Le Petit Parisien est un journal quotidien français publié du 15 octobre 1876 au 17 août 1944 et qui fut l'un des principaux journaux sous la Troisième République. Il est l'un des quatre plus grands quotidiens français à la veille de la Première Guerre mondiale, avec Le Petit Journal, Le Matin, et Le Journal.
Le Petit Parisien est fondé par Louis Andrieux, député radical et procureur de la République, le 15 octobre 1876 avec Jules Roche, un ancien confrère d'Andrieu au barreau, comme rédacteur en chef. Le Petit Parisien à ses débuts est plutôt de tendance anticléricale et radicale (gauche). Il devient assez rapidement populaire. En 1884, Jean Dupuy en devient le propriétaire. Dès lors pendant plusieurs décennies, la famille Dupuy joue, à travers Le Petit Parisien, un rôle politique important en France. Le journal, sous son impulsion et avec un positionnement politique plus modéré, atteint une très grande diffusion avec un million d'exemplaires vendus à travers la France dès 1900, puis plus de deux millions à la fin de la Première Guerre mondiale, alors le tirage le plus élevé au monde. Durant l'entre-deux-guerres, il se positionne nettement à droite et connaît de nouveaux concurrents, les quotidiens du soir. En août 1944, le journal, qui avait été transformé pendant l'Occupation par le gouvernement militaire allemand en organe de propagande, est alors supprimé et le Parisien libéré le remplace dans les kiosques.
Par son histoire, Le Petit Parisien illustre la réalité de la puissance politique de la presse en France sous la Troisième République.
Les années 1876 - 1885 : la naissance d'un journal sous la IIIe République
Le Petit Parisien est fondé par Louis Andrieux le 15 octobre 1876, et Jules Roche en devient le rédacteur en chef. Quatre sénateurs, tous radicaux et anticléricaux, parmi lesquels Edmond Adam (dont l'épouse Juliette laissera d'intéressantes mémoires), forment le conseil de direction politique. Le journal se présente comme un « journal politique du soir ». Il change plusieurs fois de propriétaires en 1877 : il est cédé une première fois à Eugène Schnerb le 22 février 1877, puis à Hector Pessard en juin et enfin acquis par Paul Dalloz en août. Jean Dupuy, un provincial d'origine paysanne, parti de rien, qui a fait fortune et plus tard est devenu sénateur, et Lucien Claude Lafontaine avancent des fonds au Petit Parisien. Le 18 janvier 1878, Émile Cornuault, ingénieur civil et connaissance de Jean Dupuy, fonde la première société du Petit Parisien : La Société anonyme du journal Le Petit Parisien. Un de ses actionnaires les plus importants est Léon Audbourg, un ingénieur civil également. Jean Dupuy devient le principal commanditaire secret du Petit Parisien avec Louis Paul Piégu comme propriétaire et directeur officiel du journal, à partir du 15 juin 1879. Le journal a commencé à évoluer vers le radicalisme. Le tirage double passant de 23 000 en janvier 1879 à 40 000 en novembre 1880, grâce notamment à la place alors importante accordée aux feuilletons
Charles-Ange Laisant, député, ancien polytechnicien et ami de Lafontaine, crée une nouvelle société ce même jour et la première est dissoute. Laisant devient l'associé de Piégu. Dupuy en fait partie également. Cette nouvelle société exploite la publication du Petit Parisien, dont l'imprimerie est située à Paris, au 18 rue d'Enghien. L'immeuble du 18 appartient déjà presque entièrement à Jean Dupuy, dont les moyens financiers étaient alors accrus grâce à l'héritage de son beau-père qui venait de mourir.
Laisant et Dupuy veulent alors faire du journal, jusque-là une mauvaise affaire, une entreprise rentable. Avec un capital augmenté et un avenir assuré, Le Petit Parisien est alors en mesure de moderniser son matériel et d'organiser sa vente en province. Il fait plus de place à l'information. N'ayant pas les moyens de passer par l'agence Havas (qui existe en France depuis 1835), il se dote donc de correspondants à Londres et à Alger.
Le 28 février 1880, la société du Petit Parisien lance une revue, La Vie populaire, avec des romans et des nouvelles signés Zola, Maupassant, Catulle Mendès et Alphonse Daudet. C'est un hebdomadaire à deux sous et seize pages, qui connait rapidement le succès. Cette même année, Le Petit Parisien s'attire les foudres de la justice. Sous le pseudonyme de Jean Frollo, Laisant attaque le général de Cissey, bonapartiste, qu'il accuse d'avoir une maîtresse à la solde de l'Allemagne. Il en résultera 8 000 francs d'amende pour le journal. Le 29 juillet 1881, une loi donne entière liberté à la presse, tout en la réglementant afin d'éviter des procès qui, en fait, font plus de publicité que de torts aux journaux concernés. Le Petit Parisien profite alors de cette liberté pour lutter contre Jules Ferry. Le journal, entièrement ligué contre lui, contribue à sa chute : c'est le fameux gouvernement de 73 jours, le « Grand Ministère », mené par Gambetta, qui fait l'objet de railleries au sein du Petit Parisien et dans d'autres journaux. Mais Jean Dupuy admire Jules Ferry, même s'il n'est pas toujours d'accord avec lui, et il n'apprécie pas le ton partisan de ses collaborateurs. De plus, trois amis de jeunesse de Dupuy font partie du gouvernement : Alexandre Ribot, Maurice Rouvier et René Waldeck-Rousseau. Au milieu des années 1880, le journal s'intéresse plus aux gazettes, aux potins, aux scandales et au scabreux, afin de vendre plus. L'avenir s'annonce bien : le journal dispose alors de 2 800 dépositaires en province et enregistre beaucoup de nouveaux abonnements. L'un des premiers à se soucier du sort des ouvriers en usine, Waldeck-Rousseau fait voter une loi sur les syndicats en 1884. Le journal, subjectivement, en parle longuement. Il ne se fait plus à ce moment-là le champion de l'anticléricalisme. Il ne fait non plus aucune allusion à l'antisémitisme émergeant à cette époque, qu'incarne par exemple L'Antijuif, le journal de Panchioni fondé en 1881 et prélude au livre du journaliste Édouard Drumont, La France juive.
Les années 1885 - 1918 : vers la Première Guerre mondiale
Une nouvelle amélioration du matériel d'imprimerie en 1885 permet d'augmenter le tirage à 150 000 exemplaires. Les feuilletons de Maupassant, qui demande une rémunération double de celle de Jules Verne, avaient déjà aidé au succès de La Vie populaire. On rapporte cette anecdote : le plan du parcours à suivre le jour des obsèques de Victor Hugo, inclus dans le journal, augmente aussi son chiffre de vente ce jour-là. Piégu meurt en juillet 1888. La société devient alors Le Petit Parisien, Dupuy et Cie, et Jean Dupuy en devient le directeur officiel. Le temps de la hargne partisane est révolue. Le but est alors d'informer mieux et plus rapidement. La modernité se fait jour.
Jean Dupuy devient sénateur des Hautes-Pyrénées le 4 janvier 1891. Un hebdomadaire issu du groupe Dupuy & Cie est lancé le 25 avril de cette même année : L'Agriculture nouvelle. Le 24 mars 1893, les actions du Petit Parisien sont cotées à la bourse de Paris. Le tirage vient d'atteindre 400 000 exemplaires mais reste encore loin derrière Le Petit Journal (900 000 exemplaires).
Avec l'affaire Dreyfus, les journaux antisémites se déchainent (et en premier lieu La Libre Parole d'Édouard Drumont, le 15 octobre 1894). D'abord, Le Petit Parisien informe de l'affaire sans vraiment prendre parti. Puis le journal émet ses premiers doutes sur le bien-fondé des accusations. Il plaide très vite pour une révision du procès. Le 21 septembre 1899, le journal publie une déclaration d'Alfred Dreyfus, qui vient d'être gracié, mais pas encore réhabilité (il le fut seulement en 1906).
Entretemps, en 1895, les locaux du journal s'étendent du 18 au 20 de la rue d'Enghien. Dupuy devient ministre de l'Agriculture le 26 juin 1899.
En 1900, Le Petit Parisien dépasse Le Petit Journal avec 1 million d'exemplaires vendus par jour. Dupuy est réélu sénateur le 28 janvier. En 1901, le journal fait 6 pages et coûte toujours 5 centimes. Le 3 février 1902, le journal atteint 1 103 195 exemplaires.
Lors des élections législatives de 1902, Le Petit Parisien est favorable à Adolphe Carnot, frère de Sadi Carnot, le président de la République assassiné le 25 juin 1894, et à son Alliance républicaine démocratique, ni socialiste, ni radicale, mais plutôt modérée. Pierre Dupuy, fils de Jean, est candidat dans l'arrondissement de Blaye en Gironde. Il est élu au premier tour, et fait partie du groupe de Gauche démocratique, dont il est le secrétaire jusqu'en 1906.
Jean Dupuy envoie son fils Paul étudier le marché et l'industrie de la presse aux États-Unis : il y découvre des machines modernes. Jean Dupuy est ainsi le premier à adosser à un journal sa propre papeterie en 1904, usine de fabrication de papier qui devient officiellement en 1917 la Société des papeteries de la Seine, dite aussi Papeterie du Petit Parisien. Propriété du groupe multinational papetier Smurfit Kappa, la papeterie, située à Nanterre, ferme en 2011.
« Le plus fort tirage des journaux du monde entier » : c'est ce que le journal annonce dans son sous-titre du 18 avril 1912. À partir du 4 avril 1904, Le Petit Parisien paraît avec un sous-titre : « Le plus fort tirage des journaux du monde entier ». En juillet 1906, un supplément dominical est lancé, Nos loisirs, puis en 1910, en partenariat avec Félix Juven, c'est Le Miroir qui vient s'ajouter, ciblant ainsi de plus en plus les lecteurs de fin de semaine à coup d'éditions illustrés, notamment à partir de clichés photographiques.
L’épisode de 45 jours de la crue des eaux de la Seine amène pour la première fois en janvier 1910, des photographies qui documentent les reportages. Les photos sont de qualité médiocre mais les textes sont riches en détails de toutes sortes. Le supplément littéraire illustré du 6 février comporte exceptionnellement 12 pages
Le journal milite depuis le début pour la séparation de l'Église et de l'État, séparation qui interviendra en 1905. Le journal contribue, en 1913, avec Jean Dupuy, à faire accepter un projet de loi controversé : l'allongement de la durée du service militaire à trois ans, votée le 19 juillet et ratifiée le 7 août.
Le 1er mars 1914, Élie-Joseph Bois, 43 ans, devient rédacteur en chef du journal. Il y fait plus de place au sport et à l'actualité internationale. Une rubrique cinéma est créée. Apparaissent aussi des chroniques signées par de grands écrivains tel Anatole France.
Au cours de la Première Guerre mondiale, la société du journal crée Le Poilu du Petit Parisien, un bulletin avec des nouvelles des uns et des autres, des petites histoires amusantes. C'est une sorte de lettre collective pour les combattants de la rue d'Enghien. Fin 1916, le tirage du Petit Parisien dépasse les 2 millions d'exemplaires. Le lendemain de la Victoire (12 novembre 1918), le journal dépasse les 3 millions d'exemplaires.
En 1917, Paul Dupuy rachète à Pierre Lafitte le quotidien l’Excelsior, qui fonde la société Excelsior Publications, faisant partie de la holding de presse contrôlée par la famille Dupuy.
Les années 1919 - 1936 : un journal sur tous les fronts
En 1919, Le Petit Parisien donne son avis sur le bolchévisme : le 4 janvier, le journaliste Claude Anet écrit « Bolchévisme et tsarisme, c'est tout un ». En résumé, Lénine remplace le tsar, mais ce n'est pas mieux. Le 11 novembre 1919, jour du premier anniversaire de l'Armistice, commence alors, au sein du personnel des journaux, une grève qui durera 3 semaines. Les ouvriers imprimeurs réclament une augmentation de salaire de cinq francs par jour. La Presse de Paris, imprimée rue d'Enghien, est le seul journal à paraitre.
Le 31 décembre, Jean Dupuy meurt. L'évènement est d'importance : le président de la République Poincaré assiste aux obsèques et Clemenceau envoie un télégramme. C'est dire l'influence des Dupuy et du journal, comme de la presse en général, en France à cette époque. Ses deux fils, Pierre et Paul, restent les gérants statutaires. Paul Dupuy dirige alors La Science et La Vie (l'actuel Science et Vie), une revue de la société du Petit Parisien. Il succède à son père aux commandes du journal. Pierre en est le codirecteur.
Paul Deschanel est élu président de la République le 17 janvier 1920, en battant Clemenceau. Le journal évoquera les moments de démence du président Deschanel, retrouvé dans la nuit du 24 mai 1920 pieds nus et en pyjama sur une voie ferrée. Le journal exprime aussi à cette période sa révulsion pour le bolchévisme.
À partir de 1921, sous l’impulsion des rédacteurs en chef, Léon Touchard puis Élie Bois, l'aspect du Petit Parisien se modernise. Il se met aux grands reportages internationaux accompagnés de photos et signés par Louis Roubaud, Albert Londres ou Henri Béraud, par exemple le reportage de ce dernier sur l'indépendance de la République d'Irlande en 1920. Le journal annonce la mort de Lénine le 22 janvier 1924, année également de l'élection de Gaston Doumergue à l'Élysée.
Paul Dupuy s’intéresse aussi à la radiodiffusion et lance le Poste du Petit Parisien le 12 mars, la radio du quotidien éponyme dont les studios et l’antenne sont installés dans l’immeuble du journal, rue d’Enghien. Maurice Bourdet en est le rédacteur en chef du Journal parlé.
Paul Dupuy meurt d'une fièvre typhoïde contractée lors d'un voyage en Afrique du Nord, le 10 juillet 1927. Son frère Pierre reste seul aux commandes. Il crée en 1928, la Société du Petit Parisien et d'éditions (SPPE), une société en commandite par actions.
Le Petit Parisien s'intéresse aussi au cinéma et à la télévision, alors dans ses balbutiements. Le 8 mai 1930, Pierre Dupuy rencontre une première fois Mussolini, qui l'impressionne mais dont il se méfie. Il souhaite que cette entrevue ne soit pas ébruitée et glisse politiquement vers la droite avec un anticommunisme de plus en plus virulent. En 1932, on enregistre une baisse sensible du tirage du journal, qui se poursuit les années suivantes : est-ce du fait de son nouveau positionnement ou bien encore de la concurrence de Paris-Soir de Jean Prouvost ?
Le journal interviewe Gandhi grâce à la journaliste Andrée Viollis. Lors de l'accession d'Hitler au pouvoir en Allemagne le 30 janvier 1933, le journal se montre au départ assez neutre. Mais en mai, il commence à s'en méfier et dénonce son caractère dangereux. Le 3 mai 1933, un article de Lucien Bourgès est titré « Mais où va l'Allemagne ? ».
Concernant Mussolini, la méfiance est moindre. Pierre Dupuy est l'artisan d'un accord franco-italien et est reçu « chaleureusement » par Mussolini, selon Le Nouveau Cri du 19 janvier 1935. Le 2 avril, Dupuy est même nommé grand officier de l'Ordre de la Couronne d'Italie et écrit une lettre de remerciement à Mussolini.
Le Petit Parisien couvre largement tous les évènements de l'époque. En 1934, il envoie Ella Maillart au Mandchoukouo, nouvel État fondé par les Japonais en 1932. S'il critique l'« organisation » et la « désinformation » des Jeux olympiques de Berlin, il reste relativement neutre. Il couvre également la guerre d'Espagne, de juillet 1936 à mars 1939, l'instauration des congés payés en 1936. Ainsi le 15 août, le journal décrit-il Paris comme déserte, exception faite des touristes étrangers. Il parle également du scandale royal en Angleterre avec l'abdication d'Édouard VIII qui souhaite se marier avec une divorcée. C'est cette année-là également que le journal commence à comprendre son erreur vis-à-vis de Mussolini.
En 1937, le prix du journal est augmenté, suivant ainsi le coût du prix du papier, ce qui fait craindre à Pierre Dupuy un impact négatif sur les ventes.
Les années 1939 - 1957 : guerre, déshonneur et volonté de réhabilitation
En 1938, le journal soutient les accords de Munich signés entre Chamberlain, Daladier, Mussolini et Hitler.
Le 11 février 1939, Lucien Bourgès couvre la mort du pape Pie XI et la nomination de Pie XII.
À partir de 1939, le rôle politique du Petit Parisien et de la presse en général s'estompe. Le journal informe, simplement. Mais les ventes baissent. Les grandes heures du journal semblent passées. Le Petit Parisien connait alors des moments difficiles, avec des tensions au sein de la rédaction. Élie-Joseph Bois est attaqué au conseil de surveillance. Il a le soutien de Pierre Dupuy, malgré des divergences entre les deux hommes.
Le 11 juin 1940, Le Petit Parisien, le « vrai », celui des Dupuy, est imprimé pour la dernière fois à Paris. Depuis le 29 mai, il ne paraît plus que sur deux, voire une seule feuille. Ce dernier numéro titre « L'Italie déclare la guerre à la France. On s'y attendait ». Dans la journée du 11, le journal plie bagages, et va, pour moitié à Rennes, pour autre moitié à Bordeaux, tiré sur les presses de La France de Bordeaux. Aucun exemplaire ne semble avoir été imprimé avant le 17 juin. Élie-Joseph Bois, ravagé par la demande d'armistice, démissionne et part pour Londres le 17 juin. Dupuy le regrette, mais estime ne pouvoir faire de même.
Le 29 juin, le dernier numéro paraît à Bordeaux. Le journal quitte Bordeaux. Jean Dupuy Junior, fils de feu Paul Dupuy, paraît plus pro-allemand que pro-alliés. Son oncle le renvoie. Entre-temps, Pierre Laval annonce à Charles Maurice qu'il est disposé à laisser imprimer Le Petit Parisien dans les ateliers de son journal, Le Moniteur, à Clermont-Ferrand. Pierre Dupuy accepte à contrecœur. Puis, dès le 5 juillet 1940, on demande à Pierre Dupuy de faire revenir son journal à Paris et de collaborer. Mais Dupuy refuse. De plus, paraître à Aurillac, Clermont et Lyon lui suffit. Mais le personnel s'agite, croyant ne pas être payé au mois d'août à cause des problèmes intérieurs et du manque d'argent. Le 24 août, Dupuy justifie dans son éditorial sa position antérieure concernant Mussolini et dénonce les carences militaires de la France. Il préconise « patience et courage » pour la cohabitation imposée avec les Allemands. Mais il ne croit pas en une victoire de De Gaulle. En faisant un sondage auprès de son personnel, il se rend compte que celui-ci souhaite rentrer à Paris. Ce qui se fait finalement, le 8 octobre. Drieu La Rochelle, fasciste convaincu, participe au journal. Marcel Lemonon conserve son poste de Directeur administratif , Jean Edmond Decharme, ancien reporteur au Poste Parisien et chef de Cabinet d' Adrien Marquet , devient rédacteur en chef , Gilbert Cesbron est responsable du service des informations et de la propagande du journal.
Le Petit Parisien se déclare « pour le Maréchal », comme beaucoup à l'époque, pour pouvoir survivre, par défaitisme et par lâcheté, plus que par réelle conviction, selon la fille de Pierre Dupuy, Micheline Dupuy Mais Pierre Dupuy, lui, n'a pas regagné Paris. Les Allemands lui demandent de revenir et de vendre le journal à Bunau-Varilla. Dupuy rentre à Paris, mais refuse leur proposition. Les Allemands et les autorités françaises accusent alors Le Petit Parisien d'être sous « influence juive », du fait des origines de l'épouse de Paul Dupuy, Helen, qui s'empresse de faire parvenir des papiers d'Amérique prouvant le contraire.
Dupuy cherche le moyen de sauver Le Petit Parisien. En acceptant de refaire paraître le journal à Paris, il ne sait pas encore qu'il causera la mort de celui-ci et le déshonneur de sa famille. De plus, il écrit à Mussolini le 27 janvier 1941, naïvement, le suppliant de l'aider, ce qui ne donnera rien. Cette lettre sera utilisée contre lui en 1949 lors de son procès pour faits de collaboration. Dupuy se justifiera plus tard de cette lettre dans une note, note qui, si elle « n'excuse pas, explique beaucoup de choses7 ».
Le 11 février 1941, Pierre Dupuy est congédié et les locaux du journal sont confisqués par les Allemands. Le Petit Parisien continue de paraître, mais n'a plus rien à voir avec ce qu'il était auparavant. Il devient un journal de propagande nazie, et est géré par d'autres journalistes, venus de différents journaux. Un ancien collaborateur du Petit Parisien dira : « Ce n'était plus le Petit Parisien, mais le Petit Berlinois ! ». Son tirage est encore de 505 000 exemplaires en janvier 19438. On « conseille » à Dupuy de faire une cure à Vichy; en somme on l'écarte. Il accepte, mais ne désespère pas de faire renaître le journal, plus tard, sous un autre nom, celui-ci étant désormais synonyme de honte. Son fils, Francis Dupuy, entre dans la Résistance en 1942. Cette même année, Pierre Dupuy est convoqué afin de donner son accord sur le fait de céder Le Petit Parisien aux Allemands même après la guerre (qu'ils pensent alors encore gagner), mais Dupuy refuse. Il quitte Vichy en 1943 et s’installe à Nice, alors en zone d’occupation italienne. Quand Nice est occupée par les Allemands, il retourne à Vichy, où il avait pris ses habitudes et des amis. Il y reste jusqu’au 8 janvier 1945, date de son retour à Paris.
Le 17 août 1944, tous voient partir avec joie les gérants et les collaborateurs du « Petit Parisien collabo ». Ils espèrent faire renaître le journal, mais le 21 août, les nouvelles autorités gouvernementales installent L’Humanité et Le Parisien libéré (actuel Le Parisien) dans les locaux de la rue d’Enghien. On demande à Francis Dupuy de quitter les lieux. Malgré les efforts de celui-ci pour réhabiliter le journal, rien n'y fait : Le Parisien libéré prend la place vacante laissée par le Petit Parisien. Le 7 août 1944, des FFI veulent arrêter « ce collabo de Pierre Dupuy qui avait dirigé cet affreux Petit Parisien pendant l'Occupation. » Son fils, Francis Dupuy, obtient sur le moment des excuses pour son père, mais c'est trop tard : Pierre Dupuy est inculpé pour faits de collaboration.
La Société du Petit Parisien est alors dévolue à la Société nationale des entreprises de presse (SNEP), société qui a été créée en mai 1946 dans le but de gérer les biens des entreprises de presse et d’informations qui ont été placés en gérance sous la tutelle du gouvernement.
Le procès de Pierre Dupuy s’ouvre en 1949 devant un tribunal militaire. Ce dernier est alors malade, atteint par un zona ophtalmique avec des lésions qui lui défigurent le visage et l’empêchent de hocher la tête. Ses anciens salariés au journal prennent sa défense. De nouveaux témoignages en sa faveur arrivent, bien que certaines personnes se volatilisent. Il est acquitté le 10 juillet 1951. Mais il lui faut attendre le 20 juillet 1954 pour redevenir le propriétaire du titre Le Petit Parisien. Dupuy essaie alors de faire reparaître le journal, mais il trop tard. Le nom du Petit Parisien est sali et le Parisien libéré a fait sa place parmi les lecteurs. En 1957, les neveux de Pierre Dupuy revendent la Société du Petit Parisien à Marcel Boussac, qui la revend trois ans plus tard, en 1960, à Émilien Amaury, propriétaire-fondateur du Parisien libéré et du futur Parisien
Durant l'escapade du Parti populaire français et de son chef, Jacques Doriot, le Petit Parisien fut également le nom du journal du parti réfugié en Allemagne. Il parut durant tout l'hiver 1944-1945, étant imprimé à Constance : il fut donc lu par tous les proches de Pétain en exil, mais aussi dans les Stalags par les prisonniers français.
Disparition du Petit Parisien
Le Petit Parisien aura été l'un des journaux les plus importants et les plus puissants de la Troisième République. Il est une démonstration frappante du mélange des genres entre politique et journalisme, avec le rôle de Jean Dupuy, à la fois propriétaire de journal, puis d'un groupe de presse, et homme politique. Ce journal est resté dans les mémoires comme l'image d'une certaine versatilité journalistique, changeant d'opinion politique au fil des modes même s'il est resté principalement à gauche. Malgré l'acquittement de Pierre Dupuy, la réputation et le nom du journal sont salis sous l'Occupation. Le Petit Parisien, malgré une tentative de relance ne pourra s'en relever et disparaît. Le Parisien libéré, avec d'autres journaux issus ou reparus après la Libération, tel L'Humanité, prendront alors la place laissée vacante.
Dirigeants
- Directeurs
Louis Andrieux : 15 octobre 1876 - 22 février 1877
Eugène Schnerb : 22 février 1877 - juin 1877
Hector Pessard : juin 1877
Louis Paul Piégu : 15 juin 1879 - juillet 1888
Jean Dupuy : juillet 1888 - 31 décembre 1919
Paul Dupuy : 31 décembre 1919 - 10 juillet 1927
Pierre Dupuy : 10 juillet 1927 - 11 février 1941
Jacques Roujon : 1940-1944
- Rédacteurs en chef
Jules Roche : 15 octobre 1876 - 22 février 1877
Élie-Joseph Bois : 1er mars 1914 - 17 juin 1940
Paul Edmond Decharme: 17 juin 1940 - 11 février 1941
Claude Jeantet : février 1941 - 1944
Groupe de presse Le Petit Parisien
Après 1888, la famille Dupuy passe à la tête d'un important groupe de presse appelé « Les éditions du Petit Parisien » qui développent de nombreux produits dérivés, et dont le principal concurrent est le groupe formé autour du Petit Journal. Constitué en holding, ses ramifications donnent la mesure et l'étendue de son développement sur le marché très concentré de la presse et des médias en France avant 1940:
La Vie populaire, relancé le 10 février 1889, remplacé par :
Le Supplément illustré du Petit Parisien, lancé en couleurs le 28 novembre 1890, devenu Le Petit Parisien illustré ;
Nos loisirs, supplément dominical lancé en juillet 1906 ;
Le Poilu du Petit Parisien, supplément entre 1915 et 1918 ;
Le Miroir, lancé en 1910, remplace Le Petit Parisien illustré, puis devient :
Le Miroir des sports en 1920 ;
Le Miroir du monde, fondé le 8 mars 1930, fusionne le 8 janvier 1938 avec Le Monde illustré et devient Le Monde illustré - Miroir du monde ;
La Science et la Vie, lancé en avril 1913 ;
Fondation de la filiale Excelsior Publications en 1917 :
Excelsior, quotidien illustré ;
Omnia ;
Dimanche illustré, lancé en mars 1923 ;
Le Poste Parisien, studio de radiodiffusion lancée le 30 mars 1924.
Armand Fallières, né le 6 novembre 1841 à Mézin (Lot-et-Garonne) et mort le 22 juin 1931 à Villeneuve-de-Mézin (Lot-et-Garonne), est un homme d'État français, président de la République française de 1906 à 1913.
Ministre entre 1882 et 1892, il est nommé président du Conseil en 1883, mais son gouvernement tombe rapidement. Élu à la présidence du Sénat en 1899 après l'élection d'Émile Loubet à l'Élysée, il lui succède en 1906, après avoir été élu président de la République, pour un mandat de sept ans. Bien qu'étant très respecté, le président Fallières ne sollicite pas un second mandat présidentiel pour se retirer des affaires nationales.
Clément Armand Fallières est issu d'une famille de propriétaires ruraux de l'Albret, localisée à Mézin (Lot-et-Garonne). Son grand-père paternel, Joseph Fallières (1781-1866) était forgeron, tandis que son père, Pierre Fallières (1810-1874), occupait la fonction de géomètre-arpenteur.
Le jeune Armand Fallières commence ses études au lycée Guez de Balzac d'Angoulême. Il devient avocat à Nérac après des études de droit à Toulouse et à Paris. Le 14 janvier 1868, il épouse, au cours d'une cérémonie civile se tenant à la mairie de Nérac, Jeanne Bresson (1849-1939), qui lui donne deux enfants, Anne-Marie Fallières (1874-1962), qui épouse en 1908, Jean Lanes (1859-1940), secrétaire général de la présidence de la République française, et André Fallières ; la même année, Fallières est élu membre du Conseil municipal de Nérac, dont il devient maire en 1871, entrant également au Conseil général de Lot-et-Garonne.
Député de Lot-et-Garonne
En 1876, il entre à la Chambre des députés comme député de Lot-et-Garonne et siège parmi les républicains de gauche. Le 18 mai 1877, il fait partie des 363 parlementaires qui votent la motion de censure contre le duc de Broglie.
Après la dissolution du Parlement par le président de la République, Mac Mahon, les nouvelles élections sont une victoire pour la gauche, et Fallières retrouve son siège.
Membre du gouvernement
En mai 1877, Fallières devient à nouveau maire de Nérac. Il occupe à nouveau cette fonction brièvement, jusqu'en septembre, soit quatre mois après son investiture municipale.
Il entre au gouvernement en tant que secrétaire d'État à l'Intérieur dans les cabinets de Freycinet et Ferry, puis ministre de l'Intérieur du 7 août 1882 au 29 janvier 1883 dans le cabinet Duclerc.
Le 29 janvier 1883, il est appelé par le président Grévy, de sorte à diriger un gouvernement, dont il prend le ministère des Affaires étrangères. Après trois semaines à la présidence d'un éphémère cabinet, il présente au président de la République sa démission, le 17 février.
Fallières, par la suite, occupe de nouvelles fonctions ministérielles de premier plan, entre 1883 et 1892, soit pendant neuf ans : ministre de l'Intérieur, puis de la Justice, et enfin de l'Instruction publique. Fallières est, entretemps, élu sénateur de Lot-et-Garonne, en 1890.
Sénateur
Peu après son élection au Sénat, Fallières prend la décision de s’inscrire dans trois groupes parlementaires : la Gauche républicaine, l’Union républicaine et la Gauche démocratique. Lorsque cette pluralité de groupes n’est plus admise, il choisit finalement le groupe de la gauche démocratique, « le plus avancé des trois » selon le sénateur Fallières.
De 1892 à 1899, Fallières, simple sénateur, fait preuve d’une grande discrétion : il ne prend pas une seule fois la parole en séance publique, même s'il contribue beaucoup au travail parlementaire.
Le 1er mars 1899, il vote contre la « loi de dessaisissement » du président Louis Loew dans l’affaire Dreyfus. Deux jours plus tard, il est élu président du Sénat au 2e tour de scrutin. Il succède à ce poste à Émile Loubet, élu président de la République, auquel il succédera par ailleurs à l’Élysée, sept ans plus tard.
Fallières est constamment réélu président du Sénat jusqu’en 1906. C'est à ce titre qu'il préside la Haute Cour de justice, qui juge, en 1899, Déroulède, Buffet, Ramel et Godefroy pour l’affaire de la caserne de Reuilly, liée à la tentative de coup d'État pendant les obsèques du président Félix Faure.
Président de la République
Portrait du président Fallières par Léon Bonnat (1907).
Élu le 17 janvier 1906, il succède à Émile Loubet en remportant la victoire face à Paul Doumer, 78 voix les séparant. Il devient ainsi le 9e président de la IIIe République. Il entre en fonctions le 18 février.
Évitant d'occuper un rôle politique trop influent, le nouveau président cherche à se faire l'arbitre des classes politiques et souhaite rapprocher la fonction présidentielle des Français. Aussi se déplace-t-il facilement en province, notamment sur ses terres du Sud-Ouest. En 1907, il inaugure à Marmande (Lot-et-Garonne) le monument commémoratif de Léopold Faye, homme politique local, ancien maire de la ville puis conseiller général et président du Conseil général de Lot-et-Garonne entre 1871 et 1874, décédé en 1900.
C'est durant la présidence de Fallières que prend fin l'affaire Dreyfus. En effet, par la loi du 13 juillet 1906, Dreyfus est réintégré partiellement dans l'armée, au grade de chef d'escadron (commandant). Le 4 juin 1908, les cendres du plus illustre défenseur de Dreyfus, l'écrivain Émile Zola, sont transférées au Panthéon.
Opposant à la peine de mort, il gracie systématiquement les condamnés à mort pendant les premiers temps de son mandat. C'est d'ailleurs lors de son mandat, en 1908, qu'un projet de loi visant à l'abolition de la peine capitale est soumis à la Chambre des députés par le Garde des Sceaux Aristide Briand. Ce dernier y affronte le député nationaliste Maurice Barrès, partisan résolu de la peine de mort. La loi ne sera finalement pas votée, les députés et l'opinion publique y étant d'autant plus hostiles que la toute récente affaire Soleilland (1907) était encore dans les mémoires. Ce n'est que 73 ans plus tard que la peine de mort sera abolie en France, volonté d'un autre président de la République (François Mitterrand) et d'un autre garde des Sceaux (Robert Badinter).
Agression de Fallières par Mattis (couverture du Petit Parisien illustré du 10 janvier 1909). Le 25 décembre 1908, en effectuant une promenade sur les Champs-Élysées, un garçon de café, qui fut camelot du Roi, nommé Jean Mattis, se jette sur le président Fallières pour lui tirer la barbichette. Mais Armand Fallières réagit un peu brusquement en voyant l'énergumène et est griffé au cou et à l'oreille droite. Jean Mattis écope de quatre ans de prison.
La présidence Fallières est également une ère politique marquée par des progrès importants : un ouvrier gagne en moyenne 1 100 francs net annuels ; les savoirs fondamentaux — lecture, écriture, calcul — constituent le bagage du plus grand nombre. En 1902, une réforme adapte l’enseignement secondaire aux nécessités de la vie moderne en attribuant une plus grande place aux sciences et aux langues étrangères ; après le certificat d’études, plus de la moitié des enfants entrent dans la vie active dès treize ou quatorze ans. Ceci étant, c'est sous la présidence de Fallières que le gouvernement de Georges Clemenceau, « le briseur de grèves », réprime durement certains mouvements, comme la révolte des vignerons du Languedoc.
C'est également sous la présidence d'Armand Fallières et sous le gouvernement du même Clemenceau que les forces de police sont modernisées, notamment par la création des « Brigades du Tigre » (popularisées par la série télévisée à succès Les Brigades du Tigre).
C'est sous sa présidence en 1913 qu'est votée la loi instaurant l'usage de l'isoloir lors des votes4.
Très populaire, le président est affectueusement surnommé par les Français « le père Fallières » en raison de son apparence bonhomme.
Dans le domaine de politique internationale, le président Fallières travaille au renforcement de la Triple-Entente (France/Russie/Royaume-Uni) face à l'Empire allemand de Guillaume II et à la Triplice (Allemagne/Autriche-Hongrie/Italie).
En 1908, il se rend en visite officielle au Royaume-Uni où il rencontre le roi Édouard VII, oncle de l'Europe. La reine, née princesse de Danemark et sœur de la mère du tsar, est une prussophobe convaincue.
L'année suivante, le 31 juillet 1909, il rencontre le tsar de Russie Nicolas II lors de manœuvres de la marine à Cherbourg.
En 1911, sur fond de « seconde crise marocaine » (coup d'Agadir), alors que les troupes françaises commencent à occuper le Maroc que l'Allemagne convoite également, le président Fallières se rend en Belgique et aux Pays-Bas.
En mai 1911, c'est en Belgique qu'il se rend. Il y sonde les intentions du roi Albert Ier. En effet, le jeune souverain, monté sur le trône quelques mois plus tôt, membre d'une dynastie d'origine allemande, est marié à une nièce de l'empereur d'Autriche François-Joseph, allié de l'Allemagne.
Du 23 au 25 juin, il se rend à Rouen pour les fêtes du Millénaire normand.
En juillet de la même année, il se rend aux Pays-Bas. Ici aussi, la souveraine Wilhelmine est jeune et mariée à un prince allemand, oncle de la princesse impériale Cécile, belle-fille du Kaiser et future impératrice.
En 1912, il commet une gaffe dont les journalistes feront des gorges chaudes : le 17 avril il présente ses condoléances au roi George V et au président américain William Howard Taft, en hommage aux nombreuses victimes du naufrage du Titanic. Parti en vacances, il oublie en revanche d'adresser ses condoléances aux familles françaises endeuillées.
La retraite
Le mandat présidentiel d'Armand Fallières se termine en 1913. Après réflexion, le chef de l'État sortant choisit de ne pas se représenter pour un second mandat de sept ans, justifiant sa décision par la phrase : « la place n'est pas mauvaise, mais il n'y a pas d'avancement ».
Retiré de la vie politique, l'ancien président Fallières prend le temps de se reposer dans sa résidence de Loupillon. Il y décède des suites d'une crise cardiaque, le 22 juin 1931, près de vingt ans après avoir quitté l'Élysée. Son épouse Jeanne décède en 1939.
Dans sa ville natale, une statue de bronze de près d'une tonne fut édifiée, en 1938, en l'honneur du « patriarche de la République », selon l'expression de l'historien Jean-Pierre Koscielniak. Ce monument attira les foudres du gouvernement de Vichy qui souhaita le détruire, en 1942.
Encore de nos jours, Armand Fallières reste une grande figure locale de Lot-et-Garonne : à Mezin, une place porte son nom, de même que le collège ; le lycée agricole de Nérac porte aussi son nom.
Fonctions
Mandats électifs
1871-1874 ; mai 1877 - septembre 1877 : maire de Nérac (Lot-et-Garonne)
1871-1886 : conseiller général de Nérac
1883-1886 : président du Conseil général de Lot-et-Garonne
1876-1889 : député républicain de Nérac
1890-1906 : sénateur de Lot-et-Garonne
1899-1906 : président du Sénat
1906-1913 : président de la République
Fonctions gouvernementales
Sous-secrétaire d'État à l'Intérieur et aux Cultes du 17 mai 1880 au 14 novembre 1881 dans les gouvernements Charles de Freycinet I et Jules Ferry I
Ministre de l'Intérieur du 7 août au 13 septembre 1882 dans le gouvernement Charles Duclerc
Ministre de l'Intérieur et des Cultes du 13 septembre 1882 au 21 février 1883 dans les gouvernements Charles Duclerc et Armand Fallières
Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères (par intérim) du 29 janvier au 21 février 1883 dans le gouvernement Armand Fallières
Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts du 20 novembre 1883 au 6 avril 1885 dans le gouvernement Jules Ferry I
Ministre de l'Intérieur du 30 mai au 12 décembre 1887 dans le gouvernement Maurice Rouvier I
Ministre de la Justice du 30 novembre 1887 au 3 avril 1888 dans les gouvernements Maurice Rouvier I (par intérim) et Pierre Tirard I
Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts du 22 février 1889 au 17 mars 1890 dans le gouvernement Pierre Tirard II
Ministre de la Justice et des Cultes du 17 mars 1890 au 27 février 1892 dans le gouvernement Charles de Freycinet IV
Décorations
Grand-croix de la Légion d'honneur en 1906 et Grand maître de la Légion d'honneur de 1906 à 1913 en tant que président de la République.
Chevalier de l’ordre de Saint-André (Empire russe) en 1908.
Les Jeux olympiques de 1912, Jeux de la 5e olympiade de l'ère moderne, se sont déroulés à Stockholm, en Suède du 29 juin au 22 juillet 1912. La capitale suédoise fut désignée ville hôte de ces Jeux lors de la 10e session du Comité international olympique à Berlin le 27 mai 1909, aucune autre ville n'était candidate.
L'évènement devient alors universel puisque les cinq continents sont représentés, Pierre de Coubertin veillant à une participation du Japon. Par ailleurs, ces Jeux se déroulent sur une courte période et en dehors d'une exposition commerciale. Le chronométrage semi-électrique pour les courses d'athlétisme ainsi que les haut-parleurs sont utilisés pour la première fois.
28 nations et 2 407 athlètes (dont 48 femmes) prirent part à 102 épreuves dans 14 sports. Les sportifs les plus en vue de cette olympiade furent entre autres les athlètes Hannes Kolehmainen et Jim Thorpe. Les compétitions féminines de natation et de plongeon sont disputées pour la première fois, tout comme le pentathlon moderne. En 1912, sur les maillots de l'équipe suédoise figurait un drapeau, dont les couleurs étaient inversées, le drapeau était jaune avec une croix bleue, l'inverse du drapeau connu actuellement.
Organisation
Sites des compétitions
Le Stade olympique en 2007.
Le Stade olympique en 1912. Le Stade olympique de Stockholm d'une capacité de 35 000 places a été créé par l'architecte Torben Grut. La piste d'athlétisme est l'œuvre de Charles Perry, le premier grand spécialiste mondial. Le stade a accueilli certaines compétitions d'athlétisme, la gymnastique et les cérémonies d'ouverture et de clôture.
Le bassin olympique, une piscine flottante de 100 mètres dans la baie de Djurgardsbrunnviken fut le siège des compétitions de natation, de plongeon et de water polo.
Terrain d'Östermalm : athlétisme
Court de Tennis : tennis
Pavillon de Tennis : escrime
Terrain de Råsunda : football
Terrain de Traneberg : football
Club d'équitation : équitation
Bassin de Djurgärdsbrunnsviken : aviron
Kaknas : tir
Ellenhill : tir
Nynäshamn : voile
Cérémonie d'ouverture
Les délégations face à la loge royale.
La délégation française et son porte drapeau, Raoul Paoli.
La cérémonie d'ouverture des Jeux se déroule le 6 juillet 1912 au Stade olympique de Stockholm. Les 35 000 spectateurs assistent tout d'abord à l'exécution de l'hymne olympique, et à une prière lue par un révérend suédois. La délégation belge est la première des 28 nations à défiler, la Suède étant la dernière. Après un discours du président du Comité olympique suédois, le roi Gustave V proclame officiellement l'ouverture des Jeux de la Ve Olympiade de l'ère moderne, sous la présence du président du Comité international olympique le baron Pierre de Coubertin. Dès la fin de la cérémonie d'ouverture, les premières compétitions de gymnastique furent disputées.
Nations participantes
Les cinq continents sont pour la première fois représentés. L'Égypte, l'Islande, le Luxembourg, le Portugal, la Serbie et le Japon font leur apparition aux Jeux olympiques. Vingt-huit nations et 2 407 athlètes participent à l'évènement.
Compétition
Sports et résultats
Le Prince Gustaf Adolf, Président du Comité Olympique Suédois en 1912. Les organisateurs suédois souhaitent réduire le nombre de sports au programme pour ne conserver que l'athlétisme, la gymnastique, la lutte et la natation. Après de multiples protestations des autres pays, le Comité international olympique décide lors des sessions de 1910 et 1912 de ne plus intégrer certains sports tels le rugby, le golf ou le tir à l'arc, mais de maintenir d'autres disciplines présentes en 1908 comme l'aviron ou le cyclisme. Par ailleurs, le CIO valide l'apparition du pentathlon moderne. Cette discipline sportive, créée par le baron Pierre de Coubertin spécialement pour les Jeux olympiques, combine équitation, escrime, natation, tir et course. La nouveauté est aussi la création des épreuves artistiques d'architecture, de sculpture, de litterature, de musique et de peinture malgré les réticences des organisateurs (Compétitions artistiques aux Jeux olympiques). L'équitation refait son apparition après 12 ans d'absence alors que la boxe est supprimée car la loi suédoise l'interdit. Ce sont finalement 14 sports et 102 épreuves qui composent le programme olympique. La nouveauté principale est la création des épreuves artistique d'architecture.
Athlétisme (30) Aviron (4) Cyclisme (2) Équitation (5) Escrime (5) Football (1) Gymnastique (4) | Lutte (5) Lutte à la corde (1) Pentathlon moderne (1) Sports aquatiques Natation (9) Plongeon (4) Water-polo (1) |
Ouverture parcimonieuse aux femmes
Les Jeux n'ont été qu'indirectement ouvertes aux femmes en 1900 dans les seules disciplines du golf, de l'équitation, de la voile et du croquet où des compétitions féminines sont organisées dans le cadre de l'Exposition universelle. En 1904 se sont ajoutés le tir-à-l'arc et 1908 le patinage et le tennis.
Le CIO, organe exclusivement masculin durant un siècle, résiste à l'organisation d'épreuves féminines, mais consent en 1910 à ouvrir aux femmes deux nouvelles disciplines pour les Jeux de 1912 : la natation et le plongeon. Pierre de Courbetin affirme pourtant encore en 1912 que les Jeux ont pour mission l'« exaltation solennelle et périodique de l'athlétisme mâle avec [...] l'applaudissement féminin pour récompense ».
48 femmes participent aux Jeux de 1912, pour 2311 hommes. Elles représentent donc 2 % des athlètes.
Faits marquants
L'équipe de football du Royaume-Uni.
En athlétisme, l'Américain Ralph Craig réalise le premier doublé de l'histoire en s'adjugeant le 100 m et le 200 m. Dans l'épreuve du marathon, le Portugais Francisco Lazaro s'effondre au 30e kilomètre de la course, victime d'une insolation. Il décède le lendemain, à l'hôpital Seraphim.
L'Australienne Fanny Durack devient la première championne olympique féminine de natation en remportant le 100 mètres nage libre.
En voile, les trois frères Thubé (France) remportent la médaille d'or nautisme, avec le 6 mètres sur le bateau Mac-Miche.
Le gymnaste italien Alberto Braglia fait l'admiration des juges.
Le Suédois Oscar Swahn remporte, à 64 ans, la médaille d'or par équipes du tir sur cerf courant et devient le champion olympique le plus âgé de l'histoire des Jeux.
L'Allemand Gottfried Fuchs marque 10 buts lors du match de football Allemagne - Russie (16-0). Le tournoi est remporté par l'équipe du Royaume-Uni.
En demi-finale de lutte greco-romaine, le Russe Martin Klein bat le Finlandais Alfred Asikainen après 11 heures de combat. Cet affrontement, le plus long de l'histoire olympique, fut entrecoupé de pauses toutes les 30 minutes afin de faire reposer les athlètes. Le Russe était si fatigué qu'il déclara forfait pour la finale. Les limites de temps furent introduite pour la première fois lors des matchs de lutte des Jeux olympiques de 1924. Dans la catégorie des lourds-légers, les deux finalistes reçurent une médaille d'argent chacun après un match nul et un combat d'une durée de 9 heures.
Marguerite Broquedis, seule représentante féminine française à Stockholm, remporte le titre de tennis du simple dames et devient ainsi la première française championne olympique, toutes disciplines confondues..
En escrime, la France boycotte les épreuves en raison d'un conflit sur les règlements en vigueur pour les épreuves de fleuret.
Tableau des médailles
La Suède, pays organisateur, remporte le plus grand nombre de médailles (65 dont 24 d'or) mais est devancée par la délégation des États-Unis qui s'adjuge un titre supplémentaire. 18 nations sur 28 repartent de ces Jeux de Stockholm avec au moins une médaille. Les médailles furent remises par le roi de Suède, Gustave V en personne.
Tableau officiel des médailles Rang | Pays | or | argent | bronze | Total |
1 | États-Unis | 25 | 19 | 19 | 63 |
2 | Suède | 24 | 24 | 17 | 65 |
3 | Royaume-Uni | 10 | 15 | 16 | 41 |
4 | Finlande | 9 | 8 | 9 | 26 |
5 | France | 7 | 4 | 3 | 14 |
6 | Allemagne | 5 | 13 | 7 | 25 |
7 | Afrique du Sud | 4 | 2 | 0 | 6 |
8 | Norvège | 4 | 1 | 4 | 9 |
9 | Canada | 3 | 2 | 3 | 8 |
Hongrie | 3 | 2 | 3 | 8 |
11 | Italie | 3 | 1 | 2 | 6 |
12 | Australasie | 2 | 2 | 3 | 7 |
13 | Belgique | 2 | 1 | 3 | 6 |
14 | Danemark | 1 | 6 | 5 | 12 |
15 | Grèce | 1 | 0 | 1 | 2 |
16 | Russie | 0 | 2 | 3 | 5 |
17 | Autriche | 0 | 2 | 2 | 4 |
18 | Pays-Bas | 0 | 0 | 3 | 3 |
Total | 103 | 104 | 103 | 310 |
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Bilan
Les Jeux olympiques de Stockholm furent un succès populaire. Près de 200 000 spectateurs suédois suivirent les épreuves d'athlétisme. Le baron Pierre de Coubertin tira un bilan positif de l'évènement lors de ses mémoires : « Ce furent, cinq semaines durant, la liesse continue de la nature, le soleil étincelant à travers la brise de mer, les nuits radieuses, la joie des pavoisements multicolores, des guirlandes fleuries et des illuminations nuancées par l'éclat d'une lumière qui ne mourait jamais. (...) Le stade olympique avec ses ogives et ses tours, sa perfection, le bon ordre, la méthode de ses règlements semblait un modèle du genre. »