l’Autrichienne » (ou « l'autre chienne ») se faisait offrir des diamants pour prix de ses amours avec le cardinal. Mme de la Motte qui a nié toute implication dans l'affaire, reconnaissant seulement être la maîtresse du cardinal, est parvenue à s'évader de la Salpêtrière et publie à Londres un récit dans lequel elle raconte sa liaison avec Marie-Antoinette, la complicité de celle-ci depuis le début de l'affaire et jusqu'à son intervention dans l'évasion.
Par le discrédit qu'il jeta sur la Cour dans une opinion déjà très hostile et le renforcement du Parlement de Paris, ce scandale aura pour certains directement sa part de responsabilité dans le déclenchement de la Révolution française quatre ans plus tard et dans la chute de la royauté. « Cet événement me remplit d'épouvante, comme l'aurait fait la tête de Méduse », écrit Goethe dans sa correspondance. Peu après, il ajouta : « Ces intrigues détruisirent la dignité royale. Aussi l’histoire du collier forme-t-elle la préface immédiate de la Révolution. Elle en est le fondement… ».
Dans la fiction
Le collier, dépouillé de ses diamants originaux, est volé par Arsène Lupin enfant dans la nouvelle de Maurice Leblanc le Collier de la reine (publiée par la suite dans le recueil Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur).
L’Affaire du collier, bande dessinée de la série Blake et Mortimer (1967), imagine la réapparition du collier à l’époque moderne.
Les faits et les personnages de l’affaire du collier apparaissent dans un manga contant la vie de Marie Antoinette, Rose de Versailles">La Rose de Versailles, et dans ses adaptations en série anime, Lady Oscar.
Dans le 1er tome de Les Misérables, Victor Hugo y fait allusion dans le 1er chapitre du livre III, Marius, « Le grand-père et le petit-fils ».
Goethe en fait le sujet d'une pièce de théâtre, Le Grand Copthe (de).
L’Affaire inspire en outre les romans historiques :
Le Collier de la reine à Alexandre Dumas,
The Queen's Necklace à Frances Mossiker (en),
Un collier pour le diable de Juliette Benzoni,
Les Diamants de la guillotine, de Pierre Combescot.
L’Affaire est le thème des films suivants :
L'Affaire du collier (The Affair of the Necklace) de Charles Shyer en 2001,
L'Affaire du collier de la reine de Marcel L'Herbier en 1946,
L'Affaire du collier de la Reine de Guy Lessertisseur - INA - La caméra explore le temps en 1962.
L’Affaire est relatée dans les films suivants :
Lady Oscar réalisé par Jacques Demy en 1978,
Si Versailles m'était conté... en 1954, (narration de Sacha Guitry).
Le collier apparaît également dans le film Ocean's 8 de Gary Ross lors d'une réception fictive au Met Gala
Le Collier de la reine est le titre du premier épisode de la série Lupin; le collier joue un rôle central dans l'intrigue de la série
Le 28 décembre 1784, se présentant toujours comme une amie intime de la reine, elle rencontre les joailliers Boehmer et Bassenge qui lui montrent le collier de 2 840 carats qu'ils souhaitent rapidement vendre car ils se sont endettés pour le constituer. Tout de suite, elle imagine un plan pour entrer en sa possession. Elle déclare au joaillier qu’elle va intervenir pour convaincre la reine d’acheter le bijou, mais par le biais d’un prête-nom. De fait, le cardinal de Rohan reçoit en janvier 1785 une nouvelle lettre, toujours signée « Marie-Antoinette de France », dans laquelle la reine lui explique que ne pouvant se permettre d’acquérir ouvertement le bijou, elle lui fait demander de lui servir d’entremetteur, s’engageant par contrat à le rembourser en versements étalés dans le temps — quatre versements de 400 000 livres — et lui octroyant pleins pouvoirs dans cette affaire.
En outre, la comtesse s’est ménagé la complicité de Cagliostro, dont le cardinal est fanatique (il ira jusqu’à déclarer « Cagliostro est Dieu lui-même ! »). Devant le cardinal, le mage fait annoncer par un enfant médium un oracle dévoilant les suites les plus fabuleuses pour le prélat s’il se prête à cette affaire : la reconnaissance de la reine ne connaîtra plus de bornes, les faveurs pleuvront sur la tête du cardinal, la reine le fera nommer par le roi premier ministre. Le 1er février 1785, convaincu, le cardinal signe les quatre traites et se fait livrer le bijou qu’il va porter le soir même à Mme de La Motte dans un appartement qu'elle a loué à Versailles. Devant lui, elle le transmet à un prétendu valet de pied portant la livrée de la reine (qui n’est autre que Rétaux de Villette). Pour avoir favorisé cette négociation, l’intrigante bénéficiera même de cadeaux du joaillier.
Immédiatement, les escrocs dessertissent maladroitement le collier en abîmant les pierres précieuses et commencent à les revendre. Rétaux de Villette a quelques ennuis en négociant les siennes. Leur qualité est telle et, pressé par le temps, il les négocie si en dessous de leur valeur que des diamantaires soupçonnent le fruit d'un vol et le dénoncent. Il parvient à prouver sa bonne foi et part à Bruxelles vendre ce qu'il lui reste. Le comte de La Motte part de son côté proposer les plus beaux diamants à deux bijoutiers anglais de Londres. Ceux-ci, pour les mêmes raisons que leurs collègues, flairent le coup fourré. Ils envoient un émissaire à Paris : mais aucun vol de bijoux de cette valeur n’étant connu, ils les achètent, rassurés. Les dernières pierres sont donc vendues à Londres.
Pendant ce temps, la première échéance est attendue par le joaillier et le cardinal pour le 1er août. Toutefois, l'artisan et le prélat s'étonnent de constater qu'en attendant, la reine ne porte pas le collier. Mme de La Motte les assure qu'une grande occasion ne s'est pas encore présentée et que, d'ici là, si on leur parle du collier, ils doivent répondre qu’il a été vendu au sultan de Constantinople. En juillet cependant, la première échéance approchant, le moment est venu pour la comtesse de gagner du temps. Elle demande au cardinal de trouver des prêteurs pour aider la reine à rembourser. Elle aurait, en effet, du mal à trouver les 400 000 livres qu'elle doit à cette échéance. Mais le bijoutier Bœhmer va précipiter le dénouement. Ayant eu vent des difficultés de paiement qui s'annoncent, il se rend directement chez la première femme de chambre de Marie-Antoinette, Mme Campan, et évoque l'affaire avec elle. Celle-ci tombe des nues et naturellement va immédiatement rapporter à la reine son entretien avec Boehmer. Marie-Antoinette, pour qui l'affaire est incompréhensible, charge le baron de Breteuil, ministre de la Maison du Roi, de tirer les choses au clair. Le baron de Breteuil est un ennemi du cardinal de Rohan, ayant notamment convoité en vain son poste d'ambassadeur à Vienne. Découvrant l'escroquerie dans laquelle le cardinal est impliqué, il compte bien lui donner toute la publicité possible pour lui nuire
Jeanne de Valois-Saint-Rémy, comtesse de La Motte.
L’instigatrice de l'escroquerie à l'origine de l'affaire est Jeanne de Valois-Saint-Rémy, qui descend par son père du roi de France Henri II et de sa maîtresse Nicole de Savigny. En tant que descendante des Valois, fait attesté officiellement par Cherin, généalogiste du Roi, Louis XVI lui alloue une pension.
Son enfance cependant avait été des plus misérables. Depuis Henri II, la lignée était descendue au plus bas selon les mémoires du comte Beugnot. Son père avait épousé une paysanne, qu’il laissa bientôt veuve. Jeanne était envoyée mendier sur les chemins par sa mère, en demandant « la charité pour une pauvre orpheline du sang des Valois ». Une dame charitable, la marquise de Boulainvilliers, étonnée par cette histoire, prit des renseignements et, vérifications faites, entreprit les démarches pour lui obtenir une pension du roi et lui donner une bonne éducation dans un couvent situé près de Montgeron.
En 1780, Jeanne épouse à Bar-sur-Aube, un jeune officier, Nicolas de La Motte. Le ménage, peu après, usurpe le titre de comte et comtesse de La Motte. Jeanne ne se fait plus désormais appeler que comtesse de La Motte-Valois. À cette date, elle fait un voyage à Saverne, pour rejoindre Mme de Boulainvilliers qui lui présente son ami le cardinal Louis de Rohan-Guémené, qu'elle sollicite financièrement pour sortir de la misère avec laquelle elle continue de se débattre plus ou moins, puis devient sa maîtresse. C’est là aussi qu’elle rencontre le mage Joseph Balsamo, qui se fait appeler comte de Cagliostro. Celui-ci gravite aussi autour du cardinal de Rohan, en lui soutirant de l’argent en échange de prétendus miracles.
Louis Marc Antoine Rétaux de Villette, au moment de l’affaire du collier.
Mme de La Motte tente de se mêler à la Cour. Elle parvient à convaincre le cardinal qu’elle a rencontré la reine Marie-Antoinette dont elle dit être devenue l’amie intime. L’amant de Mme de La Motte, Louis Marc Antoine Rétaux de Villette (un ami de son mari), grâce à ses talents de faussaire, imite parfaitement l’écriture de la reine. Il réalise pour sa maîtresse de fausses lettres signées « Marie-Antoinette de France » (alors que la reine ne signait que Marie-Antoinette, les reines de France ne signant que de leur prénom, et Marie-Antoinette n’étant pas de France mais de Lorraine ou d’Autriche). La comtesse commence ainsi d'entretenir une fausse correspondance, dont elle est la messagère, entre la reine et le cardinal.
La reine et le cardinal ont un vieux contentieux : en 1773, le cardinal, qui était alors ambassadeur de France à Vienne, s’était aperçu que l’impératrice Marie-Thérèse, la mère de Marie-Antoinette, jouait un double jeu et préparait en sous-main le démantèlement de la Pologne, de concert avec la Prusse et la Russie. Il avait écrit une lettre à Louis XV pour l’en avertir, lettre qui avait été détournée par le duc d'Aiguillon, ministre des Affaires étrangères, qui l’avait remise à la comtesse du Barry, favorite de Louis XV, détestée par Marie-Antoinette. La comtesse l’avait lue publiquement dans un dîner, or le ton de cette lettre était ironique et très irrespectueux envers l’impératrice, et prêtait à Marie-Antoinette un caractère volage.
D'autre part, la vie dissolue du cardinal à Vienne, ses dépenses somptuaires, l'exhibition de ses maîtresses, ses parties de chasse fastueuses en tenue laïque, avaient scandalisé Marie-Thérèse. L'impératrice avait demandé à Versailles le rappel de cet ambassadeur et l’avait obtenu.
Depuis ces épisodes, la reine, fidèle à la mémoire de sa mère, était plus qu’en froid avec le cardinal. Ce dernier se désespérait de cette hostilité. La comtesse de La Motte fit espérer au cardinal un retour en grâce auprès de la souveraine. Ayant de gros besoins d’argent, elle commença par lui soutirer au nom de la reine 60 000 livres (en deux versements), qu’il lui accorda tandis que la comtesse lui fournissait des fausses lettres reconnaissantes de la reine, annonçant la réconciliation espérée, tout en repoussant indéfiniment les rendez-vous successifs demandés par le cardinal pour s’en assurer.
Le comte de la Motte avait découvert par l'entremise de Cagliostro qu’une prostituée exerçant au Palais-Royal, Nicole Leguay, que la Motte fait appeler Mlle d'Essigny ou baronne d’Oliva pour l'introduire dans son salon, s'était forgé une réputation due à sa ressemblance avec Marie-Antoinette. Mme de La Motte la reçoit et la convainc de bien vouloir, contre une somme de 15 000 livres, jouer le rôle de la reine recevant en catimini un ami, dans le but de jouer un tour.
La nuit du 11 août 1784, le cardinal se voit confirmer un rendez-vous au bosquet de Vénus dans le jardin de Versailles à onze heures du soir. Là, Nicole Leguay « l'obligeante hétaïre », déguisée en Marie-Antoinette dans une robe de mousseline à pois (copiée d'après un tableau d'Élisabeth Vigée Le Brun), le visage enveloppé d’une gaze légère noire, l’accueille avec une rose et lui murmure un « Vous savez ce que cela signifie. Vous pouvez compter que le passé sera oublié ». Avant que le cardinal ne puisse poursuivre la conversation, Mme de La Motte apparaît avec Rétaux de Villette en livrée de la reine avertissant que les comtesses de Provence et d’Artois, belles-sœurs de la reine, sont en train d’approcher. Ce contretemps, inventé par Mme de La Motte, abrège l’entretien. Le lendemain, le cardinal reçoit une lettre de la « reine », regrettant la brièveté de la rencontre. Le cardinal est définitivement conquis, sa reconnaissance et sa confiance aveugle en la comtesse de La Motte sont inébranlables.
Jouant sur la réputation de passion de la reine pour les bijoux, Mme de La Motte va entreprendre le coup de sa vie, en escroquant cette fois le cardinal pour la somme de 1,6 million de livres (qui équivaut pour l'époque à trois châteaux entourés chacun de 500 ha de terres).
L’affaire du collier de la reine est une escroquerie qui a pour victime en 1785 le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, éclaboussant la réputation de la reine de France Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI.
Origine du collier
En 1772, Louis XV souhaite faire un cadeau à Madame du Barry. Il demande à deux joailliers allemands, Charles Auguste Boehmer (v. 1740-1794) et son associé Paul Bassenge (v. 1742-1806), de créer un collier de diamants d'une richesse inégalable1. Marchands parisiens renommés dans le commerce de bijoux et de pierreries, Boehmer et Bassenge comptent la cour de Versailles et de nombreux souverains étrangers parmi leurs clients. La fabrication du collier les oblige à s'endetter et prend du temps en raison de la difficulté à rassembler les diamants de la pureté voulue. Louis XV meurt avant la livraison.
Conçu comme un chef-d'œuvre, ce grand collier de diamants adopte une composition élaborée dite "en esclavage". Un rang de 17 diamants de 5 à 8 carats forme un trois-quarts de cou qui se ferme dans le dos par des bandelettes de soie. Il soutient trois festons garnis de six solitaires en pendentifs taillés en poires. Sur les côtés, deux longs rubans de trois rangs de diamants passent sur les épaules et retombent dans le dos. Les deux rubans du milieu se croisent à la naissance des seins sur un solitaire de 12 carats entouré de perles pour retomber en panicule et s'achever, comme les rubans latéraux, par des mailles et des franges de diamants surmontées de nœuds de rubans bleus. Le bijou de 2 842 carats compte une centaine de perles et 674 diamants d'une pureté exceptionnelle taillés en brillants ou en poires. Il constitue la plus importante réunion de diamants dans l'histoire de la joaillerie.
La fabrication du collier, achevée en 1778, a fortement endetté Boehmer et Bassenge. Ils proposent avec insistance leur bijou à Marie-Antoinette pour la somme colossale de 1 600 000 livres. Le goût de la reine pour les pierreries est notoire et lui vaut les réprimandes de sa mère Marie-Thérèse. Elle a acheté en 1774 à Boehmer une paire de girandoles formées de "six diamants, en forme de poires, d'une grosseur prodigieuse". Louis XVI, lui-même excellent connaisseur en joaillerie, souhaite lui offrir le collier mais Marie-Antoinette refuse. Selon Madame Campan, elle déclare que l'argent serait mieux employé à la construction d'un navire alors que la France vient de s'allier aux Insurgents américains. Elle ajoute que le collier lui serait de peu d'usage car elle ne porte plus de parures de diamants que 4 à 5 fois par an. Enfin, ce lourd collier, qui ressemble à ceux du règne précédent, n'est pas au goût de Marie-Antoinette qui le compare à un "harnais pour chevaux". Certains prétendent qu'elle aurait refusé de porter un bijou conçu à l'origine pour Madame du Barry qu'elle considérait comme une rivale. Selon d'autres, Louis XVI aurait changé d'avis. Après avoir essayé de placer leur collier auprès de souverains étrangers, les joailliers, au bord de la faillite, tentent une nouvelle fois de le vendre à Marie-Antoinette après la naissance du dauphin Louis-Joseph en 1781. Ils essuient un nouveau refus. L'année suivante, Boehmer se jette aux pieds de la reine en menaçant de mettre fin à ses jours, mais Marie-Antoinette refuse une dernière fois l'achat du collier et lui conseille de dessertir les diamants afin de revendre à bon prix les plus importants
APL : pourquoi le montant de l'aide versée lundi risque de vous surprendre
Par Mathieu BRUCKMULLER
Publié le dimanche 24 janvier 2021 à 08h00
A partir de lundi, plus d'un million d’allocataires pourraient voir le montant de leur aide au logement diminuer. En revanche, la réforme des APL est une bonne nouvelle pour les personnes impactées par les conséquences économiques de la crise sanitaire.
C’est un nouveau mode de calcul qui va toucher le budget de nombreux particuliers. A compter de lundi, la réforme des aides au logement commence vraiment à s’appliquer. Si elle est officiellement entrée en vigueur au début de l’année, avec deux années de retard, c’est demain qu’interviendront les premiers versements des APL au titre du mois de janvier destinés aux locataires du parc HLM. Les autres bénéficiaires pourront constater l’éventuel changement dès le 5 février puisque c’est à cette date que seront versées, pour eux, les APL de janvier .
Désormais, celles-ci seront calculées à chaque trimestre, sur la base des revenus des douze derniers mois et non plus ajustées tous les ans sur la base des revenus perçus deux ans avant. Cette actualisation tous les trois mois est rendue possible par le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu qui automatise la collecte de nombreuses informations.
600 000 personnes perdraient leurs APL
Cette nouvelle procédure ne va pas être sans conséquence. D’après les premières estimations, sur les 6,6 millions de ménages qui bénéficient des APL pour réduire leurs dépenses de loyer, 1,2 million d’allocataires pourraient voir le montant de leurs aides diminuer et 600 000 pourraient même les voir disparaître. Les perdants seront, entres autres, les jeunes salariés qui étaient encore en études l’an dernier et les employés dont la rémunération augmente. Les anciens chômeurs qui viennent de retrouver du travail après une période sans emploi seront également mis à contribution.
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En revanche, d’autres vont y gagner comme les étudiants qui dans tous les cas ne verront pas leurs aides diminuer selon le gouvernement, les salariés en chômage partiel puisque leur rémunération diminue (sauf s’ils sont au SMIC), mais aussi les nouveaux chômeurs ou encore les salariés qui travaillent moins.
« Ces APL en temps réel tombent à pic pour les très nombreuses familles impactées par les conséquences économiques de la crise sanitaire actuelle. Dès ce début d’année, les aides au logement versées en janvier, février et mars 2021 sont calculées sur les ressources touchées entre décembre 2019 et novembre 2020. Mais surtout, celles d'avril, mai et juin 2021 seront, elles, calculées sur les revenus touchés entre mars 2020 et février 2021. Autrement dit, les personnes dont la situation professionnelle a été impactée à partir du premier confinement (chômage, chômage partiel, baisse d’activité…), pourraient toucher plus si elles sont déjà bénéficiaires d’une des aides au logement : aide personnalisée au logement (APL), allocation de logement familiale (ALF) ou allocation de logement sociale (ALS). Ou bien devenir éligibles alors qu’elles n’en touchaient pas auparavant », souligne l’association UFC-Que Choisir. Les nouveaux retraités dont les ressources diminuent forcément auront aussi droit à une hausse des APL.
Par ailleurs, les personnes dont la situation (ressources, loyer, composition familiale…) n’a pas changé depuis deux ans ne connaîtront pas d’évolution concernant leurs aides.
Edmond Maire, né le 24 janvier 1931 à Épinay-sur-Seine (Seine) et mort le 1er octobre 2017 (à 86 ans) à Paris 20e, est un syndicaliste français, secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail de 1971 à 1988.
Edmond Maire, né le 24 janvier 1931, est le fils de J
ulien Maire, cheminot, et de Marie-Thérèse Conchou. Après des études au lycée Jacques-Decour à Paris, il prend des cours du soir de chimie au Conservatoire national des arts et métiers de Paris. Il fait carrière à la Compagnie des Peintures Valentine (de 1949 à 1954), puis devient technicien chimiste au Centre de recherches de Pechiney à Aubervilliers jusqu'en 1970.
À partir de 1958, il est responsable syndical CFTC dans les industries chimiques. Il devient secrétaire général du Syndicat parisien des industries chimiques (STIC) avant de devenir celui de la Fédération des industries chimiques (FIC).
En 1964, il reste dans ce qui devient la CFDT, après la « déconfessionalisation » de la CFTC.
En 1971, Edmond Maire est élu secrétaire général de la CFDT. Il restera l'un des dirigeants ayant le plus marqué l'histoire de la centrale syndicale. Après Mai 68, la CFDT prendra comme objectif l'autogestion des entreprises, contrôlées par leur personnel, qui sera repris par le Parti socialiste ; à partir de 1978, après l'échec de l'Union de la gauche aux élections législatives de 1978, Maire décidera un « recentrage » de la centrale syndicale vers la défense des salariés en abandonnant beaucoup de son idéologie d'origine. En 1980, il rompt avec André Gorz dans des articles qu'il publie dans Le Monde. La même année, il apporte un soutien immédiat et constant à Lech Wałęsa et au syndicat libre polonais, Solidarność, ce qui accentue sa rupture avec la CGT. Proche de Michel Rocard, il est à l'origine de la « Deuxième gauche », plus proche des réalités économiques[non neutre], fidèle à la construction européenne, que ses adversaires qualifiaient de « Gauche américaine ». Il laisse sa place à Jean Kaspar en 1988.
Par la suite, Edmond Maire se reconvertit dans le tourisme social en étant président de VVF (Villages Vacances Familles, qui deviendra Belambra Clubs après avoir été privatisé en juillet 2006) puis dirige la société d’investissement solidaire France Active (association d’insertion et d’aide à la création d’entreprise).
Le 7 juillet 2016, Edmond Maire prononce l'éloge funèbre de l'ancien Premier ministre, Michel Rocard, dans la cour d'honneur de l'hôtel des Invalides.
Vie privée
Edmond Maire se marie le 4 juin 1954 à Raymonde Le Goff, avec qui il a trois enfants, Roland, Yves et Jacques, diplomate et homme politique
Écho ou La nymphe Écho
1874
97,8 X 66,7
Huile
Portrait de la comtesse de Keller
nee Maria Riznich
Marquise de Saint-Yves d'Alveydre
1873
99 X 73
Huile
Alexandre Cabanel, né le 28 septembre 1823 à Montpellier et mort le 23 janvier1889 à Paris 8e, est un artiste peintre français, considéré comme l'un des grands peintres académique du Second Empire, dont il est l'un des artistes les plus admirés.
« De tous les peintres académistes, Cabanel fut à la fois le plus adulé du public et le plus critiqué »
— Jean Nougaret, Académie des sciences et lettres de Montpellier.
Alexandre Cabanel, vers 1865, Paris, Bibliothèque nationale de France.
Fils d'un modeste menuisier, Alexandre Cabanel commence son apprentissage à l’école des beaux-arts de Montpellier dans la classe de Charles Matet conservateur du musée Fabr. Doté d'une bourse, il s'installe à Paris en 1839.
Il entre en 1840 à l'École des beaux-arts de Paris où il est l'élève de François-Édouard Picot.
Après deux échecs, Cincinnatus recevant les ambassadeurs de Rome en 1843 et Le Christ au Jardin des Oliviers en 1844, il est lauréat d'un second prix de Rome en 1845 et pensionnaire de la villa Médicis jusqu'en 1850.
À Montpellier, il réalise les portraits d'un certain nombre de membres de familles fortunées comme la famille Marès. À la fois peintre d'histoire et peintre de genre, il évolue au fil des années vers des thèmes romantiques, telle Albaydé, en 1848, inspirée par Les Orientales de Victor Hugo publié en 1829.
Il reçoit les insignes de chevalier de la Légion d'honneur en 1855.
La célébrité lui vient avec la Naissance de Vénus exposée au Salon de 1863 qui est immédiatement achetée par Napoléon III pour sa collection personnelle et qui entre au musée du Luxembourg en 1881 (le tableau est conservé à Paris au musée d'Orsay). Il passe un contrat avec la maison Goupil pour la commercialisation de reproductions en gravure de la Naissance de Vénus.
En 1863, Cabanel est élu membre de l'Académie des beaux-arts au fauteuil X.
En janvier 1864, il est nommé professeur-chef d'atelier de peinture à l'École des beaux-arts de Paris et promu au rang d’officier de la Légion d'honneur.
Lors de l'Exposition universelle de 1867, il est décoré de la croix de chevalier de première classe de l'ordre du Mérite de Saint-Michel de Bavière à la suite de son Paradis perdu commandé pour le Maximilianeum de Munich par Louis II de Bavière.
Entre 1868 et 1888, il est dix-sept fois membre du jury du Salon, dont les années 1869, 1873, 1875, 1876, 1877, 1878, 1881.
Il reçoit la médaille d'honneur du Salon en 1865, pour le Portrait de l'Empereur, ainsi qu'en 1867 et en 1878.
Ses œuvres sont recherchées par les célébrités européennes et les collectionneurs américains qui lui commandent leurs portraits.
En tant que peintre officiel et membre du jury, où il fait preuve d'une farouche opposition à l'égard de toute tendance novatrice, Cabanel est régulièrement critiqué et mis en opposition avec les naturalistes et les impressionnistes, en particulier avec Édouard Manet dont Le Déjeuner sur l'herbe, alors intitulé Le Bain, puis La Partie carrée, avait été refusé au Salon de 1863, alors que Cabanel triomphait avec sa Naissance de Vénus. Il est régulièrement brocardé par Émile Zola ou Joris-Karl Huysmans.
Cependant, il intervient en 1881 lors de la présentation du portrait de Pertuiset, Le chasseur de lions d'Édouard Manet et défend celui-ci en s'écriant « Messieurs, il n’y en a pas un parmi nous qui soit fichu de faire une tête comme ça en plein air ! »
Il est promu au rang de commandeur de la Légion d'honneur en 1884 et est élu associé de l'Académie Royale de Belgique le 6 janvier 1887
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Ses obsèques ont lieu à Paris le 26 janvier 1889 puis son corps est transporté à Montpellier au cimetière Saint-Lazare où il est inhumé le 28 janvier 1889. Un monument est érigé en 1892 par l'architecte Jean Camille Formigé orné d'un buste en marbre de Paul Dubois et une sculpture, Regret, d'Antonin Mercié.
Une rue porte son nom à Paris, la rue Alexandre-Cabanel dans le 15e arrondissement, à Montpellier, à Béziers ainsi qu'à Toulon.
Philippe Leclerc de Hauteclocque, né Philippe François Marie de Hauteclocque le 22 novembre 1902 au château de Belloy (commune de Belloy-Saint-Léonard) dans le département de la Somme, est un militaire français, qui fût l'un des principaux chefs militaires de la France libre durant la Seconde Guerre mondiale. Ses fonctions au sein des Forces françaises libres l'amènent notamment à commander la 2e division blindée.
Officier exceptionnel, anticonformiste et brillant, il se révèle un stratège et un organisateur hors pair. Il est l’une des figures majeures de la libération de la France lors de la Seconde Guerre mondiale.
Il meurt le 28 novembre 1947 dans un accident d'avion près de Colomb-Béchar (territoire d'Ain Sefra, Algérie française), lors d'une mission d'inspection militaire. Il est inhumé dans un tombeau de la Crypte des Invalides.
« Leclerc » est tout d'abord son nom de guerre au sein des Forces françaises libres avant d'être ajouté à son patronyme légal : il a été autorisé à se nommer Leclerc de Hauteclocque par décret du 17 novembre 1945 publié au Journal officiel, daté des 19 et 20 novembre 1945 (à la date du 20 novembre, p. 7694-7695).
Il a été élevé à titre posthume à la dignité de maréchal de France.
Biographie
Les jeunes années
Enfance
Philippe, François, Marie de Hauteclocque, est issu de la famille de Hauteclocque, originaire de la province d'Artois dont une branche a fait souche en Picardie, de noblesse chevaleresque dont l'existence est prouvée depuis 1340.
Il est le petit-fils de Gustave de Hauteclocque (Arras, 1829 – Naples, 30 avril 1914), historien et archéologue, maire de Bermicourt et de Marie-Henriette de Morgan-Frondeville (1834-1908). Le couple a trois fils : Henry (1862-1914, mort pour la France), Adrien (1864-1945) et Wallerand (1866-1914, mort pour la France).
Il est le fils d'Adrien de Hauteclocque (1864-1945) et de Marie-Thérèse van der Cruisse de Waziers (1870-1956), fille elle-même de Louis van der Cruisse de Waziers (1820-1907) et de Léontine du Passage (1841-1913).
Philippe de Hauteclocque grandit au sein d'une fratrie de six enfants :
Guy de Hauteclocque (1892-1965) qui épouse Madeleine de Gargan (sœur de la maréchale Leclerc), dont postérité ;
Françoise de Hauteclocque (1895-1919), qui épouse Renaud de Chaumont-Quitry (sans postérité) ;
Madeleine de Hauteclocque (1897-1935), religieuse dominicaine ;
Yvonne de Hauteclocque (1900-1967), qui épouse Pierre de Bodard de La Jacopière, dont postérité ;
Colette de Hauteclocque (1906-1990), qui épouse Jacques de Baynast de Septfontaines, dont postérité.
Ses parents assurent son éducation jusqu'à l’âge de 13 ans. Il entre en quatrième en 1915 au collège de La Providence d'Amiens, évacué à Poitiers au cours de la Première Guerre mondiale, où il poursuit ses études en lycée.
Études supérieures et militaires
En 1922, après avoir préparé le concours à Sainte-Geneviève de Versailles, il est admis à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (promotion Metz et Strasbourg-1922-1924), dont il sort cinquième en 1924. Il entre alors à l'École d'application de la cavalerie de Saumur, dont il sort en 1925 en étant major.
Le futur maréchal Leclerc habite une maison, face à la gare de Saint-Cyr-l'École, avec sa famille de 1932 à 1938. Il est alors, en tant que capitaine, instructeur à l’école spéciale militaire. Charles, l’un de ses enfants, y fait ses premiers pas.
Famille
Il épouse la même année, le 10 août 1925, Thérèse de Gargan (1903-1996), fille d'Auguste de Gargan, (1861-1902) et d'Henriette d'Irumberry de Salaberry, (1866-1944). Ils auront six enfants :
Henri Leclerc de Hauteclocque (1926-1952, mort pour la France) ;
Hubert Leclerc de Hauteclocque (1927-2015) , maire de Tailly (Somme) de 1965 à 2008 , commandeur de la Légion d'honneur, qui épouse le 31 octobre 1956, Marie-Églé de Buxeuil de Roujoux. D'où : Bénédicte, Sylvia(+), Marie-Thérèse et Gilone ;
Charles Leclerc de Hauteclocque (1929-2016) , commandeur du mérite agricole , qui épouse Geneviève de Chabot-Tramecourt. D'où : Henri, Florence, Catherine, Yolaine et Gautier ;
Jeanne Leclerc de Hauteclocque (1931-2018), qui épouse, le 26 octobre 1960, Robert Galley (1921-2012), engagé dans les FFL à Londres en 1940, Compagnon de la Libération, grand officier de la Légion d'honneur, député de l'Aube, ministre, maire de Troyes. D'où deux enfants : Philippe Galley et Alexis Galley ;
Michel Leclerc de Hauteclocque (1933-2014), colonel de cavalerie, chevalier de la Légion d'honneur, qui épouse le 4 juillet 1964, Béatrice Guilhem de Pothuau. D'où : Isabelle, Arnaud, Sabine, Emmanuel, Hélène et Xavier ;
Bénédicte Leclerc de Hauteclocque (1936-), qui épouse, le 16 août 1958 à Tailly, Gérard de Francqueville, chevalier de la Légion d'honneur, d'où : Philippe, Pierre-Emmanuel, Thibault et Laure.
Débuts militaires
Depuis 1918 (et jusqu'en 1930), la Sarre est sous occupation française en conséquence du traité de Versailles faisant suite à la Première Guerre mondiale. Le jeune Philippe de Hauteclocque a pour première affectation le 5e régiment de cuirassiers à Trèves en Rhénanie-Palatinat; après y avoir passé un an, il obtient une affectation au 8e spahis, au Maroc. Il participe à la pacification du territoire au cours de la guerre du Rif, durant laquelle il se distingue. En 1929, le commandement du 38e goum lui est confié.
Il devient instructeur à l'École de Saint-Cyr en 1931. Lors d'un exercice à cheval, sa jambe se casse sous sa monture ce qui lui vaudra d'utiliser une canne tout le reste de sa vie. Au cours d'un second séjour au Maroc, il est promu capitaine en 1934, et obtient la Légion d'honneur. En 1938, il réussit le concours d'entrée à l'École de Guerre, dont il sort major en 1939.
Il est « issu d'une famille Action française jusqu'en 1940 ». Il lit l'Action française, sans adhérer à l'ensemble de la doctrine, appréciant surtout l'exaltation des valeurs de la France monarchique contenues dans ce journal et le fait qu'il fonde sa politique sur cette notion : « Le présent vient du passé ». Chevauchant à la tête de son escadron lors de la revue du 14 juillet 1936 et passant devant la tribune officielle où se tiennent Léon Blum et Édouard Daladier, il aurait brocardé ce dernier d'un « Pour le fusilleur, tête droite ! ».
Ruptures idéologiques
Il rompt avec l'Action française en 1940 et juge que le mouvement trahit ses idées et fourvoie les élites qui le suivent. Il se défait également, à cette même époque, des préjugés antisémites des milieux maurrassiens. Après la guerre, il n'évoque plus Charles Maurras que pour juger sa philosophie critiquable et fera détruire les exemplaires du journal conservés à Tailly.
De tradition catholique et fervent pratiquant, il manifeste toute sa vie son attachement à sa foi.