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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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26 mai 1445
Auparavant, quand il voulait faire la guerre, le roi faisait appel à ses vassaux selon la coutume féodale du ban. Mais ses vassaux n'étaient obligés de le servir que pendant 40 jours. S'il voulait poursuivre la guerre, le roi devait recruter des compagnies de mercenaires.
Quand la guerre prenait fin, les mercenaires étaient congédiés. Ils se mettaient alors à piller le pays. C'est ce qui s'était passé au début de la guerre de Cent Ans, après les victoires de Charles V et Du Guesclin.
Charles VII a plus de chance que ses aïeux.
Après ses premières victoires, remportées sur les Anglais grâce à Jeanne d'Arc, il décide de poursuivre l'offensive avec une armée régulière mais, pour cela, il a besoin de beaucoup d'argent. Le 2 novembre 1439, les états généraux l'autorisent à lever régulièrement, chaque année, l'impôt pour la «taille des lances» (pour faire plus court, on parlera plus tard de la «taille» tout simplement).
Après la trêve signée à Tours avec les Anglais en 1444, Charles VII peut enfin songer à se débarrasser des «Écorcheurs». Par milliers, ces bandes de mercenaires sans emploi mettent à mal les campagnes françaises, pillant, violant, brûlant, tuant à satiété et, selon les chroniques du temps, commettant des «abominations telles que les Sarrasins ne font pas aux Chrétiens». Elles rappellent les Grandes Compagnies du siècle précédent, que Du Guesclin avait amenées en Espagne se faire tuer.
Tirant parti de ses ressources financières régulières, le roi va pouvoir les remplacer par une armée régulière. Ce seront les Compagnies d'ordonnance, constituées avec les éléments les plus présentables des bandes d'écorcheurs ! Chaque compagnie est commandée par un capitaine nommé par le roi et comprend cent lances garnies, une lance garnie comprenant six hommes : un homme d'armes en armure, trois archers, un coutilier et un page.
Dans le même temps, le grand-maître de l'artillerie Gaspard Bureau et son frère Jean développent l'artillerie, avec des canons en bronze capables de tirer des boulets en fonte, des canons à main plus légers, ancêtres du fusil, et des canons très longs ou couleuvrines que l'on peut traîner sur des chariots et amener sur le champ de bataille.
Trois ans après, en 1448, une ordonnance royale prescrit à chaque groupe de cinquante «feux» (autre nom d'une maisonnée ou ménage) de mettre à la disposition du roi un arbalétrier ou un archer. Celui-ci est exempt de taille d'où son nom de «franc-archer». À l'image de l'Angleterre, la France se constitue ainsi une infanterie de francs-archers
Avec sa «gendarmerie» à cheval formées de nobles (les compagnies d'ordonnance), son artillerie et ses francs-archers, Charles VII dispose ainsi de la première armée d'Europe. Il est prêt pour la bataille contre les Anglais encore présents dans le royaume.
25 mai 1720
Le 25 mai 1720, un navire, le Grand-Saint-Antoine, entre dans le port de Marseille. Il ramène de Syrie un passager clandestin, le bacille de la peste !
En deux mois, la ville de Marseille va perdre la moitié de ses 100.000 habitants et la peste va tuer dans l'ensemble de la région pas moins de 220.000 personnes !
Les Français du «Siècle des Lumières», qui vivaient dans l'insouciance de la Régence (le roi Louis XV a alors 10 ans) et se croyaient à l'abri des grandes épidémies, vont devoir en catastrophe restaurer une sévère prévention.
Parti de Marseille le 22 juillet 1719, le Grand-Saint-Antoine gagne les escales ou ports du Levant. Or la peste sévit à ce moment-là en Syrie.
Un passager turc embarqué à Tripoli le 3 avril 1720 meurt deux jours après sur des cordages. Puis, sur le chemin du retour, le voilier perd successivement sept matelots et le chirurgien de bord. Un huitième matelot tombe malade peu avant l'arrivée à Livourne, en Italie. À chaque fois, on trouve de bonnes raisons pour se dissimuler la vérité sur l'épidémie. A l'escale de Livourne (Italie), les médecins ne font rien pour retenir le navire.
Le capitaine Jean-Baptiste Chataud a lui-même hâte de livrer sa cargaison (des ballots de tissus d'une valeur de 100.000 écus) avant la foire de Beaucaire. Il amarre son voilier au Brusc, près de Marseille, et fait discrètement prévenir les armateurs ou propriétaires du navire. Ceux-ci font jouer leurs relations. Ils en appellent aux échevins de Marseille pour éviter une quarantaine brutale qui consisterait à isoler le navire (et sa cargaison) en pleine mer pendant quarante jours. Les uns et les autres considèrent que la peste est une histoire du passé et prennent l'affaire avec détachement.
Finalement, ils demandent au capitaine de repartir à Livourne chercher une «patente nette», certificat attestant que tout va bien à bord. Les autorités de Livourne, qui n'ont pas envie de s'encombrer du navire, ne font pas de difficultés pour délivrer ledit certificat. C'est ainsi que le Grand-Saint-Antoine est mis en quarantaine «douce» : les marins sont débarqués et enfermés dans un lazaret ou dispensaire, près de l'île de Pomègues. Mais les hommes, une fois à terre, n'entendent plus s'occuper de leur linge sale. Ils en font des ballots et le jettent à des lavandières par-dessus la palissade du lazaret...
Le 20 juin, rue Belle-Table, dans un misérable quartier de la ville, une lavandière de 58 ans, Marie Dunplan, meurt après quelques jours d'agonie. Elle a un charbon sur les lèvres. Les médecins n'y prennent pas garde. Comment feraient-ils le rapprochement avec la Peste noire des temps médiévaux ? Le 28 juin, dans le même quartier, meurt à son tour un tailleur de 45 ans, Michel Cresp. Deux jours plus tard, c'est au tour de sa femme...
Le 9 juillet enfin, deux médecins, les Peyronnel père et fils, se rendent au chevet d'un enfant de treize ans, rue Jean-Galant. Et là, tout de suite, ils comprennent : la peste ! Ces deux excellents médecins avertissent les autorités. Il faut aller vite... Le 22 juillet, un gros orage, accompagné de chaleur et d'humidité, accélère la prolifération du bacille. Bientôt, l'épidémie fait un millier de morts par jour dans la ville. Les victimes de la contagion meurent en moins de deux jours.
On mure les maisons des victimes. On poudre les cadavres de chaux... L'évêque de Marseille, Henri-François-Xavier de Belsunce de Castelmoron, conseiller du roi et éminent personnage du royaume, se signale par son dévouement exceptionnel. Il met le palais épiscopal au service du corps médical en veillant à la propreté du linge. Lui-même parcourt les rues, assiste et secourt les malades, au mépris de la mort qui finalement l'épargnera. Le cours Belsunce et le lycée du même nom rappellent son héroïsme.
Un autre personnage, le chevalier Nicolas Roze, se détache des secouristes. Cet échevin offre la liberté à des galériens en échange de leur assistance. Sous sa conduite, les bagnards et 40 soldats volontaires s'entourent le visage de masques en tissu et enlèvent, puis incinèrent, les 8000 cadavres qui pourrissent sur la place de la Tourette et alentour.
La peste à Marseille en 1720
(peinture du 18ème siècle)
Tâche indispensable et ô combien dangereuse ! Sur 200 bagnards libérés le 1er septembre, 12 sont encore en vie le... 6 septembre. Le chevalier Roze, renouvelant ses effectifs, poursuit inlassablement sa tâche. Lui-même est atteint par la peste mais il en réchappe par miracle (les chances de survie ne dépassent pas 1 pour mille).
Monsieur de Langeron, chef de l'escadron des galères, est nommé commandant de la ville et, avec six compagnies de soldats, fait rapidement fermer les lieux de rassemblement (églises, tripots....) et arrêter les pilleurs. La mortalité dans la ville commence à baisser en décembre avec seulement un ou deux morts par jour. Enfin, le 29 septembre 1721, après 40 jours sans nouvelle victime, la population rend grâce à Dieu pour l'avoir enfin délivrée du fléau.
Mais on s'est décidé trop tard à boucler Marseille, début septembre, et le bacille a pu se répandre dans l'intérieur des terres de sorte qu'il faudra encore deux années de luttes pour éradiquer la peste du Languedoc et de la Provence.
Le Grand-Saint-Antoine est remorqué sur l'île Jarre, en face des calanques, et brûlé le 26 septembre 1720 sur ordre du Régent Philippe d'Orléans (on peut encore voir ses restes). Quant au capitaine Chataud, il est emprisonné sur l'île d'If.
Après cet épisode dramatique, on n'entendra plus jamais reparler de la peste en Europe... mais les sociétés prospères du continent auront hélas d'autres occasions de découvrir que l'on n'est jamais à l'abri d'une épidémie, de la grippe espagnole au sida.
Le château de Prague ou Hradschin, aujourd'hui
23 mai 1618
Ces nobles protestants se présentent comme les «Défenseurs de la Foi» et rappellent que le précédent roi, Rodolphe II de Habsbourg, leur avait garanti en 1609 le droit de pratiquer leur religion par une lettre de majesté solennelle («Majestätsbrief»).
Ils déplorent par ailleurs que le roi Matthias, sans héritier direct, ait choisi son cousin Ferdinand, archiduc de Styrie, pour lui succéder à la tête du royaume de Bohême.
Or, Ferdinand est connu pour être un catholique intransigeant, partisan de la Contre-Réforme. Il se montre peu soucieux de respecter la paix d'Augsbourg, conclue un demi-siècle plus tôt par les protestants et les catholiques du Saint Empire romain germanique.
La rencontre au château de Prague tourne au pugilat. Deux gouverneurs détestés du roi, Wilhelm Slavata et Jaroslav Martinic, sont jetés par la fenêtre avec leur domestique Fabricius.
Défenestration de Prague
Les victimes tombent heureusement sur un tas de fumier et s'en tirent sans mal ! Il n'empêche que cette défenestration va entraîner, de fil en aiguille, l'Europe centrale dans la guerre de Trente Ans.
Cette guerre va laisser l'Allemagne exsangue et consacrera pour plus de deux siècles son anéantissement politique. Le prestigieux royaume de Bohême va y perdre aussi son indépendance... pour renaître en 1918 sous le nom de Tchécoslovaquie.
Constantin le Grand (280 - 337)
Malade, épuisé par un règne agité, l'empereur romain Constantin 1er expire le dimanche 22 mai 337, jour de la Pentecôte chrétienne. Il n'a pas encore soixante ans. Il meurt à Ancyrona, dans les faubourgs de Nicomédie (aujourd'hui Izmit, au sud de la mer de Marmara), tandis qu'il tente de regagner en toute hâte sa capitale, Constantinople.
Avant de rendre le dernier soupir, Constantin a le temps de recevoir le baptême des mains de l'évêque Eusèbe de Nicomédie. Ce baptême tardif et son action en faveur de l'Église lui valent d'être vénéré comme un saint par les chrétiens orthodoxes... bien que n'ayant pas eu sa vie durant un comportement des plus vertueux. Sa mère Hélène, chrétienne sincère qui pria pour la conversion de son fils, figure également parmi les saints.
Le redressement de l'empire romain
Né à Nic (Serbie actuelle), Constantin est le dernier d'une longue suite d'empereurs originaires d'Illyrie.
Ces empereurs ont redressé le vieil empire à la fin du IIIe siècle, lorsqu'il était menacé par les premières attaques des Barbares. Ils ont fortifié les villes et renforcé les légions des frontières.
Constance Chlore, le père de Constantin était césardans la tétrarchie, un gouvernement à quatre institué par Dioclétien en 293. Il avait reçu enpartage la Gaule, l'Espagne et la Bretagne et s'était établi à Trèves. C'est dans cette ville de Rhénanie que Constantin est proclamé auguste par son armée à la mort de son père en 306.
Constantin et sa mère Hélène
(Fresque du XIème siècle en l'église
Sainte Sophie de Novgorod - Russie -)
Comme la guerre éclate entre les héritiers des tétrarques, Constantin se lance avec ses armées sur Rome, traversant les Alpes au Mont-Genèvre. Il bouscule l'armée de son principal rival, Maxence, au Pont Milvius, près de Rome, en 312. Une légende prétend qu'il aurait alors vu dans le ciel une croix et les mots : «In hoc signo vinces !» (Tu vaincras par ce signe ! ). Il réunifie l'empire à son profit et s'établit à Nicomédie (aujourd'hui Izmit, en Turquie, au fond du golfe du même nom, sur la mer de Marmara).
Bon politique, Constantin 1er constate les progrès du christianisme. Renonçant à la politique de persécution de ses prédécesseurs, il prend le parti de s'appuyer sur la nouvelle religion pour consolider l'unité de l'empire. En 313, l'empereur publie à Milan un édit de tolérance qui lui rallie les chrétiens, devenus prédominants dans l'empire.
Mais devant le succès de la doctrine du prêtre Arius, Constantin s'inquiète d'un schisme qui remettrait en question l'unité de l'empire. Il convoque lui-même un concile à Nicée pour apaiser les esprits. À la suite de la condamnation de l'arianisme par le concile, l'empereur ordonne l'exil d'Arius. Il inaugure ainsi le césaropapisme, une pratique de gouvernement qui se caractérise par la confusion des affaires séculières et des affaires religieuses entre les mains du souverain...
Curieusement, oubliant son souci d'unité et ses précédentes décisions, l'empereur cède à la fin de sa vie aux arguments d'un évêque arien, Eusèbe de Nicomédie, celui-là même qui le baptisera sur son lit de mort.
La principale oeuvre de Constantin reste la fondation de Constantinople en vue de remplacer Rome comme capitale de l'empire.
Jean II Le Bon
21 mai 1358
Le 21 mai 1358, une centaine de paysans du Beauvaisis s'en prennent aux maisons de gentilshommes et aux châteaux de la région, tuant les habitants et brûlant les demeures. Leur révolte s'étend très vite à la paysannerie du bassin parisien. C'est le début de la plus grande des «jacqueries» qui ont ensanglanté les campagnes françaises au Moyen Âge.
Ses participants ne sont pas de pauvres hères. Au contraire, ils figurent parmi les paysans aisés de l'une des régions les plus riches d'Europe et leur révolte est motivée par la rage d'être spoliés par les seigneurs et les bourgeois.
LesJacqueries
Lesjacqueries sont des révoltes paysannes ainsi nommées d'après l'appellation de Jacques ou Jacques Bonhomme donnée aux paysans.
La noblesse française a été laminée par les Anglais à la bataille de Poitiers et le roi Jean II le Bon a été fait prisonnier et emmené à Londres.
Les paysans ne supportent pas que les nobles, défaits au combat et ayant souvent fui de façon très lâche devant les Anglais, fassent maintenant pression sur eux pour leur extorquer de nouvelles taxes. Ils le supportent d'autant moins que, depuis l'épidémie de Grande Peste qui a ravagé l'Occident dix ans plus tôt et tué une grande partie de la population, les seigneurs et les grands propriétaires sont partout en quête de main-d'oeuvre pour remettre en culture les terres abandonnées.
Qui plus est, des bandes de soldats désoeuvrés courent la campagne et ravagent les villages, pillant, violant et tuant à qui mieux mieux. De cette époque date le changement de sens du mot «brigand», qui à l'origine désignait un soldat et finit par ne plus désigner qu'un bandit.
Les villageois résistent avec leurs pauvres moyens. Et l'on raconte à l'envi l'histoire du Grand Ferré, un robuste géant des environs de Compiègne qui, choqué par la mort de son seigneur lors d'une attaque de brigands, s'en prit à ces derniers et en tua, dit-on, des dizaines avant d'aller se désaltérer d'une grande rasade d'eau glacée. Mal lui en prit. Saisi de fièvre, il trouva encore la force d'abattre quelques brigands avant de succomber au mal.
Paysans contre chevaliers
(miniature du XVème siècle)
Dans le même temps, les bourgeois de Paris conduits par le prévôt des marchands, Étienne Marcel, chassent Charles, le fils du roi Jean le Bon.
Le dauphin (ainsi appelle-t-on l'héritier de la couronne) rassemble ses fidèles en vue de reprendre sa capitale. Le 14 mai 1358, il prend l'ordonnance dite du Vermandois en vue de renforcer les forteresses qui bordent l'Oise, la Seine et la Marne. Son objectif est d'affamer Paris en bloquant le ravitaillement qui lui arrive par les trois cours d'eau.
Il semblerait que des agents d'Étienne Marcel aient fait croire aux paysans des environs que ces dispositions militaires visaient à leur soumission. C'est dans ces conditions que survient la Grande Jacquerie. À Saint-Leu-d'Esserent, près de Chantilly, neufs gentilshommes sont égorgés par des paysans en colère.
Sous l'impulsion d'un certain Guillaume Calle ou Carle (ou Karle), un ancien soldat originaire du village de Mello, près de Senlis, la révolte rassemble en quelques semaines 6.000 paysans... Elle trouve bientôt auprès d'Étienne Marcel un soutien intéressé.
Respectueux de la monarchie, les paysans veulent exercer le droit qui leur est reconnu de résister aux exactions des hommes d'armes, nobles ou brigands. Mais cette fois, le droit de résistance dégénère en exactions de la pire espèce. Et les habitants des bourgs se joignent aux paysans dans les pillages.
À Meaux, sous la menace des Jacques, les soldats se replient dans la forteresse qui domine la ville avec quelques dames de la noblesse, dont la duchesse de Normandie, épouse du régent et dauphin Charles. Les assiégés s'attendent au pire quand ils voient arriver à leur secours le comte de Foix Gaston Phoebus, ainsi surnommé en raison de sa prestance et de sa beauté, ainsi que Jean de Grailly, captal (capitaine) de Buch. L'un et l'autre reviennent d'une croisade contre les païens de Prusse.
Le samedi 9 juin 1358, les paysans ainsi que les bourgeois de Meaux se lancent à l'attaque de la forteresse de la ville. Les soldats, renforcés par les troupes de Gaston de Foix et du captal de Buch, les attendent de pied ferme. Un corps à corps se livre sur le pont de la Marne. Les attaquants reculent. Victorieux, les nobles se vengent sans ménagement. Ils pendent le maire et mettent à sac la ville. Celle-ci va brûler pendant deux semaines.
Tandis qu'à Meaux, les Jacques se font tailler en pièces, Guillaume Carle fait le siège de la forteresse d'Ermenonville, au nord-est de Paris, avec le concours de quelques milices parisiennes envoyées par Étienne Marcel.
Mais le capitaine général des Jacques apprend que le roi de Navarre Charles le Mauvais, assisté de 400 lances, a pris la tête de la répression dans le Beauvaisis. Il lève le siège et se rend à sa rencontre dans les environs de Clermont-en-Beauvaisis. Le roi de Navarre fait mine de vouloir négocier un armistice. Quand Guillaume Carle se rend à sa rencontre pour en discuter, il est aussitôt capturé. Le lendemain, le 10 juin 1358, les paysans privés de leur chef sont écrasés à Mello. C'est la fin. Plusieurs milliers sont massacrés un peu partout et les villages incendiés en guise de punition. Les chefs sont impitoyablement torturés et exécutés. À Clermont-en-Beauvaisis, Guillaume Carle est décapité après avoir été couronné d'un trépied de fer chauffé à blanc !
Ce drame relaté par le chroniqueur Jean Froissart ne met pas pour autant un terme aux révoltes paysannes. D'autres surviennent tout au long des décennies suivantes, notamment en Angleterre, en 1381, sous la conduite de Wat Tyler, et en Hongrie.
Le cinéaste John Huston a réalisé un film intéressant, quoique oublié, autour de la Grande Jacquerie : Promenade avec l'amour et la mort, avec Angelica Huston et Assaf Dayan (le fils de Moshe) dans les rôles principaux.
Constantin 1er
20 mai 325
Or, vers 320, un prêtre d'Alexandrie nommé Arius s'est mis à prêcher une doctrine hétérodoxe. Il professe que Jésus-Christ et le Saint Esprit sont subordonnés à leur créateur, Dieu le Père. Selon le patriarche d'Alexandrie, Jésus serait né homme et ne serait véritablement devenu Fils de Dieu qu'au jour de sa résurrection.
Bronze de Constantin 1er
Arius met ainsi en cause l'un des fondements de la religion chrétienne, à savoir l'union indivisible de trois personnes en une seule au sein de la Trinité : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Sa doctrine ouvre la voie à un polythéisme de fait, avec plusieurs divinités de rang variable. Elle enlève aussi beaucoup de signification à l'incarnation, à la mort et à la résurrection de Jésus, dès lors que celui-ci n'est pas pleinement Dieu.
L'évêque d'Alexandrie, Athanase, s'élève contre Arius en rappelant que le Fils est l'égal du Père et partage avec lui et le Saint Esprit l'essence divine. Arius est excommunié par l'évêque, c'est-à-dire exclu de l'Église. Il poursuit néanmoins sa prédication avec un certain succès.
Dans son palais de Nicomédie (aujourd'hui Izmit, au sud de la mer de Marmara), l'empereur Constantin 1er craint un schisme au sein de la nouvelle religion dominante qui mettrait à mal l'unité de l'empire. Pour l'éviter, il convoque un concile (d'un mot grec qui signifie réunion) à Nicée. La ville est située sur la façade orientale du Bosphore, à 50 kilomètres de Bursa et non loin de la résidence impériale. Elle s'appelle aujourd'hui Iznik.
L'empereur met la poste impériale à la disposition des chefs élus de toutes les communautés chrétiennes, les évêques.
C'est ainsi qu'à partir du 20 mai 325, à Nicée, se trouvent réunis pour la première fois des évêques de toute la chrétienté. Ils sont plus de 220 (la tradition retient le chiffre symbolique de 318). Parmi eux, une grande majorité d'évêques du Proche-Orient et d'Égypte...
On note plusieurs absents de marque dont l'évêque de Rome (auquel sera plus tard réservé l'appellation de pape), qui s'est fait représenter par deux légats.
Constantin 1er préside en personne à l'ouverture officielle du concile (bien que n'étant pas baptisé !). Sous la conduite d'un évêque espagnol, Osius de Cordoue, l'assemblée va donner lieu à des affrontements de très haute tenue philosophique entre Orientaux (Grecs) et Occidentaux (Latins).
Constantin préside le concile de Nicée
Les partisans d'Arius, au nombre de 22 seulement, considèrent qu'il ne peut y avoir d'équivalence entre Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ. Celui-ci apparaît à leurs yeux comme un relais existant de toute origine entre Dieu et l'humanité. C'est une explication philosophique assez rationnelle de l'Évangile. Elle plaît aux théologiens de culture grecque.
Les extrémistes du bord opposé, sous la conduite de Marcel d'Ancyre, exigent une ferme condamnation des thèses d'Arius. Quelques Orientaux groupés autour d'Eusèbe de Césarée tentent de faire valoir un compromis en atténuant les formules des arianistes.
Finalement, la majorité des évêques et son porte-parole Marcel d'Ancyre réprouvent les thèses d'Arius. Ils s'entendent sur une nouvelle formulation dite théorie de la «consubstantiation» qui signifie que le Fils est consubstantiel au Père (en grec homoousios, c'est-à-dire «fait du même métal»). Cette formulation s'exprime dans une nouvelle mouture du Credo («Je crois»), appelée depuis lors «Symbole de Nicée».
Destruction des livres ariens
L'empereur Constantin prend acte de la défaite des arianistes. Il ordonne l'exil d'Arius ainsi que de la poignée d'évêques qui, au concile, sont restés fidèles à sa thèse. Parmi eux se trouve Eusèbe de Nicomédie.
En intervenant dans les querelles théologiques et en ouvrant en personne le concile de Nicée, l'empereur inaugure le «césaropapisme». Ce mot traduit une forme d'allégeance des autorités religieuses à l'empereur.
Évêques, prêtres et clergé
Le concile de Nicée de 325 ne s'en tient pas à des débats sur le dogme religieux. Il jette aussi les bases d'une organisation centralisée de l'Église fondée sur une stricte hiérarchie du clergé.
Auparavant, durant les trois premiers siècles de son existence, l'Église n'avait pas de clergé institutionnel ni d'organisation centralisée. Dans les villes, chaque communauté se donnait un évêque (du mot grec episkopos qui signifie surveillant). Si l'élu était marié, il conservait sa femme mais vivait avec elle «comme avec une soeur».
A mesure qu'une communauté s'élargissait, l'évêque désignait des personnes pour le seconder auprès des fidèles les plus éloignés. Il choisissait ces personnes parmi des chrétiens âgés et réputés pour leur capacité à commenter les textes sacrés. Les impétrants étaient désignés par le mot grec presbuteros qui signifie vieillard et donnera en français le mot prêtre.
En s'élargissant aux campagnes environnantes, les communautés placées sous l'autorité d'un évêque prenaient le nom de diocèse, du grec dioikésis qui signifie administration. Ces circonscriptions, nées en Égypte, recoupaient les anciennes subdivisions administratives romaines.
Le concile de Nicée se conclut dans l'euphorie. L'unité du dogme semble préservée. En fait, on va s'apercevoir rapidement que l'arianisme est resté vigoureux.
Constantin lui-même fait revenir Arius de son exil dix ans après le concile et se fait baptiser par l'évêque arien Eusèbe de Nicomédie sur son lit de mort, en 337. Ses successeurs Constance et Valens se rallient à la doctrine d'Arius de même que la plupart des Barbares implantés dans l'empire romain.
C'est seulement en 380, au concile de Constantinople, que l'empereur Théodose établit le catholicisme comme religion d'État. Au siècle suivant, au concile de Chalcédoine, les évêques renouvellent la condamnation de l'arianisme et y ajoutent une condamnation des doctrines opposées de Nestorius et du monophysisme égyptien.
Tandis que l'arianisme résistait de la sorte en Orient et séduisait les tribus barbares implantées un peu partout, la doctrine catholique de Nicée triomphait pour sa part dans les populations romanisées de l'Occident romain, grâce à la prédication vigoureuse de Hilaire de Poitiers.
Les Francs de Clovis seront les seuls Barbares qui auront le bon goût d'ignorer Arius. Tardivement christianisés, ils passeront directement du paganisme au catholicisme avec le baptême de leur chef à Reims. Plus proches de leurs sujets gallo-romains grâce à cette conversion, ils acquerront de la sorte un avantage politique sur les autres Barbares d'Occident.
Le Credo
La liturgie catholique conserve le souvenir des luttes entre théologiens au concile de Nicée. Les fidèles ont accès indifféremment à deux Credo («Je crois»), qui sont les résumés de leur foi.
- Le premier, le plus ancien, est appelé Symbole des Apôtres. Il laisse planer une équivoque sur la nature du Fils de Dieu :
Je crois en Dieu, le Père tout-puissant
créateur du ciel et de la terre
Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur
qui a été conçu du Saint Esprit,
est né de la Vierge Marie, (...).
- Le second, appelé Symbole de Nicée, est plus explicite. Il souligne à l'envi la nature consubstantielle du Père et du Fils :
Je crois en un seul Dieu,(...)
Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ,
le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :
Il est Dieu, né de Dieu,(...)
Engendré, non pas créé, de même nature que le Père ; (...).
Depuis le concile de Constantinople de 381, le Credo confirme la place du Saint-Esprit dans la Sainte Trinité, aux côtés du Père et du Fils. Dans sa version catholique il précise qu'il «procède du Père et du Fils» et non «du Père par le Fils». Cet ajout, le Filioque, peu apprécié des évêques d'Orient, figurera bien plus tard parmi les griefs qui entraîneront le schisme entre les Église de Rome et de Constantinople !
Iturbide,en empereur du Mexique (Augustin 1er)
18 mai 1822
Figure paradoxale de l'histoire mexicaine, Augustin de Iturbide est à la fois un des principaux artisans de l'indépendance du pays et l'auteur, le 18 mai 1822, du premier coup d'État d'une interminable série.
Fugace empereur du Mexique sous le nom d'Augustin 1er, il est détrôné au bout de quelques mois.
Né le 27 septembre 1783 à Valladolid, dans une famille de grands propriétaires terriens, Augustin de Iturbide penche tout naturellement vers le loyalisme à l'égard de l'Espagne. Officier, il réprime dans le sang le soulèvement de septembre 1810, lorsque le curé Miguel Hidalgo lance un appel aux armes pour arracher l'indépendance du Mexique.
Iturbide gagne ainsi une réputation de fidèle serviteur de la couronne espagnole. Réputation qui ne l'empêche pas de se faire limoger pour malversations et extorsions en 1816.
Des «Trois garanties» au trône
Fort du souvenir laissé par ses victoires sur les indépendantistes, il demande toutefois en 1821 au vice-roi de lui fournir des troupes pour en finir avec eux, alors que les troupes des radicaux sont exsangues.
On lui accorde 2.500 hommes, mais, au lieu de les lancer dans la bataille, Iturbide se concerte avec son principal ennemi, Vincente Guerrero !..
Tous deux proclament le «Plan des trois garanties» qui prévoit l'indépendance du Mexique à trois conditions : le maintien d'une monarchie, confiée au roi d'Espagne ou à un prince de sang, celui du catholicisme comme religion d'État et l'égalité raciale.
Ce revirement d'Iturbide s'explique par l'inquiétude de ce conservateur à l'égard de la révolution libérale qui se déroulait alors en Espagne. Le vice-roi tente d'annuler le traité mais Iturbide l'oblige à reconnaître l'indépendance du Mexique.
Iturbide occupe d'abord le poste de président du conseil des régents et un Congrès est chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Toutefois, l'illusion ne dure pas. Dans la nuit du 18 mai 1822, des groupes militaires réunis à Mexico proclament le régent empereur. Iturbide devient Augustin Ier.
Le lendemain, le Congrès ratifie ce qu'il présente comme le choix du peuple. Iturbide est couronné lors d'une pompeuse cérémonie et la monarchie déclarée héréditaire.
L'empereur fraîchement émoulu s'aliène vite le Congrès, composé essentiellement de civils. Il lui refuse en effet tout pouvoir et préfère gouverner en s'entourant d'une junte de militaires. Son cléricalisme exacerbé et sa mauvaise gestion financière conduisent au soulèvement républicain du général Antonio Lopez de Santa Anna, qui le renverse en mars 1823, après de seulement dix mois de pouvoir.
Contraint d'abdiquer, Iturbide se réfugie à Livourne, puis à Londres. Il ne s'avoue toutefois pas vaincu et revient secrètement au Mexique en 1824 pour remonter sur le trône, mais il est arrêté dès son retour et fusillé à Padilla.
Bien que le Mexique adopte une constitution républicaine en 1824, qui établit un système fédéral et la séparation des pouvoirs, l'ère des coups d'État ne fait que commencer. Avec la prise de pouvoir d'Iturbide, le Mexique est entré dans une instabilité chronique qui ne prendra fin qu'en 1867, lorsque le président Benito Juarez réussira à rétablir un gouvernement stable. Auparavant, pendant 45 ans, une cinquantaine de gouvernements se seront succédés, presque tous par le biais de coups d'État militaires.
17 mai 1642
En 1615, Samuel de Champlain, qui a déjà fondé l'«Abitation de Québec» le 3 juillet 1608, émet l'idée d'un poste sur le fleuve Saint-Laurent en vue de promouvoir la religion catholique parmi les Indiens de la Nouvelle-France... et de développer le commerce de la fourrure.
L'idée est reprise sous le règne de Louis XIII par le baron de Fancamp et Jérôme de la Dauversière, un habitant de La Flèche. Ils songent à une grande île sur le fleuve, à 1500 km à l'intérieur des terres, que l'explorateur Jacques Cartier a repérée un siècle plus tôt, le 2 octobre 1535, et baptisée «Mons realis» (Mont royal en latin). En vue de sa colonisation, ils fondent la «Société de Notre-Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France» (le mot sauvage vient du latin salvaticus et désignait à l'époque celui qui habite dans les bois, sans connotation péjorative comme aujourd'hui).
Le 9 mai 1641, deux navires quittent La Rochelle pour la Nouvelle-France (le Québec actuel). La colonie ne compte encore que 400 Français. À bord des navires, une cinquantaine de personnes sous la direction de deux catholiques fervents, le gentilhomme Paul de Chomedey de Maisonneuve et l'infirmière Jeanne Mance.
L'expédition passe l'hiver à Québec et atteint le site de Montréal l'année suivante. Elle débarque près du village huron d'Hochelaga, dont un quartier actuel de Montréal perpétue le nom. L'endroit est aujourd'hui connu sous le nom de «pointe à Callière», et un très beau musée d'archéologie et d'histoire y rappelle l'événement...
Montréal vers 1647
(gravure ancienne de l'Université McGill)
Sitôt arrivés, les colons construisent une clôture. La messe de fondation a lieu le lendemain, dimanche 18 mai 1642. Le nouvel établissement est consacré à la Vierge et prend le nom de Ville-Marie (une dizaine d'années plus tard, il ne sera plus connu que sous le nom de Montréal). Il se dote d'un hôtel-dieu (hôpital) à l'initiative de Jeanne Mance.
Mais les débuts sont très pénibles et la ville doit se défendre contre les Iroquois, farouches ennemis des Français depuis leur rencontre malheureuse avec Samuel de Champlain. L'arrivée de nouveaux colons permet de fortifier la colonie. En 1647, par décision du gouvernement français, les armateurs sont contraints d'amener un immigrant pour chaque tonne de fret. En 1653, le gouverneur Maisonneuve ramène de France une centaine de soldats pour mieux protéger sa ville. Celle-ci connaît enfin la sérénité avec la Grande Paix de 1701 conclue avec les Indiens.
Montréal devient bientôt la plaque tournante du commerce des fourrures, «l'or de la Nouvelle-France».
Mais arrive la guerre de Sept Ans... La ville est assiégée par trois armées anglaises et se rend sans combattre le 18 septembre 1760. Comme l'ensemble de la Nouvelle-France, elle passe dès lors à la couronne britannique. Deux siècles après sa naissance, elle compte 45.000 habitants.
Au milieu du XIXe siècle, c'est une cité en pleine expansion, qui tire sa richesse non plus du commerce des fourrures mais de son port fluvial accessible aux navires transatlantiques.
Le drapeau de la ville de Montréal
Beaucoup d'immigrants y affluent et le maire de la ville prend acte de cette nouvelle réalité en dotant la ville d'un drapeau qui rappelle la diversité de ses habitants avec la fleur de lys française, la rose anglaise, le chardon écossais et le trèfle irlandais.
Capitale éphémère du Canada
En 1847, Montréal est choisie en raison d'une situation géographique exceptionnelle pour devenir le siège du gouvernement du Haut-Canada (à majorité anglophone) et du Bas-Canada (à majorité francophone). Mais sa vocation de capitale tourne court après le drame du 25 avril 1849. Ce jour-là, à l'hôtel du Parlement, le gouverneur général du Canada sanctionne (ou entérine) une loi du Premier ministre du Bas-Canada, Louis-Hippolyte La Fontaine.
Vue sur le vieux Montréal
Cette loi vise à indemniser les victimes de la répression des rébellions qui se sont produites douze ans plus tôt dans les provinces francophones. Les commerçants anglophones de la ville se soulèvent aussitôt. Ils brûlent la résidence du Premier ministre et surtout l'hôtel du Parlement et sa riche bibliothèque. C'est ainsi qu'en 1857, la reine Victoria choisit Ottawa de préférence à Montréal pour être la capitale du Canada-Uni.
Aujourd'hui, Montréal conserve la satisfaction d'être la ville la plus vivante du Canada. Mais elle a dû céder à Toronto (4,5 millions d'habitants) la primauté économique.
Avec 3 millions d'habitants pour l'ensemble de son agglomération, dont une majorité qui ont le français pour langue maternelle, elle reste la deuxième ville francophone du monde après Paris.
Montréal, vue du site de l'exposition de 1976
Elle s'honore d'un très beau musée des Beaux-Arts et de quatre universités : Sherbrooke, McGill, UQÀM (Université de Québec à Montréal) et la plus réputée de toutes, l'Université de Montréal. Le site des Jeux Olympiques de 1976 est aujourd'hui occupé par l'un des principaux jardins botaniques du monde et un intéressant «Biodôme». L'île du Saint-Laurent sur laquelle s'est tenue l'exposition universelle de 1969 est devenue un grand parc d'attractions.
16 mai 1770
Le mercredi 16 mai 1770, Marie-Antoinette (14 ans) épouse Louis (16 ans), petit-fils du roi de France Louis XV. L'archiduchesse Marie-Antoinette est la quatrième fille de Marie-Thérèse de Habsbourg, impératrice d'Allemagne, et de son mari François 1er de Lorraine.
Le duc de Choiseul, ministre du roi Louis XV et favori de la Pompadour, a désiré l'unir à l'héritier de la couronne de France pour contrer l'influence anglaise après la guerre de Sept ans. Louis XV, de son côté, se réjouit d'une alliance matrimoniale qui réconcilie la France et l'Autriche et permet de contenir l'agressivité croissante de la Prusse et la puissance montante de l'Angleterre.
Festivitésendeuillées
La petite archiduchesse, qui n'a jamais montré de disposition pour l'étude et le travail, a été préparée à la hâte à ses futures responsabilités de souveraine avant de quitter enfin Vienne pour Paris. Le 7 mai 1770, elle arrive à la frontière française. À ce moment-là, selon un pénible rituel, elle doit se dépouiller de tout ce qui lui vient de son pays natal pour ne plus se vêtir que d'habits français. On consent seulement à lui conserver son petit chien !...
Le futur marié, qui porte le titre de duc de Berry, est le troisième fils du dauphin Louis, mort cinq ans plus tôt, et de Marie-Josèphe de Saxe. C'est un garçon doux et maladivement timide. La mort prématurée de ses deux aînés en a fait l'héritier de la couronne sans y avoir été préparé.
Le Dauphin Louis en 1769
(Louis-Michel Van Loo -
Musée de Versailles)
Arrive le grand jour. Le sacrement du mariage est conféré à Louis et Marie-Antoinette dans la chapelle de Versailles par l'archevêque de Reims, grand aumônier du roi. Ensuite viennent les festivités. Un feu d'artifice, retardé pour cause de mauvais temps, est tiré le samedi 19 mai au-dessus des jardins de Versailles. Le lundi 21, bal masqué dans les appartements du palais. Le mercredi 23, le roi assiste à une représentation d'Athalie, de Racine. Le mardi 29, bal masqué avec 6.000 participants chez l'ambassadeur de Vienne, qui représente le couple impérial, les parents de la mariée...
La dauphine marie Antoinette en 1770
(JB Charpentier, musée de Versailles)
Le lendemain, mercredi 30 mai, la ville de Paris fait tirer un feu d'artifice sur la place Louis Quinze (l'actuelle place de la Concorde), en face de la promenade des Champs-Élysées. Hélas, un drame vient ternir la fête populaire.
Le secrétaire du roi le décrit ainsi dans son compte-rendu aux ambassadeurs :«La ville de Paris fit tirer un très beau feu d'artifice dans la place de Louis Quinze, en face des deux colonnades... Sur les neuf heures et demie, l'on tira le feu, après lequel il y eut dans toute la place une superbe illumination ; tout Paris s'étant trouvé à cette fête, elle fut malheureusement troublée par un malheur inconcevable et qui s'oubliera difficilement, c'est que la police ayant été si mal faite par la garde de la ville et l'affluence du monde étant si prodigieuse, il y eut plus de 300 personnes de différents États qui furent étouffées dans la presse et qui moururent sous les pieds des uns et des autres, sans compter celles qui moururent quelques jours après de leurs blessures.
Ce désastre jeta une si grande consternation le lendemain à la cour et à la ville que le Roy et la famille royalle envoya au lieutenant de police cent cinquante mille livres pour secourir les familles indigentes qui avoient perdu leurs parents dans cette bagarre».
Dans les premiers temps du mariage, la beauté de la nouvelle dauphine comble d'aise le peuple français mais cet état de grâce ne dure pas...
Marie Antoinette par A-U Wertmüller
(1788, chteau de Versailles)
La dauphine souffre de l'indifférence de son mari à son égard. C'est seulement dix mois après leur union que Louis consent à la rejoindre dans son lit. Encore n'est-ce que pour y dormir ! Dans le langage ampoulé de l'époque, Marie-Antoinette écrit à sa mère «qu'il n'en [est] pas encore résulté les suites qu'on aurait pu s'enpromettre».
C'est que le jeune homme serait empêché de remplir son devoir conjugal à cause d'une malformation bénigne du pénis ! Il résistera pendant sept ans à l'idée de se faire opérer et ne s'y résoudra qu'au nom de la raison d'État... Selon une autre interprétation, il aurait seulement manqué de savoir-faire et n'aurait réussi à consommer le mariage qu'après que son beau-frère, le futur empereur Joseph II, lui eut expliqué dans les détails la manière de s'y prendre !
En attendant, la fille de l'impératrice, qui n'a pas été préparée à son rôle, se console en goûtant dans l'insouciance à tous les plaisirs de la cour...
Devenue reine en 1774, à la mort de Louis XV, Marie-Antoinette s'écarte des recommandations épistolaires de sa mère l'impératrice, prend des libertés avec l'étiquette et ne dissimule plus son goût des frivolités et des diamants.
Sa femme de chambre, Mme Campan, la dit résolue à se procurer «sur le trône les plaisirs de la société privée». Elle entretient des liaisons très amicales avec le duc de Lauzun et un beau Suédois, Axel de Fersen, qui, plus tard, organisera la fuite de Varennes par amour pour elle.
Axel de Fersen
Très vite, les vieilles rancoeurs anti-autrichiennes reprennent le dessus. Victime candide des ragots et des cabales, la reine est bientôt fustigée sous l'appellation de l'Autrichienne et calomniée dans l'Affaire du collier avant d'être envoyée à l'échafaud.
Henri IV
14 mai 1610
Le 14 mai 1610, le roi de France Henri IV (56 ans) se rend auprès de son ami Sully, malade. Il n'arrivera pas à destination mais sera assassiné à la faveur d'un embarras de la circulation.
En cette époque troublée où des théologiens protestants et des Jésuites légitiment le meurtre des «tyrans», il est leur dernière victime, après notamment Guillaume le Taciturne, stathouder des Provinces-Unies, et le roi Henri III.
Sa mort marque aussi le début d'un mythe national, celui du «bon roi Henri» qui a mis fin aux guerres de religion et restauré la paix civile et la prospérité...
Usé par une vie pleine de rebondissements extraordinaires, le roi peut en ce début d'année 1610 regarder avec quelque satisfaction l'oeuvre accomplie. Mais lui-même souffre de ses fréquentes disputes avec la reine Marie de Médicis, qui lui a néanmoins donné six enfants et a conservé à 35 ans une beauté pulpeuse.
Il éprouve par ailleurs la fragilité de son trône, entouré qu'il est de grands seigneurs qui rêvent d'en découdre et lui tiennent rigueur de la paix conclue entre protestants et catholiques. Parmi les plus aigris figure le duc d'Épernon, ancien «mignon» (favori) d'Henri III, couvert d'honneurs et de titres par ce dernier : il s'est rallié sur le tard, en 1596, à Henri IV, lequel lui a accordé une généreuse absolution.
Le roi se sait aussi entouré d'assassins potentiels. Déjà, le 27 décembre 1594, un catholique à l'esprit dérangé, un certain Jean Chastel, avait tenté de le poignarder. Une enquête ayant montré qu'il avait étudié chez les jésuites, le Parlement de Paris en avait pris prétexte pour expulser du royaume ces prêtres plus fidèles au pape qu'au roi. Au fil des ans, l'entourage du roi avait déjoué plusieurs autres tentatives d'assassinat.
Fin politique, chef de guerre charismatique, Henri IV, cependant, perd ses moyens lorsque ses désirs de vieux barbon à la sensualité chancelante l'attirent vers quelque jeune beauté. La dernière de ses chimères amoureuses est la petite Charlotte de Montmorency, à peine âgée de 15 ans.
Pour la séduire plus à son aise, le roi l'a mariée à son cousin, le jeune prince de Condé, plus porté sur la chasse que sur les femmes. Mais une fois le mariage célébré, le prince, ne voulant pas du rôle de cocu, entraîne sa femme à Bruxelles et la place sous la protection du gouverneur des Pays-Bas espagnols.
Henri IV tempête. Il se montre prêt à la guerre pour reprendre sa Dulcinée. Justement, un prétexte s'offre avec la vacance des villes impériales de Clèves et Juliers. Les troupes de l'empereur occupent ces villes en attendant que soit réglée la succession de leur défunt seigneur. Le roi de France y voit les prémices d'une annexion par les Habsbourg de ces deux villes proches de la frontière française. Il ne peut le tolérer et se dispose donc à prendre les armes contre les Habsbourg... en particulier ceux de Bruxelles !
Le projet de guerre, après douze ans de paix relative, ravive les dissensions à la Cour où le duc d'Épernon et la reine cachent mal leur opposition.
La reine, supersititieuse, est mue par deux craintes : celle d'être répudiée ; celle de la mort prématurée du roi. Dans cette double éventualité, elle réclame à cor et à cris d'être couronnée reine et de faire une entrée solennelle dans la capitale. Ces rites symboliques la mettent à l'abri de la répudiation et lui assurent la régence en cas de vacance du trône, pendant la minorité de l'héritier (le futur Louis XIII n'a encore que 8 ans). Henri IV finit par accepter : le couronnement est programmé le 13 mai et l'entrée solennelle à Paris le 16 mai ; ensuite seulement, le roi et son armée iront à la guerre.
Dans le royaume, des prêtres, notamment jésuites, manifestent bruyamment leur opposition à cette guerre contre les Habsbourg, champions de la Contre-Réforme catholique. Il y voient une nouvelle trahison du roi.
Parmi leurs auditeurs, un jeune homme de 32 ans, né à Angoulême dans une famille pauvre, sous la tutelle d'une mère très pieuse. C'est un colosse à la barbe rousse, aux yeux clairs et profonds. Il a nom François Ravaillac. Il a effectué différents métiers : valet de chambre, clerc de procureur,... et même est entré comme frère convers dans une congrégation de feuillants. Mais il en a été chassé au bout d'un mois par les moines qui lui reprochaient son tempérament exalté, à la limite de la folie.
Depuis longtemps déjà, Ravaillac rumine l'élimination de celui qu'il considère comme un «tyran». En ce début d'année 1610, déterminé à agir, il fait à pied le chemin d'Angoulême à Paris. De passage dans une auberge, il vole le couteau dont il se servira pour tuer le roi. Les prêtres et jésuites auxquels il confesse ses intentions ne font rien pour le dissuader, encore moins pour le dénoncer. Par deux fois, il tente mais en vain d'approcher le roi. «Au nom de Jésus-Christ et de la sacrée Vierge Marie, que je parle à vous», lui crie-t-il.
Nous voilà le 13 mai 1610. Ce jour-là, la Cour assiste dans l'abbatiale de Saint-Denis au couronnement de Marie de Médicis, dans une ambiance festive et joyeuse. Notons qu'aucune autre reine de France ne sera plus jamais couronnée...
L'assassinat de Henri IV par Ravaillac
(gravure de Housez, XIXème siècle)
Le lendemain matin, le roi manifeste une agitation inhabituelle. Complots, prédictions de voyantes, tourments amoureux,... «Mon Dieu, j'ai quelque chose là-dedans qui me trouble fort», murmure-t-il. Pour se changer les idées, il décide de quitter le Louvre et de rendre visite à son ami, Sully, dont il a appris qu'il était malade, dans sa résidence de l'Arsenal, à l'est de Paris. Il se propose de vérifier en passant les préparatifs de l'entrée solennelle de la reine...
En début d'après-midi, il part enfin en carrosse, avec à ses côtés quelques compagnons dont le duc d'Épernon. Il n'a pas jugé nécessaire que la garde à cheval l'escorte. Dans le même temps, le dénommé Ravaillac quitte l'auberge des Trois-Pigeons, près de l'église Saint-Roch, avec, sous le pourpoint, le couteau qu'il a dérobé sur une table d'auberge. Il prend le chemin du palais...
Voilà le carrosse bloqué, rue de la Ferronnerie, près des Halles et du cimetière des Saints-Innocents, par une charrette de foin qui barre la rue. Les valets qui se tiennent sur le marchepied du carrosse quittent celui-ci pour faire écarter la charrette.
Ravaillac, qui n'attendait que cela, se hisse sur un rayon de la roue. Passant le bras par-dessus le duc d'Épernon, il frappe le roi à la poitrine et à la gorge de deux coups de couteau. Il est aussitôt maîtrisé et traîné dans un hôtel voisin puis à la prison de la Conciergerie. Trop tard. Henri IV perd son sang tandis que le carrosse rebrousse chemin jusqu'au Louvre. Il rend l'âme au Louvre. C'est le seul souverain qui soit mort dans l'illustre palais.
Henri IV transporté au Louvre
(gravure de P.N Ransonette 1790)
Ravaillac est prestement jugé et, en tant que régicide, écartelé en place de Grève (l'actuelle place de l'Hôtel de ville), à Paris. Jusqu'au terme de son supplice, qui dure plusieurs heures, il maintient avoir agi seul. Mais, très vite, la rumeur va soupçonner, qui le duc d'Épernon, qui la reine elle-même ou encore Henriette d'Entragues d'avoir trempé dans le crime.
Extrait de l'ordonnance d'exécution de Ravaillac
«Condamné à faire amende honorable devant la principale porte de l'église de Paris où il sera mené et conduit dans un tombereau ; là, nu, en chemise, tenant une torche ardente du poids de deux livres, il dira et déclarera que malheureusement et prémonitoirement il a commis ledit très méchant, très abominable et très détestable parricide et tué le dit seigneur Roi de deux coups de couteau dans le corps, dont il se repent, demande pardon à Dieu, au Roi et à Justice ; de là conduit en place de Grève et sur un échafaud qui y sera dressé, il sera tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite, qui tenait le couteau avec lequel il a commis ledit parricide, sera brûlée de feu de soufre, et sur les endroits tenaillés, il sera jeté du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix, de la résine brûlante, de la cire et soufre fondus ensemble...» (27 mai 1610).
Les funérailles du roi Henri IV sont célébrées à Notre-Dame de Paris dans une grande ferveur populaire. Selon la volonté du défunt, son coeur est remis au collège jésuite de La Flèche. L'inhumation a lieu à l'abbaye de Saint-Denis, nécropole traditionnelle des rois de France, le 1er juillet.
Quelques heures plus tôt, la nécropole a aussi accueilli la dépouille du précédent roi Henri III, également assassiné. Henri IV n'avait pas voulu que cela advint avant sa propre mort en vertu d'une prophétie qui voulait qu'il mourût sitôt que la dépouille de son prédécesseur aurait rejoint Saint-Denis !
Le nouveau roi Louis XIII n'ayant que 8 ans, il octroie officiellement à sa mère le titre de régente du royaume. Il n'est plus question de partir en guerre contre les Habsbourg mais Marie de Médicis et ses favoris, par leur impéritie, vont conduire le royaume au bord d'une nouvelle guerre civile.