GASPILLAGE : LA FUSION DES TROIS RÉGIONS DU GRAND EST ENTRAÎNE DE FOLLES DÉPENSES
FRÉDÉRIC BRILLET PUBLIÉ LE 24/12/2019 À 15H28 MIS À JOUR LE 24/12/2019 À 17H15
La fusion de l'Alsace, de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne devait entraîner des économies. Pour le moment, ce sont les coûts qui s'envolent.
Près de 3 millions d’euros pour un hôtel particulier dans le très chic et très cher quartier de Saint-Germain-des-Prés. C’est la somme rondelette que la région Grand Est vient de débourser afin de s’offrir une "ambassade" à Paris. Il fallait au moins ça pour signifier au reste du monde que la nouvelle région, issue de la fusion de la Champagne-Ardenne, de la Lorraine et de l’Alsace, existe bien. Tous ceux qui redoutaient une dérive des coûts liés à ce big bang verront dans cette dépense somptuaire une confirmation de leurs craintes. Les autres doivent simplement se demander, comme cet internaute sur le site du journal des "Dernières Nouvelles d’Alsace", "si les très beaux espaces de travail de la Maison de l’Alsace située sur les Champs-Elysées n’étaient pas assez prestigieux".
Pas avares de promesses, les deux présidents successifs du conseil régional, Philippe Richert (jusqu’en 2017 ) et aujourd’hui Jean Rottner, avaient pourtant juré à leurs électeurs que ce mariage voulu par l’Etat en 2016 engendrerait 1 milliard d’économies d’ici à 2022. Et ce grâce à la mutualisation des achats, à la rationalisation des effectifs et des charges immobilières. En réalité, trois ans après la fusion, les compteurs s’affolent. Motifs ? Postes en doublon, hausse des frais de déplacement, harmonisation par le haut des salaires des fonctionnaires et des élus… "Les dépenses de fonctionnement ont fait un bond de 22,8% entre 2016 et 2018", critique ainsi le Club Perspectives alsaciennes, un think tank local, assez hostile à la fusion.
Bâtiments en doublons, frais de personnel en hausse... les dérives de la fusion Les postes qui ont le plus dérapé ? Les frais généraux et de personnel. L’envolée des frais généraux s’explique d’abord par la dispersion des centres de décision. Aucun élu n’a voulu se lancer dans une rationalisation sûrement jugée dangereuse électoralement. Au nom de la proximité des élus avec les citoyens, il a donc été décidé de conserver… les trois anciens hôtels de région. Résultat ? Celui de Strasbourg accueille les réunions de la commission permanente du Conseil régional et les commissions thématiques, sauf… celle des finances, qui se réunit, elle, à Châlons-en-Champagne. Pour faire bonne mesure, les séances plénières se tiennent à Metz. Ce compromis baroque ménage les susceptibilités des élus et assure une meilleure répartition des emplois. Mais évidemment les frais liés à ce choix (et notamment ceux des transports), ont explosé : +51% en 2017 par rapport à 2015, à 3,2 millions d’euros selon le Club Perspectives alsaciennes. "A cela s’ajoute le coût caché bien plus important encore, correspondant au temps perdu dans les déplacements entre ces trois sites", analyse Jean-Philippe Atzenhoffer, enseignant en économie à l’Iseg de Strasbourg. Le déploiement récent de 12 agences territoriales pour assurer une meilleure proximité pourrait encore alourdir les frais immobiliers.
L’impact de la fusion a été encore plus fort en matière de rémunération des personnels. Pour des raisons d’équité et de préservation de la paix sociale, la nouvelle région a choisi l’alignement sur les dispositions les plus favorables des anciennes régions pour ses 7.400 agents titulaires ou contractuels. L’écart de rémunération d’un agent de lycée pouvait aller jusqu’à 70% entre la Lorraine et l’Alsace ! Evidemment, les dépenses indemnitaires dans le Grand Est ont décollé. La hausse a atteint 28,3% entre 2017 et 2018, battant le record des régions fusionnées en France (la moyenne s’établit à 11,9%) selon un rapport de la Cour des comptes publié fin septembre. Au total, cela représente une dépense supplémentaire de 18 millions d’euros par an. Seuls les cadres dirigeants récemment promus ou embauchés pourraient trouver motif à se plaindre, du fait de l’instauration d’un nouveau régime de primes légèrement moins favorable. Au total, la progression de la masse salariale s’est donc accélérée.
On attendait cependant de la fusion qu’elle génère des gains de productivité découlant d’une mutualisation des ressources humaines qui aurait pu permettre de ne pas renouveler tous les départs en retraite. Cela, c’est la théorie. Car, dans la pratique, "le nombre de fonctionnaires locaux a encore augmenté de 2% en 2016-2017. La région pourrait résorber plus vite les doublons résultant de la fusion en gelant les embauches", pointe Agnès Verdier-Molinié, de l’Ifrap. Pour sa défense, le Grand Est peut arguer qu’il a récupéré des compétences nouvelles dans les transports publics, ce qui peut justifier d’étoffer ses effectifs. Que plus de 60% des agents sont affectés à la restauration, à l’entretien et au nettoyage des lycées dispersés sur son territoire, ce qui complique la mutualisation.
Lutter contre l'absentéisme des agents L’absentéisme, autre point noir traditionnel des collectivités territoriales, n’arrange rien. Sur ce critère, le Grand Est ne fait pas mieux qu’avant, et reste dans la (médiocre) moyenne : 31,3 jours d’absence par agent en 2016, contre seulement 23,2 pour la Bretagne, bon élève en matière de gestion des ressources humaines. Il se singularise cependant par l’ampleur de l’écart entre titulaires (36,6 jours d’absence) et contractuels (8,7). La région gagnerait à "mieux motiver ses agents et à externaliser certaines fonctions techniques des lycées", recommande l’Ifrap. Une prime de présentéisme de 200 euros a été mise en place. Un beau chantier pour la direction des ressources humaines, mais ce n’est pas le seul : "Les agents qui reviennent de maladie doivent patienter plusieurs mois, parfois jusqu’à un an, avant de retrouver un poste", remarque Pascal Koehler, secrétaire général CGT du conseil régional.
Quelles économies réalisées ? Au chapitre des économies réalisées, le Grand Est plaide les gains obtenus auprès de la SNCF. La renégociation des conventions TER qui liaient celle-ci aux trois ex-régions s’est traduite par une facture ferroviaire réduite de 10 millions d’euros et la mise en place de trains supplémentaires. La région met également en avant une baisse des indemnités des élus (de 1,5 million), une économie de 664.000 euros liée à la baisse du nombre des membres du conseil économique, social et environnemental régional, une diminution des primes d'assurances sur les biens (-1 million), une diminution des loyers (2 millions par an), et annonce que la flotte de véhicules du conseil régional va rouler au bioéthanol, ce qui devrait entraîner "une baisse du budget carburant d'au moins 35%". Mais faites l'addition, cela ne compense pas encore les hausses de salaires...
Et les investissements ? Ils ont pâti, semble-t-il, de la fusion. "Alors que la région promettait de porter à 850 millions d'euros son budget d’investissement pour 2018, il a été ramené à 808,5 millions d'euros», regrette Jean-Philippe Atzenhoffer. Pendant ce temps, à périmètre égal de compétences, la dépense par habitant et par an a progressé de +15% à 331 euros en 2017, c'est-à-dire plus que la moyenne en métropole (+11% à 293 euros) selon l’Ifrap. Autant dire que tout le monde rêve de voir la prophétie du milliard d’économies s'accomplir !
L’Alsace : vers la sécession ? Obsédé par l’exemple des grands et puissants Länder allemands (alors même qu’il en existe de petits), l’Etat jacobin a imposé ce modèle en métropole en ignorant les réalités culturelles, géographiques et économiques des territoires. L’Alsace a ressenti cette intégration comme un coup porté à sa singularité et s’estime noyée dans un Grand Est plus grand que la Belgique. Du coup, ses élus manœuvrent pour qu'elle retrouve de la visibilité et son identité. La fusion des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin étant désormais actée, l’Etat lui a concédé un statut taillé sur mesure de "collectivité européenne", qui va lui donner des compétences supplémentaires spécifiques, dans le transfrontalier, les axes routiers majeurs et le tourisme. Reste à savoir si… l’Alsace ne va pas faire progressivement sécession pour reformer une région à part entière. Avec tous les coûts afférents à une nouvelle réorganisation. Selon un sondage datant de février dernier, 85% des Alsaciens sont pour un référendum sur la sortie de l’Alsace du Grand Est, et 66% se prononcent déjà pour le divorce…
Le bagne de Cayenne était, avec celui de Saint-Laurent-du-Maroni, représentatif du bagne de la Guyane française, mais était cependant considéré comme le moins pénible d'entre eux.
Fondé en 1852 sous Louis-Napoléon Bonaparte, ce bagne était situé sur l'anse du Chaton, non loin de la pointe de Buzaré, à Cayenne en Guyane française. Les installations du pénitencier étaient constituées de trois baraquements désignés sous le nom de « Europe », « Afrique » et « Asie ». Il comprenait 4 dortoirs, 19 prisons et 77 cellules, ainsi qu'une infirmerie, des cuisines et des logements pour le personnel pénitentiaire.
Après son coup d'État, Napoléon III y envoie 3 000 prisonniers politiques, ce sont les « déportés ».
Si la peine des bagnards est supérieure à 8 ans de bagne, on leur donne un lopin de terre pour les obliger à rester en Guyane, on les appelle alors les « relégués ». Si elle est inférieure ce sont les « transportés ».
Le bagne est fait de plusieurs camps et pénitenciers différents selon la catégorie des prisonniers (déportés, relégués, transportés) et selon leur métier. Le plus important de ces camps est celui de Saint Laurent du Maroni Les relégués sont amenés au camp de Saint Jean du Maroni. Les plus dangereux détenus sont envoyés à l'île Royale.
Du fait du climat et des maladies tropicales la mortalité des Européens y est très forte : plus de 40 % meurent dans leur première année. Pour cette raison, on n'envoie plus de condamnés européens en Guyane (mais en Nouvelle-Calédonie) de 1867 à 1887. La loi du 27 mai 1885 le réinstaure pour :
deux condamnations aux travaux forcés ou à la réclusion ;
une des condamnations énoncées ci-dessus et deux condamnations soit à l’emprisonnement pour faits qualifiés crimes, soit à plus de trois mois d’emprisonnement pour vol, escroquerie, abus de confiance, outrage public à la pudeur, excitation habituelle de mineurs à la débauche ; vagabondage ou mendicité ;
quatre condamnations, soit à l’emprisonnement pour faits qualifiés crimes ; soit à plus de trois mois d’emprisonnement pour les délits spécifiés au paragraphe 2 ;
sept condamnations dont deux au moins prévues par les deux paragraphes précédents, et les autres, soit pour vagabondage, soit pour infraction à interdiction de résidence, à la condition que deux de ces autres condamnations soient à plus de trois mois d’emprisonnement
La publication par Albert Londres d'un reportage sur le bagne de Cayenne en 1925 met l'institution du bagne en sursis. En 1936, le Front populaire décide d'interrompre le transfert des forçats vers la Guyane. À la chute du Front populaire, Gaston Monnerville envoie un dernier convoi au bagne en 1938. « Si le bagne fut officiellement supprimé en 1938, ce n'est qu'en 1953 que les derniers forçats rentrèrent en métropole. »
En tout, 15 000 hommes et femmes ont été « relégués » et 52 000 « transportés » au bagne
La vie au bagne : la « guillotine sèche »
Le bagne mérite bien le surnom de « guillotine sèche » : les châtiments inhumains, la malaria, les mauvais traitements, la « dépravation » font des ravages. Sur 17 000 hommes envoyés à Cayenne entre 1854 et 1867, il n'y a que 7 000 survivants.
Les bagnards sont employés soit dans les travaux publics (assainissement des marais ou entretien des installations portuaires, construction de routes) soit au service des particuliers.
Les conditions sanitaires y sont si déplorables qu'un taux de mortalité important y est enregistré. Ainsi, l'espérance de vie moyenne ne dépasse pas les 3 à 5 ans. Les infections sexuellement transmissibles y sont très répandues, car des relations sexuelles se pratiquent entre certains bagnards, bien qu'elles soient réprimées par le règlement intérieur du bagne. De plus, des bagarres y sont fréquentes et leur issue parfois fatale pour les protagonistes.
Après avoir purgé leur peine, les transportés sont assignés à résidence (doublage) en Guyane pour un temps équivalent à la peine qu'ils ont purgée si celle-ci est inférieure à 8 ans . Pour toute peine supérieure ou égale à 8 ans, le condamné se voit interdire à vie tout espoir de retour en métropole et est assigné à la résidence perpétuelle en Guyane. En échange, des concessions et lopins de terre peuvent leur être attribués avec un double objectif : se débarrasser des populations « indésirables » en métropole et assurer le peuplement de la Guyane.
Actualité française
| Clemenceau réprime la grève des postiers. |
| Le repos hebdomadaire devient obligatoire en France. |
| Création de la société qui deviendra L'Oréal en 1939. |
| Légère hausse des prix (1907-1913). |
| Exposition coloniale de Paris. |
| Démolition de l'Abbaye-aux-Bois à Paris, englobée dans l'élargissement de la rue de Sèvres. |
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| Janvier et mars : lois sur la liberté des cultes. |
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07/02/07 | le projet de loi d’impôt sur le revenu du ministre des finances Joseph Caillaux est reporté, mais finalement adopté en 1914. |
| mars |
08/03/07 | la grève des électriciens parisiens plonge la capitale dans le noir |
11/03/07 | pour protester contre la crise viticole, un groupe de vignerons du Minervois, menés par Marcelin Albert, fondent le "Comité d'Argeliers" |
12/03/07 | explosion du Iéna (cuirassé) dans le port de Toulon qui fait 37 blessés dont l’amiral Henri-Louis Manceron légèrement blessé et 118 morts dont sept officiers. |
17/03/07 | loi réorganisant les conseils de prud'hommes |
| mai |
04/05/07 | fondation de l'Union nationale des étudiants de France à Lille |
05/05/07 au 09/06/07 | des manifestations de viticulteurs dans toutes les grandes villes du Languedoc méditerranéen rassemblent des centaines de milliers de personnes. Le 5 mai, à Narbonne, l'armée tire sur la foule : 2 morts. Le 21 juin, 500 soldats du 17e régiment d'infanterie de ligne se joignent aux manifestants à Béziers. |
| juin |
10/06/07 | signature du Traité franco-japonais (1907) (日仏協約) entre la France de la Troisième République et l'Empire du Japon délimitant leurs respectives sphères d'influence en Asie, signé à Paris le 10 juin 1907. |
| juillet |
13/07/07 | loi du libre salaire de la femme qui autorise les femmes à disposer elles-mêmes de leur salaire. |
28/07/07 | l'armée tire sur les grévistes de la chaussure à Raon-l'Étape, dans les Vosges, et fait deux morts et une dizaine de blessés. |
| août |
02/08/07 | début de la pacification du Maroc par la France. |
07/08/07 | bombardement par l'armée française de la ville marocaine de Casablanca suite au massacres de milliers d'européens présents dans la ville par des insurgés berbères et arabes s'opposant à la colonisation. Le bombardement fait près de 7 000 victimes et inaugure une longue campagne militaire de pacification au Maroc, qui durera de 1911 à 1934. |
31/08/07 | conclusion de la Triple-Entente entre la France, le Royaume-Uni et la Russie. |
| octobre |
18/12/07 | création du Ring Club de Lens |
Élevé par sa mère nantaise (Sophie Trébuchet) dans l'esprit du royalisme, il se laisse peu à peu convaincre de l'intérêt de la démocratie (J'ai grandi, écrit-il dans le poème « Écrit en 1846 » en réponse à un reproche d'un ami de sa mère).
Selon Pascal Melka, Victor Hugo a la volonté de conquérir le régime pour avoir de l'influence et permettre la réalisation de ses idées. Il devient ainsi confident de Louis-Philippe en 1844, puis pair de France en 1845. Son premier discours en 1846 est pour défendre le sort de la Pologne écartelée entre plusieurs pays, puis en 1847, il défend le droit au retour des bannis, dont celui de Jérôme Napoléon Bonaparte.
Le 25 février 1848, il est nommé maire du 8e arrondissement de Paris. Après un premier échec, il est élu le 4 juin député de la deuxième République et siège parmi les conservateurs. Le 20 juin, il prononce son premier discours à l'Assemblée. Lors des émeutes ouvrières de juin 1848, il devient, comme soixante autres, commissaire chargé par l’Assemblée Constituante de rétablir l’ordre. Il commande des troupes face aux barricades, dans l'arrondissement parisien dont il se trouve être le maire. Il désapprouvera plus tard la répression sanglante à laquelle il a participé. Il fonde le journal L'Événement en août 1848. Il est déçu par les autorités issues de la Révolution de février et les lois répressives que vote l’assemblée constituante contre la presse les 9 et 11 août le révulsent et lui font dire : « Les hommes qui tiennent le pays depuis février ont d’abord pris l’anarchie pour la liberté ; maintenant ils prennent la liberté pour l’anarchie ». Il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République en décembre 1848. Après la dissolution de l'Assemblée nationale, il est élu le 13 mai 1849 à l'Assemblée législative et prononce son Discours sur la misère le 9 juillet 1849 et le 30 juin 1850. Il rompt avec Louis-Napoléon Bonaparte, lorsque celui-ci soutient le retour du pape à Rome, et il se bat progressivement contre ses anciens amis politiques, dont il réprouve la politique réactionnaire.
Le parti de l'Ordre était en France en 1848, sous la Deuxième République, le regroupement non réellement structuré de personnalités conservatrices, partisanes — comme l'indique son nom — de l'ordre, de la sécurité et des bonnes mœurs. Le parti était composé de monarchistes légitimistes, surtout d'orléanistes mais aussi de républicains adeptes de la république américaine. Ses chefs de file étaient Adolphe Thiers, François Guizot, Odilon Barrot, le comte de Montalembert, le comte de Falloux ou encore Alexis de Tocqueville.
Constitué à l'origine autour du comité de la rue de Poitiers, où les dirigeants avaient élu domicile pour leur siège, regroupant autour de Thiers les partisans de la Monarchie, le parti de l'ordre était principalement divisé entre les légitimistes, favorables au comte de Chambord, petit-fils de Charles X, et les orléanistes, partisans du comte de Paris, en faveur duquel le dernier roi, Louis-Philippe Ier, avait abdiqué. Avec pour slogan « Ordre, Propriété, Religion », le thème principalement fédérateur des sympathisants du parti de l'ordre était de clore « l'ère des révolutions ».
Très puissant dans l'Assemblée nationale élue en avril 1848 (environ 250 « représentants du peuple » sur 900, deuxième force politique derrière les républicains modérés), le parti de l'Ordre avait alors dû se résoudre à accepter le régime républicain issu de la Révolution de février 1848.
Lors de l'élection présidentielle de 1848, incapable de s'entendre sur un candidat royaliste ou conservateur commun, il en vient à soutenir la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte, que Thiers pense facilement pouvoir manœuvrer (« c'est un crétin que l'on mènera »), parce que le neveu de Napoléon 1er apparaît comme un homme d'ordre.
Louis-Napoléon est largement élu lors de l'élection présidentielle de décembre 1848. Le parti de l'Ordre remporte ensuite la majorité absolue (64 % des voix et 450 élus dont 200 légitimistes sur un total de 713 sièges) lors des élections législatives de mai 1849 alors que les républicains modérés, partisans de Cavaignac, subissaient une défaite cruelle (75 élus) dépassés par les démocrates-socialistes (180 élus), rassemblement de radicaux et de socialistes (Solidarité républicaine).
Le nouveau président s'opposera cependant rapidement à ses « amis » politiques qui lui refusent la possibilité d'une réélection. La politique de la majorité parlementaire est à proprement parler réactionnaire dans le sens où elle s'attache à rétablir la situation supprimée parce qu'elle considère comme l'accident de février 1848 et à rétablir les notables dans leur prééminence. Les mesures les plus emblématiques sont alors la restriction géographique et temporelle du droit de vote (loi du 31 mai 1850) ainsi que les lois Falloux et Parieu portant sur l'instruction publique et l'enseignement confessionnel.
La période 1848-1851 est surtout marquée par l'affrontement politique entre le parti de l'ordre et le bonapartisme en pleine ascension politique après l'élection du prince-président. Dès les élections législatives de 1849, le mouvement bonapartiste, dont le programme est centré autour du seul nom de Napoléon et de la légende impériale, se distingue du parti de l'ordre et des partis de notables. Janus politique, ses ressorts et son succès reposent à la fois sur la garantie révolutionnaire et le principe d'autorité alors marque du jacobinisme ce qui le distingue des droites traditionnelles. Ce bonapartisme, tout à la fois populaire, démocratique, parfois anticlérical mais aussi conservateur, de défense sociale et en bons termes avec l'Église se développe en opposition au parti de l'ordre et aux radicaux républicains. Pendant 30 mois, l'opposition va monter entre les alliés de 1848 jusqu'à devenir un conflit déclaré. Alors que les monarchistes de la majorité parlementaire ne font plus mystère de leur intention de rétablir la monarchie, Louis-Napoléon Bonaparte n'entend pas se faire évincer. Le 31 octobre 1849, plusieurs figures du parti de l'ordre sont évincées du gouvernement (Barrot, Falloux, Tocqueville). Aux élections de mai 1850, les préfets soutiennent d'autres candidats que ceux qui ont l'agrément de Thiers et de ses amis. Le coup d'État du 2 décembre 1851, qui marque la victoire des bonapartistes autoritaires, finit par trancher dans le vif l'opposition entre le prince-président et la majorité parlementaire. Le suffrage universel masculin est rétabli et le parti de l'ordre décapité. Les chefs républicains et de la gauche radicale sont moins visés par la répression.
Certaines personnalités du parti de l'Ordre passeront dans l'opposition (le prince Albert de Broglie) ; d'autres se rallieront provisoirement et par opportunisme avant se dissocier (le comte Charles de Montalembert) quand d'autres s'adapteront au nouveau régime.
La Montagne est le nom pris par le groupe de républicains (les « démoc-socs », « démocrates-socialistes ») qui à l'Assemblée nationale constituante de 1848 et à l'Assemblée législative de 1849, tentent de défendre, contre les attaques du parti de l'Ordre et des républicains modérés, les acquis politiques et certains acquis sociaux de la révolution de février 1848. Ledru-Rollin en est l'organisateur.
Aux élections législatives de mai 1849, la Montagne présente un programme réformiste : la suppression de l'impôt des 45 centimes, l'impôt sur le revenu, la nationalisation des chemins de fer, des mines, des canaux et des assurances, l'abolition de la peine de mort, la réforme du service militaire, le taux de crédit à 3 % et le développement de l'enseignement. Elle réussit alors à pénétrer dans l'électorat rural des petits propriétaires tout en confortant son électorat de petits bourgeois, d'artisans et de fonctionnaires.
Elle est décapitée par la répression après l'échec de la journée du 13 juin 1849 : 34 de ses députés sont déchus de leur mandat et poursuivis devant la Haute Cour de justice (la plupart étant d'ailleurs contraints de fuir).
Malgré la répression (notamment le complot de Lyon, qui vise les députés du sud-est), le groupe parlementaire survivra jusqu'en novembre 1851. Cette année les rouges se divisent lors de la proposition de Louis Bonaparte sur l'abrogation de la loi du 31 mai 1850. À partir de ce moment-là, les rouges se divisent entre ceux qui sont favorables au vote de la proposition (vote qui équivalait à une coalition officielle avec Thiers) ; et ceux qui proposent de voter contre (ce qui signifiait qu'ils attendaient un coup d'État de la part du groupe de Thiers)
Après le Second Empire, une grande partie des membres de la Montagne fournira le personnel politique de la Troisième République commençante.
Le Peuple est un journal français publié entre novembre 1848 et juin 1849.
Histoire
Le journal socialiste Le Représentant du peuple, qui compte Pierre-Joseph Proudhon parmi ses collaborateurs, est suspendu par les autorités le 21 août 1848. Pour le remplacer, Proudhon fonde Le Peuple. Ce titre est libre depuis le 18 juin précédent, quand Le Peuple, journal rédigé par Adèle et Alphonse Esquiros, a été rebaptisé L'Accusateur public.
Un premier numéro spécimen paraît le 2 septembre, mais sans cautionnement légal. Le gérant du Peuple, Georges Duchêne, est par conséquent condamné à 200 francs d'amende et un mois de prison. Il faut donc attendre le mois de novembre pour que la parution du journal devienne régulière, tout d'abord hebdomadaire puis quotidienne.
Proudhon est le directeur du journal, qui a pour administrateur Charles Fauvety, ancien directeur du Représentant du peuple. La continuité avec de dernier titre est manifestée par la reprise de sa devise, qui pastichait Qu'est-ce que le Tiers-État ? : « Qu'est-ce que le producteur ? Rien. Que doit-il être ? Tout. - Qu'est-ce que le capitaliste ? Tout. Que doit-il être ? Rien ».
De nombreuses poursuites et condamnations frappent bientôt Le Peuple et son gérant : douze procès entraînent 80 000 francs d'amende et, surtout, trente-trois années de peine d'emprisonnement. Duchêne sera finalement libéré grâce à l'amnistie du 2 décembre 1852.
Organe « montagnard », Le Peuple soutient la candidature de François-Vincent Raspail lors de l'élection présidentielle de décembre 1848 et publie la déclaration de la Montagne au peuple français à la veille de la Journée du 13 juin 1849. Compromis dans cet épisode insurrectionnel, Le Peuple est contraint de cesser sa publication.
Il faut attendre le 1er octobre suivant pour voir le lancement du successeur du journal défunt. Il s'agit de La Voix du peuple, qui sera remplacée à son tour l'année suivante par Le Peuple de 1850.
Collaborateurs
Ch. Cheyé
A. Crétin
Alfred Darimon
Taxile Delord
Georges Duchêne
Pierre Dupont
Félix Élie
Philippe Faure
Charles Fauvety
Arnould Frémy
Pierre Lachambeaudie
Amédée Jérôme Langlois
A.-D. Laumondays
Alfred Madier de Montjau
Louis Ménard
Gabriel de Mortillet
Pierre-Joseph Proudhon
François-Vincent Raspail
Pauline Roland
Ramón de la Sagra
A. Tabole
Louis Vasbenter
Jean Verlot
Le National est un quotidien français fondé en janvier 1830 par Adolphe Thiers, Armand Carrel, François-Auguste Mignet et le libraire éditeur Auguste Sautelet qui en sera le premier gérant, pour combattre la Seconde Restauration.
1830
Le nouveau journal, dont le premier numéro paraît le 3 janvier 1830, bénéficie du soutien financier du banquier Jacques Laffitte et du patronage de Talleyrand et du Duc de Dalberg. On a prétendu que le duc d'Orléans a donné sa caution politique, mais il semble peu probable qu'il se soit directement compromis : rien ne l'atteste en tout cas.
Saisie des presses du National (27 juillet 1830). Le titre renvoie à la devise de 1789 : « la Nation, la Loi, le Roi », l'ordre des facteurs n'ayant naturellement rien d'innocent. Le journal milite pour l'établissement d'un régime parlementaire sous forme d'une monarchie constitutionnelle et conteste l'interprétation donnée par Charles X de la Charte de 1814 en frappant des formules dont plusieurs sont restées célèbres :
- « Dans la monarchie représentative, la majorité doit prévaloir contre un ministère. »
- « La royauté choisit les ministres, [...] mais la majorité de la Chambre les renverse. »
- « Le roi règne et ne gouverne pas. »
Le National, en fait défend la Charte de 1814 : mais il se borne à rappeler au gouvernement que la volonté du peuple est souveraine et que les institutions d’un pays ne sont pas immuables.
Lorsque Thiers passe à l’offensive, l’un de ses éditoriaux est interprété par le gouvernement de Charles X comme une menace contre le système gouvernemental et contre les personnes qui l’incarnent, c'est-à-dire le roi et les ministres. Le pouvoir décide alors de poursuivre Sautelet en correctionnelle puisqu’il est le gérant responsable, et Thiers l’auteur de l’article. Tous deux sont condamnés à 1 000 francs d’amende (que Thiers paiera grâce à une souscription auprès des lecteurs du journal) et singulièrement Auguste Sautelet à une peine de trois mois de prison.
Quand Charles X promulgue les Ordonnances de Juillet suspendant la liberté de la presse, c’est au siège du National que se réuniront les journalistes pour signer la protestation de 1830, prémices de la Révolution de 1830, dite des Trois Glorieuses.
La monarchie de Juillet
Après les journées de juillet 1830, Armand Carrel prend le contrôle du journal.
À sa mort, en 1836 Le National passe aux mains de MM. Thomas, Trélat, Bastide, Duclerc qui en font l'organe de l'opinion républicaine.
En 1846, Armand Marrast devient rédacteur en chef.
La Seconde République
Le National continuera à servir de tribune et publiera l'appel d'Armand Marrast invitant les Parisiens à manifester le 22 février 1848, à la suite de l'interdiction par le Préfet de Paris d'une réunion publique (Campagne des Banquets), et des centaines d'étudiants se rassemblent place du Panthéon, puis se rendent à la Madeleine où ils se mêlent aux ouvriers. La Révolution de 1848 est en marche.
Par la suite, Le National deviendra l'organe de presse de la majorité républicaine modérée (les « Républicains bourgeois ») issue des urnes aux législatives de 1848 et qui forma la Constituante de la Deuxième République. Le nouveau gouvernement fut dirigé par le général Louis-Eugène Cavaignac. Les parlementaires républicains modérés furent qualifiés de membres du Parti du National en référence à leur journal. Le directeur du National, Charles Thomas, et son rédacteur en chef, Léopold Duras, sont alors membres de l'Association démocratique des amis de la Constitution. Lors de l’'élection présidentielle de décembre 1848, le National défend la constitution républicaine et est partisan de la candidature présidentielle du général Cavaignac, qui arrive en seconde position derrière Louis-Napoléon Bonaparte .
L'interdiction (1851)
Interdit après le coup d’État du 2 décembre 1851, il disparaît le 31 décembre de cette même année. Le dernier propriétaire, directeur-gérant, l'ancien préfet Jean Baptiste Ernest Caylus s'enfuit à New York, mais le personnel du Nation est emprisonné : environ 60 personnes, pères de familles. Les Archives nationales conservent le dossier de dissolution et liquidation de la société.
La reparution (1869)
Le National, reparaît le 18 janvier 1869 sous la direction d’Ildefonse Rousset (1817-1878) avec des journalistes qui quittent Le Siècle comme Émile de La Bédollière.
Le journal combat l'Empire et s’oppose vivement à l'ultramontanisme. Pendant le siège de Paris, il soutient la politique du gouvernement de la Défense nationale puis celle d’Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif. Il tire à plus de 150 000 exemplaires
La Troisième République
À compter de mai 1873, Le National représente les idées de la gauche républicaine. Parmi ses principaux rédacteurs, on compte Émile de La Bédollière, Horace Ayraud-Degeorge, Charles Sauvestre, Émile Deschanel, Paul Féval, Alfred Assollant, Théodore de Banville, Paul Foucher, etc.
Ildefonse Rousset étant décédé en mars 1878, Hector Pessard devient directeur du journal. Il aura pour successeur le député Adolphe Maujan (1853-1914).
Le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France présente une collection couvrant les années 1830 à 1836 provenant d'Armand Carrel où il a ajouté à la main le nom des auteurs des articles, puis les années 1869 à 1911 ; la collection des années 1912 à 1914 est incomplète ; quelques numéros datés de 1923 et 1924 sont également en ligne.
Le Vélocipède Illustré est un bimensuel français dans sa première période de publication français spécialisé dans le cyclisme, fondé en 1869 par Richard Lesclide dit « Le Grand Jacques », et disparut vers 1901.
Édité à Paris, il fut fondé par Richard Lesclide, pionnier du journalisme sportif et futur secrétaire de Victor Hugo. Son premier numéro date du 1er avril 1869, soit un mois à peine après l'apparition, le 1er mars précédent, du tout premier journal consacré au cyclisme, Le Vélocipède, fondé à Voiron par A. Favre, fabricant de vélocipèdes et géré par L. Fillet, mais qui cesse sa parution dès le 15 mai.
Cette publication disparaît en 1872, et reparaît en 1890.
Lancée le 1er avril 1869, à un rythme hebdomadaire puis bi-hebdomadaire, du 3 juin 1869 au 4 septembre 1870, la revue reparaît sous le titre « La Vitesse » du 16 juillet au 27 août 1871 puis du 2 mai au 24 octobre 1872 sous l'en-tête initial de Vélocipède illustré.
Elle reparaît en 1890, sous l'égide de son fondateur âgé de 67 ans, Richard Lesclide, sa femme Juana Richard Lesclide en est rédacteur en chef sous le pseudonyme de « Jean de Champeaux », et en prendra la direction à la mort de son mari en 1892.
Paul Faussier, journaliste sportif, membre de la Société vélocipédique métropolitaine et qui organisa la première course de « voitures sans chevaux » le 28 avril 1887 entre Neuilly et Versailles en deviendra le rédacteur en chef.
Elle cessera de paraître vers 1901.
Le périodique de 4 pages au grand format est en majorité consacré à la vélocipédie sous tous ses aspects, circulation, voyages, courses et innovations. Il comprend, par ailleurs, des rubriques sur les spectacles et des articles scientifiques n’ayant qu’un rapport lointain avec la vélocipédie, par exemple sur les moteurs électriques.
Nous suivons l’évolution technique très rapide du vélocipède primitif de 1868 à roues en bois cerclées de fer au véloce (diminutif courant) de 1870 aux roues à rayons métalliques en tension à bandages en caoutchouc et le foisonnement d’inventions. Le tour du monde à vélocipède publié en feuilleton est un récit, quelque peu délirant, de Richard Lesclide qui nous emmène de Paris à la Sibérie jusqu’au Kamtchatka.
Des publicités de constructeurs de vélocipèdes et d’accessoires (roues, bandages en caoutchouc, compteurs, lanternes) figurent en dernière page.
Le Vélocipède Illustré organisa notamment la première course cycliste ville à ville de l'histoire : le fameux Paris-Rouen du 7 novembre 1869.
En 1871 et 1872, l’élan était brisé : le journal avait perdu ses correspondants étrangers et une partie de ses abonnés tués au combat ou éloignés de la vélocipédie par les circonstances. La disparition d’une partie des constructeurs entraîna le déclin de la publicité.