Paris autrefois - Vie quotidienne - Le marché aux fleurs -

Publié à 18:46 par acoeuretacris Tags : paris autrefois vie quotidienne

LE MARCHÉ AUX FLEURS
(D'après Le Magasin pittoresque, par Édouard Charton, paru en 1842)


Paris, Le marché aux fleurs, Eugène Galien Laloue (1854-1941)

Dans chaque capitale on trouve de grandes promenades à allées droites ou des parcs à vertes pelouses, nulle part on n'admire un vaste jardin comme celui du Muséum, où les végétaux des contrées les plus éloignées ombragent les quadrupèdes et les oiseaux de leur pays. Toutefois l'étonnement qu'excite ce merveilleux ensemble est empoisonné par un regret : ces plantes, ces fleurs appartenant à tous ne sont la propriété de personne. On peut toujours les contempler de loin , et même les examiner de près à certaines heures ; mais jamais les emporter pour les partager avec sa famille, en jouir en commun et en faire l'ornement du foyer domestique.

Il y a plus ; cette classification des végétaux, ce rapprochement des espèces semblables, ce groupement de plantes dont la physionomie est la même, satisfait le botaniste, car c'est une image de l'ordre qui règne dans la nature ; mais elle répugne aux yeux de l'artiste qui aime les contrastes et les harmonies que l'on trouve dans le désordre apparent de la végétation livrée à elle-même. Aussi le Marché aux Fleurs me semble-t-il plus beau, plus pittoresque ; dans cette vaste corbeille de fleurs qui se renouvelle deux fois chaque semaine, les groupes les plus variés se forment naturellement.

Chaque jardinier apporte les fleurs nouvellement écloses dans ses jardins, ses haches et ses serres chaudes. Les végétaux les plus différents s'échelonnent les uns derrière les autres de manière à séduire l'acheteur par la variété de leur feuillage et la vivacité de leurs couleurs. Chaque saison apporte son tribut, qui se compose des fleurs de toutes les parties du monde mêlées à celles de nos champs et de nos jardins.

Au printemps, ce sont les Calcéolaires du Chili , les Cactus de l'Amérique tropicale, les Diosma, le Pelargonium et les Bruyères du Cap de Bonne-Espérance ; le Rhododendron de la Tauride (Rhododendron ponticum) et les Azalea de l'Amérique septentrionale, mêlés aux Primevères, aux Violettes et aux Anémones de nos parterres.

En été, lorsque les jeunes filles parent de fleurs les autels de la Vierge, c'est là qu'elles viennent chercher leurs plus beaux ornements. Alors les Myrtes , les Grenadiers, les Lauriers roses, les Jasmins, les Volkameria, les Amaranthes, les Dahlia, le Rochea falcata, tous enfants des pays chauds, suppléent à l'indigence des jardins où les chaleurs de juillet ont flétri nos fleurs européennes, amies de l'ombre et de l'humidité.


Conciergerie. Marché aux Fleurs

Dans l'arrière-saison, quand de toutes parts les arbres et les arbrisseaux sont couverts de fruits, lorsque le Jardin des Plantes lui-même présente les teintes mélancoliques de l'automne, la corbeille du Marché aux Fleurs est encore belle comme au printemps ; c'est avec admiration qu'un des horticulteurs les plus distingués de l'Angleterre, M. London, parle du coup d'oeil qu'il offre vers le milieu de septembre. Les Jasmins d'Espagne, les Myrtes, les Roses, les Magnolia à grandes fleurs, la Ketmie des jardins (Hibiscus syriacus), brillent à côté des fleurs d'automne de nos jardins, les Asters, les Phlox, les Dahlia et les Balsamines. En même temps des vignes, des pommiers nains et des fraisiers chargés de fruits rappellent la saison avancée que cette abondance de fleurs aurait pu faire oublier.

Cependant l'hiver arrive, la terre est détrempée par la pluie ou couverte de neige. Nul végétal ne résiste aux vents glacés du nord : les arbres se dépouillent de leurs feuilles, les plantes herbacées périssent ; mais à l'abri des vitres de ses haches et de ses serres l'industrieux jardinier prolonge pour ses plantes la douce température de l'été. Par d'ingénieux artifices, il les force à fleurir à l'époque où il n'y a point de fleurs sous le ciel, et, aux fêtes du nouvel an, il offre à l'ami de la nature l'innombrable variété des Camélia, les Roses du Bengale, les Réséda, les Jacinthes, le Tussilage odorant, des Jasmins et des Metrosideros.

En décembre ou janvier le Marché présente un aspect unique ; ces pauvres fleurs, arrachées à leur chaude demeure, transies de froid, ou courbées sous le poids de la neige, semblent implorer l'acheteur incertain et lui demander un asile. Alors la pitié entre dans son cœur, il emporte chez lui la fleur à demi morte, la ranime à la douce chaleur de son foyer, et la lieur reconnaissante se relève, ses feuilles flétries reverdissent, et elle semble remercier son bienfaiteur en lui prodiguant ses parfums, ou en réjouissant ses yeux par l'éclat de ses couleurs.


Marché Aux Fleurs au Pont Au Changes

Le Marché aux Fleurs n'est point un entrepôt de marchandises destinées seulement à satisfaire les caprices des riches ; c'est une institution morale qui fait pénétrer jusque dans la demeure de l'homme pauvre, condamné à perpétuité au séjour de la ville, quelque chose de l'aspect et du parfum de la campagne. En vivant avec les fleurs, le sens du beau se développe en lui ; comment n'en serait-il pas ainsi, s'il a constamment sous les yeux les plus parfaits modèles de la grâce des formes et de la vivacité des couleurs ? Je vais plus loin; je crois que le dessinateur d'étoffes ou de décors, l'orfèvre, le ciseleur, la modiste, la brodeuse, puiseront dans cette contemplation ce goût et ce sentiment de la forme qui peuvent élever leur profession au niveau de l'art.

Qui sait si le goût dont Paris est le centre, la grâce tant vantée, les ajustements de ses femmes, ne tient pas à l'amour des fleurs plus général chez nous que partout ailleurs. Qu'on n'imagine pas que j'invente ou que j'exagère. Voici un fait dont j'ai été témoin. Dans la belle bibliothèque botanique dont M. Benjamin Delessert accorde avec tant de libéralité la jouissance a tous ceux qui veulent étudier la science des végétaux, j'ai vu une fleuriste faire copier ces admirables plantes que l'on trouve figurées dans les oeuvres de luxe où les Anglais représentent les productions les plus remarquables des quatre parties du monde.

Au lieu d'inventer ces monstruosités connues sous le nom de fleurs de fantaisie, elle reproduisait les œuvres de la nature, toujours belles, toujours harmonieuses ; et le goût des femmes ne s'y trompait pas, car les fleurs inconnues de l'Inde et de l'Amérique obtenaient toujours la préférence sur ces compositions disgracieuses.


Marché aux fleurs

Sous le point de vue commercial, le Marché aux Fleurs est aussi d'une grande importance. Dans une visite faite au milieu d'août, M. l'abbé Berlèze, l'un de nos horticulteurs les plus habiles, estimait à 30000 le nombre de pots exposés eu vente, et à 45000 fr le produit des achats de la journée.

Pour le botaniste, le Marché aux Fleurs est une source d'instruction ; c'est la qu'il étudie les progrès des naturalisations, c'est là qu'il s'aperçoit qu'une plante n'est plus confinée dans les jardins botaniques, et qu'il peut se réjouir des nouvelles conquêtes de l'horticulture. Quand on songe que le Cobea, qui embellit d'une guirlande de verdure la fenêtre de la mansarde, est une plante du Mexique, que le Réséda, qui la remplit de ses parfums, est originaire d'Égypte, que toutes les plantes d'ornement sont à peu d'exceptions près, des végétaux exotiques naturalisés chez nous, on ne peut s'empêcher de dire que l'horticulteur qui popularise une belle fleur en facilitant sa culture, est au-dessus de celui qui n'a fait que l'importer dans les serres des riches amateurs.

Le Marché aux Fleurs tend à ce résultat, et on peut prévoir le temps où les végétaux que leur prix rend encore inaccessibles aux pauvres orneront sa demeure, et lui donneront des jouissances toujours plus vives que celles du riche qui regarde à peine la corbeille que son jardinier entretient sans qu'il s'en mêle, et renouvelle sans qu'il s'en aperçoive.

(D'après Le Magasin pittoresque, par Édouard Charton, paru en 1842)

Paris autrefois-Vie quotidienne-La Seine à Paris -

Publié à 18:18 par acoeuretacris Tags : paris autrefois la seine
Paris autrefois-Vie quotidienne-La Seine à Paris -

 

La Seine à Paris au XIXe siècle
(D'après A travers le monde, paru en 1895)

La Seine, nous apprend la géographie, est un fleuve de France qui en traverse la capitale Paris après avoir reçu son affluent la Marne. En Parisien qui se respecte, nous avions atteint un certain âge sans éprouver le besoin de nous munir d'autres renseignements que ces données classiques.

Mais que faire en été à moins qu'on n'excursionne ? La campagne ? non, pour rien au monde ; mais le souvenir d'anciens voyages poussés assez loin vers le nord de la France, en des endroits nommés, pensons-nous, Joinville, réveilla en nous des velléités de canotage, et voilà comment, un beau matin de septembre, nous nous lançâmes dans un yacht à la découverte de terres inconnues.


Promenade en barque sur la Seine.
Ferdinand Heilbuth (1826-1889)

Pour le premier jour nous voulions remonter le fleuve, nous lancer sur ses flots bleus, afin de pouvoir nous donner l'illusion d'un vrai voyage.

Notre expédition partit sous les auspices les plus favorables, saluée du bourdonnement joyeux de toute une bande de gens qui voguaient vers l'île de Robinson. Mais déjà le sentiment austère de notre mission s'emparait de nous : l'horizon, à notre nord, est barré par la haute structure du Point-du-Jour, ses arches innombrables hardiment profilées sur le ciel ; puis au-dessous de l'encadrement sombre d'une arche nous découvrons Paris. C'est là le véritable objet de notre voyage. Notre cœur palpite et nous commençons à croire qu'il faut sortir de Paris pour apprécier tout le charme d'y rentrer.

Salués par le geste auguste de la statue de la Liberté qui garde si superbement le cap extrême de l'île des Cygnes, nous arrivons bientôt après à la véritable entrée de Paris, à ce splendide péristyle qui s'étend depuis les bâtiments de la dernière exposition jusqu'au Trocadéro en passant par le phare qui brille tout là-haut à 300 mètres au-dessus de la Seine.

Le panorama ensuite se déroule : nous voyons des ponts, des ponts, une longue file de péniches dévidant un grave monôme derrière un petit remorqueur, puis plus loin une profondeur imposante de façades sévères – le Louvre – rejoignant au fond une véritable toile de décor moyen âge tout hérissée de flèches, de clochetons, de dômes : la Cité vons notre course en longeant la berge à droite. Notre décor du fond grandit.

Près du pont des Arts, à quelques mètres de nous, deux blanchisseurs amateurs frottent énergiquement de douteuses chemises et de problématiques chaussettes. Étonnez-vous donc de la saveur de l'eau de Seine ! Au débouché du pont des Arts nous manquons d'être pris entre un lourd bateau omnibus et une guêpe à corsage blanc tout empanaché de fumée. Un coup de barre nous dérobe à ces deux intrus et, bientôt après, ayant contourné l'abside de Notre-Dame, nous nous engageons dans des eaux déjà un peu moins tourmentées. Dans le lointain, d'ailleurs, point déjà la station terminus de notre voyage : les régiments de tonneaux de Bercy.

Quelques brasses encore et nous abordons dans notre port d'attache où nous mettons pied à terre avec toute la joie de vieux loups de mer qui rentrent d'une traversée au long cours.


Marché aux fleurs le long de la Seine
Georges Stein (1818-1890)

L'eau a ses charmes, mais le vélo a bien aussi les siens, et nous voulions que le nôtre fût de la fête. Il nous attend au port. Nous nous dirigeons vers lui, et bientôt nous filons avec rapidité. Qu'il fait bon traverser un air plus vif, plus fouetté par la brume humide de l'eau ! Aussi bien nous en avons vu, des bateaux, et assez pour le restant de notre vie !

Donc, plus de bateaux ; c'est à vélo que nous voulons visiter maintenant les bords de la Seine et tout ce qui les décore ; après quoi, pedibus cum jambis, nous nous mêlerons au monde hétérogène qui grouille sur ses berges et leur donne leur vie propre. Appuyant sur la pédale, nous parvenons bien vite au dédoublement des deux bras de la Seine ; la Morgue est là, mais nous préférons obliquer à droite, filant à côte des bateaux de pommes, et passer rapidement en revue ce bel édifice tout flambant neuf, blanc et or, avec des lions en bronze a toutes ses portes, qu'on nous dit être l'Hôtel de Ville de Paris.

Nous débouchons sur la place du Parvis-Notre-Dame. Nous filons encore un peu, nous nous arrêtons net, nous nous retournons, et alors... nous admirons : Notre-Dame est devant nous !

Notre bicyclette appuyée contre le parapet, nous nous laissons nous-mêmes envahir par l'émotion qu'éveille au plus profond de notre être ce spectacle nouveau pour nous. Notre tribut d'admiration payé de bon cœur, nous ne pouvons plus jeter qu'un coup d'œil distrait sur les cubes de maçonnerie de la Préfecture. Un virage à droite nous transporte le long de la Conciergerie. Un autre virage à gauche nous fait apercevoir, dans un petit coin bleu, perdue dans un fouillis de maisons, la flèche toute dorée de la Sainte-Chapelle. Puis, en un emballage, nous arrivons à la statue du bon roi Henri.

Voici le pont des Arts, si mouvementé et d'une animation qui emprunte un cachet tout particulier au passage des seuls piétons ; c'est aussi un endroit aimé des flâneurs, des ambitieux qui contemplent là-bas l'Institut, des gens qui viennent se jeter à l'eau, et de ceux qui viennent y admirer le décor de la Cité. Filant tout le long du Louvre, nous traversons à fond de train la place de la Concorde et débouchons bientôt au pied de la tour Eiffel. Reportés sur la rive droite par le pont de Grenelle, nous faisons au Point-du-Jour une arrivée sensationnelle.

Nous mettons pied à terre à cet endroit : le rôle de notre bicyclette s'arrête là, et à pied maintenant. Nous nous mêlons aux groupes, déjà nombreux à cette heure, qui circulent sur la berge.

Le débarcadère du bateau amène incessamment du monde nouveau. la foule grossit, va, vient, rit, chante et s'entasse – groupant pour un Watteau moderne, un autre Départ pour Cythère – Robinson.

Hélas ! que ne puis-je vous suivre vers ces rivages heureux ! Mais j'ai conscience de mon rôle d'explorateur, je le remplirai jusqu'au bout.

La vie générale des bords de la Seine n'est inconnue d'aucun des nombreux badauds que possède notre capitale.

Combien passent des heures à suivre les cascades de sable dégringolant de la banne soudain déclenchée des grues qui vont plonger leurs bras gigantesques au sein des lourds chalands ! Trié, égrené, criblé, mis par petits tas, le sable est ensuite chargé à grandes envolées de pelle dans le tombereau massif attelé d'un cheval plus massif encore. Mais, pour massive qu'elle est, la vaillante bête va tout à l'heure, en quelques coups de collier, faire démarrer l'énorme charge, puis, après un peu de souffle en haut, s'acheminera vers la nouvelle maison en train de s'édifier là-bas à l'autre bout de Paris. Il rencontrera en route des amis pareils à lui, traînant les gravats de cette même construction, qui vont aller se décharger là-bas, eux aussi, dans d'autres chalands qui les emporteront Dieu sait où : c'est ce qu'on appelle poétiquement un cycle.


Chevaux s'abreuvant dans la Seine derrière Notre Dame
Jules Jacques Veyrassat (1808-1893)

On connaît aussi les files de chalands à perte de vue, les débardeurs passant carrément, à leur aise, sur l'étroite passerelle de 20 centimètres, un panier de 50 kilogrammes de charbon en équilibre sur l'épaule. Mais ce que l'on connaît moins, c'est la vie des habitants de la berge. Le premier type, c'est incontestablement le pêcheur à la ligne, s'hypnotisant avec une rare patience devant son morceau de bouchon. Ce qui abonde aussi, ce sont les amateurs de baignades libres, chevaux, chiens et enfants.

Les chevaux se baignent un peu partout ; ceux qui possèdent des charretiers révolutionnaires s'en vont en pleine Seine au risque de perdre pied à chaque instant et de boire plus que ne peut supporter même un estomac de cheval. Les autres, les pacifiques, les soumis, vont doucement se mouiller le dessous des sabots dans les abreuvoirs réglementaires. Les chiens n'ont pas, en général, pour la baignade, la même docilité que les chevaux.
On doit pour les convaincre employer des moyens plus violents ; d'ailleurs, à peine à l'eau, ils s'empressent de regagner le rivage, et, sans manifester de rancune, vont malicieusement s'ébrouer contre l'auteur de leur plongeon. Quant aux enfants, pour les voir il faut les surprendre, car ils bravent effrontément la pudeur et les arrêtés du préfet.


Bouquinistes le long de la Seine, vue de Notre Dame
Édouard Léon Cortès (1882-1969)

Nous passons à côté d'un tas de vieilles loques qui s'étalent informes dans un éparpillement de fumier à moitié desséché. Notre ami, d'ailleurs « select » mais défiant, s'approche avec précaution et tâte cela du bout de sa canne : le tas s'agite, grogne, se soulève et nous révèle une face humaine flétrie de misère, bouffie de fatigue, qui nous regarde nous éloigner avec ahurissement.

Les approches du boul' Mich' et du quartier Latin nous sont annoncés par une bande joyeuse qui barre toute la largeur de la berge. En passant sous le pont, belle occasion pour réveiller l'écho par des rires à pleines dents !

Mais en cette vie, tout n'est pas que gaieté. Deux minutes plus loin, notre attention est attirée par des groupes qui se pressent sur la berge ; des barques sillonnent le fleuve, des mariniers fouillent le lit avec de longues gaffes : un homme vient d'enjamber le parapet, et s'est précipité là. Des minutes longues, interminables, se passent, les mariniers des trois barques jurent à corps perdu, car les effets trouvés sur la berge n'accusent pas une victime bien appréciable ni ne promettent une pêche bien fructueuse. Enfin l'un s'écrie : « Ah ! je le tiens ! » Il tire sur sa gaffe, se met à genoux, et saisit par le pantalon, dernier costume du noyé, le corps qui flotte maintenant à la surface.

C'est bien un miséreux : pourquoi le mettre dans la barque ? On l'attache sous les bras, on l'amarre à la barque et on le traîne à la remorque, épave inerte, la tête submergée. Arrivé à terre, hissé tant bien que mal, il est étalé sur le sol et reste là. Vit-il ? Est-il mort ? Cela n'a aucune importance. Les gamins, l'air effaré, se bousculent pour voir ; d'autres plus importants expliquent aux nouveaux venus ; un gardien de la paix contemple mélancoliquement le corps. On se décide enfin à recouvrir cette pauvre loque humaine des autres loques qui la vêtaient. Tout cela est entassé tant bien que mal. Le gardien fait « circuler », puis on attend le commissaire qu'on est allé chercher – comme dans la chanson.

Heureusement sur les berges de la Seine qu'à côté des gens qui meurent il y en a aussi qui vivent et qui même y gagnent leur vie. De toutes les professions qui s'y exercent, il en est d'aristocratiques, il en est de prolétaires. Les premières sont représentées par les bouquinistes, établis tout là-haut sur le parapet, au grand air et à la lumière. Un peu bohème, un peu littéraire, un peu inexpert, le marchand de bouquins n'a pas son pareil pour vendre vingt francs le bouquin qui vaut vingt sous, et à céder pour vingt sous le Bollandiste hors de prix.

Sur la berge même, nous trouvons d'autres négociants en gros, les marchands de pommes, dont le ren­dez-vous général est le quai de l'Hôtel-de-Ville. Puis nous passons à des types particuliers, mais formant encore de quasi-corporations, les cardeurs de matelas en tête. Leur installation en plein air a des allures de petite usine. Du personnel, des fûts de marchandises vides, des machines, rien n'y manque. La division du travail y est parfaitement observée. Tandis que les uns peignent la laine, d'autres tressent le crin en longues nattes qui tout à l'heure détirées, effilochées, mises en écheveaux, iront prendre place dans le vaste sac de toile à rayures voyantes que l'artiste en couture agrémente de jolis pompons de laine blanche.


Baigneur de chiens

Moins nombreux sont les batteurs de tapis, qui, quoique non groupés en association, opèrent par groupes de deux.

Les tondeurs de chiens en général sont isolés, ce ne sont que quelques rares qui ont collaborateur et pignon sur rue. Ils occupent d'ailleurs un échelon plus élevé que le laveur de chiens, qui, lui, est un pauvre trimardeur, qui s'en va, flânant au soleil sur les quais, essayant de « faire » quelque bon bourgeois dont il flatte la vanité de propriétaire par quelques compliments bien sentis sur la beauté de sa bête, – un animal de race, – il s'y connaît !

Plus bas, toujours plus bas, le cycle se rétrécit. Voici le barbier ambulant, le « figaro » parisien. Ici on rase pour un sou ; l'eau est là toute prête, monsieur, et le patient peut aller y rafraîchir sa face ensavonnée. Le commerce, d'ailleurs, est actif et la concurrence acharnée. A la boutique en face, l'administration fournit le linge, la lessive est là qui sèche au grand air. Aussi la clientèle afflue et attend patiemment que s'écoule la traditionnelle « petite minute » du coiffeur. Plus bas encore ! Voici la manufacture libre de tabac. Après toute une semaine de chasse patiente mais fructueuse à la terrasse des cafés, le ramasseur de bouts de mégots vient s'installer à son comptoir, étale sa marchandise à l'état brut et ne tarde pas à être entouré d'amateurs qui suivent l'opération avec intérêt.

La matière première est triée, déchiquetée en filaments. Les amateurs attendent de plus en plus nombreux. La fabrication prend tournure et la marchandise soigneusement étalée a un air des plus appétissants. Elle n'attend plus que la vente, qui est si active qu'au bout de quelques minutes l'heureux fabricant n'a plus qu'à plier bagage, tandis que tout autour flamboient les brûle....-bouche prolétaires ou les cigarettes des raffinés.

Nous sommes arrivés tout à fait au bas de nos petits métiers et n'allons plus trouver maintenant au fil de l'eau que les chiffonniers d'espèces variables, depuis le vieux professionnel entassant philosophiquement dans sa hotte tout le résidu de la vie qui gronde en roulant sur le pont au-dessus de sa tête.


tondeurs de chiens

Ses moments de joie sont ceux où il trouve dans son capharnaüm quelque numéro d'un journal quelconque peu défraîchi. Il garde cette surprise pour sa femme, la pauvre vieille qui opère pour son compte un peu plus loin et s'est fait une spécialité de la ferraille, ou pour quelque autre compagnon de misère, tel que le fruitier d'occasion qui là-bas sur la berge très soigneusement trie des tas de légumes douteux et avariés ramassés au petit jour sur le carreau des Halles.

La vie de tout ce peuple de miséreux décroît à mesure que nous nous éloignons du vieux Paris. Au delà du pont des Saints-Pères elle disparaît, la berge elle-même n'est plus qu'intermittente et c'est par le quai que nous devons reprendre notre marche un peu plus pressée. Le jour tombe en effet, l'ombre gagne déjà la Seine et le pied de la Tour qui élance sa flèche dans une auréole de lumière mourante. Quelques minutes après on ne distingue plus qu'avec peine les bateaux passant sur les derniers reflets que renvoie le miroir de l'eau. Partout ici et au loin s'allument les lumières.

C'est la nuit.


(D'après A travers le monde, paru en 1895)

La saga des marques - La Laitière -

Publié à 17:38 par acoeuretacris Tags : marques

 Tout le contraire d'un "vieux tableau"



Marque de produit en 1973, la Laitière s'arroge aujourd'hui la première place dans le coeur des Français pour les desserts ultrafrais. Traduction de son succès, l'équivalent d'un million de boules de glaces sont consommées tous les jours en France sous cette même marque. Quand une laitière devient cuisinière, en traversant plusieurs révolutions…


Boîtes de lait condensé pour divers pays vers 1900

Décrivez une femme aux formes généreuses avec des bras blancs veloutés, vêtue d'une coiffe et de linges jaune et bleu, versant, en pleine lumière, du lait crémeux dans un pot d'argile. C'est la Laitière qui vient à l'esprit.

Le yaourt la Laitière ? Une évidence ! Un petit pot de crème au chocolat la Laitière ? Une autre évidence! Un sorbet nectarine la Laitière? Une évidence encore! La force d'une marque réside, en partie, dans sa faculté d'être, par son offre incontournable, une réponse incontestable à une tendance de consommation parfois en gésine. Elle fonde souvent sa singularité en s'inscrivant à contre-courant des codes du marché. Sa pérennité se juge à l'aune de la pertinence de ses innovations et au volontarisme des équipes qui l'animent. Sans oublier l'imprégnation de son imaginaire chez les consommateurs, qui deviennent ses ambassadeurs. Décrivez une femme aux formes généreuses avec des bras blancs veloutés, vêtue d'une coiffe et de linges jaune et bleu, versant, en pleine lumière, du lait crémeux dans un pot d'argile. Dans un réflexe quasi pavlovien, c'est la Laitière qui vient à l'esprit. Elle est devenue si proche des consommateurs que l'on pourrait gommer le nom "la Laitière" inscrit sur l'emballage sans porter préjudice à la marque, celle-ci étant intimement liée à son icône. Supprimer l'icône conduirait au contraire à promouvoir une marque au nom trop générique.


Premiers pots de
verre La Laitière

Evidence, aujourd'hui, défi hier

Pour autant, rien de moins évident quand, jeune chef de produit chez Chambourcy(1), Jean-Claude Marcantetti interpelle, en 1971,Gérard Lotto, alors responsable de fabrication: J'ai une idée, nous allons faire du yaourt au lait entier en pot de verre"(2). "A l'époque, raconte-t-il, plus de la moitié des yaourts consommés était du yaourt nature conditionné en pot de carton ou de plastique. Sur un marché composé de trois segments, yaourt étuvé à 11 g de matière grasse par litre, yaourt étuvé à 0 % de matière grasse et yaourt brassé, j'ai pensé qu'il y avait une place pour un quatrième segment avec une image haut de gamme, grâce à des qualités gustatives immédiatement reconnues par le consommateur. J'en suis venu à la composition de lait entier, où le taux de matière grasse était de 34 g par litre."


Plaque émaillée - fin 19e

Cette révélation lui vient également de la découverte, à Marseille, d'un yaourt vendu en pot de carton sous le nom de la Fermière, qui, sans être au lait entier, présentait un goût meilleur que les produits concurrents grâce à une quantité de matière grasse supérieure à la moyenne utilisée. Cette suggestion semble alors aux antipodes des usages, aussi bien commerciaux – les yaourts sont à base de lait écrémé – que techniques – ils sont vendus dans des pots en plastique ou en carton (12 cl.). Revenir au verre donnerait au produit une image veillotte, et des soucis à la direction de la fabrication, inquiète du moindre morceau de verre brisé dans le produit. Malgré les doutes et les réticences des équipes de Chambourcy, Jean-Claude Marcantetti parvient à ses fins en 1973, en singularisant son produit par une contenance plus importante (15 cl.), vendue à l'unité, non consignée(3) et à un prix de 50 % supérieur à la moyenne des yaourts nature: "La contenance de 15 cl était un pari, alors que tous les pots étaient en 12 cl, mais après examen je me suis rendu compte que pour un produit vendu à l'unité l'impact sur le linéaire serait plus fort et mettrait davantage le produit en valeur."



Commercialisé en juin 1973, le yaourt avait été testé en verre et en carton paraffiné, en région parisienne. Très vite, le verre, symbole de tradition, supplante le carton. Un nouveau code est lancé. Les yaourts des autres marques au lait entier seront, plus tard, commercialisés en pot de verre. Surtout, le produit semble trouver ses consommateurs, grâce à ses qualités organoleptiques. Ne sont-ils pas alertés par des campagnes contre la présence de colorants et de conservateurs dans les produits laitiers et la confiserie ? L'heure est au retour à la nature,au produit sain, authentique, fait "comme autrefois", "à l'ancienne"(4). Après le choix du contenu et du contenant, il reste à donner un nom à ce yaourt. Ce sera "La Laitière", nom découvert par Jean-Claude Marcantetti dans le catalogue des marques de Nestlé. Elle remonte aux années 1870, quand l'Anglo-Swiss Condensed Milk Co. commercialisait du lait concentré, sous le nom de Milkmaid, Milchmäddchen ou La Lechera. La fusion avec Nestlé, en 1905,conduit au déclin progressif de Milkmaid au profit de Nestlé(5). Signe que le groupe suisse croit en l'avenir de ce lait entier, et"malgré le scepticisme du directeur du marketing et du directeur général de Chambourcy", se souvient Jean-Claude Marcantetti, il donne son accord pour redonner vie à la marque.



Les premiers pots se singularisent par une paysanne chaussée de sabots, une cruche de lait dans chaque main. "C'est un produit "désindustrialisé", qui anticipe la vague des produits du terroir", se souvient Michel L'Hopitault. C'est à son agence, Effivente, que Chambourcy confie la création d'un territoire publicitaire. Philippe Auroir, directeur de l'agence, songe à un tableau, une pastorale XVIIIe siècle, "façon Marie-Antoinette à Trianon, le retour à la nature prôné par Jean-Jacques Rousseau". "A l'époque, d'autres marques utilisaient la peinture dans leur communication, rappelle-t-il. Nous feuilletions un ouvrage d'art à la recherche de la perle rare, quand une secrétaire, passant dans le bureau, mit le doigt sur la Laitière de Vermeer(6 ) en criant "C'est ça !". Un tableau que nous avions vu plusieurs fois sans y prêter attention !". Quoi de mieux que cette femme nourricière versant du lait, symbole de chaleur et de générosité ! "Au début,nous ne pensions pas que ce tableau aurait une durée de vie si longue dans la communication." La première publicité télévisée, en 1974, anime la Laitière versant du lait dans le pot, sur un air de flûte: "Comme autrefois, Chambourcy prend du bon lait entier pour préparer de bons yoghourts nature. La Laitière, un yoghourt au bon lait entier. La Laitière, un chef-d'oeuvre de Chambourcy." "Les campagnes d'affichage et d'abribus remportent un franc succès, à tel point que, par exemple, la Ville de Brest accorde une semaine gratuite à la marque", se souvient Philippe Auroir.


Fromage de faisselle moulé à la louche - 1986

"Nous ne pensions pas que ce tableau aurait une durée de vie si longue dans la communication."


Lancement - 1994

Du "blanc" au "non-blanc", une marque transversale

Nourricière, la Laitière est également féconde. Aussi va-t-elle ajouter progressivement à son yaourt nature au lait entier bien d'autres produits "blancs"puis "non blancs". Entre 1969 et 1975, Nestlé France place quelques hommes, mais les résultats financiers de Chambourcy accusent en 1975 les effets du premier choc pétrolier, entraînant le retour aux commandes des anciens dirigeants de Chambourcy dont son président, Jacques Benoit, jusqu'en 1985. Durant cette période, l'objectif est de créer une marque de gamme forte autour de Chambourcy et de ses marques filles, la Laitière, Kremly, Flanby, Viennois, Sveltesse, dans un univers concurrentiel qui compte Mamie Nova, La Roche aux Fées, Danone, Gervais ou Yoplait.La Laitière propose le yaourt sur coulis de fruit en 1979, arrêté en 1984 en raison d'un trop faible tonnage puis relancé.



Les premières campagnes télévisées mettent l'accent, de 1977 à 1979, sur la spécificité du produit,le yaourt au lait entier. A partir de 1979, la marque joue sur le registre de la tradition et de l'authenticité, avec des campagnes de presse et d'affichage vantant les mérites d'"un bon yaourt comme autrefois": "L'authentique laitière, c'est Chambourcy." Au même moment, l'icône de Vermeer figure sur l'étiquette du pot en verre.



Première révolution : la Laitière devient le symbole de la marque. Jusqu'en 1983, les films publicitaires animent cette laitière dont les gestes illustrent l'authenticité de la fabrication. La Laitière joue aussi la carte de la douceur maternelle, avec des films sur le thème de l'allaitement et la transmission de "maman à petite fille". "Durant cette première période, le yaourt en pot de verre demeure la seule locomotive de la marque.", rappelle Jean-Claude Marcantetti.




1996

Au début des années 1990, la gamme propose une vingtaine de produits en pot de verre ou, pour certains comme le gâteau de riz, en pot d'aluminium.



La révolution stratégique, pour la Laitière,date de 1986, quand Chambourcy fusionne avec La Roche aux Fées(7). "Il s'agit de définir une nouvelle gamme commune entre les deux sociétés sous l'ombrelle Chambourcy, conduisant à faire des choix en matière de produit, de référence, de conditionnement, de recette et de marque, avec comme impératif de ne perdre aucun tonnage. Exercice délicat, dans la mesure où les deux entreprises commercialisent la totalité des variétés dans vingtcinq segments !", se souvient Gilles Pacault, alors directeur du marketing. Détenant une position de leader des yaourts en pot en verre, la Laitière est laissée sur ce segment premium. Son territoire s'enrichit avec la crème fraîche (ex-La Roche aux Fées), le fromage frais faisselle moulé à la louche (1986), la relance des petits suisses (abandonnés au bout de deux ans car le segment est dominé par Gervais avec 70 % du marché) en 1988, et la même année les yaourts sur divers coulis de fruits et de miel, et d'autres aux arômes de fruits (citron…). "En 1987, la relance de la marque Chambourcy, après treize ans de silence publicitaire, se fait avec un slogan commun, "Chambourcy, oh oui !", et une musique elle aussi commune à l'ensemble des marques filles, mais adaptée à chacune(8)", rappelle Gilles Pacault, maître-d'oeuvre de ce tournant.



Quand certains ne jurent que par le maintien strict de la Laitière dans l'univers des produits blancs, la marque devient transversale, étendant son territoire aux produits "bruns" ou desserts laitiers frais. Pour autant, cette première grande extension est en cohérence avec l'humus de la marque, proposer des recettes authentiques, faites comme autrefois: "La laitière de Chambourcy, le passé n'a jamais été aussi présent. Chambourcy,oh oui !"



C'est dans des ramequins en verre que la Laitière commercialise en 1989 des entremets cuits et dorés au four, selon les recettes traditionnelles à base de lait, des grands gâteaux en moule aluminium faits comme à la maison, prêts à être présentés et partagés. La même année, la crème caramel aux oeufs frais Chambourcy en pot de verre passe sous la marque la Laitière(9). Au début des années 1990, la gamme propose une vingtaine de produits en pot de verre ou,pour certains comme le gâteau de riz, en pot d'aluminium(10). Sur le plan publicitaire, la marque disparaît du petit écran mais demeure en presse et en affichage.

La gourmandise sous l'ombrelle de Nestlé

Une troisième révolution advient pour la Laitière quand, en 1996, Nestlé se substitue à Chambourcy pour devenir la marque internationale des produits laitiers frais. "Nestlé, c'est bon la vie"signe désormais toutes les campagnes, avec le jingle de Chambourcy. Arnaud de Belloy (directeur général commercial de Nestlé France), alors directeur du marketing, se souvient: "De quinze marques, nous sommes passés à cinq. Nous avons ajouté à la dimension pureté de la Laitière, marque alors devenue prioritaire pour Nestlé, une dimension gourmandise." La même année, la Laitière signe les Petits Pots de crème au citron, saveur vanille, et au chocolat, avec, ce qui est nouveau, du lait, des oeufs et du sucre. Ils sont bien sûr cuits au four dans leurs ramequins en verre. "Avec les Petits Pots,le succès a été tout de suite au rendez-vous. Notre conseiller, le pâtissier Michel Guérard, a jugée la recette excellente. On était obligé de décaler les publicités et les actions promotionnelles, car nous n'arrivions pas à suivre la demande", se souvient Arnaud de Belloy. La marque lance également le premier gâteau au chocolat en entremets individuel et deux nouveaux entremets, le flan aux pommes caramélisées et le gâteau au citron. Leader avec 70 % du marché des yaourts en pot verre, la Laitière, numéro un avec le riz et la semoule au lait, s'arroge 40 % du marché au rayon frais pour ces deux produits.









La campagne orchestrée en 1997 par l'agence Ogilvy, qui vient de succéder à FCB, participe de cette expansion. "Avec Nestlé, nous avons enfin les moyens financiers pour communiquer. L'objectif est de contrecarrer l'offensive de Charles Gervais, présenté dès 1993 comme un chef pâtissier exigeant, mais également celle de Yoplait", résume Arnaud de Belloy. L'agence imagine de transformer la sage laitière en héroïne qui change le cours de l'histoire par le fumet de ses recettes. La saga commence avec la Révolution française : des révolutionnaires vont prendre la Bastille quand ils sont arrêtés dans leur élan par l'odeur, au choix, de la crème caramel ou des yaourts. "L'histoire attendra que je finisse cette crème au caramel", tranche un sans-culotte. "Son petit pot de crème restera dans l'histoire", conclut la publicité. "Pour évacuer l'image parfois sanglante de la Révolution française, nous avons choisi le ton de l'humour."



Au reste, la Laitière, personnage intemporel, peut changer le cours de choses en dehors des périodes révolutionnaires, comme l'attestent les publicités ultérieures, "Le clafouti aux cerises du roi : ce clafouti est une trouvaille ! – Non sire, c'est une révolution" ou celle de "Ravaillac"(11). Elle peut être aussi source d'inspiration quand, en 2002, grâce à Douceurs de lait, Rouget de Lisle crée la Marseillaise en tapant avec sa cuillère sur les petits pots. Et de conclure: "La laitière restera dans l'histoire." La révolution n'épargne pas l'emballage. En 1998, la Laitière quitte son tableau format timbre poste pour faire corps avec l'ensemble du packaging.



Après plusieurs années d'absence de Nestlé sur le segment des yaourts aux fruits, le groupe lance en août 2003 les yaourts la Laitière Fruits pâtissiers, qui marient la catégorie des desserts avec celle des yaourts(12). La publicité transporte la Laitière dans un banquet médiéval au cours duquel deux seigneurs se querellent sur la place de la tarte ou du yaourt dans ce nouveau produit. Avec cette gamme en pot plastique, la Laitière abandonne le pot en verre. Révolutionnaire! Pour autant, il est des révolutions sans lendemain. Celle, entreprise en 1999, qui étend le territoire de la Laitière au rayon épicerie, alors dominé par Mont Blanc et Yabon. Pari risqué, car le marché des desserts prêts à consommer en conserve chute en volume de - 15 % entre 1996 et 1997 et de 4 % entre 1997 et 1998. Sans investissements publicitaires, la marque y propose quatre desserts laitiers appertisés, à base de riz et de semoule. La vente de Mont Blanc, en 2003, met fin à l'aventure. Autre diversification vite abandonnée, la tablette de chocolat au lait lancée en septembre 2002. Peut-on proposer la Laitière non plus au lait entier mais au lait demi-écrémé ? Extension risquée, mais tentée en 2003. Commentée façon Actualités Gaumont des années cinquante, la Laitière propose, en avril de cette annéelà, dans un écran signé Patrice Leconte, la "révolution pour les femmes", des desserts au lait demi-écrémé. Fini le corset, "elles peuvent désormais porter une tenue légère et décontractée". Malgré un message pertinent, le produit ne trouvé pas sa place. Du danger de trop tirer une marque en oubliant ses fondamentaux…



L'expertise de la cuisinière apportée aux glaces

2002 connaît la quatrième période révolutionnaire pour la Laitière: l'univers des glaces. "Son entrée sur ce marché se justifie par le fait qu'elle apporte quelque chose de nouveau. Le segment des glaces en bac est alors dominé par Carte d'Or et par les marques de distributeurs. Il souffre d'une baisse des volumes depuis plusieurs années, car en termes de qualité les marques proposent des produits standardisés. Les consommateurs souhaitent retrouver un vrai plaisir et découvrir de nouveaux parfums. Il y a un vrai besoin non satisfait par l'offre", explique Bernard Tual, directeur marketing de Nestlé Glaces(13).

Très ancré dans la culture de chaque pays, le marché de la glace présente des disparités en termes de niveau de consommation et d'attentes. La France est le pays européen qui consomme le moins de glaces, mais elle le fait pour le plaisir, le bien-être, la sensation – une cinquantaine de parfums dans les bacs –, alors que la Finlande, plus grand consommateur européen, voit dans la glace l'équivalent du yaourt en France. Pour Nestlé, l'enjeu est triple. "D'abord identifier la glace la plus proche du goût français, tout en proposant du neuf en parfum,car le marché de la glace fonctionne un peu comme celui de la mode, les consommateurs aiment la nouveauté. Il faut ensuite se fonder sur la culture culinaire française, celle du dessert. Enfin, il faut choisir une marque face à Carte d'Or, marque statutaire mais qui manque d'émotion", résume Bernard Tual. Exquise, qui ne détenait que 12 % du marché des glaces en vrac contre 36 % pour Carte d'Or, est abandonnée au profit de la Laitière, gage d'onctuosité, d'authenticité et d'émotion.Une prise de risque importane. Toutes les recettes sont refaites.


"Tourbillon de fruits doit être au
sorbet ce que les recettes pâtissières
sont à la crème glacée classique"

La Laitière débarque dans le vrac avec une gamme classique(14 ) dans un format bac aux courbes arrondies et comme slogan "Le vrai bon goût des vraies bonnes choses". Une année lui suffit à franchir le cap des 18 % du marché, en bénéficiant de la force commerciale d'Exquise. Pour nourrir son ambition de devenir un acteur incontournable sur le marché du vrac, elle doit innover. Le cap est mis en 2004 sur les desserts, avec la gamme des Gourmands, un nouveau segment proposant des recettes avec une note pâtissière et pour fer de lance la crème brûlée.Sur le plan publicitaire, contrairement à ce qu'elle faisait à l'origine, la marque ne se contente plus de la reproduction du Vermeer comme signe de culture et de qualité. Elle propose aux consommateurs un voyage numérique: puisque les glaces et les yaourts sont des oeuvres d'art, l'action se situe non dans une cuisine mais dans un musée, avec son inévitable touriste japonais. L'oeuvre de Vermeer est si fascinante que tous ceux qui la regardent sont happés et emmenés de l'autre côté du tableau. A ceux qui ont tenté l'expérience de la traversée, la Laitière en personne offre des glaces tout juste faites. Signature: "La Laitière fait de chaque glace une émotion."

Extension du territoire



Lancée sur le marché en 2005, la Laitière Tourbillon de fruits propose une nouvelle gamme dans l'univers du vrac(15). Pour la première fois,une marque de glace crée une catégorie, le "fruit gourmand", par le mélange de contrastes et de textures entre mousse, sorbet et coulis: sorbet cassis, mousse mûre, coulis de fruit rouge (trois textures et trois parfums). "Tourbillon de fruits doit être au sorbet ce que les recettes pâtissières sont à la crème glacée classique", résume Bernard Tual. Il s'agit de surprendre par le mélange des couleurs et par celui des parfums. Pour la première fois, en 2005, Publicis, agence historique de Nestlé pour les glaces, met en scène le personnage de la Laitière en extérieur, dans une scène champêtre, "pour donner à l'icône une image fraîche en cohérence avec la gamme Tourbillon de fruits", explique Bernard Tual. Assise avec ses amies dans un parc, près de paniers de fruits, la Laitière met en oeuvre son savoir-faire grâce à une idée tirée de l'inadvertance des enfants qui,jouant à la balle, renversent deux paniers.



Le savoir-faire de la Laitière s'enrichit quand Nestlé achète, en 2003,le glacier américain Dreyer's et sa technique révolutionnaire baptisée Low Temperature Freezing (LTF). Cette méthode de brassage lent à très basse température permet d'obtenir naturellement une glace onctueuse mais avec moins de crème, tout en renforçant le goût originel du parfum. Conséquence sur le plan des calories: la glace vanille passe de 119 à 106 calories, la chocolat de 143 à 115, la café de 137 à 110 et la nougat de 134 à 125.



Autour de la nouvelle gamme des Classiques, un film de l'agence Marcel (groupe Publicis) communique: "Onctueuse et légère. Lentement fouettée." C'est la même agence qui promeut, en 2006, le "Craquant", toujours fabriqué par la Laitière dans sa cuisine. "La Laitière ? Elle n'a pas fini de nous surprendre !" La preuve? Chassant sur les terres de Magnum, elle entre sur le segment du bâtonnet, produit déambulatoire d'impulsion, avec le Craquant chocolat, décliné dans une forme inédite en cinq saveurs et une ganache au chocolat truffée de nougatine. Répondant au souci sanitaire des consommateurs, la Laitière propose, en 2008, six nouvelles références de sorbets(16). "Les Français ne veulent pas entendre parler de glaces allégées, mais la tendance aux produits bienêtre se confirme", analyse Bernard Tual. La Laitière lance le "pur sorbet", révolution sur le plan gustatif car plus riche en fruits, et révolution sur le plan nutritionnel car moins riche en sucre (– 20 % par rapport à la moyenne des sorbets). "C'est un défi technique, car la glace est comme une cathédrale, il lui faut une architecture sucrée pour tenir", explique Bernard Tual. Comme le souligne Simone Prigent, directrice du département nutrition de Nestlé, "l'innovation des sorbets participe de la volonté du groupe d'aller vers le plaisir et le bien-être." Cette démarche est illustrée par le bouton nutritionnel présent sur tous les emballages depuis 2008. La publicité, gérée par l'agence JWT depuis 2007, nous le promet : "La laitière a trouvé le juste équilibre." Elle le prouve aussi en ouvrant les portes de la cuisine pour montrer aux enfants comment se fait la glace. "Auparavant, la communication des glaces cachait la fabrication, qui devait rester mystérieuse. La Laitière prend le contre-pied", explique Bernard Tual.


Craquant et fondant - 2006

Contre-pied également dans le mode de distribution. Commercialisée jusqu'alors comme simple produit dans l'univers de la restauration hors foyer(17), la Laitière accroît sa visibilité en entrant en tant que marque dans les restaurants, traditionnels et chaînes intégrées (Accor, Courtepaille…), soit vingt deux mille points de contact, avec comme promesse : "Comme pour tout, votre restaurateur choisit le meilleur."

L'ultrafrais chez Lactalis

L'union fait la force. Nestlé ne l'ignore pas qui, avec 11 % des produits laitiers frais, peine face aux 30 % de Danone et aux 30 % des marques de distributeurs. Même si la Laitière s'arroge la première place dans les desserts ultrafrais avec 16,5 % du marché en valeur. Le groupe suisse décide, en décembre 2005, de s'allier à Lactalis (ex-Groupe Besnier) dans une filiale commune, Lactalis Nestlé Produits Frais (LNPF), contrôlée à 60 % par Lactalis et à 40% par Nestlé. Entérinée par le Commission européenne le 1er novembre 2006, le joint-venture rassemble les activités ultrafrais des deux groupes, yaourts, yaourts à boire, fromages frais et desserts lactés dans neuf pays européens(18).



"Nestlé demeure propriétaire de la marque la Laitière et Lactalis lui verse des royalties. La brand champion,responsable de la marque, de ses valeurs, de ses codes d'expression, est la business unit la Laitière dans la division ultrafrais. Le département glaces est bien sûr étroitement associé à l'évolution de la marque", explique Valérie Blanc, chef de groupe LNPF. Preuve que les liens ne sont pas rompus, le dessert Craquant et Fondant, lancé en avril 2006, fruit de trois ans de recherche, bénéficie de la double expérience de Nestlé par ses activités glaces et chocholats.

Le film signé Ogilvy met en scène la même actrice qui promeut les glaces.Son savoir-faire est toujours mis en valeur comme l'attestent les plus récents films: "C'est en passant ses petits pots de crème d'un seul coup du chaud au froid que la Laitière leur donne une texture ferme si fondante"; "Si la Laitière est aussi concentrée quand elle prépare son riz au lait, c'est qu'elle sélectionne elle-même son riz et qu'elle est la seule à maîtriser sa juste cuisson"; "Seule la Laitière connaît le juste temps pour réussir un yaourt incomparable. C'est là le secret de son yaourt au lait entier". Ni mère ni grand-mère, encore moins servante, mais cuisinière maternelle, moderne même si elle vient du passé, la Laitière est intemporelle. Elle apporte la paix, le calme, quand tout s'agite autour d'elle. Elle rassure, quand l'inquiétude prévaut. Une idée pour un tableau ?

**********

(1) - La société créée en 1934 sous la raison sociale A.L.B., pour Aboucaya, Lapeyre et Baillivet, prend le nom de Chambourcy en 1948. La société J. A. Benoit, fondée en 1949 par deux frères, Jacques et André Benoit, prend une participation dans Chambourcy en janvier 1962 puis fusionne avec Chambourcy le 1er janvier 1966. La marque Benoit disparaît, cas rarissime d'une marque éponyme qui s'efface devant une marque non éponyme. Les événements de mai 1968 conduisent les frères Benoit à se rapprocher d'un grand groupe. Ils choisissent dans un premier temps Unilever, mais craignant d'être évincés de la direction, se reportent sur Nestlé qui entre en octobre 1968 à hauteur de 20 % dans le capital, prend la majorité en 1978 avec 59,4 % et devient l'unique actionnaire en 1988. Jacques Benoit restera chez Nestlé jusqu'à la fin des années 1980, avec le titre de responsable des yaourts Nestlé pour le monde.
(2) - Une histoire de gourmandise, édition Nestlé, 1998.
(3) - Depuis le début des années 1950, des yaourts au lait entier étaient commercialisés dans des pots en verre consignés.
(4) - La Roche aux Fées relance sa gamme en 1976, avec pour slogan "Le pays du lait entier". Monument qui donna son nom à un lieu-dit, La Roche aux Fées devient le nom de la marque de produits laitiers créée en 1935 par Pierre et Marie Saulais. Cédée à Unilever en 1965, elle passe dans le giron de Nestlé en 1986.
(5) - L'Anglo-Swiss Condensed Milk Co, fabrique de lait condensé, fut créée en Suisse, en 1866 par deux américains, Charles et George Page. cf. Nestlé, cent vingt-cinq ans de 1866 à 1991, par Jean Heer, édition Nestlé.
(6) - La Laitière fut peinte en Hollande en 1658 par Johannes Vermeer (1632-1675) dans l'atelier de sa maison de Delft.
(7) - La fusion est préparée entre janvier et juin 1985; les deux sociétés ont la même part de marché (11 %), le même tonnage, le même nombre d'usines.
(8) - C'est la reprise du jingle de La Roche aux Fées, légèrement retravaillé. La musique devint un tube, J'ai faim de toi,chanté par Sandy Stevens, numéro un au Top 50 pendant plusieurs semaines. Un fait exceptionnel dans l'histoire de la musique.
(9) - A l'origine, ce produit appartenait à la gamme Vitho sous la marque Orly. Il est passé sous l'appellation crème caramel de La Roche aux Fées, puis crème caramel Chambourcy, puis la Laitière.
(10) - Gamme la Laitière en 1990: yaourt nature au lait entier, yaourt saveur vanille, yaourt saveur citron, yaourt sur coulis de cerise, abricot, poire Guyot, fraise ou fraise des bois, petits suisses au lait entier, crème fraîche épaisse, fromage blanc de campagne, fromage de campagne en faisselle, crème caramel aux oeufs frais cuite et dorée au four, crème brûlée aux oeufs frais, gâteau de riz au caramel, clafoutis aux cerises cuit et doré au four, gâteau au fromage blanc cuit et doré au four, gâteau de semoule aux raisins cuit et doré au four, entremets au riz.
(11) - Avec le film Ravaillacou "Comment la laitière aurait pu éviter la mort d'Henri IV", la Laitière remporte en 2000 le premier "h d'or", prix créé par la chaîne Histoire et CB News qui récompense le meilleur écran s'inspirant de l'histoire.
(12) - Les yaourts desserts: trois parfums avec morceaux de gâteau (fraise façon tarte sablée, citron façon tarte sablée, poire façon amandine) et trois parfums à base de fruits cuisinés (pommes caramélisées façon tarte Tatin, fraise façon fraisier, pêche caramélisées façon tarte Tatin). Au même moment Danone lance presque les mêmes références avec sa gamme Recette crémeuse.
(13) - Nestlé est présent dans l'univers des glaces depuis l'acquisition, en 1960, de France Glaces (ex Glaces Gervais). En 1989, c'est sous le nom Extrême de Gervais que Nestlé commercialise le cornet de Gervais. En 2000, Maxibon, première référence mondiale des glaces Nestlé, arrive sur le marché français où Nestlé commercialise Exquise, Mega, Kim,Mystère, Crunch, Nuts, Lion, Jungly, Koukoulina et le Pouss Smarties. Avec le lancement de la glace Frubetto en 2001 sous le seul emblème Nestlé, la marque Gervais se fait plus discrète, pour disparaître totalement en 2002.
(14) - Dix classiques à base de crème fraîche (et non plus de matières grasses butyriques), cinq sorbets et quatre glaces pâtissières dont une référence crème brûlée et nougatine craquante, et une autre au citron meringué.
(15) - Le marché de la glace: le vrac (glace en bac, 45 % des volumes de consommation de glaces avec 100 millions de litres), détente-déambulation (cônes, bâtonnets et barres), pôle enfant, SAP (spécialités à partager, bûches de Noël), SEP (spécialité en portion comme Mystère). Le marché n'est pas encore indépendant de la saison, car excepté les ventes de bûches glacées à Noël, 60 % des ventes de glaces se font entre avril et août.
(16) - Seize pour cent des volumes réalisés avec les bacs le sont par les sorbets, 14 % des foyers français consomment des sorbets.
(17) - Marché de la glace en France: 80 % à domicile et 20 % hors domicile (dont 15 % restauration commerciale et sociale et 5 % impulsion (rue, cinéma, plage).
(18) - La France, la Belgique, le Luxembourg, le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la Suisse. Nestlé apporte ses marques Nestlé, la Laitière, Sveltesse, Yoco, mais aussi Kremly et Flanby en France et en Belgique, Ekabé au Luxembourg, Ski et Munch Bunch au Royaume-Uni, Longa Vida et Yoggi au Portugal, La Lechera en Espagne, Fruttolo et Mio en Italie et Hirz en Suisse, l'ensemble commercialisé sous la marque ombrelle Nestlé. Coté Lactalis, B'A et Bridélice rejoignent le nouvel ensemble qui représente onze sites de production en Europe, un tonnage total de 620 000 tonnes et 1,5 milliard d'euros de vente, soit 13 % du marché français. Son conseil d'administration comprend des dirigeants des deux groupes. Lactalis Nestlé Produits Frais (LNPF) détient le deuxième rang européen du secteur et emploie plus de trois mille personnes. Lactalis devient le numéro deux mondial des produits laitiers derrière Nestlé et devant l'américain Dean Foods et le français Danone.

La saga des marques - Kinder

Publié à 16:55 par acoeuretacris Tags : marques

 Kinder , plaisir inimitable depuis 1975



Première marque de confiserie chocolatée en Europe de l’Ouest, Kinder a choisi une stratégie de niche,fondée sur des produits inimitables. La marque fête les trente ans de présence en France de l’un de ses produits phares, Kinder Chocolat.

Cent trente-cinq millions d’oeufs Kinder Surprise vendus chaque année en France, 1,5 milliard dans plus de trente pays, douze mille surprises différentes, imaginées depuis 1974. Sur les trois cents marques classées par ordre de préférence(1) par les enfants de moins de dix ans en 2005, les confiseries et biscuits arrivent en tête, avec une première place ex aequo pour Nutella et Kinder (87 %). Au palmarès Ipsos TV 2007, le film mettant en scène Didier Drogba et Boris Diaw achetant des barres Kinder Bueno au distributeur arrive au deuxième rang des publicités préférées des Français, avec un score de 34,8 %. Pour l’ensemble de la marque Kinder, en France, le cap des 10000 tonnes a été franchi en 1990, celui des 20000 tonnes en 1996, et en 2007,avec 36000 tonnes, Kinder est la marque la plus dynamique de la confiserie chocolatée. Son taux de notoriété assistée atteint 96 %. Ces quelques chiffres témoignent de la puissance de la marque. Kinder compte aujourd’hui onze marques filles, toutes conçues en Italie par le groupe Ferrero. C’est en Allemagne qu’apparaît, en 1968, la marque Kinder. Elle signe le premier produit d’une longue lignée: la tablette Kinder Chocolat. Le nom – Kinder, “enfant” en allemand –, désigne immédiatement la cible: les enfants. C’est pour eux que Michele Ferrero invente un oeuf aussi gourmand que surprenant.



Le fils du génial inventeur du Nutella souhaitait que l’émotion de l’oeuf de Pâques fût possible tous les jours. Il perpétue l’esprit créatif de l’entreprise familiale en singularisant l’oeuf Kinder par trois promesses: le bon goût de chocolat, une surprise et le jeu. Ici, la récompense est immédiate, nulle besoin d’envoyer des bons d’achat. Les premiers Kinder Surprise sont lancés en Italie en 1973, en Allemagne l’année suivante, en France en 1975. Slogan: “Toute l’année, le plaisir en plus”. Depuis, plus de trente milliards d’oeufs ont été vendus(2) . La marque détient un quasi-monopole, sans concurrent de taille(3) . Deux centres de conception, l’un en Allemagne, l’autre en Italie, inventent cent vingt surprises par an, lovées dans les fameuses coquilles jaune orangé.


Pub Kinder Surprise 2007

Kinder est la marque la plus dynamique de la confiserie chocolatée. Son taux de notoriété assistée atteint 96%.


Pub 2006


logo Kinder

Kinder Surprise, 1975
Kinder Chocolat, 1978
Kinder Délice, 1986
Kinder Country, 1989
Kinder Bueno, 1990
Kinder Pingui, 1995
Kinder Maxi, 1996
Kinder Maxi King, 1999, relancé en 2006
Kinder Schokobons, 2000
Kinder Schokofresh, 2003
Kinder BuenoWhite, 2007

Astérix est le premier personnage licencié, dès 1975, en Allemagne. Le jeu de montage apparaît au début des années quatre-vingt avec le fameux BPZ, du mot allemand Beipackzettel(4) , “notice de montage”: une bande de papier enroulée dans la coquille jaune. Devenues de véritables jouets, les surprises se déclinent en démontables, monoblocs, toons (Félix le chat, la Panthère rose…), figurines en métal, puzzles, objets publicitaires(5) . La numérotation des figurines, démontables pour l’essentiel, intervient en 1990. Les premières références commencent donc par K91. Ce décalage d’un an demeure aujourd’hui. Depuis 2001, la surprise est double, car un “Magicode” à saisir sur le site de la marque permet d’accéder à une zone de jeux en ligne. Chaque famille de surprises se singularise par son emballage: le Seigneur des Anneaux, Astérix, les Schtroumpfs, des dinosaures, des pingouins, ou la série Pierrafeux. Aisément repérable dans les magasins grâce à l’aspect de son emballage et à ses PLV colorées, Kinder Surprise est proposé à l’unité, en tripack (boîte de trois oeufs), quadripack.



La marque fait aussi la joie des collectionneurs(6) .Le Schtroumpf sur échasses et le Schtroumpf aux jeux Olympiques atteignent une valeur de 900 euros! Dans un pays, Kinder Surprise est interdit de séjour: les Etats-Unis, en raison d’une réglementation très stricte sur la présence de jouets dans les produits alimentaires. Du protectionnisme déguisé…


Pub Kinder Chocolat 2008

Des Marchés divers

Par grands marchés, Kinder est présent dans la confiserie ludique (Kinder Surprise, Kinder Schoko-Bons), où il est numéro un, dans les goûters (Kinder Délice, Kinder Pingui) et les barres chocolatées (Kinder Bueno, Kinder Bueno White, Kinder Country, Kinder Maxi),mais aussi sur le marché des adultes, avec Kinder Bueno. Les produits Kinder répondent à différents moments de consommation et différents âges: occasions (Kinder Surprise), petit plaisir (Kinder Chocolat, Schoko-Bons), goûter (Kinder Délice, Kinder Country) et petite faim ou pause (Kinder Bueno, Kinder Maxi).

“Kinder est la première marque de confiserie à proposer des produits destinés aux moments de plaisir, réellement adaptés aux enfants. Les recettes, inimitables, sont à base de chocolat et de lait, dans des portions ajustées à leurs besoins”.

Marque ombrelle

Deuxième pilier, en France, de la marque Kinder, Kinder Chocolat est la première tablette “faite exprès pour les petits”, avec plus de lait et moins de cacao, et présentée en petites portions, sous forme de bâtonnets adaptés à la dimension des mains enfantines. “Kinder est la première marque de confiserie à proposer des produits destinés aux moments de plaisir, réellement adaptés aux enfants. Les recettes, inimitables, sont à base de chocolat et de lait, dans des portions ajustées à leurs besoins”, souligne Jérôme Gray, chef de marque Kinder. A mesure que ses consommateurs d’hier grandissaient, Kinder a élargi son expertise à toute la famille. Près de trois familles françaises sur quatre achètent, chaque année, au moins un des onze produits de la marque, ceux commercialisés toute l’année (barre, confiserie, pâtissier, tablettes, ultrafrais), ou ceux proposés uniquement au moment des fêtes (principalement Pâques et Noël). Ou les deux. Par sa stratégie de niche, la marque a créé de nouveaux segments de marché (oeuf surprise, gâteau individuel, gaufrette fourrée), en proposant des recettes inégalées et en diversifiant les moments de consommation ainsi que les cibles. Kinder entre ainsi dans le territoire du goûter avec, en 1986, Kinder Délice, première génoise enrobée de chocolat, déclinée en goût cacao ou noixde coco,et destinée aux 6-12 ans. En 1989, Kinder Country lance la marque sur le marché des barres, pour faire croustiller le goûter avec des céréales soufflées (orge, riz, froment, épeautre et sarrasin) qui se mélangent au chocolat. “Afin d’être toujours le premier sur le marché, Ferrero met des barrières très élevées à l’entrée par son procédé industriel, ses brevets et la recette de ses produits. Nous devons apporter une véritable valeur ajoutée pour légitimer la prime de marque”, explique Jérôme Gray.



Cas concret d’innovation de rupture: Kinder Bueno. Lancé en 1991, ce produit est, par l’association de textures différentes, une innovation technique majeure: “Deux fines gaufrettes croustillantes enrobées de chocolat au lait, fourrées au lait et aux noisettes broyées”, vante alors la publicité. Ferrero est la seule société à posséder le secret de fabrication de cette recette, dont l’innovation tient aussi au fait que la qualité du produit est maintenue dans le temps, alors que d’habitude la gaufrette absorbe vite l’humidité et n’est plus croustillante. L’innovation est aussi commerciale.


saga des Distributeurs - 2001 - 2008

“Afin d’être toujours le premier sur le marché, Ferrero met des barrières très élevées à l’entrée par son procédé industriel, ses brevets et la recette de ses produits.”



Des messages de plaisir

Kinder Surprise, “des émotions toujours nouvelles”,
Kinder Bueno, “le plaisir qu’on s’offre pour les petites faims”,
Kinder Maxi, “la pause douceur des plus grands”,
Kinder Country, “fait du goûter le meilleur moment de la journée”,
“l’énergie qu’il faut pour les petits gourmands”,
Kinder Schoko-bons, “le petit bonbon gourmand au chocolat”,
Kinder Chocolat, “fait exprès pour les petits”,
Kinder Délice, “le gâteau rêvé du goûter” ou “Le goûter avec de la fête dedans!”,
Kinder Pingui, “au goûter on ne peut pas l’oublier”,
Kinder BuenoWhite, “le plaisirWhite pour les petites faims”,
Kinder Chocofresh, “du plaisir à partager!”,
Kinder Maxi-King, “L’en-cas frais qui change des autres en-cas”.

www.kindergouter.com
www.avecnoschampionsduballon.com
www.magic-kinder.com
www.jeukinder.com



La marque sort pour la première fois de son territoire enfantin pour proposer aux adultes un produit qui répond à leurs petites faims, montrant aussi que le nom d’une marque peut se libérer de sa sémantique et de sa cible d’origine. La campagne met en scène des salariés au moment de leur pause du matin. Ne sachant que choisir dans le distributeur automatique, l’une d’eux demande: “Vous ne connaissez pas Kinder Bueno ?” La barre la plus vendue en France est “le plaisir qu’on s’offre pour les petites faims”.

De l’épicerie à l’ultrafrais

En 1995, la marque double en volume, grâce à deux nouveaux produits: Kinder Pingui et Kinder Maxi. Kinder Pingui la sort de l’épicerie sèche et l’amène à l’univers de l’ultrafrais, avec une recette associant de la génoise avec une mousse de lait et du chocolat craquant. Le goûter de lait frais entier pasteurisé, sans colorant ni conservateur, devient “la première barre chocolatée fraîche”. Afin d’accompagner des consommateurs qui ont grandi, Kinder propose la même année Kinder Maxi, forme adulte de Kinder Chocolat (20 grammes au lieu de 10), proposée non plus au rayon des tablettes mais à celui des barres.

Après les enfants et les adultes, Kinder vise la famille. Lancé sur lemarché saisonnier avant d’investir le marché permanent, Kinder Schoko-Bons entre dans la catégorie des produits destinés à tous: ces bonbons en forme d’oeuf, au lait et éclats de noisette, enveloppés dans des papillotes orange, sont d’abord réservés, en 2000, aux périodes de fête (Noël et Pâques). Ils sont disponibles depuis 2001 toute l’année, au rayon confiserie. “Avec Kinder Schoko-Bons, nous séduisons les enfants par le chocolat, mais aussi les adultes, par sa texture. Les petits gourmands et les grands gourmets sont satisfaits et le caractère familial de la marque s’affirme”, explique Christophe Bordin, responsabledes relations extérieures.

En 2004, Kinder élargit son offre dans l’ultrafrais avec Schocofresh, le “premier rhinocéros de lait enrobé de chocolat au rayon frais”. D’abord commercialisé en Allemagne, le produit est rebaptisé Chocofresh en France. Illustration du souci de Kinder d’offrir une qualité toujours irréprochable, durant l’été, Ferrero France retire des points de vente ses produits les plus sensibles à la chaleur, dont Kinder Surprise. En contrepartie, Kinder Bueno White, proposé en série limitée l’été 2006, s’est vu assigner pour objectif de s’imposer en période estivale, moins propice à la consommation de chocolat. Grâce à sa recette au chocolat blanc et aux pépites meringuées au cacao, le produit résistemieux à la chaleur. Plébiscité par les consommateurs, il a rejoint la gamme permanente en 2007.


Film TV Kinder Fraise

“Avec Kinder Schoko-Bons, nous séduisons les enfants par le chocolat, mais aussi les adultes, par sa texture. Les petits gourmands et les grands gourmets sont satisfaits, et le caractère familial de la marque s’affirme.”

Marque locale, marque globale



Parallèlement aux produits permanents, Kinder propose une gamme saisonnière. Aux références incontournables, comme le calendrier de l’Avent pour Noël et l’oeuf géant pour Pâques, la marque ajoute les petits oeufs croustillants Kinder Softy ou les assortiments Kinder Friends et Kinder Mix, assortiments de mini-Kinder Country, Bueno, Chocolat et Schoko-Bons. Kinder Moulage, premier Kinder en forme de Père Noël, renforce la gamme hivernale, avec Kinder Pôle Express et Kinder la boule Christmas. “Chaque produit vient en complément des précédents: il n’y a pas de cannibalisation entre les territoires. Jamais un lancement ne donne une image vieillissante à ses prédécesseurs”, assure Jérôme Gray. Il est des innovations qui ne peuvent franchir les barrières culturelles.

Kinder Tranche au lait, lancé en France en 1999, rencontre un grand succès en Allemagne mais a du être retiré du marché français. Premier produit Kinder sans chocolat, il est fait de deux couches de génoises avec à l’intérieur mousse de lait, fleur d’oranger et miel. “Ce produit ne répond pas aux attentes des consommateurs français, car ils ne retrouvent pas le goût de chocolat Kinder mais ne le rangent pas dans la catégorie des yaourts, en raison de son goût demiel et de fleur d’oranger. La place des produits de four et des produits ultra frais est plus importante en Italie et en Allemagne qu’en France, où le rayon frais s’est structuré autour du yaourt et du dessert”, explique Jérôme Gray.



Kinder Tranche au lait, commercialisé seulement deux ans dans toute la France, l’est encore dans les régions frontalières de l’Allemagne. D’autres innovations appellent une retouche : lancé en 1999, Kinder Maxi King (gaufrette avec mousse de lait enrobée de chocolat), a rencontré un succès notable à son lancement mais sans lendemain, car la recette ne permettait pas au produit de tenir plus de trois semaines. Il connaît depuis 2006 une deuxième vie, grâce à une nouvelle recette. Surfant sur la vague du frais, Kinder devient liquide en 2004, avec Kinder Happy Time. Mais ce dessert gourmand, mélange de glace mixée et de lait qui se boit à la paille, contenu dans un cône en plastique, ne connaîtra pas le succès escompté. Hors de France, Kinder répond à des attentes liées aux goûts locaux.

En Italie, 50% des volumes de la marque sont réalisés par des produits du four (génoise consommée au petit déjeuner et au goûter). En Allemagne, les produits frais représentent le même pourcentage. “Il est difficile de tenir, en Europe, un discours homogène, avec une réalité si différente”, remarque Alain Klapisz, responsable études et recherches.



Un anniversaire événement

Pour les trente ans de Kinder Surprise, en 2005, une promotion événementielle a été proposée autour d’un oeuf géant de 32 centimètres sous la forme d’une boîte métallique de collection renfermant des surprises inédites, T-shirt et montre anniversaire… Une mécanique fondée sur un jeu simple et connu du consommateur: “gratte et gagne”. Si un objet apparaît sur la carte à gratter “Kinder voit tout en plus grand”, le consommateur le gagne en grandeur nature (monospace Citroën C5, château géant gonflables, karaoké Sony, ballon sauteur). Cette opération a été soutenue par un plan média puissant, et des PLV pour créer un climat d’anniversaire dans les magasins.


Un merchandising puissant grâce aux codes couleurs de la marque.

De la communication sur le produit à la communication institutionnelle

Depuis sa création, Kinder s’est construit comme une mosaïque à travers ses produits, chacun prenant la parole, avec son propre message. “Règle d’or depuis ses origines: la marque s’adresse, en tant que produit, aux enfants, mais elle parle d’abord à lamère, en laissant aux parents la possibilité d’exercer leur autorité sur l’alimentation de leurs enfants. Le style publicitaire souligne la valeur du produit sans être en situation de trop promettre”, résume Alain Klapisz. Un changement de cap survient cependant en 2003, quand Kinder, toujours fidèle à ses fondamentaux, prend en compte les préoccupations des Français en termes d’équilibre alimentaire. Un nouvel emballage résume le discours de la marque (“Kinder aime le lait”), décrit l’intérieur du produit par une photo en coupe et affiche le tableau nutritionnel. Un pictogramme indique le moment de la journée qui lui est adapté. L’image du verre de lait, réassurance de la marque depuis les premières publicités, disparaît en 2004(7).

Désormais, des enfants sont mis en scène, se dépensant au grand air. Toujours, en 2004, Kinder abandonne le petit écran lorsqu’il est consacré à des émissions regardées par plus de 25 % d’enfants de moins de dix ans. Depuis 2005, la marque prend la parole non seulement sur le plan des produits mais aussi sur le plan institutionnel. “La nouvelle promesse Kinder rend la marque plus pertinente, car elle prend en compte l’évolution des attitudes des Français au regard de l’obésité. Nous capitalisons sur la singularité de la marque, qui propose des produits de plaisir”, souligne Alain Klapisz.

La première campagne institutionnelle met en scène des ballons qui illustrent ses gammes. Symbole du jeu et du plaisir, le ballon est le jouet mythique des enfants, un peu comme l’est l’oeuf Kinder. Deuxième temps de prise de parole: en 2007, dans un contexte de lutte contre l’obésité, Kinder libère la notion de plaisir avec le slogan “Kinder, le plaisir est essentiel pour s’épanouir”. Si le plaisir est le message central de toute la gamme, chaque produit a son positionnement, autour d’une cible particulière ou d’un moment de consommation spécifique. Chacun explique en quoi il offre un plaisir par ticulier dans un moment lui aussi particulier (spécificité de la barre, spécificité du goûter…).


Didier Drogba

Ainsi de Kinder Chocolat, qui offre un plaisir spécialement adapté aux plus petits grâce au lait, qui ajoute de la douceur au goût. Autre exemple: la saga publicitaire Kinder Bueno avec le footballeur Didier Drogba ou le basketteur Boris Diaw, disputant avec un autre personnage le dernier Kinder Bueno d’un distributeur automatique. Cette communication illustre le plaisir singularisé par Kinder Bueno avecune touche de fantaisie et de gourmandise, pour répondre aux petites faims des adultes. “En quatre ans, observe Alain Klapisz, le niveau de confiance des mères progresse de 15 points, le niveau de sympathie de 20 points, le caractère différent de la marque au regard des autres de 16 points et le degré de proximité de 15 points. La marque a fortement enrichi son capital émotionnel, pour devenir une grande marque au-delà du discours de chaque produit. Et chacun bénéficie de la dynamique, en termes tant d’image que d’évolution des comportements d’achat.”

Ferrero France en quelques mots

Société implantée en France, à Rouen, en 1959.
Marques: Nutella, Ferrero Rocher, Tic Tac, Raffaello, Duplo et Mon Chéri.
Près demille salariés.
En 2006, un chiffre d’affaires de 928 millions d’euros.
Un chiffre d’affaires multiplié par 2,3 en dix ans.
Numéro un du marché des produits de chocolat (21 %de part demarché en valeur).
En 2006, septième société où il fait bon travailler en France, selon l’institut “Great Place to Work”.

Le plaisir par le sport

Le plaisir promu est également celui de jouer ensemble, de partager, de se dépasser, comme l’illustrent depuis plusieurs années de nombreux partenariats dans l’univers sportif, par lesquels Kinder promeut le bien-être et l’équilibre que procure la pratique régulière d’une activité sportive. A l’occasion de la Coupe du monde de football en France, en 1998, Kinder a soutenu les Bleus au travers de la promotion “Gagnez les champions”. Trente mille survêtements officiels de l’équipe ont été gagnés par les consommateurs.


Boris Diaw

Les joueurs se sont affichés sur les emballages : Barthez sur Kinder Bueno, Deschamps sur Kinder Country, Desailly sur Kinder Maxi, Djorkaeff sur Kinder Délice, et Zidane sur Kinder Chocolat et Kinder Pingui. Les écrans mettant en scène les champions ont été diffusés pendant la compétition. Kinder a récidivé avec la Coupe du monde 2006 : l’opération “Talents en herbe” a permis aux gagnants de vivre deux jours au Centre technique national de Clairefontaine. Depuis 2007, Kinder est aussi partenaire de la Fédération française de basket et de ses deux équipes nationales, féminine et masculine, pour trois ans(8). Cet engagement se traduit, dans la communication publicitaire, par la présence de Didier Drogba et de Boris Diaw pour Kinder Bueno. La marque est, bien entendu, présente autour des terrains de sport et dans de nombreuses compétitions internationales comme la Coupe de la ligue.

Les trente ans de Kinder Chocolat



Historiquement, le média privilégié par tous les produits Kinder a été la télévision. Réalisés d’abord en interne, chez Ferrero Italie, les films publicitaires destinés au marché français, le sont, à compter de 1980, par des agences françaises: Agence 154, FCB, Saatchi et Saatchi (groupe Publicis) en 2001, Louis XIV DDB en 2003, et depuis Providence. “Aujourd’hui, on constate une érosion de l’audience de la télévision. Les consommateurs fréquentent de plus en plus des médias différents”, remarque Alain Klapisz. Aussi Kinder Bueno prendil la parole en affichage, Kinder Surprise dans la presse et Kinder Chocolat sur Internet. “Pour les trente ans de Kinder Chocolat, ajoute Alain Klapisz, la marque est, pour la première fois, entre les mains des consommateurs.

Ce sont eux qui en parlent le mieux, et ils en parlent entre eux sur le réseau social Facebook.” Kinder opte pour une communication bottom up, relayée par une campagne d’affichage et de presse écrite, en lançant sur la Toile un casting de visages d’enfants baptisé “Le plus beau sourire d’enfant”. Du 1er janvier au 27 juillet 2008, les photos d’enfants de trois à dix ans déposées chaque semaine par les parents sur le site www.30anskinderchocolat.fr sont soumises aux votes des internautes la semaine suivante. A la fin de l’opération, un jury sélectionne trente finalistes. Quatre lauréats figureront sur le paquet de Kinder Chocolat Anniversaire Collector, commercialisé entre janvier et avril 2009. Ils succéderont, pour un temps, à Günter Euringer, ce jeune Allemand de dix ans qui incarna Kinder Chocolat de 1973 à 2005, avant d’être remplacé par un compatriote prénommé Helmut. A quand, un héraut, garçon ou fille, tournant comme la présidence européenne ?


Günter Euringer incarne Kinder de 1973 à 2005.

Kinder, nom commun ou marque notoire ?

En pays germanophones, la question a été tranchée différemment au nord et au sud du lac de Constance.

Nom commun. Le 20 septembre 2007, la Cour fédérale de justice de Karlsruhe (Allemagne) a jugé que le mot Kinder n’est pas une marque déposée. Ferrero avait tenté de faire interdire des produits du confiseur allemand Haribo ainsi que du groupe Zott, respectivement Kinder Kram (“trucs de môme”) et Kinderzeit (“le temps des enfants”), parce que leur nom contenait le mot Kinder. Or ce mot est “très utilisé dans la langue allemande puisqu’il signifie “enfants”, a observé la Cour. “Si la marque peut protéger l’image graphique du logo, un mot comme Kinder est trop commun pour qu’une marque se l’approprie”. Les produits d’Haribo et Zott peuvent donc demeurer dans les rayons, “leur emballage ne ressemblant en rien à celui des célèbres chocolats”, a conclu la Cour.

Marque notoire. En août 2007,la société suisse Jackson International Trading, qui fabrique des confiseries pour enfants, a voulu appeler un de ses produits Kinder Party. Elle a déposé une demande, en faisant valoir que le mot Kinder, qui désigne l’une des franges les plus importantes des consommateurs de confiseries, devait rester à la libre disposition de tous les fabricants. Le tribunal administratif fédéral l’a déboutée, en estimant que le nom Kinder est aujourd’hui attaché aux produits Ferrero, ce qu’attestent ses volumes de vente.

**********

1 - Dans sa première étude Kid’s Attitude sur les 6-14 ans, soit 6,5 millions d’enfants, l’institut Ipsos Observer s’est penché, en 2005, sur les préadolescents et sur leur rapport aux marques et à la publicité. Les Kgoys, acronyme, sont les“Kids Getting Older Younger”, des enfants qui entrent dans l’adolescence de plus en plus tôt identifiés par Kathleen McDonnell dans son livre Honey, We Lost the Kids paru en 2002 aux États-Unis.

2 - Les oeufs Kinder sont produits dans les usines d’Alba, de Stadallendorf (Allemagne), d’Arlon (Belgique), de Belsk (Pologne) et de Buenos Aires (Argentine).

3 - De 1993 à 1997, Nestlé s’est associé avec Disney en commercialisant, sur le plan européen, la “Boule Disney family”, sphère de chocolat au lait avec, à l’intérieur, une boule rouge en plastique dans laquelle était placée une figurine peinte à la main.”

4 - “Bei” pour “avec”, “pack”pour “emballer” et “Zettel”pour “morceau de papier”.

5 - Du Kinder Surprise considéré comme une oeuvre d’art (Arte, 2006). En s’appuyant sur le discours théorique de Marcel Duchamp, du critique d’art Thierry de Duve et de Nicolas Bourriaud, ancien codirecteur du Palais de Tokyo, Pascal Globot tente de déterminer, avec force images colorées, si ces figurines sont des productions artistiques au même titre qu’une toile exposée dans un musée.

6 - L’oeuf Kinder a suscité une kindermania. Il existe un magazine sur les surprises Kinder. Il est allemand et s’appelle Das Ei (“L’Œuf”). Des centaines de sites sont consacrés à la collection des surprises Kinder à travers le monde: www.magic-kinder.com pour entrer dans lemonde fantastique des Kinder Surprise; www.alixkinder.com, site recommandé par Ferrero; www.ksmaniak.com; c.k.s.free.fr; collections.listings.ebay.fr; kinderophile.com; le blog www.oeufs-kinder-surprise.com; jpvkinder.ifrance.com…

7 - Même si le lait entre à concurrence de 40 % dans la composition de certains produits. Exemple de slogan supprimé: ‘Dans 100 grammes de Kinder Chocolat, il y a l’équivalent d’un verre de lait.’

8 - Sur le plan local, Kinder, dont le siège social est à Rouen, est partenaire de deux équipes normandes de basket, le SPO Rouen et l’équipe de Saint-Thomas du Havre.

Cadeau de Mumu

Publié à 15:51 par acoeuretacris

 

MA PTITE MIMI ,JE T'AI TROUVE UNE NEUF BOX TOUTE NEUVE.C'EST CADEAU ,PAS BESOIN D'ATTENDRE VENDREDI ET GRATUIT.GROS BISOUUUUUUUUUUUS.Mumu.

 

 

non, non, je sais Mumu que c'est pas du "foutage de gueule" ton joli cadeau !!! lol

mais celui ci... je le retourne à l'envoyeur !!!! elle fonctionne pas la neuf box !!!

Merci ma Mumu pour ton humour et ta gentillesse...  je te fais de gros bisous....

 

 

 

Bonjour à tous...

Publié à 12:08 par acoeuretacris
Bonjour à tous...

Un petit coucou !!!

j'ai retrouvé ma connexion... oufff !!!

image

me voilà de nouveau parmi vous.....

je vous fais de...

image

 

 

Insectes... - La mouche - Enfin vous allez savoir...

Publié à 15:20 par acoeuretacris Tags : insecte mouche
Insectes... - La mouche - Enfin vous allez savoir...

 

 

Comment les mouches posent leurs "chiures" au plafond...

Comme vous le savez, les mouches peuvent se déplacer sur n’importe quelle surface et dans n’importe quelle position sans tomber.
Leurs pattes se terminent par un tarse de cinq articles dont le dernier est terminé par de minuscules griffes.
Chaque griffe est constituée d’une sorte de raquette hérissée de poils raides. Les poils peuvent s’élargir pour former un disque minuscule qui est lubrifié par une substance adhésive.

Par contre, on peut se demander comment la mouche, accrochée au plafond, arrive à y déposer ses excréments sans que ces derniers ne tombent au sol.

Cet exploit est possible grâce aux pattes postérieures.

Lorsque la mouche va faire ses besoins, elle replie ses pattes postérieures, arque son abdomen jusqu’à faire toucher le plafond à son rectum.


mouche-12e50ee.jpg



Elle dépose alors sa chiure en la faisant adhérer au plafond.

 

 

061-12e5147.jpg

La digestion s’accompagne souvent de flatulence. Les mouches ne font pas exception à la règle. Elles pètent comme tous les autres animaux.
Une étude très sérieuse a d’ailleurs été menée dans les années 1980 sur les pets chez les diptères.


Animaux - Insectes... - La mouche - une guerre....

Publié à 14:56 par acoeuretacris Tags : guerre mouche insecte animaux
Animaux - Insectes... - La mouche - une guerre....

 

 

 

La mouche - Une guerre permanente avec l’homme



Sans cesse tourbillonnante, la mouche est un insecte insupportable par sa persévérance. Elle nous évoque la décomposition, la pourriture et les maladies.
Depuis la nuit des temps, l’homme tente vainement de se débarrasser des mouches. De fait, porteuse de germes en tout genre, la mouche a tué plus d’hommes que tous les conflits réunis.

Le combat que nous menons contre les mouches semble vain tant cet insecte est résistant et capable de s’adapter à toutes les situations.



La mouche est supérieure à l’homme



Et oui, notre arrogance et notre orgueil sont mis à rude épreuve face à un tel concurrent. Nous qui sommes si persuadés de notre supériorité dans tous les domaines, nous nous retrouvons bien démunis face à cet ennemi irréductible et indestructible.
Parmi les Diptères, certains ont une résistance à toutes épreuves. C’est le cas des Chironomes. Les larves de Polypedilum vanderplanki chauffées à 148°C survivent ou que 20% des larves de mouches chauffées à 200°C ne s’en portent pas plus mal.

 

mouche-d-8-12e497d.jpg


Puparium de mouche



On peut également immerger ces larves dans de l’hélium liquide sans que cela contrarie leur métamorphose en mouches adultes.

Sans notre technologie, nous sommes très fragiles dans les environnements extrêmes. Ce n’est pas le cas de la mouche.
Chez plusieurs espèces, les larves prospèrent dans des eaux glacées ou à l’inverse avec des températures que nous ne pourrions supporter.
Les mouches ont également élu domiciles dans des lacs salins.

 

mouche-d-3-12e4e6d.jpg

Les mouches s'adaptent à tous les environnements.

Helaeomyia petrolei ( Syn.Psilopa petroliti ) a été baptisée « mouche du pétrole ». Cette espèce a été découverte en 1899 par l’entomologiste canadien D.W Coquillet.
Cette espèce a la particularité d’effectuer son développement immergée dans le pétrole brut. Après 4 semaines passées dans le pétrole, les larves s’installent dans la végétation environnante et se métamorphosent en pupes, puis en mouches adultes.

Les Don Juan de pacotille peuvent aller se rhabiller. Dans le domaine amoureux, aucun mâle ne peut concurrencer la mouche.
Notre chère mouche domestique est la reine de l’érotisme en plein vol. L’accouplement de Musca domestica s’effectue toujours dans les airs. La femelle donne le signal suivie à moins de 10 cm par le mâle.
Une véritable poursuite amoureuse se déroule et le mâle doit entre deux loopings rattraper la belle pour l’honorer.
Toutes les espèces ne se reproduisent pas en vol mais toutes ont un appétit insatiable en amour.



Chez l’homme, les cinq sens sont plutôt médiocres.


Notre vue est bien faible en comparaison avec de nombres autres espèces animales. Un processus complexe se déclenche chaque fois que vos yeux perçoivent un objet ou un mouvement. Ce processus est particulièrement sophistiqué chez la mouche.

Si la mouche arbore de si grands yeux, c’est bien pour s’en servir. Les yeux d’une mouche sont constitués de 3000 lentilles individuelles qui lui permettent de voir sur 360°. Les deux yeux ont 48 000 capteurs.
Seuls les mouvements sont perçus de manière très précise.

mouche-d-18-12e4e8e.jpg
Les yeux d’une mouche sont constitués de 3000 lentilles individuelles.

La mouche a une vision du monde totalement différente de la nôtre puisqu’elle possède une vision panoramique mais également mosaïque.
Cela signifie que si une mouche regarde votre steak avec avidité, elle ne voit pas un morceau de viande mais une quantité d’images comme si votre steak avait été découpé puis photographié en mille morceaux.

La mouche décompose chaque mouvement et elle gère ainsi 200 images par seconde tandis que l’œil humain n’en gère que 12 par seconde.

Il n’y a rien de plus agaçant qu’une mouche qui vous harcèle et vous avez beau employer toutes les stratégies possibles pour exterminer l’indésirable, rien n’y fait, la tortionnaire semble avoir toujours une longueur d’avance.
Elle s’envole toujours in extremis en vous narguant.

yeux_holcocephala_fusca.jpg
La mouche gère 200 images par seconde.

C’est que Dame mouche n’a nul besoin de tourner la tête pour percevoir tous les mouvements et tous les changements d’intensité lumineuse.
N’importe quel mouvement est perçu de manière instantanée.

La vue des mouches est étudiée afin d’essayer d’en reproduire le fonctionnement dans des circuits électroniques. Parmi les différentes applications possibles, les chercheurs tentent de concevoir les futurs pilotes automatiques des véhicules.

La mouche était là avant nous

Après tout, mettez-vous à la place de la mouche. L’homme est territorial et devient vite agressif quand un intrus a le toupet de vouloir s’installer sur son domaine.
Seulement voilà, la mouche était là bien avant nous.

Les premiers insectes ne possédaient pas d’ailes puis au Carbonifère, les premières formes ailées sont apparues.

Toujours au Carbonifère, survinrent les Protoorthoptères, ancêtres beaucoup plus grands de nos blattes actuelles ainsi que les premières sauterelles.

 

abei_001-12e4edb.jpg


Un insecte fossilisé dans l'ambre oligocène de la Baltique. Liverta

Les vraies Libellules (Odonates) apparurent au Permien en même temps que les Coléoptères qui est aujourd’hui le plus grand ordre de la classe des insectes et regroupe plus de 350 000 espèces.

Les Lépidoptères (Papillons) se développèrent après l’apparition des plantes à fleurs, au Jurassique en même temps que les guêpes et les abeilles (Hyménoptères).

 

papillon-d-1-12e4efb.jpg


Les Papillons se sont développés au Jurassique.

Les Fourmis sont arrivées à l’Eocène, peu de temps après les Termites.

Enfin, les premiers Diptères, ordre auquel appartiennent les mouches, remontent au début du Jurassique.
Cet ordre englobe également les Moustiques ou les Taons.

Au Jurassique, les dinosaures régnaient en maître et les Mammifères se faisaient le plus discret possible.

Notre règne en tant que prédateur absolu est très récent. Alors pourquoi les mouches battraient-elles en retraite, elles qui ont survécu à tous les changements climatiques et tous les grands bouleversements qui agitent notre planète depuis sa naissance ?

La lutte est inégale
On peut dire que l’homme a utilisé tous les moyens possibles et inimaginables pour venir à bout de ces enquiquineuses.
Parmi les produits utilisés, citons le souffre et l’arsenic, la citronnelle, les clous de girofle et beaucoup d’autres répulsifs naturels.

 

mouche-d-2-12e4f30.jpg


La mouche semble indestructible.

Au Moyen Age, l’eau bénite était commercialisée comme insecticide car ces insectes étaient considérés comme les messagers du Diable.

La moustiquaire, initialement destinée à se protéger des mouches, a été inventée par les Japonais au 19e siècle.

Dès le 19e siècle, la tapette ainsi que le tue-mouches sont largement utilisés. Certains champignons ont fait office de tue-mouches. C’est le cas d’Amanita muscaria, communément appelée amanite tue-mouches ou fausse oronge. Ce champignon est extrêmement toxique et soluble dans l’eau.
Le chapeau de ce champignon contient un composé appelé la muscarine qui, mélangé à d'autres composés, est un puissant hallucinogène du suc. Plusieurs peuplades de Sibérie utilisent ce champignon pour confectionner une mixture réservée aux chamans. Grâce à elle, ils entrent en relation avec les esprits.

 

amanite-tuemouches-12e4f5c.jpg


Amanite tue-mouches (Amanita muscaria). image Michael Maggs.

L’autre champignon utilisé est l’Empusa muscae ( reclassé comme Entomophthora muscae) qui transmet aux mouches domestiques l’équivalent d’un « virus » et provoque de véritables épidémies au sein des populations.
Ce champignon envahit l’insecte de son mycélium (partie végétative des champignons) ce qui équivaut à une condamnation à mort.
Ce n’est pas étonnant que dans la mythologie grecque, l’empusa soit un démon femelle, créature fantastique et diabolique reprise dans la Bible avec l’empuze.

Différents pièges mécaniques ont également été inventés comme les « pièges à sucre ». Le mécanisme est le même que pour les pièges à rats ou souris.

La guerre chimique a commencé dès le 19e siècle. En 1964, une firme pétrolière a même commercialisé une peinture tue-mouches.
La Magicide était une peinture en apparence inoffensive mais qui contenait un insecticide. Ce produit était sensé foudroyer toute mouche s’y posant.
Le produit miracle a rapporté beaucoup d’argent mais n’était qu’une vaste fumisterie.

 

mouche-d-15-12e4f9b.jpg


Mouche à vinaigre. Drosophila.sp.

Dans les années 1940, un chimiste suisse mis au point le Dichloro Diphényl Trichloréthane ou D.D.T.
Les premières vaporisations sont très encourageantes et des milliards d’insectes sont décimés. Depuis 1945, plus de 2,5 Mt de D.D.T. ont été répandues dans le monde entier. La biodégradation demande 20 ans et le produit, toxique pour l’homme, s’accumule le long des chaînes alimentaires. Le D.D.T. est en pratique interdit à la vente en France depuis 1971.
De plus, en très peu de temps, les mouches ont acquis une immunité contre la plupart des insecticides dont le D.D.T.
Donc, non seulement, nous nous sommes nous-mêmes empoisonnés mais en plus, nous avons permis aux mouches de réveiller des « gènes en sommeil » qui leur permettent de lutter encore plus efficacement contre les insecticides.
Actuellement, on trouve sur nos étals des insecticides sous diverses formes qui sont plus ou moins efficaces.

De toutes façons, la mouche rigole de toutes nos tentatives car pour une mouche tuée c’est toute une armée qui ne va pas tarder à riposter.

En une seule ponte, notre mouche domestique donne naissance à 150 larves dont environ 70% de femelles. Au cours de son existence, cette mouche aura six pontes en moyenne. Chaque femelle met donc au monde 900 mouches au cours de sa vie.
Cette mouche est loin d’être la plus féconde.
Certaines espèces peuvent pondre au cours de leur vie environ 5000 œufs.

Les cinq continents ont été colonisés par des armées constituées de milliards d’individus. Pourtant 95% des larves n’atteignent jamais le stade adulte.
Les aléas climatiques et les prédateurs font office de régulateurs des populations.

C’est pourquoi tout déséquilibre écologique provoqué par l’homme peut rapidement se transformer en catastrophe.
Les oiseaux, les poissons, les araignées, les guêpes et les amphibiens sont les seuls véritables prédateurs des mouches.

En détruisant l’habitat de ces prédateurs et en provoquant l’extinction de nombreuses espèces, nous rendons service aux mouches.
De plus, la démographie galopante va de paire avec l’augmentation des déchets qui permettent aux mouches de proliférer.
Elles se délectent de nos déjections et de nos ordures.

Malheureusement pour nous, elles ne nous en sont pas reconnaissantes et continuent, actuellement, a décimé les populations, notamment en Afrique et en Asie mais également en Amérique du Sud.
L’Amérique du Nord et l’Europe sont loin d’être épargnées par le danger. Plusieurs attaques massives se sont déjà produites dans le passé.
Ceratitis capitata (Mouche à fruit ou Mouche méditerranéenne des fruits), une mouche originaire d’Afrique, a parcouru des milliers de kilomètres pour envahir l’Europe à la fin du 19e siècle puis l’Amérique du Nord tout au long du 20e siècle.
Elle a également proliférée en Amérique du Sud.

Ces mouches ont détruit une bonne partie des vergers en Californie dans les années 1980. Ce sont les larves qui sont destructrices car elles se développent dans les fruits et se nourrissent de la pulpe.

En 1983 la cératite a été supprimée du Mexique par la technique des insectes stériles; technique employée également en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Elle est cependant toujours virulente à Hawaï et en Afrique du Nord.

 

mouche-d-16-12e4fe4.jpg


La mouche devient une alliée de l'homme bien malgré elle.

Cette guerre, que pour le moment nous avons perdu, est loin d’être terminée. Il est d’ailleurs douteux que nous ne la gagnions jamais.

Cependant, bien malgré elles, les mouches servent l’homme dans de nombreux domaines comme la médecine.

Animaux - Insectes... - Mouche bleue . Mouche verte -

Publié à 14:41 par acoeuretacris Tags : mouche verte insecte animaux
Animaux - Insectes... - Mouche bleue . Mouche verte -

Parmi les insectes qui provoquent notre répulsion, la mouche bleue et la mouche verte sont en bonne place. Ce nom commun de mouche bleue ou mouche verte regroupe en réalité de nombreuses espèces de mouches de la famille des Calliphoridae.
Ces mouches sont réputées pour pondre leurs œufs dans les charognes ou les excréments.

La mouche domestique (Musca domestica) est une autre espèce, également très répandue, mais qui ne fait pas partie de la même famille.


La famille des Calliphoridae

Cette famille qui appartient à l’ordre des Diptera comprend plus de 1 500 espèces de mouches.
Leur taille varie de 5 à 20 mm. Elle regroupe notamment la mouche bleue et la mouche verte. Elles sont présentes un peu partout dans le monde surtout dans les régions tempérées et tropicales.

Les femelles pondent leurs œufs sur les substances organiques en décomposition, la viande, le fumier ou les excréments.
De nombreuses espèces pondent sur l’homme ou le bétail et transmettent des maladies.
Lucilia sericata, par exemple, pond sur la laine des moutons et ses larves percent la chair.

 

mouche-d-1-12e4cd5.jpg


Il existe plus de 1500 espèces de mouches de la famille des Calliphoridae. Ici, des Lucilies bouchères. USDA

On en a utilisé en chirurgie pour enlever les tissus morts et beaucoup d’espèces ont une grande importance du point de vue médical.
L’asticothérapie consiste à soigner les plaies au moyen d'asticots de l’espèce Lucilia sericata.

Les larves, saprophages, peuvent vivre en parasites dans les blessures ouvertes des vertébrés, y compris l’homme. Selon les espèces, les larves peuvent être hématophages c’est-à-dire qu’elles sucent le sang.

Portrait de la mouche bleue ou verte

Ces mouches sont trapues et présentent un reflet métallique bleu ou vert. Nous connaissons particulièrement bien, Calliphora vicina, qui fréquente davantage les villes. A la campagne, l’espèce de mouche bleue la plus commune est Calliphora vomitoria.

 

mouche_bleue_09-12e4cf2.jpg


Calliphora vomitoria. image Freebird 4

Calliphora vicina mesure de 5 à 12 mm. Son thorax est recouvert de soies. Elle possède au bout des pattes de minuscules griffes. Ses joues (genae) rousses sont garnies de poils noirs.
Calliphora vomitoria est une espèce très proche mais un peu plus grande. Ses joues ont des poils roux.

La distribution de ces deux espèces est très cosmopolite.

Dès qu’une mouche bleue ou verte se pose sur un morceau de viande ou sur un cadavre, les pièces buccales aspirent les sucs nutritifs.
Ces mouches sont omnivores. Elles sont attirées par les fleurs, les charognes ou les aliments frais.

 

mouche-d-5-12e4d41.jpg


Cochliomyia hominivorax

L’existence d’un adulte est très brève et ne dépasse pas une quinzaine de jours. C’est donc un insecte éphémère mais qui peut proliférer d’une façon prodigieuse quand les conditions sont remplies.
Une nourriture abondante est l’un des critères de cette prolifération.

Bien que mal-aimées par l’homme, ces mouches jouent un rôle dans l’équilibre de leur environnement. En effet, elles recyclent les matières animales mortes.

Le cycle biologique

Ce n’est pas seulement pour se nourrir que la mouche bleue recherche la viande. En réalité, c’est surtout pour y pondre ses très nombreux œufs.
Calliphora vomitoria peut pondre des centaines d’œufs durant sa courte existence.

Ces œufs sont déposés par paquets de 10 ou 20 collés les uns aux autres à la surface de la viande ou près d’un orifice sur un cadavre.

Les larves, appelées asticots, sont d’ailleurs utilisées par les pêcheurs. Elles se nourrissent pendant une semaine de cette viande putréfiée puis s’éloignent. Leur peau s’épaissit jusqu’à former une sorte de tonnelet qui constitue le cocon dans lequel s’effectue la métamorphose.
Le développement est très rapide. Un mois après la ponte, l’adulte sort de sa chrysalide.

On peut rencontrer cette mouche bleue toute l’année, sauf l’hiver, car plusieurs générations se succèdent. Elles pénètrent dans les maisons car elles savent qu’elles y trouveront toutes les substances organiques en décomposition nécessaires à leur cycle de reproduction.

Animaux - Insectes - La Mouche tsé-tsé

Publié à 14:20 par acoeuretacris Tags : mouche tsé tsé insecte animaux
Animaux - Insectes - La  Mouche tsé-tsé

Le nom générique de mouche tsé-tsé désigne plusieurs redoutables mouches du genre Glossina qui transmettent des maladies à l’homme et au bétail.
Parmi ces maladies, la plus connue est la maladie du sommeil qui continue à faire des ravages en Afrique.

Ces mouches ne sont présentes que sur le continent Africain. En Europe ou en Amérique du Nord, les espèces les plus répandues sont la mouche domestique et les mouches qui font partie de la famille des Calliphoridae comprenant notament les mouches bleues et vertes.

Portrait de la mouche tsé-tsé

Tsé-tsé nous vient d’un dialecte bantou de l’Afrique équatoriale. Cette région est le cœur végétal de l’Afrique, arrosée par le Congo et ses affluents. C’est le berceau humide des tiques, moustiques et autres animaux peu sympathiques.

La mouche fait partie de l’ordre des Diptères qui regroupent 122 000 espèces d’insectes.
Si les Diptères sont d’indispensables pollinisateurs et prédateurs, beaucoup s’attaquent aux cultures. Parmi eux, Glossina morsitans, ou mouche tsé-tsé, est l’une des vectrices du trypanosome causant la maladie du sommeil.

Il existe plusieurs espèces de mouches qui peuvent transmettre de redoutables maladies. Ce sont des mouches suceuses de sang, chez lesquelles les pièces buccales sont transformées en trompe piquante.

Ces diptères bruns ou gris transmettent également le « nagana » aux animaux.

mouche-tsetse-12e4b30.jpg

Mouche tsé-tsé. Glossina sp. image Omeuceu .


Comme beaucoup de mouches, les tsé-tsé pondent des œufs isolés. Les larves (ou asticots) s’enfoncent dans le sol et il leur suffit de quelques heures pour se transformer en nymphes à l’intérieur d’un fin tonnelet brun.
L’adulte émerge au bout de quatre semaines et peut s’envoler.

Les glossines sont des mouches strictement africaines. Elles ont besoin de chaleur (25 - 30 °C) d’humidité et d’ombre (arbres et fourrés).

Il existe plusieurs espèces :

Dans la zone Ouest: glossines du groupe G. palpalis (G. palpalis, G. tachinoïdes, G. fuscipes), elles vivent en forêt, sont surtout anthropophiles

Dans la zone Est: glossines du groupe G. morsitans (G. morsitans, G. pallipides, G. swynnertoni), elles vivent en savane (arbustes et hautes herbes, gibier abondant)

La maladie du sommeil

Les mouches de la famille des Glossines sont des agents transmetteurs de divers trypanosomes, tous parasites du sang.
Ces organismes unicellulaires, microscopiques, sont les vrais auteurs des maladies dites « de la tsé-tsé », de la dourine chez les équidés (cheval, âne, zèbre), aussi bien que de la maladie du sommeil chez l’homme.
Cette maladie est due à des parasites appartenant au genre Trypanosoma : Trypanosoma gambiense ou Trypanosoma rhodiesense.

 

mouche-d-12-12e4b8b.jpg


Glossina. sp.

L'incubation de la maladie est silencieuse et de durée variable (de quelques semaines à plusieurs mois ou années). Elle s'accompagne parfois quelques jours après la piqûre d'une lésion ressemblant à un furoncle.

Les symptômes de la maladie du sommeil sont nombreux : forte fièvre, des troubles nerveux, amaigrissement, crampes, névralgies, dépression, apathie, inversion du nycthémère (d'où le nom de maladie du sommeil), impuissance, frigidité.

En l'absence de traitement, le malade sombre dans le coma.
Les mouches tsé-tsé ne sont que les vecteurs aériens de ces protozoaires déclencheurs d’épidémies.
On peut les qualifier d’insectes bombardiers.

Le pouvoir d’acclimatation de ces mouches et leur rayon d’action sont tels qu’elles ont contaminés une grande partie de l’Afrique.
Ces insectes sont l’un des pires fléaux de l’Afrique noire.

Un espoir en Afrique

Cela fait plus de six ans que la mouche tsé-tsé a disparu de Zanzibar. C’est un scientifique canadien qui a vaincu la mouche tsé-tsé dans cette région
En conséquence, la production de lait a triplé et la production locale de boeuf a doublé.

M. Dyck a utilisé la technique de stérilisation des insectes. Cette technique interrompt le cycle de reproduction des insectes en stérilisant les mâles par radiation, puis en les relâchant dans les régions touchées.
Il aimerait maintenant appliquer la technique de stérilisation des insectes dans d'autres régions africaines touchées par la mouche tsé-tsé.

 

mouche-tsetse-3-12e4bb8.jpg


Mouche tsé-tsé.

En effet, en Afrique subsaharienne, la trypanosomiase ou "maladie du sommeil" ou nagana, reste très répandue. D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 60 millions de personnes sont menacées par cette maladie, et 500 000 environ ont déjà été contaminées.

Dans la région qui s'étend du sud du Soudan à l'Angola et comprend la République démocratique du Congo, la maladie du sommeil est, d'après l'OMS, la principale cause de décès, devant le VIH/sida. Bien qu'un patient atteint de trypanosomiase ait de grandes chances de se rétablir si la maladie est diagnostiquée rapidement, 80 % des personnes contaminées finissent par en mourir, faute de dépistage et de soins, et 3 millions d'animaux d'élevage succombent également tous les ans.