Paris autrefois - mode et vetement- Directoire -

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(D'après Les Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)
 
(partie 4)
 
On racontait alors un propos d'esprit qui circula longtemps dans cette société frivole : un muscadin s'était attaché aux pas de la grande citoyenne, et, comme celle-ci, énervée, se retournait : « Qu'avez-vous, monsieur, à me considérer ? – Je ne vous considère pas, madame, aurait répondu le badin, j'examine les diamants de la couronne. »

Il est bon de dire que la ci-devant Mme de Fontenay montra toujours vis-à-vis de tous les déshérités une charité inépuisable ; ce qui fit dire a juste titre que si la citoyenne Bonaparte avait acquis le surnom de Notre-Dame des Victoires, la charmante Mme Tallien méritait en tous points celui de Notre-Dame de Bon Secours.

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Le plus éclatant salon du Luxembourg, celui où la meilleure compagnie tenait à se rendre, était incontestablement le salon de Barras. Il était simple et plein de bonhomie ; on y causait peu avec cet esprit de conversation d'autrefois, mais ony riait, on y jouait, on y plaisantait sans façons. M. de Talleyrand s'y asseyait complaisamment à une table de bouillotte et Mme de Staël y venait chuchoter avec Marie-Joseph Chénier ou François de Neufchâteau.

Les autres Directeurs recevaient chacun un jour de la décade, mais leurs réceptions manquaient d'éclat. Chez La Revellière-Lépeaux, –Laide peau, comme on le nommait, – le vulgarisateur de la théophilanthropie, on ne parlait que de la religion nouvelle et l'on « mettait ses vices à la question ». Chez Carnot, qui donnait de mesquines soirées dans un petit appartement bas de plafond, on chantait quelques ariettes guerrières et on ne jurait que par « l'Évangile de la gendarmerie ». Chez Letourneur et Rewbell, c'était pis encore on y bâillait et on n'y causait point.

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Le Jardin des Tuileries, An VII (1799)

 

Mais la France entière n'était pas à Paris, elle était représentée surtout au palais Serbelloni à Milan et au château cle Montebello, où une cour brillante se pressait pour rendre hommage à la séduisante Joséphine qui faisait par ses grâces non moins de conquêtes que, par son génie, son illustre époux.

Le vrai salon du Directoire, ce fut la rue ; ce fut le Petit Coblentz, puis Tivoli avec ses quarante arpents de verdure, Monceau, et aussi Idalie ; ce fut Biron, ce fut l'Élysée, ce fut même enfin la Butte Montmartre, d'où montèrent tous les soirs dans la nuit dix feux d'artifice qui secouaient sur Paris leurs gerbes de pierreries, leurs paillettes d'or et d'émeraudes. La rue fut agitée par une éternelle fête ; chaque nuit y défilaient, se rendant à Feydeau et aux autres spectacles, les bandes élégantes des agioteurs, des fournisseurs en compagnie de leurs bruyantes maîtresses.

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Les agioteurs au Palais Royal,
An VII (1799)

 

L'été, le plaisir se montrait sous la feuillée, à Bagatelle, au Jardin de Virginie, faubourg du Roule, au ci-devant hôtel Beaujon. Les aimables et les Merveilleux raffolaient de ces endroits gazonnés, pleins de ruisseaux, de cascades, de grottes, de tourelles, éclairés de flammes rouges, remplis par le bruit des fanfares, où les nymphes à demi nues ne songeaient guère à fuir sous les saules. Le principal temple de la Joie, le plus attirant fut Tivoli, mélange de côteaux, de cascatelles, de sentiers sinueux, où l'on passait au milieu d'une haie de jolies femmes, et où se tenaient tous les jeux connus à Cythère. Dans ce pays de l'Astrée éclairé par les fantaisies pyriques des Ruggieri, égayé par les cabrioles, les chansons légères, les parades de foire, par l'apparition des acrobates de tous genres, la société du Directoire se complaisait inconsciente et carnavalesque.

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« Bruyants plaisirs, s'écriait Mercier, les femmes sont dans leur élément au milieu de votre tumulte ! Le contentement perce dans leur maintien, malgré leur déchaînement épouvantable contre le temps qui court ; jamais elles n'ont joui d'une telle licence chez aucun peuple ; la rudesse jacobine expire même devant les non cocardées. Elles ont dansé, bu, mangé, elles ont trompé trois ou quatre adorateurs de sectes opposées, avec une aisance et une franchise qui feraient croire que notre siècle n'a plus besoin de la moindre nuance d'hypocrisie et de dissimulation et qu'il est au dessous de nous de pallier nos habitudes et nos goûts quels qu'ils soient.

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Une cohue de jeunes gens l'environne avec le langage d'une joie dissolue. Encore une hardiesse de Merveilleuse, et l'on pourrait contempler parmi nous les antiques danses des filles de Laconie il reste si peu à faire tomber que je ne sais si la pudeur véritable ne gagnerait pas à l'enlèvement de ce voile transparent. Le pantalon couleur de chair, strictement appliqué sur la peau, irrite l'imagination et ne laisse voir qu'en beau les formes et les appats les plus clandestins ;... et voilà les beaux jours qui succèdent à ceux de Robespierre ! »

Paris autrefois - mode et vetement- Directoire -

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(D'après Les Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)
 
(partie 5)
 
En automne, les concerts, les thés, les théâtres attiraient même affluence de robes transparentes et de mentons embéguinés ; on rigaudonnait, on prenait des glaces chez Garchy et chez Velloni ; le pavillon de Hanovre faisait fureur : dans cette partie de l'ancien hôtel de Richelieu, les déesses couronnées de roses, parfumées d'essence, flottant dans leurs robes à l'athénienne, œilladaient aux Incroyables, agitaient l'éventail, allaient, venaient, tourbillonnaient, rieuses, chiffonnées, provocantes, le verbe, haut, l'œil insolent, cherchant le mâle.
 
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Et chacun clabaudait dans l'assemblée des hommes, on y mettait cyniquement et à plaisir à découvert le gouvernement de jouisseurs : « Toutes ces femmes que tu vois, clamait un jeune Spartiate à son voisin...– Hé bien ? – Elles sont entretenues par des députés. – Tu crois ? – Si je crois !... Celle-ci, aux yeux vifs, à la taille svelte, c'est la maîtresse de Raffron, le même qui proclame la cocarde comme le plus bel ornement d'un citoyen. – Cette demoiselle à la gorge nue et couverte de diamants, c'est la sœur de Guyomardl : on a payé sa dernière motion avec les diamants de la couronne. Là-bas, cette blonde élancée, c'est la fille cadette d'Esnard, qui a mis de côté cent mille écus pour sa dot : on la marie demain. Il n'y a pas, vois-tu, concluait le jeune homme, un seul membre du Corps législatif qui n'ait ici deux ou trois femmes dont chacune des robes coûte à la République une partie de ses domaines. »
 
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Ainsi les propos s'entre-croisaient, propos de galanterie, de marchandage, de politique, d'agiotage, quolibets et calembours. Toutes les opinions, toutes les castes se trouvaient réunies dans ces Sociétés d'abonnement, où l'on acclamait M. de Trénis, le Vestris des salons. Les femmes du meilleur monde, qui craignaient de montrer du luxe et d'attirer l'attention en recevant habituellement chez elles, ne redoutaient point de se mêler aux nymphes galantes qui fréquentaient même Thélusson et l'hôtel de Richelieu ; on y allait en grande toilette ; mais, par instinct, on préférait le négligé.
 
Thélusson, Frascati, le pavillon de Hanovre étaient composés à peu près, au dire de Mme d'Abrantès, de la meilleure société de Paris. On y allait en masse, au sortir de l'Opéra ou de tout autre spectacle ; quelquefois par bande de vingt-cinq d'une même société ; on y retrouvait ses anciennes connaissances, puis on rentrait sur le tard prendre une tasse de thé..., un thé... de véritable macédoine car il y avait de tout, depuis des daubes jusqu'à des petits pois et du vin de Champagne.
 
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Les premières Montagnes Russes, An VII (1799)
 
Les femmes du Directoire n'avaient, il faut bien le dire, aucune des délicatesses et des grâces alanguies que nous leur prêtons par mirage d'imagination ; aucun de ces charmes amenuisés et anémiés qui constituèrent par la suite ce qu'on nomma la distinction. Presque toutes furent des luronnes, des gaillardes, masculinisées, fortes sur le propos, à l'embonpoint débordant, véritables tétonnières à gros appétit, à gourmandise gloutonne, dominées exclusivement par leurs sens, bien qu'elles affectassent des pâmoisons soudaines ou de mensongères migraines.
 
Il fallait les voir, après le concert, se ruer au souper, dévorer dindes, perdrix froides, truffes et pâtés d'anchois par bouchées démesurées, boire vins et liqueurs, manger en un mot, selon un pamphlétaire, pour le rentier, pour le soldat, pour le commis, pour chaque employé de la République. Ne leur fallait-il point se faire « un coffre solide » pour résister aux fluxions de poitrine qui guettaient à la sortie ces nymphes dénudes ? – Les vents coulis d'hiver auraient vite eu raison d'une robe de linon ou d'une friponne tunique au lever de l'aurore, si une sur-alimentation ne les eût préservées.
 
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Le Bal de l'Opéra, An VIII (1800)
 
 

La Merveilleuse et la Nymphe, créatures typiques de cette époque de corruption profonde et de libertinage ouvert, où tous les êtres mineurs s'émancipèrent d'eux-mêmes, où l'on proclama le sacrement de l'adultère, Merveilleuses et Nymphes furent les divinités reconnues aux décadis et à toutes les fêtes païennes de la République : beautés plastiques, prêtresses de la nudité et du dieu des jardins, femmes folles de leur corps, chez qui l'âme a déserté, 'perdues dans la fausse mythologie qui les porte à se gréciser par amour de l'antique afin de pouvoir se comparer aux Vénus de la statuaire et aux diverses héroïnes de la Fable . 

 

Les jeunes gens à la mode furent aussi leurs dignes partenaires. Écoutons une  contemporaine qui nous esquissera leur portrait en quelques lignes : 

 

  « Présomptueux plus que la jeunesse ne l'est ordinairement ; ignorants, parce que depuis six ou sept ans l'éducation était interrompue, faisant succéder la licence et la débauche à la galanterie ; querelleurs, plus qu'on ne le permettrait à des hommes vivant continuellement au bivouac ; ayant inventé un jargon presque aussi ridicule que leur immense cravate qui semblait une demi-pièce de
mousseline tournée autour d'eux, et par-dessus tout, fats et impertinents.
En guerre avec le parti royaliste du club de Clichy, ils prirent un costume qui devait différer de tous points de celui des jeunes aristocrates : un très petit gilet, un habit avec deux grands pans en queue de morue, un pantalon dont j'aurais pu faire une robe, des petites bottes à la Souvarow, une cravate dans laquelle ils étaient enterrés ; ajoutons à cette toilette une petite canne en forme de massue, longue comme la moitié du bras, un lorgnon grand comme une soucoupe, des cheveux frisés en serpenteaux, qui leur cachaient les yeux et la moitié du visage, et vous aurez l'idée d'un incroyable de cette

époque. »   image  

 

Inspectons, au début de l'an V, ces Olympiennes du Directoire à cette illustre promenade de Longchamp qui venait d'être rétablie et dont le défilé n'était qu'un assaut de luxe et de beauté et un incroyable concours de toilettes. Suivons-les, à travers les éphémérides de la mode, jusqu'aux dernières années du siècle.   Rien de moins français que la mise des élégantes à ce début de l'an V. Ce ne furent que tuniques grecques, cothurnes grecs, dolmans turcs, toquets suisses ; tout annonçait des voyageuses disposées à courir le monde. Ce qui surprit davantage après les Titus, les coiffures à la victime et à l'hérissé, ce fut la préférence aveugle donnée aux perruques. Peu auparavant, à ce seul nom, une belle frissonnait ; mais le sacrifice de ses cheveux en cette époque républicaine était devenu un triomphe... ; avec cela, robe retroussée jusqu'au mollet : ce dégagement, d'accord avec les souliers plats, donnait aux femmes une allure décidée et hommasse peu en rapport avec leur sexe.   image  

Sur les coiffures on disposait un coquet béguin, assez semblable aux toquets du premier âge ou bien un chapeau spencer à haute calotte cannelée avec plume de vautour. La même année vit les toquets froncés à coulisses, le toquet d'enfantgarni en dentelles, tantôt en linon, tantôt en velours noir, cerise, violet ou gros vert, avec une ganse plate sur les coutures et une dentelle froncée sur le bord.   image  

On porta même le turban à calotte plate, orné de perles et d'une aigrette, mis à la mode par l'arrivée d'un ambassadeur turc à Paris ; on vit en plus la capote anglaise garnie de crêpe, le bonnet à la jardinière, le chapeau casque-ballon, le bonnet à la folle, garni de fichus multicolores, de blondes et de dentelles, qui cachaient à demi le visage ; la cornette en linon gazé, le chapeau blanc à la Lisbethsur un toquet cerise que la Saint-Aubin venait de mettre en vogue clans l'opéra de Lisbeth au Théâmtre-Italien ; le chapeau à la Primerose, également emprunté à la pièce de ce nom, le casque à la Minerve, le turban en spirales et vingt autres couvre-chefs plus charmants, plus gracieux les uns que les autres, mais qui, pour extravagants qu'ils fussent, seyaient à merveille à tous ces provocants et animés par la fièvre de vivre.   Le fichu fut également porté en négligé, drapé, chiffonné au hasard ; aucune règle n'en détermina la forme, le goût seul présidait à sa confection, et ce fut bien la plus adorable coiffure du monde, la plus coquine : point de chignon, quelques cheveux épars sur le front, une draperie amplement bouillonnée, une bride noire et l'attention de ménager les trois pointes, voilà seulement ce que l'usage généralisa.   Il fallait voir les grisettes en négligé du matin : une gravure nous présente une Parisienne dans cette tenue de la première heure ; le premier fichu blanc venu lui tient lieu de coiffe, les cheveux errent à l'aventure et le chignon reste invisible ; camisole blanche serrée à la taille et jupon rayé, bas à coins ; mules de maroquin vert : ainsi costumée, la belle s'en allait chercher sa provision au marché le plus proche ; point de panier, mais un mouchoir blanc à la main pour recevoir les œufs, les fleurs et les fruits. Avec cette grosse emplette on la voit revenir gaiement, tenant d'une main le petit paquet et de l'autre le jupon, relevé très haut jusqu'au genou afin de bien laisser voir la chemise blanche et le mollet convenablement placé et enfermé dans son tricot blanc immaculé.   image

Paris autrefois - mode et vetement- Directoire -

Publié à 14:15 par acoeuretacris Tags : paris autrefois mode et vetement directoire
(D'après Les Modes de Paris 1797-1897, par Octave Uzanne, paru en 1898)
(partie 6)
 
Pour la promenade matinale, les Parisiennes, afin de mieux se livrer aux caresses du zéphyr, dépouillaient tout ornement superflu ; une robe mince dessine les formes, un schall de linon jaune citron ou rose pâle tient lieu de fichu ; sur la tête un simple béguin, dont la dentelle s'échappe sous une gaze ornée de paillettes ; aux pieds des petits cothurnes rouges, dont les rubans de même couleur s'enroulent autour de la jambe : tel était le costume dans lequel les grâces assistaient, déjà sur le tard, au lever du soleil.
 
Dans le jour on ne voyait que chemises à la prêtresse, robes de linon coupées sur patron antique, robes à la Diane, à la Minerve, à la Galatée, à la Vestale, à l'Omphale, moulées au corps, laissant les bras nus et, bien que dégagées, modelant les formes comme des draperies mouillées.
 
On exigeait des costumes qui dessinassent les contours et eussent de la transparence. Les médecins s'évertuaient à répéter sur tous les tons que le climat de France, si tempéré qu'il soit, ne comportait cependant pas la légèreté des costumes de l'ancienne Grèce ; mais on ne se souciait aucunement des conseils des Hippocrates, aussi, Delessart put affirmer, à la fin de l'an VI, avoir vu mourir plus de jeunes filles, depuis le système des nudités gazées, que dans les quarante années précédentes.
 
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Les réunions au Luxembourg
An VIII (1800)
Quelques audacieuses, parmi lesquelles la belle Mme Hamelin, osèrent se promener entièrement nues dans un fourreau de gaze ; d'autres montrèrent leurs seins. découverts, mais ces tentatives impudiques ne se renouvelèrent point ; le bon sens blagueur du populaire les fit avorter dès le début et les extravagantes qui n'avaient pas eu le sentiment de leur impudeur sentirent la crainte de leur impudence quand les huées et les apostrophes des passants les poursuivirent jusques à leur domicile.
 
Les modes transparentes se modifièrent cependant peu à peu ; tout change vite dans l'empire féminin. Vers le mois de brumaire an VII, les robes à l'Égyptienne, les turbans à l'Algérienne, les fichus au Nil et les bonnets en crocodile occupèrent un instant l'esprit de nos frivoles. La campagne d'Égypte mit en vogue d'énormes turbans multicolores à côtes et à plumes recourbées, dont le fond était de nuance unie opposée à la toque ; le réticule ou ridicule revint en faveur sous une forme militaire, on le varia à l'infini, et les devises, les devinettes, les arabesques, les camées, les chiffres l'ornèrent tour à tour.
 
On ébouriffa à la main les cheveux à la Titus ou à la Caracalla ; on porta des chapeaux jockey, des chapeaux de courrier, des chapeaux de chasse, garnis de velours coquelicot ; le chapeau au ballon et le casque eurent grand succès. La multiplicité des modes qui se rivalisaient, se croisaient, se succédaient « avec la rapidité des éclairs », arriva à égarer et effarer jusqu'aux directeurs de journaux attitrés.
 
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Un tripot au Palais Royal,
An VIII (1800)
 
Les schalls surtout défrayèrent la chronique ; on les portait en sautoir, bien drapés sur l'épaule et ramenés sur le bras, les extrémités flottant au vent; on raffina sur les schalls aux couleurs vives, ponceau, orange, abricot avec bordures à la grecque noires ou blanches; on en essaya de toutes les formes, de toutes les étoffes, de tous les tons ; on en fabriqua en drap, en casimir, en serge, en tricot de soie et plus communément en poil de lapin gris. Schalls en pointe, schalls carrés, schalls houppelandes, d'hiver et d'été. Les élégantes commencèrent à couvrir leurs appas et les souliers cothurnes disparurent peu à peu.
 
Quant au costume des hommes au milieu de l'an VII, en voici un croquis ébauché par la tête. Le chapeau demi-haut de forme est à petits bords, relevés sur les côtés et abaissés sur le devant et à l'arrière ; les cheveux sont toujours à la Titus, en accord avec les favoris, qui tombent au milieu de la joue et descendent parfois jusque sous le menton ; le bon ton exige que les favoris soient noirs, lors même que les cheveux seraient blonds ; les impossibles ont plus d'un moyen pour satisfaire à la mode. La cravate est haute, toujours blanche et à nœuds très affilés en queues de rat. Elle engonce le cou jusqu'à l'oreille. La chemise plissée est en fine batiste ; on la voit à travers la large échancrure du gilet.
 
L'habit est ordinairement brun foncé, à collet noir ou violet, croisé avec boutons de métal uni. Le pantalon, très collant, est en casimir chamois ; il règne sur les coutures une petite ganse d'or, à la manière des hussards. La mode implique un énorme cachet de parade à l'extrémité des chaînes de montre : au lieu de canne un simple petit crochet de bambou, bottes molles venant à la naissance du mollet ; au bal, frac noir, culotte de couleur et souliers. La nuance des pantalons est jaune serin et vert bouteille.
 
Les modes furent si changeantes de 1795 à 1799 qu'il ne faudrait pas moins de deux gros volumes in-octavo pour en fixer les différents caractères et les principales variations. Mercier lui-même, qui saisissait cependant sur l'heure d'un crayon si habile et si fin ces physionomies parisiennes, semble déconcerté de se voir si vite distancé par le changement des costumes féminins :
 
« Il y a peu de jours, dit-il, la taille des femmes illustres se dessinait en cœur ; actuellement celle des corsets se termine en ailes de papillon dont le sexe semble vouloir en tout se rapprocher et qu'il prend le plus souvent pour modèle. Hier, c'étaient les chapeaux à la Paméla, aujourd'hui les chapeaux à l'anglaise; hier elles se paraient de plumes, de fleurs, de rubans, ou bien un mouchoir en forme de turban les assimilait à des odalisques ; aujourd'hui, leurs bonnets prennent la même forme que ceux de la femme de Philippe de Commines ; hier, leurs souliers élégants étaient chargés de rosettes et fixés au bas de la jambe avec un ruban artistement noué ; aujourd'hui, une grande boucle figurée en paillettes leur couvre presque entièrement le pied et ne laisse apercevoir que le bout d'un léger bouquet dont la broderie vient finir sur la petite pointe du soulier. Et que l'on ne croie pas que ce soit ici la caricature de nos illustres ; à peine est-ce une légère esquisse de leurs folies, de leurs changements variés à l'infini. »
 
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Les Merveilleuses survécurent de deux ans aux Incroyables; Mme Tallien, cette éventée qui les personnifia si gracieusement, nous fournit un modèle de la dernière heure ; elle vint chez Barras, à la fin de 1795, avec une robe de mousseline très ample, tombant en larges plis autour d'elle et faite sur le modèle d'une tunique de statue grecque ; les manches étaient rattachées sur le bras par des boutons en camées antiques ; sur les épaules, à la ceinture, d'autres camées servaient d'attache ; pas de gants ; à l'un des bras, un serpent d'or émaillé dont la tête était une émeraude.
 
Les bijoux se portaient en nombre aux bras, aux doigts, au cou, en bandeaux, en aigrettes sur turbans ; on ne peut se faire une idée de la quantité innombrable de diamants alors en circulation ; les chaînes de cou, d'une longueur excessive, tombant jusqu'au genou, relevées et agrafées au-dessous du sein, étaient adoptées par la majorité des femmes. Des rivières de pierres précieuses et de diamants enserraient leur gorge ; les ceintures étaient gemmées et les perles couraient en zigzags sur la gaze des robes et des coiffures ; les camées, mis en relief clans les toilettes de Mme Bonaparte, à son retour d'Italie, ornèrent les cheveux et le cou ; on vit jusqu'à des perruques enrichies de plaques et de ces colombes, dits esprits, en diamants.
 
Dans une lettre inédite à une amie très tendre, la citoyenne Bazin, établie à Rouen, le nommé Favières, auteur dramatique alors célèbre, expose à la date de fructidor 1798, le charme des femmes qu'il coudoie. Nous en extrayons ce curieux passage :
 
« La mise des femmes à Paris est délicieuse, ma chère sœur ; la manche de la robe ne descend que cinq à six doigts au-dessus du coude, les rubans croisés par derrière et passant sous les bras en faisant le tour sur chaque épaule, reviennent former une ceinture avec une rosette sur le côté ; la taille est courte, ce qui grandit singulièrement la plus petite femme. Presque toutes vont à pied ; beaucoup, parées comme des nymphes, relèvent le jupon et la robe par le côté et portent avec grâce tout le flot des plis rassemblés sur le bras, découvrant ainsi la jambe jusqu'au genou par devant et quelque peu de jarret par derrière.
 
« Au total, il faut bien avouer qu'elles ont une langueur, un charme, une coquetterie, un petit air coquin et abandonné qui damnerait un hermite. – Toujours la perruque blonde, et presque rien autre sur le corps que du linon, de la gaze ou du crêpe. Le soulier plat de satin vert pomme, le bas de soie blanc à coins de satin brodé rose ou lilas ; le chapeau très large et plat tombant sur les côtés comme un parasol, et le tout garni de rubans à grosses coques, la forme toute ronde sur la tête. – Je t'assure, il faut voir tout cela pour modeler ses habillements si l'on veut être muse comme elles le sont. – Le détail n'est rien en comparaison de la vue. »
 
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L'anglomanie sévissait sur les moeurs et les modes non moins que l'anticomanie ; pour certaines élégantes, rien n'était de bon goût et de jolie façon si l'usage n'en était pas établi à Londres. Ce fut au point que certaines ouvrières françaises franchirent le détroit pour satisfaire plus sûrement à leur clientèle ; elles retrouvèrent au delà de la France l'ancienne maison de Mlle Bertin, la célèbre modiste parisienne, ainsi que de nombreuses émigrées, alors établies marchandes de modes, et qui avaient su vulgariser pour autrui le goût exquis qu'elles montraient autrefois à la Cour pour elles-mêmes.
 
Du pays des brumes nous vinrent des douillettes bordées de velours, le spencer bordé en poil, ouvert sur la poitrine demi-nue, donnant aux dames un faux air Lodoïska ; les bonnets paysanne, les dolmans, qu'on écrivait dolimans, et une multitude de costumes d'un arrangement assez heureux. – Les chapeaux-capotes en linon, en organdi, en dentelle avec ganses perlées, furent bien accueillis sur la fin de l'an VII ; on les portait de nuance blanche, rose, jonquille ou bleue ; ils accompagnaient la mode des tabliers-fichus, de couleur assortie ; ces tabliers formaient à la fois ceinture et fichu ; on les nouait d'abord par derrière avec des rubans en rosettes.
 
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Les Petis Patriotes An VIII (1800)
 
Cette parure pouvait paraître au premier coup d'oeil un objet de luxe ; mais, dit un écrivain de modes, « si l'on en venait à considérer la finesse transparente de la robe qui servait souvent de chemise, on lui reconnaissait la même utilité qu'aux tabliers des sauvages ».
 
Un citoyen « amateur du sexe », Lucas Rochemont, songea, vers la fin du Directoire, à ouvrir un concours de modes nouvelles entre les véritables élégants de France, la mode primée devant porter le nom de sa créatrice. Il fit part à La Mésangèrede cet ingénieux projet dans la lettre que voici :
 
« Vous parlez périodiquement, Citoyen, des prodiges de la Mode, de ses formes multipliées, de ses succès inouïs ; mais vous gardez le silence sur les séduisants objets qui lui ouvrent une si brillante carrière. En effet, que serait la Mode sans les grâces du sexe charmant qui la fait admirer? Une fugitive qui échapperait à tous les yeux. Mais elle doit tout aux belles ; et son élégance, et sa richesse, et sa simplicité ; rien n'est bien, n'est beau sans leur concours. N'est-ce pas le bon goût qui admet telle ou telle folie de la Mode ? et le bon goût n'est-il pas le cachet de la beauté ? A ce titre, je voudrais, Citoyen, qu'à chaque époque qui nous amène une mode nouvelle, vous rendissiez justice à qui elle appartient, et que vous nommassiez celle qui l'a créée ; ce serait un moyen d'émulation qui nous mettrait en mesure de connaître à qui nous sommes redevables de tel ou tel changement clans la parure des dames et qui nous ouvrirait un temple où chacun aurait la faculté de porter son encens aux pieds de la divinité à laquelle il accorderait la préférence. »
 
Ce projet original n'eut pas de suite, et cela est fâcheux, car, à part une vingtaine de jolies femmes à demi célèbres de l'entourage de Notre-Dame de Thermidor, nous ignorons presque complètement les noms des élégantes de l'époque du Directoire. Toutes ces nymphes et merveilleuses sont anonymes, toutes ces beautés grecques et romaines passent voilées, et l'histoire anecdotique reste aussi muette à leur égard que s'il s'agissait des pimpantes petites chercheuses d'amour des Prés-Saint-Gervais.
 
Ces « beautés fières et majestueuses » se nomment Calypso, Eucharis, Phryné ; elles ont tout laissé voir à travers leurs robes ouvertes aux Apollons du jour sous les ifs chargés de lampions septicolores de Frascati ; mais, de cette longue mascarade dans les jardins d'Armide des bons républicains, peu de personnalités ressortent ; l'eau de volupté qui brillantait leurs charmes d'éternelle jeunesse les a confondues dans une même vision idéale de charmeuses.
 
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Un salon de Fracasti, An VIII (1800)
 
Quoi qu'il en soit, ces modes extravagantes qui, pour ainsi dire, « essuyèrent les plâtres » de la société nouvelle, ces modes folles, incohérentes, insaisissables que nous venons de décrire d'une plume cursive, ces modes de nos Impossibles peuvent être considérées comme les types fondamentaux et transitoires qui influencèrent le costume civil de ce XIXe siècle entier. A ce titre, elles mériteraient de trouver leur monographe.
 
Nous voudrions voir écrire l'Histoire des modes sous la Révolution et le Directoire. – Pour avoir à peine effleuré le sujet, comme un hanneton éperdu dans cet immense vestiaire de gazes, nous n'en sommes pas moins assuré que ce serait là un sujet passionnant pour quelque chercheur convaincu, amoureux du passé et assez furieusement féministe pour aimer à secouer toutes ces légères tuniques encore si pénétrantes et si troublantes en raison des belles formes voluptueuses et de la vie tout ivre de mouvement et de plaisir qu'elles ont contenu.

Bonjour à tous...

Publié à 08:24 par acoeuretacris

 

Être, c'est ...
 
(Auteur inconnu)
 
Consacrer passionnément la majeure partie
de son existence à façonner sa vie.

Aller au bout de ses limites pour les tester,
les suspecter et les repousser.

Utiliser son talent à bon escient,
sans devenir imbu de soi-même.

S'inspirer du passé pour composer le quotidien,
jusqu'à ce que l'avenir soit souvenir.

Se rendre compte que rien ne stagne,
que tout ce qui n'avance pas recule.

Travailler sur soi-même à temps plein,
sans jamais trop se prendre au sérieux.

Oublier les heures de labeur
pour savourer un instant de bonheur.

Croire que le pire est passé
et le meilleur à venir.

Accepter qu'on ne peut être parfait et se rappeler
que les autres ne le sont pas non plus !

Savoir que l'argent n'est jamais un but,
parfois un moyen ou ... une conséquence.

Déguster les petits amuse-gueule de la vie,
et cesser de faire du bonheur... tout un plat !

 

 

 

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Finir la journée en souriant !!!! à demain...

Publié à 17:51 par acoeuretacris Tags : bonsoir

 

 

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LE PIED DROIT EST C... : c'est marrant, essayez !

Votre pied droit est-il intelligent? Ce qui suit est tellement drôle que ça met au défi toute compréhension, et je suis prêt à parier que vous essaierez au moins 50 fois pour voir si vous êtes capable de déjouer votre pied, mais vous ne pourrez pas !!! Essayez  !!!!!!


1. Alors que vous êtes assis à votre bureau, levez votre pied droit du plancher et faites lui faire des cercles dans le sens des aiguilles d'une horloge.

2. Pendant que vous faites des cercles avec votre pied droit, dessinez le chiffre 6, dans les airs, avec votre main droite. Votre pied change de direction !!!! (le c...!)

Je vous l'avais dit....... et il n'y a rien que vous puissiez y faire. Il est c...,... c'est tout!! 

 

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La saga des marques - Heineken -

Publié à 17:06 par acoeuretacris Tags : marques

 Heineken sous une bonne étoile



17 000 hectolitres en 1873, 22,4 millions en 2001 !
Heineken, première marque internationale de bière, commercialisée dans plus de 170 pays, est également la première marque européenne. Voyage au cœur de l'étoile de la bière.

Trois générations, trois défis, pour un succès planétaire. Aujourd'hui, première marque internationale de bière, Heineken est née sous une bonne étoile. La marque doit à son créateur,Gerard Heineken,la création du process industriel qui lui donne, depuis ses origines, une qualité constante. Son fils, Henry, jette les bases de l'exportation, prouvant ainsi que, selon son vœu, “Beer can travel”. Enfin, Alfred, le petit-fils, décédé le 3 janvier 2002 à l'âge de 78 ans, fait de Heineken un produit d'image dans plus de 170 pays, attestant que “Brand can travel”. Trois chiffres témoignent de sa renommée : 13 000 bouteilles de bière Heineken sont consommées, toutes les minutes, dans le monde. Placées verticalement, les bouteilles, produites dans l'année, peuvent faire 32 fois le tour de la terre.


Gérard Adriaan Heineken


Henry Pierre Heineken


Alfred Henry Heineken

Heineken, une réponse aux attentes des consommateurs
Deux exploits, loin des ambitions de Gerard Adriaan Heineken quand, à 22 ans, il acquiert, le 16 décembre 1863, la brasserie “De Hooiberg”(la meule de foin) alors la plus grande brasserie de la capitale, fondée en 1592 par Weijintgen Elberts, veuve d'un brasseur. Preuve que la bière n'est pas du ressort des seuls hommes ! Et c'est en tant que principal actionnaire de la société Heineken's Bierbrouwerij Maatschappij NV (HBM), créée en 1873, que Gerard Adriaan Heineken décide de lui donner son patronyme. Son entreprise fabrique 17 000 hectolitres grâce à deux brasseries, l'une construite à Amsterdam en 1867 et l'autre à Rotterdam, en 1873.

C'est pour mieux satisfaire les attentes de ses clients que la bière blonde Heineken est fabriquée selon une nouvelle technique,baptisée “fermentation basse”(1). La marque se distingue également de ses concurrents - on dénombre alors plus de 500 brasseries aux Pays-Bas -, grâce aux innovations, dont celle du professeur Carl von Linde, inventeur d'un système de réfrigération élaboré en 1881. Pour donner à sa bière une qualité constante, Gerard Adriaan Heineken charge le docteur Elion, élève de Louis Pasteur (2), de créer une souche pure de levure. Baptisée “Heineken A”, elle entre dans la composition de la bière depuis… 1886.
Le froid industriel et la pasteurisation confèrent ainsi à la bière une qualitétoujours identique et l'aptitude à voyager ! Signes de reconnaissance, la marque reçoit, en 1883, le diplôme d'honneur à Amsterdam et une médaille d'or lui est décernée dans la catégorie des bières supérieures à l'Exposition Universelle de Paris, en 1889.



Ces deux distinctions figurent toujours en bonne place sur l'étiquette de la bouteille ! Au reste, la société est alors la seule, à l'époque, à disposer d'un laboratoire. Et elle sera la première, en Europe, à recevoir quelques années plus tard - en 1992 -, la certification Iso 9002 décernée à la brasserie de Schiltigheim, en Alsace. C'est avec cette même ville que Heineken noue, le 17 octobre 2001, un partenariat pour sensibiliser les enfants, et à travers eux, la population, aux enjeux de l'eau. Principal constituant de la bière, l'eau représente plus de 90% de sa composition.Elle est également utilisée dans le processus industriel du brasseur. L'opération “Soyons citoyens de l'eau” participe ainsi de la politique de développement durable de Heineken en France (3).

Les premiers pas à l'international
Quand Gerard Adriaan Heineken meurt le 18 mars 1893, son épouse, Marie Tindal lui succède jusqu'en 1914. La société vend 200 000 hectolitres de bière par an quand la moyenne des autres brasseurs hollandais ne dépasse pas 3 000 hectolitres. Et la marque a déjà franchi les frontières puisqu'elle est vendue en France, son premier marché extérieur, depuis 1876. Mais sa véritable internationalisation débute en 1931, deux ans après l'inauguration de la première ligne d'embouteillage à Rotterdam. Heineken est alors une des premières brasseries à livrer aux pubs et débits de boissons la bière en bouteille. Il revient à la deuxième génération de relever le défi de l'exportation. Aux commandes de la société depuis 1914, Henry Pierre Heineken, fils du fondateur, va faire de l'exportation une réponse à la crise économique. Un joint venture, Malayan Breweries Ltd, est créé à Singapour en 1931, avec Fraser & Neave, un fabricant de soft drink. Nom de la marque élaborée sur place et exportée à Hong Kong et en Thaïlande : Tiger Beer. Exception à la règle non écrite selon laquelle, à l'époque, la bière Heineken ne peut être fabriquée qu'en Hollande : elle l'est, depuis 1937, et sous la marque Heineken, dans les Indes hollandaises (Indonésie). La première licence !

Premier brasseur à exporter aux Etats-Unis après la prohibition ?
Heineken. C'est un retour pour la marque déjà présente avant la Première Guerre mondiale.
Devant le refus de la compagnie de navigation de réembarquer les barils vides, Heineken arrête l'exportation en 1916. Aussi, la date du 11 avril 1933 est-elle mémorable, à double titre. Pour les Américains, elle sonne la fin de la prohibition. Ce même jour, les premiers barils quittent Rotterdam pour Hoboken, dans l'Etat de New-York. On peut lire dans le New-York Times du 14 avril 1933 :“la première cargaison d'importation légale de bière depuis treize ans est arrivée. Il s'agit de la bière Heineken.


Premier joint venture créé à Singapour en 1931. Tiger beer, première bière fabriquée sous licence.

”Reste que les ventes ne décollent pas,freinées par la crise économique, la dévaluation du dollar en 1933, les taxes et le pourcentage d'alcool limité à 3,2 degrés. Un combat perdu d'avance ? C'est compter sans l'ingéniosité de Leo van Munching, responsable des ventes Heineken pour le marché américain. Il n'est pas un jour sans qu'il ne tente de convaincre les cafés et bars de proposer aux consommateurs la bière Heineken.Son mot d'ordre :“ Deliver in the morning, promote in the evening” Message reçu ! La marque que la réclame surnomme alors “The Champagne of beers” est, aujourd'hui, le numéro un des bières importées.



Une marque mondiale
Troisième défi relevé par la troisième génération : faire de Heineken une marque mondiale. Entré dans la société en 1942, l'année où la famille perd son contrôle, Alfred Henry Heineken, fils d'Henry Pierre, s'initie au marketing, aux Etats-Unis, de 1946 à 1949. Avec lui, la petite entreprise hollandaise devient un groupe de dimension internationale. Principes intangibles : un produit au packaging et au goût identiques quel que soit le pays. Son crédo :“je ne vends pas de la bière mais de la chaleur humaine et de la gaité”. Commercialisée, durant l'entre-deux guerres, principalement dans les pubs où la notion de marque importe alors moins que dans les magasins, Heineken doit, au sortir de la deuxième guerre mondiale, affronter un double défi :celui de la concurrence de nouvelles boissons comme Coca-Cola et la naissance des magasins libre-service.
Désormais, la bière Heineken doit être gérée comme une marque avec une communication offensive et une image uniforme et cohérente pour le consommateur. Auparavant, les brasseurs qui commercialisaient Heineken apposaient leur nom et le dessin de leur brasserie sur l'étiquette. Signes du changement : la bouteille change de forme en 1945,un département des ventes est créé en 1951 et le marketing acquiert ses lettres de noblesse. Sur le plan de l'identité visuelle, les lettres en majuscule sont abandonnées au profit d'un "e" rieur." Des experts ont travaillé des journées entières au microscope afin de déterminer l'inclinaison du "e" du logo.



Trop penché dans un sens, il a un air triste, et dans l'autre un air idiot. Voyez-le, maintenant : il sourit”, résume alors celui qu'on surnommera Freddy. Deuxième changement en 1954 : la bouteille abandonne la couleur rouge pour le vert. Freddy Heineken qui vient, la même année, de reprendre le contrôle de la société et qu'il dirigera de 1964 à 1989, n'aura de cesse de répéter que “le plus beau coup de ma vie aura été de changer la couleur de l'étiquette et de la bouteille de Heineken. Le rouge est une couleur dangereuse lorsqu'il s'agit de produits alimentaires ou de boissons. En revanche, le vert représente la sécurité.” Avec son étoile… rouge (4),Heineken part à la conquête du monde. Toujours en trois temps : l'exportation, la licence et la filiale. La bière, produit pondéreux, ne peut être exportée si elle ne dégage pas de marge. D'où l'impératif de la valeur ajoutée, point de passage obligé pour être présent à l'international. Afin de conserver la même qualité gustative, la fabrication, locale à partir de la licence, reçoit de Hollande, par avion, la levure “A”. Heineken détermine la composition et la qualité des matières premières, le procédé de fabrication,le packaging et la politique de prix. Chaque mois, les brasseries agréées envoient des échantillons contrôlés par un panel d'experts à Amsterdam (5).



Durant les années 50 et 60, l'Afrique de l'Ouest demeure le principal marché d'Heineken qui exporte alors près de la moitiéde sa production. Afin de contourner les restrictions aux importations adoptées par certains pays et le coût élevé de la création d'usines sur place, Heineken développe la licence.
Ponctuelle, les premières années,elle se multiplie après l'acquisition de Amstel, en 1968, qui utilisait cette méthode d'exportation depuis plus longtemps. Aujourd'hui, Heineken a planté ses couleurs dans plus de cinquante Etats (6) dans lesquels il faut distinguer les marchés matures, à forte concentration capitalistique,où il est très difficile de s'introduire,des marchés en développement où Heineken peut soit créer la demande, comme au Vietnam, soit la dynamiser comme en Pologne. Ce n'est qu'au début des années 70 que le brasseur joue la carte européenne (7). Un continent longtemps négligé (sa part de marché ne dépasse pas alors 3%) en raison du coût des investissements plus lourds qu'en Afrique et en Asie. La décolonisation et les risques de nationalisation imposent un changement de stratégie.


Campagne 1999


Campagne 1998

Première étape : la Grèce où Heineken détient une position importante grâce à l'acquisition de Amstel. En 1972, le groupe rachète la société française Albra (Alsacienne de Brasserie et ses principales marques Mützig et Ancre) et, deux ans plus tard, l'italien Dreher. Distribuée,en France,dans le circuit CHR par Moët & Chandon, depuis les années soixante, Heineken crée une filiale en 1976 qui devient Heineken France quand l'Alsacienne de Brasserie prend ce nouveau nom en 1980.
Heineken France fusionne avec Brasseries Pelforth et Union de Brasseries dans Française de Brasserie, en 1986 et devient Brasseries Heineken (8) en 1993. Sur fond de construction européenne, des brasseurs européens se constituent.Le groupe Heineken joue alors la carte de la production locale dans les principaux marchés européens avec une présence sur les différents segments. Cible retenue : le sud de l'Europe où la consommation de bière est plus faible que dans le nord. Ce n'est qu'en 1993 que Heineken est importée en Allemagne, patrie de la bière ! Aujourd'hui, le groupe est le premier brasseur européen.

L'exception française
“Le nom de Heineken est un don du ciel.C'est un nom de bière avec une consonnance légèrement germanique et un semblant de diminutif qui appelle l'affection”, résumait Freddy Heineken. Traduction par le slogan publicitaire des années soixante : “Friendly people drink Heineken”. C'est en Hollande que Heineken inaugure, le 1er janvier 1968, la première publicité télévisée.
En France, où la consommation de bière est une des plus faibles en Europe - 34 litres/hab/an contre 137 en Allemagne -, Heineken va utiliser le grand écran (9) jusqu'en 1992, loi Evin oblige ! (10) Avec son agence historique, Publicis (11), la marque va séduire bon nombre de réalisateurs parmi lesquels Robert Enrico en 1976 (signature “ Heineken,j'aime sa finesse “), Bertrand Blier (1977),Alain Franchet (1982 et 1990), Jean-Baptiste Mondino (1986). C'est en 1982 que l'on entend pour la première fois la célèbre phrase : “Heineken dédie ce film à tous ceux que la bière fait rêver.” Révolution pour une marque de bière, Heineken met en scène des hommes et… des femmes dans des lieux branchés. “Comme les boissons alcoolisées, Heineken quittera les écrans en fin d'année. Aussi Heineken dédie ces images à tous ceux qui ont aimé ses films. Heineken, la bière qui a un nom”, concluait le dernier film publicitaire en 1992. Le slogan “Heineken, la bière qui fait aimer la bière”, lancé en 1980 par Publicis, est remplacé en 1996 par “L'esprit bière”.La célèbre musique “Every Kind of people” signée Robert Palmer, qui identifie la marque depuis 1982, ne peut s'entendre qu'à la radio (mais pas entre 9 h et 17 heures!). Reste que la marque privilégie essentiellement les supports presse et affichage.


2002


2006

En 2004, Heineken réinvente le packaging de la boite 33 cl. Largement inspirée des lignes généreuses du fût Heineken, la boite 33 cl change de look pour plus d'originalité. Son toucher relief lui apporte un design résolument moderne et son décor aluminium suggère sa fraîcheur intense.

2005, l'année de la pression ? C'est en tout cas le défi relevé par Heineken avec le lancement de deux nouveautés pression.
Heineken sort des sentiers battus. La vraie bière pression ne se cantonne plus à ses lieux de consommation habituels cafés et bars mais elle devient nomade avec le nouveau fût pression à emporter! Pratique et convivial, ce fût est facile à emporter et à partager en toutes occasions. Alliant une technologie exclusive à un design soigné, le fût Heineken offre une bière d'une grande qualité pression. Il remporte, à ce titre, un Oscar de l'emballage cette même année.
Heineken propose aussi une nouvelle offre pression destinée aux bars et brasseries, d'une fraîcheur sans égale, avec une température de service ramenée à 2/4 °C. Elle se décline en une colonne perlée pour les établissements de jour ou givrée pour les bars de nuit.
Heineken n'en reste pas là et ose en 2006 le lancement de la bouteille 15 Cl. Véritable révolution dans le rayon bière, petite et pratique, son format mini cible les consommateurs occasionnels de bière et plus particulièrement les femmes. Elle est idéale à l'apéritif pour tous ceux qui souhaitent déguster une Heineken en plus petit.
Dans l'univers de la nuit, quatre ans après le succès de la bouteille aluminium, son designer, ORA-ITO offre un nouveau souffle à ce contenant inédit. Des lignes plus fluides, une silhouette affinée et conique, la nouvelle bouteille aluminium fait une entrée remarquée dans les établissements les plus prestigieux.
Sa grande sœur en profite pour se faire une nouvelle jeunesse dans les linéaires des grandes surfaces sous la forme d'un pack de trois bouteilles. Les jeunes adultes peuvent désormais apprécier les soirées premium " à la maison " !

Plus moderne, dynamique et audacieuse que jamais, la marque Heineken est une pionnière en matière d'innovation et continue à relever tous les défis afin de satisfaire au mieux ses consommateurs.

Campagne de Pub
En 2005, Heineken change de ton et opte pour une campagne sur le thème " For a Fresher World " La marque fait appel à l'artiste PARRA et à son style unique pour réaliser la nouvelle campagne 2006. Inspiré des années 60,70, l'artiste apporte un ton décalé, plein d'humour et un traité original tout en rondeur et en couleurs auxquels la marque s'associe pour un impact saisissant auprès du grand public.


Verre premium
2002 aux formes galbées, réalisé par
le designer Martin Szekely

Il est un territoire sur lequel Heineken est particulièrement présent : les cafés, hôtels et restaurants et qui représentent plus de la moitié de son chiffre d'affaires (12).

“C'est sur ces terrains que se bâtissent la notoriété et la réputation de la marque”, explique Fabrice Herlax, chef de groupe.

Les opérations de publicité sur le lieu de vente - on dénombre près de 40 000 cafés brasseries aux marques du groupe - permettent de démultiplier la visibilité de la marque : parasol, cendrier, verre (verre prestige puis nouveau verre Premium 2002 aux formes galbées, réalisé par le designer Martin Szekely), dessous de verre, plateau, etc...

Vers un marché premium
Heineken entend également animer la marque par l'emballage, le design et la fonctionnalité des packs. Travailler sur l'emballage permet de gagner en durée de conservation, en résistance et praticité. “La marque est la première clé d'entrée du consommateur sur le marché de la bière, le format, la deuxième et le prix, la troisième. Si, depuis trente ans, la consommation de bière, surtout la bière de table, a baissé, elle s'est néanmoins orientée, comme le vin,vers la qualité.L'offre se caractérise par des produits ayant plus de statut et de goût. Aujourd'hui, notre enjeu est double : croître en volume et en valeur pour attirer des nouveaux consommateurs et offrir une bière Heineken toujours plus premium. Ce qui se concrétise par le lancement de nouveaux formats, l'élargissement de la distribution et toujours plus d'innovation et de qualité”, résume Fabrice Herlax. Grâce aux formats spécifiques, Heineken peut ainsi différencier son offre selon les circuits de commercialisation et proposer ainsi des moments bière uniques. Heineken se singularise par des lancements spécifiques.



C'est, en 1998, la bouteille sérigraphiée de 33cl et la “long neck” de 33 cl (à destination du CHD), la boite 50 cl galbée aux formes féminines et la boîte 33 cl profilée reprenant la silhouette du fût (13). La même année, un nouveau système d'ouverture, plus large, facilite l'ouverture et la dégustation. Pour célébrer le passage à l'an 2000, une boîte 33 cl. “Millenium”représente en 1999 le planisphère avec le passage vers le 3ème millénaire heure par heure. 1999 toujours avec un packaging événementiel, un jéroboam de trois litres et les duos de boites de 25 cl “pour toi/pour moi” vendues lors de la Saint Valentin. Pour la première fois, l'étoile se transforme en cœur ! Pour répondre au nomadisme,Heineken propose,en 2000, le “basket pack”, six bouteilles de 33 cl faciles à emporter grâce à une poignée. Raison Pure signe, la même année, un nouveau packaging. Initiative emblématique sur le marché de la bière en 2002 : la bouteille 33 cl., 100% aluminium, matériau noble et moderne, dessinée par Ora-ïto et destinée aux bars de nuit et discothèques. Preuve que l'on peut être plus que centenaire et néanmoins apte à anticiper les futurs modes de consommation


Bouteille sérigraphiée à destination du CHD

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(1) On parle de fermentation haute quand le moult est fermenté à une température d'environ 15°C et de fermentation basse à 8 ou 10°C (Pils).
(2) Fondateur de la brasserie moderne grâce à ses travaux sur la maîtrise de la levure pour stabiliser la bière.
(3) Cf La Revue des marques n°37, janvier 2002, “la planète verte au secours de la planète bleue”.
Sources : Heineken History, 1949-1988 ;The magic of Heineken, 2001 ; www.heineken.fr
(6) Angleterre (1969), Sierra Leone (1972), Trinidad (1972), Jamaïque (1972), Norvège (1975), Suède (1975), Sainte Lucia (1976), Tahiti (1976), Haiti (1977), Irlande (1978), Italie (1979), France (1980),Maroc (1980), Grèce (1981), Corée du sud (1981, Licence arrêtée en 1987 car son associé voulait également vendre Budweiser sous licence), Japon (en 1983 avec Kirin), Espagne (1988), Brésil (1990), Hongrie (1991),Vietnam (1992), Allemagne (1992) Chine (1993), Pologne, Cambodge et Bulgarie (1994), Ghana, Viêt-Nam, Thaïlande…
(7) Heineken était déjà présent en Europe avec des participations financières : la Brasserie Léopold à Bruxelles acquise en 1927 et vendue à Stella Artois car jugée peu rentable ; 8% dans le capital de l'italien Cisalpina en 1960.
(8) En France,Brasseries Heineken détient 31 marques dont“33”Export,Murphy's,Amstel, Buckler,Panach',Pelforth,George Killian's,la Dry,Affligem,Record,Mützig,Porter 33,Ancre et Pélican. (22% du marché français).Trois sites de production :Mons-en-Baroeul dans le Nord, Schiltigheim en Alsace et Marseille. En 2000, Heineken détient des participations dans 110 brasseries implantées dans 57 pays ayant brassé 97,9 millions d'hectolitres de bières (dont 21,6 millions pour la marque Heineken).
(9) De 1968 à 1992, Heineken n'a été présent que deux mois en publicité télévisée.
(10) Depuis 1971,Brasseries Heineken soutient l'Ireb,l'Institut de recherche sur les boissons alcoolisées qui a mis au point le test de mesure de la Gamma GT pour dépister l'abus d'alcool par prise de sang. Brasseries Heineken est l'un des membres fondateurs de Entreprise et Prévention en 1990 ; l'entreprise signe en 1997 le Code d'éthique des Brasseurs de France.
(11) De 1990 à 1992 le budget publicitaire est chez J.Walter Thompson pour cause d'alignement international.
(12) Heineken distingue quatre types de points de vente : les points de vente “habitude”,
(le café traditionnel,proximité),les points de vente “pratique”(café de gare,brasserie sur lieu de passage), les points de vente “détente” (restauration, pub, concept bar), et divertissement (discothèque, bar ambiance, parc d'attraction).
(13) à partir de 1961, les fûts en bois disparaissent au profit du métal.
(14) Un litre de bière contient en moyenne un litre d’eau, 200 grammes d’orge, deux grammes de houblons et de la levure. Boisson plusieurs fois millénaire, la bière (cervoise chez les Gaulois, ) a des vertus thérapeutiques. Cléopâtre l’utilisait dans son bain pour entretenir la fraîcheur de son teint et garder la peau douce. Issue des céréales, la bière est riche en minéraux, en magnésium et en vitamine B ; elle facilite le transit stomacal et intestinal.

La saga des marques - Guerlain -

Publié à 16:07 par acoeuretacris Tags : marques

 Guerlain…
le “musicien des odeurs”



Le plus ancien des parfumeurs français est aussi celui qui a ouvert le plus de voies olfactives et a fait de la parfumerie un art majeur. Depuis 1828, il ne s'est jamais départi de sa vocation n'associant jamais son nom à la haute couture ni à la joaillerie.

Eau de Cologne Impériale, Jicky, L'heure bleue, Mitsouko, Shalimar, Habit Rouge… Autant de noms évocateurs de parfums magiques qui défient le temps et qui comptent au nombre des sept cents fragrances du plus ancien des parfumeurs français.

Dénominateur commun à toutes les créations de la maison issues de l'“orgue à parfums”,un même sceau olfactif, la fameuse “guerlinade”, formulée par Aimé Guerlain, une tonalité claire et florale, un accord secret à base de jasmin rehaussé de rose,d'iris,de vanille et de fève tonka.“Les parfums Guerlain détiennent ce pouvoir immuable de faire émerger et mettre en scène toute une partie intime, tout un arrière-pays, quelque chose qui dési-gnerait à la fois l'origine et la transmission, le début des choses et le don de soi”, explique Jean Paul Guerlain, cinquième génération (1) de la plus prestigieuse lignée de parfu-meurs du monde, et quatrième “nez” maison.

Capable de reconnaître trois mille nuances olfactives, il fut durant un demi-siècle le créateur de quarante-trois parfums.“Nous nous servions du “grand livre”, un manuscrit relié de cuir noir qui contenait toutes les formules depuis les origines. Quand nous le sortions du coffre, nous le posions sur un pupitre pour en tourner délicatement les pages. C'était notre bible. Elle a été remplacée par l'ordinateur” (2). Si Jean Paul Guerlain a quitté la maison en janvier 2002, il demeure conseiller en tendances olfactives (3) auprès de Renato Semerari, président-directeur général de Guerlain.


Le flacon abeilles aux
armoiries de l'impératrice
Eugénie - 1853

Les lettres de noblesse
Né dans un “berceau d'odeurs” - son père est marchand d'épices -, Pierre François Pascal Guerlain devient à dix-neuf ans, commis marchand chez un fabricant en parfumerie, puis accomplit en Angleterre, alors berceau des fragrances et des parfumeurs les plus réputés dans le monde, des études de médecin chimiste. Las de se heurter aux refus des coiffeurs de commercialiser ses créations, il décide de n'être distribué que par lui-même dans la capitale. Une stratégie maintenue jusqu'en 1999 ! Il ouvre donc boutique, en 1828, au 42, rue de Rivoli au rez-de-chaussée de l'hôtel Meurice, lieu de villégiature privilégié des Britanniques avec, pour enseigne “Parfumeur Vinaigrier”.


La boutique, rue de la Paix, de 1939 à 1914

Il propose alors savons, vinaigres de toilette – comme la maison Maille – (4) et parfums des grandes maisons anglaises, des eaux de Cologne et des préparations thermales préparées dans son usine de fabrication près de l'Arc de triomphe, mais également des accessoires pour femmes, poudriers, polissoirs en ivoire… A l'époque, le parfum n'est pas en odeur de sainteté. Apanage des courtisanes, il est suspecté de vulgarité. Jamais les essences ne doivent toucher le corps, seulement le papier à lettres, les gants… Précurseur, Pierre François Pascal Guerlain pressent que les moeurs vont évoluer. C'est rue de la Paix, alors carrefour de l'élégance qu'il propose, depuis 1839, des fragrances sur mesure pour de nombreuses personnalités.


Le flacon Tortue - 1914
réalisé par Baccarat

C'est à lui que s'adresse Honoré de Balzac, sur le point d'écrire César Birotteau, l'histoire d'un parfumeur parisien. Fournis-seur depuis 1842 de la grande duchesse de Bade, de celle de Wurtemberg et de Sa majesté la reine des Belges, la maison vend dans toute l'Europe grâce à des dépositaires et ouvre en 1851, un magasin à Londres. Cliente de prestige pour l'Eau de Cologne impériale, première fragrance de la maison Guerlain créée en 1830, l'impératrice Eugénie la reçoit, en 1853, l'année même de son mariage avec Napoléon III, dans un flacon créé spécialement à son intention : rond, décoré d'une constellation d'abeilles moulées en relief, avec une étiquette vert Empire et l'aigle impérial. Cette création vaut à Pierre François Pascal Guerlain le titre de “parfumeur breveté de Sa Majesté”. L'Eau de Cologne Impériale compte encore aujourd'hui une clientèle importante. Et le flacon n'a pas changé.


Shalimar - 1935


L'heure bleue - 1927






Vol de nuit - 1936

Naissance d'une dynastie
En 1862, deux avant son décès, Pierre François Pascal cède la conduite de sa maison à son fils aîné Aimé qui poursuit l'oeuvre de son père et s'associe en 1874 avec son frère, Gabriel, le gestionnaire. La maison, dès lors, va se sin-gulariser par le “nez” maison toujours issu de la famille et par le couple créateur-gestionnaire éga-lement familial. Aimé crée des parfums dont les noms évoquent des contrées lointaines ou mystérieuses - United States Perfume, Far West, Oppobalsam de la Mecque, Moskwaskia…-, des fleurs ou des rêves avec Fleur d'Italie (1884), Skine (1885) et Rococo (1887). Avec Jicky, surnom de son neveu Jacques (ou nom d'un amour de jeunesse quand il était en Angleterre ?), Aimé révolutionne en 1889 le parfum, alors considéré comme devant être la photographie d'une fleur, en utilisant, pour la première fois, des composants de synthèse (coumarine, linalol et vanilline) quand, jusqu'alors étaient seuls tolérés les bouquets floraux, à base d'extraits de fleurs ou d'infusions de produits naturels.

Ce parfum fut d'abord adopté par les hommes et dédaigné par les femmes tant semblait brutale sa composition offrant une pointe d'odeur animale inconnue jusqu'alors. Gabriel dessina le fla-con en hommage à son père avec un bouchon représen-tant un bouchon de champagne. Passage de témoin en 1890 : Jacques, fils de Gabriel, devient le nouveau créateur de la maison et son frère, Pierre, le gestionnaire à qui Aimé cède en 1894 la propriété de la maison.


Vega - 1936

Jacques crée Ambre en 1890 puis Jardin de mon curé en 1895 car la mode est alors au petit jardin intime à la campagne. Et puisqu'il est de bon ton d'exprimer ouvertement ses sentiments, Jacques propose Voilà pourquoi j'aime Rosine en 1900. Le Mouchoir de Monsieur et Voilette de Madame répondent à la mode des tissus et accessoires. Entre 1890 et 1900, pas moins de dix nouvelles fragrances sortent, tous les ans, de la maison. Parfum des Champs-Elysées est lancé en 1904 avec un flacon en cristal de Baccarat en forme de tortue, Après l'Ondée en 1906 offert comme une note d'espoir pour ce nouveau siècle. En 1912, L'Heure Bleue rend hommages aux peintres impressionnistes. Le roman de Claude Farrère La bataille et son héroïne inspirent en 1919 le choix de Mitsouko (“mystère” en japonais) qui, grâce à la découverte de l'aldéhyde C14 en 1908 ouvre la voie à tous les chyprés fruités.


Shalimar - 2002

Deuxième révolution ini-tiée par Guerlain en 1925 : avec Shalimar (5), Jacques ouvre la voie à une nouvelle famille olfactive, les parfums orientaux. Deuxième parfum le plus vendu au monde après le N° 5 de Chanel, Shalimar, oriental doux, est présenté dans un flacon dessiné par Raymond Guerlain inspiré des vasques des palais du Rajasthan. Ce parfum rend hommage à l'Inde, aux jardins envoûtants de Shalimar (Cachemire) où le souverain mongol shah Jahan fit construire le Taj Mahal, un temple dédié à l'amour éternel pour sa belle épouse Mumtaz Mahal dis-parue. Orient toujours avec Liu en 1929 dans un flacon de cris-tal noir inspiré d'une boîte à thé chinoise. En hommage au roman de l'aviateur Antoine de Saint-Exupéry et en l'honneur également de la compagnie Air France lancée en 1933, Jacques imagine, la même année, Vol de Nuit. Le décor en relief sur le flacon représente une hélice d'avion en mou-vement. Et puisque l'heure est aux grands espaces, Vega célèbre en 1936 la plus belle étoile.


Liu - 1927

La maison Guerlain se singularise de nouveau en ouvrant, le 27 avril 1938 le plus grand institut de beauté du monde décoré par Christian Bérard et Giacometti dans l'hôtel particulier de la famille, construit en 1914 par l'architecte du Ritz, au 68 avenue des Champs Elysées. Victimes de bombardements pendant la Seconde Guerre Mondiale, l'usine Guerlain de Bécon-les-Bruyères reste silencieuse jusqu'à la Libération quand les soldats américains faisaient la queue devant la boutique des Champs-Elysées pour offrir à leur fiancée un peu de l'air de Paris.

Le parfum, portrait d'une femme

Ode sera le dernier parfum créé par Jacques, en 1955, avec la collaboration de son petit-fils Jean-Paul. Ce dernier, alors âgé de dix-huit ans, raconte qu'il est entré en parfumerie “par erreur” puisque c'est son frère aîné Patrick qui était destiné à devenir le “nez” maison. Attiré par la carrière littéraire, Jean-Paul Guerlain voit son destin contrarié par une mauvaise vue. Hébergé par son grand-père, celui-ci le met, un jour de 1955, au défi de reconstituer le parfum de la jonquille dont un flacon d'essence avait été égaré. Dans l'usine de Courbevoie construite en 1947,“j'ai mélangé produits de synthèse et essences naturelles, narcisse, feuille de violette, jasmin... Cela sentait si bien la jonquille que mon grand-père a cru que j'avais retrouvé le flacon perdu. C'est ainsi que je fus intronisé parfumeur”, se souvient Jean-Paul Guerlain. C'est à la demande du dis-tributeur du Mexique qui se plaignait alors du manque d'eau de toilette masculine qu'il crée en 1959, son premier parfum, Vetiver, une eau de Cologne masculine à base de tabac, de cuir, de mousse des bois et associé à une racine que l'on trouve dans l'océan indien, le Vétyver.Après Champ d'arômes destiné en 1962 pour la mère de son fils, Jean-Paul Guerlain devenu le “nez” maison au décès de son grand-père en 1963, lance sur le plan mondial le parfum pour homme Habit Rouge censé “retranscrire l'odeur puissante et charnelle du cheval mêlée aux effluves du cuir des harnachements”(6).



Passionné d'équitation, héritage familial oblige, Jean-Paul Guerlain a choisi ce nom donné aux vestes des cavaliers anglais en compétition. Mais ce sont les femmes qui vont l'inspirer, “Chacun des mes parfums est le portrait d'une femme” dira-t-il, en mémoire de son grand-père qui lui donna ce conseil : “Souviens-toi d'une chose, on créé toujours des parfums pour la femme avec laquelle on vit et que l'on aime”. En écho au roman de Françoise Sagan, Jean-Paul Guerlain propose en 1969, Chamade. C'est pour sa mère qu'il crée Parure en 1975, “transcription olfactive des mes émotions enfantines”. Après quatre ans de réflexions et cinq cents essais, il imagine Nahéma “en pensant à Catherine Deneuve, que je n'ai jamais rencontrée, mais que j'ai admirée dans le film Benjamin ou les mémoires d'un puceau, et qui est à mon avis l'une des plus belles femmes au monde. J'ai construit ce parfum comme un morceau de musique, je voulais recréer le rythme lancinant du Boléro de Ravel” (7).



Suivront Jardins de Bagatelle (1983) et Derby (1985). C'est en hommage à Dacia de Pauw, sa muse pendant vingt ans, qu'il crée en 1989, Samsara, parfum ainsi présenté :“à l'aube du troisième millénaire,la femme se réincarne en Guerlain”. Samsara (qui signifie en sanscrit “la roue de la vie”), oriental, boisé et fleuri propose un itinéraire à la croisée de deux cultures, Orient et Occident. Le flacon rouge, couleur du sacré en Orient créé par le sculpteur Robert Granaï, reprend la silhouette d'une danseuse khmère du musée Guimet et le bouchon se veut symbole de méditation. Ce parfum bénéfice alors de la première campagne publicitaire mondiale de la maison confiée à l'agence RSCG. “Je crée des parfums parce que je veux faire jaillir des émotions que je n'arrive pas à décrire”,explique Jean-Paul Guerlain. La naissance de son deuxième petit-fils lui en donne l'occasion quand, un jour, à Scilla, petit village de Calabre, il eut “la vision d'une senteur qui ressemblerait à l'odeur des bébés. C'est un vieux rêve de parfumeur : recréer l'émotion de la peau.”


1989

Petit Guerlain à base de mandarine, jasmin, bergamote, menthe et camomille est né en 1994. Fidèle à la devise du fondateur - “Faites de bons produits, ne trichez jamais sur la qualité, ayez des idées simples et appliquez-les scrupuleusement” -, Guerlain est la seule maison qui utilise 80 % de matières pre-mières naturelles. Jean-Paul Guerlain parcourt le monde à la recherche des plus belles matières premières pour la composition de ses parfums.


Lancement en 1963

Changement d'ère

A la faveur du retrait du capital de certains membres de la famille, Henri Racamier, alors président de Louis Vuitton, prend 14 % du capital de Guerlain en 1987 juste avant que la société Louis Vuitton ne convole en justes noces avec Moët-Hennessy.

La maison reste familiale jusqu'en 1994, date à laquelle Christian Dior (LVMH) rachète 58,8 % du capital pour devenir actionnaire à 100 % en 1996.



La famille Guerlain a encore son mot à dire : Eric Guerlain est vice-président du conseil d'administration de Christian Dior et Edouard Guerlain est au collège des censeurs de la maison de couture.
Jean-Pierre Guerlain (décédé en 1997) président du conseil de surveillance de Guerlain et Jean-Jacques (décédé en 1997), vice-président.
Quand au “nez” il est toujours maison (8). Mais ce n'est pas lui qui, grande première dans l'histoire de la maison, crée, en septembre 1996, le jus Champs-Elysées, (nom déposé en 1937), premier parfum à avoir dompté le mimosa.


Premier visage pour Guerlain

Pour la première fois de son histoire, Guerlain choisit le visage d'une actrice célèbre - Sophie Marceau - pour incarner, dans une robe signée Dior, cette fragrance. Signature du film réalisé par l'agence Australie :“La vie est plus belle quand on l'écrit soi-même.” (9). Cette campagne entend promouvoir la marque ombrelle Guerlain peu connue à l'international quand ses jus le sont depuis longtemps.

L'ambition est alors de positionner la marque Guerlain comme élégante, raffinée, parisienne, innovante et contemporaine.
La même année, Guerlain ouvre son premier magasin “hors barrière” à Toulouse qui s'ajoute aux magasins parisiens (10).

En août 1999, la maison tourne une page de son histoire dans la capitale : elle s'interdisait depuis 1828 toute vente hors de son propre réseau.



Le tabou tombe avec une boutique aux Galeries Lafayette (11) premier point de vente mondial pour les parfums et au Bon Marché en novembre de la même année.
L'installation aux Galeries Lafayette coïncide avec la mise en place d'un nouveau concept de boutiques.

Mis au point par l'architecte américain Peter Marino à qui LVMH a également confié la transformation du magasin Dior de l'avenue Montaigne, ce concept est progressivement mis en place à Paris, New York et Tokyo. Si la maison possède son propre site corporate, c'est sur celui des Galeries Lafayette que, depuis 2001, elle vend en ligne parfums, maquillage et crèmes de soins.

Le magasin Marionnaud de la Madeleine accueille la marque depuis 2003.


La boutique des Champs-Elysées réouverte en 2005

Des pomades aux cosmétiques

Depuis 1828, le parfumeur n'est jamais sorti de sa vocation, sauf pour produire des cosmétiques, ne faisant en cela que suivre l'exemple des fondateurs, qui fournissaient en onguents et poudre de riz les cours royales et impériales du XIXe siècle. Mais à l'époque on parlait de “pommades” et non de “cosmétiques” pour les crèmes de jour, masques, préparations pour les mains et les ongles, brillantine, etc… La crème Secret de Bonne Femme créée en 1904 existe toujours, tout comme le baume pour les lèvres à base de tanin de bordeaux.



Lancée en 1980, la gamme de produits de soin Issima (12) s'est progressivement enrichie avec Success Night, soin anti-ride de nuit proposé en 1996, Issima Substantific en 2001 et Issima Successlaser (13) en 2002. En 2001, Guerlain s'associe avec un laboratoire de recherche cosmétique, l'Institut Esthederm, pour lancer les produits Etat Pur fondés sur l'E.V.E. (éléments de vie essentiels) qui permet aux cellules de l'épiderme de retrouver leur capacité de réplication. Côté maquillage, Guerlain lance en 1984 Terracota, poudre bronzante pour les femmes puis une version pour hommes au début des années 1990.

En 1997, la ligne femme s'étend : on mêle à la poudre bronzante des actifs pour lutter contre la déshydratation ainsi que des agents anti-radicalaires et anti-irritants. Elle contient aussi des réflecteurs de lumière, touche finale à un éclat qui existe désormais en trois versions pour s'adapter aux différentes carnations. En 2002, la gamme est destinée non seulement au visage mais à tout le corps. Le parfumeur invente, en 1987, les Météorites, une poudre sous forme de billes dont chacune des six couleurs a une fonction. Dernier lancement, en septembre 2005 d'un nouveau rouge à lèvres Kiss Kiss. Les lignes d'acces-soires pour le bain et la maroquinerie, vendues depuis 1994, ont été arrêtées en 1999.


Gamme lancée en 1980

Donner un avenir à son passé
Si les commanditaires privés ont disparus, Guerlain décline néanmoins des parfums événements : en 1999, le parfumeur crée des lignes éphémères destinées à ne durer qu'une saison telles l'eau de toilette au muguet pour le 1er mai, Terracota pour l'été, Belle Epoque pour le 150e anniversaire de Harrod's à Londreset Cherry Blosson pour la fête nationale des cerisiers au Japon ; en 2000, Philtre d'amour pour la Saint-Valentin. Pour attirer une nouvelle clientèle, plus jeune, Guerlain inaugure en 1999 une grande première dans l'histoire de la parfumerie avec le lancement simultané de cinq eaux parfumées Aqua Allegoria, imaginés par Jean-Paul Guerlain en villégiature à Rome lors de la semaine pascale.


Dernière campagne - 2003

Cette gamme de senteurs impressionnistes autour de la rose, du pamplemousse, de l'herbe verte, de la vanille et de la lavande prouve que la nature est toujours la première source d'inspiration de Guerlain. En 2000 cette gamme est étendue avec un nouvel arôme baptisé Floria Nerolia et une ligne de produits de soins (Aroma Allegoria). La même année, Guerlain propose Too Much une réinterprétation de Champs-Elysées et Météorite, une fragrance inspirée de la ligne de maquillage du même nom. Guerlain lance en septembre 2003 le féminin L'instant de Guerlain, créé par le “nez” Maurice Roucel (qui avait participé à la création de Champs-Elysées). L'année suivante, la version homme de l'Instant de Guerlain est élaborée par Béatrice Piquet et Sylvaine Delacourte. Ses notes sont le patchouli, la bergamote et les fèves de coco amer. Le flacon est inspiré des années 1930, fermé par un bouchon en bakélite et en résine.


Kiss-Kiss lancé en 2005

Et puisqu'il faut, selon une des devises de la maison, “donner un avenir à son passé”, Guerlain inaugure, le 7 juin 2005, sonnouvel institut au 68 avenue des Champs-Élysées sur 600 m2, revisité par l'architecte Maxime d'Angeac et la diva des intérieurs modernes, Andrée Putman. Les “dames de table” ont retrouvé les gestes d'hier pour enrouler les fils de soie autour du col des flacons. La maison permet de s'offrir une fragrance rien qu'à soi, signée Guerlain. Ce nouveau service coûtera 30 000 € €pour un flacon de 500 ml en cristal de Baccarat, 20 vaporisateurs de 60 ml et 3 bouteilles de 30 ml. Luxe encore : celui de la Collection privée constituée d'une dizaine de fra-grances rares composées avec des créateurs de parfums, en exclusivité… pour la coquette somme de 20 000 euros. Jean-Paul Guerlain a signé l'extrait créé pour fêter la réouverture de la maison. Avec son flacon de cristal baccarat et son collier de perles baroques. En tête, les odeurs fétiches du parfumeur : bergamote, néroli, et ylang ylang de sa plantation des Comores. Un coeur de jasmin et d'iris et un fond vanillé et boisé pour arrondir le tout. Son nom ? Plus que Jamais Guerlain. En écho avec la devise du fondateur :“la gloire est éphémère,seule la renommée dure.”

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(1) - Préface de Guerlain, les flacons à parfum depuis 1828, Editions Milan, 1997.
(2) - Les routes de mes parfums, Jean-Paul Guerlain, le cherche midi, 2002.
(3) - Il demeure président de la “Cosmetic Valley” premier réseau français et mondial ld'industriels de la filière parfums et cosmétiques à Chartres et dans le département d'Eure-et-Loir.
(4) - Cf La revue des marques, n° 28 novembre 1999.
(5) - Il serait né du hasard quand examinant un échantillon de vanilline, Jacques Guerlain en aurait versé quelques gouttes dans un flacon de Jicky.
(6) - La route de mes parfums de Jean-Paul Guerlain, édition Le Cherche Midi
(7) - Op. cit
(8) - Dans le film réalisé en arabe, Sophie Marceau dévale les Champs Elysées avec les épaules voilées d'un sombre châle.
(9) - Dont l'eau de toilette masculine Héritage (1992), un “Air de Samsara” en 1994, le masculin Coriolan (1998) (du nom d'un héros de la Rome antique), Quand vient l'été en 1998. Mahora (2000) “floral solaire” aux notes exotiques, Purple Fantasy en 2001.
(10) - Les magasins Champs-Elysées (1914), place Vendôme (1935), rue de Passy (1957), rue de Sèvres (1965), rue Tronchet (1985), Maine-Montparnasse (1989), rue Bonaparte (1992), Faubourg Saint Honoré (1999). 42 boutiques à travers le monde dont celles de Milan, Francfort, Tokyo, Singapour, Hong Kong, Budapest, New York et Toronto et les points de vente multimarque (1 100 en France et 13 000 dans le monde) etune cin-quantaine d'instituts de beauté dans le monde.
(11) - L'enseigne distribuait la marque depuis 1995 dans une trentaine de succursales en province
(12) - Aquaserum (1986), Eysérum (1989), Evolution, Odélys (ligne de soins du visage pour les peaux sensibles en 1993 et Alpha Bella, marques réunies sous l'ombrelle Issima.
(13) - Une ligne composée d'un soin antirides (l'injectine, actif breveté, cible les cellules cutanées, comme pour regonfler la ride de l'intérieur) et d'une crème

Monde marin- Calmar géant contre Cachalot

Publié à 15:45 par acoeuretacris Tags : monde marin

 Prédateur de taille gigantesque, le cachalot (Physeter macrocephalus) possède un appétit pantagruélique. Sa quête de nourriture l’entraîne dans de titanesques combats avec le calmar géant.
Après avoir nié leur existence, la communauté scientifique a bien dû admettre l’existence de calmars aux proportions inimaginables. On ne sait d’ailleurs toujours pas où s’arrête la taille du genre Architeuthis.
Par contre, faute de pouvoir les filmer, les cachalots sont de bons auxiliaires pour permettre aux experts d’étudier le calmar géant.

Le calmar géant : invisible et pourtant nombreux

On sait de façon certaine que la population de calmars géants du genre Architeuthis est très importante. Depuis que la chasse au cachalot est réglementée, leur population a fait l’objet d’études précises.
On estime que le menu d’un cachalot est constitué à 80% par l’Architeuthis. Le cachalot peut avaler jusqu’à 200 kilos de nourriture en un seul repas. Par ses quatre repas quotidiens, il avale une pitance journalière de près de 2,5 tonnes pour les plus grands spécimens.
On comprend mieux pourquoi le calmar géant est sa proie favorite.


Squelette d'un cachalot. By Megnat

Pour survivre, la population mondiale doit consommer environ 100 millions de tonnes de calmars par an.
Ce serait donc entre 20 et 30 milliards de calmars qui onduleraient dans l’obscurité des fonds marins.



Sur ce nombre, il y a sûrement plusieurs millions de géants qui pèsent plusieurs tonnes.

Malgré cette impressionnante estimation, nous ne sommes certains de leur existence que depuis la fin du 19e siècle et nous possédons peu de renseignements sur ces créatures.

A la recherche du calmar géant

Malgré la rencontre de l’Alectron avec un calmar géant en 1861, cet animal n’était toujours pas reconnu. Mais depuis, de nombreux calmars ont pu être étudiés.

En 1871, on recueillit le cadavre d’un calmar dont le corps mesurait 4,60 m de long et les bras environ 3 m.

En 1872, on retrouva un calmar échoué à Terre-Neuve. Il possédait encore l’un de ses deux bras préhensiles qui mesurait environ 13 m.

En 1873, toujours à Terre Neuve, quatre pêcheurs ramenèrent un calmar entier qu’ils avaient trouvé agonisant dans leurs filets. Sa longueur totale était de 10 m. C’est ce spécimen qui fut baptisé Architeuthis harveyi.

Jusqu’en 1881, une dizaine de calmars géants s’échouèrent sur les côtes de Terre Neuve. Le plus gros avait un corps de 6 m et des bras préhensiles de 11 m.
A partir de 1881, les échouages cessèrent. On a su depuis que tous les 80-90 ans environ, certaines branches du courant du Labrador changent de direction. Un courant glacial perturbe le métabolisme des calmars qui, affaiblis, s’échouent.
C’est ainsi qu’entre 1964 et 1982, il y eut 15 nouveaux échouages. La prochaine perturbation est programmée entre 2040 et 2060.

En février 2002, un calmar géant a été découvert au Japon, sur les plages de Kyoto. Il était encore en vie mais pour peu de temps.



En avril 2003, un calmar qualifié de colossal a été repêché dans les eaux de l’Antarctique Ce spécimen de Mesonychoteuthis hamiltoni était intact. Cette espèce a été identifiée en 1925 d’après les restes découverts dans l’estomac d’un cachalot.



Le cachalot : un auxiliaire précieux

C’est le Prince Albert Ier de Monaco qui fut l’instigateur d’une étude scientifique sur le rapport proie-prédateur entre le cachalot et le calmar géant. Cette étude débuta en 1895.

Il accompagna les baleiniers qui chassaient le cachalot et obtint l’autorisation de faire examiner le contenu des estomacs et intestins de nombreux spécimens.
Les précieuses reliques furent analysées par le Professeur Louis Joubin, célèbre zoologiste de l’époque.

Voilà ce qu’il trouva notamment :

Plusieurs bras d’un calmar armé, Cucioteuthis ungulata, garnis chacun d’une centaine de griffes acérées aussi grosses que celles d’un tigre
Plusieurs spécimens d’Histioteuthis ruppelli, un calmar abyssal au corps couvert d’organes luminescents
Deux nouveaux calmars géants inconnus recouverts d’écailles que l’on baptisa Lipidoteuthis grimaldii en l’honneur du Prince. Les écailles étaient en fait des papilles cornées
Une cinquantaine de becs cornés dépassant les 10 cm de long
La découverte de 5 000 à 7 000 becs de calmars dans l’estomac d’un seul cachalot n’est pas rare.


Un scientifique qui examine le bec du calmar repêché en Antarctique

Un scientifique soviétique compta 28 000 mandibules dans un seul estomac ! Cela signifie que ce cachalot a englouti 14 000 calmars.

Le cachalot : l’ogre des profondeurs

Comment le cachalot fait-il pour capturer dans les profondeurs une telle quantité de calmars ? Ces animaux sont pourtant rapides ; le cachalot, lui, ne dépasse pas les 40 km/h en surface. De plus, un calmar peut fuir dans n’importe quelle direction en quelques secondes.
On imagine mal notre géant se contorsionner dans tous les sens pour attraper sa proie.

Deux théories ont été avancées :

Les dents en ivoire de la mâchoire inférieure du cachalot serviraient de leurres. Dans l’obscurité, l’éclat des dents attirerait les calmars. Le cachalot n’aurait plus qu’à les aspirer. Cela expliquerait que la plupart des calmars soit retrouvés intacts dans les estomacs.

Le cachalot peut émettre des ultra et infrasons. Par écholocation, il repèrerait l’approche d’un banc de calmars. Il bombarderait alors ses proies d’ultrasons. Etourdis, les calmars ne pourraient plus fuir.
Cette deuxième théorie s’appuie sur le fait que des études menées ont prouvé que les cachalots ayant des dents abîmées, voire une mâchoire brisée, se nourrissaient autant que les autres.
De plus, on sait que le cachalot peut émettre des ondes sonores qui créent un champ de haute-pression. Une proie confrontée à une telle pression est temporairement paralysée. Son cerveau peut même exploser si elle est de petite taille.
Il ne reste plus au cachalot qu’à attraper la victime avec ses dents très pointues qui peuvent mesurer jusqu’à 25 cm.

Les dents ne jouent sûrement pas un grand rôle dans la chasse au calmar. Il est plus probable que le cachalot utilise la technique de l’aspirateur. En effet, leurs puissants muscles cervicaux peuvent créer un fort appel d’eau en contractant puis relâchant les voies stomacales. Ce procédé d’aspiration est également utilisé par le narval.

Le cachalot n'a qu'une vue latérale. Il se fie surtout à son ouïe

Combat entre un cachalot et un calmar

Peu de gens ont pu observer en surface un tel combat. En 1887, le Prince Albert Ier de Monaco fut témoin de cet incroyable spectacle.
Alors qu’il faisait route vers les Açores, en plein Atlantique, des projections d’eau attirèrent les marins.
Ils virent un être colossal dont la tête et le corps se dressaient au-dessus de l’eau. Mais, le voilier ne put arriver à temps. Ils ne trouvèrent plus qu’une tête coupée de calmar.

En 1898, des baleiniers purent assister à un autre combat.

« Un énorme cachalot livrait une lutte à mort à un gigantesque calmar, presque aussi gros que lui. Les tentacules l’enlaçaient. Le cachalot avait saisi entre ses mâchoires le tronc du mollusque et essayait de le scier en deux. Les yeux immenses du calmar se détachaient sur la peau livide de la tête.
Les alentours grouillaient de requins qui attendaient l’issue du combat »

Extrait de La croisière du cachalot de Franck Bullen

Si le calmar avait emmailloté la tête du cachalot avec ses tentacules, c’est parce qu’il espérait pouvoir obturer l’évent. Chez les cachalots, l’évent se situe un peu à gauche sur la tête, caractéristique unique chez les cétacés.


Reconstitution d'un combat. By William Hart 2

Quand il « souffle » en refaisant surface, le jet de vapeur est propulsé suivant un angle de 45°. Si cet évent est obstrué, le cachalot peut se noyer donc il préfèrera lâcher prise.

On sait que ce sont les cachalots qui chassent les calmars et non l’inverse. Peut-être que seuls les cachalots sont suffisamment puissants pour venir à bout des calmars géants ? Aucune trace de blessures n’a été retrouvée sur d’autres types de cétacés.
Il est vrai que le cachalot macrocéphale mâle est le géant de la famille. Il peut atteindre 20 m de long pour un poids de 70 tonnes.

Des calmars gigantesques ?

On a retrouvé des cicatrices aussi grosses qu’une soupière. Si on applique une règle de proportionnalité, cela voudrait dire que certains spécimens mesurent entre 45 et 50 m de long !
C’est en tout cas l’avis du Professeur Frederick Aldrich, l’un des meilleurs spécialistes du genre Architeuthis.

La plus grosse cicatrice circulaire trouvée sur la peau d’un cachalot mesurait 45 cm de diamètre. Pour certains, le calmar devait approcher les 66 m.
Difficile d’imaginer un tel monstre !

Certains spécialistes pensent que les géants Architeuthis seraient des animaux pacifiques et lents. Cela est loin d’être évident car les calmars de Humboldt (Dosidicus gigas) se sont montrés dans leur environnement comme des prédateurs agiles et très agressifs.

Deux attaques de calmars contre des hommes ont été authentifiées.

Pour imaginer un calmar géant, il faut penser que son oeil a la taille d'un phare de voiture

L’une s’est déroulée en mars 1941 alors que le Britannia venait d’être coulé par un sous-marin allemand.
Cette tragédie s’est passée en plein Atlantique tropical. A tour de rôle les rescapés montaient sur un petit radeau car six personnes pouvaient y monter en même temps.
Les autres se relayaient dans l’eau. Quelque chose de souple et de glacé vint s’enrouler autour de la jambe de l’un des naufragés entraînant des souffrances atroces.
La bête lâcha prise aussi rapidement qu’elle avait attaqué. L’officier en fut quitte pour de vilaines blessures cutanées. Celles –ci furent examinées et les experts conclurent à une attaque de calmar.
La nuit précédente, un soldat avait été arraché du radeau comme un fétu de paille par un « monstre » inconnu qui l’avait entraîné dans les profondeurs.

L’autre s’est produite en 1992 alors que l’opérateur sous-marin Howard Hall et son assistant avaient décidé de plonger pour filmer les calmars géants sur la côte Pacifique du Mexique. Heureusement, aucun mort ne fut à déplorer.

Nul ne sait combien d’attaques se sont réellement produites.

Malgré toute notre technologie, nous ne savons que bien peu de choses sur les calmars géants qui hantent les profondeurs. Par contre, avec la miniaturisation des caméras, peut-être qu’un jour nous pourrons fixer un équipement spécialisé sur la tête d’un cachalot.

Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de tuer ces superbes prédateurs pour étudier les calmars.
Je vous laisse imaginer la lutte entre ces deux titans que nous pourrions vivre en direct.

Monde marin - Le cachalot -

Publié à 15:24 par acoeuretacris Tags : monde marin

 Le cachalot (Physeter macrocephalus) est certainement le plus incroyable des prédateurs de notre planète. Pesant plus de 30 tonnes, le cachalot est un géant parmi les baleines à dents.
Autrefois persécuté jusqu’à être pratiquement exterminé, le cachalot revient maintenant des abysses sous-marines.

Le cachalot est cependant inscrit sur la Liste rouge de l'IUCN comme espèce vulnérable. Ce cétacé fréquente tous les océans tempérés et tropicaux.

Massacre pour une huile

Le cachalot a été traqué dès le 18ème siècle. Mais c’est surtout à partir du début du 19ème siècle que les baleiniers partaient en grand nombre chasser les cétacés.

Le cachalot était particulièrement apprécié car son énorme tête fournissait des centaines de litres d’une huile très pure : le spermati.
Ces chasses étaient dangereuses et il n’était pas rare qu’un cachalot blessé devienne furieux et renverse les embarcations.


Chasse au cachalot. Illustration du 19ème siècle


Moby Dick. Le cachalot blanc

La réalité rejoint la fiction car les cachalots blancs existent, bien qu’ils soient très rares.


Un bébé Moby Dick: cachalot blanc (Capture d'écran sur un documentaire)

La chasse aux cachalots a continué dans l’océan Atlantique jusqu’en 1985.

La queue de ce prédateur est tellement destructrice que les marins l’avaient surnommés « la main de Dieu ».


Queue d'un cachalot . By Strange Ones

L’interdiction de la pêche commerciale est intervenue en 1988 quand les scientifiques ont alarmé les autorités sur l’extinction imminente de ce formidable cétacé.
Il est à noter qu’à l’initiative de la France, en 1994, un sanctuaire a été créé dans l’océan Antarctique afin de préserver l’ensemble des cétacés.

La vie sociale des cachalots

C’est à la charnière Eocène-Oligocène (33,7 millions d’années) que les cétacés se sont divisés en deux groupes :

Les Mysticètes (baleines à fanons)
Les Odontocètes (cétacés à dents)
Le cachalot fait partie de la deuxième catégorie.

Les femelles qui sont beaucoup plus petites que les mâles mènent une existence grégaire. Elles vivent en groupe de 12 à 50 individus avec leurs petits et les mâles adolescents. Elles s’éloignent rarement de l’équateur.


Un petit près de sa mère. By Fboosman

Les mâles adultes sont des nomades solitaires. Ce sont de grands voyageurs qui migrent en bande vers les pôles pendant l’été.

Les cétologues ont émis l’hypothèse qu’ils suivaient les bancs de poissons et de calmars. Leur vitesse de pointe atteint 22 Km/h.
Tous communiquent en permanence et s’orientent grâce à leurs cliquetis sonores.

Les femelles ont des contacts très étroits entre elles et avec leurs petits. Caresses et communication sonore sont permanentes.
Quand une mère doit plonger pour s’alimenter, le jeune qui ne peut la suivre à une telle profondeur, reste en surface seul et vulnérable. Il garde cependant en permanence le contact en émettant des cliquetis.
En cas d’approche d’un danger, notamment un requin ou des orques, il alarme aussitôt les adultes.

Une maturité sexuelle tardive

Les femelles mettent au monde un petit tous les 3 à 5 ans après une gestation de 14 à 16 mois. On peut parfaitement observer ces groupes de femelles sur les côtes de l’île de la Dominique.

Les petits tètent leur mère pendant plus d’un an. Un bébé mesure déjà 4 m de long pour plus d’une tonne.
Si c’est un mâle, il ne quittera sa mère que vers l’âge de 6 ans. Mais, il lui faudra attendre encore 4 ans pour atteindre la maturité sexuelle et l’âge avancé de près de 30 ans pour pouvoir s’accoupler.
Ce n’est qu’à cet âge là qu’il sera considéré comme un grand mâle. Cela lui conférera le privilège de pouvoir constituer un harem de 20 à 30 individus (femelles et jeunes).


By Fboosman

Les joutes entre grands mâles sont brutales au moment de la période des amours. Les nombreuses cicatrices qu’ils portent en témoignent.

Un spécialiste de l’apnée

Le cachalot est le seul grand mammifère marin à pouvoir faire des incursions dans les fonds abyssaux afin d’y traquer les calmars et pieuvres géantes.
Cependant, malgré la légende, le cachalot s’alimente le plus souvent de proies bien plus modestes. Il aime particulièrement les petits poulpes d’un mètre de long.
Il en dévore des quantités incroyables. On a retrouvé 30 000 becs de poulpes dans l’estomac d’un cachalot.


Cachalot. By Geraintandkim

Quand il plonge, le cachalot abaisse la température du spermati contenu dans sa tête en faisant pénétrer de l’eau par son conduit nasal.
L’huile devient solide et favorise la descente. Pour remonter, il lui suffit de chasser l’eau.

Ses narines, appelées évents, se situent sur le dessus de sa tête et se ferment pendant la plongée.


By Echo 8 .

Il chasse surtout entre 300 m et 1000 m de profondeur et peut rester en plongée près d’une heure.
Mais, on a retrouvé un cachalot pris dans un câble téléphonique à 3 000 m de profondeur. Il détient le record avec une apnée estimée à 90 minutes.

Comme tous les cétacés, il doit remonter à la surface pour respirer. Il est d’ailleurs facile de l’identifier quand il respire car c’est le seul cétacé dont le souffle est oblique.
Sa première expiration est si puissante qu’on peut l’entendre à plusieurs centaines de mètres.

Une force de titan

Un grand mâle peut mesurer jusqu’à 20 m de long et peser jusqu’à 70 tonnes. Sa tête colossale représente le tiers de son corps et pèse à elle toute seule jusqu’à 16 tonnes.
La queue est immense et mesure jusqu’à 4 m. Si la mâchoire inférieure peut paraître étroite, elle est capable de couper en deux un canot à rames.


Dents de cachalot. By Kyedquest

On sait qu’ils peuvent s’attaquer à des proies bien plus grandes qu’eux. On a retrouvé dans l’estomac de l’un d’entre eux les restes d’un calmar géant dont la taille a été estimée à près de 40 m.

Le cachalot n’attaque pas l’homme sauf s’il se sent menacé.

Echouage et mue

En permanence, les cachalots perdent de grands lambeaux de peau. Cette « mue » leur permet de conserver une peau moins parasitée.
Les bancs de poissons qui les suivent s’en délectent. Ces peaux sont ramassées par les scientifiques afin d’y étudier l’ADN qui permet de connaître les liens de parenté entre les individus d’un même groupe.


Mue d'un cachalot (Capture d'écran sur un documentaire)

Il arrive que des cachalots s’échouent.

Plusieurs raisons sont invoquées :

Il peut s’agir d’animaux âgés ou malades qui s’égarent

Un dérèglement du magnétisme terrestre provoque une erreur dans leur système d’orientation

Des parasites « poux de baleines » peuvent provoquer un dérèglement de l’oreille interne

Il est interessant de constater que les cachalots dorment sous l'eau, les yeux fermés. Ils peuvent dormir en position verticale ou horizontale. C'est le seul moment où ils n'émettent pas de cliquetis.

Monde marin- Le calmar géant -

Publié à 15:06 par acoeuretacris Tags : monde marin

 Le calmar géant, du genre Architeuthis, que l’on ne connaît que par des cadavres retrouvés échoués ou repêchés dans des filets sont rentrés dans la légende. Mais le fait que l'on ait jamais pu les observer de leur vivant avant 2005 y est pour beaucoup.

Les dernières découvertes scientifiques sur le calmar géant (ou calamar) cassent beaucoup le mythe mais sont loin de nous livrer toute la vérité sur cette créature.
Une chose est certaine, le calmar géant est le plus grand invertébré de notre planète. Les restes retrouvés dans les estomacs des cachalots nous permettent d'avoir une idée de la taille gigantesque que certains Architeuthis pourraient atteindre.

Les « monstres » repérés par les marins étaient certainement des calmars géants. Jusqu'à présent, on pensait qu'un calmar géant, si l’on tient compte de ses tentacules les plus longs, peut mesurer de 20 à 30 mètres de longueur et peser jusqu’à 200 kilos.

Mais, le dernier spécimen de calmar (Mesonychoteuthis hamilton) pêché en Antarctique en février 2007 bat tous les records connus puisqu'il pèse 450 kg.

Le premier calmar géant, baptisé Wheke, a été naturalisé au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.

Poulpe, Calmar ou Légende ?

Au 18ème siècle, un naturaliste, E.Pontoppidan, intrigué par les récits des marins évoquant le serpent de mer et une créature munie de longs bras nommée Kraken, essaye de classer cet étrange animal.
Il pense que le Kraken est sûrement un poulpe géant.

C’est en 1861, qu’un navire français, l’Alecton, tente de capturer ce fameux Kraken : il s’agissait bien d’un calmar géant.



L'un des plus anciens rapports vient du naturaliste romain Pline, dans son Histoire naturelle, écrite au premier siècle avant notre ère :

"A Cartéia, un polype accoutumé à sortir de la mer, venait dans les réservoirs dévorer les salaisons. L'odeur des salaisons attire tous les animaux marins. La continuité de ses larcins donna beaucoup d'humeur aux gardiens. Ils formèrent des palissades extrêmement hautes. Le polype les franchissait à l'aide d'un arbre.

Il ne put être découvert que grâce à la sagacité des chiens. Ils l'attaquèrent une nuit pendant qu'il retournait à la mer. Les gardiens accoururent. Mais la nouveauté du spectacle les pénétra d'effroi.

Sa grandeur était extraordinaire. La saumure dont il était tout trempé avait changé sa couleur. Il répandait une odeur horrible. (...) Ils croyaient combattre contre un monstre. Son souffle affreux repoussait les chiens : tantôt il les flagellait avec l'extrémité de ses bras, tantôt il les assommait de ses deux bras majeurs, dont il se servait comme d'une massue. Plusieurs hommes eurent beaucoup de peine à le tuer avec des tridents.

"On apporta sa tête à Lucullus. Elle avait la grandeur d'un baril de quinze amphores. Ce qui fut conservé du corps pesait sept cents livres."
On reconnaît dans ce récit la description d’un calmar géant.

Ces tentacules appartenaient à un calmar de plus de 10 m de long ce qui n'a rien d'extraordinaire en comparaison avec l'Architeuthis

En 1801, le capitaine d’un baleinier américain installé à Dunkerque raconta que lui et ses matelots harponnèrent un jour un cachalot qui recracha un énorme morceau de chair :

"Ils ne voulurent qu'à peine en croire leurs yeux lorsqu'ils virent que cette masse charnue, tronquée aux deux bouts, et dont le plus épais offrait la grosseur d'un mât, n'était autre chose que le bras d'un énorme poulpe, dont les ventouses renfoncées étaient plus larges qu'un chapeau. [...] Ce membre mesurait 10,65 m de long, et les ventouses y étaient disposées en deux rangs, comme dans le poulpe commun.
Ce poulpe n’était en réalité qu’un calmar géant dont l’unique prédateur connu est le cachalot.

Il fallut cependant attendre 1857 pour que le Danois Steenstrup décrive scientifiquement ce céphalopode géant sous le nom d'Architeuthis. Et pourtant, l'existence des calmars géants fut encore mise en doute par de nombreux scientifiques.

Il fallut plusieurs échouages survenus dans les années 1870 sur les côtes de Terre-Neuve, pour que les calmars géants soient enfin acceptés par la communauté scientifique.

Portrait du Calmar géant

Le nom scientifique du calmar géant est Architeuthis dux . Il dépasse certainement, pour certains individus, les 20 m de long et pèse plus d’une tonne.
On ne sait pas, en fait, grand-chose sur ces créatures car aucune n’a pas être observée de son vivant. Nous ne possédons qu'un film sur un spécimen plus petit observé en 2005.
Si l’on en juge par l’ampleur des cicatrices laissées par leurs ventouses sur le corps des cachalots, avec qui ils se battent à mort, certains pourraient friser les 60 m voire même 75 m !


Malgré les explorations sous-marines qui se sont succédées depuis les années 60 dans les grands fonds, aucun Architeuthis n’a accepté de poser pour la photo. A croire qu’ils détectent les engins et prennent le large.

Leurs yeux, d’un diamètre de 25 cm, laissent supposer qu’ils pourraient vivre dans la zone dite crépusculaire (entre 200 et 1 000 m).

En effet, la lumière perce encore faiblement à cette profondeur et permet aux prédateurs de chasser à vue.

Le calmar n'est blanc qu'une fois mort. Vivant, il possède de splendides couleurs changeantes

Les dernières constatations des chercheurs nous permettent d'en savoir un peu plus. En effet, malgré la légende qui entoure cet animal mystérieux, certains scientifiques ont pu étudier des corps repêchés. Ainsi, Neil Landman du Muséum d’histoire Naturelle de New York a livré ses conclusions. Grâce à trois corps provenant de Tasmanie, il affirme que le calmar géant vit à environ 300 m de profondeur.
On est très loin des profondeurs abyssales souvent avancées.
De plus, sa longévité serait inférieure à 15 ans. Exit, les créatures géantes centenaires.

Les calmars se distinguent des pieuvres par leur morphologie et leur mode de déplacement. Les pieuvres ont huit bras et se déplacent en marchant au fond de l'eau. Les calmars ont huit tentacules, plus deux bras plus long armés de crochets leur permettant d'immobiliser leur proie. Ils ne marchent pas, mais nagent entre deux eaux.

Des céphalopodes mystérieux

Les scientifiques ont pu observer certains céphalopodes jusqu’à 5 000 m de profondeur.

En l’an 2000, Un spécimen très rare de calmar géant a été retrouvé en Antarctique.
L'animal, Kondakovia longimana, qui s'était échoué sur une plage de l'Antarctique est une espèce mal connue de calmar géant. L’animal mesurait 2,3 mètres de long et pesait près de 30 kilos.

Le calmar Histioteuthis possède, lui, un œil plus grand que l’autre. Cette caractéristique lui permet de détecter les ombres de ses futures proies nageant au-dessus de lui.

Le calmar vampire des profondeurs (Vampyroteuthis infernalis) a un corps rouge et tient à la fois de la pieuvre et du calmar. Ses deux grands yeux bleus ressortent d’autant plus qu’ils sont énormes. On dirait deux gros saphirs.
Son corps est recouvert de photophores et il dispose d’organes producteurs de lumière.

Un calmar géant photographié vivant (septembre 2005)

Des scientifiques ont photographié pour la première fois un calmar géant vivant à 900 mètres de profondeur.



L'équipe dirigée par Tsunemi Kubodera, du Musée national des sciences de Tokyo, a réussi à immortaliser sur la pellicule un Architeuthis de huit mètres de long, alors qu'il attaquait une proie à 900 mètres de profondeur, au large des Iles Bonin (Japon).
"Nous pensons que c'est la première fois qu'un calmar géant adulte est photographié dans son habitat naturel", a déclaré Kyoichi Mori.

Ce calmar géant attaquait sa proie avec agressivité, ce qui remet en cause la réputation du calmar lent et léthargique.

Contrairement à l'idée selon laquelle le calmar géant est relativement inactif, le calmar que nous avons photographié usait ses énormes tentacules très activement pour attraper sa proie", a déclaré Kyoichi Mori.

Des pêcheurs néo-zélandais capturent un calmar géant de 450 kg (février 2007)

Des pêcheurs néo-zélandais ont capturé un calmar géant de 450 kg au large de l’Antarctique. Ses tentacules ont la largeur de pneus de tracteur. Ce calmar ne fait pas partie du genre Architeuthis.
L'espèce Mesonychoteuthis hamilton est réputée pour son corps massif.
La photo ci-dessous confirme cette hypothèse.


Photo prise le 22 février 2007/REUTERS/Ministère néo-zélandais de la Pêche/Handout /
Reuters

Le calmar était toujours vivant lorsqu'il a été capturé et mangeait une légine accrochée à un hameçon lorsqu'il a été hissé à bord du bateau.

Selon les médias locaux, le spécimen capturé par les pêcheurs mesure près de dix mètres et pèse 450 kg, soit 150 kg de plus que le dernier plus grand calmar jamais découvert.