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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Reportez-vous, par la pensée, à l’époque où la globe terrestre n’avait pas encore l’aspect que vous lui connaissez. Des masses énormes de matières diverses dérivaient, se choquaient, fusionnaient, se déplaçaient. Des températures fabuleuses, associées à des pressions gigantesques, permettaient des amalgames impossibles à concevoir de nos jours mais dont nous constatons les résultats.
Certains de ces bouleversements géants ont donné naissance à des cristaux. Les uns furent colorés, d’autres non.
C’est à ces cristaux colorés, précieux à cause de leur rareté, que fut attribué le nom de « pierres précieuses de couleur ».
Depuis les années 2950 avant notre ère, le jade a été chéri en Chine comme la pierre royale : « yu ». Les caractères d’écriture qui y font allusion, ressemblent à un I majuscule, barré en son milieu.
Ce qui est au-dessus de la barre, est symbole du ciel, ce qui est en dessous, symbolise la terre et ce qui est entre les deux, est l’espèce humaine.
Le mot « yu », en chinois, désigne quelque chose de précieux, de même que nous disons « en or ».
Le jade était censé conserver le corps après la mort. On en trouve dans les tombeaux, vieux de plusieurs millénaires, des empereurs défunts. L’un d’eux contenait un vêtement entier, fait en jade et qui devait assurer l’immortalité, du personnage qui l’avait porté.
Des milliers d’années durant, le jade fut un symbole d’amour et de vertu, en même temps qu’il était un signe extérieur de statut social.
En Amérique centrale, les Olmèques, les Mayas et les Toltèques étaient, eux aussi, grands amateurs de jade qu’ils utilisaient pour le graver ou pour en faire des masques.
Les Aztèques eurent la mauvaise idée d’instituer un impôt sur le jade. Cela conduisit au recyclage, bien regrettable, d’œuvres antérieures.
L’histoire du jade, en Europe, ne se situe pas à un tel niveau. Bien que les archéologues aient trouvé des haches et des lames diverses, taillées dans du jade, les Européens, en général, étaient de très petits utilisateurs du jade en tant que pierre de joaillerie, jusqu’au 16ème siècle où l’on importa de Chine et, plus tard, d’Amérique Centrale, des objets en jade.
Les portugais, qui rapportèrent des pièces en jade, venant de leurs établissements de Canton, appelèrent le jade « piedre de ilharga » c’est à dire « pierre des lombes » car ils croyaient que c’était un remède puissant pour les maladies du rein.
Des objets en jade, ramenés du nouveau monde par les Espagnols, furent appelés, en version espagnole, « piedra de hijada ». Ce qui devint en français « ejade » et, finalement « jade ».
Le jade ancien, gravé en Chine, était ce que nous appelons aujourd’hui de la « néphrite », un minerai amphibolique.
Il est à noter que le mot « néphrite » vient du mot grec « nephros » signifiant « rein », ce qui est une variante, quelque peu savante, de la même chose.
Au 19ème siècle, on s’aperçut que le matériau en provenance du nouveau monde n’était pas le même que le minéral qui venait de Chine. Celui d’Amérique centrale, un pyroxène, fut appelé « jadéïte » pour le distinguer de la néphrite originale.
Les Chinois avaient connaissance de la jadéite. Des voyageurs en avaient ramenée de Birmanie, dès le 13ème siècle. Mais, en ce temps là, la Chine se repliait sur elle-même et cette « pierre du martin-pêcheur » comme ils l’appelaient, par référence aux ailes de l’oiseau, de brillante couleur, n’était pas considérée comme du jade véritable. Elle ne devint un article répandu, que lorsque le commerce avec la Birmanie reprit au 18ème et au 19ème siècle.
De nos jours, c’est le jade jadéite qui est considéré comme le jade véritable, ce qui impose des prix très supérieurs à ceux de la néphrite, car ses couleurs sont d’un vert beaucoup plus vif et qu’il est bien plus translucide.
Le jade jadéïte est produit en Birmanie (à Myanmar). Chaque année, la Compagnie des Gemmes de Myanmar, qui règne également sur le marché du jade et de la perle, vend, par adjudication, des blocs entiers de roche, aux plus importants négociants en jade, venus du monde entier.
Les marchands de jadéite sont vraisemblablement les plus grands spéculateurs au monde, quand on pense à la façon dont ils font leurs achats.
Les quartiers de roche sont vendus en l’état. On y pratique juste une minuscule fenêtre, ouverte sur le flanc et qui permet d’apercevoir une toute petite partie de l’intérieur.
L’acheteur n’a donc aucune idée de ce qu’il peut y avoir dedans : soit de la jadéite verte, ayant de la valeur, soit, éventuellement, de la matière blanchâtre et brunâtre sans aucun intérêt.
L’acheteur ne peut se baser que sur son instinct et c’est ainsi qu’il débourse des centaines de milliers d’euros, pour ce qui peut éventuellement être, ou bien, l’affaire du siècle, ou bien, une perte fabuleuse.
La très bonne qualité de jadéite est, d’ordinaire, taillée en cabochons.
Dans les pays asiatiques, les bracelets en jadéite sont également très en faveur.
On fait aussi des boules, fort belles et d’importants colliers en jadéite, de la période « art déco », ont atteint des prix allant jusqu’à des centaines de milliers d’euros, dans les ventes aux enchères de ces dernières années.
A cause de sa structure lisse et régulière le jade a toujours été une matière d’élection pour la gravure.
La forme la plus répandue est le disque plat, en forme de beignet, appelé « pi », qui se porte d’habitude en collier.
Le «Bouddha d’émeraude », image sacrée du sanctuaire de Wat Phra Kaeon à Bangkok, est, en fait de la très belle jadéite verte.
C’est pour ses couleurs vert vif que la jadéite est appréciée mais elle existe aussi en bleu lavande, en rose, en jaune et en blanc.
On trouve de la néphrite en vert épinard clair, en blanc, en brun et en noir.
Alors que la jadéite est, aujourd’hui, exploitée en majeure partie à Myanmar, on en trouve aussi en petite quantité au Guatemala.
Bien que des veines de l’époque néolithique aient été trouvées en Europe, on ne sait pas, où cette jadéite préhistorique a été exploitée.
On suppose que les Alpes en ont recélé un certain gisement.
On exploite la néphrite au Canada, en Australie, aux Etats-Unis et à Taïwan.
Le jade se vend à la pièce plutôt qu’au poids.
Bien que la couleur générale soit le facteur le plus important qui lui donne sa valeur, on ne peut pas négliger sa translucidité, sa texture et sa structure.
Certaines variétés ont un charme particulier : une sorte de mousse intérieure, très appréciée.
Et la jadéite et la néphrite sont des pierres dures et de longue conservation encore que la jadéite ait, en raison de sa structure, une dureté légèrement supérieure à celle de la néphrite.
Pour Jürgen Spanuth, Basileia, la ville royale et la capitale des Atlantes, peut ainsi être située à Héligoland, une île de la mer du Nord, au large des côtes allemandes et danoises. Une colline, submergée depuis, aurait pu être l'oppidum dont parlait Platon.
En 1953, des plongeurs sous-marins ont découvert des restes d'enceintes, á 9 km d'Héligoland, l'« île sacrée » des anciennes cultures nordiques. Faute de moyens, ces fouilles sous-marines n'ont pas été poursuivies. On ne peut que le regretter... Platon parlait beaucoup de l'orichalque, un mystérieux minerai dont les Atlantes auraient fait la base de leur commerce et la source de leur richesse. Peut-être s'agit-il, si la démonstration de Jürgen Spanuth est juste, de l'ambre, cette résine fossile que les anciens peuples européens appréciaient autant que l'or, notamment pour faire des parures, et qu'on ne trouvait que sur les côtes des mers nordiques.
Arguments et contre arguments Chercheur « parallèle », en tout point comparable á Schliemann, l'homme qui a découvert le site de Troie, Jürgen Spanuth a vu sa thèse très contestée.
On lui a beaucoup reproché son amateurisme. Il est vrai que, souvent, il s'arrange pour tourner ou pour écarter certains faits gênants. On pourrait s'étonner, en effet, de voir des éléphants s'ébattre sur les côtes danoises. Le texte de Platon est pourtant formel. Jürgen Spanuth évoque alors une confusion entre elephas « l'éléphant » et elaphos « le cerf ».
Faut-il alors placer l'Atlantide du côté d'Héligoland et faire des Peuples de la mer les descendants des Atlantes qui auraient survécu à l'engloutissement de leurs terres ? La prudence s'impose. Une seule certitude : l'effondrement, dans la mer, il y a plus de trente siècles, d'une partie des côtes du Jütland. Tous les autres indices (les bas-reliefs de Médinet Habou, les armes nordiques, l'ambre, etc.) ne sont pas des preuves.
L'archéologie a pourtant donné un nouvel atout á Jürgen Spanuth : on a retrouvé, sur le site même d'Héligoland et dans différents gisements sous-marins, des lingots de cuivre et de nombreuses traces d'une exploitation très ancienne de minerai. Or, le texte de Platon mentionnait la présence, parmi les richesses du sous-sol atlante, de « cuivre sous une forme dure et malléable ».
Le texte de Platon est-il fiable ?
Mais faut-il croire au texte de Platon ? Il se peut que plusieurs traditions se soient mêlées, au cours de centaines d'années de récits et de légendes orales, pour donner naissance au mythe de l'Atlantide. L'invasion des Peuples de la mer, chassés de leurs terres par un cataclysme marin naturel et l'explosion du volcan de Thêra, lui aussi destructeur d'une civilisation, ont ainsi pu se confondre, avec d'autant plus de facilité que les Grecs anciens ignoraient à peu prés tout de leur histoire. Vouloir á tout prix prouver la cohérence du texte de Platon est sans doute faire une mauvaise approche du problème de l'Atlantide.
On sait qu'un texte littéraire peut « transformer » la réalité : très prés de nous, La Chanson de Roland en est un exemple parfait. Les récits homériques de L'Iliade et de L'Odyssée, longtemps considérés comme légendaires, ont fini par être reconnus comme vrais et « décodés », au sens strict du terme. La vérité sur l'Atlantide sortira probablement d'une critique serrée du texte de Platon et de sa « généalogie », qui devront être confrontées aux données historiques et géologiques disponibles.
Un jour, l'Empire atlante cessera peut-être d'être promené sur tous les continents ou même sur toutes les planètes, puisque certains auteurs ont même soutenu que les Atlantes, vaincus par les Athéniens, n'étaient, en réalité, que des ... extra-terrestres !
Enthousiasmé par ces découvertes, L. Donelly en déduit que l'Atlantide est bien la mère de toutes les civilisations : il explique ainsi les ressemblances architecturales entre pyramides égyptiennes et précolombiennes. Évidemment, il ne tient aucun compte des écarts chronologiques qui existent entre les bâtisseurs de ces monuments !
Vue panoramique aux Açores. By Vidade vidro
Ultérieurement, O. H. Muck, développant des arguments avancés par les archéologues Kircher et Schliemann, soutient que les Açores sont l'ancienne Atlantide. II insiste sur la situation géographique des Açores, note qu'elles forment une zone de fracture de l'écorce terrestre et qu'elles sont riches de volcans en activité. Mais d'autres pensent que l'Atlantide se trouvait en fait dans la partie ouest de l'océan Atlantique, á proximité de l'île de Bimini (archipel des Bahamas). En 1968, une structure engloutie est découverte dans cette zone. Des recherches s'ensuivent, menées par M. Valentine, conservateur honoraire du musée des sciences de Miami, et D. Rebikoff, expert en photographies sous-marines. Deux murs sont reconnus, orientés perpendiculairement l'un á l'autre.
Ile de Bimini vue d'avion. By Esthr
Bimini s'enfonçant régulièrement dans l'océan, les deux chercheurs datent ces constructions d'il y a 8 á 10 000 années, c'est-à-dire d'une époque où aucun peuple de la région connu des archéologues ne possédait un niveau technique lui permettant de réaliser de tels murs. Le seul problème est qu'on a mis en doute, depuis, l'origine humaine de telles structures, considérées aujourd'hui plutôt comme un phénomène naturel.
L’hypothèse Crétoise
Cette hypothèse, défendue par des scientifiques de valeur, tente de concilier le récit de Platon et les derniers acquis de la géologie et de l'océanographie atlantique. Un préhistorien de renom, Georges Poisson, a cru pouvoir en présenter une synthèse cohérente. D'après lui, il existait, dans l'Atlantique Nord, un pont terrestre qui, depuis la fin de l'ère secondaire, permettait de rejoindre l'Amérique à pieds secs, depuis l'Europe. L'Atlantide aurait été une des presqu'îles de cette langue de terre et cette presqu'île aurait été orientée vers le sud. Petit à petit, ce continent intermédiaire entre les deux continents actuels se serait effondré sous la mer et l'Islande n'en serait plus qu'un vestige septentrional. L'instabilité des îlots volcaniques du rift atlantique, la présence, au nord des Açores, de roches immergées depuis à peine quelques milliers d'années et l'existence de la mer des Sargasses seraient autant de preuves supplémentaires de l'immersion de ce continent.
Sur le plan historique, Georges Poisson accepte la date de neuf mille ans avant Solon proposée par Platon, ce qui soulève immédiatement deux contradictions insolubles. Selon le Critias, nous l'avons vu, l'île atlante était riche en métaux et son agriculture était prospère.
Or, l'Europe était á cette époque en pleine glaciation würmienne : la civilisation du renne ignorait aussi bien l'élevage que la domestication du cheval ou l'usage des armes métalliques. Elle ignorait encore plus la navigation et l'architecture, sciences dans lesquelles, selon Platon, les Atlantes excellaient. Il n'aurait donc rien pu y avoir de commun entre les premiers balbutiements des Européens et l'éclat culturel des Atlantes.
Curieusement, Georges Poisson, aveuglé par le souci de défendre sa thèse, refuse de tenir compte du Critias de Platon, qu'il range parmi les récits légendaires de l'Antiquité, mais se réfère au Timée, beaucoup plus imprécis et donc... beaucoup plus facile à interpréter ! Pourquoi, si l'on considère le Critias comme le fruit de l'imagination d'un Athénien soucieux de mettre sa ville et son victorieux passé en avant, ne pas adopter la même attitude critique à l'égard du Timée ? Georges Poisson ne se pose pas la question et affirme que la lutte entre Athéniens et Atlantes n'était qu'une transposition mythique de la lutte entre la race de Cro-Magnon et celle des hommes de Combe Capelle.
Une fois de plus, le théoricien de l'Atlantide atlantique demeure brouillé avec la chronologie : rien ne vient prouver que ces deux races d'hommes préhistoriques aient pu se rencontrer et se combattre...
L’île de Santorin
Regardons donc du côté de la mer Égée. Cette hypothèse, contrairement á la première, repose sur des bases géologiques incontestables. Il est possible que le tremblement de terre décrit par Platon soit celui qui ébranla, à 110 km au nord de la Crète, Thira ou Thêra (Santorin).
On estime, de façon réaliste, qu'un gigantesque raz de marée a dû venir ravager la côte nord de la Crête. Il y aurait eu une vague haute de 200 m, tandis qu'un nuage de cendres aurait obscurci le ciel de la mer Égée pendant une semaine.
Ile de Santorin. By Barberousse 38
Après quelques jours, ce nuage a probablement laissé sur le sol une couche de cendres d'une quarantaine de centimètres d'épaisseur, qui a rendu la vie impossible aux survivants. Spiridon Marinatos, l'archéologue grec qui a le mieux étudié ce cataclysme, a découvert, dans l'île de Thêra, des vestiges minoens enfouis sous la cendre depuis trente-cinq siècles. Il en a déduit, avec bon nombre de scientifiques, que ces vestiges présentaient certaines analogies avec l'Atlantide de Platon qui aurait donc pu se situer en Crête. Des recherches récentes, analyses dendrochonologiques, de dépôts volcaniques et études de carottes glaciaires, prouvent que ces séismes ont eu lieu 50 ans avant le début du déclin crétois, en 1450 avant notre ère.
Arguments et contre arguments
Là encore, le problème de la chronologie se pose : la civilisation minoenne est parfaitement datée, aux alentours du deuxième millénaire avant notre ère. Ce qui fait tout de même un décalage de sept mille á huit mille ans avec la chronologie platonicienne. Selon certains exégètes du Timée et du Critias, Solon aurait pu être abusé par les prêtres égyptiens et il aurait pu confondre, en transcrivant les hiéroglyphes, les siècles et les millénaires. Dans cette hypothèse de confusion, l'effondrement de l'Atlantide se place à peu prés á l'époque de l'explosion du volcan de la mer Égée.
Vestiges des habitations d'un quartier de la voie sacrée de Théra. By Danoots
On pourrait alors admettre que le tableau de la civilisation atlante laissé par le Critias correspond à ce que devait être la civilisation crétoise du deuxième millénaire, avec ses palais fastueux, sa marine et ses éléphants.
Justement, avec les éléphants, on peut commencer á se poser des questions. On peut également s'en poser sur la présence des métaux, en Crête, á cette époque-là.
Les pierres rouges, blanches et noires dont parle Platon rappellent incontestablement celles que l'on peut trouver, aujourd'hui, dans l'actuelle Santorin. Les recherches sous-marines menées par le commandant Cousteau sont venues confirmer l'ampleur de la catastrophe volcanique, qui peut seule expliquer l'énigme archéologique que posait le déclin brutal de la Crête minoenne au XVIe siècle avant notre ère.
Les choses se compliquent pourtant quand on aborde le problème de la guerre entre Atlantes et Athéniens : les Minoens étaient des marins, des commerçants et des pêcheurs, mais pas du tout des guerriers. Les Égyptiens, qui les nommaient les Keftiou, ne les considéraient pas comme offensifs et ne les ont jamais confondus avec les fameux « Peuples de la mer et du nord ». On voit donc mal les paisibles Crétois se doter de moyens militaires considérables et se lancer dans une politique d'invasion pour le moins aventureuse.
Même en admettant l'exagération naturelle propre aux conteurs athéniens, qui voulaient, en magnifiant la force de leur adversaire, magnifier leur propre victoire, un tel décalage entre ce que nous savons des Minoens et ce que nous croyons savoir des Atlantes étonne. S'ils ont fait du commerce dans toute la Méditerranée, les Crétois n'ont jamais dominé « la Libye jusqu'à l'Égypte » ou «l'Occident jusqu'à l'Étrurie ».
Hormis la légende du Minotaure, difficile à interpréter sur le plan historique pur, il n'y a pas de traces d'une tentative de soumission des habitants de l'Attique par les Crétois. C'est même l'inverse qui s'est produit : la Crête a d'abord été envahie par les Achéens, et ensuite par les Doriens.
Scène de tauromachie. Fresque provenant du palais de Cnossos, en Crète. Minoen récent, vers 1500 avant J.-C.By Lorisgirl
Seulement, Platon parle également de sacrifices de taureaux. Là, en revanche, nous savons que les Crétois vouaient un culte spécial au taureau. Ce culte ne leur était d'ailleurs pas particulier : il est attesté sur tout le pourtour méditerranéen, de l'Anatolie á l'Espagne.
Vestiges d'un portique solennel, fortemment restauré par Evans, à Cnossos. By Ametxa
Enfin, en s'en tenant á la localisation géographique indiquée par Platon, l'Atlantide se serait trouvée « au-delà des colonnes d'Hercule », c'est-à-dire á l'ouest de Gibraltar. Et les envahisseurs seraient venus « des profondeurs de la mer atlantique »
Est-ce là une indication qui vient renforcer l'hypothèse «nordique », émise par Jurgen Spanuth, un pasteur allemand ? Est-il seulement possible d'y voir clair, entre une archéologie incertaine et un texte littéraire douteux ?
Enfin, la géologie sous-marine n'a pas apporté á l'hypothèse canarienne de l'Atlantide la moindre preuve : le continent disparu a si bien disparu qu'il n'a même pas laissé de traces sous la mer !
Lorsque la douce nuit...
Lorsque la douce nuit, comme une douce amante,
S'avance pas à pas, à la chute du jour,
S'avance dans le ciel, tendre, timide et lente,
Toute heureuse d'un fol amour ;
Lorsque les feux muets sortent du ciel propice,
Pointillent dans la nuit, discrets, étincelants,
Eparpillent au loin leurs gerbes d'artifices,
Dans les espaces purs et blancs ;
Quand le ciel amoureux au sein des rideaux sombres,
Tout chaud de ce soleil qui vient de l'embraser,
A la terre, pour lui pleine d'amour et d'ombres,
S'unit dans un brûlant baiser ;
Quand se réfléchissant comme en un lac limpide,
L'étoile de l'azur, sur le sol transparent,
Allume au sein de l'herbe une étoile timide,
Cette étoile du ver luisant ;
Quand aux brises du soir, la feuille frémissante,
A ce tendre contact a refermé son sein,
Et garde en s'endormant la fraîcheur odorante
Qui doit parfumer le matin ;
Quand sur le sombre azur, comme un triste fantôme,
Le cyprès de ce champ où finit la douleur,
Est là, plus triste et froid qu'un mystérieux psaume
Qui tombe sur un ton mineur ;
Lorsque courbant sa tête à des plaintes secrètes,
L'if, comme de grands bras agite ses rameaux,
Et tout mélancolique, en paroles muettes,
Cause bas avec les tombeaux ;
Quand au berceau de Dieu, sur la branche endormante,
L'oiseau paisible, heureux a trouvé le sommeil,
Quand le fil de la Vierge a regagné sa tente
En attendant quelque soleil ;
Quand la croix déployant dans sa forme incertaine,
Sur le chemin du ciel ses deux bras de douleurs,
Dans la nuit qui l'entoure en son humide haleine
Est ruisselante de pleurs ;
Quand toute la nature, et l'étoile de la pierre,
Et l'arbre du chemin, la croix du carrefour,
Se sont tous revêtus de l'ombre, du mystère,
Après les fatigues du jour ;
Quand tout nous parle au coeur, quand la tremblante
femme,
A plus de volupté que le soleil le jour,
Oh ! viens, je te dirai tout ce que j'ai dans l'âme,
Tout ce que j'ai de tendre amour.
Jules Verne
Jules César (100 avant JC - 44 avant JC)
«Tu quoque, fili» (en latin)
«Toi aussi, mon fils» (traduction)
Le 1er jour des ides de mars de l'an 709 de la fondation de Rome (15 mars de l'an 44 avant JC), Jules César est agressé par un groupe de sénateurs.
Parmi les conjurés figure Brutus, en qui César avait placé toute sa confiance. En le voyant, il lui lance en grec : « Kai su teknon » ce que les chroniqueurs latins ont traduit par un mot de dépit : «Tu quoque, mi fili» (Toi aussi, mon fils). Il pourrait s'agir au contraire d'une malédiction à l'adresse du traître au sens de : Qu'il t'arrive à toi aussi le même sort ! Là-dessus, César se recouvre de sa toge et meurt. -
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«Veni, vidi, vici !» (en latin)
«Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu !» (traduction)
Après la victoire sur Pompée, à Pharsale, et la séduction de la reine d'Égypte, Cléopâtre, Jules César se rue avec son armée en Asie mineure (la Turquie actuelle). À Zéla, en 47 avant JC, il bat Pharnace II, fils et successeur de Mithridate, roi du Pont (la région de l'actuel détroit du Bosphore), un roi qui donna du fil à retordre aux Romains.
Un peu plus tard, commémorant sa victoire de Zéla par un défilé triomphal à Rome (son quatrième triomphe), César se fera précéder par un porteur qui présente une pancarte où sont écrits les trois mots : «Veni, Vidi, Vici» . Cette concision exprime le génie militaire et l'esprit de décision du général. -
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«Caesarem vehis caesarisque fortunam» (en latin)
«Tu portes César et sa fortune [son destin]» (traduction)
Ayant franchi le Rubicon et chassé son rival Pompée d'Italie, César entreprend de poursuivre celui-ci en Grèce. Comme ses troupes sont restées en Italie, il tente de traverser incognito le détroit qui sépare Apollonia d'Illyrie (Durrès) de Brindes (Brindisi) pour aller les chercher. Mais le frêle bateau à douze rames sur lequel il a pris place est pris dans une tempête et le pilote donne l'ordre de revenir au port.
D'après l'historien Plutarque, César révèle alors son identité et adresse au pilote les mots ci-dessus, signifiant par là que la chance est avec lui et qu''il ne peut rien lui arriver !... Mais le pilote n'est pas rassuré pour autant et le bateau fait malgré tout route arrière. En Illyrie, finalement, César aura la chance d'être rejoint par ses troupes et son fidèle lieutenant Antoine. Il infligera alors à Pompée la défaite de Pharsale le 6 juin de l'an 48 avant JC. -
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«Alea jacta est» (en latin)
«Les dés sont jetés» (traduction)
A l'instant de traverser le Rubicon avec son armée et de déclarer ainsi la guerre au Sénat de Rome, Jules César aurait dit en grec, la langue des élites romaines de l'époque : «Anerrifthô Kubos» (Que soit jeté le dé !). La traduction latine de cette formule nous a été léguée par l'historien Suétone : «Iacta esto alea», ou, selon l'opinion commune, «Alea jacta est».
L'historien, qui vécut plus d'un siècle après les événements, sous le règne de l'empereur Trajan, raconte que Jules César avait quitté la Gaule transalpine avec quelques troupes (300 cavaliers et 4.000 légionnaires). Il s'était rendu à Ravenne pour suivre au plus près ce qui se passait à Rome, là où s'affrontaient les tribuns de son parti et les sénateurs de celui de son rival, Pompée : «Donc, lorsqu'il eut appris que l'on avait passé outre à l'opposition et qu'ils avaient eux-mêmes quitté Rome, il fit aussitôt partir en avant quelques cohortes, secrètement, pour ne pas éveiller de soupçons, puis afin de donner le change, vint assister à un spectacle public, examina le plan d'une école de gladiateurs qu'il voulait faire construire, et dîna en nombreuse compagnie, suivant son habitude.
Ensuite, après le coucher du soleil, il fit atteler à un chariot les mulets d'une boulangerie voisine et partit dans le plus grand secret avec une faible escorte. Puis les lumières s'éteignirent, il perdit sa route et resta longtemps égaré, mais enfin, vers l'aube, il trouva un guide et parvint à son but à pied, par des sentiers tout à fait étroits. Ayant rejoint ses cohortes au bord du Rubicon, rivière qui marquait la limite de sa province, il s'arrêta un moment et, songeant à la portée de son entreprise, il dit en se tournant vers sa suite :"Maintenant, nous pouvons encore revenir en arrière, mais une fois que nous aurons franchi ce petit pont, tout devra être réglé par les armes." Comme il hésitait, il reçut un signe d'en haut. Un homme d'une taille et d'une beauté extraordinaires apparut soudain, assis tout près de là et jouant du chalumeau ; des bergers étant accourus pour l'entendre ainsi qu'une foule de soldats des postes voisins, et parmi eux également des trompettes, cet homme prit à l'un d'entre eux son instrument, s'élança vers la rivière et, sonnant la marche avec une puissance formidable, passa sur l'autre rive. Alors César dit : "Allons où nous appellent les signes des dieux et l'injustice de nos ennemis. Le sort en est jeté."...»
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«Gallia est omnis divisa in partes tres...» (en latin)
«La Gaule, dans son ensemble, est divisée en trois parties...» (traduction)
Source : traduction française de Maurice Rat, Garnier-Frères, 1967
Le chef-d'œuvre littéraire de Jules César, DE BELLO GALLICO, COMMENTARIUS PRIMUS, connu en français sous le titre: Commentaires sur la Guerre des Gaules, débute par une définition inédite de l'Hexagone : «Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur. Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt. Gallos ab Aquitanis Garumna flumen, a Belgis Matrona et Sequana dividit. Horum omnium fortissimi sunt Belgae, propterea quod a cultu atque humanitate provinciae longissime absunt, minimeque ad eos mercatores saepe commeant atque ea quae ad effeminandos animos pertinent important, proximique sunt Germanis, qui trans Rhenum incolunt, quibuscum continenter bellum gerunt» (version latine).
«La Gaule, dans son ensemble, est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui dans leur propre langue, se nomment Celtes, et, dans la nôtre, Gaulois. Tous ces peuples diffèrent entre eux par la langue, les coutumes, les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par le cours de la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. Les plus braves de tous ces peuples sont les Belges, parce qu'ils sont les plus éloignés de la civilisation et des mœurs raffinées de la Province, parce que les marchands vont très rarement chez eux et n'y importent pas ce qui est propre à amollir les cœurs, parce qu'ils sont les plus voisins des Germains qui habitent au-delà du Rhin et avec qui ils sont continuellement en guerre».
Ces lignes sont essentielles à la compréhension de nos origines. Elles nous rappellent que les Gaulois, premiers habitants de l'actuelle France, tenaient leur nom des Romains. Et c'est Jules César lui-même qui a créé le mythe d'une «nation gauloise», ancêtre de la nation française.
Dans les faits, les habitants de l'Hexagone (la France actuelle) appartenaient pour la plupart à la mouvance celte, étendue sur une grande partie de l'Europe, du Bosphore à la Grande-Bretagne. De part et d'autre des Pyrénées habitaient des tribus similaires que, faute de mieux, on appelle Celtibères. Quant au Rhin, loin d'être une frontière, il était perpétuellement traversé par des tribus que l'on eut été en peine de qualifier de gauloises ou de germaines. -
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«Caesaris mulier non fit suspecta !» (en latin)
«La femme de César ne doit pas être soupçonnée !» (traduction)
À l'aube de son ascension, en 62 avant JC, Caïus Julius, surnommé César, avait formulé la justification ci-dessus pour répudier sa femme, Pompeia, petite-fille du dictateur Sylla, si l'on en croit Plutarque (Vie des hommes illustres). Il ne voulait pas reconnaître qu'elle l'avait effectivement trompé, qui plus est avec un homme qu'il tenait à garder dans le cercle de ses fidèles !
Pendant la période des mystères de Bona Dea(la Bonne Déesse), il était de coutume que des fêtes strictement réservées aux femmes se déroulent dans la maison du grand Pontife (l'ordonnateur de la religion), qui n'était autre alors que César. Guidé par la curiosité, le jeune amant de Pompéia, Publius Claudius Pulcher, communément appelé Claude (ou Clodius), avait osé pénétrer dans la maison sous un déguisement de femme mais sa voix l'avait trahi. L'incident fit scandale et Cicéron lui-même dénonça le sacrilège. Seule Pompéia fit les frais de l'affaire... Son amant obtint l'acquittement, probablement par prévarication, en achetant les juges.
Clodius ne s'en tint pas quitte et poursuivit Cicéron de sa hargne. Plus tard, lorsqu'il eut été désigné tribun avec l'appui du triumvirat (César, Crassus et Pompée), il exila l'avocat en tirant prétexte de la conjuration de Catilina. Ce tribun décidément peu recommandable organisa un gang pour terroriser les bonnes gens et se remplir les poches.
Un groupe de réactionnaires (nous dirions des «skinheads») s'organisa sous la bannière de l'autre tribun, Milon, et les deux bandes donnèrent aux Romains le spectacle de leurs violents démêlés jusqu'à ce que Clodius soit tué dans l'une de ces échauffourées, en 52 avant JC. Dans l'atmosphère de terreur qui régnait à Rome, Cicéron n'eut pas le courage de défendre Milon, accusé de ce crime, mais la plaidoirie qu'il avait préparée, Pro Milone, a heureusement été conservée. -