© Cafés Richard

Les premiers à avoir utilisé le terme « dauphin » pour désigner leurs héritiers n’étaient pas Français ! En effet, les premiers titrés de « dauphins » étaient les comtes de Viennois et les comtes d’Albon, seigneurs… du Dauphiné de Viennois. Cet État féodal, qui avait Grenoble pour capitale, était à l’époque sous l’autorité du Saint-Empire romain germanique. Les héritiers portaient donc le titre de « Dauphin du Viennois ». Le symbole du dauphin aurait été choisi en référence aux liens forts qui unissaient à ce moment le Dauphiné avec la Provence, et donc la Méditerranée.                                                                                                                                                            

                                                                                                                                                                          Il ne suffit pas d’être le prétendant au trône pour se voir honoré du titre de dauphin : il faut également descendre du roi. C’est ainsi que François 1^er, cousin du son prédécesseur Louis XII, n’obtiendra jamais ce titre.                                                                                                                                             

Armoiries du Dauphin de France

Le dernier prince français à avoir porté le titre de dauphin a été le fils aîné de Charles X, Louis Antoine, né en 1775. Il n’a cependant jamais été couronné, puisqu’il a abdiqué en même temps que son père. Aujourd’hui, même s’il n’y a plus de dauphin royal, l’expression a perduré. Elle est encore utilisée couramment pour désigner le successeur d’une personnalité aussi bien en politique, en entreprise ou encore dans le sport.

Cette institution est la seule à pouvoir créer des billets en France. Elle conserve entre ses murs un important trésor : 2 500 tonnes d’or. Créée par Napoléon Bonaparte en 1800, la Banque de France, dont le siège se trouve à Bastille, est en charge de la stabilité financière du pays. Ce bâtiment regorge de surprises…

En 1808, la Banque de France rachète l’Hôtel de Toulouse pour s’y établir. Cette bâtisse a été construite en 1640 pour Louis Phélipeaux de La Vrillière, secrétaire d’Etat du Roi, qui voulait une demeure à la hauteur de son rang. L’architecte conçoit la Galerie Dorée, qui mesure 40 mètres de long, afin d’exposer ses 240 tableaux et ses 40 sculptures. L’Hôtel est ensuite racheté par le Comte de Toulouse, fils illégitime du roi Louis XIV. Madame de Montespan, sa mère et favorite du Roi, est présente sur les tapisseries de l’Escalier Rouge sous les traits de la Vierge.

La Galerie Dorée © Guilhem Vellut

Pour conserver le trésor de la France, il faut une structure ultra sécurisée capable de dissuader les potentiels voleurs. En 1927, un coffre-fort d’environ un hectare est construit à 30 mètres sous le sol. D’où son nom, la Souterraine. 658 colonnes retiennent le plafond. Il a fallu 10 000 tonnes d’acier pour construire cette forteresse. À son maximum, la Souterraine a conservé derrière ses épais murs environ 5 000 tonnes d’or (entre 1930 et 1934). Pour la petite anecdote, l’écrivain Stephen Zweig a eu l’autorisation très spéciale de visiter le coffre-fort en 1932. Il a fait le récit de cette expérience insolite dans son texte « Visite à la Souterraine ».

Aujourd’hui, il y a 2 436 tonnes d’or dans cet immense sous-sol, soit l’équivalent de 90 milliards d’euro. Après les Etats-Unis et l’Allemagne, la France est la 3^èmepuissance à posséder le plus d’or. Pourquoi garder tant d’or puisque ce métal n’est plus convertible en euro ? À priori, le trésor n’est pas destiné à être utilisé, mais en cas d’immense faillite, il restera ce gros tas d’or pur à 99,9% pour faire survivre la France. Sous le mandat de Nicolas Sarkozy, environ 500 tonnes ont été converties en dollars et en yen pour assurer une certaine sécurité ainsi qu’un investissement monétaire dans deux importantes devises.

La verrière de la Banque de France © parispapy

Lorsque les Allemands arrivent à Paris en 1940, ils se dirigent vers la Banque de France et exigent l’ouverture des portes du coffre. Le personnel s’exécute, mais le coffre est vide. Plus de 400 camions ont déplacé environ 3 000 tonnes d’or. Ce sauvetage réussi sous le nom de mission « Macaroni » a mis en sécurité le trésor français à Dakar, aux Antilles et aux Etats-Unis. Seuls 50kg d’or ont été perdus. Ils sont tombés dans le port de Brest, mais des rumeurs disent que ce petit pactole a été repêché depuis…

La Banque de France est la seule institution en France à pouvoir fabriquer des billets depuis 1803. Elle produit 20% des nouveaux billets en euro, l’équivalent de 2 milliards de billets par an. La création est vérifiée à de multiples étapes pour assurer la qualité des billets produits. Ces derniers évoluent constamment pour se perfectionner et éviter que des faux puissent apparaître sur le marché. Napoléon Bonaparte définit, lors de sa création, que la contrefaçon de papier monnaie serait punie par une condamnation à mort. La Banque de France s’occupe également des billets trop usés : on peut ainsi leur amener nos billets passés à la machine pour en avoir de nouveaux. Les abîmés sont mis de côté puis détruits.

© Banque de France

Après la Première Guerre mondiale, la France veut investir. Cependant, la loi limite le montant d’achats d’actifs possible. La Banque de France décide alors d’investir dans l’art, le mobilier et l’immobilier. Encore aujourd’hui, l’institution est totalement libre de faire ce qu’elle veut de ses possessions. Contrairement au patrimoine relevant du domaine public, elle peut vendre ou céder ses biens à tout moment. Ainsi, les 20 000 m² de la Banque de France sont également des lieux de stockage de la richesse de la France. Les toiles conservées sont impressionnantes, comme la célèbre Fête à Saint-Cloud de Fragonard, exposée dans le Salon du même nom, juste à côté du bureau du Gouverneur où se trouvent trois tableaux d’Hubert Robert.

La fête à Saint-Cloud – Fragonard © Fred Romero

Le 16 octobre 2017, Piotr Pavlenski met le feu à la Banque de France. Ce réfugié politique russe, connu pour s’être cousu les lèvres en soutient au Pussy Riot, casse les fenêtres de l’entrée du bâtiment pour y lancer huile et feu. Le but de cette performance artistique et politique ? Se placer contre le capitalisme et la finance, « les monarques d’aujourd’hui », qui sont installés à l’endroit même où est née la Révolution Française. L’artiste s’est fait arrêter sans se débattre et est toujours en prison.

Piotr Pavlenski devant la Banque de France © lofern