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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
5848 articles
Le théâtre sanscrit, Kutiyattam
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Inde
(UNESCO)
Le kutiyattam, théâtre sanscrit de la province du Kerala, est l’une des traditions théâtrales vivantes les plus anciennes de l’Inde. Apparu il y a plus de 2000 ans, il est à la fois une synthèse du classicisme sanscrit et le reflet des traditions locales du Kerala. Dans son langage théâtral stylisé et codifié, l’expression des yeux (neta abhinaya) et la gestuelle (hasta abhinaya) jouent un rôle fondamental en cristallisant l’attention sur les pensées et les sentiments du personnage principal. Les acteurs doivent se soumettre à une formation rigoureuse de dix à quinze ans pour devenir des acteurs dignes de ce nom et acquérir une parfaite maîtrise de la respiration et des subtils mouvements des muscles du visage et du corps. Tout l’art consiste à développer une situation ou un épisode dans ses moindres détails, à tel point que la représentation d’un seul acte peut durer plusieurs jours et la pièce entière, jusqu’à 40 jours.
Le kutiyattam est traditionnellement représenté dans des théâtres appelés Kuttampalams, aménagés à l’intérieur des temples hindous. Réservées à l’origine à un auditoire restreint en raison de leur caractère sacré, les représentations se sont progressivement ouvertes à des publics plus larges. La charge de l’acteur conserve cependant une dimension sacrée, comme en témoignent les rituels de purification auxquels il se soumet préalablement ou la lampe à huile qui brûle sur la scène, symbolisant la présence divine. Les acteurs de sexe masculin transmettent à leurs élèves des manuels d’art dramatique extrêmement détaillés qui sont restés jusqu’à une époque récente la propriété exclusive et secrète de certaines familles.
Avec la fin de l’ordre féodal et la disparition concomitante du mécénat au dix-neuvième siècle, les familles qui détenaient les secrets des techniques dramatiques se sont trouvées confrontées à de sérieuses difficultés. Malgré un renouveau au début du vingtième siècle, le kutiyattam doit aujourd’hui de nouveau faire face à un manque de moyens financiers entraînant une sérieuse crise au sein de la profession. Dans ces circonstances, les institutions responsables de la transmission de la tradition ont uni leurs efforts afin d’assurer la continuité de ce théâtre sanscrit.
Aarati
Offrande et gratitude
Lumière et chant védique sur le Gange
La tradition du chant védique
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : Inde
(UNESCO)
Les Veda sont un vaste corpus de poésie sanscrite, de dialogues philosophiques, de mythes et d’incantations rituelles élaboré et composé par les Aryens il y a plus de 3 500 ans. Considérés par les hindous comme la source première de toute connaissance et le fondement sacré de leur religion, les Veda incarnent l’une des traditions culturelles les plus anciennes encore vivantes aujourd’hui.
Le patrimoine védique rassemble de très nombreux écrits et interprétations répartis en quatre Veda couramment appelés « livres de la connaissance », bien qu’ils aient été transmis oralement. Le Rig Veda est une anthologie d’hymnes sacrés ; le Sama Veda contient des arrangements musicaux des hymnes du Rig Veda et d’autres sources ; le Yajur Veda réunit les prières et formules sacrificielles utilisées par les prêtres ; et l’Atharna Veda est un ensemble d’incantations et de formules magiques. Les Veda offrent également un véritable panorama historique de l’hindouisme et éclairent les origines de plusieurs concepts artistiques, scientifiques et philosophiques, comme celui du zéro.
Exprimés en langue védique issue du sanscrit classique, les vers des Veda étaient traditionnellement chantés pendant les rituels sacrés et récités quotidiennement dans les communautés védiques. La valeur de cette tradition ne réside pas tant dans le riche contenu de sa littérature orale que dans les techniques ingénieuses employées par les brahmanes pour préserver les textes inchangés au fil des millénaires. Pour que le son de chaque mot demeure intact, les praticiens apprennent dès l’enfance des techniques complexes de récitation fondées sur l’accent tonal, une manière unique de prononcer chaque lettre et des combinaisons spécifiques de discours.
Bien que les Veda continuent de jouer un rôle important dans la vie des Indiens, seules treize des plus de mille branches védiques qui existaient jadis ont survécu. Quatre écoles védiques réputées – Maharashtra (dans le centre de l’Inde), Kerala et Karnataka (dans le sud) et Orissa (dans l’est) – sont en outre considérées comme menacées d’une disparition imminente.
La tradition du théâtre dansé Cocolo
Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Pays : République dominicaine
(UNESCO)
La tradition du théâtre dansé Cocolo s’est développée parmi les descendants d’esclaves des Caraïbes britanniques venus en République dominicaine au milieu du dix-neuvième siècle pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Cette communauté, linguistiquement et culturellement distincte, a fondé ses propres églises, écoles, sociétés de bienfaisance et services d’entraide. L’une de leurs expressions les plus spécifiques sont les représentations annuelles de théâtre dansé. Le terme « Cocolo », qui désigne les ouvriers immigrés travaillant dans les plantations britanniques, avait à l’origine une connotation péjorative. Il est aujourd’hui utilisé avec fierté.
Diverses troupes de théâtre Cocolo donnaient des représentations à Noël, le jour de la Saint-Pierre et pendant le carnaval. Chacune mélangeait avec inventivité des thèmes issus de mondes divers : musiques et danses d’origine africaine et intrigues dramatiques, légendes et héros empruntés à la littérature médiévale européenne et à la Bible. On pouvait ainsi entendre des chants de Noël et des orchestres d’instruments à cordes grattées, assister au fameux Niega business avec bal masqué ou à des représentations théâtrales telles que « David et Goliath », « Moko-Yombi » ou « Cowboys et indiens ». Il ne reste, à l’heure actuelle, qu’une seule troupe d’acteurs très âgés.
Ce métissage de traditions africaines et britanniques, et leur adaptation au milieu catholique espagnol, est l’expression d’une extraordinaire créativité. Si les membres les plus âgés de la communauté Cocolo parlent encore l’anglais des Caraïbes chez eux, la plupart ont pourtant perdu leur ancienne langue maternelle au bénéfice de l’espagnol. Actuellement dispersée dans différentes régions de la République dominicaine, la communauté Cocolo est largement assimilée. De ce fait, il est devenu difficile aux plus vieux de maintenir leurs institutions et de garder vivante cette tradition de théâtre dansé. Mais ils s’efforcent tant bien que mal de transmettre la tradition aux générations plus jeunes.
Vous êtes né avec un potentiel.
Vous êtes né pour la bonté et la confiance.
Vous êtes né avec des idéaux et des rêves.
Vous êtes né pour accomplir de grandes choses.
Vous êtes né avec des ailes.
Vous n'êtes pas fait pour ramper,
alors ne le faites pas.
Vous avez des ailes.
Apprenez à les utiliser et envolez-vous.
(Jalâl ud Dîn Rûmî)
Estuaire de la Gironde
Un estuaire est la portion de l'embouchure d'un fleuve où l'effet de la mer ou de l'océan dans lequel il se jette est perceptible. Pour certains, il correspond à toute la portion du fleuve où l'eau est salée ou saumâtre, pour d’autres, c'est la présence de l’effet dynamique de la marée sur les eaux fluviales qui le définit. Par convention, on ne parle pas d'estuaires pour les fleuves qui se jettent dans des mers fermées qui n'ont pas de marée.
L’estuaire est un écotone (zone de transition écologique entre deux écosystèmes) mouvant dont les limites sont d’appréciation délicate. Elles s’apprécient généralement sur l'analyse du mouvement des masses d’eau douces et salées, sur la base du flot principal ou moyen de la marée.
Estuaire de la Loire
Chaque estuaire est un système physique et écologique dynamique et unique, incluant des zones humides, des méandres sans cesse remodelés au gré des courants, des charges de matières en suspension apportées par le fleuve, et selon la nature du contexte géologique et du bassin versant, le climat, les vents et les interventions humaines historiques et contemporaines. L’estuaire est aussi le lieu où la force du fleuve est ralentie. Certains polluants s’y sédimentent préférentiellement et peuvent s’y concentrer.
L’Homme a cherché à maîtriser les estuaires en fixant les berges et les chenaux, en y construisant de coûteuses digues, parfois immergées. Pour ce faire il a mobilisé les sciences naturalistes, comme les mathématiques (modélisation) et la physique (dynamique des fluides et des matériaux). Depuis quelques décennies, les sciences sociales et économiques sont également appelées par les aménageurs, notamment pour y résoudre les conflits d’usages (chasse, pêche, tourisme, promenade, loisirs, nautisme, plongée sous-marine, pêche à pied, activités portuaires, etc.).
C’est le seul écosystème où la modification altimétrique de la ligne d’eau biquotidienne varie dans le temps et dans l’espace, en même temps que la salinité et la turbidité. On y trouve des espèces marines, des espèces d’eau douces et des espèces endémiques aux estuaires. Quand la pollution et la surpêche ne la surexploitent pas, la biomasse produite y est exceptionnellement importante. Les estuaires sont à l’origine de nombreuses chaînes alimentaires, et sont une zone de reproduction et de nourrissage irremplaçable pour nombre d’espèces. Parfois, les riches deltas sédimentaires ont été dédiés à la culture (delta du Nil, Bengladesh, Camargue en France…).
Marais de Camargue
Tous travaux d’aménagement en aval ou amont peuvent avoir un impact différé dans l’espace et dans le temps, sur les flux, sur les courants, sur les vasières, sur la sédimentation, sur le mouvement et l’importance ou la qualité du bouchon vaseux et parfois sur la sécurité des usagers.
Vasière
Issu du latin aestuarium (« lieu où le flux pénètre », mais aussi « étang maritime où l'on nourrissait du poisson ») de aestus (« flux de la mer »). Le mot apparaît en France au XVe siècle, mais il ne figure dans les dictionnaires qu’au XVIIIe siècle. De la même racine latine est issu étier .
Le mot espagnol estuario se traduisait non par estuaire mais par « barre », mot désignant la vague créée par la rencontre de l’onde du fleuve descendant et de la marée.
Le bouchon vaseux est créé par la rencontre des eaux douces chargées de matière en suspension et de nutriments en solution et des eaux marines salées. Zone de turbidité maximale, il migre au rythme des marées. Sa taille et sa position évoluent selon les conditions hydrodédimentologiques propre à l'estuaire et selon des facteurs tels que température, ensoleillement, débits, cycles de marée, pollutions, et en fonction des pratiques humaines ou de l'évolution naturelle du bassin hydrographique, très en amont (fonte des neiges, pluies intenses, renaturation ou au contraire imperméabilisation, pratiques agricoles érosives et forestières (labours, désherbage, coupes rases…), pollutions, travaux de curage… qui exacerbent la teneur de l'eau en nutriments, matière organiques, matières en suspension, etc.).
Les eaux des estuaires sont généralement turbides, caractérisées par un bouchon vaseaux (estuaire de la Gironde, Sud-Ouest de la France)
Le bouchon vaseux constitue un (éco)système tout à fait particulier, souvent gravement perturbé par les activités humaines, en raison d'une quantité excessive d'eutrophisants, de matière organiques, de pesticides et d'autres polluants adsorbés sur les particules en suspension ou solubilisés dans l'eau, pour partie protégés d'une décomposition rapide par la lumière ou l'oxygène natif produit par le phytoplancton.
Le bouchon vaseux a été peu étudié jusque dans les années 1980. Depuis, de nombreuses études ont montré qu'il était naturellement important pour la productivité biologique des estuaires, très élevée, mais qu'en raison de perturbations humaines notamment, il peut devenir une zone dégradée et contribuer aux zones mortes marines, et devenir une source très importante d'émission de CO2 et de CH4, deux gaz à effet de serre d'importance majeure.
Les milieux estuariens caractérisés par des marnages (technique agricole consistant à rendre un sol plus calcaire en y ajoutant de la marne) importants, des courants parfois violents sont néanmoins riches en biomasse (ex : jusqu’à 1 million de larves de coques par m² en baie de Somme) et une productivité globale estimée à au moins 30 tonnes/hectare pour les petits estuaires en climat tempéré. Ils peuvent être soumis à diverses pollutions qui dégradent ces ressources (pesticides, métaux lourds ou nitrates par exemple).
La protection des estuaires implique une gestion quantitative et qualitative de l’eau à l’échelle des bassins versants entiers. Certaines activités y ont été interdites (exemple : le pétardage des armes chimiques, non-explosées ou stockées des deux premières guerres mondiales). Plusieurs dizaines de petits estuaires européens sont concernés par la proximité de dépôts anciens de munitions immergées susceptibles de les polluer par les nitrates, le mercure, le plomb, le cuivre, etc., si ce n’est pas des toxiques de guerre de type Ypérite, chloropicrine.
Les milieux intertidaux sont des écotones particuliers, dont slikke et schorre sont les deux principales composantes en zone continentale, remplacées par la mangrove en zone tropicale.
La slikke est l’étage le plus bas : exposée à la mer, zone vaseuse immergée à chaque marée, apparemment pauvre, elle abrite une vie intense, essentiellement des macroinvertébrés et micro-organismes. La basse-slikke, gorgée d’eau, accueille des plantes phanérogames rare (réduite aux zostères). La haute-slikke est, elle, couverte de salicornes et de spartines (graminées dures résistantes au sel).
Salicorne
Spartine
Le schorre n’est submergé qu’aux grandes marées et lors des tempêtes, mais il est exposé aux embruns. Il abrite des graminées constituant les prés salés et une végétation d’autant plus variée que l’eau douce est présente.
Comme les deltas, les estuaires, par mélange d'eaux de densité, salinité et températures et turbidité différentes créent des conditions et habitats uniques, exploités par certaines espèces tout ou partie de leur cycle de vie. Les estuaires sont par exemple des lieux de ponte ou de grossissement uniques et vitaux pour certain poissons (sole et plie). Certaines espèces végétales terrestres ou aquatique sont endémiques d'estuaires (Ex : L'Angélique des estuaires, dans l'ouest de la France).
Angélique des estuaires
Remarque: La plupart des amphibiens fuient les zones salées, sauf en Europe le pélodyte ponctué et le crapaud calamite qui fréquentent volontiers les rivages estuariens, avec la Rainette.
Crapaud calamite
En Europe, le mot «estuaire» figure dans les cahiers d'habitats naturels définis en application de la directive Habitats. Parmi les habitats côtiers (toujours au sens de la Directive), trois habitats sont dits estuariens. Un estuaire est défini comme la « partie aval d’une vallée fluviale soumise aux marées, à partir du début des eaux saumâtres. Les estuaires fluviaux sont des anses côtières où, contrairement aux « grandes criques et baies peu profondes ». L’interaction des eaux douces avec les eaux marines ainsi que la réduction du flux des eaux dans l’estuaire provoquent le dépôt de fins sédiments sous forme de larges étendues de replats boueux et sableux. Lorsque l’écoulement du fleuve est plus lent que le flot, les dépôts de sédiments forment un delta à l’embouchure de l’estuaire »
Pélodyte ponctué
En aval de zones polluées (ce qui est le cas de très nombreux estuaires), là où le courant ralentit et au gré de phénomènes de bioconcentration et de sédimentation, des "poches" de sédiments pollués peuvent apparaître, plus ou moins remobilisés lors des tempêtes, curages et crues saisonnières, voie lors d'actions de pêche au chalut. En France, le projet « CAROL » (Camargue-Rhône-Languedoc) a ainsi mis en évidence des poches de sédiments très radioactif au droit de l’embouchure du Grand-Rhône, contaminés par du césium 137, fixé sur des sédiments.
Delta du Nil
Un delta est un type d'embouchure qu'un cours d'eau peut connaître à l'endroit où il se jette dans un océan, une mer ou un lac.
Dans certaines conditions liées à la turbulence de la mer et à la quantité d'alluvions charriées par le cours d'eau, il peut se former un amas de dépôts. Ceux-ci divisent le cours d'eau en plusieurs bras dont le tracé avec la côte est souvent triangulaire, ressemblant à la lettre grecque ? (Delta), d'où son nom. La première division du cours d'eau à l'entrée du delta est appelé l'apex. par extension, on parle parfois de Delta d'étang ou de lac .
L'activité alluvionnaire intense amène la forme même du delta à changer au cours du temps.
Il existe deux grands types de delta : de type Gilbert, et marins. Le delta de type Gilbert est le plus courant et le plus simple. Il possède un éventail abrupt et des dépôts sédimentaires basaux, frontaux et sur les sommets. Les deltas marins sont plus complexes dans leur architecture, car ils possèdent une partie deltaïque aérienne et une sous-marine.
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Eva Broch Pierrakos