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Bob Dylan : Like a Rolling Stone

Bob Dylan : Like a Rolling Stone

Like a Rolling Stone est une chanson de Bob Dylan, apparaissant sur l'album Highway 61 Revisited (1965). Sa longueur (plus de six minutes), son style et ses arrangements en ont fait l'une des chansons de Dylan les plus célèbres et influentes. Le magazine Rolling Stone l'a nommée plus grande chanson de tous les temps, affirmant : « aucune autre chanson n'a jamais défié et transformé les codes commerciaux et les conventions artistiques de son époque aussi profondément ».

 

Écriture

 

Au printemps 1965, alors qu'il venait de rentrer de sa tournée en Angleterre (évoquée dans le film Dont Look Back), Bob Dylan éprouva un vif dépit vis-à-vis des attentes du public, tout comme de la direction que prenait sa carrière. L'idée de quitter définitivement la scène commençait à faire du chemin dans son esprit. Dans un entretien accordé à Playboy en 1966, il explique sa frustration : « Le printemps dernier, j'étais sur le point d'arrêter de chanter. J'étais vraiment épuisé, tout allait mal, tout était monotone et terne. [...] Mais Like a Rolling Stone a changé tout ça. Je me suis retrouvé, je pouvais enfin savoir qui j'étais au plus profond de moi. C'est usant d'entendre d'autres personnes vous dire qui vous êtes alors que dans le même temps, vous êtes incapable de faire de même, de savoir qui vous êtes vraiment. »

 

 

À l'origine le texte de la chanson a jailli sous la forme d'un long poème. En 1966, Dylan explique la genèse de Like a Rolling Stone au journaliste Jules Siegel :

 

« Le poème était long de dix pages. Il n'y avait pas de titre, juste des vers sur une feuille de papier à propos de ma haine incessante envers quelque chose de bien précis, c'était brutal. À la fin, ce n'était plus de la haine, ça disait aux gens quelque chose dont ils ne savaient rien, leur apprenant qu'ils avaient beaucoup de chance. Une revanche, plus précisément. Je ne pensais pas du tout en faire une chanson, jusqu'au jour où, je me suis retrouvé assis à mon piano, chantant à un rythme très lent “How does it feel?” au rythme le plus lent possible. »

 

Au cours de l'année 1965, Dylan compose des poèmes en prose et en vers, et de nombreuses chansons, travaillant constamment sur sa machine à écrire. Des photos de Dylan au Savoy Hotel, à Londres, le montrent durant cette période et sont reprises dans le film Dont Look Back. Il explique aux deux journalistes venus l'interroger que Like a Rolling Stone n'était au départ qu'une « diarrhée littéraire » (de dix pages selon une version, vingt pages selon une autre) qui avait ensuite pris une tournure musicale. Au cours d'une interview pour CBC Radio, à Montréal, Dylan décrira la création de cette chanson comme une avancée décisive, expliquant que la vision qu'il avait sur le sens de son travail avait été changée. Il ajoutera : « Je me suis retrouvé en train d'écrire ce long morceau de diarrhée littéraire, de 20 pages, et que de cela j'en ai tiré le titre Like a Rolling Stone. Je n'avais jamais composé quelque chose de semblable auparavant et tout à coup je me suis rendu compte que c'est cela que j'aurais dû faire dès le départ. [...] Après avoir écrit ça, je ne voulais plus écrire un roman ou une pièce. J'en avais bien assez, je voulais écrire des chansons. »

 

 

Enregistrement

 

À l'origine, la chanson est composée à 3/4, mesure la rapprochant d'une valse, mais sera plus tard réécrite à 4/4. Dylan l'enregistre pour la première fois les 15 et 16 juin 1965, au cours de deux sessions produites par Tom Wilson ; parmi les musiciens se trouvent Mike Bloomfield, Al Kooper, Paul Griffin, Josef Mack et Bobby Gregg à la batterie. Paul Griffin, engagé pour jouer de l'orgue, passe au piano, et Kooper, guitariste, se retrouve derrière l'orgue Hammond. Wilson doutait des capacités de Kooper à jouer de cet instrument, mais finit par acquiescer. Durant l'enregistrement, Dylan demande à Wilson de relever le volume de l'orgue dans le mixage. À Wilson, qui répond : « Hé, ce mec n'est pas organiste », Dylan, agacé, dit : « Hé, pas la peine de me dire qui est organiste et qui ne l'est pas... Contente-toi de brancher l'orgue. » Kooper dira plus tard : « C'est à ce moment-là que je suis devenu organiste ! ». Sur les deux jours d'enregistrement, Dylan ne terminera qu'une seule prise sur deux douzaines de tentatives : c'est la version qui se trouve sur Highway 61 Revisited.

 

Sujet

 

Contrairement à la plupart des tubes de cette époque, les paroles de Like a Rolling Stone ne parlent pas d'amour mais expriment bien plutôt un ressentiment et un ardent désir de revanche. L'écrivain Oliver Trager décrit ces paroles comme évoquant « le sourire méprisant de Dylan adressé à une femme tombée en disgrâce, obligée de se débrouiller et de lutter dans un monde hostile et inconnu ». Jusqu'à maintenant, la cible de cette chanson, Miss Lonely (« Mademoiselle Solitaire »), a toujours pris les chemins les plus faciles, est allée dans les meilleures écoles, connaissant des gens haut placés, a acquis une culture livresque qui permet de briller en société, mais dorénavant, sa situation étant devenue beaucoup plus pénible et précaire, elle n'a aucune expérience utile qui pourrait l'aider à se tirer d'affaire. Les premières lignes de la chanson rappellent les conditions d'existence de Miss Lonely avant sa déchéance :

Once upon a time you dressed so fine
You threw the bums a dime in your prime, didn't you?

Il fut un temps où tu portais des vêtements très chics
Tu jetais des piécettes aux clochards du temps de ta splendeur, n'est-ce-pas ?

Et la première strophe se termine sur ces lignes, tournant en ridicule sa situation actuelle :

Now you don't talk so loud
Now you don't seem so proud

About having to be scrounging for your next meal

Maintenant tu la ramènes moins
Maintenant tu as l'air moins fière
D'avoir à quémander ton prochain repas.

 

Malgré ces attaques au vitriol, cette chanson montre aussi une certaine forme de compassion pour Miss Lonely, ainsi que la joie et la liberté obtenues à la suite de la perte de tout ce qui la rattachait à son ancienne vie superficielle, comme l'a interprété Jann Wenner – cofondateur du magazine Rolling Stone – avec cette reformulation : « Everything has been stripped away. You're on your own, you're free now. [...] You're so helpless and now you've got nothing left. And you're invisible—you've got no secrets—that's so liberating. You've nothing to fear anymore. ». La dernière strophe se termine sur ces vers :

 

When you got nothing, you got nothing to lose
You're invisible now, you got no secrets to conceal

Quand on a rien, on n'a rien à perdre
T'es invisible maintenant, tu n'as plus de secrets à cacher

Et le refrain met l'accent sur ces thèmes :

 

How does it feel
How does it feel

To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Like a rolling stone

Qu'est-ce que ça fait ?
Qu'est-ce que ça fait ?
D'être seule au monde
Sans foyer où revenir
Comme une parfaite inconnue
Comme une pierre qui roule (un euphémisme pour « vagabond »)

 

Les paroles de la chanson s'adressent à une jeune femme autrefois prospère qui est tombée dans la misère. Elle n'est pas nommée explicitement, et il existe beaucoup de spéculations à ce sujet. L'une des hypothèses les plus classiques se base sur Edie Sedgwick, une actrice et top model connue pour avoir travaillé avec Andy Warhol ; elle est souvent identifiée à des protagonistes d'autres chansons de Dylan de cette époque, notamment Just Like a Woman (parue sur Blonde on Blonde). Cependant, on pense généralement que Dylan ne rencontra Sedgwick qu'à la fin de l'année 1965, après l'enregistrement de Like a Rolling Stone, quoiqu'une biographie de Sedgwick place leur première rencontre au Noël de l'année 1964, à Greenwich Village. Joan Baez a également été envisagée comme une destinataire possible de la chanson.

 

D'autres ont vu dans ces paroles un sens plus profond. Mike Marqusee a beaucoup écrit sur les déchirements de la vie de Dylan à l'époque, avec l'éloignement de son ancien public folk et ses positions clairement marquées à gauche. Il suggère que Like a Rolling Stone est auto-référentielle : « la chanson n'atteint son caractère le plus poignant que lorsqu'on réalise qu'elle se destine, au moins en partie, au chanteur lui-même : c'est lui qui est “sans maison” ». Le documentaire de Martin Scorsese, No Direction Home, montre que Dylan semble avoir été très affecté par l'accueil tiède que lui faisait le public à l'époque.

 

Parution

 

Like a Rolling Stone est parue en 45 tours le 20 juillet 1965. En dépit de sa longueur – deux fois celle du maximum préconisé par les radios à l'époque – elle devint le plus grand succès de Dylan jusqu'alors, restant dans les charts américains pendant trois mois et atteignant la deuxième place, derrière Help! des Beatles.

 

Sur le « vinyle promo » utilisé par les animateurs radios et les disc jockeys, la chanson était coupée en deux parties : la face A comportait les deux premières strophes ainsi que les deux premiers refrains, le reste de la chanson se trouvant sur la deuxième face. Les DJs qui voulaient passer la chanson en entier étaient donc obligés, en direct à la radio, de retourner le vinyle. Alors que de nombreuses radios s'opposaient au fait de passer la chanson en entier, du fait de sa longueur, elles furent finalement obligées de se plier aux désirs des auditeurs et de la diffuser sans en couper la fin. Cette anecdote contribua à la popularité de l'œuvre et l'aida à atteindre cette deuxième place dans les charts aux États-Unis, quelques semaines après sa sortie Pour atténuer les réticences, les premiers exemplaires du single mentionnaient une durée de 5 minutes et 59 secondes au lieu des 6 minutes et 9 secondes réelles.

 

La chanson atteignit également le Top 10 de nombreux autres pays, parmi lesquels le Canada, l'Irlande, les Pays-Bas, et le Royaume-Uni

 

Dylan l'interpréta en public pour la première fois lors de son passage controversé au Newport Folk Festival, le 25 juillet 1965. Highway 61 Revisited parut à la fin du mois d'août, et dans la tournée qui s'ensuivit, Like a Rolling Stone conclut tous les concerts, à de rares exceptions près, jusqu'à la fin de sa tournée mondiale de 1966, ainsi que lors de sa reprise des concerts en 1974 avec The Band.

 

Elle est citée comme référence musicale par de très nombreux groupes qui la reprennent sur scène, notamment Jimi Hendrix, U2 ou encore les Rolling Stones (dont le nom est sans rapport avec cette chanson, étant tiré d'un titre de Muddy Waters).

 

Outre Highway 61 Revisited, cette chanson est apparue en version originale sur trois albums officiels de Dylan : les compilations Bob Dylan's Greatest HitsBiograph et The Essential Bob Dylan. On en trouve des versions live sur les albums Self PortraitBefore the FloodBob Dylan at BudokanMTV UnpluggedThe Bootleg Series Vol. 4: Bob Dylan Live 1966, The "Royal Albert Hall" ConcertThe Bootleg Series Vol. 7: No Direction Home: The Soundtrack, ainsi que sur de nombreux « bootlegs ».

 

Paroles

 

Once upon a time you dressed so fine
Threw the bums a dime in your prime, didn't you?
People call say 'beware doll, you're bound to fall'
You thought they were all kidding you
You used to laugh about
Everybody that was hanging out
Now you don't talk so loud
Now you don't seem so proud
About having to be scrounging your next meal

 

How does it feel, how does it feel?
To be without a home
Like a complete unknown, like a rolling stone

 

Ahh you've gone to the finest schools, alright Miss Lonely
But you know you only used to get juiced in it
Nobody's ever taught you how to live out on the street
And now you're gonna have to get used to it
You say you never compromise
With the mystery tramp, but now you realize
He's not selling any alibis
As you stare into the vacuum of his eyes
And say do you want to make a deal?

 

How does it feel, how does it feel?
To be on your own, with no direction home
A complete unknown, like a rolling stone

 

Ah you never turned around to see the frowns
On the jugglers and the clowns when they all did tricks for you
You never understood that it ain't no good
You shouldn't let other people get your kicks for you
You used to ride on a chrome horse with your diplomat
Who carried on his shoulder a Siamese cat
Ain't it hard when you discovered that
He really wasn't where it's at
After he took from you everything he could steal

 

How does it feel, how does it feel?
To have on your own, with no direction home
Like a complete unknown, like a rolling stone

 

Ahh princess on a steeple and all the pretty people
They're all drinking, thinking that they've got it made
Exchanging all precious gifts
But you better take your diamond ring, you better pawn it babe
You used to be so amused
At Napoleon in rags and the language that he used
Go to him he calls you, you can't refuse
When you ain't got nothing, you got nothing to lose
You're invisible now, you've got no secrets to conceal

 

How does it feel, ah how does it feel?
To be on your own, with no direction home
Like a complete unknown, like a rolling stone

 

Source : LyricFind

Paroliers : Bob Dylan

Paroles de Like A Rolling Stone © Sony/ATV Music Publishing LLC

 

 

 

 

 
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Notes et références                                                    
   
   
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    Bob Dylan se voit refuser la Légion d'honneur
   
   
    Bob Dylan : Blowin' in the Wind
    Bob Dylan : Knockin' on Heaven's Door
    Bob Dylan : Like a Rolling Stone
    Bob Dylan : Precious Angel
   
   
   
   
   
   
   
   
   
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